La marque HeadRush sort son nouveau pédalier multi-effets à la taille XXL. Ce dernier, toujours équipé de son écran tactile, est capable de proposer des solutions pour la guitare, la basse mais aussi le chant. Voyons ensemble comment se débrouille le « Prime » sur le terrain.
Le son du bout des doigts
Le Prime n’est pas le premier pédalier de la marque HeadRush. Cette dernière avait, il y a maintenant quelques années de cela, sorti un premier multi-effets dont les algorithmes, bien que remis au goût du jour, étaient ceux du vieillissant Eleven Rack. Le nouveau pédalier de la marque reprend quant à lui une base équivalente mais embarque en plus des algorithmes issus cette fois-ci du simulateur ReValver de Peavey, lui aussi plus tout jeune, malgré sa bonne réputation.
Le HeadRush Prime est donc un grand pédalier aux dimensions de 65,23 × 30,78 × 8,23 cm pour un poids total de 7,50 kg. L’une des particularités chez HeadRush est de proposer un écran tactile OLED. Celui du Prime fait 7 pouces, ce qui équivaut aux dimensions d’une petite tablette et permet de contrôler absolument toutes les fonctionnalités du multi-effets sans passer par un logiciel externe. Si cela est bien pratique dans des conditions scéniques, ça l’est parfois moins en studio ou tout simplement à la maison. Une application permettant de contrôler l’appareil sans avoir à se baisser éviterait sans doute quelques problèmes dorsaux. HeadRush a tout de même pensé à un « Hands-Free Mode » qui permet de contrôler le pédalier sans les mains.
Le multi-effets embarque un total de 12 switches accompagnés de leurs écrans à LEDs en plus de LEDs multicolores. 3 potentiomètres gèrent les niveaux sonores (MAIN, PHONES et AUX), 1 potentiomètre permet de naviguer et d’incrémenter les divers paramètres (PUSH TO ENTER) et enfin, 3 potentiomètres agissent sur les réglages disponibles en accès immédiat à l’écran. Les couleurs de ces différents potentiomètres rappellent d’ailleurs très fortement celles utilisées par la marque Marshall. On retrouve une pédale d’expression équipée d’un grip, qui servira aussi bien pour contrôler la Wah-wah ou la Whammy que pour changer en temps réel la valeur d’un ou de plusieurs paramètres. Lorsque l’on manipule cette dernière, on ressent une légère résistance qu’il n’est, semble-t-il, pas possible de régler.
La connectique est par ailleurs très complète et devrait répondre aux besoins les plus courants. Ainsi, elle est composée :
- D’une prise micro (XLR/Jack 6,35 mm) accompagnée de son potentiomètre de gain (le 48 volts est activable dans les options internes)
- D’une entrée guitare/basse
- D’une sortie permettant de contrôler les canaux d’un amplificateur (sous réserve de compatibilité)
- De deux entrées destinées à recevoir une pédale d’expression supplémentaire
- D’une boucle d’effets (SEND/RETURN)
- De sorties au format Jack 6,35 mm et XLR permettant une utilisation mono ou stéréo de l’appareil
- D’une connectique MIDI au format DIN
- D’une entrée AUX au format mini-jack
- D’une sortie casque au format mini-jack
Il faut rajouter à tout cela deux ports USB (A et B). Le premier permet de connecter le pédalier à l’ordinateur pour synchroniser des fichiers. Le second permet de brancher une clé USB et de s’en servir comme d’un support de stockage. On peut aussi y brancher un contrôleur MIDI au format USB. De plus, en connectant le Prime à l’ordinateur, celui-ci pourra faire office de carte son (compatible PC et MAC) pouvant monter jusqu’à une résolution de 96 Khz/24 bits.
Le Prime embarque également le WIFI et le Bluetooth. Le WIFI permet de mettre à jour le firmware de la machine, d’aller chercher ses fichiers sur Dropbox ou encore de se connecter au « HeadRush Cloud » proposé par la marque. Ce dernier propose divers presets à télécharger. Le Bluetooth permet d’envoyer de la musique provenant de son smartphone ou de sa tablette. Pendant ce test, ces deux connectiques ont merveilleusement bien fonctionné sans présenter le moindre bug.
La qualité de fabrication quant à elle parait être très bonne. Les matériaux et le poids inspirent confiance. En revanche, l’écran tactile n’est probablement pas adapté pour recevoir des coups (nous nous sommes abstenus d’effectuer un crash test) et poser un verre trempé sera sans aucun doute plus sage pour un appareil affiché au prix de 1200 euros au moment de la rédaction de ce test. Enfin, le HeadRush Prime est fabriqué à Taïwan.
Un pédalier facile à utiliser
La présence d’un grand écran tactile rend la prise en main de l’appareil très aisée. La navigation dans les divers menus est tout à fait claire et semblable aux standards applicatifs actuels. Les graphismes sont jolis, avec des pédales et amplis représentés de manière très réaliste. Il m’a été possible d’utiliser la machine et d’en comprendre le fonctionnement essentiel en un temps assez court, sans avoir besoin de consulter le manuel. En revanche, on aurait apprécié que les photos d’amplis et de pédales soient présentes dans les listes permettant de sélectionner son matériel.
La navigation dans les presets (appelés RIG) est aussi très simple et s’effectue à l’aide de deux footswitches ou en déroulant une liste, à la manière du menu de notification d’un smartphone. Un preset peut contenir un total de 14 blocs. Ces 14 blocs pourront être agencés en série, en parallèle ou un mélange des deux. Il est à noter que les blocs dédiés aux amplificateurs et aux enceintes peuvent être séparés en deux afin de mélanger des modèles ou des réglages. De plus, le Prime étant aussi destiné à être utilisé pour la voix, il permet de dédier 7 blocs pour la guitare ou la basse et 7 autres pour les effets de voix. Pour couronner le tout, il sera possible, si nécessaire, de router ces signaux sur des paires de sorties différentes. On peut aussi activer le son du micro même si aucun bloc ne lui est dédié. C’est bien pensé et cela est pertinent pour les musiciens qui n’ont besoin que de faire quelques commentaires entre deux morceaux.
La présentation de chaque preset est totalement personnalisable et on pourra choisir entre un affichage dédié exclusivement aux pédales individuelles avec éventuellement des scènes (à la manière des snapshots chez Line6) ou une liste de presets. Bien entendu, il est tout à fait possible de faire un mélange de tout cela avec, par exemple, deux footswitches permettant de passer d’un son rythmique à un son solo, quelques effets individuels et quelques presets. La flexibilité de ce côté-là est totale. On notera par ailleurs que la puissance des DSPs de ce nouveau HeadRush permet de passer d’un preset à un autre de manière « fluide » en laissant les effets tels que les réverbes et delays s’éteindre de manière naturelle, sans coupure.
Toujours plus de matos !
La combinaison des algorithmes issus de l’Eleven Rack et de ReValver fait que le Prime propose dorénavant bien plus de simulations que le HeadRush initial. La différence est notamment flagrante au niveau du choix des enceintes. D’ailleurs, en chargeant une enceinte du catalogue Revalver, on a accès à quelques réglages supplémentaires comme la distance du micro (et plus seulement son orientation), l’ambiance de la pièce et une égalisation deux bandes. Sans surprise, il est possible de charger ses propres réponses impulsionnelles (IR).
Les simulations d’amplificateurs couvrent une collection de matériel assez variée permettant de trouver son bonheur pour des sons clairs, crunchs ou très modernes et saturés. Le catalogue d’effets est également tout à fait correct et aucune catégorie ne semble manquer. Un point très positif concerne la possibilité de charger et de sauvegarder des réglages pour chacun des effets. C’est un gain de temps non négligeable lors de la création d’une nouvelle chaîne de son.
Sans plus attendre, je vous propose d’écouter quelques sons enregistrés avec le Prime. Il s’agit d’un mélange de presets déjà disponibles et de presets créés dans le cadre de ce test :
- 1 – Black Lux Norm + 4×12 Green 20W SM5700:23
- 2 – Black Lux Norm + 4×12 Green 20W SM57 + Comp + Chorus + Shimmer + Rev + EXP Pedal00:38
- 3 – Preset Studio Clean00:42
- 4 – Preset Mod 5900:43
- 5 – Peavey Classic 30 +Peavey 4×12 SM57 + Greener OD00:27
- 6 – Peavey Classic 30 +Peavey 4×12 SM57 + TS9 + Dly AIR + Rev AIR00:27
- 7 – Lead 800 100W + 4×12 Peavey Classic SM5700:44
- 8 – Lead 800 100W + 4×12 Peavey Classic SM57 + Shine Wah + Green Lite + Dly AIR + Rev ELEVEN00:32
- 9 – 6505 + 4×12 6505 R12100:30
- 10 – 6505 + 4×12 6505 R121 + JRC-OD – M104 Analog Dly00:30
- 11 – Classic 30 + 6505 + 4×12 Peavy Classic00:36
- 12 – Preset Metal Triple00:21
Le HeadRush Prime est capable d’offrir des sonorités convaincantes sans avoir besoin de toucher énormément aux réglages initiaux et c’est là un excellent point ! Les sensations de jeu sont par ailleurs très bonnes avec des notes qui accrochent bien sous les doigts et une guitare qui garde son caractère. Bien entendu, sur des machines numériques comme celle-ci, il faut passer un peu de temps à explorer les diverses combinaisons amplificateur/enceinte/micro car tout n’est pas excellent, loin de là. Comparées au Helix de Line6 (que votre testeur possède dans sa forme Stomp et Effects), les simulations ont semblé sonner plus rapidement et facilement, avec un peu moins de temps perdu à rechercher le bon réglage. L’ajout des algorithmes de ReValver y est incontestablement pour beaucoup.
Voici maintenant quelques extraits de basse et de voix :
- 13 – Basse – Preset Blue Line Env00:17
- 14 – Basse – Preset Blue Line Env bis00:11
- 15 – Basse – Preset Bman Oct00:18
- 16 – Preset VOX Drive00:19
- 17 – Preset VOX-Ambient00:30
- 18 – Auto-Tune00:20
La collection d’effets dédiés à la voix est suffisamment riche pour répondre aux usages les plus courants. L’auto-tune propose des réglages assez flexibles, permettant de modifier sa sensibilité mais aussi de sélectionner une tonalité et un mode.
Silence ! Ça clone !
Ce nouveau pédalier propose aussi comme fonctionnalité de pouvoir cloner son matériel, un peu à la manière d’un Kemper. Ainsi, il est possible de cloner aussi bien un amplificateur (avec ou sans son enceinte) que des pédales seules (diverses variétés d’overdrives uniquement). Le processus s’est révélé être simple et rapide. Il n’y a besoin d’aucun boitier de reamping (comme pour le ToneX), il suffit d’effectuer le banal branchement illustré sur l’écran du pédalier et d’attendre quelques petites minutes pour que votre amplificateur soit « imprimé » dans le HeadRush Prime. Il est possible de corriger l’égalisation du matériel cloné en faisant des comparaisons en temps réel avec le matériel d’origine.
Voici un exemple du clonage d’une tête Victory V30 MKII avec une enceinte Victory Duchess 2×12. Je n’ai volontairement apporté aucune modification ou amélioration à la version clonée :
- 19 – Victory V30 Lead + 2×12 Duchess00:22
- 20 – Clone Victory V30 + 2×12 Duchess00:19
Il y a bien une légère différence qu’il aurait tout à fait été possible de rattraper en affinant un peu les réglages, mais dans l’ensemble le résultat est très bon. Bien entendu, cet amplificateur cloné est ensuite utilisable dans la chaîne du son comme n’importe quel autre ampli. Il est même possible de désactiver l’enceinte clonée pour en mettre une autre. C’est excellent !
Pour terminer, le HeadRush Prime possède un looper très efficace, lisible et facile à utiliser. À cela viennent s’ajouter un métronome, un accordeur très précis et réactif (même avec une guitare sept cordes accordée grave) et un lecteur nommé « Practice Tool » permettant de charger un morceau de musique que l’on pourra ralentir, fragmenter et même désaccorder. En d’autres termes, le HeadRush Prime est un vrai outil de travail.
Conclusion
Avec le Prime, HeadRush propose une machine moderne, facile et pratique à utiliser. L’écran tactile, s’il faudra savoir en prendre soin, participe à une prise en main aisée de l’appareil. Sur le plan sonore, l’intégration des algorithmes de ReValver est réussie et grossit de manière très pertinente le catalogue du multi-effets. La flexibilité et la polyvalence du Prime en font un excellent pédalier pour les guitaristes, bassistes et chanteur(se)s. Enfin, le prix de 1200 euros est tout à fait dans la moyenne de ce que pratique la concurrence.