Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Audient a surpris son monde en annonçant en janvier dernier une interface audio pour guitariste, intégrant un préampli à lampe et des modélisations et réponses impulsionnelles signées Two Notes, papa français des bien connus Torpedo. Le but ? Offrir aux amis de la six cordes une nouvelle façon d’enregistrer. Pour une fois qu’un produit sort des sentiers battus dans le secteur des interfaces audio, nous n’allons pas bouder notre plaisir…

Si la couleur appliquée à la carrosserie et les potards diffèrent des interfaces audio du constructeur anglais, on retrouve tout de même les lignes de la gamme iD, ainsi que l’impression de robustesse conférée par le boîtier métallique. Même si ses dimensions restent relativement imposantes (229 × 67 × 165 mm, pas loin de l’iD44), on n’excluera pas la possibilité de la poser sur un pedalboard tant elle n’a rien à envier à la plupart des pédales pour guitaristes côté solidité. L’idée de poser une interface audio sur un pedalboard vous paraît saugrenue ? À première vue, oui, mais c’est sans compter sur les services offerts par cette Sono. Car malgré ce patronyme qui peut prêter à confusion pour le public français, l’interface audio se destine bien aux guitaristes. Mais commençons par le commencement, à savoir la partie interface audio.
Côté sorties, c’est très simple avec de quoi brancher votre casque devant et vos enceintes derrière (jack TRS). Il est noter que ces deux sorties disposent de leur propre potard de volume. Un troisième potard permettra de doser le mélange entre ce qui revient de votre STAN et ce qui rentre dans votre interface. On termine avec l’entrée numérique ADAT optique et le connecteur USB-C, la Sono restant compatible avec n’importe quel ordinateur disposant d’un port USB 2, que ce soit sous Windows ou Mac OS.
Côté logiciel, rien de vraiment surprenant vu que la Sono reprend la table de mixage virtuelle des iD qui permet de réaliser simplement le mixage adéquat. On pourra ainsi faire deux mixages, le Master et le Cue, en dosant les entrées analogiques 1 et 2, l’entrée “No C.A.B.” qui est l’entrée instrument sans la partie simulateur d’enceinte, les entrées numériques et les retours DAW (1+2 et 3+4). Dans le panneau de configuration, on pourra choisir entre de l’ADAT et du S/PDIF pour les entrées numériques, la source de l’horloge, le type de mode Mono (L, C ou R), régler le Trim et choisir la source pour le talkback (et il est possible de choisir une interface externe, donc potentiellement le micro intégré de votre ordinateur).
Un préampli caché
Un préampli c’est bien joli me direz-vous, mais un guitariste a aussi besoin d’un ampli et d’une enceinte pour avoir LE son. Et comme il était impossible de faire rentrer un 100 Watts à lampes et un 4×12 dans le boitier, il a fallu demander l’intervention des français de Two Notes. Car eux, faire rentrer des gros amplis dans des petits boites, ils savent le faire depuis des années. Et ils ont même appelé ça des Torpedo. On retrouve donc un simulateur d’ampli de puissance et d’enceintes géré par un DSP intégré et basé sur la technologie bien connue de nos Montpelliérains préférés (juste après Nantho). Et qui dit DSP intégré, dit mode standalone. C’est pourquoi nous vous parlions de pedalboard au début de l’article, car il sera possible d’utiliser la Sono sans la brancher à un ordinateur. Il vous suffira de concocter trois presets via le logiciel fourni et ces derniers seront disponibles directement en façade (A,B, C) via un bouton dénommé C.A.B. Vous pourrez ainsi faire votre cuisine avec les 8 pièces, 20 enceintes et 8 micros disponibles (et plus si affinité sur le store de Two Notes).
Voici quelques exemples audio réalisés par votre serviteur, humble guitariste disposant d’une pédale d’overdrive Maxon OD808 et d’une guitare équipé de P-Rails de Seymour. Les sons clairs ont été fait avec le mode P90 (manche) et les sons saturés avec la pédale Maxon et la position Humbucker (chevalet) :

- Manche P90 sans pédale00:25
- Chevalet HB avec OD et Reverb00:21
Sans pédales, nous avons trouvé le préampli un peu terne et trop axé sur les médiums à notre goût, du moins avec les micros et les enceintes fournis par Two Notes. Nous conseillons donc aux guitaristes d’essayer la Sono avec leur propre matériel avant d’acheter, car les goûts et les envies peuvent varier énormément entre deux musiciens.
La partie Torpedo est quant à elle bien connue des clients de Two Notes et la qualité des simulations n’est plus à démontrer. De plus, si les huit enceintes incluses ne vous satisfont pas complètement, vous aurez accès à l’énorme Store en ligne qui regorge de modèles en tout genre. On pourra juste regretter que le tout reste bloqué en mode Arcade, dont la principale limitation est de ne pas pouvoir désaxer le micro devant l’enceinte ou d’en rajouter un deuxième et de le mixer avec le premier.
Mais n’oublions pas que la Sono reste avant tout une interface audio, et qui dit interface audio, dit benchmarks !
Benchmarks
Avec la mémoire tampon réglée au minimum (32 échantillons), nous avons obtenu une latence de 3,58 ms en entrée et 2,34 ms en sortie (à 96 kHz). Ce sont exactement les mêmes résultats que la majorité des interfaces USB, il n’y a donc rien à redire là-dessus.
Afin de tester l’interface, nous avons fait des benchmarks avec notre APx515 d’Audio Precision, et nous allons pouvoir comparer les résultats à ceux obtenus avec les interfaces précédemment testées.
Voici les résultats avec les niveaux ligne, à 96 kHz :
Concernant l’entrée instrument, elle n’est évidemment pas transparente, et on aperçoit une petite bosse de 3 dB autour des 6kHz. On peut considérer ce résultat comme voulu, après tout Audient, en incorporant une lampe 12AX7, ne nous vend pas une entrée instrument transparente, bien au contraire.
La sortie casque est sans surprise, avec des résultats équivalents et une bonne réserve de puissance (1,402 Vrms).
Vous l’aurez compris, hormis les résultats des entrées ligne qui restent un mystère, le reste est tout à fait satisfaisant et à la hauteur de ce que l’on peut attendre d’une interface Audient. La lampe ne fait pas juste office de décoration pour l’entrée instrument, cette dernière étant “colorée” dans le haut du spectre.
Conclusion
Si la Sono nous avait séduits sur le papier, il faut avouer que nous avons été un peu déçus après l’avoir branchée. Entre les performances en retrait de ses entrées ligne, le préampli guitare qui a une belle dynamique mais qui reste un peu terne à notre goût et la partie Torpedo qui fonctionne très bien mais qui reste bloquée en version Arcade, nous avons été un peu refroidis. Tout cela ne l’empêche pas d’être originale, de proposer une solution pour les guitaristes de scène et de studio et d’hériter des grandes qualités des interfaces audio de la gamme iD. Avant d’acheter, nous recommandons donc aux guitaristes d’essayer la Sono avec leurs pédales et leurs guitares, car les goûts et les couleurs, ça ne discute pas.