Vous avez un ordinateur ou vous comptez en acheter un. Vous êtes musicien(ne) et vous aimeriez bien en profiter pour enregistrer vos compos. Oui, mais vous n'y connaissez absolument rien. Voici quelques pistes qui devraient vous aider à monter votre propre home-studio.
Avertissement : Dans un but de simplification, des raccourcis ont été pris qui peuvent sembler à certains des inexactitudes (Par exemple « Les micros statiques nécessitent la fameuse alimentation fantôme 48V »). Rappelons qu’il s’agit d’un document destiné aux débutants en MAO est qu’il nous a semblé inutile d’évoquer, par exemple, les micros statiques dotés de leur propre alimentation.
Chaîne audio : principe, équipement.
Le but du studio, c’est d’enregistrer et de pouvoir mixer ce qu’on a enregistré. Pour cela, il faut une chaîne audio complète. Qu’il y manque un élément et vous ne pourrez (presque) rien faire.
L’exemple ci dessous part du principe que vous allez enregistrer des sons émis dans l’air. Si vous ne travaillez qu’avec des synthés, succeptibles d’être enregistrés via des câbles, vous pourrez vous affranchir de la partie prise de son (micro & préamp).
Voyons un peu le trajet de vos sons :
Enregistrement
Micro
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(Préampli ou console)
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Carte son
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Ordinateur
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Lecture
Ordinateur + logiciels
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Carte son
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(Console)
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Ecoutes
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Vous remarquerez que la console est entre parenthèses car il n’est pas obligatoire de passer pas une console pour l’écoute, les enceintes pouvant être généralement branchées directement sur la carte son. Cependant, nous verrons plus tard qu’intégrer une console dans le trajet de sortie du son présente des avantages.
Le(s) micro(s)
Pour commencer, il faut un ou des micros. Nous n’entrerons pas ici dans le détail. Voyez les dossiers sur les microphones dans la rubrique « Studio & Home-studio » pour en savoir plus sur ce sujet.
Pour faire simple, on va distinguer deux types de micros :
Les microphones dynamiques :
Solides, relativement peu coûteux à fabriquer et capable d’encaisser de gros niveaux sonores, ils représentent l’équipement de base.
C’est généralement ce type de micros que l’on utilise pour la scène car ils sont à la fois moins fragiles et moins sensibles que les micros statiques, ce qui se révèle idéal pour éviter de sonoriser des bruits indésirables (bruits de manipulation) et minimiser les problèmes de larsen.
Parmi les exemples les plus connus, on citera le Shure SM58 qui se destine essentiellement au chant et qui reste, près de 40 ans après son lancement, l’un des micros les plus utilisés par les chanteurs en Live.
Attention ! Rien n’interdit toutefois d’utiliser les dynamiques en studio, notamment pour des prises d’instruments générant une forte pression acoustique ou pour certaines voix bien 'pêchues’ (Hip Hop, Roc, Metal).
Le SM57 (le frangin du SM58, lui aussi dynamique mais plus généraliste) est même présent dans quasiment tous les studios du monde, car il est considéré comme l’une des références pour enregistrer des cuivres, la caisse claire d’une batterie ou un ampli guitare.
Les microphones statiques :
Plus coûteux à fabriquer que les micros dynamiques, ils sont plus fragiles. Mais ils sont aussi généralement (beaucoup) plus précis et ont une très grande sensibilité au son.
Les micros statiques nécessitent pour fonctionner la fameuse alimentation fantôme 48V (disponible sur tous les préamplis externes et sur presque toutes les consoles de mixage).Cette alimentation est transmise au micro via le câble au format XLR qui le relie à la console ou au préampli.
Les micros statiques sont la plupart du temps largement préférables pour enregistrer les voix, les instruments à cordes, les vents et un certain nombre de percus. On les utilise aussi beaucoup comme micros d’ambiance.
Le préampli
Un microphone, qu’il soit statique ou dynamique, n’a qu’un très faible niveau de sortie (ou un faible « volume » même si le terme est impropre). Afin de pouvoir remonter ce niveau (dit niveau « microphone ») à un niveau utilisable en enregistrement (dit niveau « ligne »), il faut brancher le microphone dans un préampli. Le choix du préampli n’est pas anodin puisqu’il va avoir une grande influence sur le son enregistré (bonne ou mauvaise selon le préampli).
Les consoles de mixage comportent des préamplis sur les tranches micro (généralement, celles pourvues d’une prise XLR et d’une alimentation 48V pour microphone statique). Selon la qualité du son que vous souhaitez, la qualité de fabrication et les fonctions de votre console, vous pourrez utiliser cette dernière comme préampli ou prendre un préampli dédié spécifique. Nous aurons l’occasion de revenir en détail là-dessus.
La carte son
La carte son est le périphérique en charge du son de votre informatique, comme le scanner et l’imprimante sont les périphériques image. La comparaison est d’autant plus pertinente que son rôle est de « scanner » le son qui arrive pour le traduire en langage compréhensible par l’ordinateur.
De même, elle « traduit » ce que dit l’ordinateur en signaux compatibles avec l’audio. Toutefois, à la différence du scanner et de l’imprimante, la carte son prend en charge l’entrée comme la sortie du signal. Elle opère en effet une conversion Analogique > Numérique (AN) en entrée et de conversion Numérique > Analogique (NA) en sortie.
Si la qualité des convertisseurs, aussi bien AN que NA, est un élément important lors du choix d’une carte son, il n’est pas le seul.
La carte son est le système central de traitement du son de votre PC, le point d’entrée et de sortie des flux audio. Afin de traiter ces flux audio de manière efficace, une bonne carte son pour musicien doit être à même d’endiguer ce fléau que connaît tout MAOiste : la latence. La latence est le temps de traitement d’un flux audio entre le moment ou il rentre dans la carte son et le moment où il ressort sur vos enceintes.
Pour plus d’informations, voir le guide sur les cartes son dans la rubrique Informatique Musicale.
Notez aussi que votre carte son peut ou non faire office d’interface MIDI. C’est à dire qu’elle permet à l’ordinateur de dialoguer avec les instruments et appareils MIDI (Voir les dossiers sur le MIDI dans la rubrique Informatique Musicale).
Le MIDI est quelque chose de relativement simple et léger à traiter par rapport au son analogique. La plupart des cartes sons gérant le MIDI remplissent donc tout à fait correctement leur fonction dans ce domaine.
Un élément qui peut jouer est le nombre de connexions. Sachez que le fait que votre carte ne comporte qu’une seule prise IN et une seule OUT ne signifie pas qu’un seul instrument MIDI pourra être branché dessus, les instruments MIDI pouvant généralement (et dans une certaine limite de nombre) être branchés en chaîne.
L’ordinateur
C’est le cœur de votre système. Le son numérique, comme l’image, sont des gros consommateurs de ressources. Il faut donc que l’ordinateur soit le plus puissant possible, doté d’un maximum de mémoire vive et de disques durs conséquents.
Attention cependant : avec la chute constante des prix de l’informatique, l’ordinateur est probablement la chose que vous remplacerez le plus facilement dans votre studio. Il n’est donc pas forcément nécessaire de « mettre le paquet » sur celui-ci. Nous y reviendrons plus tard.
Par contre, il y a des choses auxquelles il faut faire attention. Ne vous laissez pas bercer, par exemple, par le chant des sirènes qui laissent à penser qu’à la faveur du « plug and play », il suffit de brancher pour que tout fonctionne. Si vous entrez dans l’informatique musicale, soyez en effet conscient qu’il faudra tâter de l’informatique. A moins que vous n’ayez les moyens de vous payer les services d’une société de service compétente qui vous installera et paramètrera tout. Ce qui veut dire une boîte spécialisée dans l’audionumérique car le revendeur du coin sera souvent largué face aux spécificités de ce domaine.
Sérieusement, pour s’attaquer à la MAO, mieux vaut avoir quelques solides notions d’informatique. Au moins savoir comment marche un ordinateur, ses différents organes, son système, ce qu’est un driver, etc. Sachez aussi que tous les ordinateurs ne sont pas adaptés à la MAO.
Ici, des chipsets de carte mère (des composants en quelque sorte) qui font même très mauvais ménage avec une grande partie des cartes sons et des logiciels d’audio. Là, des logiciels ou des cartes son ne fonctionnent qu’avec tel ou tel système d’exploitation. Renseignez-vous donc bien avant de craquer sur un ordinateur ou une carte son. Vérifiez la cohérence et la compatibilité de votre configuration. Généralement les fabricants de cartes son donnent des listes (non exhaustives) de compatibilité.
Les logiciels
Les logiciels ne sont surtout pas un point à négliger dans votre configuration. C’est en fonction du choix de ceux-ci que vous allez pouvoir faire telle ou telle chose, plus ou moins rapidement, plus ou moins agréablement, avec un résultat plus ou moins bon.
On va ici distinguer cinq grandes familles de logiciels :
1. Les direct-to-disk :
Comme leur nom l’indique, ils servent à enregistrer le son sur votre disque dur. Ils sont essentiellement dédiés à l’audio et beaucoup ne gèrent pas ou mal le MIDI.
De fait, ils sont les plus proches des concepts de studios analogiques, basés sur des magnétophones multipistes.
Quelques Direct-to-Disk : Samplitude, ProTools.
2. Les éditeurs audio :
Ce sont des logiciels dédiés quasi exclusivement au travail de précision sur les fichiers : découpage, montage, nettoyage, ajout d’effets, etc.
Si, pour la plupart, ne conviennent pas à la création ou à l’enregistrement d’un morceau complet, on les utilisera dans diverses occasions : restauration audio de vieux disques ou de vieilles cassettes, finalisation d’un titre (Mastering) ou encore création de samples.
Quelques éditeurs audio : Wave Lab, Cool Edit, SoundForge.
3. Les séquenceurs :
A la base, ce sont des logiciels dédiés à la création, à la gestion et à l’enregistrement de séquences MIDI. Or, tout comme les Direct-to-Disk se mettent au MIDI, la quasi-totalité des séquenceurs gèrent aujourd’hui de l’Audio.
Quelques séquenceurs phares du marché : Steinberg Cubase SX, Emagic Logic Audio, Sonar, Digital Performer pour les plus connus et les plus onéreux.
Quelques séquenceurs bon marché ou gratuits : Magix Music Studio, Cubase SE/SL, Raw Material Takction, Quartz Audio Free, etc.
Notez que les familles des DtD et des séquenceurs ont tendance de plus en plus à se recouper. On a vu que les séquenceurs gèrent pour la plupart l’audio comme les direct to disk. Les direct to disk intègrent de plus en plus la gestion du MIDI.Tous deux ont des fonctions d’édition audio. Quant aux éditeurs audio, s’il n’intègrent généralement pas le MIDI, certains permettent le mixage d’un certain nombre de pistes. |
4. Les plug-ins :
Stand alone? En quelque sorte, l’inverse de plug-in est stand-alone ou standalone qui signifie littéralement « qui fonctionne seul ». Ainsi, un certain nombre d’instruments virtuels existent en deux version : plug-in pour être utilisée directement à l’intérieur d’un séquenceur ou standalone permettant une utilisation hors de tout autre logiciel. Si le standalone est peu utile pour le travail de studio, il devient beaucoup plus intéressant si vous voulez utiliser votre ordinateur pour du jeu live. Ce phénomène de l’ordinateur en live s’étendant, il existe de plus en plus de logiciels « hôtes » dont la spécialité est d’offrir un environnement permettant de faire tourner les plug-in (non stand alone, donc) pour du jeu live sans nécessiter la présence de son séquenceur. Ces hôtes apportent aussi souvent des fonctions supplémentaires, permettant d’aller parfois jusqu’à la création de véritables studios virtuels. |
Le terme « plug in » signifie littéralement « qui se branche sur ». Les plug-ins sont donc de petites applications qui se greffent sur de plus gros logiciels (qu’on appelle dans ce cas des logiciels 'hôtes’ pour ainsi parler de « séquenceurs hôtes ») pour leur apporter des fonctions supplémentaires.
On trouve deux grandes familles : les effets et les instruments virtuels.
- Les effets : Les plug-in d’effet ne sont ni plus ni moins que les équivalents virtuels des effets de studio : reverb, delay, compresseurs…
- Les instruments virtuels : Comme leur nom l’indique, ce sont des instruments de musique sous forme logicielle. Il peuvent soit reproduire (plus ou moins bien) des instruments existants (beaucoup d’instruments de légende sont ainsi reproduits, notamment des synthétiseurs) soit proposer des concepts complètement nouveaux.
Il permettent ainsi de transformer votre ordinateur en synthétiseur, sampleur, boîte à rythme, etc.
Les écoutes
Tout cela est bien joli mais encore faut-il entendre ce que l’on fait. Pour cela, deux choses bien connues : les enceintes et les casques audio.
Les deux sont des éléments nécessaires du studio. Lors d’une prise de son avec un micro, vous aurez besoin du casque qui vous permettra d’avoir un retour son sans « polluer » l’enregistrement (Alors qu’avec des enceintes, le micro enregistrerait aussi ce qui sort des haut parleurs, au risque de produire un effet de Larsen).
Mais vous aurez aussi besoin d’enceintes pour réaliser votre mixage : outre le fait qu’un travail prolongé au casque est fatigant, un mixage ne saurait se faire avec cette seule écoute. Pourquoi? Disons pour faire simple qu’un casque, si bon et si cher soit-il, n’offre qu’un rendu très artificiel de certains aspects du son, comme l’image stéréophonique. Du coup, mixer au casque, c’est risquer bien des déconvenues losrque vous écouterez le résultat de votre travail sur des enceintes.
Bref, casques et enceintes sont aussi indispensables au Home-Studistes qu’ils sont complémentaire. Reste qu’il y a « casque et casque », enceintes et enceintes.
Première chose à faire : oubliez le monde de la HI-FI. En effet, le but recherché en HI-FI n’est pas le son le plus neutre possible, mais le plus beau son possible.
Les enceintes et casques de monitoring, eux, sont conçus pour avoir le rendu le plus « droit » possible, le plus neutre possible.
Le mixage, quoi que c’est ? Comptant parmi les étapes majeures dans la production d’un titre, le mixage est l’opération qui consiste à assembler les pistes des différents instruments, en jouant sur le placement des sons dans l’espace, leur égalisation et leurs volumes. Le but de mixage est d’obtenir une piste stéréo homogène où tous les instruments sont audibles, et qui sera en mesure de rester équilibrée quelque soit le système d’écoute : chaîne hi-fi, baladeur, autoradio, etc. |
Théoriquement, pour mixer de façon correcte, une enceinte de monitoring ne doit favoriser aucune fréquence par rapport à une autre. Cependant, ça, c’est de la théorie. Parce que, que ce soit pour un casque ou pour des enceintes, la recherche du « droit » est un Graal inaccessible ! Vous vous en apercevrez rapidement en faisant des écoutes comparatives : même dans le domaine du monitoring, il y a d’énormes différences de rendu selon les enceintes ou les casques.
Seulement, la différence avec la HI-FI est en théorie le but recherché. Ainsi, sur une enceinte HI-FI dont la technologie de conception/fabrication rendrait les basses un peu faibles, le fabriquant va s’attacher à les renforcer. Mais ceci va se faire au détriment de la qualité de rendu desdites basses et au détriment d’autres bandes de fréquences. En théorie, sur des enceintes de monitoring, si les basses sont un peu faibles, on met tout au même niveau pour rester dans une rendu « droit ».
Ensuite, il y a la pratique : mieux vaut mixer sur d’excellentes enceintes HI-FI que sur des enceintes de monitoring de mauvaise qualité !
Il y a quand même un autre point à prendre en compte. Les systèmes HI-FI sont conçus pour diffuser des enregistrements qui ont été masterisés. C’est à dire notamment qu’une égalisation générale a été appliquée et que le son approche sans le dépasser un niveau optimum. Lorsque vous allez travailler sur vos mix, ce ne sera pas le cas du son que vous allez sortir dans vos enceintes. Vous passerez par des basses excessives, des sur-niveaux, des saturations que les systèmes HI-FI n’ont pas été conçus pour encaisser. Prudence donc.
De même qu’on peut à la rigueur couper un fil électrique avec des tenailles pour dépanner, si on est électricien, on investit dans une pince coupante isolante. De même si on peut commencer à s’exercer au mix sur des enceintes HI-FI, si on est musicien, il faut penser à vite investir dans les enceintes adéquates.
Pour le casque, on peut très bien utiliser un casque HI-FI de qualité correcte pour servir de moniteur au musicien qui enregistre une prise.
Pour la prise de son et le mixage, par contre un bon casque de studio sera quasiment incontournable. Il va servir notamment :
- A écouter de façon isolée le son que l’on s’apprête à enregistrer (vous n’avez probablement pas de cabine pour isoler le chanteur ou la guitariste que vous enregistrez)
- A vérifier chaque piste avec plus de précision, « voir » s’il n’y a pas une petit c…rie qui traîne sur la piste, c…rie qui serait moins audible par les enceintes à cause de l’acoustique ambiante.
- A écouter différemment votre mix, en complément des enceintes. Parfois à vérifier les basses si vos enceintes sont un peu légères en rendu dans ce domaine.
- Eventuellement, à bosser « avec du son » aux heures où ça gênerait les voisins ou empêcherait le petit dernier de dormir.
Le stockage
Reste un dernier maillon à évoquer : le stockage. Disque dur externe, graveur de CD/DVD ou les deux, à vous de voir.
Les ordinateurs sont aujourd’hui tous livrés avec un graveur CD, voir un graveur DVD pour certains. Vous vous apercevrez qu’à l’usage, un second disque dur (externe, c’est mieux) est bien pratique pour les sauvegardes du travail en cours. Et vu qu’aujourd’hui, le prix au Gigaoctet est équivalent entre CD et DD, vous auriez tort de vous privez.
Pour éviter tout problème, achetez des medias vierges de qualité et prenez-en un maximum de soin : De récentes expériences ont montré qu’après quelques années seulement, la plupart des CD gravés posaient des problèmes à la lecture…
La suite de ce dossier très prochainement sur AudioFanzine…