Un an et quelques mois à peine après le Wavestate et l'Opsix, Korg présente le Modwave, un nouveau synthé compact à tables d’ondes. En quoi se distingue-t-il de son prédécesseur à séquences d’ondes ?
Décidément, Korg est très actif ces derniers temps dans le développement de synthés compacts spécialisés. Après le Wavestate (séquences d’ondes) sorti début 2020 et l’Opsix (FM) sorti fin 2020, le constructeur lance le Modwave, un synthé basé sur les tables d’ondes. C’est l’équipe R&D US qui a été une fois encore mise à contribution. Si le Wavestate descend du Wavestation, le Modwave revendique curieusement une filiation avec le DW-8000, un synthé hybride (ondes numériques courtes passées dans un filtre analogique) sorti en 1985, également testé dans nos colonnes. À notre sens, les deux synthés n’ont pas grand-chose à voir, que ce soit au plan sonore ou technologique. Nous lui trouvons en revanche de nombreux points communs avec le fantastique Microwave XTK de Waldorf, capable de moduler des tables d’ondes en temps réel et les passer dans des filtres numériques multimodes, avec pléthore de commandes en façade pour manipuler le tout. En fait, nous allons voir, en texte et en images, que la machine est capable de combiner tables d’ondes et multisamples, puis d’intermoduler tout cela de manière surprenante. C’est donc un synthé bien plus éloigné du Wavestate qu’il n’y parait…
Synthé compact
Le Modwave reprend la taille et l’habillage des Wavestate et Opsix, la petite famille s’agrandit donc gentiment. Il est bâti dans une coque plastique recouverte d’une façade en alu, ce qui n’en fait pas le synthé le plus lourd de l’histoire (2,9 kg), mais pas non plus le plus robuste. Cette impression se confirme en jouant le clavier 37 touches standard bruyant et mou, sensible à la vélocité initiale et de relâchement, mais pas à la pression. Le panneau est couvert de commandes, organisées par section (oscillateurs, filtres, enveloppes, LFO, effets, sélection des programmes/pas du séquenceur, potentiomètres de modulation, édition/modes…). L’organisation est plus compréhensible que sur le Wavestate, avec notamment des commandes directes pour les oscillateurs, qui rendent le synthé beaucoup plus simple d’utilisation que son prédécesseur, où le choix des formes d’ondes était perdu dans le séquenceur. Les boutons Pitch et Amp semblent un peu isolés, mais pas introuvables non plus…
On compte 26 potentiomètres rotatifs (modes saut ou relatif), 1 encodeur, 44 boutons rectangulaires, 16 boutons carrés rétroéclairés, 2 molettes et 1 pad de modulation, sur une surface compacte de 57 × 34 cm. Certaines commandes partagent plusieurs instances de modules (enveloppes, LFO), d’autres cumulent deux fonctions (Shift). Deux touches permettent de sélectionner/activer/couper les deux couches sonores qui constituent une Performance. On peut transposer le clavier sur +/- 4 octaves avec deux touches situées sous les molettes. Quatre potentiomètres assignables permettent de créer des macro modulations en temps réel ; ils transmettent et reçoivent des CC Midi. Original, le pad permet de créer deux modulations simultanées, en coordonnées cartésiennes (X/Y) ou polaires (rayon/angle) suivant l’un de ses deux modes : soit pad classique, soit surface 3D déformable paramétrable (type colline, pente, gouffre, cuvette, etc.), sur laquelle roule une bille virtuelle que l’on lance avec le doigt et qui part faire sa vie par gravitation suivant la forme qu’on a donnée à la surface et rebondit sur les parois si on les a définies ainsi. Tordant !
On supervise l’édition avec un écran OLED monochrome 128 × 64 points. La navigation dans les menus se fait au moyen des touches <>, de l’encodeur cranté et de la touche Enter. L’encodeur est sensible à la vitesse de rotation et peut sauter plusieurs pas en conjonction avec la touche Enter, bien vu ! La plupart des pages affichent l’ensemble des paramètres accessibles, on utilise rarement l’ascenseur ; le cas échéant, on peut filtrer certains paramètres. Autres points d’ergonomie importants : l’écran affiche les séquences de mouvements et les courbes d’enveloppe en temps réel ; on peut sélectionner les sons par catégorie et les trier par ordre alphabétique ; les valeurs sont exprimées dans leur véritable unité (dB, demi-tons, secondes, Hz…) ; il existe une touche d’aide contextuelle et une fonction Compare (aussi accessible au moment de sauvegarder) ; on trouve aussi une fonction de création sonore aléatoire, agissant à différents niveaux et sur différents paramètres à définir ; dans le mode utilitaire, on contrôle les voix actives, le vol de voix, la charge du CPU et sa température. Bref, ce sont toutes les bonnes idées déjà présentes sur le Wavestate.
Allez, parlons connectique. Toujours aussi minimaliste, elle est intégralement située sur le panneau arrière : prise casque stéréo (jack 6,35), paire de sorties stéréo (2 jacks 6,35 TRS symétriques, merci !), prise pour pédale de maintien (jack 6,35 simple), prise USB B (Midi uniquement), entrée/sortie Midi, interrupteur secteur et borne pour alimentation externe (12 VDC à centre positif avec bloc à l’extrémité bien cheap). Pas très généreux…
Textures évolutives
Le Modwave démarre en une bonne trentaine de secondes. La machine est livrée avec 250 Performances et 435 programmes. La capacité mémoire, gérée sous forme de base de données, n’est pas connue, mais on parle de plusieurs milliers d’emplacements pour les différents éléments (Performances, programmes, listes de favoris, lignes de séquences, tempéraments, effets…). Les programmes, tout comme les autres éléments précédemment cités, sont sauvegardés automatiquement au sein des Performances.
On peut aussi le faire séparément, au risque d’en mettre un peu partout, mais on pourra ensuite faire le ménage dans la base de données, notamment avec l’éditeur bibliothécaire fourni. Pour la scène, on peut créer des listes de favoris pointant vers 64 Performances, accessibles rapidement avec la rangée de 16 touches ; le nombre maximum de listes n’est pas connu là non plus, mais ça devrait pouvoir couvrir les dates des dix prochaines années, vu l’énorme capacité mémoire globale.
On apprécie la qualité audio (rappelons les jacks symétriques), les très bons niveaux de sortie et l’absence de bruit de fond. On applaudit des deux mains la transition en douceur entre les programmes (SST) qui fonctionne parfaitement, au point qu’on peut parfois jouer une performance tout en maintenant l’autre. Les sons proposés donnent un aperçu immédiat des territoires de prédilection du Modwave : textures atmosphériques, nappes évolutives taillées pour l’illustration sonore, effets spéciaux spectaculaires, boucles rythmiques qui tabassent, sons métalliques modulés, cloches en tout genre. On est bien dans l’esprit des synthés à tables d’ondes qui ont fait le bonheur des studios dès le début des 80’s, PPG en tête, puis Waldorf, Sequential et Korg lui-même. Il ne faut pas hésiter à bouger les contrôleurs physiques et tourner les potentiomètres de modulation amener des évolutions supplémentaires. Les multisamples et les filtres intégrés permettent de naviguer un peu dans les registres sonores acoustiques, orchestraux et analogiques, mais ce ne sont clairement pas les domaines de prédilection du Modwave. On les utilisera plutôt pour empiler des mélanges de textures ou en dépannage.
- Modwave_1audio 01 The Eveil00:40
- Modwave_1audio 02 Brassy Pad00:45
- Modwave_1audio 03 Indus Bass00:39
- Modwave_1audio 04 Soft Transition00:28
- Modwave_1audio 05 Acid Rise01:06
- Modwave_1audio 06 Motion Brass00:43
- Modwave_1audio 07 Shaku Atchum01:02
- Modwave_1audio 08 D Formation00:37
- Modwave_1audio 09 Enya Arp01:17
- Modwave_1audio 10 Noise Tex01:04
Principes généraux
Le Modwave est un synthé polyphonique 32 voix stéréo et bitimbral. L’allocation des voix est dynamique entre les deux canaux, mais on peut fixer les limites. Les sons sont organisés en Performances, contenant chacune deux couches de programmes (A et B), ainsi que deux effets globaux (réverbe, EQ). Chaque couche offre une section synthèse, des modulations, trois effets, un arpège et une séquence à mouvements. Pour chaque couche, on peut régler le numéro de programme, le volume, la tessiture, la vélocité (avec
fondus hauts et bas pour les deux). Cela se fait via le menu ou le clavier, bien pratique. On peut transposer par octave/demi-ton/centième, ajouter un facteur aléatoire dans le pitch, définir le type de déclenchement (à l’enfoncement ou au relâchement de touche, sympa !) et forcer le maintien de touche.
Vient ensuite l’assignation des voix : mono avec priorité de jeu + unisson (nombre de voix, désaccordage, épaisseur et largeur stéréo) ou poly (empilage ou redéclenchement d’une même note, utile pour les percussions) avec allocation dynamique ou statique de 1 à 32 voix. On passe ensuite au pilotage et filtrage : canal Midi de réception (global ou 1–16), réception de la pédale de maintien et réception de CC Midi. Cela ressemble beaucoup à la structuration du Wavestate, avec une organisation par pages menu fort logique et une navigation claire. Au niveau supérieur de la Performance, on peut régler le volume, la transposition, le tempo et le tempérament clavier (10 Presets + note de référence).
Table ronde
Chaque voix de synthèse est constituée de deux oscillateurs, un Sub oscillateur, un mélangeur stéréo, un filtre, un ampli stéréo et des modulations. Chaque oscillateur utilise une table d’ondes, deux tables d’ondes mélangées ou un multisample. On parle bien ici de tables d’ondes et pas de séquences d’ondes, contrairement au Wavestate. C’est principalement en cela que les deux synthés diffèrent. Une table d’ondes enchaine jusqu’à 64 ondes numériques sur un cycle (comme sur un PPG Wave ou un Waldorf Microwave), alors qu’une séquence d’ondes enchaine des samples (comme sur un Wavestation). Dans le Modwave (OS 1.0.97 testé), on a 238 tables d’ondes. Certaines sont fabriquées à partir de formes d’ondes élémentaires des DW6000/8000, du Prophet-VS ou du Wavestation. Une onde est codée sur 32 bits à virgule flottante et elle-même stockée sous forme de table de 2048 échantillons, activés suivant le pitch. Korg fournit une version spécifique du logiciel WaveEdit pour créer ses propres tables d’ondes, à partir de bibliothèques existantes ou en partant de zéro, avec les outils de resynthèse et d’import de samples, bravo !
Une fois l’onde choisie, on définit le point de lecture et la phase de l’onde initiale. Le point est directement modulable par une enveloppe dédiée, elle-même modulable par la vélocité. On peut ensuite altérer le contenu harmonique avec une trentaine de traitements non éditables : masquer certaines harmoniques, en booster d’autres, appliquer un filtre… très rapide à tester. La transition entre les ondes d’une même table est dosée par un paramètre de fondu. Le deuxième mode de fonctionnement de l’oscillateur est le mélange de deux tables d’ondes. Rappelons au passage qu’il y a deux oscillateurs par programme et deux programmes par Performance, donc on peut s’amuser avec pas mal de tables d’ondes simultanées. La balance entre les deux tables est modulable.
Enfin, l’oscillateur peut faire appel à un multisample. La banque intégrée, totalisant quelques Go, représente dans les 2.400 multisamples. Tous ceux du Wavestate sont présents, issus des Kronos, Krome, Wavestation, Prophet-VS et des banques Plugin Guru. S’y ajoutent quelques multisamples spécifiques au Modwave. Au programme, la panoplie habituelle de sons acoustiques et électriques, des percussions, des attaques courtes, des effets spéciaux et plein d’ondes synthétiques. En utilisant les quatre oscillateurs de la Performance, on peut créer des instruments multicouches, mais cela ne remplace évidemment pas une workstation. On peut choisir un point de départ de lecture alternatif du multisample (jusqu’à 8 index prédéfinis dans chacun), utile notamment pour contourner plus ou moins les transitoires.
Chose intéressante et inhabituelle, les tables d’ondes et les multisamples peuvent être transformés en temps réel dans le domaine audio. Pour les tables, il y a 10 types de morphing, dont la synchro (avec un oscillateur virtuel), l’étirement temporel, l’inversion partielle de polarité, l’effet miroir et des sortes de PWM. Il y également 3 types de morphing faisant interagir les deux oscillateurs – à savoir FM, AM et RM – avec quantités modulables par des LFO dédiés, bravo ! Pour les multisamples, seuls l’AM et la RM sont disponibles, ce qui est mieux que rien et tout aussi inhabituel sur les synthés à tables d’ondes ou samples. Toute cette partie de modulations audio est vraiment sympathique ! Les autres réglages des oscillateurs sont essentiellement liés au pitch : octave, demi-ton, centième, pente de suivi de clavier, portamento (type de déclenchement, temps/vitesse, durée) et modulation par le LFO. Les oscillateurs passent ensuite dans un mixeur où ils sont rejoints par un Sub oscillateur ou générateur de bruit (carrée, triangle à –2/-1/0 octaves sous le pitch ou différentes couleurs de bruit). Pour chaque source, on règle le volume et le panoramique.
Filtres modélisés
Le mixeur de sources étant stéréo, le filtre l’est aussi, ce qui est une excellente nouvelle, puisqu’il permet de conserver les réglages individuels de panoramique. Le Modwave offre les mêmes types de filtres que le Wavestate : LPF/BPF/HPF/Notch sur 2 et 4 pôles, multifiltre, Polysix LPF 4 pôles, MS-20 LPF 2 pôles et MS-20 HPF 2 pôles. Le multifiltre permet de passer progressivement entre deux profils de filtrage, avec possibilité de régler les trois niveaux de sortie des étages LPF/BPF/HPF et le signal non filtré. Il y a même des Presets, sympa ! Les filtres modélisés sur le MS-20 sont évidemment capables d’auto-osciller de manière outrancière avec une saturation importante. Le filtre modélisé sur le Polysix est plus doux et soyeux. Suivant le type de filtre, on peut ajuster les basses, booster ou compenser le pic de résonance, régler le niveau d’entrée jusqu’à déstabiliser le filtre ou encore doser le niveau de sortie du filtre.
Petite ombre au tableau, la fréquence de coupure du filtre se règle par demi-ton. Cela génère des pas audibles en auto-oscillation, lorsqu’on tourne très lentement le potentiomètre de Cutoff. Par contre, il y a un algorithme de lissage en arrière-plan pour atténuer l’effet sur les mouvements plus rapides. On peut contourner ce problème en utilisant l’encodeur de données central après avoir activé le potentiomètre de Cutoff, car la précision passe au centième, donc on n’entend plus aucun pas même à vitesse lente, rusé ! La coupure du filtre est directement modulable par un LFO, une enveloppe dédiée (bipolaire), la vélocité sur l’enveloppe et le suivi de clavier (générateur multisegments). En sortie de filtre, on trouve la section d’amplification : volume, modulation directe par un LFO, vélocité et suivi de clavier (générateur multisegments bis). La modulation du volume par une enveloppe n’est pas directement dosable, cela nécessite de passer par la matrice de modulation si on en a besoin. Viennent enfin les réglages de panoramique - position stéréo et modulation aléatoire – le reste se faisant via la matrice de modulation. Tout cela est toujours aussi complet.
Modulations assurées
Chacune des deux couches sonores dispose de 5 LFO, 4 enveloppes ADSR, 2 processeurs de modulation et 2 suiveurs de clavier complexes (déjà mentionnés). Les LFO sont préassignés au pitch, à la position d’onde de chaque oscillateur, au filtre et au volume. Leur vitesse peut être synchronisée au tempo ou osciller librement entre 0,001 et 32 Hz. On dispose de 18 formes d’onde plus ou moins complexes (élémentaires, vibrato, à pas, bend guitare, aléatoires). On peut aussi régler la phase, le décalage vertical, le fondu d’entrée, l’adoucissement de l’onde et le mode de cycle (libre ou forcé). Les 4 enveloppes sont de type ADSR. Elles sont préassignées au filtre, au volume et à la position d’onde de chaque oscillateur. Le Sustain est bipolaire pour les enveloppes de filtre et de position d’onde. Les segments de temps varient de 0 à 90 secondes. On peut modifier leur courbe en continu, entre linéaire et exponentielle/log. Le cycle peut être redéclenché par une source assignable ou une note. Les processeurs de modulation permettent d’alterner, décaler, quantifier, étaler, incurver, adoucir, sommer une ou plusieurs modulations.
Passons maintenant à la matrice de modulation. Le nombre de maximum cordons n’est pas défini, mais si c’est comme pour le Wavestate, on peut tabler sur plusieurs dizaines voire des centaines, en plus des modulations préassignées. Chaque cordon comprend une source principale, une quantité bipolaire, une source latérale (modulation de modulation) et une destination. L’assignation des sources et destinations est très intuitive, via les commandes directes, les contrôleurs physiques (y compris la vélocité clavier), les CC Midi ou les menus (en dernier recours, lorsque les paramètres à assigner y sont cachés). Les sources concernent les contrôleurs physiques (clavier, molettes, pad, pédale de maintien), les générateurs (enveloppes, LFO) et les CC Midi. Côté destinations, tout ou presque est assignable, y compris au sein des effets et des séquences de mouvements. Des pages menus spécifiques permettent de visualiser et éditer les routages et quantités de modulation. La liste pouvant être longue, une fonction permet de filtrer les modulations par type. Là encore, une section extrêmement puissante !
Effets généreux
La structure des effets du Modwave est identique à celle du Wavestate, à savoir trois effets par couche et deux effet globaux. Les fonctionnalités sont elles aussi identiques à celles du Wavestate, nous allons donc nous permettre un copier-coller dans cette partie du test. Au niveau de chaque couche, on a un Pre-FX, un Mod-FX et un Delay. Pour chacun, on choisit l’algorithme et, si on le souhaite, l’un des Presets associés (654 en tout !), puis on règle les paramètres. On peut ainsi ajuster les différents niveaux (entrée, balance, sortie) et trois paramètres assignés à des potentiomètres dédiés. Parmi les algorithmes Pre-FX, citons un décimateur (effet numérique lo-fi), des EQ, des compresseurs, un modulateur en anneau, un tremolo et un Waveshaper. Parmi les algorithmes Mod-FX, citons des chorus, phaser, flanger, phaser, wahwah. Certains effets sont des modélisations de célèbres produits vintage sur lesquels Korg a une certaine expérience. Enfin, il reste à choisir et paramétrer le délai, de type LCR, stéréo, inversé ou encore écho à bande. La qualité sonore est excellente, on sent la maîtrise de longue date de Korg dès qu’il s’agit d’effets.
Au niveau global de la Performance, on trouve deux effets maîtres : réverbe et EQ 4 bandes semi-paramétriques. Il y a deux grandes familles de réverbes, basées sur une quarantaine de Presets éditables, là encore avec des réglages de niveau sonore et trois paramètres variables. La réverbe est très bonne, on peut vraiment embellir les sons en utilisant les différents modes. On aimerait d’ailleurs en avoir plus (inversions, portes, plaques…). Il y a évidemment moins d’algorithmes et d’occurrences que sur une station de travail, mais les choix faits par Korg sont judicieux et offrent un bon rapport puissance/ergonomie. Autre point à noter, les effets sont dynamiques, puisqu’on peut assigner les paramètres éditables via la matrice de modulation. Super !
Séquences à mouvements
Le Wavestate permettait de séquencer des ondes ou échantillons, le Modwave permet pour sa part de séquencer des notes et des modulations. C’est l’un des points essentiels qui différencient les deux machines. Il s’agit d’un séquenceur à mouvements. Le principe est toutefois très proche de celui du Wavestate, sauf qu’on ne peut pas changer de forme d’onde ou sample à chaque pas. Une séquence à mouvements est organisée en lignes de 64 pas, chaque ligne gérant des paramètres différents : Timing, Pitch, Shape et quatre lignes de mouvements assignables. Chaque ligne a ses propres nombres de pas, points de bouclage, répétitions, sens de
lecture (avant, arrière, alterné, aléatoire), modes d’incrémentation de note et probabilités de déclenchements de pas. Une ligne maitresse définit le temps ou le nombre de battements au bout duquel toute la séquence redémarre. On peut importer l’une des lignes de la base de données (901 sont déjà préchargées pour chaque type de ligne, en plus des 347 séquences complètes !) ou partir de zéro.
Chaque touche du clavier déclenche une voix mono transposée suivant la note racine, si bien qu’on peut jouer des solos, des accords ou des notes décalées. Les notes de la ligne de pitch sont enregistrées en pas-à-pas au clavier, avec incrémentation automatique. On peut tout de suite corriger les notes et se balader dans les pas avec les touches <>, bien vu ! Les quatre lignes de mouvements se programment en temps réel, en bougeant un potentiomètre par ligne. Les valeurs sont mémorisées pour chaque pas, le temps d’une boucle complète, puis lissées entre les pas si l’utilisateur le souhaite, avec différentes courbes au choix. Les pas mémorisent des valeurs relatives, que ce soit pour la ligne de pitch (écart par rapport à la note racine définie et la transposition jouée au clavier), ou pour chaque ligne de mouvements (pourcentage par rapport au paramètre de synthèse mémorisé dans le programme).
L’édition se fait ensuite ligne par ligne, pas par pas. C’est ainsi qu’on accède aux lignes de Timing (durée ou division temporelle du pas, facteur de swing, type note/silence/pause) et de Shape (enveloppe de modulation par pas, assignable au volume, à la ligne de pitch et aux quatre lignes de mouvements). Pour la ligne de pitch, on peut définir un tempérament global puis modifier, dans chaque pas, le décalage de note et l’accordage par demi-ton. De nombreux réglages sont modulables (points de bouclage, probabilité…), ce qui ajoute du piment dans les séquences. Nous avons trouvé la même restriction que sur le Wavestate, à savoir l’impossibilité d’éditer plusieurs pas d’une ligne en même temps, dommage. Si on est perdu dans les menus, on peut toujours passer par l’éditeur externe, qui donne une vision globale de la séquence. Les lignes utilisateur peuvent être sauvegardées dans la base de données, sans restriction connue de taille mémoire, mais sont aussi sauvegardées avec la performance en cours, ce qui simplifie les choses, bravo ! Les notes séquencées ne sont pas transmises en midi ; en fait, dans l’esprit, il s’agit plus de décalages de pitch que de notes à proprement parler, mais nous pensons que l’un n’empêchait pas l’autre…
Arpégiateur bitimbral
On peut activer un arpège différent sur chacune des deux couches sonores. Utilisé en conjonction avec le séquenceur à mouvements – en particulier le mode d’incrémentation de pas, on peut créer des motifs complexes surprenants en utilisant quelques doigts à bon escient. On trouve les motifs haut, bas, alterné (2 types) et aléatoire. Les notes peuvent être répétées dans l’ordre où elles ont été jouées ou triées selon le motif. La résolution va de 1/32T à 1/4 de note et le swing de –100 à +100 %. Les notes peuvent être arpégées sur 1 à 4 octaves, avec un temps de Gate de 0 à 100 %.
Les arpèges peuvent être ou non synchronisées aux séquences de mouvements. N’oublions pas le mode Latch qui permet de garder ses doigts pour d’autres tâches. Question devenue habituelle : l’arpégiateur transmet-il les notes en Midi ? Eh bien toujours pas, pfff… L’arpégiateur scanne uniquement les notes dans la tessiture programmée, donc on peut faire tourner deux arpèges indépendants en mode split, parfait. Par contre, la fonction Hold n’est pas très bien gérée : elle est globale, plutôt que par couche, donc cela ne permet pas de tenir un arpège sur une couche et de jouer l’autre à la main sans maintien. De plus, elle a tendance à se comporter étrangement (blocage) quand on change de couche et qu’on la désactive ensuite. Un tout petit point à corriger…
Conclusion
Le Modwave complète la gamme de synthés spécialisés Korg, déjà composée du Wavestate et de l’Opsix. Aux séquences d’ondes et à la FM s’ajoute désormais la synthèse à tables d’ondes. On apprécie le format compact, la puissance de synthèse, les timbres évolutifs, la taille de mémoire et la prise en main plus aisée que sur le Wavestate. C’est notamment dû à des commandes mieux choisies, en particulier la section oscillateurs en accès direct, permettant de choisir rapidement une source sonore et de la moduler.
Du coup, on peut tester rapidement des constructions sonores très différentes, en fonction des besoins et de l’inspiration du moment, sans avoir systématiquement recours à l’éditeur externe. L’intérêt du synthé réside aussi dans sa capacité à moduler des tables ondes dans le domaine audio (synchro, FM, AM, RM) et à importer des tables utilisateurs conçues dans un éditeur externe. On apprécie également l’arpégiateur utilisable simultanément avec le séquenceur à mouvements, la section effets et le pad de modulation très ludique. Quelques sacrifices ont toutefois été faits, comme sur ses prédécesseurs : clavier moyen, dessous de coque en plastique, connectique minimaliste et alimentation externe cheap. On aurait aussi aimé la transmission Midi des notes arpégées/séquencées et l’audio via USB. Ceci étant posé, nous saluons l’initiative de Korg de continuer à enrichir sa gamme de synthés spécialisés compacts, à caractère, puissants, ouverts et à tarif tout à fait raisonnable.