Après le CS1x et le récent CS2x, Yamaha étend vers le haut sa gamme de synthétiseurs de contrôle. Arrivé juste avant l’an 2000, le CS6x se veut une machine professionnelle, facile à prendre en main, très à l’aise sur scène et tournée vers l’avenir, grâce à des possibilités modulaires d’extensions. Bref, de quoi s’amuser pendant les 1000 prochaines années.
Il y a moins de deux ans, Yamaha sortait une série de synthétiseurs regroupant le meilleur des formes de synthèse détenues et maîtrisées par la marque. Ainsi la FM, la modélisation acoustique, la modélisation analogique côtoyaient dans un même appareil la lecture d’échantillons prêts à consommer ou à faire soi-même, témoignant de la vaste contribution de Yamaha au monde de la synthèse. Le hic, c’est que la limite des processeurs ne permettait pas de s’exprimer pleinement, comme nous n’avons pas manqué de le signaler (voir test de l’EX5R dans PlayRecord n°28), à grands coups de « DSP Full ». Si ces machines demeurent de très beaux instruments, elles ne permettent hélas pas de bénéficier des progrès accomplis depuis par Yamaha ou des nouvelles formes de synthèse que le constructeur ne manquera pas de développer ; l’inconvénient des best of des groupes qui marchent longtemps, en somme.
C’est dans cet objectif que Yamaha a développé un concept de produits modulaires, capables d’évoluer à moindres frais au fur et à mesure que le constructeur fait des découvertes (ou des acquisitions de licences), pour la plus grande joie du porte-monnaie et la meilleure fidélisation de l’acheteur. Ainsi neuf mois après la sortie du CS2x (voir test ici), la gestation du CS6x vient tout juste de s’achever chez Yamaha. Si l’on se contente de commenter la dénomination de la machine en guise de banc d’essai, comme le veut souvent la tradition chez nos confrères, on pourrait croire à une simple extension de gamme. Certains diront peut-être « tiens, encore un lecteur d’échantillons avec des boutons et un arpégiateur pour faire de la Techno ». Ce serait bien réducteur pour le CS6x. En fait, dès que l’on commence à rentrer dans le vif du sujet, on découvre un synthétiseur professionnel à la fois performant, efficace et évolutif.
Beau comme un camion
Le déballage du CS6x met immédiatement à l’aise quand à la robustesse de la machine. La structure métallique argentée et les douze kilogrammes sont autant de signes d’une construction sérieuse et d’une solidité à toute épreuve. Bref, à peine a-t-on ouvert le carton que l’on a envie d’emmener le CS6x sur scène. La face avant de l’appareil est jonchée de commandes logiquement disposées et bien espacées. Sur la gauche, on trouve une section de contrôle du son constituée, en plus du potentiomètre de volume, de 10 interrupteurs et 14 potentiomètres rotatifs. Ces derniers, crantés en leur milieu, offrent une excellente résistance au mouvement. L’ensemble de ces commandes est dédié au contrôle direct des principaux paramètres de synthèse (coupure et résonance du filtre, volumes de réverbération et de chorus, enveloppe ADSR, panoramique et scènes) ainsi qu’aux commandes de transposition d’octave, d’arpégiateur, de portamento, de phrases échantillonnées et de tempo. Ceci donne au CS6x de grandes possibilités d’expression pour le live, nous ne nous en plaindrons pas.
Autres gisements d’expressivité, la section de contrôleurs avec son duo de molettes (pitch et modulation) et son ruban d’expression sensible à la position. Nous avons trouvé le ressort de la molette de pitch pas assez musclé et un peu long sur le retour. Toujours sur la partie gauche de l’appareil (si l’on considère que le LCD est au centre), nous trouvons une section de modes de jeu (programme simple, performance, utilitaire, carte mémoire, édition, job et stockage). Classique, surtout la touche Job chez Yamaha, permettant d’appeler des commandes relatives à la gestion des sons suivant le mode en cours.
Au centre trône un grand LCD rétro éclairé de 2 × 40 caractères, surplombant une touche Shift et 7 potentiomètres rotatifs. Les cinq premiers, dont la fonction varie suivant le mode de jeu ou d’édition, sont entourés de deux potentiomètres crantés permettant de naviguer dans les différentes pages de menu et d’entrer les données – une manière extrêmement rapide d’éditer les sons. Il est à noter que les commandes de synthèse et les cinq potentiomètres émettent des contrôleurs Midi ou des Sysex, ce que ne manqueront pas d’apprécier les utilisateurs de séquenceurs externes, surtout en ce qui concerne les contrôleurs !
Tableau de bord
Enfin, la section droite du CS6x est réservée aux commandes d’édition (touches Exit / Enter, décrément / incrément) et à l’appel des sons. Ceux-ci sont organisés au sein de 6 banques de 128 emplacements (suivant le mode de jeu) que l’on appelle à l’aide des touches A à H et 1 à 16, organisées en 3 rangées de 8 touches. Ainsi, il faut au maximum trois pressions de touche pour appeler l’un des 512 programmes (256 en Rom, 128 en Ram et 128 sur carte), ou l’une des 192 performances (128 en Ram et 64 sur carte), ou encore l’un des 12 kits de percussions (8 en Rom, 2 en Ram et 2 sur carte), ou enfin l’un des 128 programmes tirés des cartes optionnelles plug-in (voir encadré). Pour être complet, mentionnons une touche permettant de couper les effets à la volée et une autre faisant basculer le CS6x en clavier maître. Bref, voilà une face avant fort copieuse qui invite à la programmation et à la performance live. Un excellent point de départ.
Tout aussi satisfaisant et primordial, le clavier de 61 touches dynamiques proposé par Yamaha est tout à fait agréable, même si le toucher aurait peut-être gagné à être plus dur à notre goût. Par contre, la génération de l’aftertouch est très bien maîtrisée, évitant les messages intempestifs lors de lourdes frappes comme cela est le cas sur des claviers à basculement de touche. L’étendue de la réponse varie bien sur 128 valeurs. Bien joué ! Avant de passer à l’arrière de l’appareil, un petit mot sur la version Rack 2U, originalement baptisée CS6r. Sur cette dernière, on perd les commandes directes des paramètres de synthèse ainsi que les trois rangées de touches de sélection de sons, section hélas fort pratique dont il ne persiste que les six touches de changement de banque, mais aucun pavé numérique pour se consoler ! Il faudra se rabattre sur les potentiomètres de fonctions situés sous le LCD.
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Attelage bien garni
L’arrière du CS6x comporte pas moins de 11 prises jack 6,35 : deux sont dédiées aux entrées audio (secondées par un potentiomètre de gain, une pouvant être commutée en micro / ligne), une au casque (que l’on aurait préférée devant), deux aux sorties audio stéréo, deux aux sorties audio individuelles et quatre aux pédales (volume, contrôleur continu, sustain et switch). A ce sujet, nous n’avons pas trouvé d’inverseur de polarité des pédales. Viennent ensuite la prise pour le contrôleur de souffle (minijack), l’interface hôte (bien vu !) avec sélecteur quatre positions, le trio Midi, la prise pour câble secteur (alimentation interne, bravo !) et l’interrupteur marche / arrêt. Tout cela semble très complet, mais nous aurions aimé deux sorties audio supplémentaires et peut-être un second trio Midi avec Merge, le CS6x étant présenté comme un synthétiseur de contrôle. Pour terminer en beauté, mentionnons l’interface pour cartes SmartMedia (une carte chargée de 4Mo est fournie), une excellente alternative par rapport aux lecteurs de disquettes étant donnés la rapidité, la petite taille, la généralisation et le prix de ce genre de support.
Sur le Rack, les choses sont un peu différentes. D’abord, on perd les quatre prises pour pédales, rien de choquant à cela. Ensuite, les entrées audio, le potentiomètre, la prise casque, le contrôleur de souffle, l’interrupteur marche / arrêt et l’interface SmartMedia se retrouvent sur la façade avant, ce qui est du meilleur goût. Pour finir sur le panneau arrière, mentionnons la présence d’une trappe non documentée. Nous pensons qu’elle permettra entre autres d’ajouter des sorties séparées, puisque dans certains éditeurs, on trouve des réglages de sorties séparées paramétrables de 1 à 6. Par contre, une seconde trappe située sous la machine est d’ores et déjà réservée à la gestion des cartes plug-in de la série PL (voir encadré), faisant des CS6x des machines susceptibles d’évoluer à moindre frais au fur et à mesure des développements de Yamaha.
Pin pon Pin pon
Nous avons vu que la sélection des programmes s’opérait très facilement. Passons maintenant à l’écoute des sons d’usine, répartis en deux banques de 128 programmes et 8 Kits de percussions. La mémoire PCM (génération AWM2 Yamaha) renferme 16Mo de formes d’ondes organisées au sein de 479 multiéchantillons et échantillons simples. Les deux principaux pianos acoustique sont assez passe-partout, en version neutre comme brillante. Seul reproche, les échantillons des octaves inférieures ont une boucle un peu trop évidente interdisant l’emploi de basse solo tenue.
Par contre, les pianos électriques sont très bons. Il sont déclinés en plusieurs versions : Yamaha CP80, Rhodes, Wurlitzer, DX et Clavinet (40 multisamples en tout). Avec une programmation élémentaire, il est possible de se fabriquer des crossfades judicieux. La panoplie d’orgues est tout aussi impressionnante (54 multiéchantillons), passant par les Hammond, les Vox et les Farfisa avec différents réglages de tirettes, de vitesse du haut-parleur tournant et de percussions. Bref, de quoi satisfaire les amateurs de Reggae, de Gospel, de Rock ou de Jazz.
Très réussie également, la partie cuivres est extrêmement bien garnie, avec de remarquables sections et combinaisons. Plus mitigée, les échantillons de cordes déçoivent dans les instruments solo qui manquent cruellement de naturel. Les guitares constituent un mélange hétérogène duquel les modèles électriques tirent leur épingle du jeu grâce au puissant processeur d’effets et ses simulateurs d’ampli avec ou sans distorsion. Les basses sont toutes d’excellente facture mises à part les basses slap qui manquent de réalisme.
Les ensembles de voix sonnent très éthérés, parfaits pour se fabriquer des nappes Enya-esques, moins pour simuler la chorale de la paroisse lorsqu’elle chante juste. Les instruments à vent sont bien dans la moyenne et tendent à se mélanger correctement, sans dépareiller. Extrêmement riche, la section d’échantillons d’ondes synthétiques est absolument remarquable, avec pas moins de 74 déclinaisons : des basses Moog percutantes, des nappes Oberheim obèses à souhait, sans oublier les samples acidulés et les Sub de TB-303, tout y est. Nos programmes préférés de Stabs, de basses synthétiques et de nappes sont tirés de cette magnifique collection qui réserve bien des surprises. Passons rapidement sur les 15 échantillons d’effets spéciaux pour attaquer les 147 sons de percussions. On y trouve tout ce qu’il faut pour le pop, le rock, le jazz, le latin et la techno, mais pas grand chose pour accompagner notre fameuse chorale…
Plein de carburant
La synthèse sonore du CS6x est assurée par un générateur basé sur la lecture d’échantillons 16 bits / 44,1 kHz. Il est capable de délivrer 64 voix de polyphonie sur 20 canaux multitimbraux (seize pistes Midi auxquelles s’ajoutent deux pistes plug-in, une piste monodique issue du mixage des entrées audio et une piste monodique provenant du générateur de phrases). Un programme simple peut contenir jusqu’à quatre couches sonores en mode instrumental et jusqu’à 73 sons en mode Kit de batterie. En édition, les touches de sélection de banques (CS6x) permettent de sélectionner et d’activer / couper l’un des quatre éléments à la volée et les touches de changement de programmes permettent de sauter directement dans une page de menu (oscillateur, filtre, LFO…). Bien vu !
Commençons par les pages communes à tous les éléments d’un programme. On y règle le mode de jeu, la gamme microtonale parmi 32 types, les paramètres rapides de synthèse (reprenant ceux de la façade), l’arpégiateur (plage, tempo, mode, vélocité, gate et motif), les huit contrôleurs (source et destination), le LFO commun (12 formes d’onde, Fade In et Out, synchro Midi, 2 destinations) et les effets.
Passons maintenant aux sections individuelles, accessibles pour chaque couche. La section oscillateur comprend les choix suivants : forme d’onde, niveau, délai, panoramique, tessiture, plage de vélocité, enveloppe de pitch (dix paramètres) et suivi de clavier. La section filtres est tout aussi musclée, avec ses 12 types de filtres résonants : passe-bas 18dB / 18dB décalé / 24dB / 24dB à simulation analogique, passe-haut 12dB/24dB, passe-bande 6dB/12dB/Wide, réjection 6dB, passe-bas 12dB + passe-haut, passe-bas 6dB + passe-haut. Coup de chapeau à la simulation analogique 24 dB, très chaleureuse. Le filtre numérique 24 dB n’est pas en reste avec une résonance très prononcée autorisant des réglages extrêmes. Une enveloppe identique à celle du pitch est disponible, avec modulation des temps et des niveaux par la vélocité et suivi de clavier. La fréquence de coupure dispose d’un générateur de tracking très performant à quatre points.
Passons à la section d’amplification, dotée d’une nouvelle enveloppe aussi puissante que les deux autres et d’un générateur de tracking à quatre points. Terminons par un LFO très limité (trois formes d’onde, pas de synchro Midi) et un EQ (semi-paramétrique 2 bandes, paramétrique 1 bande, Boost 6 / 12 / 18dB). Voilà qui est complet ! En mode Kit de batterie, les réglages individuels diffèrent quelque peu, comme à l’accoutumée. Le but est d’affecter jusqu’à 73 formes d’ondes aux touches C0-C6 pour constituer des Kits. Pour chaque note, on peut alors régler le niveau, les départs effets, le panoramique (avec effet aléatoire), la sortie audio, le groupe exclusif. Viennent ensuite les paramètres de synthèse : accordage, filtre passe-bas (fréquence, résonance, vélocité), fréquence du filtre passe-haut, enveloppe à cinq paramètres et EQ. Enfin, signalons les possibilités de copier des paramètres d’une couche ou d’une note de batterie vers une autre, de rappeler et comparer les programmes et de les classer par catégorie. Une édition bien pensée et tout à fait complète.
Effets poids lourd
La section effets du CS6x est, comme toujours sur les synthétiseurs professionnels Yamaha, très musclée. En fait, on dispose de deux multieffets (insertion), d’un chorus global et d’une réverbération globale. Pour s’y retrouver, on peut même sélectionner les effets par catégorie. Les deux effets d’insertion peuvent être arrangés en parallèle ou en série dans un ordre à déterminer. Ils disposent respectivement de 24 et 92 algorithmes très bien exécutés, comprenant jusqu’à 16 paramètres, la moyenne étant de 10. Les 24 algorithmes, assez classiques, sont dédiés aux effets de modulation, aux effets non linéaires et aux EQ. Les 92 autres comprennent en plus des réverbérations, des délais, des ensembles, des combinaisons, des harmoniseurs à deux voix et une abondante section d’effets basse résolution. On y trouve un réducteur de bits, un générateur de bruits, un simulateur de platine vinyle, un éliminateur de voix et un variateur de tempo. Bref, de quoi manipuler les boucles que l’on prendra soin d’enregistrer grâce au sampler interne réservé à cet effet et dont nous allons bientôt reparler.
Plus habituelles, les sections chorus et réverbération possèdent respectivement 23 et 12 algorithmes. Là encore, on peut se faire la main sur une dizaine de paramètres. Il est même possible de régler l’envoi de la sortie du chorus vers la réverbération. En plus de cette générosité, Yamaha a doté sa section effets de nombreux points de contrôles en temps réel. A part les réverbérations limitées à quelques points de modulation, pratiquement tous les paramètres peuvent être affectés à des sources, ce qui est très appréciable pour ceux qui recherchent encore plus d’expressivité en temps réel.
Camion frigorifique
Le CS6x est doté d’une mémoire interne non extensible de 4Mo pour stocker jusqu’à 256 échantillons additionnels dans 4 Kits, obtenus soit par échantillonnage direct, soit stockés sur des cartes SmartMedia aux formats propriétaire, Wave ou AIFF. L’échantillonnage peut s’opérer à partir d’une des deux entrées audio, le mixage monodique des deux ou par rééchantillonnage interne d’un programme, d’une performance ou d’une phrase échantillonnée. Sympa. Une fois en mode d’échantillonnage de phrases, il suffit d’appuyer simultanément sur la touche « Record » et sur une touche du clavier pour choisir sa note de référence. L’échantillonnage peut être déclenché manuellement ou suivant un seuil (audio pour les entrées audio, Midi pour le rééchantillonnage) et stoppé à la volée. Il est même possible de contrôler grossièrement les niveaux audio via le LCD. Une fois un Kit complet constitué (tessiture C0-C6), il ne reste qu’à l’éditer à la manière d’un Kit de batterie. On dispose de paramètres communs (volume, panoramique, départs effets, coupure du filtre, résonance, enveloppe AD, arpégiateur, contrôleurs et effets) et individuels (échantillons, variation, sortie audio, panoramique, départs effets, accordage, coupure du filtre passe-bas, résonance, vélocité sur coupure, coupure du filtre passe-haut, enveloppe d’amplitude cinq points, vélocité de volume et EQ).
Chaque échantillon dispose de huit possibilités de variation, dans lesquelles on redéfinit le sens de lecture (avant, inversé, boucle) et les points de lecture (départ, boucle, fin) sans consommer de la mémoire d’échantillons. Bien vu ! Il est même possible de diviser très simplement une boucle automatiquement en 8 parties (maximum) et d’affecter les 8 boucles ainsi obtenue sur 8 touches consécutives du clavier. Parmi les autres paramètres, on trouve un remixeur de boucles fonctionnant suivant cinq algorithmes, une normalisation (dont les réglages peuvent excéder la résolution maximale de 100%, histoire de saturer le son), une conversion de fréquence (division par deux uniquement) et une extraction d’audio. Dommage que ces commandes ne possèdent pas d’Undo et nécessitent une copie préalable. Pour terminer, on trouve des fonctions de suppression et copie de phrases ainsi qu’un mode de réception SDS pour les plus patients.
Globalement, le CS6x n’est pas un sampleur très puissant : il est mono, dispose de peu de fonctions d’édition, d’une mémoire réduite et d’aucune gestion de multisamples. En revanche, nous avons été soufflés par l’excellente qualité du Time stretch pouvant s’opérer en temps réel sur les phrases bouclées grâce au potentiomètre « Pitch », digne héritier du SU700. Voilà donc un sampler à considérer comme le moyen de lancer des boucles en direct et de broder dessus à l’infini. Doué pour le live !
Semi-remorque
Dans le mode performance, le CS6x est capable d’assembler 16 programmes et 4 parties supplémentaires : phrases échantillonnées, mixage des entrées audio et deux cartes plug-in. En édition, la machine peut afficher graphiquement un même paramètre pour tous les canaux, tel que statut (activé / coupé / en couche), volume, panoramique, départ chorus, départ réverbération et transposition. Parmi les paramètres communs, on trouve le canal d’assignation de l’arpégiateur, les paramètres du mode clavier maître (split, quatre zones ou couche), les paramètres d’édition rapide (à la manière du mode programme, mais commun à tous les canaux), l’arpégiateur, l’assignation des contrôleurs, l’EQ global et les réglages d’effets.
Passons maintenant aux paramètres individuels pour chaque canal. On commence par choisir la source sonore : un numéro de programme « classique » pour les 16 canaux (ou les 32 lorsqu’une carte plug-in multitimbrale est installée), un numéro de programme plug-in pour les 2 canaux plug-in, un Kit de phrases pour le canal de phrases échantillonnées et le type de source et d’algorithme d’effet pour le canal recevant le mixage des entrées audio. Reste ensuite à définir le volume, le panoramique, les départs chorus et réverbération. Ensuite, pour les parties instrumentales, on peut régler quelques paramètres de synthèse (coupure et résonance du filtre, enveloppe ADSR, portamento). Pour toutes les parties, il est possible de programmer le Pitchbend et un offset de la sensibilité à la vélocité, les limites de tessiture et de vélocité, l’accordage (sauf pour la couche audio) et les sorties audio. Terminons les possibilités de filtrage de quinze contrôleurs en réception (suivant le type de canal) ainsi que les pages supplémentaires d’assignation de contrôleurs pour les canaux audio ou pour les cartes plug-in multitimbrales.
En résumé, même s’il fait preuve d’une certaine logique, le mode performance peut sembler confus, car il combine des sources sonores d’univers différents avec des réglages tantôt identiques, tantôt spécifiques. Mais on salue Yamaha d’avoir poussé le concept plus loin que sur ses précédents modules. Dans ce même mode performances, le CS6x peut se transformer en clavier maître capable d’émettre sur quatre canaux Midi, suivant les modes split, layer ou quatre zones. Ce dernier permet de superposer plusieurs zones internes ou externes, ce qui suffira pour le jeu live dans bien des cas !
Fret divers
Pour augmenter davantage l’expressivité du CS6x, Yamaha l’a doté de mémoires de scène, d’une matrice de modulations, d’un arpégiateur et d’un lecteur de Midifiles. Les mémoires de scènes permettent de sélectionner deux profils de réglage des commandes de filtre, des segments AD d’enveloppes et deux des potentiomètres libres d’affectation situés sous le LCD. Deux interrupteurs et un potentiomètre dédié permettent d’interpoler entre les deux profils. La matrice de modulations permet d’affecter aux différents contrôleurs temps réel (aftertouch, molettes, potentiomètres sous le LCD, pédales, contrôleur de souffle) des paramètres variés (plus de 60) tels que panoramique, résonance, paramètres effets, avec réglage de la profondeur de modulation.
Pour chaque programme, jusqu’à six ensembles de paramétrage sont possibles avec embrayage / débrayage pour chacune des quatre couches sonores, chapeau ! L’arpégiateur comporte quant à lui 128 motifs préétablis, capables d’être affectés aux programmes, performances ou phrases samplées. Les motifs sont classés par catégorie et couvrent des styles très variés. On retrouve des arpèges classiques, des phrases complètes, des patterns de percussions, des diviseurs de boucles rythmiques en temps réel et des séquences de contrôleurs. Le tempo varie entre 25 et 300 bpm. Il est possible de régler outre le tempo, la tessiture, l’ordre de reproduction, la réponse en vélocité et le temps de Gate.
Terminons par le lecteur de Midifiles, capable d’enchaîner jusqu’à 100 séquences contenues sur une carte SmartMedia. A chaque étape, on peut régler le numéro de fichier « .MID » à reproduire, le tempo, la performance à sélectionner pour la reproduction et les conditions d’enchaînement. Pour ceux qui possèdent un ordinateur et une prise « to host », c’est gagné ! Il suffit d’utiliser le séquenceur XGWorks Lite 3.0 fourni sur CD-Rom et de transférer les données sur une carte grâce au logiciel Card Filer également fourni. A noter que ce CD-Rom contient des drivers Midi, des pistes Audio de moyenne qualité tirées des banques AMG et des éditeurs dédiés pour le synthétiseur et les éventuels plug-in, aux formats Mac et PC. La totale !
Livraison assurée
Au final, Yamaha a réalisé le bon compromis entre convivialité, puissance et évolutivité. Le CS6x marque une nette différence avec ses prédécesseurs de la série et pas seulement sur la facture finale. Plus de commandes directes, plus de paramètres, une navigation aisée et de bonnes possibilités d’extension. L’arpégiateur n’a pas été oublié, mode oblige, mais considérer le CS6x comme une machine Techno serait le cantonner à un bien petit rôle. L’échantillonneur embarqué, même s’il propose des performances des années 80 plutôt que de l’an 2000, est une addition bienvenue permettant de faire tourner une boucle samplée comme les DJ font tourner des vinyles, pas de programmer la future collection en 15 CD-Rom de multisamples orchestraux. Le lecteur de Midifile est une bonne idée qui évitera d’emprunter le 38 tonnes du voisin pour partir en tournée.
Les rares petits défauts de la machine concernent essentiellement le mode performance un peu confus, qui se débat tant bien que mal entre des paramètres communs et des paramètres variables en fonction des cartes plug-in connectées. Quelques nuits blanches feront l’affaire. De même, on aurait aimé deux LFO par couche, mais tout cela est bien peu comparé au plaisir que nous avons eu de parcourir les routes musicales de ce début de millenium avec le CS6x.
Glossaire
SDS : acronyme de (Sample Dump Standard) protocole standardisé d’échange de données d’échantillons via Midi, c’est-à-dire à 31Ko par seconde, autrement dit à une vitesse voisine de l’Internet un jour de grand calme, autrement dit pas vite du tout !
Time stretch : compression ou expansion temporelle d’un échantillon sans en modifier la hauteur de reproduction, ce qui permet par exemple de faire coïncider le tempo de deux boucles tournant initialement à des vitesses différentes.
Modélisation : reproduction des différents comportements d’un instrument de musique par description mathématique de ses caractéristiques (de la génération sonore à la propagation des ondes), plus facile à dire qu’à faire !