Aujourd’hui, le Winter NAMM commence et RME profite de l’événement pour lancer une nouvelle interface audio : La Fireface UCX, petite sœur de l’UFX. La Fireface UCX, compatible iPad. La Fireface UCX, que nous avons testée en exclusivité.
Après la Fireface UC et la Fireface UFX, voici donc venir la Fireface UCX qui, comme son nom l’indique, s’inscrit dans la continuité de ses frangines. De quoi s’agit-il ? D’une interface audio hybride FireWire/USB au format demi-rack et proposant 18 entrées et 18 sorties audio, 2 entrées/sorties MIDI, 2 préamplis micros embarqués et… une télécommande pour piloter tout ça ! Sacrifiant à l’iMode, RME a même pris la peine de rendre sa carte compatible iOS, de sorte que vous pourrez l’utiliser avec un iPad via l’adaptateur Caméra USB vendu par Apple…
Voilà pour les grandes lignes. Intéressons-nous de près à cette nouvelle venue, au look franchement familier.
Un air de famille
On ne change pas une formule qui gagne et, côté design, l’UCX nous rappelle les produits phares de la marque allemande : d’un côté, la télécommande déportée reprend, dans une version un peu plus courte, la coque de la BabyFace, avec sa grosse molette grise sur le dessus et ses deux boutons, tandis que, de l’autre, le gabarit et l’agencement de l’interface évoquent irrémédiablement les Fireface 400 et UC. Ca ne nous empêchera pas de passer tout ce petit monde en détail, à commencer par la face avant qui, de gauche à droite, propose deux entrées hybrides Jack XLR flanquées chacune de LED pour indiquer la présence d’un signal, d’une saturation ou encore la mise en fonction de l’alimentation fantôme, et deux entrées Ligne/Instrument au format Jack 6,35, assorties elles aussi de LED Signal et Clip. Sur la droite, on rentre dans la partie contrôle de la carte, dotée d’un écran à digit 7 segments permettant d’afficher deux chiffres, et d’un sélecteur rotatif pouvant aussi bien servir au choix du canal qu’au réglage des niveaux, ce qui inclut la sortie casque. Viennent ensuite deux rangées de 4 LED : la première vous permettra de voir ce qu’il se passe du côté des entrées sorties numériques de la carte, qu’il s’agisse de l’ADAT, du S/PDIF ou du Wordclock, tandis que la seconde vous permet de voir si les paires d’entrées/sorties MIDI sont actives ou non. On finit l’aperçu de cette façade avec la sortie casque au format Jack 6,35 qui lorsqu’elle sera utilisée, prendra la main sur les sorties ligne 7/8.
Passons à présent à l’arrière où là encore, à quelques détails près, on se croirait face à une Fireface 400. Sur la gauche, nous disposons ainsi du connecteur pour l’alimentation électrique fournie, du switch de mise sous tension de la carte et des connecteurs USB 2 et FireWire 400 car, tout comme l’UFX, il s’agit bien d’une interface hybride. A leurs côtés, on trouve deux connecteurs à broches pour brancher et la télécommande et l’éclaté de câbles MIDI (proposant 2 entrées et 2 sorties donc, sur prise DIN), et l’entrée/sortie Wordclock, tout ce petit monde surplombant 6 sorties ligne symétriques au format Jack 6,35. Dans la partie droite, on trouvera enfin 4 entrées ligne symétriques au format Jack 6,35, ainsi que les connecteurs d’entrée et de sortie pour l’ADAT et le S/PDIF.
Précisons aussi que le dessous de la carte accueille quatre patins en caoutchouc antidérapants, cependant que sa ventilation se fait via deux petites grilles situés sur les flancs droit et gauche. Des poignées bien pratiques pour le rackage-dérackage sont également présentes de part et d’autre de la façade, comme c’était le cas aussi sur la Fireface.
Et la télécommande ? Reprenant le look de la Babyface, elle est toutefois moins longue car dépourvue des voyants et vumètres de cette dernière, tandis que la connectique de l’interface nomade de RME a été remplacée par un simple câble de 5 mètres que vous relierez à l’UCX. A noter que cette version s’appelle ‘Basic Remote Control’ car elle se résume à deux boutons (Prog et Recall) et d’une molette cliquable, ce qui la distingue de l’Advanced Remote Control disponible en option. Sur cette dernière, vous gagnerez 6 boutons supplémentaires, disposant chacun d’une LED, portant à 7 le nombre de contrôles programmables.
A présent que le tour du propriétaire est fait, il s’agit d’installer la Schtroumpfette pour voir ce qu’elle a dans le ventre, à commencer par son ventre logiciel.
Le mix Total
Côté interface de gestion de la carte, c’est le logiciel Totalmix FX que l’on retrouve ici, ce qui, pour le coup, rapproche l’UCX de sa grande sœur UFX. Inutile de redire ici tout le bien que l’on pense de ce soft qui vous permettra de gérer le mixage et le routing de vos 18 entrées et sorties, tout en bénéficiant de fonctionnalités bien pensées, tant dans leur conception que leur ergonomie : section control room, jusqu’à 9 sous-mixes stéréo et surtout une petite tranche pour chaque canal, comprenant EQ paramétrique 3 bandes, coupe-bas, Auto Leveler, Compresseur, Expandeur, processeur MS et inverseur de phase. C’est tout ? Non, car on retrouve aussi une réverb et un delay utilisable en envoi sur chaque canal. Précisons que tous ces traitements sont disponibles à toutes les résolutions et fréquences d’échantillonnage et qu’ils sont réalisés par 2 DSP capables de bypasser intelligemment des effets si les calculs sont trop gourmands. Vous avez tout de même de la marge puisqu’en 48 kHz, il est possible d’utiliser 36 EQ, 36 coupe-bas et 26 compresseurs en plus de l’EQ… En ajoutant la réverb, vous ne disposerez plus toutefois à cette fréquence « que » de 16 compresseurs, ce qui devrait couvrir quand même pas mal de besoins…
Vu que le logiciel ne présente aucun changement par rapport à la version livrée avec l’UFX, je vous renvoie au test de Red Led et à la vidéo qui avait été faite à cette occasion, détaillant l’ergonomie du logiciel, et que vous pouvez revoir ci-dessous :
A l’usage
L’UCX reprend pour l’essentiel toutes les technos de la marque : les préamplis micros sont identiques à ceux qui équipent l’UFX et la Micstasy et, comme sur cette dernière, on retrouve la technologie AutoSet, permettant de prévenir une éventuelle saturation des préamps, non pas en utilisant un limiteur qui tordrait le signal, mais en définissant un seuil à partir duquel le gain du préamp, contrôlé numériquement, est automatiquement baissé.
Mais la vraie nouveauté, c’est du côté des convertisseurs A/N et N/A qu’il faut la chercher, puisque ces derniers, mis au point en 2011, sont un cran au-dessus, sur le papier, de ceux équipant les FireFace UC et 400. Avec un échantillonnage pouvant aller jusqu’à 192 kHz, ces derniers présentent une plage dynamique de 115 dBa en lecture comme en enregistrement, cependant que la latence a été diminuée à 14 samples pour la conversion analogique > numérique, et à 7 samples pour la conversion numérique > analogique, quelle que soit la fréquence d’échantillonnage utilisée. On appréciera ces chiffres en vis-à-vis des FireFace UC/400 qui proposaient une latence de 43 samples en conversion A/ N et de 28 samples en conversion N/A.
Si nous n’avons pu hélas réaliser de comparatifs entre les anciennes interfaces RME et l’UCX, voici toutefois une prise de guitare vous permettant de la comparer avec une Avid MBox Pro, grâce à laquelle vous pourrez vous faire votre propre opinion. Notez que ces enregistrements d’une Gibson J200 ont été réalisés avec un micro Oktava MK012, le gain du préamp de l’UCX étant à un peu moins de la moitié de sa course.
- J200 – RME UCX00:39
- J200 – AVID Mbox Pro00:39
Sur les écoutes dont nous disposons pour ce test (Adam A7X et Focal Solo 6), les différences nous ont parues minimes (à vérifier avec de plus gros systèmes d’écoute). Et histoire qu’elles ne soient pas imputables aux préamplis des deux interfaces, nous nous sommes fendus de deux enregistrements via les entrées ligne. Là encore, si différence il y a, c’est vraiment de l’ordre du subtil sur nos écoutes…
- Live Forever – RME UCX00:50
- Live Forever – AVID Mbox Pro00:50
Exemples audio à télécharger : wav
Et sur iPad !
Petite grosse nouveauté ou grosse petite nouveauté (à vous de voir) : l’UCX dispose d’un firmware alternatif qui permet de l’utiliser en mode Class Compliant. Dans ce dernier, la carte peut, sans installer de drivers au préalable, être utilisée sous OS X, Windows, Linux ou encore iOS, ce que nous ne nous sommes pas privés d’essayer avec un iPad 2.
Pour utiliser l’UCX avec la tablette tactile d’Apple, il faut donc basculer cette dernière en mode Class Compliant en effectuant une série de manipulations via le potard principal, puis connecter l’interface à l’iPad en USB via le Camera Connexion Kit d’Apple. Il suffira ensuite de lancer l’appli d’enregistrement pour bénéficier sur l’iPad des qualités d’une interface qui vaut deux iPad…
Attention : tous les softs d’enregistrement de l’App Store ne supportent pas la norme Class Compliant ou la supportent partiellement pour certains, mais en attendant que tous les développeurs soient au point sur ce détail, on trouve quand même quelques choses très intéressantes, comme le Multitrack DAW d’HarmonicDogs qui vous permettra sans soucis d’enregistrer 8 pistes simultanément sur votre tablette. Ah oui quand même…
Cela va sans dire : l’UCX est à l’heure actuelle la plus professionnelle des interfaces audio compatibles iPad. Mais il faut bien l’admettre, le mariage n’est pas encore aussi prometteur qu’on pourrait l’espérer : privée du Totalmix FX sur iPad, l’UCX demeure un peu lourde à utiliser avec des applis qui n’ont pas été conçues spécialement pour elle. En gros, on se retrouve à gérer énormément de paramètres via l’encodeur générique et l’afficheur principal, comme en mode autonome, et on rêve que RME ou un développeur motivé nous sorte un multipiste taillé sur mesure pour la carte, avec un moyen simple de paramétrer les effets DSP, les niveaux, pan, routings, etc.
Bref, c’est intéressant, mais plus prometteur à l’heure actuelle qu’autre chose… Et puisqu’on en est à parler de l’ergonomie du mode autonome, précisons que la différence entre l’afficheur de l’UFX (petit écran LCD) et celui de l’UCX (à digits) complique un tantinet les choses. On ne dispose pas, notamment, de vumètres pour contrôler les niveaux, ce qui est un peu pénible pour régler les préamplis. Une bonne solution aurait été de les déporter sur la télécommande, mais hélas, RME n’a pas jugé nécessaire de garder les sympathiques vumètres à segments de la Babyface sur la version Basic comme sur la version Advanced de sa commande déportée. Et pour le coup, on souhaiterait presque voir débarquer une version Advanced Pro Plus Plus Mieux Mieux avec cette fonction…
Conclusion
Bien que le constructeur insiste sur le fait que l’UCX n’est pas la remplaçante de la Fireface UC maintenue au catalogue, il faut bien admettre qu’entre sa ressemblance avec cette dernière et les fonctionnalités que l’UCX hérite de l’UFX, il n’est pas évident d’avoir une vision très précise de l’offre de RME. Un bref rappel ne fera donc de mal à personne :
Par rapport aux Fireface UC/400, l’UCX embarque des effets DSP soutenus par le logiciel TotalMix FX, de nouveaux convertisseurs à latence réduite, la fonction Autoset et se montre compatible avec les commandes déportées RME (la version basique de cette dernière étant livrée avec le produit). Seul inconvénient de l’UCX par rapport à la FireFace 400 : elle nécessite une alimentation secteur pour fonctionner, là où la 400 peut s’approvisionner en électricité via le bus FireWire.
Quant aux différences entre UCX et UFX, elles sont nombreuses : deux fois plus longue, l’UFX gère 30 entrées/sorties contre 18 pour l’UCX, embarque 4 entrées analogiques supplémentaires, une entrée/sortie ADAT de plus, et voit son nombre d’entrées préamplifiées passer de 2 à 4. L’UFX offre également une entrée/sortie AES/EBU absente de l’UFX, une sortie casque supplémentaire, un connecteur USB pour faire du Direct-to-Disc en mode autonome et surtout, elle troque l’afficheur à digits de l’UCX pour un petit écran couleur LCD. Notons enfin qu’a priori, l’UCX propose des convertisseurs plus récents que l’UFX. Je dis a priori car les infos communiquées par RME ne sont pas claires sur ce point.
Enfin, dernières différences au crédit de l’UCX : elle est livrée avec une télécommande Basic Remote et se montre compatible avec la norme Class Compliant.
Reste à voir l’argument des prix qui, sans surprise, s’échelonnent entre les 3 trois interfaces : l’UCX est en effet annoncée avec un prix public de 1129 € Hors Taxes ce qui, en appliquant une TVA à 19,6 %, nous amène à un prix public TTC de 1350 euros. C’est donc à mi-chemin d’une FireFace UC (850 € en magasin) et d’une Fireface UFX (1880 € en magasin), ce qui est assez logique vu qu’en termes de fonctionnalités et de connectiques, l’UCX se situe vraiment entre les deux.
Si vous êtes décidé à vous payer une RME, votre choix sera donc une question de budget autant que de besoins, le constructeur allemand disposant désormais d’une gamme relativement étendue et à laquelle ne manque véritablement qu’un produit de tout début de gamme, en amont de la sympathique BabyFace…