Avec le Boss ME-90 Multiple Guitar Effects, le fabricant japonais propose une mise à jour de sa série ME, notamment en intégrant des amplificateurs AIRD, issus du GT-1000. Découvrons ensemble comment s’en sort ce nouveau pédalier.
Déballage
En sortant le Boss ME-90 Multiple Guitar Effects de son carton, on remarque immédiatement sa ressemblance frappante avec le ME-80, son prédécesseur dévoilé en 2014. On retrouve un pédalier dont les dimensions sont de 443 × 220 × 67 mm pour un poids d’environ 3 kg. Le boîtier est construit en acier et semble être prêt à résister aux aléas du terrain. La face principale est composée de 8 footswitches : Bank Down/AMP, Bank Up/EQ, CTL/REV, Memory/Manual, COMP, OD/DS, MOD, DELAY. Même s’ils sont en plastique, ils donnent l’impression d’être robustes. À cela viennent s’ajouter 30 potentiomètres, en plastique eux aussi, qui nous permettront de choisir les effets que l’on souhaite utiliser et de les régler. On dispose également de 4 boutons-poussoirs (EXIT, WRITE, CTRL et EDIT) ainsi que d’un écran à LEDs minimaliste. Enfin, une pédale d’expression placée sur la droite du pédalier complète le tout.
En ce qui concerne la connectique, elle se fait sur la partie supérieure et est plutôt basique. Nous avons accès à une entrée guitare, deux sorties (Right/Left mono), une boucle d’effet mono et une sortie casque au format mini-jack 3,5 mm. On a aussi un petit interrupteur noté « Gt. Amp/Line » qui permet de basculer le signal de sortie du ME-90 entre un niveau ligne ou instrument. Par ailleurs, le pédalier est équipé d’un port USB-C qui servira à la mise à jour du firmware, au travail des préréglages sur l’application « Boss Tone Studio » et au transfert d’IRs (Réponses Impulsionnelles). Ce port USB-C est accompagné d’un connecteur capable de recevoir un adaptateur Bluetooth « BT-Dual », qui sera utile pour connecter le ME-90 à son smartphone. Toutefois, il est fâcheux qu’un appareil mis sur le marché en 2023 ne dispose pas d’un module Bluetooth natif alors même que certains objets du quotidien, de valeur moindre, offrent cette fonctionnalité. Il est à noter que l’ajout du module Bluetooth, vendu environ 50 euros, est une contrainte que l’on retrouve sur plusieurs appareils de la marque.
L’alimentation s’effectue au moyen d’un bloc, non fourni, capable de délivrer 9V DC et pas moins de 190 mA. Là encore, il est assez surprenant qu’une telle machine ne soit pas accompagnée de son alimentation. Cependant, le ME-90 est en mesure de fonctionner en utilisant 4 piles de type AA et celles-ci sont bien incluses. Il est probable que choisir de faire des économies sur les piles et d’avoir un bloc d’alimentation aurait été plus judicieux pour de nombreux utilisateurs.
Enfin, le Boss ME-90 est fabriqué en Malaisie et est vendu environ 340 euros au moment de la rédaction de ce test.
La prise en main
Avant de nous intéresser aux extraits sonores, prenons le temps d’évaluer la facilité d’utilisation du ME-90. Dans le cas où vous auriez déjà utilisé le ME-80, la prise en main sera quasi instantanée. Dans le cas contraire, il faudra un court temps d’apprentissage dû essentiellement à la quantité d’effets disponibles. En effet, il y a huit sections qui rassemblent un total de 60 effets et qui s’enchaînent de la manière suivante :
- PEDAL FX : Cette section est dédiée à la pédale d’expression et permet d’utiliser des effets tels que la wah-wah, l’octaver ou encore d’agir sur les paramètres d’autres effets (MOD RATE et DELAY LEVEL).
- COMP/FX1 : On peut y trouver, entre autres, un compresseur, un octaver, une auto-wah ou encore une simulation de guitare acoustique.
- OD/DS : Cette section est dédiée aux pédales d’overdrive et de distorsion.
- PREAMP : Le ME-90 dispose de 11 amplificateurs qu’il est possible d’étendre à 16 en passant par l’application « Boss Tone Studio ».
- MOD : Une collection d’effets de modulation tels que le vibrato, le chorus, le flanger ou encore l’Uni-Vibe.
- EQ/FX2 : Il s’agit là d’une seconde section qui pourra servir d’égaliseur ou d’étage d’effets supplémentaires avec la possibilité d’activer un phaser, un tremolo, un boost, un delay ou un chorus.
- DELAY : On y retrouve une collection de délais avec des références incontournables. Un looper de 38 secondes est également disponible dans cette section.
- REVERB : Il y a trois sortes de réverbes dans le ME-90 : Room, Hall et Spring. Néanmoins, le paramétrage se limite à la quantité globale de la réverbération, sans options plus spécifiques comme le réglage du pré-délai ou de l’égalisation générale de l’effet.
Il est important de souligner que ces sections ne peuvent pas être déplacées dans la chaîne du son, ce qui est regrettable. Seule la boucle d’effets pourra être placée avant ou après le bloc « PREAMP », ce qui fait sens selon si l’on souhaite utiliser une pédale de saturation ou un effet de type « post-fx ».
Une fois que l’on s’est familiarisé avec ce généreux catalogue, le fonctionnement de l’appareil est en réalité assez simple. Ainsi, on dispose d’un premier mode dit « MANUAL » qui permet d’utiliser les footswitches pour activer indépendamment les différentes sections, à la manière d’un pedalboard traditionnel et d’un second mode, « MEMORY », qui sert à rappeler des préréglages. À ce propos, la mémoire interne du ME-90 offre la possibilité de stocker 72 patchs parmi lesquels 36 pourront être personnalisés. Les 36 autres sont en fait des préréglages d’usine qu’il est impossible d’écraser. Je suis perplexe quant à l’utilité de ces blocs. D’autant plus que les réglages d’usine sont malheureusement, comme souvent, caricaturaux. Il est envisageable de s’en servir comme points de départ pour ensuite enregistrer un préréglage personnalisé dans un emplacement dédié.
Si la manipulation de l’appareil reste assez évidente, Boss met tout de même à disposition son logiciel PC/Mac nommé « Boss Tone Studio » qui malgré son interface plutôt rustre comparée aux standards actuels, a le mérite d’être fonctionnel. Ce dernier donne accès à toutes les fonctionnalités de la machine, en plus de permettre l’activation d’amplificateurs et d’effets supplémentaires qui ne sont pas accessibles directement sur le ME-90. Par exemple, on pourra échanger le « Recti Stack » contre un JC-120.
Grâce à l’USB, nous aurons également la possibilité de charger trois Réponses Impulsionnelles (IRs). Malgré tout, ce que j’ai trouvé regrettable, c’est qu’il soit nécessaire d’utiliser un autre logiciel appelé « IR loader » pour réaliser cette manipulation. Tout comme il faudra en amont penser à mettre à jour le firmware interne et installer les pilotes du ME-90 pour pouvoir le synchroniser à « Boss Tone Studio » et être en mesure d’utiliser le pédalier comme interface audio ASIO. Il aurait été possible de regrouper tout cela sous une installation unique et plus conviviale. D’autre part, les pilotes ASIO se sont révélés très stables et j’ai pu obtenir des latences particulièrement faibles sans rencontrer le moindre problème de décrochage.
Enfin, il est possible de contrôler le ME-90 en MIDI dans sa STAN pour basculer entre les préréglages (Program Change) ou encore pour agir sur la pédale d’expression ou le footswitch « CTL » qui permet d’activer un ensemble de sections simultanément. On apprécie.
Les algorithmes AIRD, une valeur sûre ?
Dans le cadre de ce test, nous allons nous concentrer sur l’utilisation du ME-90 en tant que machine autonome pour évaluer la qualité des différentes sections. Toutefois, il convient de noter qu’il est tout à fait possible de l’utiliser en tandem avec son amplificateur. D’ailleurs, Boss met à disposition 12 préréglages permettant d’agir sur les sorties du pédalier en fonction de l’ampli dont on dispose et selon si l’on se branche en façade ou dans la boucle de ce dernier.
Dans un premier temps, voici quelques enregistrements sonores qui passent en revue l’ensemble des amplificateurs disponibles avec des réglages neutres et sans l’utilisation d’une IR externe :
- 1 – Natural – Gain 500:20
- 2 – Twin Combo – Gain 500:22
- 3 – Tweed Combo – Gain 500:24
- 4 – Diamond – Gain 500:24
- 5 – Brit Stack – Gain 500:16
- 6 – X-Crunch – Gain 600:26
- 7 – X-Hi Gain – Gain 600:20
- 8 – Maximum – Gain 600:25
- 9 – Juggernaut – Gain 600:29
- 10 – X-Modded – Gain 600:26
- 11 – Recti Stack – Gain 600:21
- 12 – Transparent – Gain 500:13
- 13 – Boutique – Gain 500:19
- 14 – Supreme – Gain 600:15
- 15 – JC-120 – Gain 600:18
- 16 – Deluxe Combo – Gain 600:21
Les résultats obtenus ne sont pas exceptionnels. Là où le ME-90 s’en sort le mieux, c’est sur les sons clairs et crunchs. En revanche, les sons saturés sont très inégaux. On pourra, par exemple, se satisfaire du canal « X-Crunch » qui offre une texture plutôt organique alors que le « Recti Stack » est bien trop caricatural. Il est envisageable d’améliorer les choses en fouillant dans sa collection d’IRs, de la même manière que sur l’ensemble des simulateurs de ce genre. Toutefois, on aurait aimé avoir quelque chose de plus convaincant à l’état initial, surtout que, la philosophie du ME-90 tend essentiellement vers une utilisation que l’on pourrait qualifier de « simple et immédiate ». De manière plus générale, le son est très droit et manque de vie. Les sensations sous les doigts sont quant à elles plutôt bonnes. J’ai par exemple pris beaucoup de plaisir à jouer sur les simulations « Twin Combo », « Tweed Combo » et « Diamond » qui offrent une réponse en fréquences plutôt équilibrée et qui respectent la dynamique et le caractère de ma guitare.
Voyons maintenant ce que l’on peut obtenir en combinant les amplis avec les différentes sections dédiées aux effets :
- 17 – Twin Combo + S-Bend00:21
- 18 – Natural – Comp + Rev Hall00:23
- 19 – Twin Combo + Octave + Rev Hall00:17
- 20 – Natural – Centa OD Drive 7 + Rev Room00:26
- 21 – Natural – Distortion Drive 6 – Delay Analog – Rev Hall00:18
- 22 – Natural – Metal DS Drive 700:23
- 23 – Natural – Muzz Fuzz Drive 800:22
- 24 – X-Crunch – Gain 9 + Trem_Pan + Rev Hall00:23
- 25 – Diamond – Gain 6 + Harmonist + Delay Tera Echo + Rev Hall00:30
- 26 – Twin Combo – Gain 6 + Chorus + Shimmer + Rev Hall max00:39
- 27 – 3 délais en série00:36
- 28 – Brit Stack – Gain 9 + Delay Tape + Rev Hall + Wah00:25
- 29 – Freeze01:05
Le Boss ME-90 propose suffisamment d’effets pour couvrir la plupart des usages courants et même bien au-delà. Par exemple, il est possible de combiner trois délais disponibles dans trois sections différentes afin de créer des textures expérimentales (exemple 27). Il y a aussi quelques effets originaux, tels que le « S-Bend » que vous pouvez entendre dans l’exemple 17. Globalement, les effets de modulation et autres octaver/pitch shifter sont tout à fait satisfaisants. En revanche, la partie consacrée aux overdrives et aux distorsions est encore une fois assez inégale. La « Centa OD » qui simule une Klon Centaur est, par exemple, plutôt réussie et agréable à jouer alors que la « Metal DS », qui copie la MT-2 de Boss, est difficilement utilisable sur les amplis originaux du pédalier (exemple 22). À noter qu’ici encore, en passant par le logiciel « Boss Tone Studio », on pourra remplacer la « Muzz Fuzz » par 7 autres pédales.
Pour conclure
Le ME-90 Guitar Multiple Effects constitue une évolution intéressante du ME-80. On apprécie sa robustesse et sa prise en main relativement simple. Cette machine possède également de nombreux effets réussis et tout à fait exploitables en situation de scène ou de studio. Cependant, on regrettera quelques simulations d’amplificateurs pas vraiment à la hauteur, en particulier pour ce qui est des sons très saturés qui nécessiteront d’être optimisés avec des IRs externes. On aurait également aimé que la partie logicielle soit plus conviviale en proposant une installation unique de tous les outils nécessaires pour se connecter à son PC/Mac. Aussi, il est anormal de devoir payer un supplément pour l’achat d’un module Bluetooth pour un appareil qui est sorti en 2023. Enfin, le positionnement tarifaire du Boss ME-90 est plutôt cohérent et en adéquation avec ses prestations.