Dévoilé au mois d’avril 2023, le Trident de nUX est un pédalier multieffets qui vient compléter l’offre proposée par le Cerberus de la marque. Il lui emprunte d’ailleurs ses boutons de potentiomètres et son code couleurs.
All inclusive
Si le Cerberus ne proposait « que » des effets de saturation analogiques et des effets temporels et de modulation numériques, le Trident intègre des simulations d’amplis et des effets numériques, une section simulation de prise de son studio, un looper de 30 secondes et un accordeur. Le châssis du Trident est en une pièce d’aluminium. Il est recouvert d’une finition texturée assez particulière qui n’est pas du meilleur effet. Il dispose de 10 foot switches qui permettent l’activation des différents effets (réverbe, délai, modulation, FX et Boost) en plus de pouvoir accéder aux différents présets (A, B et C) et de parcourir les différentes banques à l’aide de flèches directionnelles. On accède à l’accordeur en appuyant longtemps sur le foot switch dédié au Boost, et aux fonctions du Looper en maintenant une pression sur le foot switch FX. Avec le Trident, nUX souhaitait concevoir un pédalier multieffets dont une grande partie des réglages est accessible sur l’appareil via des potentiomètres et autres boutons et encodeurs. Sur le papier c’est une bonne idée, mais dans les faits, c’est un peu plus laborieux. L’écran LCD qui équipe l’appareil est minuscule et sa lecture est très compliquée. Il faut être vraiment proche du pédalier pour avoir une chance de lire les petits caractères. On est de plus confronté au problème d’ergonomie classique des pédaliers multieffets, avec les nombreuses pages de réglages. Certes, de nombreux potentiomètres sont dédiés à des fonctions basiques, ce qui facilite un peu le réglage, mais le bloc Boost par exemple, ne dispose pas de ces potentiomètres. Son ajustement est donc très laborieux sur l’appareil. Les nombreux potentiomètres pourront être utilisés pour des ajustements rapides à la volée, mais c’est tout.
Le Trident est divisé en plusieurs blocs : Delay/Reverb, Modulation/FX et Amp. Pour le bloc réverbe et délai, on profite de potentiomètres de Level, Time et Repeat pour le délai, et Level et Decay pour la réverbe. Des petits switches permettent de choisir le type de délai, de réverbe et de changer l’ordre de ces effets : réverbe-délai, délai-réverbe ou les deux en parallèle. Pour le bloc Modulation/FX, on dispose de réglages de Rate, Depth et Level pour la modulation, et Sense et Level pour les autres effets. Deux petits switches permettent de choisir l’effet de modulation : Chorus, Tremolo ou Phaser, et Compresseur, Filtre ou Pitch Shift. On perçoit ici la première limite de ces réglages dans la mesure où ils ne donnent accès qu’à une fraction des effets disponibles. Pour le bloc de réglages dédiés à l’ampli, on peut ajuster le gain, le niveau, les basses, les médiums, les aigus et la présence. Sous cette série de réglages, on trouve des boutons qui permettent d’activer/désactiver le Noise Gate, l’ampli, la simulation de prise de son et de l’égalisation. Enfin, de part et d’autre du tout petit écran se trouvent deux encodeurs rotatifs avec bouton-poussoir. Ils permettent de naviguer dans les menus et de sauvegarder des présets.
À l’arrière du châssis on trouve dans l’ordre : une entrée pour une pédale d’expression, l’entrée guitare, la boucle d’effets, l’entrée auxiliaire sur mini-jack 3.5 mm, le master volume, les sorties XLR (DI1 et DI2) avec leur switch de mise à la terre, les sorties Jack 6.35 mm (Out1 et Out2), une sortie casque sur Jack 6.35 mm, les ports MIDI sur mini-jack 3.5 mm (adaptateur fourni), la sortie USB-C et la fiche d’alimentation, assez fragile d’ailleurs. Le bouton de mise sous tension de l’appareil parachève ce panneau arrière.
L’éditeur logiciel
Malgré une interface passable sur le pédalier, nUX a mis le paquet en ce qui concerne le logiciel d’édition. Ce dernier est très simple à utiliser et bénéficie d’une interface graphique très agréable et lisible. Chaque ampli, pédale, enceinte et micro est très bien représenté et on comprend immédiatement ce qu’on est en train de faire. Ce n’est pas toujours le cas en passant par le pédalier et son écran microscopique. Toutes les fonctions dont on a besoin sont littéralement à portée de souris et on ne met pas plus de quelques minutes à confectionner un préset contre 10 minutes en réalisant l’opération sans le pédalier. On accède très rapidement aux différentes listes d’effets et d’amplis et on sélectionne aussi vite le modèle dont on a besoin. C’est simple, efficace et sympa à manipuler. Si le pédalier n’est pas très agréable à utiliser pour la confection d’un ou plusieurs présets, son utilisation devient beaucoup plus naturelle en conditions de jeu. Disposer d’un footswitch pour chaque effet est un vrai plus. Seule la taille trop réduite de l’écran est dérangeante et le nom de présets est à peine lisible, c’est bien dommage. Heureusement que le numéro de la banque et du préset sont indiqués en plus gros ce qui permet quand même de vaguement se repérer.
Les effets et amplis
Contrairement à de nombreux pédaliers multieffets disponibles sur le marché, le Trident n’intègre pas une quantité astronomique d’amplis et effets, et c’est un excellent point selon moi. On dispose de 27 amplis, ce qui est largement suffisant pour couvrir tous les styles possibles et imaginables. Des simulations de Fender, Marshall, Hiwatt, Mesa Boogie, Peavey, Budda, Soldano et même Friedman sont disponibles. Pour les effets, le principe est le même et on dispose de :
- 7 effets : Red Comp, K-Comp, Studio Comp, Dr.Q, Wah, Pitch Bender et Harmony
- 11 effets de modulation : CE-1, Stéréo Chorus, Flanger, Chorus+, Rotary SPK, Vibrato, Detune, Tremolo, Phase90, Phase 100 et UniVibe
- 2 EQ : 7-Band EQ et Para EQ
- 7 Boosts : Katana, RC Boost, AC Boost, T Screamer, Blues Drive, Morning Drive et Red Dirt
- 3 délais : analog Delay, Tape Delay et Digi Delay
- 4 réverbes : Spring, Plate, Room et Hall
Les simulations d’enceinte sont, comme les amplis, au nombre de 27. Quand on choisit un ampli, le logiciel programme automatiquement l’enceinte associée à cet ampli. Les 4 micros modélisés sont les suivants : Shure SM57, Sennheiser E906, Neumann U87 et AKG C414. On ne peut utiliser qu’un seul micro à la fois, mais on peut choisir entre 3 options de placement : Center, Middle ou Edge.
Et le son ?
Le Trident utilise 2 puces DSP (une pour la gestion des effets et l’autre pour celle de l’ampli) et le procédé « TSAC-4K Amp Modeling », deux fois plus puissant que le procédé utilisé précédemment par le fabricant. Si on ne dispose « que » de 27 amplis (ce qui encore une fois est largement suffisant), nUX a eu la bonne idée de modéliser ces amplis en profondeur. On retrouve en effet toutes les particularités de chaque ampli dont les 2 ou 4 entrées qu’on peut sélectionner et relier entre elles, les différents switches de Voicing, Bright et d’égalisation de tel ou tel ampli ainsi que la présence ou non d’un master volume. D’ailleurs, le réglage Level du bloc ampli positionné sur le Trident ajuste non pas le Master Volume de l’ampli, s’il en dispose, mais le niveau de sortie de l’ampli de puissance. On peut donc profiter d’un ampli avec le Master Volume à fond tout en maîtrisant le volume d’écoute grâce au réglage Level. Ce dernier est, sur l’éditeur logiciel, situé à côté du réglage Bias qui affecte l’ampli de puissance et qui génère une saturation très musicale.
Comme à mon habitude, j’ai parcouru quelques présets confectionnés par la marque et ai commencé à faire les miens. Les modélisations d’amplis sont plutôt satisfaisantes, surtout les amplis les plus clairs (Deluxe Reverb, Princeton, Twin Reverb et Vibro King). nUX met l’accent sur la nostalgie et les nuances de jeu offertes par ses modélisations et dans les registres clairs et légers crunch, le Trident s’en sort plutôt bien. Les amplis Fender Tweed (Bassman et Deluxe Tweed) sont également plutôt bien modélisés, comme les deux Vox reproduits numériquement, les fameux AC15 et AC30. Les sons saturés m’ont un petit moins convaincu, mais restent cependant tout à fait acceptables, surtout dans un contexte de groupe. Le son Marshall est bien modélisé et nUX a même intégré le JCM2000 DSL-100, ampli iconique des années 2000 et qui est souvent laissé de côté.
- 1 – Deluxe Reverb – CE1 – TS – Spring Reverb01:40
- 2 – Tweed Deluxe – Morning Drive – Chorus+ – Spring Reverb01:19
- 3 – AC30 – ACBoost – Analog Delay – Plate Reverb01:07
- 4 – JCM800 – TS – Hall Reverb00:57
- 5 – Dual Rect – TS – Hall Reverb01:20
- 6 – Vibro King – Hall Reverb01:44
- 7 – princeton à fond – Spring Reverb01:07
- 8 – Uberschall – TS – Hall Reverb00:54
- 9 – SLO100 – Tape Delay – Hall Reverb01:19
En ce qui concerne les sons modernes et très saturés, on peut affirmer que ce n’est pas la spécialité du Trident dont l’ampli modélisé le plus récent est le Friedman. Tous les autres modèles d’amplis remontent aux années 90 au plus tard. On a donc accès à un panel de sonorités Vintage et un peu plus modernes avec notamment les Mesa Boogie Dual Rectifier et Peavey 5150, très sympas. Quelques présets dédiés au Djent sont inclus dans le Trident, ils sont réalisés avec une simulation de Bogner Uberschall d’un côté et Diezel VH4 de l’autre. Le Trident met donc bien l’accent sur la nostalgie plus que sur la modernité, comme annoncé par le fabricant.
Les effets sonnent dans l’ensemble assez bien même si certains comme le Tape Delay sont assez caricaturaux. Les diverses modélisations de pédales d’overdrive et Boost sont très convaincantes, surtout la Morning Drive qui reprend le son de la Morning Glory de JHS Pedals presque à la perfection.
Verdict
Avec le Trident, nUX signe un pédalier multieffets assez polyvalent et qui sonne globalement bien. Si l’édition des présets est laborieuse sur l’appareil, bien que ce soit normalement un de ses points forts, elle est cependant très agréable via l’éditeur logiciel qui est bien conçu et facile d’utilisation. Alors qu’il ne se focalise absolument pas sur les sonorités modernes, le Trident offre quand même de belles variations sonores construites autour des grands classiques de la guitare électrique. Les choix d’amplis et d’effets intégrés sont intelligents. Ce multieffet peut servir d’interface audio, ce qui est très pratique également. Si vous cherchez un multieffet bien construit, qui sonne bien, surtout dans un registre allant des sons clairs aux gros sons crunch, et qui affiche un bon rapport qualité/prix, allez vite essayer le Trident. Il est proposé au tarif moyen de 400 €.