Avec le Kross2, Korg nous livre une nouvelle version plus puissante de sa workstation démocratique. De quoi refaire un tour complet du propriétaire…
Le marché des workstations matérielles connait une phase de déclin. Les constructeurs ont globalement ralenti les mises à jour de leurs produits et proposent rarement de véritables nouveautés. Chez Roland, la série FA date de 2014. Chez Yamaha, le Montage s’éloigne, à notre sens, du concept de workstation tout-en-un (c’est-à-dire un clavier intégrant à minima un moteur de synthèse + des multieffets + un séquenceur complet + un sampler ou une fonction d’import de samples), même si des modèles d’entrée de gamme restent au catalogue (MOXF et MX, datant respectivement de 2014 et 2013). Chez Kurzweil, certains claviers de scène sont en réalité de puissantes workstations qui évoluent lentement mais sûrement (séries Forte et PC3K, datant respectivement de 2014 et 2010). Chez Korg, on trouve trois gammes : série Kronos tout en haut, intouchable depuis 2011 (version 2 sortie en 2015), seule workstation en rupture technologique dérivée de la plateforme Oasys ; série Krome, qui mériterait bien une mise à jour depuis 2012 ; puis la série Kross dans l’entrée de gamme. C’est à cette dernière, datant de 2013, que le constructeur vient de donner une suite. Raison suffisante pour mettre à jour notre test, en insistant sur les nouveautés.
En noir et noir
Le Kross 2 est décliné en deux modèles : 61 touches légères et 88 touches lourdes, uniquement sensibles à la vélocité. Les claviers n’ont pas changé depuis le premier Kross. Nous avons testé la version 61 touches, munie d’un clavier au rebond un peu collant. Prix serré oblige, le Kross 2–61 est tout en plastique, avec une robe noire ; une série limitée rouge et noir marbré est par ailleurs annoncée. La construction est bonne : façade rigide, encodeurs et potentiomètre bien ancrés, boutons francs, molettes (pitch et modulation) solidement axées et carte de connectique vissée sur la face arrière. Cela conforte l’idée qu’une construction de qualité est possible en entrée de gamme. Le design a été revu pour le modèle 61 touches, avec un profil à la fois anguleux et galbé du plus bel effet. Le synthé est compact, Korg ayant placé les molettes au-dessus du clavier ; incompréhensible que ce ne soit pas le cas sur le modèle 88 touches, s’agissant d’un nouveau design : peut-être un problème pour faire cohabiter en hauteur le logement pour les piles et le clavier à mécanique lourde NH ?
Outre les 3,8 kg (12,3 kg pour le modèle 88 touches), le côté portable est accentué par la trappe pour les 6 piles AA, située sous la machine du modèle 61 touches et en façade du modèle 88 touches. Korg annonce une autonomie étendue jusqu’à 7 heures. A part la prise casque placée à l’avant gauche sur le modèle 88 touches, toute la connectique est située sur le panneau arrière. Là, rien d’extraordinaire : 3 prises pour pédales (tenue avec half-damper, continue, switch), entrée/sortie MIDI, connecteur SD Card (SD/SDHC de 2/32 Go maximum, pour les programmes et l’audio), prise USB (MIDI et maintenant audio), sorties audio gauche/droite stéréo (jack 6,35 TS), sortie casque (Kross 2–61, jack 6,35 stéréo), entrée ligne (format mini-jack stéréo), entrée pour micro dynamique (jack 6,35 TS) et coin alimentation (borne pour transfo externe 9V fourni, bouton poussoir et passe-câble). Le logo Korg peut être rétroéclairé avec contraste ajustable, ce qui le rend visible du fond des salles obscures !
Ergonomie simplifiée
La façade du Kross 2 a été pas mal revue par rapport à celle de son prédécesseur. Il y a toujours les 2 molettes et leurs 2 switches de modulation au-dessus du clavier à gauche, mais on trouve désormais une petite section matricielle de commandes directes : en ligne, un sélecteur de fonctions et en colonne, un switch et deux potentiomètres de commandes. Ainsi, on peut modifier rapidement 6 paramètres de synthèse, 3 réglages d’effets, 6 paramètres d’entrée audio et 3 réglages de tempo (avec touche Tap). Pas mal…
On retrouve ensuite les touches classiques de mode de jeu (Combinaisons, Programmes, Séquences, Global/Média, Audio), l’écran LED monochrome 240 × 64 pixels à contraste ajustable (non tactile) surplombant 4 touches logicielles, la section d’édition (encodeur, touches de navigation, Exit/Enter) et les commandes simplifiées de transport du séquenceur. La partie droite du panneau comprend d’autres touches de mode (Step Sequencer, Favoris, Sampler, Audio Play) et 16 grands pads lumineux. Ces deniers permettent de sélectionner les programmes/combinaisons/Songs audio (128 mémoires en tout), de programmer le Step Sequencer ou de lancer des samples en temps réel (voir encadré lié à l’audio en fin de test). Pour faciliter la sélection des sons, le Kross 2 offre un encodeur de sélection par catégorie (parmi 12, dont une pour les programmes utilisateur). De même, il y a des touches pour créer immédiatement un Split ou un Layer, lancer une piste de batterie, activer un arpège ou jouer une séquence à pas.
La navigation se fait sous forme de menus, avec des enchainements de pages parfois interminables… les 4 boutons situés sous l’écran permettent de faire défiler ou sélectionner ces pages ; ils sont secondés par 4 flèches de navigation et un encodeur de données. Bref, l’édition est parfois lourde, d’autant que le Kross 2 n’est pas avare de paramètres de synthèse, loin s’en faut ; pour faciliter la vie, l’OS essaie de bien faire les choses : affichage de certains paramètres sous forme de liste déroulante, représentation graphique des courbes d’enveloppes, LFO ou couches d’échantillons, formes d’ondes… Les maniaques du clavier et de la souris seront heureux d’apprendre que le Kross 2 possède ses propres éditeurs gratuits, Stand Alone ou plug-in VST/AU pour PC/Mac (non testés). Ils tournent sous Windows 7/8/10 et Mac OSX 10.9 à 10.12. De nouveaux modes d’emploi vidéo sont disponibles en ligne ; ils sont très bien faits. Dernier point d’ergonomie, une fonction permet de sauvegarder 4 banques de 16 programmes, combinaisons ou séquences audio favoris pour rappel immédiat, idéal pour le live.
Plus de sons
Le Kross 2 est capable de générer 120 voix de polyphonie avec 1 oscillateur (60 avec 2) sur 16 canaux multitimbraux. C’est 50% de plus que son prédécesseur. Il tire ses sons d’une Rom PCM de 128 Mo (496 multisamples dont 7 stéréo et 1014 percussions dont 49 stéréo). La liste et la taille mémoire sont un peu plus importantes que celles du premier Kross, des échantillons ayant été ajoutés, remplacés ou retravaillés. Cela reste peu par les standards actuels, où on commence à parler Go sur les workstations matérielles. On retrouve le piano acoustique 4 couches stéréo du premier Kross. Le second son de piano acoustique passe en stéréo ; il y a plus de couches de vélocité sur le CP80, le Wurlitzer et les différents Clavinet ; nous avons aussi repéré quelques ajouts au niveau des guitares acoustiques et des cordes. Enfin, la liste de percussions pour les Drum kits a été pas mal étendue, avec de nouvelles percussions EDM et asiatiques (Shakuhachi, Shamisen, Koto). Pas évident de détecter tous les détails…
Globalement, le Kross s’en sort correctement au regard de la taille mémoire. Les pianos acoustiques sont jouables, avec pour certains une couche de résonance sympathique échantillonnée déclenchée par la pédale de maintien. Les pianos électriques donnent satisfaction, avec plusieurs couches de vélocité. La panoplie d’orgues est généreuse, mais là rien de nouveau… Les instruments à vent sont assez bons dans l’ensemble, les cordes sont déclinées en différentes tailles dont une large section stéréo et des instruments solos tout à fait corrects. On trouve aussi des voix classiques, pop et jazz. Les basses sont excellentes en présence et en punch et les guitares toujours pas terribles. Par rapport aux grosses workstations, la différence se fait globalement sur les couches de dynamique, la taille des boucles et le nombre d’échantillons. On notera aussi la présence d’échantillons de Mellotron (cordes, voix, flutes). Les programmes synthétiques sont nombreux, variés et excellents, avec cette large bande passante dont Korg nous habitue depuis le Trinity… en tout, on dispose de 1280 programmes, 896 combinaisons et 58 drum kits réinscriptibles (et des sons pour la compatibilité GM), en partie préchargés d’usine.
- Kross2 1audio 01 APiano1 02:04
- Kross2 1audio 02 APiano2 00:43
- Kross2 1audio 03 EP MkI 01:11
- Kross2 1audio 04 EP Wurly 00:50
- Kross2 1audio 05 EP Clavinet 00:34
- Kross2 1audio 06 Strings 01:28
- Kross2 1audio 07 Combi1 01:48
- Kross2 1audio 08 Combi2 02:07
- Kross2 1audio 09 Combi3 01:23
- Kross2 1audio 10 Combi4 01:19
- Kross2 1audio 11 Combi5 01:05
- Kross2 1audio 12 Combi6 01:30
Structure de programmes identique
La structure sonore du Kross 2 est identique à celle du premier Kross : en mode programme, on dispose d’un son, un arpégiateur, une piste de batterie, un séquenceur à pas et 7 multieffets ; en mode combinaison et séquence, on dispose de 16 sons indépendants, deux arpégiateurs, une piste de batterie, un séquenceur à pas et 7 multieffets. On retrouve aussi l’enregistreur audio, cette fois complété par une nouvelle section sampling.
Commençons par le mode programme, assez proche de ce que l’on trouve sur le Krome, mais en moins puissant. Il fait usage d’un ou deux oscillateurs à 4 couches dynamiques (chacune pouvant accueillir un multisample mono ou stéréo, issus de 3 types de mémoire, voir encadré), ou bien un kit de percussions éditable en mode Global (chaque touche pouvant accueillir 1 à 4 couches d’échantillons mono ou stéréo). Les plus pressés pourront au préalable régler certains paramètres de synthèse dans une page spéciale (filtre, enveloppes) ainsi que l’entrée audio. Les plus courageux seront servis par la profondeur de synthèse disponible, puisque le Kross 2 possède tous les modules dont on peut rêver sur un lecteur de samples : oscillateurs, pitch, filtres, ampli, effets et un tas de modulations dynamiques… Le pitch de chaque oscillateur est largement modulable : tempérament, suivi de clavier, enveloppe multisegment à temps et niveaux modulables, 2 LFO, portamento ou encore des sources matricielles AMS (contrôleurs physiques, paramètres internes ou CC MIDI). Les modulations sont elles-mêmes modulables par une source AMS (Sidechain).
La section filtre dispose de deux filtres multimodes résonants : passe-bas 2 pôles, passe-haut 2 pôles, passe-bande 1 pôle ou réjection 1 pôle ; on peut les placer en mode simple, en série, en parallèle ou en mode double 24dB (le nombre de pôles est doublé). Les sources de modulation de la fréquence de coupure sont nombreuses : enveloppe dédiée, 2 LFO + LFO global, générateur de suivi 4 segments et sources AMS. La résonance peut aussi être modulée par l’AMS. On passe ensuite à la section ampli, avec volume et panoramique modulables. Le volume bénéficie d’un traitement de choix : enveloppe dédiée, 2 LFO, un générateur de suivi 4 segments et des sources AMS. Au niveau global programme, on trouve quelques modulations supplémentaires : 2 générateurs de suivi de clavier globaux à 4 segments, 1 LFO global et 2 mixeurs AMS (mélange de 2 modulations par addition, multiplication, décalage, fondu, morphing complexe, quantification, porte). Donc rien de nouveau par rapport au premier Kross, hormis les échantillons retravaillés.
Arpégiateurs identiques
Le Kross 2 reprend l’arpégiateur du premier Kross, à savoir un puissant module polyphonique 12 voix par 64 pas. L’arpégiateur est disponible en mode Programme (en 1 seul exemplaire), Combinaison (2 exemplaires) et Séquence (2 exemplaires). Il permet de créer des motifs rythmiques complexes tels que lignes de basses, cocottes de guitares, riffs synthétiques ou ensembles de batterie… Il offre 5 motifs de base (haut, bas, alterné simple, alterné avec répétition des notes extrêmes, aléatoire) et 1280 motifs utilisateur (dont 1024 préchargés). Ces motifs se créent en mode Global et s’appliquent au programme, à la combinaison ou à la séquence en cours. Pour chaque pas, on définit la hauteur, la vélocité, le temps de Gate et le Fla (simulation de Strumming de guitare). On peut fixer certaines notes pour empêcher leur transposition quels que soient les accords joués, idéal pour créer des patterns de percussions.
Au sein des programmes, combinaisons ou séquences, on trouve les paramètres de reproduction : Latch, tessiture (1 à 4 octaves), résolution (en synchro à l’horloge, de la noire au triolet de triple croche), Gate (0 à 100%), réponse en vélocité (globale, jouée ou par note), swing (-100 à +100%), ordre de tri des notes (suivant le jeu ou le pitch), mode clavier (notes arpégées jouée seules ou en plus des notes d’origine), fenêtre d’activation (notes basse et haute)… on peut piloter les arpèges en MIDI à partir d’un clavier externe ou arpéger un appareil MIDI à partir des arpèges produites par le Kross 2. Bref, rien à redire sur ce plan si ce n’est applaudir des deux mains.
Motifs drums identiques
Comme sur toutes les workstations Korg, le Kross 2 permet de jouer une piste de percussions pilotant un Drum Kit, synchronisée (ou pas) à tout ce qui bouge dans la machine : la Drum Track. Celle-ci est disponible dans les programmes (second canal), combinaisons (canal 16) et séquences (piste 16). On choisit le motif dans une liste de 772 Presets partagés avec les motifs des Songs du séquenceur MIDI. Le motif peut partir dès qu’on appuie sur une note et bénéficie du mode Latch. Comme avec l’arpégiateur, on peut définir la zone d’activation de la Drum Track et la vélocité (imposée par la note de départ).
Le Kross 2 offre également une méthode simple pour créer ses propres motifs de percussions : le Step Sequencer. Les patterns sont polyphoniques 12 voix (donc 12 percussions différentes) sur 64 pas de long et sauvegardés au sein des programmes, combinaisons et séquences. La programmation est de type grille lumineuse, à l’aide des 16 pads et de la touche de banque (pour atteindre les 64 pas). L’écran affiche une grille graphique du motif obtenu. Là encore, on peut entrer des facteurs de vélocité, swing et accent pour affiner la rythmique.
Multieffets identiques
Le Kross 2 hérite de la même section effets que le premier Kross. Il s’agit de 7 multieffets, disponibles dans tous les modes : 5 multieffets d’insertion (IFX) et 2 multieffets maîtres (MFX). Ils regorgent de possibilités de routage et de modulations en temps réel, ainsi qu’une édition graphique bien utile pour organiser les départs/retours. La mode étant toujours au vintage, le Kross 2 contient des algorithmes modélisés de marques célèbres, développés initialement pour le Kronos : phasers, flangers, chorus, ensembles, wahwahs, compresseurs de type vintage imitant des effets Vox, EH, Black, Orange, Red, Korg (Polysix). Sans oublier une panoplie complète de décimateurs, processeurs de dynamique, vocodeurs, EQ, filtres, distorsions, ensembles, délais (limités à 500 ms pour les plus longs), réverbérations… simples ou enchaînés en série et/ou en parallèle.
Parmi les 134 algorithmes disponibles, 14 plus puissants consomment le double de ressources (donc 2 unités d’effets). Les algorithmes ont de nombreux paramètres (grosso modo de 5 à 25) avec une moyenne à plus de 10. Les modulations sont présentes, soit par synchro MIDI des temps, soit par modulation dynamique (D-Mod). Signalons que les effets de délai et réverbe sont uniquement réservés aux effets maîtres, ce qui marque la différence avec le Krome ou le Kronos. Certains effets, tels que le limiteur, le Gate ou le vocodeur, offrent des Sidechains stéréo pour moduler leur action sur le signal par un autre signal. Concernant les routages d’effets, on est dans la tradition des workstations Korg : on enchaîne les IFX ou on les place en parallèle par paire. En mode combinaison/séquence, chaque canal/piste peut être routé/(e) vers l’un des 5 IFX, avec création de cascades d’effets suivant le point de routage. En même temps, chaque canal/piste offre 2 départs réglables vers chaque MFX placés sur des bus globaux. La qualité est à la hauteur de la quantité, le Kross 2 bénéficiant de la longue expérience acquise par Korg en la matière.
Combinaisons identiques
Tout comme son prédécesseur, le Kross 2 dispose d’un mode Combinaison de programmes sans compromis, loin devant la concurrence dans cette gamme de prix. En effet, il maintient la même multitimbralité 16 canaux que ses aînés, en conservant la Drum Track (canal MIDI à spécifier), les 2 arpégiateurs polyphoniques (A et B à assigner à n’importe quels canaux, au choix et sans limite), tout en ajoutant le Step Sequencer (activé ou non sur le canal 16). La gestion des 16 canaux se fait en réception (assignation de sons internes) comme en émission (assignation de canaux MIDI externes), ce qui fait du Kross 2 un excellent clavier maître à 16 zones indépendantes en émission (tessiture, fenêtre de vélocité, canal MIDI séparés) ; en outre, le modèle 88 touches lourdes est un candidat sérieux et très abordable pour piloter une installation MIDI complexe, en live notamment.
La visualisation simultanée des 16 canaux n’est pas aussi complète et graphique que sur les séries Krome/Kronos, mais c’est l’une des rares concessions dans ce mode. Pour chaque canal, on accède aux réglages devenus habituels chez Korg : catégorie du programme, origine (interne/externe), canal MIDI, mode de jeu (mono/poly/legato/1 ou 2 oscillateurs), volume, panoramique, transposition, accordage, tempérament, tessiture (fondus inférieurs et supérieurs compris), fenêtre de vélocité (fondus également), délai. L’édition des programmes dans leur contexte de combinaison se fait via une page dédiée « Tone Adjust » permettant de prendre la main sur 8 paramètres de synthèse essentiels : coupure(s) du (ou des) filtre(s), résonance(s), intensité de l’enveloppe de filtre, vélocité sur l’amplitude, ADSR (enveloppes de filtre et d’amplitude réglées ensemble). Tout cela est mémorisé au sein des combinaisons, une alternative à l’édition totale des programmes dans leur contexte de combinaison, toujours plus au programme chez Korg depuis le 01/W. En MIDI, on peut filtrer certaines commandes (program change, aftertouch, pédale de maintien, portamento, molettes, switches, pédales, CC…). On peut également régler le routage vers les 5 effets d’insertion et les départs vers les 2 effets maîtres. Sans oublier les réglages et assignation vers les bus d’effets des signaux externes injectés via l’entrée audio du Kross 2, puisqu’il y en a une (et même deux) ! Par contre, nous verrons plus tard que les samples assignés aux pads ne peuvent pas passer par les effets en lecture…
Séquenceur quasi identique
Le Kross 2 hérite du puissant séquenceur MIDI du premier Kross, auquel il ajoute la possibilité d’enregistrer les déclenchements de pads de samples. Là encore, peu de concessions, si ce n’est l’édition graphique et tactile des séries Kronos/Krome. La structure du séquenceur est analogue au mode Combinaison : 16 pistes MIDI en entrée et/ou sortie (+ piste tempo), 1 Drum Track, 2 arpégiateurs, 1 Step Sequencer, 5 IFX et 2 MFX. Sans oublier la modulation dynamique des paramètres de synthèse et d’effets, l’ajustement de quelques paramètres de programmes…
Le séquenceur a une capacité (inchangée) de 210.000 événements MIDI répartis en 128 Songs, avec une résolution de 1/480 BPQN. La mémoire est volatile, comme toujours… La fonction Auto Song Setup permet, à partir d’un programme ou d’une combinaison, de créer une séquence en assignant automatiquement tous les réglages d’origine (programmes, arpèges, effets…).
Pour ne pas partir de zéro, Korg a doté le Kross 2 de gabarits préréglés : 16 en Rom et 16 en Ram. En relecture, il existe une fonction permettant de boucler certaines mesures indépendamment pour chaque piste. Concernant l’édition, toutes les fonctions des précédentes workstations Korg sont là : couper, copier, déplacer, coller, insérer, supprimer… tant au niveau des pistes que des évènements (édition microscopique par liste). On perd toutefois l’édition tactile par « glisser-déplacer » et les modes Piano Roll / grille de percussions du Krome, mais l’essentiel est très largement préservé. Le Kross 2 peut exporter et importer des SMF. Le séquenceur peut aussi enregistrer des Sysex, y compris aux standards GM, XG et GS.
Du nouveau côté audio
Le Kross 2 reprend l’enregistreur audio de son prédécesseur. Il permet de capturer tout ce que l’on joue et/ou tout ce qui entre en audio, via les entrées ligne stéréo ou micro, ainsi que l’audio USB (pour cela il suffit de raccorder directement le Kross 2 au PC en USB, sans driver). Il utilise pour cela le lecteur de carte SD avec enregistrement immédiat (aucune sauvegarde n’est nécessaire). Tout signal externe connecté aux entrées ligne ou micro peut passer dans les effets (IFX et MFX), dont le vocodeur intégré. En revanche, l’entrée audio USB est directement enregistrée sans effets. Le Kross travaille avec une résolution et une fréquence interne fixe de 16 bits/48 kHz. Avec 200 Songs audio de 3 heures chacune maximum (à concurrence de la capacité de la carte SD connectée), il y a quoi voir venir… L’enregistrement peut se faire suivant différents modes de déclenchement : appui de note, touche lecture du séquenceur ou seuil audio (faible ou élevé). Il est possible de faire des prises multiples pour chaque Song, avec fonctions Undo/Redo permettant de passer d’une prise à l’autre. On peut aussi faire de l’Overdub, en mixant l’audio préalablement enregistré à la performance en cours. Autre application, faire des prises successives, puis tout envoyer dans sa STAN pour reconstruire un enregistrement multipiste, avec conservation du Time Code. L’export se fait en fichiers WAV stéréo 16 bits/48 kHz. Réciproquement, le Kross est capable d’importer des fichiers WAV stéréo 16 bits/44–48 kHz. Les Song audio sont assignables aux pads (8 banques de 16 pads), avec possibilité de bouclage entre deux points à définir. Les appuis successifs sur un même pad lancent, arrêtent et reprennent le cours de l’audio. Appuyer sur un autre pad lance la nouvelle Song en coupant celle en cours.
Le Kross 2 introduit une nouvelle fonction, baptisée Pad Sampler. Il s’agit, ni plus ni moins, d’un échantillonneur stéréo qui capture ce qu’on joue sur le Kross 2 et/ou le signal des entrées audio (comme précédemment, avec mêmes possibilités de traitement et de routage, y compris l’audio USB). La grande différence, c’est qu’on peut jouer 4 pads simultanés, avec une limite de 14 secondes par pad. Là encore, la mémoire est organisée en sessions de 8 banques de 16 pads, sauvegardées sur la SD Card optionnelle au format KSF. Dommage que les pads soient statiques… En lecture, les samples ne sont pas routés vers les effets. On peut les relire en coup unique ou en boucle, uniquement entre les points début/fin. Un éditeur intégré affiche le graphique de la forme d’onde (avec zooms vertical et horizontal), on peut alors tronquer le sample, le normaliser ou régler son volume. Rien d’exotique comme le slice ou le time stretch. Il est possible de resampler les samples de pads en jouant sur les pads, mais pas une Song audio en même temps. On peut également importer des ondes WAV depuis la carte SD (16 bit/44–48 kHz), c’est un peu longuet ; dans ce cas, les 14 premières secondes sont retenues et converties. En modes Combinaison et Séquenceur, le Pad Sampler est préassigné au canal 15, mais on peut en changer ou le désactiver. Enfin, les samples de pads peuvent être convertis en samples Ram pour être utilisés au sein des programmes comme les PCM en Rom ; là c’est trèèèès long. Il faudrait aussi que Korg développe un éditeur interne de multisamples, parce que là, les samples sont collés à la suite sur le clavier sans modification possible des assignations (ou alors on n’a pas tout capté…).
Conclusion
Le Kross 2 améliore le concept de workstation démocratique initiée par le Kross. Aussi abordable que son prédécesseur à sa sortie, facile à transporter, autonome (piles), voici un instrument complet avec des combinaisons 16 canaux, des facultés de clavier de commande 16 parties, 7 multieffets, 2 arpégiateurs polyphoniques, un séquenceur MIDI 16 pistes sans compromis, des fonctions split / layer rapides, un Step Sequencer, un vocodeur et un enregistreur audio. Il pousse la partie audio avec le sampling vers les pads et l’USB audio. La Rom PCM a fait l’objet d’un toilettage, passant de 112 à 128 Mo. Elle reste toutefois limitée, ce qui joue sur la longueur des boucles, les couches sonores et le nombre d’échantillons. Sans oublier la Ram de 128 Mo pour les samples utilisateur ou les extensions optionnelles. Les claviers n’ont pas évolué et le modèle 61 touches est toujours aussi collant ; de même l’écran réduit est un goulot d’étranglement compte tenu du nombre de paramètres à gérer, ce qui pèse encore sur l’ergonomie. Mais lorsqu’on regarde l’étiquette, la même qu’au lancement du premier Kross, on se dit qu’il en donne vraiment beaucoup et on comprend qu’il puisse intéresser les musiciens qui recherchent une solution tout-en-un légère, autonome et polyvalente à budget serré…
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