Vous jouez de la guitare électrique mais les effets sont un grand mystère pour vous ? Ce guide vous initiera aux différents types d'effets, leurs formats, et vous indiquera quelques références incontournables.
Avec la naissance de la guitare électrique est arrivée la possibilité de traiter le signal capté par les micros à des fins correctives ou créatives. Ce sont précisément ces traitements qu’on appelle communément « effets » dans le monde de la guitare et qui ont largement contribué à la richesse organologique de l’instrument, comme nous allons le voir en passant par la case histoire.
Historique
Les premiers effets
La guitare électrique, comme nous l’avons vu dans notre précédent guide d’achat, est née en 1931 d’un besoin des guitaristes d’être mieux entendu. Face à un Big Band bien énervé, même avec une guitare acoustique de format Jumbo, il était très difficile de se faire entendre, particulièrement pendant les chorus. Les amplis n’avaient donc pour mission que d’amplifier le son de guitare de la façon la plus claire possible. Même si de nos jours, les collectionneurs s’arrachent les petits amplis des années 50 qui développent des sons crunch remarquables, à l’époque, les guitaristes cherchaient un son clair, et c’est to
Le premier effet qu’on a pu entendre est donc l’overdrive qui apparaissait quand les guitaristes poussaient un peu trop leur ampli. C’est en 1945 qu’on entend pour la première fois cette sonorité si particulière, sur un enregistrement de Bob Wills & mis Texas Playboys. L’année suivante, l’entreprise DeArmond dévoile le Tremolo Control. Il s’agit du tout premier effet pour guitare qui se présente sous la forme d’un petit boîtier métallique qu’on posait sur l’ampli et dans lequel on branchait la guitare.
Il faudra attendre 1961 pour que le génie Leo Fender place un circuit de réverbe Hammond dans un boîtier externe qu’on plaçait une fois encore sur l’ampli. Depuis cette année, la réverbe est un des effets les plus populaires parmi les guitaristes. À la même date, Maestro, alors distributeur de la marque Market Electronics, dévoile l’EP1, premier délai à bande qui évoluera au fil des décennies pour devenir l’EP-2 puis le célèbrissime EP-3. Dix ans auparavant, Les Paul chaînait de gros magnétos à bande pour créer un effet similaire.
Maestro FZ-1: le vrai commencement
Attaquons maintenant l’histoire de la Fuzz qui débute en 1960. Mark Robbins est en studio à Nashville en train d’enregistrer le morceau « Don’t Worry » quand l’ingénieur du son branche la basse en direct dans une tranche de console défectueuse. Le résultat est celui qu’on connaît et qui est fixé sur bande : un son de basse ultra Fuzzy, très surprenant pour l’époque. Bien qu’assez inhabituel, ce son devient très recherché, si bien que Gibson qui possède la marque Maestro sort en 1962 la FZ-1, première pédale d’effet pour guitare, conçue pour reproduire ce son de Fuzz très caractéristique. Cette FZ-1 marque un véritable tournant car c’est d’une part la toute première pédale pour guitare mais aussi parce qu’elle va influencer tous les guitaristes de la British Invasion, et l’Histoire du Rock’n’Roll par la même occasion. Maestro peut remercier Keith Richards qui, pour la démo du morceau « (I Can’t Get No) Satisfaction » utilise une FZ-1 pour simuler une partie de cuivres. La maison de disques sort le morceau tel quel, sans l’accord de Keith. Quelques mois après la sortie de ce Single en 1965, tous les guitaristes s’arrachent la FZ-1 pour obtenir le son de « Satisfaction ».
C’est la même année qu’à Londres, un exemplaire de FZ-1 arrive dans le quartier de Soho, dans ce qui deviendra le magasin de la marque Solasound. Cette dernière va étudier et reproduire le circuit de la FZ-1 et le placer dans un nouveau châssis : la Tone Bender MK-I était née. Les guitaristes britanniques de l’époque comme Jeff Beck, Eric Clapton et Jimmy Page s’en emparent immédiatement (C’est une Tone Bender MK-I qu’on entend sur le premier morceau du premier disque de Led Zeppelin, « Good Times Bad Times »).
Un an plus tard, Dallas présente le Rangemaster. Au même titre que la FZ-1, le Rangemaster joue un rôle capital dans le développement du Rock à l’époque. Brian May, Rory Gallagher, Eric Clapton et même Tony Iommi en feront une utilisation intensive. La Rangemaster est donc responsable du son de guitare de Black Sabbath et donc, par extension, du son de guitare des premiers balbutiements du Metal.
Electro Harmonix, Vox, MXR, DOD …
En 1967, Vox lance la Clyde McCoy Wah. Clyde McCoy était trompettiste, et Vox destinait son nouveau produit aux trompettistes. La Wah connaîtra un tout autre destin quand Eric Clapton (encore lui) et Jimi Hendrix s’en emparent pour apporter un côté très vocal et expressif à leur jeu de guitare.
C’est de l’autre côté de l’Atlantique que la marque Electro Harmonix naquit en 1968 sur une idée de Mike Matthews, personnage haut en couleur qu’on croise encore de nos jours dans les allées du NAMM, cigare au bec. Cet électronicien de génie lance donc sa marque au moment du gros essor des effets pour guitare. Electro Harmonix -ou EHX pour les intimes- connaît un succès assez immédiat grâce à des produits très bien pensés comme le célèbre LPB-1 ou encore les légendaires Big Muff. La marque new-yorkaise jouit encore aujourd’hui d’une solide réputation et ses produits suscitent toujours autant l’enthousiasme des guitaristes de tous horizons.
Deux amis, Keith Barr et Terry Sherwood, reproduisent ce schéma et créent MXR Innovations en 1972. L’entreprise sera rachetée deux ans plus tard par Dunlop qui exploite toujours MXR de nos jours. La marque a créé de véritables classiques au fil du temps comme la Distortion+ ou la Phase 90. Dans le même temps, la marque DOD se développe aussi, en sortant également des classiques comme la DOD 250 (dont le circuit ressemble presque trait pour trait à celui de la Distortion+ de MXR …). Cette marque américaine a accompli l’exploit de résister à la vague Boss dans les années 80, vague dont les marques MXR et Electro Harmonix gardent un très mauvais souvenir.
Impossible d’aborder le vaste sujet des pédales d’effet guitare sans mentionner la marque nipponne Boss. Il s’agit d’une division de la marque Roland, qui fabrique uniquement des produits pour guitare. Roland possède déjà une solide expertise dans ce milieu, pour avoir inventé le tout premier chorus tel qu’on le connaît, avec son ampli JC-120 (Jazz Chorus) auquel ce circuit de chorus était intégré. La marque produisit même 9 pédales pour guitare entre 1972 et 1975 (dont la fameuse AP-7 Jet Phaser). C’est donc en 1977 que les premières pédales Boss Compact arrivent sur le marché. Avant cela, la marque produisait les GE-10, CE-1 (le fameux chorus), BF-1 et DB-5. Les trois premières pédales Boss de la série Compact sont les OD-1, PH-1 et SP-1.
Poursuivons ce petit historique avec Maxon, marque japonaise née au milieu des années 60 et qui, dans les années 70/80, fabrique des pédales pour Ibanez, notamment. C’est dans ce contexte que débarque la TS-808, pédale la plus copiée de l’histoire, équipée de la fameuse puce JRC-4558. La Tube Screamer, petite boîte verte bien connue des guitaristes, a subi beaucoup de transformations au fil du temps, la plus célèbre étant la TS-9 d’Ibanez, sortie en 81.
Le vaste monde des effets pour guitare abrite de très nombreux fabricants, de Nobels à Blackstar en passant par Keeley Electronics et JHS Pedals. D’ailleurs, nous avons en France de nombreuses marques d’effets « boutique » très originales (on pense ici à PFX Circuits, Anasounds, Signal Cheyne, Dolmen Effects …). De nos jours, les acteurs de ce marché sont très nombreux, si bien qu’il existe des centaines de copies et ré-interprétations de la Tube Screamer et de la Klon Centaur, pour ne parler que d’elles. On peut mentionner ici quelques références devenues quasi-légendaires comme la ProCo Rat, l’Analog Man King of Tone, la Marshall Bluesbreaker ou encore le TC Electronic Stereo Chorus.
Après avoir découvert l’histoire des effets guitare, de 1945 à nos jours, intéressons-nous à présent aux différentes grandes familles d’effets, en commençant fort logiquement par les plus populaires… Notez qu’il ne s’agira pas ici de réaliser une présentation exhaustive mais plutôt d’avoir une vue d’ensemble…
Les saturations
Dans cette grande famille qui rassemble beaucoup de grands classiques, on peut placer les fuzz, overdrives, distorsions et autres dérivés. Certaines pédales comme les bitcrushers utilisent un procédé numérique de dégradation de la résolution du signal pour parvenir à une saturation assez particulière ; la Mainframe d’Electro Harmonix en est un très bon exemple.
D’autres effets de saturation sont assez difficiles à classer et produisent des sonorités assez particulières, comme la Ripped Speaker Fuzz de chez Electro Harmonix également, qui reproduit le son d’un haut-parleur lacéré avec une lame de rasoir. Cela engendre une saturation assez particulière entre la Fuzz et l’Overdrive.
Dans les grands classiques du genre, on peut citer quelques références incontournables comme les Klon Centaur, Ibanez Tube Screamer, Boss SD-1 du côté des overdrives, ou les Boss DS-1 et ProCo RAT du côté des distorsions. Enfin, pour citer quelques fuzz légendaires, on peut retenir les Dallas Arbiter Fuzz Face, Univox Super Fuzz et Colorsound Tone Bender. De nos jours, les références de pédales de saturation se comptent en milliers tant ces circuits classiques ont été copiés, dérivés et améliorés au fil du temps. On peut citer comme référence le morceau Purple Haze de Jimi Hendrix sur lequel on entend un bel exemple de Fuzz mais aussi le répertoire du groupe Nirvana jalonné de distorsion. Enfin, pour de beaux exemples d’Overdrives, on peut se diriger vers les discographies de John Mayer, Joe Bonamassa ou Tom Principato.
Les réverbes
Une réverbe permet d’habiller, d’envelopper un signal un peu trop brut en lui donnant de la profondeur, comme s’il résonnait dans une pièce. C’est notamment ce qui vous fait une jolie voix lorsque vous chantez sous la douche et c’est donc un phénomène naturel que les ingénieurs se sont échinés à reproduire pour en faire un effet.
Les premières réverbes étaient à ressorts, une technologie certes assez basique mais qui produit des sonorités très intéressantes et qui sont devenues inévitables dans certains styles comme la Surf Music. Si ces dernières étaient directement intégrées à certains amplis, des fabricants élaborent désormais des réverbes à ressorts au format pédale : nous en avons eu un bel exemple il y a quelques années avec l’Element du Niçois Anasounds ou encore la et Carl Martin Headroom.
Mais en marge du son très typé des réverbes à ressort, notons que de nos jours, la plupart des pédales de réverbe sont numériques, des algorithmes se chargeant alors de reproduire le caractère de telle ou telle réverbe.
De nombreux fabricants proposent des pédales numériques de réverbes et outre la classique série RV de Boss, on pourra retenir Strymon et Universal Audio qui sont de grosses références actuelle, ce qui n’empêche évidemment pas des fabricants aux tarifs plus modestes comme nuX ou Tone City de proposer également des réverbes numériques tout à fait convaincantes.
Les délais
S’inspirant de l’écho que vous pouvez entendre lorsque vous criez face à une chaîne montagneuse, le délai permet de produire des répétition du signal… Les premiers délais étaient à bande magnétique et utilisaient un principe très simple d’enregistrement et de lecture grâce à plusieurs têtes. Bien entendu, ces engins n’étaient pas les plus compacts dans la mesure où ils devaient intégrer un mécanisme complet de défilement de la bande, un circuit de pré-amplification et les différentes entrées et sorties. Dans ces délais à bandes iconiques, on peut citer les célèbres Roland RE-201 Space Echo et Maestro Echoplex.
Plus tard, les délais se sont miniaturisés grâce à l’invention de la puce BBD. Il s’agit d’une puce qui intègre une série d’interrupteurs pilotés par une horloge. Dans cette catégorie, beaucoup de références sont présentes mais on peut retenir la Maxon AD10, la MXR Carbon Copy et la Boss DM-2.
Notez qu’Il existe une autre technologie de délai utilisée par Binson dans son célèbre Echorec. Il s’agit de disques métalliques sur lesquels est enregistré le signal. L’Echorec a été rendu célèbre par l’utilisation qu’en a fait David Gilmour, entre autres. On en a un très bon exemple sur les titre Shine on You Crazy Diamond de Pink Floyd et With or Without You de U2.
Les effets à modulation
On incorpore dans cette famille les effets qui modulent le signal, soit en amplitude soit en fréquence. Cela regroupe les trémolos, vibratos, chorus, phaser et UniVibe.
Le trémolo est un effet qui fait varier l’amplitude du son à une certaine vitesse. On peut en général contrôler la vitesse de l’effet et sa profondeur ; un trémolo peut être assez subtil mais également très présent, avec un effet on/off très saccadé. Sur des versions plus modernes, on peut contrôler la forme d’onde pour des sonorités différentes. On peut retenir comme références les Boss TR-2, Ibanez TRMINI et le Mooer Trelicopter.
Le vibrato est un effet qui module la fréquence du signal, le « pitch » comme disent nos confrères anglo-saxons. Il est souvent utilisé, dans le monde de la guitare, pour ajouter un peu de relief au son et un côté vocal. De nombreuses pédales de vibrato/UniVibe sont disponibles de nos jours, mais on peut retenir les J.Rockett Audio Designs UniVerb, Boss VB-2W et JHS Pedals Unicorn.
Poursuivons avec le chorus. Il s’agit d’un effet apparu dans les années 50 dans les orgues Hammond qui tendait à reproduire l’impression que plusieurs musiciens jouent ensemble le même morceau. Comme pour les délais et réverbes, le chorus peut être analogique ou numérique, et on trouve aujourd’hui de multiples références. On pourra retenir les MXR Analog Chorus, Tone City Angel Wing, Boss CH-1 et TC Electronic SCF. L’intro du morceau Paradise City des Guns’n’Roses est un bon exemple de Chorus tout comme la chanson Comme as You Are de Nirvana.
Le phaser est un effet de modulation un peu particulier qui, comme le Flanger, joue sur la phase du signal. Par une série de filtres, le circuit créé un déphasage qui lui-même créé des pics dans le spectre fréquentiel. Ces pics changent cycliquement de position grâce un LFO. Le son filtré mélangé au son original produit cet effet si caractéristique. La grande référence des pédales de phaser est la MXR Phase 90 mais on peut aussi citer les TC Electronic Helix et Boss PH-3. D’autres références disposent d’étages de filtres supplémentaires pour un effet plus prononcé comme le propose la MXR Deep Phase ou la Strymon Zelzah. On peut entendre du Phaser sur Paranoid Android de Radiohead ou encore sur Anarchy in the UK des Sex Pistols.
Terminons ce rapide tour d’horizon des effets à modulation par le flanger. Il s’agit d’un type particulier de déphasage dont les pics et les creux constituent une série harmonique. La méthode la plus utilisée pour créer un flanger est la méthode additive où on ajoute un son retardé au son original, la durée du retard gérée par LFO créé le flanger. La méthode soustractive est également très utilisée. Avec cette méthode, la courbe du son ajouté est l’exacte inverse de celle du son original. On peut retenir comme références les Boss BF-3 et MXR Flanger. Le riff du morceau Nobody’s fault but Mine de Led Zeppelin est un bon exemple de Flanger. Eddie van Halen utilisait beaucoup le Flanger, on en a un bon exemple sur le titre And the Cradle Will Rock.
Les filtres
Dans cette partie, nous aborderons les pédales wah wah et les filtres d’enveloppe. Utilisée à la guitare pour la première fois en 1966 par Frank Zappa, la pédale wah wah est un filtre dont la fréquence de coupure possède un pic élevé. Grâce à un potentiomètre, on déplace ce pic ce qui créé l’effet wah wah. Cet effet est souvent utilisé pour apporter un côté vocal à un solo de guitare mais les guitaristes de Funk l’ont aussi adopté pour apporter du mouvement à leurs passages rythmiques (les fameuses cocottes). On trouve des pédales wah wah à tous les prix de nos jours, de la classique Vox V847 à la Fulltone Clyde Wah en passant par la célèbre Cry Baby de Dunlop. On entend un bon exemple de Wah sur l’intro du morceau Voodoo Child (Slight Return) de Jimi Hendrix et dans le titre Just Kissed my Baby du groupe The Meters.
Si un wah wah est contrôlé par un potentiomètre lui-même contrôlé par la guitariste, d’autres filtres ne le sont pas. Les filtres d’enveloppe possèdent un circuit de détection d’enveloppe. Ce dernier fait varier la réponse du circuit en fonction du volume qui entre dans la pédale. En d’autres termes, quand on attaque fort, le signal sera plus filtré que quand on attaque doucement. Le signal est utilisé pour déclencher le balayage du filtre. Beaucoup de filtres d’enveloppe sont disponibles sur le marché, on pourra retenir les Electro Harmonix Q-Tron, Maxon AF-9, Fender Pour Over, Carl Martin Ottawa et Mooer Sweeper.
D’autres filtres d’enveloppe utilisent un LFO pour déclencher le balayage du filtre à une certaine vitesse. La réponse du filtre varie alors régulièrement dans le temps sans être liée au volume entrant dans la pédale. Les Boss AW-2 et Mooer @Wah sont de bons exemples d’auto-wah.
Les effets de variation du pitch
On parle ici des effets qui transposent les notes que le guitariste joue. Bien que la plupart de ces traitements soient numériques, un premier modèle est apparu en 1967, construit pour Jimi Hendrix. Plusieurs versions de cet effet sont encore présents de nos jours ; on pense à la MXR Blue Box, à la Danelectro French Toast ou encore à la Fulltone Octafuzz.
La célèbre Whammy conçue par Digitech au début des années 90 est une pédale qui permet de transposer un signal via une pédale d’expression. Un sélecteur rotatif permet à l’utilisateur de choisir l’intervalle correspondant à la butée de la pédale d’expression. Avec la Drop, Digitech a placé l’algorithme de la Whammy dans un châssis de pédale classique, sans pédale d’expression. On dispose du même réglage d’intervalle mais on maîtrise le déclenchement de la variation du Pitch via un foot switch traditionnel. Dimebag Darrell et Tom Morello des groupes Pantera et Rage Against The Machine l’ont beaucoup utilisé au fil de leur carrière.
Dans la famille des effets de variation du Pitch, les harmonisers occupent une place importante. Et s’il existe bien une marque qui domine ce marché, c’est bien la firme américaine Eventide. Le fabricant présente le H9 Harmonizer en 2013, pédale qui a révolutionné l’industrie en proposant des algorithmes à priori disponibles seulement dans des grosses machines en rack. Le H9 intègre des algorithmes issus de toutes les machines légendaires d’Eventide et devient très rapidement le leader incontesté sur le marché des harmonisers. Ce n’est que très récemment, en 2022, qu’Eventide a actualisé le H9 en dévoilant le H90 Harmonizer. Ce dernier offre des centaines de combinaisons d’algorithmes différents pour des textures sonores très inspirantes.
MXR a également proposé un effet en rack dédié à la transposition audio, le Pitch Transposer. Dans les modèles de Pitch shifters abordables au format pédale, on peut citer les Mooer Pitch Box, Electro Harmonix Pitch Fork, TC Electronic Brainwaves et Morpheus DropTune.
Pédales de Synthé
Jouer de la guitare, c’est bien. Jouer de la guitare et du Synthé, c’est mieux. Mais dans la mesure où aucun être humain ne dispose de 4 bras, des fabricants assez malins se sont mis à développer des pédales qui transforment le son de guitare en son de Synthé. Nous allons parler ici des pédales qui transforment le son capté par les micros de la guitare et envoyé vers sa sortie. Ces pédales intègrent en général plusieurs modules comme des filtres et des arpégiateurs. On peut donc non seulement changer le son, mais encore créer des motifs rythmiques assez intéressants. Certaines pédales comme l’Electro Harmonix Mono Synth bénéficient d’un circuit de détection de l’attaque, comme un filtre d’enveloppe, afin de rendre l’effet plus interactif. Presque toutes les pédales de Synthé profitent d’un réglage de Mix (ou de volumes séparés pour le son Dry et le son Wet), qu’elles soient numériques ou analogiques.
Robert Keeley avec la Synth-1 propose une pédale de Synthé analogique dont le circuit intègre une fuzz, un filtre très puissant et un circuit de détection variable pour des sonorités très surprenantes. La plupart des pédales de Synthé sont numériques et proposent beaucoup de sons. On peut citer les Boss SY-1 et SY-200, les Electro Harmonix Mono Synth et Bass Mono Synth, la Meris Enzo ou encore la Source Audio C4 Synth.
Nous avons jusqu’ici évoqué nombre d’effets « créatifs », mais il nous reste encore à voir quantité de traitements utiles pour sculpter votre son au mieux.
Les traitements dynamiques
Comme de nombreux instruments, la guitare électrique développe une grande dynamique (l’écart entre les sons à l’amplitude la plus faible et ceux à l’amplitude la plus forte est assez important) et on a quelques fois besoin de maîtriser cette dynamique. Pour ce faire, on utilise un compresseur qui, comme son nom l’indique, compresse le son en réduisant l’écart entre les sons les plus forts et les sons les plus faibles. Dans un contexte de groupe, une légère compression peut aider à mieux placer la guitare dans le mix, comme le ferait un ingénieur du son en studio lors du mixage. De nombreuses références sont présentes sur le marché depuis un moment, on peut citer le très célèbre compresseur Ross Compressor, le MXR Dyna Comp ou encore le très acclamé Origin Effects Cali76. Du côté des pédales plus abordables, le Mooer Yellow Comp fonctionne également très bien. On peut aussi profiter de la couleur particulière de certains circuits de compression et utiliser le compresseur comme un Boost.
Les égaliseurs
Même si la plupart des guitaristes préfèrent se servir de l’égaliseur rudimentaire de leur ampli pour effectuer la balance entre graves, médiums et aigus, soulignons qu’il existe de nombreuses pédales permettant de faire cela du bout du pied au sein d’une chaîne d’effets, avec dans certains cas bien plus de possibilité. En marge de sa célèbre GE-7, Boss s’est ainsi fendu d’un EQ-200 extrêmement avancé pour une pédale…
Les exciters
Cet effet un peu particulier a été développé par l’entreprise Aphex Electronics au milieu des années 70. Le principe est assez simple : améliorer le signal par une succession de traitements (égalisation dynamique, manipulation de la phase, ajout de distorsion harmonique). La marque Aphex a d’ailleurs sorti plusieurs versions de sa pédale Guitar Xciter. On y retrouvait le même principe que celui adopté dans les périphériques de studio, mais miniaturisé pour tenir dans une pédale de guitare. Sur une guitare, un Exciter aura un rôle d’embellissement et d’amélioration du signal. Il existe de nombreuses références au format Rack 19 pouces (Behringer Ultrafex, BBE Sonic Maximizer, Alesis Micro Enhancer, SPL Vitalizer), mais pas tant que ça au format pédale. La marque BBE à l’origine du légendaire Sonic Maximizer a, il y a quelques années, miniaturisé le circuit de cette machine pour le placer dans une pédale pour guitare (et basse), la Sonic Stomp. Cette dernière a pour but de rajouter de la clarté, de la définition et du punch au signal de guitare. Cela reste à l’heure actuelle LA référence ultime sur le marché des Exciters/Enhancers bien que d’autres acteurs tentent de se faire une place, comme Boss avec sa MO-2 Multi Overtone.
Les effets inclassables
Vous l’aurez probablement remarqué si vous passez un certain temps à explorer les différentes catégories de votre site bleu préféré, certains effets sont regroupés sous le terme « effets divers ». On abordera ici tous les effets singuliers très difficiles à placer dans les différentes cases développées ci-dessus. La marque Gamechanger Audio est le spécialiste de ces effets particuliers. La Bigsby Pedal par exemple, bien que basée sur un effet de Pitch Shift assez standard, reste inclassable. La marque a reproduit un vibrato Bigsby et l’a placé sur une pédale ; ce vibrato (à actionner au pied, évidemment) contrôle l’effet de Pitch Shift qui est calqué sur celui que produit un Bigsby.
Les pédales « boîte à rythmes » comme les DigiTech SDRUM, Trio+ et Mooer Micro Drummer, sont difficiles à classer également. Ces dernières génèrent des motifs rythmiques de batterie ce qui permet de travailler en rythme ou encore de jouer avec un groupe, mais tout seul. La Trio+ va plus loin en créant automatiquement une ligne de batterie et une ligne de basse pour accompagner vos plus beaux riffs. On peut évoquer rapidement la BeatBuddy de Singular Sound qui est aussi une boîte à rythmes au format pédale guitare. La marque propose sans cesse de nouveaux packs incluant de nombreux grooves de batterie correspondant à tous les styles. Les boucles de batterie sont d’une qualité irréprochable et enregistrées par des batteurs renommés.
En France, on aime bien sortir des sentiers battus. La marque automobile Citroën l’a bien compris, le fabricant Keyztone également. En juin dernier, la marque a dévoilé ses Rekoil, des pédales qui transforment le son d’un micro simple en son de humbucker, et inversement. Ces pédales utilisent un circuit de boost et d’égalisation, ce qui est assez malin.
Josh Scott, patron de la marque JHS Pedals, a sorti il y a peu un petit outil baptisé Volture. Cette petite pédale au format micro se place entre une pédale de Fuzz et son alimentation. Elle permet de choisir la tension distribuée à la pédale, jusqu’à 9 volts. Cela permet de simuler l’utilisation d’une pile en fin de vie qui ne délivrerait qu’une tension bien inférieure à 9 volts.
Les formats d’effets
Les pédales
Quand on aborde les effets pour guitare, on pense naturellement aux pédales. Et pour cause, c’est le format le plus répandu. Apparu dans les années 60, ce dispositif permet au guitariste d’activer/désactiver l’effet directement au pied, via un foot switch. D’autres pédales comme les wah-wah ou les pédales d’expression peuvent être contrôlées directement au pied (on charge une valeur de potentiomètre du circuit au pied).
Au fil des années, de nombreux formats de boîtiers sont apparus, et incarnent parfois la signature de la marque. Boss par exemple a lancé son le sien en 1977, qui inaugure la série Compact Pedals. Dès son lancement, la marque MXR a également choisi un format qu’elle ne quittera plus. La marque DOD en avait d’ailleurs choisi un identique dans les mêmes années, ce qui engendré un procès entre les deux fabricants. Plus récemment, des marques comme JHS Pedals et Anasounds ont développé de nouveaux formats qui sont, comme pour Boss, devenus leur signature respective (Anasounds a agrémenté son boîtier d’une plaque de Bambou gravée au laser qui rend ses pédales immédiatement reconnaissables).
Il existe un nombre très important de formats de boîtiers d’autant que les marques innovent aussi de côté-là. Carl Martin par exemple en a introduit un nouveau, il y a quelques années, format qui abrite bon nombre de circuits de la marque. Puis est apparu le format Micro. Les marques d’entrée de gamme ont conçu et commercialisé de très nombreuses pédales de ce format. On pense tout de suite à la marque Mooer qui a sorti une gamme complète d’effets au format Micro. Tone City s’est engouffré dans la brèche peu de temps après rejoint par TC Electronic. Des marques plus Boutique comme Xotic l’ont adopté depuis longtemps pour son côté pratique (voir les EP Booster, SL Drive et SP Compressor). Attention, la taille réduite de ce boîtier ne lui permet pas d’abriter une pile. L’alimentation électrique ne s’effectue que via la fiche située sur la pédale.
Si nous avons évoqué les boîtiers à un seul foot switch, nombreux sont ceux à deux foot switches. Le plus répandu est le boîtier choisi par MXR pour abriter le circuit de la SF01 Slash Octave Fuzz par exemple. Analog Man a choisi le même pour sa King of Tone. Si ce boîtier est le plus répandu, certains fabricants comme Morley n’hésitent pas à concevoir et fabriquer le leur. Des marques comme JHS ou Tampco placent deux foot switches sur un boîtier plus petit, cela demande une certaine habitude à l’utilisation mais permet de gagner de précieux centimètres sur un Pedalboard. Bien qu’à leur début, les pédales d’effets profitaient de châssis très différents, les fabricants ont commencé à tendre vers une uniformisation des formats dans les années 90 et 2000. La marque Electro Harmonix par exemple a introduit son format Nano et décline chacune de ses pédales dans ce « nouveau » gabarit.
Les pédaliers multi-effets
De plus en plus répandus, les pédaliers multi-effets proposent de nos jours des solutions tout-en-un avec simulations d’amplis, effets, simulations de haut-parleurs et sortie directe. Cependant, certains modèles comme les Plethora X5 et Plethora X3 de TC Electronic sont des multi-effets au sens le plus littéral du terme. Ils ne proposent « que » des effets, sans simulation d’amplis ni de HP.
Du plus compact au plus encombrant, le marché des multi-effets foisonne de références si bien qu’il peut être difficile de faire un choix. En termes de format, la plupart du temps, un multi-effet intègre plusieurs foot switches, un écran pour faciliter le réglage et plusieurs potentiomètres, encodeurs et boutons. Très souvent, les pédaliers disposent d’une pédale d’expression qu’on peut assigner à de nombreux paramètres et utiliser comme wah-wah. Les marques conçoivent la plupart du temps le châssis du pédalier, il n’y a donc pas réellement de norme même si, globalement, les poids et dimensions d’appareils aux fonctions similaires sont très proches. Les différences se situent au niveau de l’écran LCD et bien évidemment du firmware du pédalier et de ses différents algorithmes de modélisation.
Certaines marques comme Tech 21 ou Morley nagent à contre-courant et construisent des pédaliers multi-effets entièrement analogiques. La série des FlyRig de Tech 21 offre des solutions très complètes, pratiques, compactes et entièrement analogiques. Dans les grandes références de pédaliers multi-effets on peut citer les modèles de chez Mooer, HoTone, nuX, Zoom et Boss. Chaque constructeur possède plusieurs pédaliers de tailles différentes à son catalogue. Pour aller un peu plus loin, on peut évoquer Line 6, Fractal Audio, Kemper, HeadRush et Neural DSP qui ont une qualité perçue un peu supérieure aux marques évoquées plus haut.
De plus en plus de guitaristes professionnels choisissent l’option du pédalier multi-effets pour des raisons pratiques et techniques. Il est beaucoup plus facile de monter un système fiable complet autour d’un pédalier multi-effet. De plus, ce système fournira un son identique concert après concert, ce qui est un aspect de plus en plus recherché par les groupes modernes. On pense aux deux guitaristes de Megadeth (Dave Mustaine et Kiko Loureiro) qui sont passés il y a quelques temps sur un système construit autour du Neural DSP Quad Cortex.
La capture d’ampli et de pédale, introduite par Kemper avec son Profiler, tend à se démocratiser. Ce procédé consiste à cloner très précisément le son et les réactions de tel ou tel ampli. Kemper a été pionnier dans cette technologie avec son Profiler, très vite rejoint par Neural DSP et son Quad Cortex, qui a la capacité de capturer le son d’une pédale d’effet. Plus récemment, c’est l’italien IK Multimedia qui proposait un protocole similaire avec son logiciel ToneX. La marque est allée plus loin encore en implémentant ce logiciel dans un boîtier de pédale d’effets. On peut donc, sur le papier, effectuer des captures de ses amplis, enceintes et pédales préférées et les utiliser en concert, sans courir le risque d’abimer tel ampli ou pédale vintage, tout en ayant un son constant.
Le format « rack 19 pouces »
Ce format est né d’un besoin de stockage de matériel de télécommunications. C’est la société AT&T qui a proposé ce format en 1922 et qui s’est imposé un peu partout dès sa création. Par son côté normalisé, le format Rack a un côté très pratique qui simplifie l’organisation et l’installation des périphériques. Ce format étant apparu dès 1922, il a envahi les studios d’enregistrement et de mixage très rapidement. Plus de 100 ans après sa création, il s’impose encore de nos jours comme LE format de référence quand on parle d’équipements audio.
Dans le monde de la guitare, il a connu un âge d’or dans les années 80. La mode des sons avec beaucoup de chorus, de delay, de réverbe et d’effets stéréo en tout genre a poussé les guitaristes à acquérir toujours plus de matériel. Le Rack a alors été utilisé par de très nombreux guitaristes comme Paul Gilbert, Steve Vai, Mick Mars, Tim Pierce, Michael Landau qui possédaient des énormes systèmes, la plupart du temps composés de deux Racks de 42U dans lesquels les musiciens installaient tous leur périphériques d’effets (les fameux Harmonizers d’Eventide, entre autres), leurs pédales et leurs amplis. Le but recherché était de pouvoir fournir à un ingénieur du son Live ou studio, un son « mix ready », prêt à être mixé.
Même si ces Racks présentent quelques inconvénients de taille, ils produisent des sons tout à fait remarquables. Mais à notre époque où un pédalier compact peut produire un son « mix ready », un gros Rack de plusieurs centaines de kilos fait sourire.
On en garde sous le pied…
Nous terminons ici ce grand tour d’horizon des effets guitare, en sachant que nous aurons à revenir sur chacune de ces catégories comme à évoquer le cas particulier des solutions pour la simulation de toute ou partie d’un ampli (amp in a box, IR loaders, pré-amps, etc.) au travers de guides d’achat dédiés.