Sorti il y a déjà plusieurs années par le développeur de plug-ins Softube, le système de traitement/mixage Console 1 a bénéficié, il y a plus d’un an, d’une petite évolution baptisée mkII, avec un prix revu à la baisse. Plus récemment, une mise à jour améliorant certaines fonctions de la première version a été présentée, ainsi que de nouvelles émulations logicielles de consoles analogiques. Autant de raisons pour nous (re)pencher sur le cas de cette unité hybride matérielle/logicielle, qui a suscité pas mal de réactions lors de sa sortie, et pour laquelle nous voulions faire nous aussi une petite mise à jour.
Disclaimer
Si le développeur suédois est en effet plus connu pour ses plug-ins à la qualité sonore incontestable, l’arrivée de Console 1 a eu un double effet. Retentissant d’abord, puisque la sortie de cet équipement était plein de belles promesses pour l’optimisation de notre workflow. Rapidement, elle laissa place à une petite « douche froide », avec toute une série de fonctionnalités importantes manquant à l’appel, ou simplement décevantes, pour le tarif – plutôt élevé – pratiqué à l’époque. Mais surtout, pas mal d’incompréhensions et de confusions quant à la conception du produit, comme en atteste cet article rédigé par Nantho en juin 2014 et qui dresse un bilan malgré tout objectif quant aux possibilités de la machine. Machine qui, rappelons-le, n’est pas exempte de qualités.
Faire le point sur cette mise à jour du produit constitue un exercice un peu périlleux car, contrairement aux articles habituels, je ne pars pas d’une base totalement « vierge » concernant le produit qui, soit dit en passant, et pour de vraies raisons, a fait pas mal d’aficionados. Je vais donc essayer de me concentrer sur les points de nouveauté, les améliorations pour dresser un bilan de « rattrapage ». Vous êtes prévenu(e)s!
Du logiciel au matériel… et vice-versa
Le « système de mixage » Console 1 est, dès le départ, sujet aux interrogations les plus diverses. Déjà, dans la dénomination et la façon dont le produit a été présenté, la confusion fut grande dans la tête des utilisateurs. Vendu initialement – comme son nom l’indique – en tant que « console », les premiers retours furent sans appel. Rappelons-le une bonne fois pour toutes : non, Console 1 n’est pas une console à proprement parler, ni pour la version précédente mkI, ni pour cette seconde mouture. Aucune entrée/sortie physique ou même virtuelle, pas de préampli, pas de circuits auxiliaires ni de matrice, bref… Je m’arrête ici car rien de ce qui constitue une console dans son étymologie n’existe dans Console 1.
En revanche, il s’agit ici d’une solution à la fois matérielle et logicielle – en somme une surface de contrôle pilotant un plug-in dédié (ou l’inverse, c’est comme vous voulez) – permettant de traiter vos pistes de la même manière que le ferait une tranche de console analogique. L’intérêt réside donc la prise en main intelligente et la relation intuitive entre le matériel et le logiciel pour réaliser nos traitements de manière plus souple et rapide, améliorant ainsi notre workflow. Disponible aux formats VST, VST3, AU, et AAX, pour Mac et PC, le plug-in Console 1 peut être utilisé au sein de n’importe quelle STAN d’aujourd’hui.
Console 1 est toujours livrée avec son câble USB (visiblement moins court qu’auparavant, un bon point), et une simple feuille A4 servant de notice générale pour télécharger le logiciel, l’authentifier… mais toujours pas de manuel à proprement parler. Non, pour cela, il faut se rendre sur le site de Softube et télécharger le fichier PDF correspondant. J’ai beau être pour le « zéro papier », parfois un peu de littérature me manque un peu ! Heureusement, le manuel en version électronique est très complet et fort bien détaillé ; il constitue un excellent guide pour bien maîtriser Console 1.
Concernant la connectique, un simple port USB 2.0 est nécessaire pour relier le contrôleur et également l’alimenter. C’était un bon point sur la première version et le reste également sur cette nouvelle mouture.
Concernant l’enregistrement/authentification, si apparemment nous n’avions pas besoin d’iLok pour la version mkI, c’est désormais par Gobbler qu’il faut passer. Et pour ma part, il a fallu que je télécharge le fichier d’installation manuellement, que je transfère la licence dans mon compte iLok car rien n’apparaissait dans mon compte Gobbler… Pas vraiment simple. Je ne voudrais pas parler au nom de tous les utilisateurs de Gobbler mais j’ai l’impression qu’avec tout cela je suis devenu plus informaticien qu’ingénieur du son ! Bref, après quelques déboires, tout a été activé correctement. Je remercie au passage le support de chez Freevox qui a pu m’accompagner dans ces étapes quelque peu délicates.
Pour l’installation, la confusion est grande : on pourrait penser qu’il n’y a qu’un seul plug-in à installer (regroupant plusieurs émulations disponibles suivant activation, par exemple…). Eh bien non : il faut installer autant de plug-ins que d’émulations achetées. Et si en plus je vous dis que certains plug-ins ne sont disponibles qu’au format Console 1 et que d’autres peuvent être installés et utilisés en dehors de Console 1… Il faut être bien organisé !
Passés ces quelques émois, je découvre Console 1 et fait le tour du contrôleur. Le matériel est rapidement reconnu, l’application apparaissant en « sous-tâche » dans notre Finder, comme c’est le cas avec l’application Gobbler.
Je ne vais pas rentrer dans le détail des différentes possibilités d’utilisation de Console 1 mais plutôt faire le point sur ce qui m’a plu et ce qui manque. Pour connaître le principe de fonctionnement de Console 1, je vous invite une nouvelle fois à vous reporter à l’article de Nantho portant sur la version mkI.
Display 1
Tout d’abord, l’affichage du plug-in Console 1. Simplement rappelée par la touche « Display – On », la fenêtre Console 1 apparaît en supplément de votre DAW. Proposant 5 modes d’affichage (voir les screenshots 1 à 5), la relation visuelle entretenue avec Console 1 est vraiment personnalisable. On peut également définir un mode d’affichage automatique qui fait apparaître la fenêtre dès qu’un potentiomètre est modifié ou une fonction activée. La durée d’affichage de la fenêtre se définit dans les paramètres généraux de Console 1 et c’est fort appréciable.
On retrouve donc les différentes sections de traitement de Console 1, très simplement. En deux coups d’oeil, tout est clair et fait pour qu’effectivement, notre workflow soit facilité. 20 petits boutons permettent de rappeler en un clic la fenêtre de traitement correspondant à chacune des 20 premières pistes ; rassurez-vous, en un clic on peut également afficher la fenêtre de traitement des pistes suivantes. Condition : avoir au préalable activé Console 1 sur chacune des tranches de notre STAN, bien sûr.
Et si pour certaines stations (comme Cubase par exemple), l’ordre des pistes dans Console 1 suit automatiquement celui de votre STAN, pour d’autres, comme moi sur Pro Tools, c’est un peu plus complexe… Deux options pour s’affranchir de ce problème : soit on a déjà toutes nos pistes dans notre session, et on insère Console 1 sur chacune de nos pistes, dans l’ordre souhaité pour les retrouver telles quelles ; soit on insère Console 1 au fur et à mesure de nos besoins et on réorganise tout via l’option proposée dans les paramètres généraux Settings de Console 1. C’est un peu moins automatique et rapide, mais c’est réalisable.
Pour celles et ceux qui utilisent des templates – si vous avez inséré le plug-in sur chacun de vos bus par exemple – ou sur des pistes déjà organisées, Console 1 va vous faire gagner du temps, c’est certain. En revanche, si comme moi vous insérez le plug-in dans Pro Tools, piste après piste, sur la batterie, puis la voix, puis finalement les guitares, pour finir par les effets… Il faut absolument réorganiser tout cela, pour conserver l’ordre des pistes de votre STAN dans l’ordre des pistes de Console 1 et éviter la pagaille.
Autre précision : ces modes d’affichage n’ont rien à voir avec la fenêtre du plug-in que vous obtiendrez en cliquant sur votre slot de plug-in, à l’intérieur de votre STAN. Et c’est là qu’au départ, on fait un peu des claquettes : si comme moi, vous êtes habitué(e)s à cliquer sur les slots de vos plug-ins pour les afficher (ce que l’on fait… tout le temps en réalité !), il faut un certain temps pour repartir sur de nouvelles habitudes de travail. Rien d’exceptionnel, mais je me suis fait avoir plusieurs fois avant que Console 1, après un certain temps, ne fasse vraiment partie de mon environnement de travail. À noter que, lorsque la fenêtre du plug-in (pas du logiciel Console 1) est ouverte, j’ai la sensation que les VU-mètres de ma STAN « rament » plus et sont moins précis. Dans Pro Tools en tout cas, le phénomène est apparu de manière récurrente.
Control 1
Au niveau des réglages, pas de grandes différences par rapport à la version mkI, qui avait posé les bases du contrôleur. Une fois la « gymnastique » d’organisation passée, tout est fait pour aller très vite dans nos traitements. Le contrôleur se découpe en cinq sections bien distinctes (six si l’on considère les propriétés d’affichage et de pistes comme une réelle section) qui nous rappellent aisément les sections de traitement d’une console standard – à ceci près que cette console se lit de la gauche vers la droite, et non de haut en bas. Pourtant, tous les traitements sont loin d’être communs à la plupart des consoles analogiques.
La section d’entrée propose un réglage de niveau d’entrée Input Trim, ainsi que deux filtres (coupe-haut et coupe-bas) dont les possibilités de valeur changent en fonction des émulations de console choisies. Elle permet entre autres d’envoyer ces filtres dans la section sidechain du compresseur, d’inverser la polarité et de gérer les presets. À ce sujet, si il est possible de rappeler des presets d’usine des différentes sections, je ne crois pas que Softube propose des presets de tranche par type d’instrument ou autre… D’un autre côté, c’est comme sur une console : il faut bien faire ses propres réglages !
Malgré tout, en ce qui concerne les presets, on a la possibilité bien sûr de sauvegarder des réglages complets – ou partiels – de chaque tranche. On peut également effectuer des copies de réglages d’une piste à une autre. Et grâce à la fonction History, on peut aussi retracer chaque modification apportée sur Console 1. Je ne vais pas rentrer dans le détail de toutes les possibilités à ce niveau, mais je dois reconnaître que c’est très complet !
La petite nouveauté, c’est la possibilité d’effectuer un Bypass général du plug-in (grâce au bouton Shift) sous le switch d’inversion de phase. Ce paramètre manquait apparemment sur la version I, c’est désormais chose réparée, et c’est fort pratique pour réaliser des A/B en un rien de temps !
Les sections suivantes Shape, Equalizer et Compressor sont toujours aussi évidentes, et les contrôles proposés s’adaptent aux fonctions des consoles émulées choisies. En sortie, on retrouve évidemment le niveau de sortie du plug-in, ainsi que la fameuse section Drive/Character, dont les possibilités sonores ont largement été démontrées dans le précédent article. On retrouve toujours la possibilité d’organiser l’ordre des traitements, ainsi que l’affectation du sidechain externe à la section Shape ou Compressor (deux fonctions très utiles déjà présentes dans la version I).
La nouveauté se situe dans les contrôles optionnels sous Drive et Character, permettant de contrôler le niveau des trois premiers envois (Send 1, 2 et 3) de la tranche sur laquelle Console 1 est inséré. Malheureusement, cette option n’est valable que pour certaines STAN ! Si sous Cubase, par exemple, cette option fort intéressante fonctionne à merveille, il n’en est pas de même dans Pro Tools. Et c’est là qu’on retrouve encore de petits « agacements » générés par Console 1 : des options présentes mais qui ne fonctionnent pas pour tout le monde…
Il en va de même pour le réglage de Solo qui met bien votre piste en solo, mais seulement par rapport aux autres pistes pour lesquelles nous avons inséré Console 1 dessus ! Si vous utilisez d’autres traitements issus d’autres marques, votre piste sera bien en Solo… mais avec les autres pistes n’ayant pas de Console 1 ! Frustration !
Autre frustration du même ordre : le contrôle de panoramique n’agit pas dans Pro Tools. Là encore, une fonction présente qui fait envie, et qui malheureusement n’est pas disponible sur cette station (et d’autres, il me semble). En outre, il faut garder à l’esprit que le contrôle de volume ne pilote pas votre fader de piste ; non, il s’agit bel et bien d’un niveau de sortie du plug-in.
Apollo Central
La grande nouveauté annoncée il y a maintenant un petit moment, c’est que désormais Console 1 permet de sélectionner les traitements parmi vos plug-ins UAD (Channel Strips complètes ou modules séparés), mais c’est surtout la possibilité de passer dans un nouveau mode appelé « Apollo Central » permettant de piloter…(attention, confusion imminente !) Console – le logiciel des interfaces Apollo – véritable centre névralgique et console virtuelle, permettant la gestion des entrées/sorties et les traitements par plug-ins UAD, à l’enregistrement, des interfaces d’Universal Audio.
En mode « Apollo Central » donc, Console 1 permet de sélectionner et insérer les plug-ins UAD sur les pistes voulues.
Cette nouvelle option est plutôt bienvenue car, pour celles et ceux qui aiment et maîtrisent l’environnement Console 1, c’est une aubaine. On reste dans les mêmes gestes pour sélectionner et insérer les plug-ins UAD ; ça peut aller assez vite. En revanche, pour celles et ceux qui, comme moi, sont très habitués à l’environnement Console UAD – et l’utilisation de la souris – il y a un petit moment d’adaptation à passer avant de réellement pouvoir s’affranchir de nos vieilles habitudes et laisser la souris de côté… L’interface graphique UAD Console étant vraiment bien faite au départ, il m’a semblé difficile de passer par une autre plateforme pour contrôler ses paramètres.
Assez de littérature maintenant, place au son.
Cinquante nuances de kick
Console 1 étant un système très complet, il serait extrêmement long et fastidieux de rentrer dans le détail de chaque émulation : un réel test ou presque, par plug-in, serait nécessaire si on souhaitait bien faire les choses. Néanmoins, j’ai quand même souhaité faire le tour des émulations et de leurs possibilités, quitte à détailler un peu plus avec l’émulation de SSL4000. C’est pourquoi je ne suis parti que d’un seul extrait (une piste de Kick) pour constater les effets des différents traitements suivant des réglages bien précis. Pour celles et ceux qui veulent savoir où on est à chaque fois, j’ai conservé les screenshots des réglages correspondants. C’est parti !
The 4000
Première émulation à avoir été proposée dans le système Console 1, la Solid State Logic 4000 E Series for Console 1 reprend en tout point les caractéristiques de traitement de la tranche de console du même nom, avec cependant la section Shape propre à Console 1. Reprenant le principe du circuit de gate de la SSL 4000 E, la section Shape propose en outre un transient designer du plus bel effet, comme en témoignent les nombreux exports audio que l’on retrouve dans l’article de Nantho.
Néanmoins, pour rappel, j’ai décidé de vous proposer, section par section, puis d’un point de vue général, différents résultats obtenus sur une piste de Kick.
- 1 0 KICK Dry00:31
- 1 1 KICK SSL4000 Shape 100:31
- 1 2 KICK SSL4000 Shape 200:31
- 1 3 KICK SSL4000 EQ 100:31
- 1 4 KICK SSL4000 EQ 200:31
- 1 5 KICK SSL4000 Comp 100:31
- 1 6 KICK SSL4000 Comp 200:31
- 1 7 KICK SSL4000 All 100:31
- 1 8 KICK SSL4000 All 200:31
- 1 9 KICK SSL4000 Drive Left00:31
- 2 0 KICK SSL4000 Drive Right00:31
La section Shape était et reste redoutable. Non seulement on retrouve les sensations du gate de la SSL 4000, avec une possibilité de passer en mode Hard Gate, mais l’apport du transient designer est indéniable ; cette fonction permet vraiment de sculpter nos transitoires à souhait.
En ce qui concerne la section égalisation et compresseur, idem, cela colle bien à l’esprit de la SSL 4000. L’apport de la distorsion harmonique avec Drive et Character offre d’autres possibilités de coloration du son qui, franchement, sont bien utiles, même avec de subtils réglages. Pas de surprises donc, l’émulation de SSL 4000 était et reste un succès.
En revanche – et c’est valable pour toutes les sections Compressor des différentes émulations – j’aimerais apporter une remarque concernant le paramètre Dry/Wet. Si cette fonction nous permet de réaliser un mélange entre le signal traité et le signal non traité, la dénomination du paramètre n’est pas très « claire ». Je m’explique : avec le potentiomètre tout à gauche, le signal est traité, donc « Wet ». À l’inverse, tout à droite, il est non compressé, donc « Dry ». le potentiomètre affiche « Dry/Wet » avec Dry à gauche et Wet à droite, ce qui peut entraîner des confusions, surtout quand on ne veut plus passer son temps les yeux rivés devant l’écran…
The 9000
Seconde émulation dédiée à Console 1, la SSL9000 K Series reprend en tout point les éléments de traitements de la console du même nom. D’un point de vue sonore et des réglages, rien à voir avec la SSL4000, comme en attestent ces quelques extraits.
- 1 0 KICK Dry00:31
- 2 1 KICK SSL9000 Settings 100:31
- 2 2 KICK SSL9000 Settings 200:31
Beaucoup plus souple et polyvalente, cette émulation offre d’autres possibilités que n’offre pas la 4000 – et vice-versa. J’ai trouvé le gate plus précis et plus polyvalent que celui de la SSL4000, même si cela implique de s’affranchir du processeur de transitoires… Le compresseur est hyper réactif et l’égalisation me rappelle les sensations de la SSL9000. Il faudrait un test entier pour vraiment détailler chaque caractéristique de ce plug-in mais, tout ce que je peux affirmer, c’est que d’un point de vue sonore, c’est une réussite.
The British Class A
Combinant des émulations de modules séparés pour recréer une « ultime » console Neve n’ayant jamais réellement existé en tant que telle, le plug-in British Class A reprend les caractéristiques de modules de traitement Neve, le tout dans une seule tranche.
- 1 0 KICK Dry00:31
- 3 1 KICK BRITISH CLASS A Settings 100:31
- 3 2 KICK BRITISH CLASS A Settings 200:31
Point de transient designer ni de Hard Gate ici, en revanche on retrouve bien l’esprit du gate Neve des séries 2257, moins précis et féroce que celui d’une SSL – notamment sur l’attaque – mais tout aussi musical. Idéal pour « nettoyer » quelque peu les signaux, il fait bien son travail dans la plupart des situations.
La section EQ, inspirée des séries 1084, offre des fréquences bien déterminées, que l’on n’observe réellement qu’en gardant un oeil sur les valeurs du logiciel ; et non, point de « pas physique » sur les potentiomètres rotatifs de Console 1 ! Il faut donc veiller à la course du potentiomètre pour voir à quel moment on passe d’une fréquence à une autre. À ce sujet, un menu disponible dans les paramètres Settings permet à l’utilisateur de régler le type de course des potentiomètres ; suivant votre sensibilité, ce paramètre permet vraiment d’adapter la réaction de Console 1 à votre façon de l’utiliser.
Le compresseur/limiteur inspiré des séries 2254 (les fameux !) offre là aussi un caractère hyper musical à la compression. Rien à dire, on retrouve des sensations connues. Au final, une émulation de console somme toute très différente des deux premières, et qui offre un panel de sonorités ayant largement fait ses preuves !
Au Summit de sa forme
Intégrée dans la suite Console 1 mais disponible également de manière indépendante, en dehors de la plateforme Console 1, le Summit Audio Grand Channel reprend les caractéristiques du « Leveling Amplifier » TLA-100A et de l’égaliseur paramétrique EQF-100 combinés. Là encore, point d’émulation de console complète, juste un condensé de ce qui se fait de mieux dans les modélisations logicielles des équipements de Summit Audio. Je ne vais pas revenir dans le détail sur cette émulation réussie qui existe déjà depuis longtemps dans le paysage des plug-ins Softube, mais voici quelques petits extraits permettant d’avoir un rapide aperçu des possibilités de cette tranche de console virtuelle :
- 1 0 KICK Dry00:31
- 4 1 Kick SUMMIT Settings 100:31
- 4 2 Kick SUMMIT Settings 200:31
Si cette tranche de console n’a jamais existé dans la réalité, Softube a tout de même décidé d’y inclure, de base, la section Shape de l’émulation de SSL 4000. En somme, cette tranche de console reprend le compresseur/limiteur le plus populaire de la marque, ainsi que son EQ phare, combinées à la section Shape la plus efficace de Console 1. Que demande le peuple ?!
The American Class A
Dernière-née de la série Console 1, American Class A s’inspire très fortement d’une tranche de console API. La section Shape reprend les caractéristiques d’un gate classique, et du transient designer développé par Softube. La section Equalization fait tout de suite penser aux consoles API, avec ses fréquences fixes et son incrémentation de gain par pas de 2 dB. Le compresseur est assez souple, mais là encore très différent de ce qui est proposé dans les autres émulations. En voici quelques extraits :
- 1 0 KICK Dry00:31
- 5 1 Kick AMERICAN Settings 100:31
- 5 2 Kick AMERICAN Settings 200:31
- 5 3 Bass Dry00:31
- 5 4 Bass AMERICAN Settings 100:31
- 5 5 Bass AMERICAN Settings 200:31
J’ai voulu proposer, avec l’extrait de basse, quelque chose de radicalement différent et d’extrême pour justement montrer jusqu’où on peut aller avec tous les traitements proposés, notamment avec le Drive et Character. C’est assez bluffant.
Cette nouvelle émulation propose encore une fois une identité sonore singulière, avec des paramètres et fonctions propres. L’avantage avec un système comme Console 1, c’est qu’en effectuant des réglages sur une tranche, on peut passer en un clic d’une émulation à une autre, et vraiment se faire un avis sur les différences de « couleur sonore » qui peuvent exister entre une console et une autre, en conservant à peu près les mêmes réglages. Je dis bien « à peu près » car toutes les émulations ne possèdent pas les mêmes propriétés de traitement et Console, dans le passage d’un type de console à un autre, conserve des réglages « approchants ». Il est donc très intéressant – et facile ! – d’écouter les différences de traitement avec de mêmes réglages, entre une SSL 9000 et une tranche Summit Audio par exemple !
In fine
D’un point de vue de l’utilisation, j’ai trouvé que la prise en main était vraiment simple, agréable, intuitive et une fois mon organisation bien menée, je me suis surpris à aller très vite dans mes traitements, passant d’une piste à l’autre facilement, revenant aux pistes précédentes, modifiant un paramètre, puis allant à une autre piste, modifiant un autre paramètre… Non vraiment, de ce point de vue-là, Softube a bien fait les choses, et je comprends mieux pourquoi Console 1 a généré autant d’adeptes. Quand on sait en plus qu’il est possible de changer les potentiomètres pour en mettre de couleur, alors là…!
On peut bien sûr utiliser le plug-in sans le contrôleur mais attention : on ne peut changer de type de console ou de section (Shape, Equalization ou Compressor) sans lui ! L’astuce, quand on part en déplacement et que l’on doit retoucher un élément, c’est de sauvegarder plusieurs presets avec chaque type d’émulation. Ainsi, on peut changer de console à tout moment.
Autre point important dans l’utilisation de Console 1 : on peut évidemment charger une tranche de console complète (parmi les émulations proposées « compatibles Console « 1 »), mais on peut également charger chaque plug-in Softube ou UAD disponible dans les sections correspondantes de Console 1 de manière indépendante, nous permettant ainsi de créer notre (ou nos) tranche(s) de console idéale(s) ! En somme, un seul plug-in pour réaliser tous nos traitements « standards », à partir des plug-ins Softube ou UAD, évidemment.
7_Screenshot Select Channel Strip
8_Screenshot Select EQ
Mais c’est là que la bât blesse un peu malheureusement. Car tout le problème de ce « système » matériel/logiciel est que, bien que le constructeur suédois ait fait de gros efforts pour pouvoir s’ouvrir au reste du monde (notamment le monde des plug-ins UAD), Console 1 reste un système quelque peu « fermé ». En effet, l’exemple de la fonction Solo ne fonctionnant que par rapport aux autres pistes ayant le plug-in Console 1 inséré est assez parlant. Penser qu’en 2018, les utilisateurs de STAN vont se limiter à une seule marque de plug-ins est quelque peu audacieux, voire utopique – quand bien même cette marque propose des produits incroyables à la qualité indéniable ! Je ne me vois pas forcément réaliser tous mes traitements ou effets avec seulement les plug-ins Softube ou UAD, même si leurs possibilités sont grandes.
Autre chose : les fonctions disponibles sur certaines STAN, et pas d’autres, comme le fait de suivre automatiquement l’ordre des pistes, ou le contrôle des premiers envois de nos pistes. Là encore, on sent que Softube a voulu proposer un petit « plus » pratique et utile, à mi-chemin entre le contrôleur de plug-ins et le contrôleur de STAN, mais qui n’est pas valable partout. Pour ma part, j’ai trouvé cela assez frustrant.
À plusieurs reprises, j’ai regretté l’absence d’un Mute/Solo qui agirait directement sur ma STAN, évitant ainsi de me cantonner à ce seul plug-in pour bénéficier des ces fonctions. À d’autres moments, j’aurais aimé y trouver un fader pour réellement finaliser mon niveau de sortie post-traitement. Combien de fois ai-je pesté de devoir retourner à mon clavier pour relancer la lecture, alors qu’un petit module de transport m’aurait évité de relever les yeux sur mon écran, restant dans cette logique initiale proposée par Console 1 ?
Parce que c’est de cela dont il s’agit : nous voulons retrouver les sensations et la souplesse d’utilisation de l’analogique, mais on ne le peut pas complètement. Non pas parce que le produit est mal réalisé ou peu adapté – bien au contraire. Mais parce qu’on comprend qu’au départ, le système a été pensé pour répondre à un besoin assez simple qui, de fil en aiguille, propose des fonctions dépassant légèrement le cadre initial, créant ainsi une nécessité de répondre à de nouveaux besoins. C’est vraiment dommage, car on sent qu’avec Console 1, Softube n’est vraiment pas loin de la vérité.
Néanmoins, vu la baisse de prix pratiquée depuis la sortie de la mkI et les améliorations apportées à cette seconde version – sans parler des nouvelles émulations sorties récemment – on ne peut pas dire que Softube n’ait pas fait son travail, et ça a le mérite d’être souligné.
Conclusion
Si la version mkI avait suscité pas mal d’émois à sa sortie, on ne peut pas dire que Softube se soit reposé sur ses lauriers depuis. Sans être la grande révolution attendue par ses nombreux fans (et les autres), la version mkII de Console 1 répond à bien des problématiques exprimées par ses utilisateurs, ayant amélioré quelques points négatifs rebutants de la première version. Proposant régulièrement des mises à jour et de nouvelles émulations de consoles qui, avec leur qualité sonore Softube indéniable, ont déjà fait leurs preuves, on pressent que Softube ne souhaite pas en rester là. Proposé désormais au tarif de 562,80 € TTC, Console 1 mkII reste un allié de choix qui, je le pense, va continuer à évoluer.
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