Symbole d’une rentrée 2019 tonitruante pour Roland, la nouvelle plateforme Fantom représente le grand retour du constructeur japonais sur le haut de gamme des stations de travail, propulsée par de nouveaux DSP. Alors, retour gagnant ?

Un instant essoufflé, le marché de la station de travail haut de gamme semble reprendre du poil de la bête ces derniers temps. Il faut dire que Korg a longtemps fait seul la course en tête avec le Kronos, intelligemment décliné depuis sa première introduction, le plus souvent sur le plan de la cosmétique ou de la banque sonore ; il faut dire que la concurrence avait pris un sacré coup par ce raz de marée synthétique. En parallèle, Kurzweil n’a eu de cesse d’améliorer son Forte, passant d’un piano de scène à une puissante station de travail (la dernière version 4 lui ajoute un moteur de DX7). Yamaha a aussi dû mettre les bouchées doubles pour finaliser le Montage, plus récent, mais longtemps cantonné au stade de synthé (la récente version V3 ajoute enfin un séquenceur digne de ce nom). Quant à Roland, la marque semblait surtout concentrée sur les séries Aira et Boutique ces derniers temps. Mais récemment, le constructeur a annoncé coup sur coup une pléthore de nouveautés pour les adeptes de musique électronique : des nouvelles boites à groove (MC), des nouveaux synthés à modélisation (Jupiter-X) et des nouvelles stations de travail (Fantom). Bref, il y en a pour tout le monde. Nous testons ici le Fantom, successeur de la série Fantom G de 2008. Il s’agit d’une toute nouvelle génération de stations de travail, la plus puissante jamais construite par Roland, propulsée par un système DSP Quad-Core évolutif maison. Elle permet à la marque de revendiquer l’appartenance à la famille des grosses stations de travail, que nous baptisons pour l’occasion les Big KRYK. Les autres membres n’ont-ils qu’à bien se tenir ?
Instrument magnifique
Organisation soignée
Allez, on passe au centre, avec la troisième section : l’édition. Richement dotée, elle est constituée d’un écran tactile couleur 7 pouces Wide VGA 800×480 pixels, qui surplombe 6 encodeurs-poussoir crantés d’édition contextuelle. Tout est prévu pour éditer : un gros encodeur, des flèches de navigation pour sélectionner le paramètre à éditer, des touches d’incrémentation / décrémentation, des touches Enter / Exit et une touche Shift pour accéder à certaines fonctions (par exemple accélérer la vitesse d’incrémentation / décrémentation lors de l’édition) ; c’est aussi dans cette section que l’on sélectionne le mode de jeu (scène / chainage de scène / affichage de zone / son simple) ou que l’on accède à certaines fonctions globales : mémorisation, effets maîtres, filtre analogique, pilotage d’une DAW externe, menus, tempo. L’écran tactile est un modèle du genre, permettant de visualiser très clairement les réglages et d’éditer directement au doigt et à l’œil. Ce n’est pas un multi-touch et la réponse aurait mérité plus de fluidité, surtout quand on tire sur un filtre ou une enveloppe. Les pages d’édition sont claires et soignées, que ce soit en mode multitimbral ou en édition spécifique. Par exemple, il y a quatre niveaux de zoom pour visualiser les canaux multitimbraux composant une scène : par 1, 4, 8 ou 16. Du très beau travail, qui contribue à l’excellente ergonomie générale de la machine.
Scènes musicales
Sonorités

- Fantom_1audio 01 Single APiano102:44
- Fantom_1audio 02 Single APiano200:40
- Fantom_1audio 03 Single EPs01:22
- Fantom_1audio 04 Single Strings01:27
- Fantom_1audio 05 Single Brass00:30
- Fantom_1audio 06 Single Choirs01:16
- Fantom_1audio 07 Rythm100:43
- Fantom_1audio 08 Rythm200:44
- Fantom_1audio 09 Rythm300:51
- Fantom_1audio 10 Rythm400:53
- Fantom_1audio 11 Samples101:42
- Fantom_1audio 12 Samples201:47
- Fantom_1audio 13 Group Trap00:58
- Fantom_1audio 14 Group Jazzy01:05
- Fantom_1audio 15 Group Raga01:35
- Fantom_1audio 16 Song101:41
- Fantom_1audio 17 Song201:26
- Fantom_1audio 18 Song301:39
- Fantom_1audio 19 Song401:31
- Fantom_1audio 20 Song501:24
Soyons Zen
On trouve deux types d’édition : Zoom, donnant un accès graphique, par partiel, à de nombreux paramètres ; Pro, donnant un accès à tous les paramètres, pour les 4 partiels, sous forme de tableau déroulant. Les partiels sont joués dans une tessiture et une fenêtre de vélocité programmables individuellement. Chacun est constitué d’un oscillateur, un filtre, un ampli, 2 LFO, 3 enveloppes et un EQ. Les partiels sont arrangés en structures, au sein desquelles ils peuvent interagir deux par deux : synchro, modulation en anneau ou cross modulation (sorte d’AM complexe). Les oscillateurs peuvent faire appel à un multiéchantillon (mono ou stéréo) ou à une onde analogique modélisée. On compte 963 multiéchantillons mono / stéréo de toute sorte, toujours monocouche, en mémoire interne, auxquels s’ajoutent les éventuels multiéchantillons des banques additionnelles EXZ. Il s’agit d’une simple lecture PCM, la synthèse SuperNatural n’étant pas à l’ordre du jour. Autre point, on ne peut pas importer ses propres multiéchantillons. Les oscillateurs VA, dérivés du V-Synth, peuvent faire appel à 9 formes d’ondes élémentaires : dent de scie, carrée, triangle (x3), sinus (x2), rampe ou Juno (dent de scie modulée). On peut faire varier la largeur d’impulsion de chacune. Il existe également les modes PCM-Sync (avec 48 formes d’onde à détruire sauvagement), Supersaw (avec Detune, pour les amateurs d’EDM) et bruit blanc. Le pitch peut être directement modulé à la main, aléatoirement, par le suivi de clavier, avec un vibrato ou une enveloppe multi-segments sensible à la fois à la vélocité et au suivi de clavier.
Dans un partiel, il y a 2 LFO ultra complets, dotés de 11 formes d’onde, dont un mode aléatoire, un mode chaos et un mode Step. Dans ce dernier, on peut créer une forme d’onde cyclique complexe en définissant un nombre de pas (1 à 16), une amplitude de modulation par pas (bipolaire) et une courbe entre chaque pas (37 possibilités de toute forme). La vitesse peut être synchronisée à l’horloge. Il y a un délai avec suivi de clavier, un paramètre pour faire fluctuer la vitesse, un fondu d’entrée ou de sortie, des modes de déclenchement de cycle (libre ou non), un réglage de phase et des réglages directs de modulation sur le pitch, le filtre, le volume et le panoramique. En sortie de partiel, on trouve un EQ paramétrique 3 bandes et des réglages de sortie : sec / vers l’effet de Tone MFX, ainsi que des départs vers les effets globaux chorus et réverbe.
Au plan du Tone, on trouve une petite matrice de modulations à 4 cordons, chaque source étant capable de contrôler 4 destinations. Parmi les sources, il y a la quasi-totalité des CC MIDI, les 4 CC système globaux, le pitchbend, la pression, la vélocité, le suivi de clavier, le tempo, les 2 LFO et les 3 enveloppes. Parmi les destinations, le pitch, la coupure du filtre, la résonance, le volume, le panoramique, la quantité de chorus, la quantité de réverbe, l’action des LFO (sur le pitch, filtre, volume et panoramique), la vitesse des LFO, les temps des enveloppes (ADR), la PWM, la XMOD… L’effet MFX de Tone possède lui-même 4 cordons de modulation distincts pour ses propres paramètres (prédéfinis suivant l’algorithme). Les modulations sont toutes bipolaires. Pour les Tone Zen-Core, il y a 3 668 Presets et 2 048 mémoires utilisateur, de quoi voir venir !
Drum kits
Passons aux réglages communs, c’est-à-dire pour une note : volume, panoramique, envois vers le chorus et la réverbe, groupe exclusif (1 à 31, les instruments d’un même groupe se coupant entre eux, utile pour simuler un hi-hat ouvert / fermé), assignation de sortie (sec, MFX ou l’un des 6 compresseurs), offset de certains paramètres de synthèse (pitch, coupure du filtre, résonance, enveloppes ADR de volume), EQ paramétrique 3 bandes, enveloppe de pitch multi-segments sensible à la vélocité, filtre résonant (6 types, sensibles à la vélocité), enveloppe de filtre multi-segments sensible à la vélocité, volume & panoramiques (sensibles à la vélocité) et enveloppe de volume multi-segments sensible à la vélocité. Pardon pour l’énumération et les effets de répétition, mais c’est très condensé par rapport au nombre de paramètres réellement disponibles par note ! Les 6 compresseurs sont propres au mode Drum et permettent de traiter séparément certaines familles d’instruments. Le MFX, pour sa part, dispose des mêmes possibilités de modulation que dans le modèle Zen-Core ; nous reparlerons de tous ces effets dans le paragraphe dédié. Côté mémoire, on dispose de 91 kits Presets et 128 kits utilisateur, dont 24 déjà programmés. De quoi voir venir là aussi !
Piano virtuel
Le troisième type de Tone est le V-Piano, un moteur dédié à la modélisation de pianos acoustiques, introduit sur le RD-2000. On ne peut l’assigner qu’à la première zone d’une scène, car il est très consommateur en ressources et utilise un DSP dédié. Là aussi, seul le mode Pro est disponible. On y règle le volume, l’ouverture du couvercle arrière (brillance et présence), le niveau de résonance sympathique des cordes, le bruit de marteau, l’échelle de résonance, les bruits d’échappement de touche, la résonance de la table et celle de l’instrument tout entier.
À un niveau plus fin, on peut descendre sur des réglages indépendants pour chaque note : accord micro-tonal (Preset ou utilisateur), niveau (volume) et caractère (brillance). Le V-Piano dispose des mêmes réglages MFX que les autres modes de Tone. Sur le plan des mémoires, on trouve 17 Presets V-Piano (couvrant différents styles musicaux tels que baroque, classique triomphant ou romantique, blues, jazz, pop-rock ou ballade) et 128 mémoires utilisateur. Une section très réussie qui nous fait une fois encore regretter l’absence de moteurs SuperNatural pour les autres sons acoustiques du Fantom, du moins en l’état actuel des choses, vu que le système de moteur semble ouvert, d’après ce que les équipes de développement de Roland nous ont confié.
Effets pléthoriques
Que serait une station de travail moderne sans ses puissants multieffets ? Le Fantom ne déroge pas à la règle, avec des effets à tous les niveaux. Commençons par les EQ, présents dans chaque partiel / note de kit, dans chaque Tone et au plan global. Poursuivons par les MFX, disponibles pour chacune des zones multitimbrales. Il y en a donc 16, capables de produire 90 algorithmes différents : filtres (EQ, booster, wahwah, Enhancer, simulateur de HP), modulations (phaser, tremolo, autopan, HP tournant), chorus / flangers, processeurs de dynamique (OD, compresseur, limiteur), délais (simple, stéréo, multiple, écho à bande), effets lo-fi, modulations de pitch, simulations vintage (CE-1, SBF-325, SDD-320), loopers, DJFX, saturateurs… sans oublier les combinaisons de deux effets, bien utiles pour les indécis du fromage ou dessert. Entre 5 et 15 paramètres sont disponibles par effet, certains synchronisables au tempo, d’autres, prédéfinis dans chaque algorithme, modulables par la matrice dédiée.
Toujours au niveau du Tone, plus spécifiquement du Tone de type Drum principal (celui défini comme tel), on peut envoyer chaque note de percussion dans l’un des 6 compresseurs mis à notre disposition. On règle, pour chacun, le temps d’attaque, le temps de relâchement, le seuil, le ratio, l’adoucissement (Knee), le gain de sortie et la destination (sortie sèche, entrée MFX, sorties physiques principales / séparées, entrées effet analogique AFX).
La première fois que nous avons découvert les spécifications du Fantom, nous avons été surpris de découvrir des effets analogiques. Il s’agit de deux ensembles Distorsion + VCF permettant de conserver la stéréo du signal. Ce qui entre dans le filtre peut sortir directement ou être réinjecté dans le bus maître. On peut régler le niveau, le panoramique, la quantité d’envoi vers le chorus et la quantité d’envoi vers la réverbe. Une fois le gain de la distorsion dosé, on passe dans la section VCF. Les circuits ont été conçus pour imiter le LPF 4 pôles Roland (on pense à l’IR3109 qui a équipé bon nombre de synthés vintage polyphoniques de la marque), le LFP 4 pôles Moog (en échelle de transistors) et un filtre multimode à variable d’état (LPF/BPF/HPF). Reste à régler la fréquence de coupure et la résonance, là aussi sur 1 024 valeurs. Il n’y a en revanche pas de modulation type enveloppe ou LFO, ces VCF sont statiques. Les réglages des effets analogiques sont sauvegardés au sein des scènes.
On passe maintenant au niveau global de la machine. On trouve un compresseur multibande (mastering) et un EQ paramétrique 5 bandes, avec des réglages très nombreux (une vingtaine de paramètres), histoire de peaufiner le son avant qu’il ne parte se promener. Mais ce n’est pas tout, puisque même les entrées audio ont leur propre section effets : filtre coupe-bas (pour éviter la ronflette des câbles – uniquement recommandé sur la voix), EQ paramétrique 5 bandes et réverbe d’entrée (identique à la réverbe principale). Du costaud ! Toutes les valeurs d’effets du Fantom (tout comme la plupart des paramètres de synthèse) sont exprimées dans leur véritable unité, la grande classe… La qualité des effets numérique et des filtres analogiques est très élevée. Le seul véritable point faible dans cette section effets est le manque cruel de vocodeur. Allez, encore un effort s’il vous plait Monsieur Roland et ce sera parfait !
Sample à part
Une fois le sample capturé, on l’assigne à un pad puis on l’édite de façon très sommaire : mode Gate (la lecture se poursuit après relâchement du pad), points de lecture, bouclage, niveau, troncature et normalisation. Il n’y a pas de traitements avancés (slice / time stretch), de montage en multisamples ni d’utilisation possible dans les moteurs de synthèse. L’échantillonneur reste un moteur séparé, pas du tout intégré, contrairement au Kronos. Si les samples sont déclenchés par les pads ou la zone assignée. Les pads peuvent prendre d’autres fonctions, comme jouer des Tone, sélectionner ou couper/activer les 4 partiels d’un Tone Zen-Core, muter/isoler les zones ou jouer des motifs rythmiques. Pour terminer, signalons que le Fantom peut importer les formats Wav et Aiff 8/16/24 bits linéaires à 44/48/96 kHz, ainsi que les formats MP3 de 64 à 320 kbps + VBR à 44/48 kHz, avec placement des imports automatique ou manuel. Côté export, cela se passe au format Wav, par pad individuel ou pour l’ensemble des pads. Bref, une section inégale qui vit un peu en marge du reste de la machine, même si on peut l’assigner à l’une des 16 zones.
Arpèges et rythmes
On trouve un arpégiateur qui pilote la ou les zones activées dans une scène. On sélectionne un style parmi 128 Presets et leurs variations (1 à 2 suivant le Preset). Les styles existent sous forme de mini-séquences, d’accords, de riffs, dans différents genres musicaux : pop-rock, funk, blues, latino. On règle ensuite l’ordre de jeu (haut, bas, alterné, aléatoire, ordre joué, glissando, accord, timing voix basse, timing voix haute, phrase transposée suivant la note jouée), la vélocité (fixe de 1 à 127 ou telle que jouée), la transposition de motif (plus ou moins 3 octaves), l’accent (pour amener du groove dans le motif) et le Shuffle (en pourcentage et résolution). On peut aussi activer le maintien automatique. L’arpégiateur n’existe qu’en unique exemplaire dans chaque scène, il n’est pas multitimbral, contrairement à ce qu’on trouve sur un Forte (16 arpèges simultanés toujours disponibles) ou un Montage (8 arpèges simultanés en mode clavier maître). Ici, il faut définir les zones (1–16) qui doivent être pilotées par l’arpégiateur. De même, il n’existe pas d’arpèges de mouvements ou modulations comme sur le Montage. On ne peut pas non plus créer son propre motif d’arpège de quelque manière que ce soit. Cette section mérite donc d’être un peu étoffée, surtout par les standards actuels…
Séquenceur à motifs
Revenons à nos motifs pour voir comment tout cela se construit. On trouve trois modes d’enregistrement : temps réel, pas à pas ou grille (TR-REC). En mode temps réel, on enregistre les notes à la volée, en surimpression à chaque boucle, avec possibilité de quantification à l’entrée ; il en est de même pour le mouvement des contrôleurs, pour peu qu’on ait bien activé l’option (on peut ainsi filtrer les notes, les CC MIDI, le pitchbend, la pression par canal, la pression polyphonique). Si l’enregistrement des curseurs et encodeurs de gauche fonctionne bien, nous ne sommes pas arrivés à enregistrer le mouvement des commandes de la partie synthé. En mode pas à pas, l’écran affiche un piano roll permettant de contrôler ce que l’on fait et d’effacer certains pas pour les reprendre. En mode grille, on utilise la rangée de 16 touches rétroéclairées au-dessus du clavier à droite, comme sur une bonne vieille TR-808 (qui fut la pionnière de ce mode de programmation il y a bien longtemps, si nos souvenirs sont bons).
Conclusion
Roland renoue avec les grosses stations de travail qui forment la famille des Big KRYK, avec le Korg Kronos, le Yamaha Montage et le Kurzweil Forte. Chaque membre de ce club prestigieux possède un ADN commun, on pourrait quasiment dire un air de famille : grosse polyphonie, multitimbralité totale, plusieurs moteurs de synthèse, énorme section effets, arpégiateur, séquenceur, interfaçage avec le monde extérieur et capacité d’extension déjà démontrée. Certains intègrent le sampling ou a minima l’import d’échantillons utilisateur. Alors, comment le Fantom se démarque-t-il et pourquoi pencher plutôt pour lui ? D’abord pour l’ergonomie, exceptionnelle, la meilleure de ce qu’on a pu rencontrer jusqu’à présent. L’organisation est claire, les menus bien dessinés, les commandes tombent sous la main. Ensuite, pour la coloration des sons de synthèse, possédant ce timbre globalement rond et chaud, signature de la marque, avec une prédisposition pour les sons de piano du moteur V-Piano et des sons de synthèse du moteur Zen-Core. Sans oublier le filtre analogique stéréo global (hélas statique). Enfin, pour l’intégration parfaite avec le monde extérieur, que ce soit en USB audio avec les STAN logicielles ou en pilotage MIDI de modules sonores : on ne fait pas la différence entre l’interne et l’externe, c’est très réussi. N’oublions pas la qualité de construction, irréprochable, ainsi que la polyphonie plus que confortable, mais les autres Big KRYK ont eux aussi ces atouts.
La Fantom n’est toutefois pas exempt de tout reproche, à commencer par la panoplie de sons acoustiques (hors pianos modélisés), qui souffre la comparaison avec ce que propose aujourd’hui la concurrence. C’est là que le moteur SuperNatural nous manque le plus. De même, un moteur dédié à la modélisation d’orgues vintage serait le bienvenu. On pense aussi aux superbes moteurs ACB. Autre point, Roland peut encore un peu améliorer son séquenceur, en revoyant le workflow entre les différents modes enregistrement / édition et en ajoutant des pistes linéaires. Au passage, un vocodeur ne serait pas superflu, les briques matérielles et logicielles étant déjà là. Enfin, la section Sampling gagnerait énormément à être mieux intégrée au reste de la synthèse et à s’ouvrir au multiéchantillonnage, car pour le moment, elle est traitée comme une zone à part. Avec sa nouvelle technologie Z-Core, Roland nous promet l’ouverture, notamment vers de nouveaux moteurs de synthèse. En attendant ces mises à jour avec délectation, n’oublions toutefois pas d’acheter un synthé pour ce qu’il est et non pas pour ce qu’il pourrait être. D’autant qu’avec ses qualités intrinsèques, même s’il peut encore progresser et se muscler, le Fantom est une station de travail magnifique qui mérite amplement l’Award Audiofanzine Valeur Sûre 2019.