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Test du Yamaha CS6x - Le convoi exceptionnel

Après le CS1x et le récent CS2x, Yamaha étend vers le haut sa gamme de synthétiseurs de contrôle. Arrivé juste avant l’an 2000, le CS6x se veut une machine professionnelle, facile à prendre en main, très à l’aise sur scène et tournée vers l’avenir, grâce à des possibilités modulaires d’extensions. Bref, de quoi s’amuser pendant les 1000 prochaines années.

Il y a moins de deux ans, Yamaha sortait une série de synthé­ti­seurs regrou­pant le meilleur des formes de synthèse déte­nues et maîtri­sées par la marque. Ainsi la FM, la modé­li­sa­tion acous­tique, la modé­li­sa­tion analo­gique côtoyaient dans un même appa­reil la lecture d’échan­tillons prêts à consom­mer ou à faire soi-même, témoi­gnant de la vaste contri­bu­tion de Yamaha au monde de la synthèse. Le hic, c’est que la limite des proces­seurs ne permet­tait pas de s’ex­pri­mer plei­ne­ment, comme nous n’avons pas manqué de le signa­ler (voir test de l’EX5R dans Play­Re­cord n°28), à grands coups de « DSP Full ». Si ces machines demeurent de très beaux instru­ments, elles ne permettent hélas pas de béné­fi­cier des progrès accom­plis depuis par Yamaha ou des nouvelles formes de synthèse que le construc­teur ne manquera pas de déve­lop­per ; l’in­con­vé­nient des best of des groupes qui marchent long­temps, en somme.

C’est dans cet objec­tif que Yamaha a déve­loppé un concept de produits modu­laires, capables d’évo­luer à moindres frais au fur et à mesure que le construc­teur fait des décou­vertes (ou des acqui­si­tions de licences), pour la plus grande joie du porte-monnaie et la meilleure fidé­li­sa­tion de l’ache­teur. Ainsi neuf mois après la sortie du CS2x (voir test ici), la gesta­tion du CS6x vient tout juste de s’ache­ver chez Yamaha. Si l’on se contente de commen­ter la déno­mi­na­tion de la machine en guise de banc d’es­sai, comme le veut souvent la tradi­tion chez nos confrères, on pour­rait croire à une simple exten­sion de gamme. Certains diront peut-être « tiens, encore un lecteur d’échan­tillons avec des boutons et un arpé­gia­teur pour faire de la Techno ». Ce serait bien réduc­teur pour le CS6x. En fait, dès que l’on commence à rentrer dans le vif du sujet, on découvre un synthé­ti­seur profes­sion­nel à la fois perfor­mant, effi­cace et évolu­tif. 

Beau comme un camion

Yamaha CS6x

Le débal­lage du CS6x met immé­dia­te­ment à l’aise quand à la robus­tesse de la machine. La struc­ture métal­lique argen­tée et les douze kilo­grammes sont autant de signes d’une construc­tion sérieuse et d’une soli­dité à toute épreuve. Bref, à peine a-t-on ouvert le carton que l’on a envie d’em­me­ner le CS6x sur scène. La face avant de l’ap­pa­reil est jonchée de commandes logique­ment dispo­sées et bien espa­cées. Sur la gauche, on trouve une section de contrôle du son consti­tuée, en plus du poten­tio­mètre de volume, de 10 inter­rup­teurs et 14 poten­tio­mètres rota­tifs. Ces derniers, cran­tés en leur milieu, offrent une excel­lente résis­tance au mouve­ment. L’en­semble de ces commandes est dédié au contrôle direct des prin­ci­paux para­mètres de synthèse (coupure et réso­nance du filtre, volumes de réver­bé­ra­tion et de chorus, enve­loppe ADSR, pano­ra­mique et scènes) ainsi qu’aux commandes de trans­po­si­tion d’oc­tave, d’ar­pé­gia­teur, de porta­mento, de phrases échan­tillon­nées et de tempo. Ceci donne au CS6x de grandes possi­bi­li­tés d’ex­pres­sion pour le live, nous ne nous en plain­drons pas.

Autres gise­ments d’ex­pres­si­vité, la section de contrô­leurs avec son duo de molettes (pitch et modu­la­tion) et son ruban d’ex­pres­sion sensible à la posi­tion. Nous avons trouvé le ressort de la molette de pitch pas assez musclé et un peu long sur le retour. Toujours sur la partie gauche de l’ap­pa­reil (si l’on consi­dère que le LCD est au centre), nous trou­vons une section de modes de jeu (programme simple, perfor­mance, utili­taire, carte mémoire, édition, job et stockage). Clas­sique, surtout la touche Job chez Yamaha, permet­tant d’ap­pe­ler des commandes rela­tives à la gestion des sons suivant le mode en cours.

Yamaha CS6x

Au centre trône un grand LCD rétro éclairé de 2 × 40 carac­tères, surplom­bant une touche Shift et 7 poten­tio­mètres rota­tifs. Les cinq premiers, dont la fonc­tion varie suivant le mode de jeu ou d’édi­tion, sont entou­rés de deux poten­tio­mètres cran­tés permet­tant de navi­guer dans les diffé­rentes pages de menu et d’en­trer les données – une manière extrê­me­ment rapide d’édi­ter les sons. Il est à noter que les commandes de synthèse et les cinq poten­tio­mètres émettent des contrô­leurs Midi ou des Sysex, ce que ne manque­ront pas d’ap­pré­cier les utili­sa­teurs de séquen­ceurs externes, surtout en ce qui concerne les contrô­leurs !

Tableau de bord

Yamaha CS6x

Enfin, la section droite du CS6x est réser­vée aux commandes d’édi­tion (touches Exit / Enter, décré­ment / incré­ment) et à l’ap­pel des sons. Ceux-ci sont orga­ni­sés au sein de 6 banques de 128 empla­ce­ments (suivant le mode de jeu) que l’on appelle à l’aide des touches A à H et 1 à 16, orga­ni­sées en 3 rangées de 8 touches. Ainsi, il faut au maxi­mum trois pres­sions de touche pour appe­ler l’un des 512 programmes (256 en Rom, 128 en Ram et 128 sur carte), ou l’une des 192 perfor­mances (128 en Ram et 64 sur carte), ou encore l’un des 12 kits de percus­sions (8 en Rom, 2 en Ram et 2 sur carte), ou enfin l’un des 128 programmes tirés des cartes option­nelles plug-in (voir enca­dré). Pour être complet, mention­nons une touche permet­tant de couper les effets à la volée et une autre faisant bascu­ler le CS6x en clavier maître. Bref, voilà une face avant fort copieuse qui invite à la program­ma­tion et à la perfor­mance live. Un excellent point de départ.

Tout aussi satis­fai­sant et primor­dial, le clavier de 61 touches dyna­miques proposé par Yamaha est tout à fait agréable, même si le toucher aurait peut-être gagné à être plus dur à notre goût. Par contre, la géné­ra­tion de l’af­ter­touch est très bien maîtri­sée, évitant les messages intem­pes­tifs lors de lourdes frappes comme cela est le cas sur des claviers à bascu­le­ment de touche. L’éten­due de la réponse varie bien sur 128 valeurs. Bien joué ! Avant de passer à l’ar­rière de l’ap­pa­reil, un petit mot sur la version Rack 2U, origi­na­le­ment bapti­sée CS6r. Sur cette dernière, on perd les commandes directes des para­mètres de synthèse ainsi que les trois rangées de touches de sélec­tion de sons, section hélas fort pratique dont il ne persiste que les six touches de chan­ge­ment de banque, mais aucun pavé numé­rique pour se conso­ler ! Il faudra se rabattre sur les poten­tio­mètres de fonc­tions situés sous le LCD.

Cargai­son spéciale

Plutôt que fabriquer de nouvelles machines pour chaque nouvelle forme de synthèse qu’elle déve­loppe, la société Yamaha a choisi une voie plus promet­teuse : fabriquer des cartes plug-in d’en­vi­ron 60 grammes à insé­rer dans des hôtes compa­tibles, tels une carte mère infor­ma­tique, un module GM ou des synthé­ti­seurs. Ainsi, le construc­teur donne à l’uti­li­sa­teur des moyens simples et écono­miques de faire évoluer son maté­riel de façon modu­laire sans devoir passer par la case « petites annonces » et perdre 20.000 Francs. Dans cette lignée, les CS6 sont capables de rece­voir deux cartes plug-in tirées de la série PLG100 ou PLG150, très faci­le­ment instal­lables par l’uti­li­sa­teur. La série 100 comprend un harmo­ni­seur 4 voix (PLG100-VH), une carte de synthèse à modé­li­sa­tion physique (PLG100-VL) et une carte de synthèse FM repre­nant les carac­té­ris­tiques d’un DX7 (PLG100-DX, voir test complet du MU128 dans Play­Re­cord n°33). Cette série pour­rait très prochai­ne­ment être rejointe par un géné­ra­teur multi­tim­bral XG poly­pho­nique 32 voix compre­nant 424 programmes, 21 kits de percus­sions et un triple proces­seur d’ef­fets (PLG100-XG). Cette dernière devrait ressem­bler à la carte fille XG du module Korg NX5R, si l’on s’en réfère aux spéci­fi­ca­tions tech­niques (voir test dans Play­Re­cord n°41). Mais les véri­tables nouveau­tés, ce sont les cartes de la série 150, que nous ne manque­rons pas de tester dès qu’elles seront dispo­nibles. Sont annon­cés à ce jour un synthé­ti­seur à modé­li­sa­tion physique mono­pho­nique (PLG150-VL), un synthé­ti­seur FM (), un géné­ra­teur de sons de piano (PLG150-PF) et un synthé­ti­seur à modé­li­sa­tion analo­gique (PLG150-AN). Espé­rons que les modèles VL et DX offri­ront des amélio­ra­tions par rapport à leurs prédé­ces­seurs de la série 100, notam­ment sur le plan de la gestion mémoire Ram. Le nombre d’em­pla­ce­ments semble iden­tique, puisque la carte VL fait état de 256 programmes Rom et 70 empla­ce­ments Ram, alors que la carte DX affiche 912 sons en Rom et 64 en Ram. En outre, la carte DX est poly­pho­nique 16 voix et dispose de filtres passe-bas et passe-haut. La carte PF offre 64 voix de poly­pho­nie au travers de 136 présé­lec­tions basées sur une Rom PCM de 16Mo de sons de pianos (acous­tiques, élec­triques) et un triple proces­seur d’ef­fets (inser­tion + chorus + réver­bé­ra­tion). Termi­nons par la carte AN, offrant un sympa­thique synthé­ti­seur à modé­li­sa­tion analo­gique poly­pho­nique cinq voix, équi­valent à un demi AN1x. Cette dernière possède 256 programmes en Rom et 128 empla­ce­ments utili­sa­teur. Une merveille d’in­té­gra­tion !

 

Atte­lage bien garni

Yamaha CS6x

L’ar­rière du CS6x comporte pas moins de 11 prises jack 6,35 : deux sont dédiées aux entrées audio (secon­dées par un poten­tio­mètre de gain, une pouvant être commu­tée en micro / ligne), une au casque (que l’on aurait préfé­rée devant), deux aux sorties audio stéréo, deux aux sorties audio indi­vi­duelles et quatre aux pédales (volume, contrô­leur continu, sustain et switch). A ce sujet, nous n’avons pas trouvé d’in­ver­seur de pola­rité des pédales. Viennent ensuite la prise pour le contrô­leur de souffle (minijack), l’in­ter­face hôte (bien vu !) avec sélec­teur quatre posi­tions, le trio Midi, la prise pour câble secteur (alimen­ta­tion interne, bravo !) et l’in­ter­rup­teur marche / arrêt. Tout cela semble très complet, mais nous aurions aimé deux sorties audio supplé­men­taires et peut-être un second trio Midi avec Merge, le CS6x étant présenté comme un synthé­ti­seur de contrôle. Pour termi­ner en beauté, mention­nons l’in­ter­face pour cartes Smart­Me­dia (une carte char­gée de 4Mo est four­nie), une excel­lente alter­na­tive par rapport aux lecteurs de disquettes étant donnés la rapi­dité, la petite taille, la géné­ra­li­sa­tion et le prix de ce genre de support.

Sur le Rack, les choses sont un peu diffé­rentes. D’abord, on perd les quatre prises pour pédales, rien de choquant à cela. Ensuite, les entrées audio, le poten­tio­mètre, la prise casque, le contrô­leur de souffle, l’in­ter­rup­teur marche / arrêt et l’in­ter­face Smart­Me­dia se retrouvent sur la façade avant, ce qui est du meilleur goût. Pour finir sur le panneau arrière, mention­nons la présence d’une trappe non docu­men­tée. Nous pensons qu’elle permet­tra entre autres d’ajou­ter des sorties sépa­rées, puisque dans certains éditeurs, on trouve des réglages de sorties sépa­rées para­mé­trables de 1 à 6. Par contre, une seconde trappe située sous la machine est d’ores et déjà réser­vée à la gestion des cartes plug-in de la série PL (voir enca­dré), faisant des CS6x des machines suscep­tibles d’évo­luer à moindre frais au fur et à mesure des déve­lop­pe­ments de Yamaha.

Pin pon Pin pon

Nous avons vu que la sélec­tion des programmes s’opé­rait très faci­le­ment. Passons main­te­nant à l’écoute des sons d’usine, répar­tis en deux banques de 128 programmes et 8 Kits de percus­sions. La mémoire PCM (géné­ra­tion AWM2 Yamaha) renferme 16Mo de formes d’ondes orga­ni­sées au sein de 479 multié­chan­tillons et échan­tillons simples. Les deux prin­ci­paux pianos acous­tique sont assez passe-partout, en version neutre comme brillante. Seul reproche, les échan­tillons des octaves infé­rieures ont une boucle un peu trop évidente inter­di­sant l’em­ploi de basse solo tenue.

Yamaha CS6x

Par contre, les pianos élec­triques sont très bons. Il sont décli­nés en plusieurs versions : Yamaha CP80, Rhodes, Wurlit­zer, DX et Clavi­net (40 multi­samples en tout). Avec une program­ma­tion élémen­taire, il est possible de se fabriquer des cross­fades judi­cieux. La pano­plie d’orgues est tout aussi impres­sion­nante (54 multié­chan­tillons), passant par les Hammond, les Vox et les Farfisa avec diffé­rents réglages de tirettes, de vitesse du haut-parleur tour­nant et de percus­sions. Bref, de quoi satis­faire les amateurs de Reggae, de Gospel, de Rock ou de Jazz.

Très réus­sie égale­ment, la partie cuivres est extrê­me­ment bien garnie, avec de remarquables sections et combi­nai­sons. Plus miti­gée, les échan­tillons de cordes déçoivent dans les instru­ments solo qui manquent cruel­le­ment de natu­rel. Les guitares consti­tuent un mélange hété­ro­gène duquel les modèles élec­triques tirent leur épingle du jeu grâce au puis­sant proces­seur d’ef­fets et ses simu­la­teurs d’am­pli avec ou sans distor­sion. Les basses sont toutes d’ex­cel­lente facture mises à part les basses slap qui manquent de réalisme.

Les ensembles de voix sonnent très éthé­rés, parfaits pour se fabriquer des nappes Enya-esques, moins pour simu­ler la chorale de la paroisse lorsqu’elle chante juste. Les instru­ments à vent sont bien dans la moyenne et tendent à se mélan­ger correc­te­ment, sans dépa­reiller. Extrê­me­ment riche, la section d’échan­tillons d’ondes synthé­tiques est abso­lu­ment remarquable, avec pas moins de 74 décli­nai­sons : des basses Moog percu­tantes, des nappes Oberheim obèses à souhait, sans oublier les samples acidu­lés et les Sub de TB-303, tout y est. Nos programmes préfé­rés de Stabs, de basses synthé­tiques et de nappes sont tirés de cette magni­fique collec­tion qui réserve bien des surprises. Passons rapi­de­ment sur les 15 échan­tillons d’ef­fets spéciaux pour attaquer les 147 sons de percus­sions. On y trouve tout ce qu’il faut pour le pop, le rock, le jazz, le latin et la techno, mais pas grand chose pour accom­pa­gner notre fameuse chora­le…

Plein de carbu­rant

Yamaha CS6x

La synthèse sonore du CS6x est assu­rée par un géné­ra­teur basé sur la lecture d’échan­tillons 16 bits / 44,1 kHz. Il est capable de déli­vrer 64 voix de poly­pho­nie sur 20 canaux multi­tim­braux (seize pistes Midi auxquelles s’ajoutent deux pistes plug-in, une piste mono­dique issue du mixage des entrées audio et une piste mono­dique prove­nant du géné­ra­teur de phrases). Un programme simple peut conte­nir jusqu’à quatre couches sonores en mode instru­men­tal et jusqu’à 73 sons en mode Kit de batte­rie. En édition, les touches de sélec­tion de banques (CS6x) permettent de sélec­tion­ner et d’ac­ti­ver / couper l’un des quatre éléments à la volée et les touches de chan­ge­ment de programmes permettent de sauter direc­te­ment dans une page de menu (oscil­la­teur, filtre, LFO…). Bien vu !

Commençons par les pages communes à tous les éléments d’un programme. On y règle le mode de jeu, la gamme micro­to­nale parmi 32 types, les para­mètres rapides de synthèse (repre­nant ceux de la façade), l’ar­pé­gia­teur (plage, tempo, mode, vélo­cité, gate et motif), les huit contrô­leurs (source et desti­na­tion), le LFO commun (12 formes d’onde, Fade In et Out, synchro Midi, 2 desti­na­tions) et les effets.

Passons main­te­nant aux sections indi­vi­duelles, acces­sibles pour chaque couche. La section oscil­la­teur comprend les choix suivants : forme d’onde, niveau, délai, pano­ra­mique, tessi­ture, plage de vélo­cité, enve­loppe de pitch (dix para­mètres) et suivi de clavier. La section filtres est tout aussi musclée, avec ses 12 types de filtres réso­nants : passe-bas 18dB / 18dB décalé / 24dB / 24dB à simu­la­tion analo­gique, passe-haut 12dB/24dB, passe-bande 6dB/12dB/Wide, réjec­tion 6dB, passe-bas 12dB + passe-haut, passe-bas 6dB + passe-haut. Coup de chapeau à la simu­la­tion analo­gique 24 dB, très chaleu­reuse. Le filtre numé­rique 24 dB n’est pas en reste avec une réso­nance très pronon­cée auto­ri­sant des réglages extrêmes. Une enve­loppe iden­tique à celle du pitch est dispo­nible, avec modu­la­tion des temps et des niveaux par la vélo­cité et suivi de clavier. La fréquence de coupure dispose d’un géné­ra­teur de tracking très perfor­mant à quatre points.

Passons à la section d’am­pli­fi­ca­tion, dotée d’une nouvelle enve­loppe aussi puis­sante que les deux autres et d’un géné­ra­teur de tracking à quatre points. Termi­nons par un LFO très limité (trois formes d’onde, pas de synchro Midi) et un EQ (semi-para­mé­trique 2 bandes, para­mé­trique 1 bande, Boost 6 / 12 / 18dB). Voilà qui est complet ! En mode Kit de batte­rie, les réglages indi­vi­duels diffèrent quelque peu, comme à l’ac­cou­tu­mée. Le but est d’af­fec­ter jusqu’à 73 formes d’ondes aux touches C0-C6 pour consti­tuer des Kits. Pour chaque note, on peut alors régler le niveau, les départs effets, le pano­ra­mique (avec effet aléa­toire), la sortie audio, le groupe exclu­sif. Viennent ensuite les para­mètres de synthèse : accor­dage, filtre passe-bas (fréquence, réso­nance, vélo­cité), fréquence du filtre passe-haut, enve­loppe à cinq para­mètres et EQ. Enfin, signa­lons les possi­bi­li­tés de copier des para­mètres d’une couche ou d’une note de batte­rie vers une autre, de rappe­ler et compa­rer les programmes et de les clas­ser par caté­go­rie. Une édition bien pensée et tout à fait complète.

Effets poids lourd

La section effets du CS6x est, comme toujours sur les synthé­ti­seurs profes­sion­nels Yamaha, très musclée. En fait, on dispose de deux multief­fets (inser­tion), d’un chorus global et d’une réver­bé­ra­tion globale. Pour s’y retrou­ver, on peut même sélec­tion­ner les effets par caté­go­rie. Les deux effets d’in­ser­tion peuvent être arran­gés en paral­lèle ou en série dans un ordre à déter­mi­ner. Ils disposent respec­ti­ve­ment de 24 et 92 algo­rithmes très bien exécu­tés, compre­nant jusqu’à 16 para­mètres, la moyenne étant de 10. Les 24 algo­rithmes, assez clas­siques, sont dédiés aux effets de modu­la­tion, aux effets non linéaires et aux EQ. Les 92 autres comprennent en plus des réver­bé­ra­tions, des délais, des ensembles, des combi­nai­sons, des harmo­ni­seurs à deux voix et une abon­dante section d’ef­fets basse réso­lu­tion. On y trouve un réduc­teur de bits, un géné­ra­teur de bruits, un simu­la­teur de platine vinyle, un élimi­na­teur de voix et un varia­teur de tempo. Bref, de quoi mani­pu­ler les boucles que l’on pren­dra soin d’en­re­gis­trer grâce au sampler interne réservé à cet effet et dont nous allons bien­tôt repar­ler.

Yamaha CS6x

Plus habi­tuelles, les sections chorus et réver­bé­ra­tion possèdent respec­ti­ve­ment 23 et 12 algo­rithmes. Là encore, on peut se faire la main sur une dizaine de para­mètres. Il est même possible de régler l’en­voi de la sortie du chorus vers la réver­bé­ra­tion. En plus de cette géné­ro­sité, Yamaha a doté sa section effets de nombreux points de contrôles en temps réel. A part les réver­bé­ra­tions limi­tées à quelques points de modu­la­tion, pratique­ment tous les para­mètres peuvent être affec­tés à des sources, ce qui est très appré­ciable pour ceux qui recherchent encore plus d’ex­pres­si­vité en temps réel. 

Camion frigo­ri­fique

Le CS6x est doté d’une mémoire interne non exten­sible de 4Mo pour stocker jusqu’à 256 échan­tillons addi­tion­nels dans 4 Kits, obte­nus soit par échan­tillon­nage direct, soit stockés sur des cartes Smart­Me­dia aux formats proprié­taire, Wave ou AIFF. L’échan­tillon­nage peut s’opé­rer à partir d’une des deux entrées audio, le mixage mono­dique des deux ou par rééchan­tillon­nage interne d’un programme, d’une perfor­mance ou d’une phrase échan­tillon­née. Sympa. Une fois en mode d’échan­tillon­nage de phrases, il suffit d’ap­puyer simul­ta­né­ment sur la touche « Record » et sur une touche du clavier pour choi­sir sa note de réfé­rence. L’échan­tillon­nage peut être déclen­ché manuel­le­ment ou suivant un seuil (audio pour les entrées audio, Midi pour le rééchan­tillon­nage) et stoppé à la volée. Il est même possible de contrô­ler gros­siè­re­ment les niveaux audio via le LCD. Une fois un Kit complet consti­tué (tessi­ture C0-C6), il ne reste qu’à l’édi­ter à la manière d’un Kit de batte­rie. On dispose de para­mètres communs (volume, pano­ra­mique, départs effets, coupure du filtre, réso­nance, enve­loppe AD, arpé­gia­teur, contrô­leurs et effets) et indi­vi­duels (échan­tillons, varia­tion, sortie audio, pano­ra­mique, départs effets, accor­dage, coupure du filtre passe-bas, réso­nance, vélo­cité sur coupure, coupure du filtre passe-haut, enve­loppe d’am­pli­tude cinq points, vélo­cité de volume et EQ).

Yamaha CS6x

Chaque échan­tillon dispose de huit possi­bi­li­tés de varia­tion, dans lesquelles on redé­fi­nit le sens de lecture (avant, inversé, boucle) et les points de lecture (départ, boucle, fin) sans consom­mer de la mémoire d’échan­tillons. Bien vu ! Il est même possible de divi­ser très simple­ment une boucle auto­ma­tique­ment en 8 parties (maxi­mum) et d’af­fec­ter les 8 boucles ainsi obte­nue sur 8 touches consé­cu­tives du clavier. Parmi les autres para­mètres, on trouve un remixeur de boucles fonc­tion­nant suivant cinq algo­rithmes, une norma­li­sa­tion (dont les réglages peuvent excé­der la réso­lu­tion maxi­male de 100%, histoire de satu­rer le son), une conver­sion de fréquence (divi­sion par deux unique­ment) et une extrac­tion d’au­dio. Dommage que ces commandes ne possèdent pas d’Undo et néces­sitent une copie préa­lable. Pour termi­ner, on trouve des fonc­tions de suppres­sion et copie de phrases ainsi qu’un mode de récep­tion SDS pour les plus patients.

Globa­le­ment, le CS6x n’est pas un sampleur très  puis­sant : il est mono, dispose de peu de fonc­tions d’édi­tion, d’une mémoire réduite et d’au­cune gestion de multi­samples. En revanche, nous avons été souf­flés par l’ex­cel­lente qualité du Time stretch pouvant s’opé­rer en temps réel sur les phrases bouclées grâce au poten­tio­mètre « Pitch », digne héri­tier du SU700. Voilà donc un sampler à consi­dé­rer comme le moyen de lancer des boucles en direct et de broder dessus à l’in­fini. Doué pour le live !

Semi-remorque

Dans le mode perfor­mance, le CS6x est capable d’as­sem­bler 16 programmes et 4 parties supplé­men­taires : phrases échan­tillon­nées, mixage des entrées audio et deux cartes plug-in. En édition, la machine peut affi­cher graphique­ment un même para­mètre pour tous les canaux, tel que statut (activé / coupé / en couche), volume, pano­ra­mique, départ chorus, départ réver­bé­ra­tion et trans­po­si­tion. Parmi les para­mètres communs, on trouve le canal d’as­si­gna­tion de l’ar­pé­gia­teur, les para­mètres du mode clavier maître (split, quatre zones ou couche), les para­mètres d’édi­tion rapide (à la manière du mode programme, mais commun à tous les canaux), l’ar­pé­gia­teur, l’as­si­gna­tion des contrô­leurs, l’EQ global et les réglages d’ef­fets.

Yamaha CS6x

Passons main­te­nant aux para­mètres indi­vi­duels pour chaque canal. On commence par choi­sir la source sonore : un numéro de programme « clas­sique » pour les 16 canaux (ou les 32 lorsqu’une carte plug-in multi­tim­brale est instal­lée), un  numéro de programme plug-in pour les 2 canaux plug-in, un Kit de phrases pour le canal de phrases échan­tillon­nées et le type de source et d’al­go­rithme d’ef­fet pour le canal rece­vant le mixage des entrées audio. Reste ensuite à défi­nir le volume, le pano­ra­mique, les départs chorus et réver­bé­ra­tion. Ensuite, pour les parties instru­men­tales, on peut régler quelques para­mètres de synthèse (coupure et réso­nance du filtre, enve­loppe ADSR, porta­mento). Pour toutes les parties, il est possible de program­mer le Pitch­bend et un offset de la sensi­bi­lité à la vélo­cité, les limites de tessi­ture et de vélo­cité, l’ac­cor­dage (sauf pour la couche audio) et les sorties audio. Termi­nons les possi­bi­li­tés de filtrage de quinze contrô­leurs en récep­tion (suivant le type de canal) ainsi que les pages supplé­men­taires d’as­si­gna­tion de contrô­leurs pour les canaux audio ou pour les cartes plug-in multi­tim­brales.

En résumé, même s’il fait preuve d’une certaine logique, le mode perfor­mance peut sembler confus, car il combine des sources sonores d’uni­vers diffé­rents avec des réglages tantôt iden­tiques, tantôt spéci­fiques. Mais on salue Yamaha d’avoir poussé le concept plus loin que sur ses précé­dents modules. Dans ce même mode perfor­mances, le CS6x peut se trans­for­mer en clavier maître capable d’émettre sur quatre canaux Midi, suivant les modes split, layer ou quatre zones. Ce dernier permet de super­po­ser plusieurs zones internes ou externes, ce qui suffira pour le jeu live dans bien des cas !

Fret divers

Yamaha CS6x

Pour augmen­ter davan­tage l’ex­pres­si­vité du CS6x, Yamaha l’a doté de mémoires de scène, d’une matrice de modu­la­tions, d’un arpé­gia­teur et d’un lecteur de Midi­files. Les mémoires de scènes permettent de sélec­tion­ner deux profils de réglage des commandes de filtre, des segments AD d’en­ve­loppes et deux des poten­tio­mètres libres d’af­fec­ta­tion situés sous le LCD. Deux inter­rup­teurs et un poten­tio­mètre dédié permettent d’in­ter­po­ler entre les deux profils. La matrice de modu­la­tions permet d’af­fec­ter aux diffé­rents contrô­leurs temps réel (after­touch, molettes, poten­tio­mètres sous le LCD, pédales, contrô­leur de souffle) des para­mètres variés (plus de 60) tels que pano­ra­mique, réso­nance, para­mètres effets, avec réglage de la profon­deur de modu­la­tion.

Pour chaque programme, jusqu’à six ensembles de para­mé­trage sont possibles avec embrayage / débrayage pour chacune des quatre couches sonores, chapeau ! L’ar­pé­gia­teur comporte quant à lui 128 motifs prééta­blis, capables d’être affec­tés aux programmes, perfor­mances ou phrases samplées. Les motifs sont clas­sés par caté­go­rie et couvrent des styles très variés. On retrouve des arpèges clas­siques, des phrases complètes, des patterns de percus­sions, des divi­seurs de boucles ryth­miques en temps réel et des séquences de contrô­leurs. Le tempo varie entre 25 et 300 bpm. Il est possible de régler outre le tempo, la tessi­ture, l’ordre de repro­duc­tion, la réponse en vélo­cité et le temps de Gate.

Termi­nons par le lecteur de Midi­files, capable d’en­chaî­ner jusqu’à 100 séquences conte­nues sur une carte Smart­Me­dia. A chaque étape, on peut régler le numéro de fichier « .MID » à repro­duire, le tempo, la perfor­mance à sélec­tion­ner pour la repro­duc­tion et les condi­tions d’en­chaî­ne­ment. Pour ceux qui possèdent un ordi­na­teur et une prise « to host », c’est gagné ! Il suffit d’uti­li­ser le séquen­ceur XGWorks Lite 3.0 fourni sur CD-Rom et de trans­fé­rer les données sur une carte grâce au logi­ciel Card Filer égale­ment fourni. A noter que ce CD-Rom contient des drivers Midi, des pistes Audio de moyenne qualité tirées des banques AMG et des éditeurs dédiés pour le synthé­ti­seur et les éven­tuels plug-in, aux formats Mac et PC. La totale !

Livrai­son assu­rée

Au final, Yamaha a réalisé le bon compro­mis entre convi­via­lité, puis­sance et évolu­ti­vité. Le CS6x marque une nette diffé­rence avec ses prédé­ces­seurs de la série et pas seule­ment sur la facture finale. Plus de commandes directes, plus de para­mètres, une navi­ga­tion aisée et de bonnes possi­bi­li­tés d’ex­ten­sion. L’ar­pé­gia­teur n’a pas été oublié, mode oblige, mais consi­dé­rer le CS6x comme une machine Techno serait le canton­ner à un bien petit rôle. L’échan­tillon­neur embarqué, même s’il propose des perfor­mances des années 80 plutôt que de l’an 2000, est une addi­tion bien­ve­nue permet­tant de faire tour­ner une boucle samplée comme les DJ font tour­ner des vinyles, pas de program­mer la future collec­tion en 15 CD-Rom de multi­samples orches­traux. Le lecteur de Midi­file est une bonne idée qui évitera d’em­prun­ter le 38 tonnes du voisin pour partir en tour­née.

Les rares petits défauts de la machine concernent essen­tiel­le­ment le mode perfor­mance un peu confus, qui se débat tant bien que mal entre des para­mètres communs et des para­mètres variables en fonc­tion des cartes plug-in connec­tées. Quelques nuits blanches feront l’af­faire. De même, on aurait aimé deux LFO par couche, mais tout cela est bien peu comparé au plai­sir que nous avons eu de parcou­rir les routes musi­cales de ce début de mille­nium avec le CS6x.

Glos­saire

SDS : acro­nyme de (Sample Dump Stan­dard) proto­cole stan­dar­disé d’échange de données d’échan­tillons via Midi, c’est-à-dire à 31Ko par seconde, autre­ment dit à une vitesse voisine de l’In­ter­net un jour de grand calme, autre­ment dit pas vite du tout !

Time stretch : compres­sion ou expan­sion tempo­relle d’un échan­tillon sans en modi­fier la hauteur de repro­duc­tion, ce qui permet par exemple de faire coïn­ci­der le tempo de deux boucles tour­nant initia­le­ment à des vitesses diffé­rentes.

Modé­li­sa­tion : repro­duc­tion des diffé­rents compor­te­ments d’un instru­ment de musique par descrip­tion mathé­ma­tique de ses carac­té­ris­tiques (de la géné­ra­tion sonore à la propa­ga­tion des ondes), plus facile à dire qu’à faire ! 

  • Le concept modulaire
  • L’excellente convivialité
  • La qualité audio
  • La construction robuste
  • La Rom confortable de 16 Mo
  • Le filtre multimode résonant
  • Les contrôles en temps réel
  • Les effets de très bonne qualité
  • L’interface To Host
  • Le CD-Rom fourni
  • L’arpégiateur très musical
  • La possibilité d’échantillonner
  • Le Time Stretch en temps réel
  • L’interface pour carte SmartMedia
  • L’échantillonnage monodique
  • L’édition limitée des échantillons
  • La Ram de sampling non extensible
  • Le second LFO, global
  • Le mode performance, un peu confus
  • christian_r 2141 posts au compteur
    christian_r
    AFicionado·a
    Posté le 18/11/2019 à 11:35:28
    Merci pour le test.
    I manque juste les extraits audio ;-)
  • synthwalker 12082 posts au compteur
    synthwalker
    Rédacteur·trice
    Posté le 30/11/2019 à 09:09:18
    Il n'y en aura pas venant de moi, car ces anciens tests datent de l'époque (que les moins de 20 ans...) où j'écrivais pour la presse papier, donc je n'enregistrais pas d'audio. Je n'ai eu le synthé que le temps du test, donc il faut que d'heureux propriétaires postent des extraits dans la partie médias.
  • chapolin 10496 posts au compteur
    chapolin
    Drogué·e à l’AFéine
    Posté le 08/06/2022 à 00:40:59
    Kosmix en a un ;)
  • IPM 8713 posts au compteur
    IPM
    Je poste, donc je suis
    Posté le 30/08/2022 à 19:30:48
    je vais essayer de faire cela... mon CS6X est toujours fidèles avec un son bien a lui

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