Après notre guide d’achat sur les effets guitare, intéressons-nous aux catégories un peu plus spécifiques et commençons par les effets utilitaires.
Sous ce nom un peu barbare, on placera toutes les pédales qui, au-delà de transformer le signal de guitare, revêtent une fonction pratique et bien précise. Ces pédales sont pensées comme des solutions concrètes à des problèmes spécifiques.
Noise Gate
Commençons avec les pédales de noise gate (ou porte de bruit pour ceux qui ont fait Allemand LV1). Comme son nom l’indique, il s’agit d’une porte qui s’ouvre uniquement au-delà d’un certain seuil (en dB) qu’on ajuste directement sur la pédale. Cela permet de garder la porte fermée quand on ne joue pas, et donc de ne pas entendre le potentiel bruit de fond induit par un taux de saturation élevé. Un noise gate peut être placé à plusieurs endroits dans la chaîne audio. On peut choisir de l’insérer en façade de l’ampli ou de l’insérer dans sa boucle. Il n’y a pas de méthode meilleure que l’autre, tout dépend de l’utilisation que l’on fait de la pédale. Une référence sur ce créneau est la ISP Decimator ; des versions plus abordables sont disponibles chez Mooer et Tone City et un modèle Boutique est proposé par la marque Fortin Amplification, la Zuul. Certains noise gate sont munis d’une boucle d’effet. Cette dernière permettra l’insertion d’une pédale particulièrement bruyante directement au cœur du circuit du noise gate. C’est une solution devenue assez populaire depuis l’apparition de pédales « amp in a box », hi gain très convaincantes comme les G2, G3 et G4 de Revv ou la VH4 Pedal de Diezel.
Boosts
Autre pédale très pratique et quasi obligatoire sur un Pedalboard digne de ce nom : le boost. Un boost peut avoir deux fonctions dépendantes de l’endroit où on le place dans la chaîne. Si on le place avant l’entrée de l’ampli, il augmentera son taux de saturation dans la mesure où on attaque son entrée avec un niveau plus fort. Si on le place après l’étage de préamplification de l’ampli, dans la boucle d’effets, le boost aura pour effet d’augmenter le volume. Nombreux sont ceux disponibles de nos jours, utilisant des composants différents pour amplifier le signal (transistors Silicium, Germanium, Ampli-OP …). Grosso modo, chaque marque de pédale possède une pédale de boost à son catalogue. Des pédales comme la Xotic EP Booster, la MXR Echoplex Preamp ou l’Anasounds Tape Preamp sont des boosts un peu particuliers dans la mesure où ils reprennent la topologie du circuit de préampli du delay Maestro Echoplex. On profite donc d’un boost ayant une couleur vintage assez particulière, mais très appréciée. On peut également utiliser un compresseur comme un boost, il suffit d’augmenter son niveau de sortie. Ces utilisations du boost sont également applicables aux pédales d’overdrive. On peut placer un boost avant pour en augmenter la saturation, ou après pour en augmenter le volume.
Pédales de volume
Les pédales de volume sont aussi très utilisées par les guitaristes, surtout en concert. Ce sont des pédales qui permettent de doser le volume de la guitare directement au pied. Elles peuvent avoir plusieurs utilités selon leur positionnement dans la chaîne. Une utilisation assez répandue consiste à exploiter la pédale pour gérer le taux de saturation, à la manière du potentiomètre de volume de sa guitare. Les pédales de volume sont en général passives, leur circuit n’étant composé que d’un potentiomètre. De modèles sont proposés chez MXR, Boss, Ernie Ball, HotOne, Electro Harmonix et bien d’autres. Une utilisation particulière de la pédale de volume consiste à la garder baissée quand on attaque la note puis à la relever juste après l’attaque. Cette manipulation produit une attaque de type « violon ». Enfin, en plaçant une pédale juste avant un autre effet, elle en permettra une meilleure gestion. On pourra couper la réverbe, mais aussi gérer l’auto-oscillation d’un délai, entre autres utilisations. Certaines pédales de volume exploitent deux fonctions et peuvent intégrer un wah-wah. La Joyo Multifunction Wah/Volume est un bon exemple de pédales de ce type.
EQ
Une autre pédale à laquelle chaque guitariste peut trouver une utilité est une celle d’égalisation, ou EQ. Le plus souvent, ces pédales disposent de faders qui permettent d’ajuster le niveau de chaque fréquence (booster ou couper), mais elles peuvent également fonctionner avec des potentiomètres traditionnels ou crantés (comme la Walrus Audio EB-10). Une égalisation permet offre la possibilité de sculpter le son avec précision et de se débarrasser de telle ou telle fréquence indésirable. Dans un contexte de groupe, ce genre de pédale aide beaucoup à bien ressortir du mix sans changer le caractère du son ni augmenter son volume. Des modèles sont à retenir chez MXR, les 6 -Band EQ et 10 -Band EQ, mais aussi chez Boss avec la célèbre GE-7 et chez Empress Effects avec la récente ParaEQ MkII. Des modèles comme la MXR 10 -Band EQ possèdent un réglage de gain et volume ; on peut alors utiliser l’EQ comme un boost comme la Joyo R-12 Band Controller EQ. D’autres pédales comme la Boss EQ-200 bénéficient du protocole MIDI et donc de la gestion de nombreux presets.
Accordeur
Quand on joue souvent sur scène, une autre pédale incontournable à avoir sur son Pedalboard est l’accordeur. Comme son l’indique, cela permet d’accorder votre guitare, le plus souvent silencieusement. En effet, un accordeur va couper le son quand vous l’activez, afin de vous permettre de vous accorder en silence. De nos jours, les accordeurs sont munis de LEDs ou d’écrans LCD ce qui permet une utilisation même dans des conditions d’éclairage compliquées. Boss domine le marché depuis quelque temps avec son TU-3 rejoint récemment par sa version Waza Craft, suivi de près par TC Electronic qui a frappé fort avec sa série Polytune. Ces accordeurs disposent de plusieurs modes d’accordage et la fréquence de leur La de référence peut être ajustée.
Switchers
Intéressons-nous à présent aux switchers. Quand on commence à utiliser beaucoup de pédales, on peut être assez vite amené à danser les claquettes pour activer et désactiver plusieurs pédales en même temps. Les switchers sont alors la solution idéale. Il s’agit de pédaliers la plupart du temps programmables, qui intègrent plusieurs boucles (une boucle accueille une pédale). On peut alors, par simple pression sur un foot switch, activer plusieurs pédales à la fois, ce qui est assez pratique. Les Boss ES-5 et ES-8 sont des incontournables sur ce marché, mais la marque The GigRig propose des solutions comme le G2 également très utilisées. Carl Martin propose une solution très populaire également, l’Octa-Switch. Chaque foot switch dispose d’une rangée de petites tirettes qui activent/désactivent la boucle correspondante. C’est une solution simple d’utilisation et fiable.
Boîtiers de routing
Les boîtiers de routing sont également très prisés par les guitaristes. En effet, si on souhaite par exemple acheminer son signal de guitare Mono vers deux amplis à la fois, on aura besoin d’une ABY Box qui envoie le signal entrant vers deux sorties séparées. On peut la plupart du temps choisir entre la sortie A, la sortie B ou les deux à la fois. Ce sont des outils très pratiques qu’on peut trouver chez Radial, Morley et Lehle notamment. Bien entendu, des versions plus grandes existent si on souhaite envoyer un signal vers trois amplis ou davantage. De plus en plus de fabricants de Pedalboards comme Rockboard ou Friedman proposent des boîtiers de patch qui peuvent s’intégrer au Pedalboard et qui proposent également des solutions de routing. Ces propositions sont intéressantes pour organiser des chaînes d’effets séparées pour attaquer la façade de l’ampli et sa boucle.
Des marques comme Palmer et Radial se sont spécialisées dans le matériel utilitaire et offrent des gammes complètes de boîtiers de direct et autres splitters de signaux. Un boîtier de direct permet d’adapter l’impédance d’une source (ici, la guitare) à l’entrée d’une console. On les utilise si on souhaite par exemple brancher une guitare électroacoustique directement dans une console de mixage. On récupère alors un signal symétrique au bon niveau. Pour une guitare électrique, on peut utiliser une DI Box (boîtier de direct) si on sort d’un multieffet et qu’on souhaite attaquer directement l’entrée d’une console. Les boîtiers de direct sont très utilisés en concert. S’il existe de nombreuses références, les marques Palmer et Radial proposent des produits très convaincants. Bien entendu, des boîtiers comme la Mooer Micro-DI feront très bien l’affaire pour les budgets plus serrés.
Buffers
Abordons à présent les Buffers. Un buffer a pour but de conserver l’intégralité du spectre de la guitare, d’un bout à l’autre du Pedalboard, peu importent les longueurs de câbles utilisées. Si certains guitaristes sont de fervents défenseurs du True Bypass, d’autres au contraire défendent le Buffered Bypass. Dans le cas où on enchaîne cinq ou six pédales True Bypass, la perte d’aigus sera conséquente au bout du Pedalboard. On peut donc utiliser un Buffer externe comme l’Anasounds Bumper ou le Coach de Fortin Amplification. Un câble d’une grande longueur aura également tendance à absorber pas mal de fréquences dans le haut du spectre. Un Buffer permettra de récupérer toutes ces fréquences. De plus en plus de pédales modernes offrent le choix entre True Bypass et Buffered Bypass.
Loopers
Un looper est un appareil qui permet l’enregistrement d’une phrase musicale par laquelle on pourra jouer. Si certains modèles très complets comme le HeadRush Looperboard bénéficient de nombreuses options de modification du signal et d’effets en tous genres, la plupart des loopers du marché sont assez simples à l’image des deux modèles les plus vendus, les Boss RC1 et TC Electronic Ditto Looper. Ils ne disposent que d’un unique réglage du niveau de la boucle et d’un foot switch. Si vous avez besoin de plus de pistes, TC Electronic propose des versions à 2 et même à 4 pistes, les Ditto X2 et Ditto X4.
D’autres modèles sont disponibles chez Electro Harmonix, les Nano Looper 360 et 1440 Looper. Boss, en plus du RC1, propose une gamme très complète de loopers, les RC5, RC10R avec une boîte à rythmes et les RC202 et RC505, jusqu’au très complet RC600.
Un looper est un très bon outil pour travailler seul. On peut enregistrer une rythmique simple et jouer des solos par-dessus, par exemple, ou travailler un passage en particulier de plus en plus rapidement.