C’est marrant quand même la vie. Tu écris dans un test (celui du Blackstar Fly 3) que tu aurais aimé une connexion Bluetooth pour pouvoir écouter la musique de ton iPhone sur l’enceinte de l’appareil et bim ! (enfin plutôt BEAM ! dans le cas qui nous occupe, BEAM étant l’acronyme de Bass Electric Acoustic Music), Blackstar exauce tes souhaits en l’ajoutant sur un autre modèle, l’ID:Core.
Et puis pour se démarquer de la concurrence (au hasard, Line 6 et son Amplifi dont j’ai aussi écrit le test), les Anglais en profitent pour lui ajouter tout un tas de nouvelles fonctions : des sons pour basses, pour guitare acoustique et même des simulations de guitares acoustiques. Difficile de faire plus polyvalent ! Serions-nous en face du « salade-tomate-oignons-sauce blanche » de l’amplification ? Il se pourrait bien, à condition bien sûr que le son ne soit pas avarié…
Beam
Il y a quelques changements physiques par rapport à l’ID:Core « classique ». Si la prise d’alimentation se trouve toujours sur sa face arrière, l’interrupteur pour l’allumer et la prise footswitch (le FS11, vendu séparément au prix d’une quarantaine d’euros) l’y on rejoint. Plus de sangle ni d’attaches sur les côtés, il faudra l’attraper par en dessous (il n’y a pas de poignées non plus). Ça ne devrait pas trop poser de problèmes, l’iD:Core BEAM étant plus léger que son frère aîné (3,9 kg contre 5,6 kg auparavant). En effet, notre ampli a subi un régime assez sévère (291 mm x 202 mm x 166 mm contre 375 × 292 × 185 précédemment) et en a profité pour refaire sa garde-robe en choisissant un costume beaucoup plus cintré. Il n’y a plus de protections en plastique sur les coins et la grille avant a été changé pour correspondre à la nouvelle taille des HP (2 × 3 pouces contre 2 × 5 auparavant). En fait, esthétiquement, c’est un mix entre un ampli classique et une enceinte de salon Bluetooth type « Jambox ». Sobre et discret, il se fondra bien dans le décor pas loin d’une chaîne Hi-Fi.
À noter encore sur la face haute un nouveau bouton, celui du jumelage Bluetooth. Autrement tout le reste est à sa place avec, pour rappel, de gauche à droite :
– les I/O (sortie casque/émulation de HP pour les enregistrements, entrée ligne/MP3 et entrée jack)
– le potard Voice de changement de canaux avec, nouveauté, des fonctions alternatives quand on appuie dessus (Clean Warm/Acoustic 1, Clean Bright/Acoustic 2, Crunch/simulation de guitare acoustique 1, Super Crunch/simulation de guitare acoustique 2, OD1/Bass 1, OD2/Bass 2)
– les deux potards de niveau gain et volume associés aux canaux
– le potard d’EQ appelé ISF. Pour ceux qui ne connaissent toujours pas cette spécificité de chez Blackstar, l’Infinite Shape Feature change l’égalisation en passant d’un son US à gauche avec pas mal de mids à un son British à droite, plus sombre.
– les 3 boutons d’activation des effets REV/DLY/MOD (respectivement Reverb, remplacé par une Disto quand on a choisi un des canaux dédiés à la basse, Delay et Modulation)
– Le potard Type pour choisir l’une des 4 variétés de chaque effet (Room, Hall, Spring, et Plate pour la Reverb / Linear, Analogue, Tape et Multi pour le Delay / Phaser, Flanger, Chorus et Tremolo pour la Modulation) et le potard Level pour ajuster leur niveau.
J’en profite pour souligner la remarquable conception de cette section. Tout est intuitif et limpide, on peut par exemple activer les 3 effets en même temps, mais celui qu’on aura choisi de paramétrer verra sa LED briller en vert contrairement aux autres qui seront en rouge. De plus, le potard Type à 4 segments permet d’augmenter un paramètre précis de l’effet (par exemple le feedback du Flanger) en passant d’un extrême à l’autre de chaque segment (on retrouve cette fonction sur d’autres amplis britanniques, je vous l’accorde, mais il y a ici une LED par sous-genre d’effet afin de savoir précisément auquel on a affaire, c’est mieux que de devoir le deviner à l’oreille, surtout quand les segments sont mal délimités.)
Nous retrouvons aussi les boutons TAP (Tap tempo donc), Manual (mode manuel où les sons ne seront plus sous forme de patch, mais seront définis par la position des potards) qui nous permettra aussi de sauvegarder nos réglages sonores en laissant appuyé dessus, et un port USB (le câble est fourni, ce qui devient de plus en plus rare) afin de connecter l’appareil à notre ordinateur.
Nous noterons pour finir que le bloc d’alimentation est externe (gare à ne pas le perdre ou l’abîmer !) et nous regretterons que, pour un ampli aussi théoriquement complet, il manque une deuxième entrée jack pour pouvoir jouer avec un ami (chacun aurait alors son HP, c’est beau de rêver).
Tout ça parait simple d’utilisation, mais est-ce vraiment le cas ?
Bam
Oui et non. Il est difficile de proposer l’ampli le plus complet possible sans donner quelques fils à retordre. Prenons un exemple : pour chaque test je marche d’abord à l’intuition, sans la notice donc (de toute façon, elle n’est pas fournie) et, après l’avoir allumé, j’ai cherché à accorder ma guitare. J’ai bien tenté quelques manip’ (en laissant des boutons appuyés), mais il n’y a aucune indication de l’existence même d’un Tuner. J’ai trouvé ça assez surprenant pour un ampli pensé comme un couteau suisse. Je me suis donc résolu à aller sur le site de Blackstar où j’ai trouvé une notice, en anglais seulement pour l’instant, mais l’importateur nous assure travailler à sa traduction en ce moment même). Il suffisait d’appuyer simultanément sur les boutons Manual et Tap (les LEDs des effets indiquent si l’on est trop haut ou trop bas et les LEDs du potard Voice précisent la corde pincée). Pas très intuitif, ils auraient au moins pu l’indiquer sur la face haute.
J’en ai profité pour trouver d’autres fonctions cachées dites « avancées ». Pour cela on mettra à contribution le bouton TAP. Par exemple, quand on le laisse appuyé et qu’on tourne le potard Voice, l’effet du Super Wide Stereo (une technologie stéréo Blackstar dont nous parlerons plus loin dans ce test) sera plus marqué à l’écoute d’un morceau. Toujours avec le Tap appuyé, on pourra aussi contrôler le volume de la musique provenant de notre appareil Bluetooth directement sur l’ampli (avec le potard Volume utilisé normalement pour la guitare), le niveau d’entrée pour l’enregistrement USB (avec le potard de gain), et les rapports vitesse/temps des effets de modulation et de delay (avec le potard Effects Level).
Autrement j’ai eu un autre petit « souci » avec le bouton Bluetooth. Quand j’ai appuyé dessus pour appairer l’ampli avec mon iPad, ce dernier ne le trouvait pas. Un petit coup d’œil à la notice et j’ai compris qu’il suffisait d’appuyer une deuxième fois dessus, sa LED se met alors à clignoter lentement et il est prêt à être reconnu. Cette manipulation n’aura lieu qu’une fois pour chaque appareil, quand la LED clignote rapidement, les deux s’appairent automatiquement. Ceci dit, je dois avouer que je suis un peu neuneu, l’opération était très clairement indiquée sur un autocollant collé sur la face haute de l’ampli.
Je regrette vraiment qu’il ne soit pas possible de charger des présets de sons ou de les contrôler à partir d’une tablette tactile ou d’un téléphone via Bluetooth comme sur l’Amplifi. C’est quand même extrêmement dommage d’intégrer un protocole de communication et de ne pas en exploiter toutes les possibilités. Pour ma part, je déteste connecter mon matos, quel qu’il soit (pédale, guitare ou ampli) via USB, ça m’oblige à le déplacer près de l’ordi. Et j’ai dû le faire un paquet de fois lors de ce test…
Enfin bon, Il faut bien faire le boulot jusqu’au bout (soupirs)… J’ai donc téléchargé l’application Insider (mac OSX, en version 1.7) pour vérifier si elle buggait toujours autant (cf. test de l’Id:Core). Je lance une première installation, je cherche l’icône dans mes applications, rien. Je me dis que j’ai dû rater quelque chose, je relance l’installation, bizarrement plus légère en taille. Le programme redémarre mon ordi, je trouve enfin son icône, mais quand je le lance, j’obtiens une page blanche. Je désinstalle, réinstalle, redémarre… toujours pareil. Je mets à jour Microsoft Silverlight, je relance et… bingo ! Ça marche ! Alors que ça vienne de Silverlight ou pas, j’estime que l’appli aurait dû anticiper ce problème en gérant sa mise à jour (pareil pour Adobe Flash Player), en me prévenant de l’obsolescence de ma version, ou en les intégrant directement comme d’autres programmes le font. Tout le monde n’est pas informaticien.
Et puis il y a quelques détails qui m’ont encore bien gonflé. Par exemple quand on entre dans l’onglet « Online Community » pour pouvoir télécharger des présets créés par d’autres utilisateurs (certains très musicaux par ailleurs), il est parfois difficile d’en sortir. J’ai mis un peu de temps avant de comprendre qu’il suffisait de recliquer dessus vu que c’est un peu la loterie, parfois il se ferme, parfois non, et qu’il faut souvent cliquer frénétiquement en espérant ne pas le rouvrir dans la foulée. Il faudra aussi bien faire attention à sauvegarder manuellement le fichier de préset (dont l’extension est « . bstar ») dans le dossier Documents/Blackstar/Saved Patches, autrement il ne sera pas reconnu, pas même si on essaie directement de l’ouvrir avec l’application à un autre endroit (oui, j’ai vérifié, il n’y a pas d’options ou de préférences pour changer le répertoire de destination). En revanche, vous n’aurez aucun problème à les retrouver puisque le système de classement est plutôt bien fichu avec la possibilité de trier les patchs par paramètres (volume, effet utilisé etc.) ou par genre de musique correspondant.
Sinon l’interface n’est pas désagréable, on trouve quelques outils comme un accordeur, un métronome ou encore un enregistreur pour s’entraîner. On pourra aussi créer un préset à partir de réglages neutres (tout à midi) en cliquant sur un « + » en haut à droite de la page et bien entendu, le sauvegarder ou le charger dans l’ampli. Je suis d’ailleurs surpris qu’on ne puisse pas choisir les lampes de son ampli de puissance virtuel (option appelée TVP). En effet, si l’on observe les patchs des utilisateurs, les lampes peuvent être différentes (6L6, EL34, KT88 etc.). Or je n’ai trouvé nulle part cette option, sauf lorsque notre combo était débranché (cf. photo). Est-elle réservée à l’ID:Core ? Est-ce prévu dans une prochaine update ? Mystère… Il n’y a en outre pas vraiment de bonus ou de surprises (à part un EQ plus précis avec les classiques Bass/Middle/Treble), c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’effets ou de possibilités de sons qui ne soient pas déjà sur l’ampli. D’un autre côté, c’est aussi une bonne nouvelle puisqu’on peut finalement créer ses présets entièrement et directement sur le combo (contrairement à l’Amplifi, par exemple, pour lequel l’application est indispensable). Du coup, à part pour télécharger les patchs des autres utilisateurs et sauvegarder les nôtres, l’application Insider est-elle bien utile ?
Oui car son onglet Global Settings est selon moi importantissime. Il offre accessoirement la possibilité de faire du reamping, de choisir les sons contrôlés par le footswitch, de couper la « super wide stereo » et les HP, et surtout, surtout, surtout, d’augmenter ou couper le noise gate.
Boum
Pourquoi est-ce que j’insiste sur ce point ? Blackstar a cherché à aller droit au but et à simplifier au maximum la vie des utilisateurs en proposant 6 sons, les plus communément utilisés (à part les six autres nouveaux que nous évoquerons plus loin, bien entendu) : un son clair rond et chaud (son clair de base, polyvalent), un autre plus brillant et qui tire sur le crunch (pensez funk ou Stevie Ray Vaughan), un son crunch (plutôt Marshall Plexi), un son crunch boosté (Plexi boosté, à la Van Halen), un son vraiment saturé (typé métal à la Mesa) et enfin un son solo très saturé histoire d’assurer ses legatos (pour jouer du Satriani par exemple). Tout ce dont un guitariste a besoin sous la main en somme, un choix qui peut paraître évident, mais pas assez partagé par la concurrence qui préfère souvent placer des présets de démo trop marqués. Alors de quoi me plains-je ?
Au risque de spoiler, je trouve que ces sons sont trop flatteurs. Je m’explique. Le son clair, par exemple, est compressé dès le départ (sans possibilité de supprimer l’effet de compression et de laisser « respirer » le signal, il est sera obligatoirement gonflé à bloc et à l’étroit) ce qui n’est plutôt pas désagréable, mais va aussi donner un petit coup de pouce au sustain de notre gratte. Cet ampli, vous l’aurez deviné, s’adresse surtout à un public d’amateurs voire de débutants ou de jeunes. Étant, entre autres, prof de gratte, j’aurais peur que les gamins ne s’habituent à un son « direction assistée ». Quand ils se retrouveront face à un autre ampli sans pédales, ils devront certainement revoir leur manière de jouer. Avoir un ampli d’entrainement trop « facile », c’est quand même risqué. De plus, le Noise Gate de l’ampli est réglé de base sur « Low », or, il est d’après moi déjà beaucoup trop haut. Il ne coupe pas les larsens et c’est bien agréable de n’entendre que nos notes, mais il est trop présent, il tue toute dynamique. Si on baisse un peu le volume de notre guitare, le son disparait complètement, il est presque impossible de jouer léger. Alors un ado trouvera ses solos bien propres et sera ravi du silence entre ses rythmiques metal saccadées mais il ne saura pas jouer nuancé et sera sûrement perdu une fois branché dans un ampli à lampes avec le gain à blinde. C’est vendeur à l’écoute en magasin, mais ce n’est pas un service que Blackstar leur rend. Heureusement, via l’Insider, nous pourrons le désactiver et enfin jouer avec des attaques variées (c’est d’ailleurs dommage de ne pas en faire un réglage d’usine, la dynamique n’étant pas mauvaise du tout). Et quand on baissera le potard de volume sur notre six-cordes, le son s’éclaircira de belle manière. Mais ce choix de garder le noise gate ou pas est tellement essentiel qu’il aurait dû se faire sous forme de bouton ou de combinaison de boutons sur le panneau de commandes (comme pour le Tuner finalement). Espérons que les britanniques entendent mon appel (du 6 juin) !
Voici la chaîne audio pour l’enregistrement : Musicman Luke (micro manche, sauf indication contraire sur le fichier audio. Configuration S/S/H) > BlackStar ID:Core BEAM > Shure SM57 > Carte son RME Fireface 802. Avec deux petites enceintes de 3 pouces, difficile de placer le micro, il était légèrement décalé par rapport au milieu. Inutile de préciser qu’il est impossible de rendre l’effet de la Super Wide Stéréo alors n’hésitez pas à aller l’écouter en magasin.
J’ai différencié les sons en mode manuel des présets d’usine (indiqués dans le nom du fichier lorsque c’est le cas). En mode manuel, les réglages étaient neutres (ISF à midi, gain aussi, volume presque à fond, room reverb ou delay avec le level à midi). Pour les présets, vous trouverez les réglages dans la capture d’écran.
Commençons par le Clean Warm, une rythmique d’abord arpégée puis en strumming, un solo avec du delay ensuite pour montrer à quel point la compression facilite (trop) le jeu, puis le préset d’usine avec un effet de chorus.
- 1 clean warm 00:37
- 2 clean warm solo fx 00:39
- 3 clean warm preset 00:25
Plutôt sympa n’est-ce pas ? qu’en est-il du Clean Bright ? D’abord une rythmique funky où la compression est flagrante et le crunch pointe le bout de son nez, puis un accompagnement où l’on remarquera un petit grésillement, dû aux enceintes…
- 4 clean bright 00:19
- 5 clean bright preset 00:17
Pas désagréable non plus, à part ce grésillement qui commence à nous inquiéter un peu. Passons au Crunch, une rythmique (exemple 6) et sa suite, mais en position chevalet cette fois-ci (exemple 7). Le préset d’usine (exemple 8), avec un peu plus de gain et de mids, est limite brouillon, mais pas pire que ce qui se fait habituellement en modélisation.
- 6 crunch 00:24
- 7 crunch chevalet 00:20
- 8 crunch preset 00:20
Pour le Super Crunch, voici un riff avec un gain à midi puis le préset d’usine un peu plus saturé qui nous laissera entendre le phaser et le delay à bandes.
- 9 super crunch 00:17
- 10 super crunch preset 00:20
Entrons dans le domaine de la saturation avec deux riffs métal sur son canal dédié, l’OD1. Les chevelus seront sans aucun doute satisfaits de ce que l’ID:Core BEAM a à leur offrir.
- 11 od1 chevalet 00:14
- 12 od1 preset chevalet 00:22
Finissons pour les sons classiques tirés de l’ID:Core avec l’OD2. Nous aurons une réserve de gain conséquente et les harmoniques artificielles partiront assez vite. En revanche, à l’exemple 15 nous entendrons l’effet du noise gate (paramétré sur « low ») dont je me plaignais tout à l’heure. Je frotte les cordes, parfois ça s’entend, parfois le signal est subitement coupé. Pareil quand j’essaie de baisser le volume, il ne peut pas atteindre le dernier quart de mon potard sans couper complètement le son. Ensuite, quand j’improvise et que j’essaie de jouer léger, il lui arrive encore de couper certaines notes. Alors pour l’exemple 16, je désactive le noise gate via l’Insider (grrrrrrrrr !!!) et je baisse le volume, puis je le monte progressivement tout au long de l’extrait. C’est nettement mieux.
- 13 od2 chevalet 00:19
- 14 od2 preset chevalet 00:20
- 15 od2 noisegate chevalet 00:26
- 16 od2 dynamique chevalet 00:31
Globalement, les présets ne sont pas mauvais, c’est de la modélisation classique, caricaturale, mais efficace. Personnellement, je préfère largement les sons du Fly 3 (qui marche, je le rappelle, à piles !) ou du petit HT-1R où la patte Blackstar est plus reconnaissable. Leurs sons sont surtout beaucoup plus naturels.
Les 2×10 Watts sont assez puissants, pas pour couvrir un batteur, mais suffisants pour bien s’entendre ou animer une soirée à la maison. Cependant, je déconseille vraiment de le pratiquer à fort volume, les HP tiennent bien les basses, mais réagissent étrangement à certaines fréquences médiums, le grésillement en était un exemple modéré.
Le gros + de l’ampli c’est la projection du son : les deux petites enceintes fonctionnent en bonne intelligence et la Super Wide Stereo est bluffante, surtout avec les effets. Je ne connaissais pas cette technologie et la première fois que j’ai joué sur l’ID:Core BEAM, j’ai vraiment eu l’impression que le son sortait aussi des côtés et de l’arrière de l’ampli.
Bizarrement, soit j’ai fini par m’y habituer, soit elle n’est plus aussi intense quand on écoute un morceau car j’ai aussi utilisé l’ID:Core BEAM comme enceinte de salon. D’après le distributeur « Un soin plus particulier a été prodigué au baffle afin d’obtenir une réponse optimisée dans le bas du spectre, ce qui le destine à reproduire tout type de matériau musical (MP3, basse, guitare acoustique, etc.) de manière avantageusement qualitative. À ce titre, les HP sont des customs, le baffle bénéficie d’un bass reflex et d’une structure 'splittée’ en deux pour plus de punch, une meilleure réponse aux transitoire et une bande passante étendue. Le bénéfice est sans commune mesure et améliore grandement l’image stéréo et la spatialisation. » Heu… je ne comprends pas tout, mais vu le résultat, je veux bien le croire. Sauf que les haut-parleurs montrent encore une fois leurs limites avec la musique de notre iPad quand on les pousse dans leurs derniers retranchements. Je leur ai fait passer un stress test en écoutant Sad But True de Metallica tout à fond. Ça manquait vraiment de définition. Je me suis alors dit qu’il était dommage qu’on ne puisse pas baisser un chouïa le volume, dans la zone de confort de l’ID:Core BEAM, et lui brancher un deuxième baffle, avec ou sans fil (ce n’est apparemment pas prévu). Avec la Super Wide Stereo, 4 mini HP, ça aurait été de la folie !
Passons maintenant aux vraies nouveautés. Voici les sons pour guitare acoustique (joués sur une Takamine EF261 Santa Fe), avec des extraits bien connus, nous remarquerons que l’Acoustic 2 est plus brillant que l’Acoustic 1 (il conviendra mieux aux amateurs de picking moderne) et nous noterons que les présets sont quand même bien plus agréables à l’oreille que les sons en mode manuel (exemples audio 17 à 20).
- 17 acoustique1 00:19
- 18 acoustique2 00:19
- 19 acoustique1 preset 00:15
- 20 acoustique2 preset 00:21
Aucun problème à ce niveau-là, c’est propre et surtout bien pratique. En revanche, on ne peut pas en dire de même pour les simulations acoustiques. Je rebranche ma Musicman, c’est plein d’aigus et très brillant, bien entendu, ça fait un peu semblant, mais d’une part le volume n’est plus le même et d’autre part il sera impossible de jouer en strumming ou avec de grosses attaques. En effet, les HP grésillent (exemples 23 et 24) et on entend un souffle, comme un bug (exemple 25). (exemples audio 21 à 25)
- 21 ac sim1 00:21
- 22 ac sim2 00:21
- 23 ac sim1 preset 00:17
- 24 ac sim2 preset 00:18
- 25 ac sim bug 00:12
Les sons de basse nous dépanneront pas mal (pour enregistrer, j’ai utilisé une ignoble Harley Benton avec des cordes rincées). Le Bass 1 plaira à ceux qui jouent aux doigts (ce qui n’est pas mon cas, désolé, je ne suis pas bassiste) et le Bass 2, plus clair et avec plus d’attaque, aura la préférence des rockers et de leurs médiators. Je vérifie ensuite la disto couplée à une sorte de phaser exagéré (disons plutôt mal réglé). Pour les sons des présets, j’ai voulu un micro chevalet plus présent. Il ne faudra pas hésiter à bien jouer les notes, le noise gate se mettant en travers de notre route, bien plus que pour la guitare ! Il devient vraiment gênant. (exemples audio 26 à 30).
- 26 bass1 00:20
- 27 bass2 00:21
- 28 bass disto fx 00:21
- 29 bass1 preset 00:20
- 30 bass2 preset 00:26
J’ai essayé de me servir de l’émulation en branchant un jack 3,5 mm, mais je n’avais pas assez de gain et trop de souffle pour enregistrer un extrait. Le même problème que celui rencontré par FloSon lorsqu’il a testé l’ID:Core. Pour les enregistrements USB, je vous invite à réécouter ses extraits, le rendu sonore étant strictement le même.
Enfin, pour la section des effets, comme les delays m’ont bien plu, je vous donne un aperçu des 4 delays différents avec le level à fond. Chaque coupure correspond à un nouveau type d’écho.
Ça sonne plutôt bien, mais n’avez vous rien remarqué d’étrange ? Des petits sons bizarres ? Les premiers viennent des HP, encore une fois, ils encaissent mal certaines fréquences générées par les propres effets de l’appareil. Et c’est bien dommage, la qualité des effets est plutôt bonne, celle de la reverb en particulier (alors que les modulations sont un peu plus quelconques). Mais vous aurez aussi entendu un petit ronflement. Il semblerait en effet que le combo soit très sensible à son environnement (sans doute à cause de l’ordi juste à côté). Pour bien vous le faire entendre, j’ai mis le gain et le volume presque à fond puis j’ai « normalisé » le souffle enregistré. Il n’est pas aussi fort que ça en situation, mais il est loin d’être discret quand même.
Je dois enfin signaler que pendant l’essai, avec le jack branché (guitare ou pas, ordi éteint ou pas) et un volume élevé, j’ai pu entendre des bruits parasites réguliers (le noise gate n’y change rien). Ce n’est pas la première fois que je constate ce phénomène, notamment sur les combos cheap, aussi fabriqués en Chine, d’une marque concurrente dont les créateurs de Blackstar sont d’anciens employés… (houlala, mais qui c’est donc alors ?). Et ces amplis ont en commun d’être bardés de LEDs. Serait-ce le début d’une explication ? En tout cas ça fait un peu torture chinoise avec un bruit à la place de la goutte d’eau. C’est très agaçant. Assez pour assombrir notre verdict ?
Badaboum !
Nous avons vu et surtout entendu au cours du test de l’ampli Blackstar ID:Core BEAM du très bon, mais aussi du moins bon et du pas bon du tout. Remettons donc les choses en perspective : l’addition de nouveaux sons (acoustiques et basses), des nouveaux HP adaptés et du Bluetooth sont de vraies valeurs ajoutées. La Super Wide Stereo offre des résultats impressionnants et pour un combo guitare/enceinte Bluetooth aux environs de 300 €, il sera difficile de trouver plus complet et polyvalent, le design étant en outre excellent. Oui, mais voilà, à force de proposer toujours plus, de ratisser large et de ne vouloir rien oublier en serrant les coûts, on finit par perdre de vue la raison même d’exister d’un ampli, c’est-à-dire la restitution du son de nos guitares (en gagnant des bruits parasites au passage). Les sonorités deviennent de plus en plus artificielles et exagérément arrangeantes (la compression et surtout le noise gate désactivable uniquement via la très moyenne application Insider), ce qui pourra donner de mauvaises habitudes aux jeunes guitaristes qui sont, à n’en pas douter, la cible principale. Normalement, c’est à l’ampli de s’adapter au jeu du guitariste et non pas l’inverse. Les amoureux du son naturel passeront donc leur chemin, quant à ceux que ça n’indispose pas, ils devraient largement y trouver leur compte, à condition de ne jamais trop pousser le volume.