Paul Landers, guitariste du groupe de métal industriel Rammstein, est un utilisateur des produits Tech 21 depuis de longues années. Le son de guitare entendu sur le titre « Du Hast » est tout droit sorti d’un SansAmp PSA et d’un SansAmp GT2. C’est donc en toute logique qu’il ait souhaité se bâtir un Fly Rig sur mesure, taillé pour la grosse disto.
Reise Reise
La réputation des produits Tech21 n’est plus à faire. À l’heure des simulateurs d’amplis et autres profilers, l’entreprise new-yorkaise résiste et reste fidèle à sa philosophie de départ : proposer des produits bien conçus, entièrement analogiques. Le Fly Rig 5 en est à sa version 2 et des artistes de tous horizons le déclinent en des modèles signature. La dernière occurrence est incarnée par Steve Harris, bassiste fondateur d’Iron Maiden, mais le guitariste blues-rock Ritchie Kotzen a également son modèle signature (déjà testé dans nos colonnes). La polyvalence du produit n’est donc plus à prouver, surtout avec l’arrivée du modèle Paul Landers conçu pour les gros sons saturés. Le produit a l’air robuste avec son châssis tout en métal, ses fiches Jack et XLR également. Il est fourni dans une belle boîte de transport, elle aussi en métal.
L’esthétique développée pour cette version signature respire le métal. Ce Fly Rig Paul Landers est recouvert d’une finition noir matte et les potards s’illuminent en rouge. Le logo du groupe trône fièrement sur la partie gauche du boîtier. Le pédalier est divisé en 3 blocs : le bloc SansAmp, lui-même divisé en 2 sections (Wasser et Feuer), le bloc Boost et le bloc DLA. Le sous-bloc Wasser (« eau » en allemand) dispose d’une égalisation active à 2 bandes (High et Low), d’un réglage de volume et d’un compresseur. On peut faire saturer très légèrement ce canal grâce au bouton-poussoir « Bite » qui ajoute une toute petite touche de gain. Cette fonction augmente également la présence avec davantage de précision et de définition dans l’aigu. Le pédalier dispose d’un bloc DLA dédié aux effets de spatialisation. On dispose d’un potard Ambiance qui ajuste le niveau d’une ambiance de studio. Ce potard est relié à un bouton dénommé « Size » qui bascule entre une ambiance prise assez proche et une autre plus lointaine. Un délai est également intégré au pédalier ; il s’agit d’un délai de type « Vintage Tape » (délai à bande) avec des réglages de temps, nombre de répétitions et niveau. Un bouton baptisé « Vibrato » permet de changer la fonction des potards Time et Repeats qui contrôlent alors la vitesse du vibrato et sa profondeur. La section DLA dispose d’un footswitch qui permet d’activer/désactiver le Delay ou vibrato et un second footswitch qui permet de taper le tempo souhaité. Ce second footswitch revêt une autre fonction puisqu’il permet, en y appliquant une pression prolongée, d’activer l’accordeur. Ce dernier coupe le son automatiquement pour un accordage silencieux.
Mais la partie la plus évocatrice de Rammstein est sans nul doute le (gros) son saturé. La partie « Feuer » du SansAmp développe les sonorités lourdes et archi saturées pour lesquelles Rammstein est célèbre. Comme pour le canal clair, on dispose d’une égalisation active, à 3 bandes cette fois-ci, d’un potard de volume et d’un réglage de gain. Un bouton poussoir dénommé « Mid Shift » change la fréquence médium pour des sonorités creusées typiques du style. Côté entrée/sortie, on dispose d’une entrée sur jack, d’une sortie sur jack et une sortie directe sur XLR. Cette dernière possède un switch de mise à la terre. La sortie jack est reliée à un bouton-poussoir qui la transforme en sortie casque pour travailler silencieusement.
FlyRig über alles
La légende raconte que le matériel de Paul Landers est tombé en panne pendant une répétition du groupe pour la préparation de la tournée 2017. Le guitariste a alors sorti son bon vieux SansAmp GT2 pour finir la répétition. Les ingénieurs du son, membres du groupe et producteurs ont alors tous unanimement déclaré que le SansAmp GT2 sonnait bien mieux que le processeur tombé en panne quelques heures plus tôt. Cette anecdote a été le déclencheur de la conception du FlyRig PL1. Nous l’avons vu, le PL1 regroupe toutes les fonctions dont Paul Landers a besoin sur scène ou en studio.
Le SansAmp Wasser (le son clair, donc) sonne bien sans être exceptionnel. Son point fort est son égalisation active qui permet de sculpter le son précisément. En revanche il reste très clair même avec des micros qui développent un niveau de sortie important. Le switch « Bite » permet cependant de rendre le son plus direct en lui apportant davantage de présence. Le compresseur optique est efficace ; en flat picking c’est même une fonction très agréable qui aide à obtenir un niveau constant malgré les éventuels défauts de jeu ou des attaques un peu inégales.
Dans ses réglages les plus extrêmes, le compresseur ajoute également un peu de gain, faisant saturer légèrement le canal clair. Le SansAmp Feuer est conçu pour développer les sons rythmique et solo de Paul Landers. Le guitariste n’a jamais aimé les amplis, apparemment aucun produit ne semble correspondre au son qu’il recherche. On reconnaît immédiatement la personnalité et le grain du son de guitare de Rammstein. Le Fly Rig PL1 dispose d’une impressionnante réserve de gain et la course du potard Drive est assez longue. On peut en effet obtenir des sons crunch mais toujours avec l’identité sonore Rammstein. L’égalisation active à 3 bandes est très efficace et les potards sont très réactifs. Peut-être même un peu trop. Une petite manipulation change le son de manière assez drastique et la taille des contrôles ainsi que leur placement font qu’ils ne sont pas faciles à manipuler. La fonction Mid Shift permet de changer la réponse des fréquences médiums et de les creuser légèrement. En appuyant sur ce bouton, on accède immédiatement au son de Paul Landers. La majorité des extraits audio enregistrés en saturé le sont avec cette fonction engagée tant le son obtenu est authentique.
Le Boost possède un switch « Punch » qui booste légèrement le signal en saturation et resserre un peu les basses. Cette fonction n’est accessible que par un bouton-poussoir, il faut donc décider si on l’active ou pas avant de monter sur scène. Le Boost peut augmenter le signal jusqu’à 6 dB et le réduire jusqu’à 10 dB. Un Boost négatif est une fonction utile si on souhaite se mettre un peu en retrait pendant un certain passage.
Le FlyRig PL1 dispose aussi d’un Delay numérique qui simule un vieux Delay à bandes. Son réglage s’effectue assez simplement. On dispose de potards de Time, Repeats et Level comme pour la plupart des Delay. La puce électronique dédiée au Delay est la même qui est utilisée pour créer un effet de vibrato. Une simple pression sur le bouton Vibrato et le Delay se transforme en vibrato. On ne peut donc pas utiliser Delay et vibrato. Les contrôles qui jouent sur le Vibrato sont Time et Level. Le réglage Time contrôle la vitesse du vibrato et Level en ajuste la profondeur. C’est un vibrato standard mais assez sympa qui habillera les sons clairs et crunch en leur donnant un peu de relief. Le PL1 dispose également d’un potard Ambiance. Comme son nom l’indique, cette fonction ajoute un peu de réverbe d’ambiance au son. Ce potard est relié à un bouton Size qui permet de choisir entre 2 sons différents. Le premier correspond à une ambiance « Closed Mic » et le second est une ambiance « room » plus traditionnelle. Un bouton XLR permet d’activer le circuit de mise à la terre relié directement à la sortie directe XLR et un bouton « casque » permet de transformer la sortie Jack en sortie casque.
Voici les exemples audio réalisés avec le Fly Rig PL1.
- Wasser (clean) SM5701:44
- Wasser (clean) DI01:44
- Wasser (clean) + BITE + delay SM5701:16
- Wasser (clean) + BITE + delay DI01:16
- Feuer (dirty) + delay SM5701:28
- Feuer (dirty) + delay DI01:28
- Feuer (dirty) + Mid Shift SM5703:00
- Feuer (dirty) + Mid Shift DI03:00
- Feuer (dirty) + Mid Shift + Punch SM5701:55
- Feuer (dirty) + Mid Shift + Punch DI01:55
- Feuer (dirty) + Mid Shift + Boost (on:off) + Delay SM5701:38
- Feuer (dirty) + Mid Shift + Boost (on:off) + Delay DI01:38
- Tremolo SM5702:26
- Tremolo DI02:26
Le son de Paul
Si on est à la recherche du son de Rammstein et plus spécifiquement de Paul Landers, il ne faut pas chercher plus loin. Comme pour la version signature Ritchie Kotzen (déjà testée dans nos colonnes), le pédalier est compact et léger. Il se place légèrement au-dessus du Fly Rig 5 grâce à sa personnalité bien affirmée et ses sonorités plus originales. Le côté plat du Fly Rig 5 lui donne un côté un peu ennuyeux alors que le PL1 est un produit résolument agréable et sympa. Il incarne réellement le produit tout-en-un pour guitariste. Que ce soit pour le live ou le studio, le Fly Rig PL1 délivre des sonorités authentiques grâce à une architecture analogique. Bien qu’il soit conçu pour développer le son de Paul Landers, on peut en tirer des sons crunch tout à fait honorables. Son égalisation active permet de sculpter le son avec précision si on souhaite sortir de la couleur allemande. Robuste, compact et bien fini, le pédalier Fly Rig PL1 est un bon outil si on est à la recherche d’un son bien particulier et des sons qui en sont dérivés.