Annoncée au Summer NAMM 2011, la série d'interfaces VSL a fait son apparition dans le catalogue de Presonus. Au menu : des préamplis XMAX, le séquenceur maison en bundle et des traitements intégrés. Nous avons testé la plus petite de la série, l'AudioBox 22VSL.
Fort de son expérience dans le domaine de la console live, avec sa gamme StudioLive, Presonus propose de nouvelles interfaces audionumériques et en profite pour intégrer des ingrédients issus de ces fameuses consoles. C’est ainsi que l’on voit apparaitre le logiciel Virtual StudioLive, permettant de gérer et mixer les flux audio et d’y ajouter des traitements comme un compresseur, un égaliseur, un limiteur, etc. La marque ayant désormais dans ses rangs un séquenceur mûr et complet, la série VSL voit son bundle agrémenté de la version Artist de Studio One. Presonus nous propose donc une offre très complète, profitant des efforts internes de la marque, à un prix très compétitif (moins de 200€ en magasin).
Super, mais on a le droit à quoi pour ce prix-là ?
Argenterie
On ne peut pas dire que la nouveauté se trouve côté design, qui reste très semblable au fameux FirePod sorti il y a maintenant… plus de 7 ans ! Cela ne nous rajeunit pas. Les couleurs ont changé, mais le look reste à peu près le même, c’est la Presonus’ touch ! À leur décharge, il est difficile d’être créatif sur un format « rack » (tiers de rack sur la 22VSL). Entre les potards et les entrées XLR, il ne reste pas beaucoup de place à la fantaisie. On s’étonne tout de même de l’absence d’interface audio au format « desktop » dans le catalogue de Presonus, car quasiment toute la concurrence le fait… Quoi qu’il en soit, l’interface est jolie, parait très solide grâce à sa robe entièrement métallique et garde des dimensions et un poids raisonnables (700 grammes).
On retrouve sur la face avant les deux entrées au format combo XLR/Jack 6,35 mm, permettant d’y brancher un micro ou un instrument (basse, guitare). Un petit bouton (comme sur le Firepod), permet d’enclencher l’alimentation fantôme, et cinq potentiomètres crantés (comme sur le… bon j’arrête) suffisent à régler les gains des deux entrées, les niveaux des sorties casque et ligne, et enfin le mix entre les flux audio provenant des entrées physiques et ceux découlant du séquenceur (comme sur vous-savez-qui). Ajoutez à cela trois petites LEDs, deux pour indiquer que le signal sature en entrée et une autre pour désigner la mise sous tension de l’appareil. Le moins que l’on puisse dire, c’est que nous ne sommes pas perdus !
Derrière, c’est simple : une prise USB pour raccorder l’interface à son ordinateur et une entrée/sortie MIDI au format DIN 5 broches. Enfin, on retrouve les sorties au format Jack TRS (donc symétrique) 6,35 mm et la prise casque que l’on aurait préféré voir devant, dommage. L’interface est alimentée par le port USB, ouf !
On regrettera l’absence d’une entrée/sortie numérique S/PDIF, qui est présente sur les concurrentes directes (AVID M-Audio C400 et Roland UA-55 pour ne pas les citer). Une paire de sorties analogiques en plus aurait été un plus appréciable, aussi.
Passons au côté logiciel maintenant.
Porcelaine
Avant de connecter l’interface à l’ordinateur, on installe le logiciel Virtual StudioLive qui permettra de gérer les effets de la VSL22, qui restent calculés par votre processeur et non pas par un DSP interne, et de router les signaux provenant des entrées et de votre séquenceur. Vous pouvez désactiver Virtual StudioLive (VSL) afin de régler le retour casque qu’avec le potard mix disponible en façade de l’appareil. Si jamais vous décidez d’utiliser VSL, veuillez tourner le potard mix à fond, sur la position « VSL ».
Après avoir lancé VSL, on se retrouve face à une interface graphique bleue/grise pas forcément très belle, mais qui a le mérite d’être claire et facile à comprendre. Les voies sont présentées comme sur une console, avec les deux entrées physiques et les retours séquenceurs. Pour chaque voie, nous avons : une mise en opposition de phase, un bouton « post » permettant d’enregistrer les traitements de VSL, un coupe bas réglable jusqu’à 1,3 kHz (!), deux envois vers les deux effets auxiliaires (réverbe, délai et délai stéréo), une panoramique, un solo, un mute et un fader évidemment ! On voit qu’il est possible d’avoir en insert 3 traitements : un gate, un compresseur et un égaliseur, quand on clique dessus, nous rentrons dans le « Fat Channel ».
Verrerie
Dans ce « gros canal », nous retrouvons les réglages des paramètres pour notre noise gate (seuil), notre compresseur (seuil, ratio, gain, attaque et relâchement, mode limiter et automatique) et notre égaliseur trois bandes semi-paramétriques (assez rudimentaire : deux valeurs de Q pour les moyennes fréquences seulement, possibilité de shelve pour les hautes et basses fréquences).
Les deux bus d’effets auxiliaires sont dénommés FX A et B, et on peut choisir le traitement (réverbe, délai ou délai stéréo) et régler quelques paramètres : pre-delay, room size, damping et width pour la réverbe, delay time, feedback et damping pour le délai. À noter que ces voies auxiliaires profitent elles aussi des traitements du « Fat Channel » en insert.
À droite de l’interface, nous avons les présets, soit pour VSL avec les scènes (réglage de la console virtuelle), soit pour le Fat Channel (paramètres des effets d’insert), soit pour les effets auxiliaires (paramètres pour la réverbe et le délai). Ergonomiquement, c’est plutôt bien fait : on drag and drop le préset vers une tranche entière ou un effet et c’est parti mon kiki.
Enfin, dans le menu setup, on règlera les paramètres de vu-mètres, la fréquence d’échantillonnage (jusqu’à 96 kHz) et la taille du buffer (et donc la latence, de 1 à 4 ms).
Le seul gros reproche que l’on peut faire à l’interface audio, c’est que le casque et la sortie « main » utilisent le même flux audio. On ne pourra donc pas faire de mix différents pour le casque et les enceintes, dommage ! Pour un home studiste solitaire, il faudra donc soit désactiver VSL et utiliser le potard mix en façade (potard à fond quand on mixe sur ses enceintes, potard à mi-parcours quand on enregistre avec le casque sur les oreilles), soit activer VSL et enregistrer deux scènes (une pour l’enregistrement et une pour le mix) afin de pouvoir passer rapidement de l’une à l’autre. C’est donc surmontable, mais on aurait préféré avec un casque complètement indépendant.
Place maintenant aux tests audio.
Tupperware
Pour tester cette interface audio, nous l’avons mise face à une C600 de M-Audio, grande sœur de la C400 qui joue dans la même catégorie que la VSL22. Afin de calibrer les gains des préamplis, nous avons placé un micro statique devant une enceinte jouant une sinusoïde d’une fréquence de 1kHz. Ce micro est branché à un adaptateur Y afin d’attaquer simultanément les deux interfaces chacune branchée à un ordinateur. Nous avons enregistré une guitare acoustique Gibson J-200 avec un micro Oktava MK-012–01, et voici les résultats :
- Micro Presonus VSL2200:29
- Micro M-Audio C60000:29
Afin de tester les convertisseurs « analogique vers numérique » placés en entrée, nous avons joué un projet Cubase que nous avons envoyé en niveau ligne dans les deux interfaces. Voici les résultats :
- Ligne Presonus VSL2200:48
- Ligne M-Audio C60000:48
On observe que nous avons dû pousser le potard de gain un peu plus loin sur l’interface Presonus afin d’obtenir un niveau en entrée équivalent à celui de la C600 (voir photo). Cela ne veut pas forcément dire que la M-Audio possède plus de réserve de gain, mais son réglage paraît plus progressif. Concernant la qualité sonore, elle est pour ainsi dire équivalente. Que ce soit à l’oreille ou avec un analyseur de fréquences, il est impossible de véritablement les départager. Les futurs acquéreurs devront donc se tourner vers d’autres critères afin de départager les interfaces (format, ergonomie, drivers, entrées/sorties, look…). Durant le test, la VSL22 s’est montrée stable sur notre MacBook Pro, un très bon point.
Avant de conclure, signalons que la carte est fournie avec le séquenceur maison, Studio One 2, en version Artist (100€ dans le commerce). Mais pour ceux ayant craqué pour la VSL22 avant le 31 décembre 2011, un update gratuit vers la version « producer » (200€) est offert, très cool ! Notre cher Los Teignos nous prépare d’ailleurs une revue complète de la dernière version du séquenceur, à paraître très bientôt. Nous voulons aussi féliciter Presonus qui offre toute une partie « tutorial » très intéressante dans le manuel : comment placer ses micros et d’autres conseils sympathiques.
Conclusion
Si vous n’avez pas de séquenceur et que l’entrée/sortie S/PDIF ne vous intéresse pas, vous pouvez considérer très sérieusement l’acquisition de la VSL22. Le fait qu’elle soit livrée avec Studio One 2 Artist et qu’elle fonctionne avec le logiciel Virtual StudioLive la rend très attractive. Au niveau qualité audio, il n’y a rien à redire pour une interface à 200€, tant au niveau des préamplis que des convertisseurs. On aurait juste apprécié le fait que le casque soit totalement indépendant des sorties principales et que sa sortie soit en façade. Mis à part ça, l’AudioBox 22VSL est une très bonne interface à recommander. À quand une version desktop monsieur Presonus ?