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Test du Modwave de Korg - Une nouvelle nouvelle vague

8/10

Un an et quelques mois à peine après le Wavestate et l'Opsix, Korg présente le Modwave, un nouveau synthé compact à tables d’ondes. En quoi se distingue-t-il de son prédécesseur à séquences d’ondes ?

Test du Modwave de Korg : Une nouvelle nouvelle vague

Déci­dé­ment, Korg est très actif ces derniers temps dans le déve­lop­pe­ment de synthés compacts spécia­li­sés. Après le Waves­tate (séquences d’ondes) sorti début 2020 et l’Op­six (FM) sorti fin 2020, le construc­teur lance le Modwave, un synthé basé sur les tables d’ondes. C’est l’équipe R&D US qui a été une fois encore mise à contri­bu­tion. Si le Waves­tate descend du Waves­ta­tion, le Modwave reven­dique curieu­se­ment une filia­tion avec le DW-8000, un synthé hybride (ondes numé­riques courtes passées dans un filtre analo­gique) sorti en 1985, égale­ment testé dans nos colonnes. À notre sens, les deux synthés n’ont pas grand-chose à voir, que ce soit au plan sonore ou tech­no­lo­gique. Nous lui trou­vons en revanche de nombreux points communs avec le fantas­tique Micro­wave XTK de Waldorf, capable de modu­ler des tables d’ondes en temps réel et les passer dans des filtres numé­riques multi­modes, avec pléthore de commandes en façade pour mani­pu­ler le tout. En fait, nous allons voir, en texte et en images, que la machine est capable de combi­ner tables d’ondes et multi­samples, puis d’in­ter­mo­du­ler tout cela de manière surpre­nante. C’est donc un synthé bien plus éloi­gné du Waves­tate qu’il n’y parait…

Synthé compact

Le Modwave reprend la taille et l’ha­billage des Waves­tate et Opsix, la petite famille s’agran­dit donc genti­ment. Il est bâti dans une coque plas­tique recou­verte d’une façade en alu, ce qui n’en fait pas le synthé le plus lourd de l’his­toire (2,9 kg), mais pas non plus le plus robuste. Cette impres­sion se confirme en jouant le clavier 37 touches stan­dard bruyant et mou, sensible à la vélo­cité initiale et de relâ­che­ment, mais pas à la pres­sion. Le panneau est couvert de commandes, orga­ni­sées par section (oscil­la­teurs, filtres, enve­loppes, LFO, effets, sélec­tion des programmes/pas du séquen­ceur, poten­tio­mètres de modu­la­tion, édition/modes…). L’or­ga­ni­sa­tion est plus compré­hen­sible que sur le Waves­tate, avec notam­ment des commandes directes pour les oscil­la­teurs, qui rendent le synthé beau­coup plus simple d’uti­li­sa­tion que son prédé­ces­seur, où le choix des formes d’ondes était perdu dans le séquen­ceur. Les boutons Pitch et Amp semblent un peu isolés, mais pas introu­vables non plus…

Korg ModWave : Modwave_2tof 03.JPGOn compte 26 poten­tio­mètres rota­tifs (modes saut ou rela­tif), 1 enco­deur, 44 boutons rectan­gu­laires, 16 boutons carrés rétroé­clai­rés, 2 molettes et 1 pad de modu­la­tion, sur une surface compacte de 57 × 34 cm. Certaines commandes partagent plusieurs instances de modules (enve­loppes, LFO), d’autres cumulent deux fonc­tions (Shift). Deux touches permettent de sélec­tion­ner/acti­ver/couper les deux couches sonores qui consti­tuent une Perfor­mance. On peut trans­po­ser le clavier sur +/- 4 octaves avec deux touches situées sous les molettes. Quatre poten­tio­mètres assi­gnables permettent de créer des macro modu­la­tions en temps réel ; ils trans­mettent et reçoivent des CC Midi. Origi­nal, le pad permet de créer deux modu­la­tions simul­ta­nées, en coor­don­nées carté­siennes (X/Y) ou polaires (rayon/angle) suivant l’un de ses deux modes : soit pad clas­sique, soit surface 3D défor­mable para­mé­trable (type colline, pente, gouffre, cuvette, etc.), sur laquelle roule une bille virtuelle que l’on lance avec le doigt et qui part faire sa vie par gravi­ta­tion suivant la forme qu’on a donnée à la surface et rebon­dit sur les parois si on les a défi­nies ainsi. Tordant !

Modwave_2tof 10.JPGOn super­vise l’édi­tion avec un écran OLED mono­chrome 128 × 64 points. La navi­ga­tion dans les menus se fait au moyen des touches <>, de l’en­co­deur cranté et de la touche Enter. L’en­co­deur est sensible à la vitesse de rota­tion et peut sauter plusieurs pas en conjonc­tion avec la touche Enter, bien vu ! La plupart des pages affichent l’en­semble des para­mètres acces­sibles, on utilise rare­ment l’as­cen­seur ; le cas échéant, on peut filtrer certains para­mètres. Autres points d’er­go­no­mie impor­tants : l’écran affiche les séquences de mouve­ments et les courbes d’en­ve­loppe en temps réel ; on peut sélec­tion­ner les sons par caté­go­rie et les trier par ordre alpha­bé­tique ; les valeurs sont expri­mées dans leur véri­table unité (dB, demi-tons, secondes, Hz…) ; il existe une touche d’aide contex­tuelle et une fonc­tion Compare (aussi acces­sible au moment de sauve­gar­der) ; on trouve aussi une fonc­tion de créa­tion sonore aléa­toire, agis­sant à diffé­rents niveaux et sur diffé­rents para­mètres à défi­nir ; dans le mode utili­taire, on contrôle les voix actives, le vol de voix, la charge du CPU et sa tempé­ra­ture. Bref, ce sont toutes les bonnes idées déjà présentes sur le Waves­tate.

Allez, parlons connec­tique. Toujours aussi mini­ma­liste, elle est inté­gra­le­ment située sur le panneau arrière : prise casque stéréo (jack 6,35), paire de sorties stéréo (2 jacks 6,35 TRS symé­triques, merci !), prise pour pédale de main­tien (jack 6,35 simple), prise USB B (Midi unique­ment), entrée/sortie Midi, inter­rup­teur secteur et borne pour alimen­ta­tion externe (12 VDC à centre posi­tif avec bloc à l’ex­tré­mité bien cheap). Pas très géné­reux…  

Textures évolu­tives

Le Modwave démarre en une bonne tren­taine de secondes. La machine est livrée avec 250 Perfor­mances et 435 programmes. La capa­cité mémoire, gérée sous forme de base de données, n’est pas connue, mais on parle de plusieurs milliers d’em­pla­ce­ments pour les diffé­rents éléments (Perfor­mances, programmes, listes de favo­ris, lignes de séquences, tempé­ra­ments, effets…). Les programmes, tout comme les autres éléments précé­dem­ment cités, sont sauve­gar­dés auto­ma­tique­ment au sein des Perfor­mances.
On peut aussi le faire sépa­ré­ment, au risque d’en mettre un peu partout, mais on pourra ensuite faire le ménage dans la base de données, notam­ment avec l’édi­teur biblio­thé­caire fourni. Pour la scène, on peut créer des listes de favo­ris poin­tant vers 64 Perfor­mances, acces­sibles rapi­de­ment avec la rangée de 16 touches ; le nombre maxi­mum de listes n’est pas connu là non plus, mais ça devrait pouvoir couvrir les dates des dix prochaines années, vu l’énorme capa­cité mémoire globale.

Korg ModWave : Modwave_2tof 06.JPGOn appré­cie la qualité audio (rappe­lons les jacks symé­triques), les très bons niveaux de sortie et l’ab­sence de bruit de fond. On applau­dit des deux mains la tran­si­tion en douceur entre les programmes (SST) qui fonc­tionne parfai­te­ment, au point qu’on peut parfois jouer une perfor­mance tout en main­te­nant l’autre. Les sons propo­sés donnent un aperçu immé­diat des terri­toires de prédi­lec­tion du Modwave : textures atmo­sphé­riques, nappes évolu­tives taillées pour l’illus­tra­tion sonore, effets spéciaux spec­ta­cu­laires, boucles ryth­miques qui tabassent, sons métal­liques modu­lés, cloches en tout genre. On est bien dans l’es­prit des synthés à tables d’ondes qui ont fait le bonheur des studios dès le début des 80’s, PPG en tête, puis Waldorf, Sequen­tial et Korg lui-même. Il ne faut pas hési­ter à bouger les contrô­leurs physiques et tour­ner les poten­tio­mètres de modu­la­tion amener des évolu­tions supplé­men­taires. Les multi­samples et les filtres inté­grés permettent de navi­guer un peu dans les registres sonores acous­tiques, orches­traux et analo­giques, mais ce ne sont clai­re­ment pas les domaines de prédi­lec­tion du Modwave. On les utili­sera plutôt pour empi­ler des mélanges de textures ou en dépan­nage.

Modwave_1audio 01 The Eveil
00:0000:40
  • Modwave_1audio 01 The Eveil00:40
  • Modwave_1audio 02 Brassy Pad00:45
  • Modwave_1audio 03 Indus Bass00:39
  • Modwave_1audio 04 Soft Tran­si­tion00:28
  • Modwave_1audio 05 Acid Rise01:06
  • Modwave_1audio 06 Motion Brass00:43
  • Modwave_1audio 07 Shaku Atchum01:02
  • Modwave_1audio 08 D Forma­tion00:37
  • Modwave_1audio 09 Enya Arp01:17
  • Modwave_1audio 10 Noise Tex01:04

  

Prin­cipes géné­raux

Le Modwave est un synthé poly­pho­nique 32 voix stéréo et bitim­bral. L’al­lo­ca­tion des voix est dyna­mique entre les deux canaux, mais on peut fixer les limites. Les sons sont orga­ni­sés en Perfor­mances, conte­nant chacune deux couches de programmes (A et B), ainsi que deux effets globaux (réverbe, EQ). Chaque couche offre une section synthèse, des modu­la­tions, trois effets, un arpège et une séquence à mouve­ments. Pour chaque couche, on peut régler le numéro de programme, le volume, la tessi­ture, la vélo­cité (avec
fondus hauts et bas pour les deux). Cela se fait via le menu ou le clavier, bien pratique. On peut trans­po­ser par octave/demi-ton/centième, ajou­ter un facteur aléa­toire dans le pitch, défi­nir le type de déclen­che­ment (à l’en­fon­ce­ment ou au relâ­che­ment de touche, sympa !) et forcer le main­tien de touche.

Korg ModWave : Modwave_2tof 08.JPGVient ensuite l’as­si­gna­tion des voix : mono avec prio­rité de jeu + unis­son (nombre de voix, désac­cor­dage, épais­seur et largeur stéréo) ou poly (empi­lage ou redé­clen­che­ment d’une même note, utile pour les percus­sions) avec allo­ca­tion dyna­mique ou statique de 1 à 32 voix. On passe ensuite au pilo­tage et filtrage : canal Midi de récep­tion (global ou 1–16), récep­tion de la pédale de main­tien et récep­tion de CC Midi. Cela ressemble beau­coup à la struc­tu­ra­tion du Waves­tate, avec une orga­ni­sa­tion par pages menu fort logique et une navi­ga­tion claire. Au niveau supé­rieur de la Perfor­mance, on peut régler le volume, la trans­po­si­tion, le tempo et le tempé­ra­ment clavier (10 Presets + note de réfé­rence).

Table ronde

Chaque voix de synthèse est consti­tuée de deux oscil­la­teurs, un Sub oscil­la­teur, un mélan­geur stéréo, un filtre, un ampli stéréo et des modu­la­tions. Chaque oscil­la­teur utilise une table d’ondes, deux tables d’ondes mélan­gées ou un multi­sample. On parle bien ici de tables d’ondes et pas de séquences d’ondes, contrai­re­ment au Waves­tate. C’est prin­ci­pa­le­ment en cela que les deux synthés diffèrent. Une table d’ondes enchaine jusqu’à 64 ondes numé­riques sur un cycle (comme sur un PPG Wave ou un Waldorf Micro­wave), alors qu’une séquence d’ondes enchaine des samples (comme sur un Waves­ta­tion). Dans le Modwave (OS 1.0.97 testé), on a 238 tables d’ondes. Certaines sont fabriquées à partir de formes d’ondes élémen­taires des DW6000/8000, du Prophet-VS ou du Waves­ta­tion. Une onde est codée sur 32 bits à virgule flot­tante et elle-même stockée sous forme de table de 2048 échan­tillons, acti­vés suivant le pitch. Korg four­nit une version spéci­fique du logi­ciel WaveE­dit pour créer ses propres tables d’ondes, à partir de biblio­thèques exis­tantes ou en partant de zéro, avec les outils de resyn­thèse et d’im­port de samples, bravo !

Modwave_4screenshot Editor 01Une fois l’onde choi­sie, on défi­nit le point de lecture et la phase de l’onde initiale. Le point est direc­te­ment modu­lable par une enve­loppe dédiée, elle-même modu­lable par la vélo­cité. On peut ensuite alté­rer le contenu harmo­nique avec une tren­taine de trai­te­ments non éditables : masquer certaines harmo­niques, en boos­ter d’autres, appliquer un filtre… très rapide à tester. La tran­si­tion entre les ondes d’une même table est dosée par un para­mètre de fondu. Le deuxième mode de fonc­tion­ne­ment de l’os­cil­la­teur est le mélange de deux tables d’ondes. Rappe­lons au passage qu’il y a deux oscil­la­teurs par programme et deux programmes par Perfor­mance, donc on peut s’amu­ser avec pas mal de tables d’ondes simul­ta­nées. La balance entre les deux tables est modu­lable.

Enfin, l’os­cil­la­teur peut faire appel à un multi­sample. La banque inté­grée, tota­li­sant quelques Go, repré­sente dans les 2.400 multi­samples. Tous ceux du Waves­tate sont présents, issus des Kronos, Krome, Waves­ta­tion, Prophet-VS et des banques Plugin Guru. S’y ajoutent quelques multi­samples spéci­fiques au Modwave. Au programme, la pano­plie habi­tuelle de sons acous­tiques et élec­triques, des percus­sions, des attaques courtes, des effets spéciaux et plein d’ondes synthé­tiques. En utili­sant les quatre oscil­la­teurs de la Perfor­mance, on peut créer des instru­ments multi­couches, mais cela ne remplace évidem­ment pas une works­ta­tion. On peut choi­sir un point de départ de lecture alter­na­tif du multi­sample (jusqu’à 8 index prédé­fi­nis dans chacun), utile notam­ment pour contour­ner plus ou moins les tran­si­toires.

Modwave_3graph 03 WT XFade.JPGChose inté­res­sante et inha­bi­tuelle, les tables d’ondes et les multi­samples peuvent être trans­for­més en temps réel dans le domaine audio. Pour les tables, il y a 10 types de morphing, dont la synchro (avec un oscil­la­teur virtuel), l’éti­re­ment tempo­rel, l’in­ver­sion partielle de pola­rité, l’ef­fet miroir et des sortes de PWM. Il y égale­ment 3 types de morphing faisant inter­agir les deux oscil­la­teurs – à savoir FM, AM et RM – avec quan­ti­tés modu­lables par des LFO dédiés, bravo ! Pour les multi­samples, seuls l’AM et la RM sont dispo­nibles, ce qui est mieux que rien et tout aussi inha­bi­tuel sur les synthés à tables d’ondes ou samples. Toute cette partie de modu­la­tions audio est vrai­ment sympa­thique ! Les autres réglages des oscil­la­teurs sont essen­tiel­le­ment liés au pitch : octave, demi-ton, centième, pente de suivi de clavier, porta­mento (type de déclen­che­ment, temps/vitesse, durée) et modu­la­tion par le LFO. Les oscil­la­teurs passent ensuite dans un mixeur où ils sont rejoints par un Sub oscil­la­teur ou géné­ra­teur de bruit (carrée, triangle à –2/-1/0 octaves sous le pitch ou diffé­rentes couleurs de bruit). Pour chaque source, on règle le volume et le pano­ra­mique.  

Filtres modé­li­sés

Le mixeur de sources étant stéréo, le filtre l’est aussi, ce qui est une excel­lente nouvelle, puisqu’il permet de conser­ver les réglages indi­vi­duels de pano­ra­mique. Le Modwave offre les mêmes types de filtres que le Waves­tate : LPF/BPF/HPF/Notch sur 2 et 4 pôles, multi­filtre, Poly­six LPF 4 pôles, MS-20 LPF 2 pôles et MS-20 HPF 2 pôles. Le multi­filtre permet de passer progres­si­ve­ment entre deux profils de filtrage, avec possi­bi­lité de régler les trois niveaux de sortie des étages LPF/BPF/HPF et le signal non filtré. Il y a même des Presets, sympa ! Les filtres modé­li­sés sur le MS-20 sont évidem­ment capables d’auto-oscil­ler de manière outran­cière avec une satu­ra­tion impor­tante. Le filtre modé­lisé sur le Poly­six est plus doux et soyeux. Suivant le type de filtre, on peut ajus­ter les basses, boos­ter ou compen­ser le pic de réso­nance, régler le niveau d’en­trée jusqu’à désta­bi­li­ser le filtre ou encore doser le niveau de sortie du filtre.

Modwave_2tof 14.JPGPetite ombre au tableau, la fréquence de coupure du filtre se règle par demi-ton. Cela génère des pas audibles en auto-oscil­la­tion, lorsqu’on tourne très lente­ment le poten­tio­mètre de Cutoff. Par contre, il y a un algo­rithme de lissage en arrière-plan pour atté­nuer l’ef­fet sur les mouve­ments plus rapides. On peut contour­ner ce problème en utili­sant l’en­co­deur de données central après avoir activé le poten­tio­mètre de Cutoff, car la préci­sion passe au centième, donc on n’en­tend plus aucun pas même à vitesse lente, rusé ! La coupure du filtre est direc­te­ment modu­lable par un LFO, une enve­loppe dédiée (bipo­laire), la vélo­cité sur l’en­ve­loppe et le suivi de clavier (géné­ra­teur multi­seg­ments). En sortie de filtre, on trouve la section d’am­pli­fi­ca­tion : volume, modu­la­tion directe par un LFO, vélo­cité et suivi de clavier (géné­ra­teur multi­seg­ments bis). La modu­la­tion du volume par une enve­loppe n’est pas direc­te­ment dosable, cela néces­site de passer par la matrice de modu­la­tion si on en a besoin. Viennent enfin les réglages de pano­ra­mique - posi­tion stéréo et modu­la­tion aléa­toire – le reste se faisant via la matrice de modu­la­tion. Tout cela est toujours aussi complet.  

Modu­la­tions assu­rées

Chacune des deux couches sonores dispose de 5 LFO, 4 enve­loppes ADSR, 2 proces­seurs de modu­la­tion et 2 suiveurs de clavier complexes (déjà mention­nés). Les LFO sont préas­si­gnés au pitch, à la posi­tion d’onde de chaque oscil­la­teur, au filtre et au volume. Leur vitesse peut être synchro­ni­sée au tempo ou oscil­ler libre­ment entre 0,001 et 32 Hz. On dispose de 18 formes d’onde plus ou moins complexes (élémen­taires, vibrato, à pas, bend guitare, aléa­toires). On peut aussi régler la phase, le déca­lage verti­cal, le fondu d’en­trée, l’adou­cis­se­ment de l’onde et le mode de cycle (libre ou forcé). Les 4 enve­loppes sont de type ADSR. Elles sont préas­si­gnées au filtre, au volume et à la posi­tion d’onde de chaque oscil­la­teur. Le Sustain est bipo­laire pour les enve­loppes de filtre et de posi­tion d’onde. Les segments de temps varient de 0 à 90 secondes. On peut modi­fier leur courbe en continu, entre linéaire et expo­nen­tielle/log. Le cycle peut être redé­clen­ché par une source assi­gnable ou une note. Les proces­seurs de modu­la­tion permettent d’al­ter­ner, déca­ler, quan­ti­fier, étaler, incur­ver, adou­cir, sommer une ou plusieurs modu­la­tions.

Modwave_4screenshot Editor 02Passons main­te­nant à la matrice de modu­la­tion. Le nombre de maxi­mum cordons n’est pas défini, mais si c’est comme pour le Waves­tate, on peut tabler sur plusieurs dizaines voire des centaines, en plus des modu­la­tions préas­si­gnées. Chaque cordon comprend une source prin­ci­pale, une quan­tité bipo­laire, une source laté­rale (modu­la­tion de modu­la­tion) et une desti­na­tion. L’as­si­gna­tion des sources et desti­na­tions est très intui­tive, via les commandes directes, les contrô­leurs physiques (y compris la vélo­cité clavier), les CC Midi ou les menus (en dernier recours, lorsque les para­mètres à assi­gner y sont cachés). Les sources concernent les contrô­leurs physiques (clavier, molettes, pad, pédale de main­tien), les géné­ra­teurs (enve­loppes, LFO) et les CC Midi. Côté desti­na­tions, tout ou presque est assi­gnable, y compris au sein des effets et des séquences de mouve­ments. Des pages menus spéci­fiques permettent de visua­li­ser et éditer les routages et quan­ti­tés de modu­la­tion. La liste pouvant être longue, une fonc­tion permet de filtrer les modu­la­tions par type. Là encore, une section extrê­me­ment puis­sante !  

Effets géné­reux

La struc­ture des effets du Modwave est iden­tique à celle du Waves­tate, à savoir trois effets par couche et deux effet globaux. Les fonc­tion­na­li­tés sont elles aussi iden­tiques à celles du Waves­tate, nous allons donc nous permettre un copier-coller dans cette partie du test. Au niveau de chaque couche, on a un Pre-FX, un Mod-FX et un Delay. Pour chacun, on choi­sit l’al­go­rithme et, si on le souhaite, l’un des Presets asso­ciés (654 en tout !), puis on règle les para­mètres. On peut ainsi ajus­ter les diffé­rents niveaux (entrée, balance, sortie) et trois para­mètres assi­gnés à des poten­tio­mètres dédiés. Parmi les algo­rithmes Pre-FX, citons un déci­ma­teur (effet numé­rique lo-fi), des EQ, des compres­seurs, un modu­la­teur en anneau, un tremolo et un Wave­sha­per. Parmi les algo­rithmes Mod-FX, citons des chorus, phaser, flan­ger, phaser, wahwah. Certains effets sont des modé­li­sa­tions de célèbres produits vintage sur lesquels Korg a une certaine expé­rience. Enfin, il reste à choi­sir et para­mé­trer le délai, de type LCR, stéréo, inversé ou encore écho à bande. La qualité sonore est excel­lente, on sent la maîtrise de longue date de Korg dès qu’il s’agit d’ef­fets.

Modwave_2tof 07.JPGAu niveau global de la Perfor­mance, on trouve deux effets maîtres : réverbe et EQ 4 bandes semi-para­mé­triques. Il y a deux grandes familles de réverbes, basées sur une quaran­taine de Presets éditables, là encore avec des réglages de niveau sonore et trois para­mètres variables. La réverbe est très bonne, on peut vrai­ment embel­lir les sons en utili­sant les diffé­rents modes. On aime­rait d’ailleurs en avoir plus (inver­sions, portes, plaques…). Il y a évidem­ment moins d’al­go­rithmes et d’oc­cur­rences que sur une station de travail, mais les choix faits par Korg sont judi­cieux et offrent un bon rapport puis­sance/ergo­no­mie. Autre point à noter, les effets sont dyna­miques, puisqu’on peut assi­gner les para­mètres éditables via la matrice de modu­la­tion. Super !  

Séquences à mouve­ments

Le Waves­tate permet­tait de séquen­cer des ondes ou échan­tillons, le Modwave permet pour sa part de séquen­cer des notes et des modu­la­tions. C’est l’un des points essen­tiels qui diffé­ren­cient les deux machines. Il s’agit d’un séquen­ceur à mouve­ments. Le prin­cipe est toute­fois très proche de celui du Waves­tate, sauf qu’on ne peut pas chan­ger de forme d’onde ou sample à chaque pas. Une séquence à mouve­ments est orga­ni­sée en lignes de 64 pas, chaque ligne gérant des para­mètres diffé­rents : Timing, Pitch, Shape et quatre lignes de mouve­ments assi­gnables. Chaque ligne a ses propres nombres de pas, points de bouclage, répé­ti­tions, sens de
lecture (avant, arrière, alterné, aléa­toire), modes d’in­cré­men­ta­tion de note et proba­bi­li­tés de déclen­che­ments de pas. Une ligne maitresse défi­nit le temps ou le nombre de batte­ments au bout duquel toute la séquence redé­marre. On peut impor­ter l’une des lignes de la base de données (901 sont déjà préchar­gées pour chaque type de ligne, en plus des 347 séquences complètes !) ou partir de zéro.

Korg ModWave : Modwave_3graph 04 Motion Seq.JPGChaque touche du clavier déclenche une voix mono trans­po­sée suivant la note racine, si bien qu’on peut jouer des solos, des accords ou des notes déca­lées. Les notes de la ligne de pitch sont enre­gis­trées en pas-à-pas au clavier, avec incré­men­ta­tion auto­ma­tique. On peut tout de suite corri­ger les notes et se bala­der dans les pas avec les touches <>, bien vu ! Les quatre lignes de mouve­ments se programment en temps réel, en bougeant un poten­tio­mètre par ligne. Les valeurs sont mémo­ri­sées pour chaque pas, le temps d’une boucle complète, puis lissées entre les pas si l’uti­li­sa­teur le souhaite, avec diffé­rentes courbes au choix. Les pas mémo­risent des valeurs rela­tives, que ce soit pour la ligne de pitch (écart par rapport à la note racine défi­nie et la trans­po­si­tion jouée au clavier), ou pour chaque ligne de mouve­ments (pour­cen­tage par rapport au para­mètre de synthèse mémo­risé dans le programme).

Modwave_4screenshot Editor 04L’édi­tion se fait ensuite ligne par ligne, pas par pas. C’est ainsi qu’on accède aux lignes de Timing (durée ou divi­sion tempo­relle du pas, facteur de swing, type note/silence/pause) et de Shape (enve­loppe de modu­la­tion par pas, assi­gnable au volume, à la ligne de pitch et aux quatre lignes de mouve­ments). Pour la ligne de pitch, on peut défi­nir un tempé­ra­ment global puis modi­fier, dans chaque pas, le déca­lage de note et l’ac­cor­dage par demi-ton. De nombreux réglages sont modu­lables (points de bouclage, proba­bi­li­té…), ce qui ajoute du piment dans les séquences. Nous avons trouvé la même restric­tion que sur le Waves­tate, à savoir l’im­pos­si­bi­lité d’édi­ter plusieurs pas d’une ligne en même temps, dommage. Si on est perdu dans les menus, on peut toujours passer par l’édi­teur externe, qui donne une vision globale de la séquence. Les lignes utili­sa­teur peuvent être sauve­gar­dées dans la base de données, sans restric­tion connue de taille mémoire, mais sont aussi sauve­gar­dées avec la perfor­mance en cours, ce qui simpli­fie les choses, bravo ! Les notes séquen­cées ne sont pas trans­mises en midi ; en fait, dans l’es­prit, il s’agit plus de déca­lages de pitch que de notes à propre­ment parler, mais nous pensons que l’un n’em­pê­chait pas l’au­tre…  

Arpé­gia­teur bitim­bral

On peut acti­ver un arpège diffé­rent sur chacune des deux couches sonores. Utilisé en conjonc­tion avec le séquen­ceur à mouve­ments – en parti­cu­lier le mode d’in­cré­men­ta­tion de pas, on peut créer des motifs complexes surpre­nants en utili­sant quelques doigts à bon escient. On trouve les motifs haut, bas, alterné (2 types) et aléa­toire. Les notes peuvent être répé­tées dans l’ordre où elles ont été jouées ou triées selon le motif. La réso­lu­tion va de 1/32T à 1/4 de note et le swing de –100 à +100 %. Les notes peuvent être arpé­gées sur 1 à 4 octaves, avec un temps de Gate de 0 à 100 %.

Modwave_2tof 05.JPGLes arpèges peuvent être ou non synchro­ni­sées aux séquences de mouve­ments. N’ou­blions pas le mode Latch qui permet de garder ses doigts pour d’autres tâches. Ques­tion deve­nue habi­tuelle : l’ar­pé­gia­teur trans­met-il les notes en Midi ? Eh bien toujours pas, pfff… L’ar­pé­gia­teur scanne unique­ment les notes dans la tessi­ture program­mée, donc on peut faire tour­ner deux arpèges indé­pen­dants en mode split, parfait. Par contre, la fonc­tion Hold n’est pas très bien gérée : elle est globale, plutôt que par couche, donc cela ne permet pas de tenir un arpège sur une couche et de jouer l’autre à la main sans main­tien. De plus, elle a tendance à se compor­ter étran­ge­ment (blocage) quand on change de couche et qu’on la désac­tive ensuite. Un tout petit point à corri­ger…  

Conclu­sion

Le Modwave complète la gamme de synthés spécia­li­sés Korg, déjà compo­sée du Waves­tate et de l’Op­six. Aux séquences d’ondes et à la FM s’ajoute désor­mais la synthèse à tables d’ondes. On appré­cie le format compact, la puis­sance de synthèse, les timbres évolu­tifs, la taille de mémoire et la prise en main plus aisée que sur le Waves­tate. C’est notam­ment dû à des commandes mieux choi­sies, en parti­cu­lier la section oscil­la­teurs en accès direct, permet­tant de choi­sir rapi­de­ment une source sonore et de la modu­ler.

Modwave_2tof 09.JPGDu coup, on peut tester rapi­de­ment des construc­tions sonores très diffé­rentes, en fonc­tion des besoins et de l’ins­pi­ra­tion du moment, sans avoir systé­ma­tique­ment recours à l’édi­teur externe. L’in­té­rêt du synthé réside aussi dans sa capa­cité à modu­ler des tables ondes dans le domaine audio (synchro, FM, AM, RM) et à impor­ter des tables utili­sa­teurs conçues dans un éditeur externe. On appré­cie égale­ment l’ar­pé­gia­teur utili­sable simul­ta­né­ment avec le séquen­ceur à mouve­ments, la section effets et le pad de modu­la­tion très ludique. Quelques sacri­fices ont toute­fois été faits, comme sur ses prédé­ces­seurs : clavier moyen, dessous de coque en plas­tique, connec­tique mini­ma­liste et alimen­ta­tion externe cheap. On aurait aussi aimé la trans­mis­sion Midi des notes arpé­gées/séquen­cées et l’au­dio via USB. Ceci étant posé, nous saluons l’ini­tia­tive de Korg de conti­nuer à enri­chir sa gamme de synthés spécia­li­sés compacts, à carac­tère, puis­sants, ouverts et à tarif tout à fait raison­nable.

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Notre avis : 8/10

  • Sons évolutifs large bande
  • Tables d’ondes mélangeables
  • Synchro et FM/AM/RM entre oscillateurs
  • Edition et import de tables d’ondes
  • Filtres modélisés stéréo
  • Modulations complètes
  • Puissants effets dynamiques
  • Séquenceur à mouvements
  • Arpégiateur simultané
  • Emission/réception de CC Midi
  • Enorme capacité mémoire
  • Plus accessible que le Wavestate
  • Pad de modulation très ludique
  • Sorties audio symétriques
  • Tarif très raisonnable
  • Clavier moyen et limité à trois octaves
  • Connectique minimaliste
  • Alimentation externe cheap
  • Pas d’édition simultanée de plusieurs pas de séquence
  • Notes séquencées et arpégées non transmises en Midi
  • Pas d’audio via USB

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