Universal Audio vient de sortir une nouvelle version de son logiciel pour Apollo et autres unités UAD-2. Cette sortie s'accompagne de trois nouveaux plug-ins, des émulations fidèles de la collection de tranches Neve 88RS, du compresseur Tube Tech CL-1B, et du Marshall Plexi Super Lead 1959.
L’émulation Neve a été développée en interne chez Universal Audio, et celles des CL-1B et Plexi Super Lead 1959 ont été créées par Softube, développeur partenaire réputé du secteur pour ses prouesses en matière de modélisation.
Avec le logiciel, vous disposez pendant 14 jours des versions de démonstration des nouveaux plug-ins. Si vous souhaitez les avoir en permanence, vous devez les acheter individuellement et, bien sûr, avoir une interface Apollo ou un autre produit matériel UAD-2 pour les faire fonctionner. La version 8.1 apporte également la compatibilité de l’UAD-2 avec Pro Tools 12 et Cubase 8.
Voici les tests individuels des trois nouveaux plug-ins.
Neve 88RS Channel Strip Collection (299 $)
Comme il l’avait déjà fait avec son plug-in 1073, Universal Audio sort une version mise à jour et améliorée d’un précédent plug-in Neve UAD, reléguant l’ancienne version au rang de modèle antérieur ou « Legacy ». La nouvelle version, basée sur une console de la série Neve 88 relativement moderne, dispose de sections préampli, égaliseur, filtre, compresseur, gate et amplificateur de sortie. Elle offre une modélisation de circuit plus complète que le plug-in 88RS UA d’origine. Elle arbore également une interface graphique plus élégante, et peut être utilisée comme préampli d’enregistrement avec les interfaces Apollo, dans le cadre de son système Unison.
Le nouveau 88RS est divisé en trois modules disposés verticalement : sur la gauche se trouvent les sections préampli, filtre et traitement dynamique ; l’égaliseur est au centre, avec un interrupteur marche/arrêt ; tandis que les indicateurs de niveau, un fader virtuel, et le potentiomètre de sortie sont sur la droite.
La section préampli est modélisée à partir des préamplis de la console elle-même. Vous pouvez choisir entre une entrée ligne et une entrée micro, régler le gain pour chacune, activer un atténuateur –20 dB et un inverseur de polarité. Si vous avez une interface Apollo, vous pouvez enregistrer directement au travers de la section préampli de la 88RS.
La section de traitement dynamique est également agencée à la verticale, avec les boutons concernant le gate/expandeur sur la colonne de gauche, et ceux du compresseur sur la colonne de droite. Le gate comprend une commande Hysteresis (qui permet essentiellement d’avoir un seuil différent pour l’ouverture et la fermeture du gate) et des boutons de seuil, de plage et de relâchement. Le gate comme le compresseur peuvent être séparément mis en ou hors service. J’ai essayé la section gate sur des enregistrements multipistes de batterie qui avaient une bonne quantité de « repisse », et j’ai trouvé qu’il était facile de l’ajuster pour arriver à un bon réglage. Le plug-in possède en haut à droite un indicateur de niveau qui affiche à la fois l’état du gate et l’ampleur de la réduction de gain en plus du niveau, un indicateur visuel très utile.
Avoir un certain retour visuel est particulièrement pratique avec le 88RS, car le matériel d’après lequel il est modélisé est fortement basé sur les boutons. La version plug-in est conçue pour émuler de manière réaliste les commandes des tranches de la console mais, ce faisant, on perd certains des avantages d’un plug-in. À savoir, il n’y a pas d’affichage numérique (ni de possibilité de saisie numérique) pour les réglages de paramètres spécifiques. Tout ce que vous avez, ce sont de petites représentations des boutons de la console avec de petits chiffres. Je sais qu’UA a pour objectif des émulations recréant exactement les unités d’origine, tant par leur aspect que par leur son, mais j’ai vu beaucoup d’autres plug-ins d’émulation matérielle qui disposent quelque part d’un champ affichant la valeur exacte du paramètre correspondant au bouton que vous tournez. D’ailleurs, le Tube Tech CL-1B de Softube, qui fait partie de cette version, offre un tel champ.
La section compresseur/limiteur comprend des commandes de gain (de compensation), de seuil, de taux (allant de 1:1 au plus bas jusqu’à un limiteur au plus haut) et de relâchement. L’attaque dépendant du signal, vous n’avez pas de bouton pour la faire varier, juste un choix entre deux plages. La plage normale s’étend de 3 à 7 ms, et l’option rapide (Fast), qui est activée par la traction virtuelle du bouton de taux (Ratio) va de 1 à 7 ms. Vous pouvez également activer une fonction sidechain grâce à laquelle le compresseur répond en fonction de la fréquence. Plusieurs des boutons de paramètre de compression peuvent être virtuellement « tirés » pour changer de mode. Il y en a pour alterner entre transition douce (« soft-knee ») et transition brutale (« hard-knee »), entre fonctions de relâchement manuel et automatique, et pour activer les filtres coupe-haut et coupe-bas. En termes de son, le compresseur est assez polyvalent, offrant une plage de traitement allant du subtil au fortement compressé.
En voici un exemple sur une batterie live. La 88RS est en service sur la grosse caisse et la caisse claire, mais vous entendez également tout du long de l’exemple les overheads gauche et droit non traités. Après les deux premières mesures, la compression est activée pour la grosse caisse et la caisse claire.
La section égaliseur offre quatre bandes : les bandes haute et basse sont semi-paramétriques, peuvent être commutées en mode cloche ou plateau, et ont deux choix de pente de filtre. Deux bandes sont entièrement paramétriques pour les hauts médiums et les bas médiums, avec commandes de fréquence, d’amplification/atténuation et de rapport Q. L’égaliseur sonne franchement bien, et vous donne la sensation de travailler sur une véritable console. Mon seul reproche est l’impossibilité de saisir des valeurs numériques précises.
En plus du VU-mètre mentionné précédemment, le dernier module a deux commandes de gain de sortie différentes. Le fader de niveau est comme un fader de voie sur la vraie console, et contrôle le dernier étage de l’amplificateur de sortie. Le bouton Output qu’UAD a ajouté pour ce plug-in vous permet de contrôler le niveau après le dernier étage de l’ampli. Vous pouvez obtenir un peu de distorsion sympa de style analogique en poussant la commande de niveau d’entrée (micro ou ligne) et le fader ; puis utilisez le bouton output, qui ne joue pas sur le timbre, pour abaisser la sortie principale en compensation. Voici un exemple de batterie dans lequel la 88RS est désactivée durant les trois premières mesures, et sur les trois suivantes, vous entendez la distorsion due à la saturation de la voie.
Si vous êtes à la recherche d’une tranche de console de haute qualité dans le style analogique, le plug-in 88RS UAD-2 est un excellent choix. Il est plus coûteux que beaucoup d’autres logiciels de tranches de console, et nécessite que vous ayez une partie matérielle UAD adaptée à son utilisation, mais cela sonne super bien, fonctionne parfaitement, et aide à retrouver les sensations d’une grande console dans votre station de travail audio numérique.
Tube Tech CL-1B Compressor (299 $)
Le CL-1B, l’un des deux nouveaux plug-ins de l’UAD 8.1 réalisés par Softube, reproduit le classique compresseur à façade bleue du fabricant danois Tube Tech. Le CL-1B d’origine, compresseur optique à lampes, est omniprésent partout dans les studios professionnels.
Comme dans sa version matérielle, les commandes sont extrêmement simples : boutons de seuil, de taux, d’attaque, de relâchement et de gain (de compensation), et un VU-mètre auquel on peut faire afficher l’entrée, la sortie, et la compression. La commande finale est un sélecteur d’attaque/relâchement à trois positions. Le premier réglage offre des valeurs fixes et courtes d’attaque et de relâchement, le deuxième vous donne une attaque fixe et un relâchement manuel, et le troisième vous donne un fonctionnement entièrement manuel.
Comme nous l’avons mentionné, lorsque vous tournez un bouton ou bougez un commutateur sur ce plug-in, la valeur du paramètre s’affiche en haut de l’interface graphique et s’actualise en temps réel.
En termes de son, le CL-1B est assez souple. Il est utile sur toute une variété d’instruments, et dans pratiquement toutes les situations où vous voulez un compresseur. Je l’ai essayé sur des guitares, à la fois acoustiques et électriques, avec d’excellents résultats. Il a ajouté du sustain et de la douceur au piano acoustique, et il a brillé en insertion sur un bus contrôlant une grande quantité de pistes vocales.
En voici un exemple sur du piano acoustique. Au début, il est hors service, puis la compression se déclenche, ajoutant chaleur et complexité sonore.
Le voici sur une basse. Tout d’abord sans, puis avec, ce qui donne plus de corps.
Il m’a beaucoup impressionné comme compresseur de bus – il ajoute du liant et une douce patine aux mixages.
J’ai été un tout petit peu déçu par son rendement sur la batterie. Je l’ai essayé sur des voies de batterie individuelles, sur le bus de batterie, et sur des boucles de batterie. Ce n’est pas qu’il ne sonne pas bien, mais il n’a pas eu tout à fait le même impact agréable sur le son que sur d’autres instruments et voix.
Dans cet exemple, je l’ai placé sur le bus de batterie. Il est hors service sur les deux premières mesures puis entre en jeu.
Dans l’ensemble, le CL-1B est un compresseur polyvalent et facile à utiliser, qui donne un son subtil mais agréable à pratiquement tout ce sur quoi vous l’utilisez.
Marshall Plexi Super Lead 1959 (199 $)
Le Marshall Plexi Super Lead 1959 est un autre plug-in conçu par Softube. Il a été mis au point avec la collaboration de Marshall, et le véritable Plexi qui a été modélisé venait de la propre collection privée de Marshall. Pour le baffle, Softube a modélisé un Marshall 4×12 avec des Celestion GH-12H30.
L’ampli a deux canaux, chacun avec sa propre commande de volume, et un ensemble commun de commandes de présence, de graves, de médiums et d’aigus. Chaque canal a une entrée haute et une entrée basse. Softube a ajouté quelques fonctionnalités intéressantes dans ce plug-in pour vous donner beaucoup plus d’options sonores que vous ne pouviez l’imaginer.
D’abord, vous avez plusieurs choix de branchement : cliquez directement sur n’importe laquelle des quatre entrées, et vous verrez une représentation d’un simple câble branché à celle-ci. Puis, si vous cliquez sur le câble, vous obtenez un cavalier entre les canaux. Vous pouvez choisir le canal dans lequel va le câble d’origine, et la prise (de l’autre canal) auquel est branché le cavalier. Comme le canal 1 est plus brillant et a plus de gain que le canal 2, et comme les entrées haute et basse de chaque canal ont chacune un son qui leur est propre, les options de branchement vous permettent de créer un grand nombre de sons différents.
Vous pouvez encore plus changer le son en faisant varier les niveaux des deux commandes de volume, l’une par rapport à l’autre. C’est très bien fait.
Cliquer sur la fausse étiquette verte Channel Strip sur le côté droit ouvre une fenêtre latérale pour accéder aux commandes globales d’égaliseur et de sortie, ainsi qu’à un mini-mélangeur pour le repiquage du baffle.
On peut utiliser en même temps jusqu’à trois modèles de micro pour un baffle : deux micros de proximité et un micro d’ambiance. Fait intéressant, ils sont disponibles en trois groupes, organisés par type de micro. Vous pouvez choisir les micros dynamiques, les micros à lampe ou les micros à transistors (FET) à l’aide d’un sélecteur. Chaque canal de micro dans le mélangeur possède un commutateur Solo, ce qui vous permet d’utiliser différentes combinaisons des trois ou les trois ensemble. Les canaux de micro ont également des potentiomètres de panoramique, permettant des gros sons stéréo lorsque vous avez inséré une version mono-vers-stéréo du plug-in. J’ai été un peu surpris de découvrir que l’on ne peut pas panacher les types de micro, ni modifier la distance virtuelle ou la position du micro. Mais ces limitations m’ont bien moins dérangé après avoir entendu les excellents sons réalistes que peuvent fournir les modèles de micro.
Le groupe des micros dynamiques comprend un Shure SM57 et un Sennheiser E609 pour les micros de proximité et un Neumann U 87 en mode omnidirectionnel pour l’ambiance. La catégorie lampes dispose d’une paire de Neumann U 67 en mode cardioïde avec leur atténuateur activé pour les micros de proximité et un AKG C 12 comme micro d’ambiance. Le groupe FET comprend un Josephson E22, un U 87 (cardioïde avec atténuateur activé) et un micro à ruban Coles 4038 pour l’ambiance. Somme toute, une sacrée collection de micros virtuels.
Le Marshall Plexi Super Lead 1959 offre une reproduction qui va au-delà de tous les modèles Marshall que j’ai pu utiliser ou entendre jusqu’à présent. Il m’a particulièrement impressionné pour les sons de guitare rythmique, pour lesquels vous jureriez entendre un ampli repris au micro. Sur les solos note à note, certains sons avaient un excès de ce que je ne peux qualifier que de flou dans le bas du spectre, qui sonnait de façon plus confuse et pas aussi bien. Mais dans l’ensemble, Softube et UAD ont créé un modèle d’ampli au son incroyablement réaliste.
Entre les possibilités de branchement, de prise de son et de canal, vous pouvez obtenir un large éventail de sons. Comme vous pouvez l’attendre d’un Plexi, les sons crunch et à distorsion sont les plus impressionnants. Toutefois, en vous branchant au canal 2, celui ayant le son le plus clair, et en baissant sa commande de volume (qui abaisse le gain), vous pouvez obtenir un son beaucoup plus propre. Il n’y a pas de noise gate sur ce plug-in, un équipement qui est généralement en standard sur la plupart des modélisations d’ampli. Par conséquent, vous devez soit utiliser un gate à part, soit vivre avec le bourdonnement et le ronflement que peuvent créer certains des sons à gain élevé.
Écoutons quelques exemples du Plexi Super Lead 1959 en action : voici un son lead avec un peu de reverb venant d’un autre plug-in.
Cet exemple comporte une partie de guitare rythmique avec un son ample qui utilise les possibilités de panoramique stéréo du plug-in.
Enfin, voici un son clair, également avec un peu de reverb venant d’un autre plug-in.
À 199 $, le Plexi Super Lead 1959 coûte plus cher que de nombreuses collections complètes d’amplis virtuels. Il n’a également qu’une corde à son arc en comparaison de ces ensembles, qui ont de multiples amplis et effets, alors qu’il n’a qu’un seul ampli et aucun effet. Mais vous savez quoi ? Il sonne tellement bien que cela n’a pas d’importance. Si vous êtes un fan de sons d’ampli Marshall, vous voudrez ce plug-in.