Plus de quarante ans après la sortie du premier Prophet-5, Sequential ressuscite enfin son instrument phare dans une Rev4 survitaminée qui se paie le luxe d’imiter ses ancêtres. Va-t-elle les éclipser ?
Au milieu des années 70, Oberheim décide de regrouper plusieurs SEM dans le Four Voice System, un monstre d’acier polyphonique quatre voix en partie programmable, grâce à un module numérique embarqué à gauche du clavier. Une première ! Quelques années plus tard, plus précisément en 1978, un jeune ingénieur de 28 ans, Dave Smith, fondateur de Sequential Circuits inc., met au point le premier synthé analogique polyphonique entièrement programmable : le Prophet-5. Prévu au départ pour embarquer 2 cartes de 5 voix, le synthé est impossible à stabiliser tant il chauffe dans son boitier monoclavier. Ce n’est que des années plus tard qu’apparaitra un nouveau Prophet-10 dans un immense boitier à double clavier. Mais revenons en 1978… Les équipes de Sequential décident finalement de n’embarquer qu’une carte analogique 5 voix dans leur Prophet, en plus de la carte numérique pour la mémorisation des programmes. Dave Smith est intimement convaincu de l’intérêt d’intégrer des circuits numériques pour commander des circuits analogiques déclinés en multiples occurrences.
Le Prophet-5 Rev1 n’en est pas pour autant fiable et avant d’atteindre les 200 exemplaires, une évolution est présentée : le Prophet-5 Rev2. Produite à un peu plus de 1.000 exemplaires, elle améliore l’organisation des cartes, puis ajoute une interface cassette en cours de route, tout en conservant les mêmes CI SSM pour les VCO, VCF et enveloppes. Mais un manque de constance dans la qualité des SSM vont conduire les équipes Sequential à refondre complètement la carte analogique, rationalisant les pistes, les ajustables et les composants : le Prophet-5 Rev3 fait son entrée, avec des VCO, VCF et enveloppes CEM, dont la fabrication et l’approvisionnement sont mieux maitrisés. Presque 6.000 exemplaires seront produits, avec des améliorations au fil de l’eau (Rev3.0, 3.1, 3.2, 3.3) : nouvelles EPROM, ajout d’une interface numérique, passage de 40 à 120 programmes, puis Midi. Le Prophet-5 est l’un des synthés les plus utilisés et les plus modélisés, on le trouve sur la plupart des tubes des 80’s. Lorsque Dave Smith remonte la société DSI en 2003, les musiciens lui réclament le retour du Prophet-5. Si le Prophet-6 est une première réponse, il faudra attendre 2020 pour que le jeune septuagénaire cède enfin. À peine présenté, celui qu’on appelle « le Rev4 » est déjà décliné sous quatre formats : Prophet-5 clavier, Prophet-5 module, Prophet-10 clavier, Prophet-10 module. Nous avons testé un Prophet-10 Rev4 en version clavier.
Clan des Prophet
La série Prophet-5/10 Rev4 est déclinée en versions clavier 5 octaves et module non rackable, chacune disponible en 5 et 10 voix de polyphonie. De quoi satisfaire le plus grand nombre, pour peu qu’on en ait les moyens. La qualité de construction est exemplaire, reprenant les mêmes matériaux, dimensions et fonctions que la série vintage : coque en métal noir sérigraphié, habillage en noyer, gros potentiomètres en plastique sertis de métal vissés au panneau, interrupteurs à bascule type Schadow haut de gamme… nickel ! La seule différence notable concerne la finition du bois (huilé à la main plutôt que teinté) et la structure mécanique du synthé : ici, c’est bois vissé sur la coque en métal, alors que les ancêtres sont en métal vissé sur coque en bois. Les modèles clavier mesurent 95 × 42 × 13 cm pour 15 kg. Le synthé est magnifique, ce qui ne gâche rien. Les nombreuses commandes sont réparties par section et occupent sur toute la place disponible sur le panneau, avec une philosophie un bouton/une fonction. Seules les commandes globales font l’objet de fonctions secondaires, partagées avec les sélecteurs de programmes, comme sur le Prophet-6 et l’OB-6. À gauche du clavier, les deux molettes fines sans ressort des modèles vintage sont cette fois remplacées par des molettes larges striées, moins élégantes, avec ressort sur le pitchbend. Le clavier Fatar TP/9 semi-lesté 5 octaves, sensible à la vélocité et à la pression mono, est de très bonne facture. Les versions modules sont bien plus compactes (53×17×7cm), avec des commandes réduites en taille et en nombre. Cela plaira à ceux qui ont des problèmes d’espace, en sacrifiant un peu l’ergonomie, par ailleurs impeccable. Niveau ergonomie, les fonctions Manual (touche Preset qui bascule entre le mode programme et le mode panneau), Compare (touches Record puis Global) et Initialisation (touches Record + Preset) n’ont pas été oubliées, bravo.
Connectique et circuits
La connectique est placée sur le panneau arrière. Si la borne secteur et l’interrupteur sont excentrés, tout le reste est bien au centre : sortie audio monophonique, sortie casque, entrées CV (0 à +5V, 1V/octave)/Gate (1,5 à 15V acceptés, pilotage de la voix n° 5), sorties CV (0 à +5V, 1V/octave)/Gate (+15V, priorité à la dernière note), entrées pour pédales continues vers le VCF et le VCA, entrée pour pédale de Sustain, trio Midi DIN et prise USB (Midi). Tout cela est fixé avec soin au panneau arrière métallique, rien ne bouge, la confiance règne. La connectique audio est entièrement réalisée en jack 6,35 mm, TS ou TRS suivant le cas. Comme sur les ancêtres, il n’y a pas d’entrée audio vers le VCF, dommage. Si la sortie mono ne nous surprend pas sur le modèle 5 voix, nous regrettons de ne pas voir une seconde sortie sur le modèle 10 voix, d’autant qu’il est bitimbral (split ou layer) depuis l’OS V2…
La conception du boitier a été revue, comme évoqué précédemment. Il est cette fois très simple de l’ouvrir en soulevant le capot, ce qui change des ancêtres ou il fallait ouvrir le synthé par le fond et placer la partie supérieure à la verticale. L’intérieur du synthé constitue sans aucun doute l’évolution la plus frappante ; plus de 40 ans ont passé : si l’alimentation interne a bien été conservée (merci, merci, merci !), les deux grandes cartes numériques et analogiques ont été remplacées par une petite carte comprenant le CPU et les circuits analogiques, essentiellement des CMS, à quelques exceptions près dont nous allons vite reparler. Le Prophet-10 possède une carte fille embrochée sur la carte mère, contenant les 5 voix supplémentaires. Parallèlement à la sortie de l’OS V2, Sequential commercialise une extension de 5 voix pour le Prophet-5, ce qui en fait un Prophet-10. Si la forme des PCB a changé, le nom des circuits nous est en revanche familier : VCO CEM3340 (version traversante refondue par Curtis comme l’originale), VCF CEM3320 (idem) et VCF SSI2140 (clone de SSM2030 en CMS). On a donc bien deux types de VCF (Rev1/2 et 3), mais uniquement le VCO du Rev3. Le LFO et les enveloppes sont quant à eux numériques, nous verrons si cela a une incidence sur le son.
Le son du maître
Un petit mot sur les fonctions globales de la machine avant de plonger dans le son et la synthèse : transposition (plus ou moins 12 demi-tons), canal Midi (1–16 ou tous en réception), émission ou la réception des commandes Midi (off, CC ou NRPN), transmission des commandes (contrôles, messages Midi), mode Local, réponse des potentiomètres (modes relatif, seuil, saut), configuration de la pédale de Sustain (classique/Release, polarité), tempérament clavier (normal ou 16 alternatifs réinscriptibles), courbes de réponse du clavier (vélocité, pression) et dump des mémoires en Sysex. Comme tout bon synthé analogique, il est nécessaire de faire une calibration automatique du Rev4 dans les premiers jours d’utilisation. Cela lui permet d’analyser les déviations des composants en fonction de la température ambiante et de stocker les corrections à appliquer ensuite automatiquement. Pour cela, on appuie sur la touche Tune. La procédure prend un peu plus d’une minute, car toutes les composantes analogiques sont calibrées avec précision (VCO, PWM, VCF, VCA). On peut aussi calibrer les molettes et le suivi de clavier pour les CV In/Out (fonctions cachées accessibles et décrites dans le manuel).
La mémoire comprend 200 programmes permanents et 200 programmes réinscriptibles, parmi lesquels les 40 programmes originels des Prophet-5 (cf. quiz en encadré). Pour choisir un son, il faut appuyer sur 1 à 3 touches : groupes (1–5 en cycle), banque (1–5 en cycle) et programme (1–8). Comme il n’y a pas d’écran alphanumérique, on ne peut nommer les sons. Il faut donc les mémoriser à l’ancienne (dans sa tête, sur une feuille) ou avec une appli. Quand on bouge un potentiomètre, l’afficheur (3 diodes à 7 segments + 1 point) reflète la valeur éditée et ajoute un petit point en bas à droite dès qu’on repasse par la valeur stockée. Sequential a préféré conserver le design Prophet-5 plutôt que mettre un OLED. Il est temps de répondre à la question clé : est-ce que le Prophet-5/1à Rev4 sonne comme un Prophet-5 ? La réponse est indéniablement oui, ou plutôt OUUUUIIIII ! On retrouve immédiatement ce son rentre dedans, organique, généreux, parfois râpeux, parfois doux. On est tout de suite convaincu par les cuivres filtrés chaleureux, les Stabs ravageurs hyper claquants à grands coups de vibrato, les strings émouvants cuisinés à la PWM, les nappes sombres, les énormes synchro signature, les basses 80’s, les polysynths, les sons métalliques produits par la Poly Mod. Le Rev4 n’a pas un caractère de Prophet-5, c’est un Prophet-5. C’est aussi un Prophet-5 plus expressif que ces prédécesseurs, grâce au clavier dynamique qui permet de jouer sur le filtre, le volume ou la modulation.
Là où le Rev4 s’annonce encore plus intéressant, c’est dans sa capacité à basculer entre les modes Rev1/2 et Rev3, agissant sur le composant du filtre et le comportement des enveloppes. Les différences ne sont pas toujours flagrantes avec cette seule fonction, il y a plus de différences sonores entre nos Prophet-5 Rev2 et Rev3 que ce que l’on constate ici. Les filtres et les enveloppes ne sont pas les seuls composants créant cette différence. Il y a aussi les VCO et la conception même des circuits. C’est pourquoi Sequential a eu l’excellente idée d’ajouter une fonction Vintage, qui permet de passer d’un synthé très droit (mode 4) à un synthé complètement rincé (mode 1). C’est donc en conjonction du type de filtre et du caractère vintage qu’on peut se rapprocher du Prophet’ 5 Rev2 de manière convaincante. Ceci étant posé, le Rev4 sonne vraiment comme un Rev3 et tient bien la route face à un Rev2. Cerise sur le gâteau, le niveau de la sortie audio est très élevé et le bruit de fond inaudible.
Quiz comparatif
Ayant sous la main les Rev2, Rev3 et Rev4, il était difficile de résister à monter un petit quiz : six programmes emblématiques issus des banques originelles de Prophet-5 ont été enregistrés : Brass (11), Low Strings (12), Mute Clav (13), Sync I (17), Octave Sawteeth (35) et Sweeping Harmonics (44). Les réglages entre Rev3 et Rev4 n’ont même pas été retouchés, tellement ils étaient semblables. Il a fallu en revanche pas mal triturer le Rev2, plus fantasque, pour le faire rentrer dans le rang. Les trois pistes étaient toujours ouvertes, sinon on aurait tout de suite pu distinguer les Rev2 et Rev3, pas exempts de bruit de fond, du Rev4, vraiment silencieux. Le but est donc de deviner, pour chaque extrait, l’ordre dans lequel les différentes révisions sont jouées. Pour les plus téméraires, les réponses sont à poster dans les commentaires sur le test. Allez, courage…
- Quiz 1100:33
- Quiz 1201:18
- Quiz 1300:37
- Quiz 1701:07
- Quiz 3500:28
- Quiz 4401:04
Oscillateurs d’origine contrôlée
Les Prophet-5 et 10 Rev4 sont polyphoniques et le Prophet-10 est désormais bitimbral depuis l’OS V2 (modes split et empilage), ce qui est une excellente nouvelle attendue depuis sa sortie. La carte d’extension 5 voix disponible pour le Prophet-5 le rend également bitimbral ; elle est installable par l’utilisateur, il suffit d’ouvrir le synthé et fixer la carte avec quelques vis. Si les Porphet-5 vintage souffraient de pas très marqués dans les réglages, il n’en est rien ici, le CPU étant largement suffisant. Le son est généré par 2 VCO évoluant sur 4 octaves (réglage par demi-ton), capables de cumuler plusieurs ondes : dent de scie et impulsion variable pour le VCO A ; dent de scie, triangle et impulsion variable pour le VCO B. On trouve un réglage de largeur d’impulsion indépendamment sur chaque VCO, centré à midi, sans atteindre le zéro aux extrémités.
On peut désaccorder finement le VCO B du VCO A (en positif). On peut aussi mettre le VCO B en mode basse fréquence (il a alors une tessiture de 9 octaves, utile pour la section Poly-Mod, nous y reviendrons) et le déconnecter du suivi de clavier. Le VCO B peut synchroniser le cycle du VCO A, produisant des variations importantes de contenu harmonique lorsque les fréquences varient. Jusque-là, les fonctionnalités sont identiques au Prophet-5 Rev3. Le son est beaucoup plus droit, les VCO étant bien plus stables. C’est pourquoi Sequential a eu l’idée d’ajouter un potentiomètre Vintage, qui va faire plus ou moins fluctuer les VCO, passant en continu d’un comportement très droit (réglage Rev4) à un délire d’instabilité incontrôlée (réglage Rev1). En plus des VCO, ce réglage agit également sur les VCF, les enveloppes et le LFO.
VCF au choix
Les deux VCO et le générateur de bruit blanc sont dosés dans un mixeur avant d’attaquer le VCF. Quand on pousse les niveaux, on sature le VCF de manière très musicale. Le VCF est un filtre résonant passe-bas 4 pôles uniquement. Pour simuler le grain des différentes révisions de Prophet-5, Sequential a eu l’excellente idée d’équiper chaque voix de deux CI différents, comme nous l’avons dit : un SSI2140, clone du SSM2040 d’origine qui équipait les Rev1 et Rev2 ; un CEM3320, refonte à l’identique en traversant du circuit éponyme d’origine qui équipait tous les Rev3. C’est très appréciable d’avoir un sélecteur pour basculer immédiatement de l’un à l’autre (car on ne peut pas avoir les deux). Le choix agit également sur les courbes d’enveloppe, nous y reviendrons. On peut régler la fréquence de coupure du VCF (avec toujours des escaliers audibles, vu que le codage est fait sur 120 valeurs !), la résonance, la modulation par l’enveloppe dédiée (positive uniquement) et le suivi de clavier (0–50 %-100 %). Lorsqu’on monte la résonance, les fréquences ont tendance à s’atténuer un peu, suivant le type de filtre choisi. Au-delà de 6 sur 10, le filtre entre en auto-oscillation, qui peut atteindre des niveaux élevés si on pousse le réglage sur des coupures aiguës. Là encore, la réponse dépend du type de filtre choisi : le CEM a tendance à être plus coupant (un peu moins rond) et plus résonant que le SSI.
Le signal termine sa course dans le VCA, possédant sa propre enveloppe, avant de rejoindre directement la sortie. Comme pour les Prophet-5 vintage, il n’y a ni effet, ni arpégiateur, ni séquenceur. Les 5 ou 10 voix peuvent être jouées à l’unisson, avec des réglages additionnels : nombre de voix empilées (1 à 5 ou 1 à 10 suivant polyphonie totale, mode Chords), désaccordage et priorité de note (dernière ou basse, avec ou sans redéclenchement des enveloppes). On peut aussi décider comment les voix sont appelées : Reset (une note joue toujours la même voix tant qu’elle est disponible, comme les Prophet-5 vintage) ou Round Robin (les voix sont cyclées à chaque fois qu’une note est jouée). Le Prophet-10 offre deux réglages supplémentaires : limite à 5 voix, pour ceux qui veulent couper les Release en jouant des accords à 5 notes ou mieux maitriser le Glide polyphonique et Poly Unisson, capable d’empiler 2 voix avec une polyphonie de 5 notes, énorme ! Cela aurait été bien d’avoir aussi un Poly Unisson dynamique, empilant toutes les voix en fonction du nombre de notes jouées simultanément. Il existe également un mode Chords, dans lequel un accord est mémorisé et transposé au clavier. Enfin, un potentiomètre Glide permet de doser le portamento continu entre les notes. Il est, cette fois, polyphonique, merci !
Modulations polyphoniques
Les modulations sont de trois natures : les modulations préassignées (vélocité, pression, enveloppes), la molette de modulation et la Poly-Mod. La vélocité peut agir sur le VCF et/ou le VCA (un simple marche/arrêt sans dosage). La pression peut agir sur le VCF et/ou la quantité de LFO (un simple marche/arrêt sans dosage, là aussi). Les enveloppes sont de type ADSR. L’une est préassignée au VCF, l’autre au VCA. Non content de sélectionner deux circuits de filtrage différents comme déjà vu, l’interrupteur de version (1/2 ou 3) agit également sur les courbes d’enveloppe. En effet, les SSM2050 équipant les Rev1/2 possédaient des segments de temps linéaires, alors que les CEM3310 équipant les Rev3 avait des courbes exponentielles (logarithmique serait le bon terme mathématique, puisque la modulation est plus rapide au début qu’à la fin). Le Rev4 est donc capable de simuler les deux comportements, concomitamment au choix du VCF. Bien vu ! Quel que soit le mode, les temps d’enveloppes vont du bien claquant à quelques dizaines de secondes, ce qui les rend très polyvalentes. Un interrupteur permet de mettre les Release au minimum, ce qui évite les plops désagréables au moment du relâchement de touche lorsque le Release est à zéro.
La molette de modulation permet de doser l’action de 2 sources globales (LFO et bruit) vers 5 destinations cumulables (fréquence du VCO A, PWM A, fréquence du VCO B, PWM B et VCF). Les deux sources sont mélangées par un potentiomètre de balance, permettant de combiner leur action (50/50 au centre). Le LFO est global et oscille librement. Il offre trois ondes cumulables (dent de scie, triangle symétrique, carrée — donc pas de S&H) et travaille entre 0,02 et 28 Hz (et pas 500 comme indiqué dans le manuel), donc dans le début de l’audio, ce qui est supérieur aux 20 Hz du LFO des ancêtres. Par contre, point de synchro Midi à l’horizon. La quantité de modulation peut être réglée via un potentiomètre dédié et dosée par la molette, ce qui est mieux que sur les ancêtres, dépourvu de réglage initial de modulation du LFO.
Enfin, la section Poly-Mod permet de réaliser des modulations polyphoniques, par opposition à la molette, globale pour toutes les voix. On trouve 2 sources (enveloppe du VCF et VCO B en audio) et 3 destinations cumulables (fréquence du VCO A, PWM A, VCF). Chaque source dispose d’un dosage pour la quantité de modulation. Cette section est vraiment très intéressante, car elle induit des fluctuations entre les voix, liées aux imperfections de calibration, tout en permettant des modulations audio (FM exponentielle, FM sur le filtre, PWM audio). Reprenant intégralement les possibilités de modulation de ses ancêtres, le Rev4 les améliore sans pour autant crever le plafond. Cela peut paraître un peu basique par les temps qui courent, mais il y a d’autres synthés dans la gamme Sequential pour les adeptes de grosses matrices de modulation.
Les améliorations de la Rev4
Avant de conclure, il nous a paru intéressant de rassembler les principales améliorations des nouveaux modèles par rapport aux machines vintages :
- Passage à 400 programmes (200 en Rom, 200 en Ram) au lieu de 40 ou 120 en Ram
- Simulation des Rev1/2 et Rev3 avec deux types de VCF et de courbes d’enveloppes
- Simulation de l’instabilité des composants des différentes révisions (potentiomètre Vintage)
- Midi complet avec CC/NRPN et dump des mémoires en Sysex
- Clavier dynamique avec assignation de la vélocité (VCF, VCA) et de la pression (VCF, LFO)
- Position 50 % ajoutée sur le suivi de clavier du VCF
- Unisson avec nombre de voix et désaccordage programmables + Poly Unisson
- Mode Chords programmable
- Différents modes de priorité de note et redéclenchement des enveloppes
- Glide polyphonique
- LFO capable de fonctionner dans le domaine audio (28 Hz)
- Réglage de l’action initiale du LFO par un potentiomètre dédié
- 01–11101:03
- 02–11600:20
- 03–21100:41
- 04–11800:37
- 05–13200:39
- 06–12300:39
- 07–12400:18
- 08–12500:26
- 09–24201:08
- 10–31700:35
- 11–31400:38
- 12–24300:29
- 13–21800:34
- 14–15400:44
- 15–13800:35
- 16–14401:27
Réincarnation réussie
Nous voici arrivés à l’épilogue de ce voyage temporel de plus de 40 ans. La sortie inespérée de cette Rev4 nous a permis de tester les Prophet-5 Rev2 et Rev3 en parallèle, ayant pu réunir cette prestigieuse famille dans un même lieu. Il manquait certes le Rev1, mais il était dignement représenté par le Rev2 dont il partage le son et les composants. Fruit de la sagesse et du sens des affaires d’un Maître facteur de 70 ans, le Rev4 concentre tout de ce qu’on pouvait espérer d’un Prophet-5 moderne, avec l’ADN des originaux piloté par un moteur numérique à jour. Sequential, jamais avare d’une bonne idée, nous offre même un 4-en-1, avec d’astucieuses simulations du comportement des différentes générations de Prophet-5, tant au niveau des composants (deux types de VCF distinctifs) que de la reproduction de leur dérive sous le poids de l’âge, entre la grosse fatigue d’un Rev1 archi rincé et la verdure d’un Rev4 tout jeunot. Les équipes ont également reproduit le look, les matériaux et l’ergonomie d’origine, ce qui en fait une machine toujours aussi magnifique, robuste et jouissive. On peut certes reprocher à Sequential d’avoir gardé certaines limites intrinsèques, comme l’absence d’arpégiateur et de séquenceur, le LFO unique, le manque d’effets, la sortie mono… mais il y a déjà le Prophet-6 pour ça ! On salue en revanche la bitimbralité ajoutée en cours de route sur le Prophet-10 et la possibilité de transformer le Prophet-5 en Prophet-10 pour le prix de l’écart entre les deux machines Clairement, le Rev4 est la véritable réincarnation des Prophet 5, l’héritier légitime, vif, racé et élitiste. Une valeur sûre pour les 40 prochaines années !