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Test du Fantom de Roland - La station de plaisir

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Symbole d’une rentrée 2019 tonitruante pour Roland, la nouvelle plateforme Fantom représente le grand retour du constructeur japonais sur le haut de gamme des stations de travail, propulsée par de nouveaux DSP. Alors, retour gagnant ?

Test du Fantom de Roland : La station de plaisir

Un instant essouf­flé, le marché de la station de travail haut de gamme semble reprendre du poil de la bête ces derniers temps. Il faut dire que Korg a long­temps fait seul la course en tête avec le Kronos, intel­li­gem­ment décliné depuis sa première intro­duc­tion, le plus souvent sur le plan de la cosmé­tique ou de la banque sonore ; il faut dire que la concur­rence avait pris un sacré coup par ce raz de marée synthé­tique. En paral­lèle, Kurz­weil n’a eu de cesse d’amé­lio­rer son Forte, passant d’un piano de scène à une puis­sante station de travail (la dernière version 4 lui ajoute un moteur de DX7). Yamaha a aussi dû mettre les bouchées doubles pour fina­li­ser le Montage, plus récent, mais long­temps cantonné au stade de synthé (la récente version V3 ajoute enfin un séquen­ceur digne de ce nom). Quant à Roland, la marque semblait surtout concen­trée sur les séries Aira et Boutique ces derniers temps. Mais récem­ment, le construc­teur a annoncé coup sur coup une pléthore de nouveau­tés pour les adeptes de musique élec­tro­nique : des nouvelles boites à groove (MC), des nouveaux synthés à modé­li­sa­tion (Jupi­ter-X) et des nouvelles stations de travail (Fantom). Bref, il y en a pour tout le monde. Nous testons ici le Fantom, succes­seur de la série Fantom G de 2008. Il s’agit d’une toute nouvelle géné­ra­tion de stations de travail, la plus puis­sante jamais construite par Roland, propul­sée par un système DSP Quad-Core évolu­tif maison. Elle permet à la marque de reven­diquer l’ap­par­te­nance à la famille des grosses stations de travail, que nous bapti­sons pour l’oc­ca­sion les Big KRYK. Les autres membres n’ont-ils qu’à bien se tenir ?

Instru­ment magni­fique

Fantom_2tof 02.JPGLa série Fantom est décli­née en trois modèles : 61 et 76 touches avec clavier plas­tique à toucher léger semi-lesté, ainsi que 88 touches avec clavier hybride bois/plas­tique PHA-50 à toucher lourd. Roland France nous a expé­dié un Fantom-7, un gros porte-avions avec façade en alu, dessous en acier noir et liseré rouge sur la tranche des flancs. Cela rompt avec le vert Aira, merci ! La machine en impose dans le studio, avec ses 130 × 40 × 11 cm et ses 18 kg, un poids toute­fois raison­nable (merci l’alu). Les autres modèles affichent 108 × 40 × 11 cm / 15 kg (Fantom-6) et 143 × 44 × 15 cm / 28 kg (Fantom-8). L’ins­tru­ment est magni­fique, tant dans les propor­tions, l’ap­pa­rence des commandes (LED et rétroé­clai­rages multi­co­lores), que les maté­riaux. Le plai­sir des mains est tout aussi jouis­sif que celui des yeux. Les rota­tifs et les curseurs sont bien ancrés et offrent une résis­tance parfaite. Les commandes sont de bonne dimen­sion et bien espa­cées, idéal pour la mani­pu­la­tion. Le clavier léger semi-lesté est un régal du genre, avec des touches longues de 14 cm (plus que la moyenne) offrant une réponse impec­cable à l’en­fon­ce­ment et au relâ­che­ment, ainsi qu’un bon contrôle de pres­sion (mono­pho­nique). Cette qualité s’en ressent natu­rel­le­ment sur la facture, on est dans le haut de gamme des stations de travail.

Fantom_2tof 15.JPGLa connec­tique est très géné­reuse, comme en témoigne le panneau arrière. En partie droite, on commence par les sorties audio : casque, paire stéréo prin­ci­pale en XLR et jack 6,35, 2 paires stéréo addi­tion­nelles en jack 6,35 (donc un total de 3 paires stéréo) et une paire stéréo en sortie directe du filtre analo­gique. S’en­suivent 4 jacks 3,5 mm CV/Gate (2 CV / 2 Gate ou 3 CV / 1 Gate) ; les CV de Pitch fonc­tionnent unique­ment en Volt/octave. Juste au-dessus, on trouve la connec­tique USB, avec pas moins de 5 prises : 1 de type B pour connec­ter un PC (MIDI et audio multi­ca­nal 3 entrées stéréo / 16 sorties stéréo tour­nant en 24 bit / 48 kHz), 1 de type A pour connec­ter une mémoire de masse (clé USB) et 3 de type A pour connec­ter en MIDI + alimen­ta­tion élec­trique des appa­reils USB compa­tibles Class-C (tels que Roland Boutique, contrô­leurs, smart­phones). Passons à la partie gauche du panneau arrière, elle aussi bien garnie : une paire d’en­trées audio symé­triques combo XLR/jack pour l’échan­tillon­nage (chacune avec leur petit poten­tio­mètre de sensi­bi­lité), 4 entrées jack 6,35 pour pédales (main­tien et 3 contrô­leurs assi­gnables, égale­ment compa­tibles avec la triple pédale piano Roland RPU-3), 3 prises MIDI DIN (entrée, sortie 1, sortie2/Thru), un inter­rup­teur secteur et une prise IEC stan­dard pour relier un cordon secteur à l’ali­men­ta­tion interne univer­selle ; on reste pro jusqu’au bout sur le Fantom, youpi !

Orga­ni­sa­tion soignée

Fantom_2tof 04.JPGComme toute station de travail haut de gamme, le Fantom est couvert de commandes. Elles se divisent en six grandes sections : contrô­leurs globaux, contrô­leurs par partie, édition centrale, synthé, séquen­ceur et échan­tillon­neur. Commençons à gauche avec les contrô­leurs globaux : on trouve le bâton de joie (pitch et modu­la­tion vers le haut, tout à ressort de rappel), deux boutons de fonc­tions assi­gnables (modu­la­tions par exemple), trois boutons de trans­po­si­tion (par demi-ton ou par octave) et quelques boutons d’ac­ti­va­tion (arpèges, accord, porta­mento) ; le bâton de joie est secondé par deux molettes clas­siques assi­gnables (une avec ressort, l’autre sans) ; merci pour ce sympa­thique service trois pièces ! La seconde section de contrô­leurs est située au-dessus du clavier, à gauche. Elle permet de pilo­ter les 16 parties multi­tim­brales consti­tuant une scène, un clas­sique sur les autres Big KRYK. Pour cela, on dispose prin­ci­pa­le­ment de 8 enco­deurs cran­tés cerclés de LED, 9 curseurs avec échelle de LED et deux rangées de 8 touches de fonc­tion. Ces commandes permettent de mixer les parties (volume, pano­ra­mique et deux para­mètres assi­gnables) ou encore acti­ver / sélec­tion­ner des zones internes / externes ; bravo Roland d’avoir inté­gré le pilo­tage d’ap­pa­reils externes comme s’il s’agis­sait de canaux internes. Ah oui, parlons rapi­de­ment du split rapide de canaux et du pilo­tage du volume USB Audio en entrée et sortie, pour ne pas les oublier.

Allez, on passe au centre, avec la troi­sième section : l’édi­tion. Riche­ment dotée, elle est consti­tuée d’un écran tactile couleur 7 pouces Wide VGA 800×480 pixels, qui surplombe 6 enco­deurs-pous­soir cran­tés d’édi­tion contex­tuelle. Tout est prévu pour éditer : un gros enco­deur, des flèches de navi­ga­tion pour sélec­tion­ner le para­mètre à éditer, des touches d’in­cré­men­ta­tion / décré­men­ta­tion, des touches Enter / Exit et une touche Shift pour accé­der à certaines fonc­tions (par exemple accé­lé­rer la vitesse d’in­cré­men­ta­tion / décré­men­ta­tion lors de l’édi­tion) ; c’est aussi dans cette section que l’on sélec­tionne le mode de jeu (scène / chai­nage de scène / affi­chage de zone / son simple) ou que l’on accède à certaines fonc­tions globales : mémo­ri­sa­tion, effets maîtres, filtre analo­gique, pilo­tage d’une DAW externe, menus, tempo. L’écran tactile est un modèle du genre, permet­tant de visua­li­ser très clai­re­ment les réglages et d’édi­ter direc­te­ment au doigt et à l’œil. Ce n’est pas un multi-touch et la réponse aurait mérité plus de flui­dité, surtout quand on tire sur un filtre ou une enve­loppe. Les pages d’édi­tion sont claires et soignées, que ce soit en mode multi­tim­bral ou en édition spéci­fique. Par exemple, il y a quatre niveaux de zoom pour visua­li­ser les canaux multi­tim­braux compo­sant une scène : par 1, 4, 8 ou 16. Du très beau travail, qui contri­bue à l’ex­cel­lente ergo­no­mie géné­rale de la machine.

Fantom_2tof 11.JPGÀ droite, on trouve la quatrième section du Fantom : le synthé. C’est là que l’on peut régler direc­te­ment, avec de vrais poten­tio­mètres (une dizaine), les prin­ci­paux para­mètres de synthèse : oscil­la­teurs, filtres, enve­loppes, volume, effets de partie. Dans chaque module de synthèse, une touche Param permet d’ou­vrir un menu avec tous les réglages dispo­nibles acces­sibles à l’écran ; bien vu ! On passe en-dessous, avec la section séquen­ceur (la cinquième), consti­tuée d’une rangée de 16 boutons lumi­neux, de commandes de trans­port et de touches de type de séquence (motif, groupe, morceaux). Cette section permet non seule­ment de program­mer le séquen­ceur, mais aussi de sélec­tion­ner direc­te­ment des chaines de scènes pour le live. Enfin, complè­te­ment à droite, la sixième section est dédiée à l’échan­tillon­neur. C’est donc ici qu’on échan­tillonne, qu’on assigne les sons aux pads et les pads aux banques. Les 16 pads lumi­neux permettent d’ap­pe­ler les banques ou jouer les samples en temps réel ; ils sont hélas statiques, ce sont de simples inter­rup­teurs, pas trop faits pour jouer des kits de batte­rie. Pour pouvoir program­mer des percus­sions réalistes, il faut se rabattre sur le clavier ou un contrô­leur externe. C’est certes un point faible, mais un point fort par rapport aux autres stations de travail du marché qui n’ont pas de pads physiques du tout.

Scènes musi­cales

Fantom_2tof 09.JPGÀ l’al­lu­mage, notre Fantom est prêt à jouer en un peu moins d’une minute. C’est donc plus lent que le Montage ou le Forte, mais plus rapide que le Kronos. En cours de test, nous avons mis à jour l’OS en version 1.10. Comme le Montage, la machine est orga­ni­sée en scènes de 16 zones, qui pilotent une partie sonore interne et/ou externe (Tone). Les 16 zones peuvent être jouées au clavier ou via le séquen­ceur 16 pistes, suivant une tessi­ture à défi­nir. Une zone est assi­gnable aux Pads pour jouer les samples. Il est très facile de créer des empi­lages ou sépa­ra­tions de clavier complexes, l’er­go­no­mie de la machine permet de faire cela très simple­ment, avec contrôle visuel. Ainsi, on peut rapi­de­ment sélec­tion­ner une scène, chan­ger le Tone assi­gné à une zone, modi­fier les para­mètres de zone, éditer les para­mètres de synthèse ou d’ef­fets (rapi­de­ment avec les 6 enco­deurs sous l’écran ou en détail via les menus), trans­po­ser, mixer les diffé­rentes zones, envoyer des sons dans le filtre analo­gique global, jouer des échan­tillons avec les pads, pilo­ter des géné­ra­teurs sonores externes, lancer l’ar­pé­gia­teur, jouer un motif ryth­mique ou lancer une séquence. Un Motio­nal Pad virtuel permet de mélan­ger le volume de quatre parties sonores en temps réel en touchant l’écran, un peu comme un joys­tick de synthèse vecto­rielle. Il n’est toute­fois pas aussi complet que le Super Knob du Montage, qui permet de pilo­ter plusieurs para­mètres distincts en même temps sur diffé­rentes zones. À l’usage, nous avons noté quelques péchés de jeunesse : sauts de valeurs fortuits sur les enco­deurs contex­tuels (celui de droite notam­ment lors de la sélec­tion rapide de Tones ou de formes d’onde), réponse labo­rieuse de certains sélec­teurs virtuels de l’écran tactile.

Fantom_2tof 06.JPGChaque zone dispose de para­mètres indé­pen­dants : numéro de Tone, routage (sortie audio ou effets globaux d’in­ser­tion), volume, pano­ra­mique, départs vers les effets globaux (chorus, réverbe), tessi­ture, fenêtre de vélo­cité (avec fondus haut et bas), EQ para­mé­trique 5 bandes, pitch, tempé­ra­ment clavier (9 gammes dont une program­mable), vibrato, porta­mento, offset de certains para­mètres de synthèse (coupure du filtre, réso­nance, ADR de l’en­ve­loppe de volume), mode de voix (mono/poly), assi­gna­tion aux commandes physiques, réserve de voix, canal MIDI de récep­tion, filtrage de contrô­leurs MIDI. Si la zone est (aussi) défi­nie comme externe (pilo­tage d’un appa­reil MIDI), on a quasi­ment les mêmes réglages, y compris les offsets des para­mètres de synthèse. Seules excep­tions évidentes, le vibrato, le tempé­ra­ment et la réserve de voix. On peut aussi défi­nir le canal MIDI d’émis­sion, le nom de l’ap­pa­reil piloté, le numéro de banque et le numéro de programme. C’est vrai­ment bien fichu, un grand bravo ! On dispose de 512 mémoires de scène, dont 271 prépro­gram­mées. Pour les adeptes de la scène, une fonc­tion permet de créer 100 enchaî­ne­ments de 512 numé­ros de scène, plus qu’il n’en faut pour 50 ans de tour­nées mondiales. Quand on sait que les moteurs Zen-Core et V-Piano du Fantom consomment chacun un DSP parmi les quatre dispo­nibles, on se rassure sur la puis­sance de feu : jusqu’à 256 voix de poly­pho­nie pour les sons Zen-Core (nombre maxi­mum, qui dépend de l’uti­li­sa­tion des ressources DSP tels que les trai­te­ments audio ou les échan­tillons stéréo) et une poly­pho­nie illi­mi­tée pout le moteur V-Piano. À cela il faut ajou­ter les 8 voix de l’échan­tillon­neur.

Sono­ri­tés

Fantom_2tof 17.JPGPassons à l’écoute des sons. Le Fantom est livré avec 271 scènes multi­tim­brales et plus de 3 700 programmes et kits de batte­rie élémen­taires. Il est possible d’im­por­ter jusqu’à 16 banques supplé­men­taires EXZ (programmes et multié­chan­tillons) à partir du site http://axial.roland.com/cate­gory/fantom/. On y trouve déjà 6 banques gratuites compre­nant des centaines de programmes et des milliers d’échan­tillons (500 Mo), dont certains tirés de l’Inte­gra-7 et des cartes SRX, dans les styles pop-rock, clas­sique, world, percus­sions… D’autres EXZ sont déjà annon­cées, une bonne dizaine, histoire de remplir rapi­de­ment les 16 empla­ce­ments. L’ins­tal­la­tion prend 5 bonnes minutes par banque, il faudra donc être patient le jour où on veut tout remplir d’un coup. Mais reve­nons à la confi­gu­ra­tion de base. La qualité audio du Fantom est excel­lente, avec un rapport signal / bruit très élevé et un niveau de sortie parfai­te­ment cali­bré. L’ajout des filtres analo­giques amène du niveau mais aussi du bruit de fond, surtout quand on re-route sa sortie vers le bus maître ; c’est pourquoi Roland a prévu un suppres­seur de bruit (porte de bruit). On appré­cie égale­ment les tran­si­tions douces entre deux scènes, sauf lorsque les deux utilisent un moteur V-Piano : là, le Fantom coupe sans pitié, même pour les autres canaux non V-Piano. Au plan sonore, nous avons beau­coup aimé les pianos acous­tiques modé­li­sés : tessi­ture progres­sive, réponse en vélo­cité équi­li­brée, variété sonore garan­tie, édition des para­mètres physiques judi­cieuse. On peut créer des pianos vrai­ment très diffé­rents pour de nombreux styles musi­caux.

Fantom_2tof 16.JPGLes autres sons acous­tiques sont obte­nus par simple lecture d’échan­tillons, il n’y a pas de moteur Super­Na­tu­ral à l’heure actuelle. On lit çà et là que, pourquoi pas, un jour plus ou moins proche, ceci cela… mais à l’heure où nous écri­vons, il faut se conten­ter de multié­chan­tillons tirés des précé­dentes machines de la marque. A côté des autres Big KRYK, la compa­rai­son est un peu sévère. Si les cordes, les voix, les basses et les percus­sions tirent globa­le­ment leur épingle du jeu, ce n’est en revanche pas le cas des guitares et des ensembles de cuivres. Tout cela manque d’échan­tillons, de longueur et de couches sonores. Bref, certains sons acous­tiques sont un peu le talon d’Achille du Fantom dans cette version initiale. En revanche, Roland nous offre une pano­plie de sons synthé­tiques aussi étof­fée que spec­ta­cu­laire. On retrouve, entre autres, des programmes issus des séries D-50/JD/JV/XV. Pas seule­ment, car il y en a pour tous les goûts : vintage analo­gique, vintage numé­rique, contem­po­rain. Du doux, du dur, du chaud, du froid, du gras, du maigre, du coton, du métal (phrase qui ne sert à rien quand on y réflé­chit). Les programmes d’usine regorgent d’em­pi­lages auda­cieux et impres­sion­nants, pas toujours faciles à placer, Roland a voulu montrer que la machine en avait sous le capot dans ce domaine !

Fantom_1audio 01 Single APia­no1
00:0002:44
  • Fantom_1audio 01 Single APia­no102:44
  • Fantom_1audio 02 Single APia­no200:40
  • Fantom_1audio 03 Single EPs01:22
  • Fantom_1audio 04 Single Strings01:27
  • Fantom_1audio 05 Single Brass00:30
  • Fantom_1audio 06 Single Choirs01:16
  • Fantom_1audio 07 Rythm100:43
  • Fantom_1audio 08 Rythm200:44
  • Fantom_1audio 09 Rythm300:51
  • Fantom_1audio 10 Rythm400:53
  • Fantom_1audio 11 Samples101:42
  • Fantom_1audio 12 Samples201:47
  • Fantom_1audio 13 Group Trap00:58
  • Fantom_1audio 14 Group Jazzy01:05
  • Fantom_1audio 15 Group Raga01:35
  • Fantom_1audio 16 Song101:41
  • Fantom_1audio 17 Song201:26
  • Fantom_1audio 18 Song301:39
  • Fantom_1audio 19 Song401:31
  • Fantom_1audio 20 Song501:24

Soyons Zen

Fantom_3schÇma 01 Tone.JPGLe moment est venu de descendre dans la synthèse. Chaque zone interne fait appel à l’un des trois types de Tone suivants : Zen-Core (son unique sur toute la tessi­ture), Drum (kit de percus­sions) ou V-Piano (modé­li­sa­tion de piano acous­tique). Zen-Core est un moteur mélan­geant la partie synthèse VA du V-Synth et la lecture d’échan­tillons, faisant partie d’une mémoire totale de 16 Go. Dans cette Rom, on recon­nait des sons héri­tés des D-50 et JV/JD/XD. Au niveau global du Tone, on peut, entre autres et pour faire court, régler le volume, le pano­ra­mique, la prio­rité de note, l’ac­cor­dage, l’in­sta­bi­lité (compor­te­ment des synthés analo­giques), le mode mono/poly, l’unis­son, le legato, le porta­mento, l’ef­fet du pitch­bend et le mode d’en­ve­loppe (complexe ou ADSR). Le nombre de réglages est plétho­rique, mais le meilleur reste à venir : un Tone Zen-Core est lui-même consti­tué de 4 partiels, que l’on peut sélec­tion­ner, acti­ver / couper direc­te­ment à l’écran ou avec les pads. C’est moins que les 8 éléments du Montage, les 2 sources à 8 couches du Kronos ou les 32 couches du Forte. Cette construc­tion, déve­lop­pée la première fois sur le D-50 puis décli­née sur les séries JD/JV/XV, a tout de même pas mal évolué depuis. Elle permet toute­fois au Fantom de repro­duire les sons de ses illustres aînés. 

On trouve deux types d’édi­tion : Zoom, donnant un accès graphique, par partiel, à de nombreux para­mètres ; Pro, donnant un accès à tous les para­mètres, pour les 4 partiels, sous forme de tableau dérou­lant. Les partiels sont joués dans une tessi­ture et une fenêtre de vélo­cité program­mables indi­vi­duel­le­ment. Chacun est consti­tué d’un oscil­la­teur, un filtre, un ampli, 2 LFO, 3 enve­loppes et un EQ. Les partiels sont arran­gés en struc­tures, au sein desquelles ils peuvent inter­agir deux par deux : synchro, modu­la­tion en anneau ou cross modu­la­tion (sorte d’AM complexe). Les oscil­la­teurs peuvent faire appel à un multié­chan­tillon (mono ou stéréo) ou à une onde analo­gique modé­li­sée. On compte 963 multié­chan­tillons mono / stéréo de toute sorte, toujours mono­couche, en mémoire interne, auxquels s’ajoutent les éven­tuels multié­chan­tillons des banques addi­tion­nelles EXZ. Il s’agit d’une simple lecture PCM, la synthèse Super­Na­tu­ral n’étant pas à l’ordre du jour. Autre point, on ne peut pas impor­ter ses propres multié­chan­tillons. Les oscil­la­teurs VA, déri­vés du V-Synth, peuvent faire appel à 9 formes d’ondes élémen­taires : dent de scie, carrée, triangle (x3), sinus (x2), rampe ou Juno (dent de scie modu­lée). On peut faire varier la largeur d’im­pul­sion de chacune. Il existe égale­ment les modes PCM-Sync (avec 48 formes d’onde à détruire sauva­ge­ment), Super­saw (avec Detune, pour les amateurs d’EDM) et bruit blanc. Le pitch peut être direc­te­ment modulé à la main, aléa­toi­re­ment, par le suivi de clavier, avec un vibrato ou une enve­loppe multi-segments sensible à la fois à la vélo­cité et au suivi de clavier.

Fantom_3schÇma 02 Zone.JPGToujours au niveau du partiel, le signal attaque ensuite un filtre numé­rique multi­mode réso­nant 2–3–4 pôles suivi d’un HPF à 1 pôle. On peut choi­sir deux types de filtre : TVF ou VCF. Le premier est le clas­sique multi­mode LPF (x3) / BPF / HPF / Peak ; le second simule des filtres passe-bas vintage : Roland, Moog et Prophet-5 (sans autres détails). Ils sont excel­lents, vrai­ment, et très diffé­rents les uns des autres. Les fréquences de coupure et les réso­nances des filtres agissent sur 1 024 pas (tout comme les temps et niveaux d’en­ve­loppes), ce qui garan­tit une réponse parfai­te­ment lisse quand on les touille en direct depuis le Fantom. Là encore, on a un tas de para­mètres et modu­la­tions direc­te­ment acces­sibles : suivi de clavier, vélo­cité, LFO, enve­loppe multi-segments sensible à la vélo­cité et au suivi de clavier. En sortie de filtre, on passe par l’étage d’am­pli­fi­ca­tion du partiel, avec réglage de niveau, réponse en vélo­cité, suivi de clavier, pano­ra­mique (posi­tion, suivi de clavier, facteur aléa­toire), LFO, largeur stéréo (pour les échan­tillons stéréo évidem­ment) et enve­loppe multi-segments sensible à la vélo­cité et au suivi de clavier.

Dans un partiel, il y a 2 LFO ultra complets, dotés de 11 formes d’onde, dont un mode aléa­toire, un mode chaos et un mode Step. Dans ce dernier, on peut créer une forme d’onde cyclique complexe en défi­nis­sant un nombre de pas (1 à 16), une ampli­tude de modu­la­tion par pas (bipo­laire) et une courbe entre chaque pas (37 possi­bi­li­tés de toute forme). La vitesse peut être synchro­ni­sée à l’hor­loge. Il y a un délai avec suivi de clavier, un para­mètre pour faire fluc­tuer la vitesse, un fondu d’en­trée ou de sortie, des modes de déclen­che­ment de cycle (libre ou non), un réglage de phase et des réglages directs de modu­la­tion sur le pitch, le filtre, le volume et le pano­ra­mique. En sortie de partiel, on trouve un EQ para­mé­trique 3 bandes et des réglages de sortie : sec / vers l’ef­fet de Tone MFX, ainsi que des départs vers les effets globaux chorus et réverbe.

Au plan du Tone, on trouve une petite matrice de modu­la­tions à 4 cordons, chaque source étant capable de contrô­ler 4 desti­na­tions. Parmi les sources, il y a la quasi-tota­lité des CC MIDI, les 4 CC système globaux, le pitch­bend, la pres­sion, la vélo­cité, le suivi de clavier, le tempo, les 2 LFO et les 3 enve­loppes. Parmi les desti­na­tions, le pitch, la coupure du filtre, la réso­nance, le volume, le pano­ra­mique, la quan­tité de chorus, la quan­tité de réverbe, l’ac­tion des LFO (sur le pitch, filtre, volume et pano­ra­mique), la vitesse des LFO, les temps des enve­loppes (ADR), la PWM, la XMOD… L’ef­fet MFX de Tone possède lui-même 4 cordons de modu­la­tion distincts pour ses propres para­mètres (prédé­fi­nis suivant l’al­go­rithme). Les modu­la­tions sont toutes bipo­laires. Pour les Tone Zen-Core, il y a 3 668 Presets et 2 048 mémoires utili­sa­teur, de quoi voir venir !

Drum kits

Fantom_2tof 07.JPGLe second type de Tone est baptisé Drum. Il s’agit ni plus ni moins d’un éditeur de kits de percus­sions basé sur des échan­tillons. Le point de départ est le choix du Drum kit. Seul le mode Pro est dispo­nible pour l’édi­tion. Grosso modo, on peut assi­gner 4 échan­tillons stéréo à chacune de 88 notes du clavier, ce qui est bien mieux que le Montage (un seul échan­tillon par note), mais moins que le Kronos (8) ou le Forte (32 !). Pour chaque note, il y a des réglages communs et des réglages par échan­tillon. Commençons par les réglages par échan­tillon, donc à répé­ter, au besoin, 4 fois par touche : choix de la forme d’onde (mono ou stéréo) parmi la mémoire interne (2 108 échan­tillons en Rom répar­tis en 4 banques ABCD) ou les samples EXZ (mais pas d’ac­cès aux échan­tillons utili­sa­teur là non plus), gain, FXM (cross modu­la­tion suivant 4 types de colo­ra­tion plus ou moins brutale), accor­dage, niveau, pano­ra­mique, délai d’ap­pa­ri­tion et fenêtre de vélo­cité avec fondus haut et bas. Cela permet de rendre les percus­sions bien plus expres­sives qu’un mode à une seule couche.

Passons aux réglages communs, c’est-à-dire pour une note : volume, pano­ra­mique, envois vers le chorus et la réverbe, groupe exclu­sif (1 à 31, les instru­ments d’un même groupe se coupant entre eux, utile pour simu­ler un hi-hat ouvert / fermé), assi­gna­tion de sortie (sec, MFX ou l’un des 6 compres­seurs), offset de certains para­mètres de synthèse (pitch, coupure du filtre, réso­nance, enve­loppes ADR de volume), EQ para­mé­trique 3 bandes, enve­loppe de pitch multi-segments sensible à la vélo­cité, filtre réso­nant (6 types, sensibles à la vélo­cité), enve­loppe de filtre multi-segments sensible à la vélo­cité, volume & pano­ra­miques (sensibles à la vélo­cité) et enve­loppe de volume multi-segments sensible à la vélo­cité. Pardon pour l’énu­mé­ra­tion et les effets de répé­ti­tion, mais c’est très condensé par rapport au nombre de para­mètres réel­le­ment dispo­nibles par note ! Les 6 compres­seurs sont propres au mode Drum et permettent de trai­ter sépa­ré­ment certaines familles d’ins­tru­ments. Le MFX, pour sa part, dispose des mêmes possi­bi­li­tés de modu­la­tion que dans le modèle Zen-Core ; nous repar­le­rons de tous ces effets dans le para­graphe dédié. Côté mémoire, on dispose de 91 kits Presets et 128 kits utili­sa­teur, dont 24 déjà program­més. De quoi voir venir là aussi !

Piano virtuel

Le troi­sième type de Tone est le V-Piano, un moteur dédié à la modé­li­sa­tion de pianos acous­tiques, intro­duit sur le RD-2000. On ne peut l’as­si­gner qu’à la première zone d’une scène, car il est très consom­ma­teur en ressources et utilise un DSP dédié. Là aussi, seul le mode Pro est dispo­nible. On y règle le volume, l’ou­ver­ture du couvercle arrière (brillance et présence), le niveau de réso­nance sympa­thique des cordes, le bruit de marteau, l’échelle de réso­nance, les bruits d’échap­pe­ment de touche, la réso­nance de la table et celle de l’ins­tru­ment tout entier. 

À un niveau plus fin, on peut descendre sur des réglages indé­pen­dants pour chaque note : accord micro-tonal (Preset ou utili­sa­teur), niveau (volume) et carac­tère (brillance). Le V-Piano dispose des mêmes réglages MFX que les autres modes de Tone. Sur le plan des mémoires, on trouve 17 Presets V-Piano (couvrant diffé­rents styles musi­caux tels que baroque, clas­sique triom­phant ou roman­tique, blues, jazz, pop-rock ou ballade) et 128 mémoires utili­sa­teur. Une section très réus­sie qui nous fait une fois encore regret­ter l’ab­sence de moteurs Super­Na­tu­ral pour les autres sons acous­tiques du Fantom, du moins en l’état actuel des choses, vu que le système de moteur semble ouvert, d’après ce que les équipes de déve­lop­pe­ment de Roland nous ont confié.

Effets plétho­riques

Que serait une station de travail moderne sans ses puis­sants multief­fets ? Le Fantom ne déroge pas à la règle, avec des effets à tous les niveaux. Commençons par les EQ, présents dans chaque partiel / note de kit, dans chaque Tone et au plan global. Pour­sui­vons par les MFX, dispo­nibles pour chacune des zones multi­tim­brales. Il y en a donc 16, capables de produire 90 algo­rithmes diffé­rents : filtres (EQ, boos­ter, wahwah, Enhan­cer, simu­la­teur de HP), modu­la­tions (phaser, tremolo, auto­pan, HP tour­nant), chorus / flan­gers, proces­seurs de dyna­mique (OD, compres­seur, limi­teur), délais (simple, stéréo, multiple, écho à bande), effets lo-fi, modu­la­tions de pitch, simu­la­tions vintage (CE-1, SBF-325, SDD-320), loopers, DJFX, satu­ra­teurs… sans oublier les combi­nai­sons de deux effets, bien utiles pour les indé­cis du fromage ou dessert. Entre 5 et 15 para­mètres sont dispo­nibles par effet, certains synchro­ni­sables au tempo, d’autres, prédé­fi­nis dans chaque algo­rithme, modu­lables par la matrice dédiée.

Toujours au niveau du Tone, plus spéci­fique­ment du Tone de type Drum prin­ci­pal (celui défini comme tel), on peut envoyer chaque note de percus­sion dans l’un des 6 compres­seurs mis à notre dispo­si­tion. On règle, pour chacun, le temps d’at­taque, le temps de relâ­che­ment, le seuil, le ratio, l’adou­cis­se­ment (Knee), le gain de sortie et la desti­na­tion (sortie sèche, entrée MFX, sorties physiques prin­ci­pales / sépa­rées, entrées effet analo­gique AFX). 

Fantom_3schÇma 04 FX.JPGPassons main­te­nant aux effets globaux de scène. Au menu, deux effets d’in­ser­tion IFX, un chorus et une réverbe. Les effets d’in­ser­tion ont les mêmes 90 algo­rithmes et réglages que les MFX. On peut les placer en série ou en paral­lèle, puis doser leur envoi vers le chorus et la réverbe, avant de les router vers les effets analo­giques ou l’une des paires de sorties physiques. La diffé­rence ici, c’est que les IFX, comme tous les effets globaux de scène, ne sont pas modu­lables en temps réel. Le chorus offre 8 algo­rithmes (chorus stéréo, émula­tion de la pédale CE-1, émula­tion de SDD-320, délai stéréo, délai synchro, délai -> trémolo, double écho stéréo, triple écho stéréo et simu­la­tion du chorus du Juno-106). Pour tous, on défi­nit le niveau, la quan­tité d’en­voi vers la réverbe et la sortie physique de desti­na­tion (prin­ci­pale ou sépa­rées). Les autres para­mètres (entre 1 et 10) sont fonc­tion de l’al­go­rithme. Il y a ensuite la réverbe, forte de ses 6 algo­rithmes : Inte­gra-7 (8 sous-types), Warm Hall, Hall, GS (8 types), SRV-2000 (4 types), SRV-2000 non linéaire et GM2. Elle aussi peut être routée vers la paire de sorties physiques de son choix. On trouve géné­ra­le­ment une dizaine de para­mètres par type de réverbe. Nous saluons les choix faits par Roland, plus éclec­tiques qu’à l’ac­cou­tu­mée.

La première fois que nous avons décou­vert les spéci­fi­ca­tions du Fantom, nous avons été surpris de décou­vrir des effets analo­giques. Il s’agit de deux ensembles Distor­sion + VCF permet­tant de conser­ver la stéréo du signal. Ce qui entre dans le filtre peut sortir direc­te­ment ou être réinjecté dans le bus maître. On peut régler le niveau, le pano­ra­mique, la quan­tité d’en­voi vers le chorus et la quan­tité d’en­voi vers la réverbe. Une fois le gain de la distor­sion dosé, on passe dans la section VCF. Les circuits ont été conçus pour imiter le LPF 4 pôles Roland (on pense à l’IR3109 qui a équipé bon nombre de synthés vintage poly­pho­niques de la marque), le LFP 4 pôles Moog (en échelle de tran­sis­tors) et un filtre multi­mode à variable d’état (LPF/BPF/HPF). Reste à régler la fréquence de coupure et la réso­nance, là aussi sur 1 024 valeurs. Il n’y a en revanche pas de modu­la­tion type enve­loppe ou LFO, ces VCF sont statiques. Les réglages des effets analo­giques sont sauve­gar­dés au sein des scènes.

On passe main­te­nant au niveau global de la machine. On trouve un compres­seur multi­bande (maste­ring) et un EQ para­mé­trique 5 bandes, avec des réglages très nombreux (une ving­taine de para­mètres), histoire de peau­fi­ner le son avant qu’il ne parte se prome­ner. Mais ce n’est pas tout, puisque même les entrées audio ont leur propre section effets : filtre coupe-bas (pour éviter la ronflette des câbles – unique­ment recom­mandé sur la voix), EQ para­mé­trique 5 bandes et réverbe d’en­trée (iden­tique à la réverbe prin­ci­pale). Du costaud ! Toutes les valeurs d’ef­fets du Fantom (tout comme la plupart des para­mètres de synthèse) sont expri­mées dans leur véri­table unité, la grande clas­se… La qualité des effets numé­rique et des filtres analo­giques est très élevée. Le seul véri­table point faible dans cette section effets est le manque cruel de voco­deur. Allez, encore un effort s’il vous plait Monsieur Roland et ce sera parfait !

Sample à part

Fantom_3schÇma 03 Scene.JPGLe Fantom est équipé d’une section échan­tillon­nage poly­pho­nique 8 voix mono ou 4 voix stéréo. Ils sont sauve­gar­dés en mémoire globale (et pas au sein des scènes), dans 4 banques de 16 pads, ce qui est très peu. On peut sampler la sortie stéréo de la machine, une source externe analo­gique via les entrées stéréo, une source audio USB ou tout cela en même temps, en 16 bits / 48 kHz. La mémoire de samples, de type flash perma­nente, peut utili­ser pour le moment 2 Go sur les 4 Go embarqués. L’échan­tillon­nage peut être lancé à la main ou à partir d’un seuil audio. On peut régler le gain d’en­trée, acti­ver l’ali­men­ta­tion Phan­tom inté­grée aux entrées XLR (48 V / 10 mA, pour les micro statiques), couper les basses fréquences (pour élimi­ner la ronflette de certains câbles micro asymé­triques, trop longs ou pas assez blin­dés), ajou­ter un EQ, ajou­ter une réverbe, régler le niveau post EQ, doser le pano­ra­mique puis assi­gner le signal direct d’en­trée à une sortie audio. À tout instant, on peut stop­per l’échan­tillon­nage en cours.

Une fois le sample capturé, on l’as­signe à un pad puis on l’édite de façon très sommaire : mode Gate (la lecture se pour­suit après relâ­che­ment du pad), points de lecture, bouclage, niveau, tron­ca­ture et norma­li­sa­tion. Il n’y a pas de trai­te­ments avan­cés (slice / time stretch), de montage en multi­samples ni d’uti­li­sa­tion possible dans les moteurs de synthèse. L’échan­tillon­neur reste un moteur séparé, pas du tout inté­gré, contrai­re­ment au Kronos. Si les samples sont déclen­chés par les pads ou la zone assi­gnée. Les pads peuvent prendre d’autres fonc­tions, comme jouer des Tone, sélec­tion­ner ou couper/acti­ver les 4 partiels d’un Tone Zen-Core, muter/isoler les zones ou jouer des motifs ryth­miques. Pour termi­ner, signa­lons que le Fantom peut impor­ter les formats Wav et Aiff 8/16/24 bits linéaires à 44/48/96 kHz, ainsi que les formats MP3 de 64 à 320 kbps + VBR à 44/48 kHz, avec place­ment des imports auto­ma­tique ou manuel. Côté export, cela se passe au format Wav, par pad indi­vi­duel ou pour l’en­semble des pads. Bref, une section inégale qui vit un peu en marge du reste de la machine, même si on peut l’as­si­gner à l’une des 16 zones.

Arpèges et rythmes

On trouve un arpé­gia­teur qui pilote la ou les zones acti­vées dans une scène. On sélec­tionne un style parmi 128 Presets et leurs varia­tions (1 à 2 suivant le Preset). Les styles existent sous forme de mini-séquences, d’ac­cords, de riffs, dans diffé­rents genres musi­caux : pop-rock, funk, blues, latino. On règle ensuite l’ordre de jeu (haut, bas, alterné, aléa­toire, ordre joué, glis­sando, accord, timing voix basse, timing voix haute, phrase trans­po­sée suivant la note jouée), la vélo­cité (fixe de 1 à 127 ou telle que jouée), la trans­po­si­tion de motif (plus ou moins 3 octaves), l’ac­cent (pour amener du groove dans le motif) et le Shuffle (en pour­cen­tage et réso­lu­tion). On peut aussi acti­ver le main­tien auto­ma­tique. L’ar­pé­gia­teur n’existe qu’en unique exem­plaire dans chaque scène, il n’est pas multi­tim­bral, contrai­re­ment à ce qu’on trouve sur un Forte (16 arpèges simul­ta­nés toujours dispo­nibles) ou un Montage (8 arpèges simul­ta­nés en mode clavier maître). Ici, il faut défi­nir les zones (1–16) qui doivent être pilo­tées par l’ar­pé­gia­teur. De même, il n’existe pas d’ar­pèges de mouve­ments ou modu­la­tions comme sur le Montage. On ne peut pas non plus créer son propre motif d’ar­pège de quelque manière que ce soit. Cette section mérite donc d’être un peu étof­fée, surtout par les stan­dards actuels…

Fantom_3schÇma 05 Pattern.JPGLa Fantom dispose aussi d’une mémoire d’ac­cords (fonc­tion Chord Memory), que l’on peut utili­ser seule ou avec l’ar­pé­gia­teur. Elle permet de jouer des ensembles d’ac­cords sophis­tiqués à un doigt. On sélec­tionne l’en­semble d’ac­cords parmi une liste de 17 Presets (pop, blues, tradi­tion­nel, jazz, majeur, mineur, quin­te…), puis on choi­sit la note de base (chaque note ayant un accord diffé­rent dans un style donné) et le timing de jeu (accord plaqués nets ou notes grat­tées). Ce dernier mode permet de simu­ler le jeu d’un guita­riste (vers le haut, vers le bas ou alterné), la vitesse de grat­tage dépen­dant de la vélo­cité. Enfin, le Fantom possède un géné­ra­teur de motifs ryth­miques, qu’il peut lancer en paral­lèle du jeu et des samples. Les motifs sont arran­gés en groupes de 6 sections (intro, couplets 1 et 2, Fill-in 1 et 2, fin). Il suffit d’as­si­gner le motif d’un groupe à chaque section parmi une liste de 354 Presets (en fait, 59 groupes Presets de 6 sections). On choi­sit égale­ment le Drum Kit et le tempo. Il suffit ensuite de lancer la section à l’écran. Si on commence par l’in­tro, le premier couplet est auto­ma­tique­ment enchaîné à la fin du motif d’in­tro. Lorsqu’on lance le motif de fin, le rythme s’ar­rête à la fin de la fin, impa­ra­ble­ment logique ! Une fois les sections arran­gées et les kits assi­gnés, on peut mémo­ri­ser le groupe de motifs au sein de 20 mémoires utili­sa­teur, donc pas dans les scènes. Ça aurait été bien de pouvoir program­mer ou impor­ter ses propres motifs à partir du séquen­ceur : sur un prochain OS peut-être ?

Séquen­ceur à motifs

Fantom_3schÇma 06 Group.JPGUn séquen­ceur est néces­saire pour qu’une station de travail soit une vraie station de travail. C’est le cas pour le Fantom, qui offre un séquen­ceur 16 pistes d’une réso­lu­tion de 120 BPQN, dans chacune de ses scènes. La mémoire totale n’est pas connue, on l’ima­gine immense. Les motifs sont les éléments de base. Ils sont consti­tués d’une piste de 32 mesures, avec bouclage éditable entre deux points. Il y a 16 pistes de motifs. Un groupe est un ensemble compre­nant jusqu’à 8 motifs sur chacune des 16 pistes, un peu comme la struc­ture d’un mini-morceaux (intro, couplets, refrain, pont, fin…). Les motifs sont complè­te­ment disso­ciables, ce qui veut dire qu’on peut lire diffé­rents motifs d’in­dex diffé­rent dans les diffé­rentes pistes. On peut aussi acti­ver/muter/isoler les 16 pistes à l’écran, très visuel, avec des codes couleur bien choi­sis pour faci­li­ter la compré­hen­sion de l’or­ga­ni­sa­tion. Au total, il y a 16 groupes par scène. Enfin, un morceau est un enchaî­ne­ment de groupes (32 indexes maxi­mum) dans un ordre défini, avec possi­bi­lité de 32 répé­ti­tions par index. On peut même boucler une section du morceau. Il y a un morceau par scène et le tempo est global pour tous les motifs de la scène. Donc un morceau = 32 enchaî­ne­ments d’une piste parmi 16 groupes x 8 motifs x 32 mesures x 16 pistes. C’est plus clair ?

Reve­nons à nos motifs pour voir comment tout cela se construit. On trouve trois modes d’en­re­gis­tre­ment : temps réel, pas à pas ou grille (TR-REC). En mode temps réel, on enre­gistre les notes à la volée, en surim­pres­sion à chaque boucle, avec possi­bi­lité de quan­ti­fi­ca­tion à l’en­trée ; il en est de même pour le mouve­ment des contrô­leurs, pour peu qu’on ait bien activé l’op­tion (on peut ainsi filtrer les notes, les CC MIDI, le pitch­bend, la pres­sion par canal, la pres­sion poly­pho­nique). Si l’en­re­gis­tre­ment des curseurs et enco­deurs de gauche fonc­tionne bien, nous ne sommes pas arri­vés à enre­gis­trer le mouve­ment des commandes de la partie synthé. En mode pas à pas, l’écran affiche un piano roll permet­tant de contrô­ler ce que l’on fait et d’ef­fa­cer certains pas pour les reprendre. En mode grille, on utilise la rangée de 16 touches rétroé­clai­rées au-dessus du clavier à droite, comme sur une bonne vieille TR-808 (qui fut la pion­nière de ce mode de program­ma­tion il y a bien long­temps, si nos souve­nirs sont bons).

Fantom_3schÇma 07 SongUne fois qu’un motif est enre­gis­tré, on peut réen­re­gis­trer par-dessus en temps réel (pour peu qu’on ait activé le mode Mix et pas New) ou l’édi­ter avec préci­sion en mode piano roll. Tout se passe à l’écran : on clique sur la note à modi­fier, on la déplace si néces­saire puis on change ses para­mètres (vélo­cité, durée) ; on peut aussi entrer une nouvelle note suivant une défi­ni­tion de grille ajus­table ou suppri­mer une note indé­si­rable. On peut enfin utili­ser des fonc­tions globales, genre suppres­sion à la volée ou par fenêtre de valeurs, trans­po­si­tion globale, quan­ti­fi­ca­tion. Le seul problème, c’est qu’une fois dans l’édi­teur piano roll, on ne peut pas enre­gis­trer en temps réel. C’est un point de work­flow où le Fantom peut encore progres­ser, le reste étant vrai­ment bien conçu ! Autre point de progrès poten­tiel, l’ab­sence de pistes linéaires pour s’af­fran­chir de la limite de 32 mesures par motif. Il faudra donc… séquen­cer ses séquences ! C’est surmon­table, car l’as­sem­blage en struc­tures plus élabo­rées est vrai­ment bien pensé. Enfin, on peut impor­ter des séquences enre­gis­trées à l’ex­té­rieur au sein d’un motif, puis réci­proque­ment expor­ter des motifs, groupes et morceaux au format SMF.

Conclu­sion

Roland renoue avec les grosses stations de travail qui forment la famille des Big KRYK, avec le Korg Kronos, le Yamaha Montage et le Kurz­weil Forte. Chaque membre de ce club pres­ti­gieux possède un ADN commun, on pour­rait quasi­ment dire un air de famille : grosse poly­pho­nie, multi­tim­bra­lité totale, plusieurs moteurs de synthèse, énorme section effets, arpé­gia­teur, séquen­ceur, inter­façage avec le monde exté­rieur et capa­cité d’ex­ten­sion déjà démon­trée. Certains intègrent le sampling ou a minima l’im­port d’échan­tillons utili­sa­teur. Alors, comment le Fantom se démarque-t-il et pourquoi pencher plutôt pour lui ? D’abord pour l’er­go­no­mie, excep­tion­nelle, la meilleure de ce qu’on a pu rencon­trer jusqu’à présent. L’or­ga­ni­sa­tion est claire, les menus bien dessi­nés, les commandes tombent sous la main. Ensuite, pour la colo­ra­tion des sons de synthèse, possé­dant ce timbre globa­le­ment rond et chaud, signa­ture de la marque, avec une prédis­po­si­tion pour les sons de piano du moteur V-Piano et des sons de synthèse du moteur Zen-Core. Sans oublier le filtre analo­gique stéréo global (hélas statique). Enfin, pour l’in­té­gra­tion parfaite avec le monde exté­rieur, que ce soit en USB audio avec les STAN logi­cielles ou en pilo­tage MIDI de modules sonores : on ne fait pas la diffé­rence entre l’in­terne et l’ex­terne, c’est très réussi. N’ou­blions pas la qualité de construc­tion, irré­pro­chable, ainsi que la poly­pho­nie plus que confor­table, mais les autres Big KRYK ont eux aussi ces atouts. 

La Fantom n’est toute­fois pas exempt de tout reproche, à commen­cer par la pano­plie de sons acous­tiques (hors pianos modé­li­sés), qui souffre la compa­rai­son avec ce que propose aujour­d’hui la concur­rence. C’est là que le moteur Super­Na­tu­ral nous manque le plus. De même, un moteur dédié à la modé­li­sa­tion d’orgues vintage serait le bien­venu. On pense aussi aux superbes moteurs ACB. Autre point, Roland peut encore un peu amélio­rer son séquen­ceur, en revoyant le work­flow entre les diffé­rents modes enre­gis­tre­ment / édition et en ajou­tant des pistes linéaires. Au passage, un voco­deur ne serait pas super­flu, les briques maté­rielles et logi­cielles étant déjà là. Enfin, la section Sampling gagne­rait énor­mé­ment à être mieux inté­grée au reste de la synthèse et à s’ou­vrir au multié­chan­tillon­nage, car pour le moment, elle est trai­tée comme une zone à part. Avec sa nouvelle tech­no­lo­gie Z-Core, Roland nous promet l’ou­ver­ture, notam­ment vers de nouveaux moteurs de synthèse. En atten­dant ces mises à jour avec délec­ta­tion, n’ou­blions toute­fois pas d’ache­ter un synthé pour ce qu’il est et non pas pour ce qu’il pour­rait être. D’au­tant qu’avec ses quali­tés intrin­sèques, même s’il peut encore progres­ser et se muscler, le Fantom est une station de travail magni­fique qui mérite ample­ment l’Award Audio­fan­zine Valeur Sûre 2019.

Fantom 6 à partir de 3 199 €

Fantom 7 à partir de 3 599 €

Fantom 8 à partir de 3 890 €

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Notre avis : 9/10

Award Valeur sûre
Valeur sûre
Award
  • Très bonne qualité sonore globale
  • Textures synthétiques impressionnantes
  • Excellente ergonomie
  • Éditeurs graphiques soignés
  • Mémoire de programmes très confortable
  • Grosse polyphonie
  • Multitimbralité 16 parties
  • Transitions douces entre les scènes (hors V-Piano)
  • Excellents moteurs V-Piano et VA
  • Modélisation de filtres vintage
  • Effets numériques surpuissants
  • Distorsions et filtres analogiques globaux
  • Séquenceur à fort potentiel
  • Fonctions clavier de commande
  • Sampling intégré avec import/export
  • Présence d’une section pads
  • Design et qualité de construction
  • Interface MIDI et audio USB multicanal
  • Ouverture déjà démontrée
  • Certains sons acoustiques datés
  • Tones Zen-Core limités à 4 couches
  • Pas de moteur SuperNatural
  • Pas de modélisation d’orgues
  • Pas d’effet vocodeur
  • Sampling traité à part
  • Pads statiques
  • Workflow du séquenceur perfectible
  • Arpégiateur limité à un canal

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