Après l'annonce de la renaissance de la marque Maestro, nous avions bien hâte de tester toute la gamme. C'est donc en toute logique que nous avons répondu présents quand Gibson nous a invités à jouer les cinq pédales.

Maestro fait partie de l’une des premières marques à avoir produit et commercialisé des pédales d’effet. Elle a sans aucun doute ouvert la voie à de nombreux fabricants avant de devenir assez confidentielle avec l’arrivée des géants comme MXR ou Boss, bien qu’elle ait produit des effets devenus de véritables classiques en plus d’avoir inventé la Fuzz. Mais voilà que cette année, Gibson a décidé de relancer cette marque à travers une nouvelle série de pédales : The Original Collection, qui intègre pour le moment cinq pédales sur lesquelles j’ai eu la chance de poser un bout de bottine au Showroom Gibson de Paris.
Cinq pédales, un châssis
Faire renaître une marque n’est pas une chose si simple, même quand il s’agit d’un nom aussi célèbre que Maestro. Gibson a dû élaborer une stratégie commerciale et marketing lui permettant de rationaliser au maximum la production de ces cinq nouvelles pédales. Elles disposent donc du même châssis avec trois potentiomètres, un switch à deux positions et un foot switch d’activation. Chaque pédale possède ensuite sa plaque métallique encollée sur le châssis, avec une décoration et une couleur spécifiques. Il semblerait d’ailleurs que ces graphiques aient été inspirés par le son de chaque pédale. Le designer a analysé les formes d’ondes générées par chaque pédale et en a déduit un motif. Le concept est sympa.
Fuzz Tone FZ-M
Sortie en 1962, la Fuzz-Tone FZ-1 est mondialement connue pour avoir été utilisée par Keith Richards pour le riff du morceau (I Can’t Get No) Satisfaction enregistré en 1965. Avec la nouvelle Fuzz Tone FZ-M, la marque souhaite nous rappeler son glorieux héritage. On retrouve sans surprise des contrôles de volume, gain (labellisé « Attack », comme sur la pédale originale) et tonalité en plus du switch à deux positions qui permet de basculer entre les modes Classic et Modern. Je saisis une belle SG Junior équipée d’un unique micro P-90 en position chevalet et commence à jouer. Pour ce test, je disposais du très chouette ampli Epiphone Blues Custom, un combo tout lampes de 30 watts, très vintage dans l’esprit. En mode Classic, le son et les sensations de jeu sont très satisfaisants. Le timbre de la pédale fait penser un peu à une Fuzz Face avec un léger côté « velcro » quand on attaque fort, c’est très chouette. En jouant le riff du célèbre morceau des Stones, on s’y croirait vraiment !

- FZ1 OverCleanTone – SG Junior – Attack Max – Classic – Tone Tweaking01:59
- FZ1 OverCleanTone – SG Junior – Attack Tweak – Modern02:10
Ranger Overdrive : une nième Tube Screamer ?
Difficile de ne pas avoir de doute quand une pédale d’overdrive est dévoilée. Le slogan de la marque affirme que la Ranger Overdrive est inspirée par les sonorités des amplis à lampes légendaires. Jusque-là, on est complètement sur le territoire d’une Tube Screamer. Je teste la pédale sur le son clair du petit Blues Custom dans un premier temps et découvre avec surprise que la pédale est blindée de médiums et pas très transparente. Étonnant, cela rappelle fortement une des caractéristiques principales de la fameuse Tube Screamer. La Ranger Overdrive a cependant une impressionnante réserve de gain, c’est assez chouette. Le réglage de tonalité est ici, à mon goût, beaucoup mieux calibré que sur la fuzz. Sur sa position médiane, le son est plutôt équilibré (bien que très chargé en médiums… il faut aimer).

- Drive – LP 50s – gain & tone Midi – Hi puis Lo02:48
- Drive – LP 50s – Over Crunch – Lo – Gain 3:4 – Tone Midi00:54
Invader Distortion
La marque nous présente la pédale comme conçue pour « envahir et dominer un monde de distorsion », tout un programme. Comme pour la Ranger Overdrive, je me suis saisi d’une Les Paul Original 50’s. On retrouve les contrôles de gain, tonalité et volume. Comme son nom l’indique, l’Invader Distortion est une distorsion avec une bonne réserve de gain. Le son et les sensations de jeu m’ont immédiatement rappelé ma Friedman BE-OD, en un peu moins bien. On reconnaît une sonorité d’ampli Marshall légèrement modernisé, plus droit et maîtrisé. C’est assez chouette. Cependant, il manque selon moi un contrôle qui aiderait à contrôler et resserrer les basses fréquences qui font un peu baver l’ensemble. Le son reste dans l’ensemble bien « tight » si on attaque les cordes fermement.

- Disto – Over Clean Tone – LP 50s – Gain Midi – Tone Tweaking01:53
- Disto – Over Clean Tone – LP 50s – Gain Tweaking – Gate ON:OFF04:50
- Disto + Delay – LP 50s – Drop D noodling01:20
Comet Chorus
La Comet Chorus est un chorus analogique à deux modes : Earth et Orbit. Le premier correspond à un chorus somme toute assez standard et le second est une sorte de vibrato. On a donc une pédale assez polyvalente. Les contrôles permettent de doser la quantité de modulation de Pitch (Depth), la quantité de signal traité (Mix) et la vitesse de la modulation (Rate).

- Chorus Over Clean Tone – LP 50S – Chorus, rotary, tweaking02:42
- Chorus Over Clean Tone – LP 50S – Vibrato Tweaking03:20
Discoverer Delay
J’ai terminé le test de ces cinq nouvelles pédales Maestro par le Discoverer Delay, un délai analogique qui utilise la technologie BBD, comme le chorus d’ailleurs. C’est un délai assez standard, mais chaleureux et bien conçu. On ajuste le temps du délai grâce au contrôle Delay, le nombre de répétitions via le réglage Sustain et le volume des répétitions grâce au potentiomètre Mix. Le switch permet d’activer/désactiver un effet de modulation appliqué aux répétitions.

- Delay – Over Disto – SG Junior – Mod ON:OFF01:28
- Delay – Over Disto – SG Junior – Tweaking03:17
Le mot de la fin
Les pédales Maestro sont bien construites et sonnent globalement bien. Cependant, j’ai trouvé un peu dommage de ne pas profiter de l’histoire de la marque pour proposer des ré-éditions des FZ-1, Stage Phaser ou Octave Box. Ces cinq nouvelles créations ne révolutionnent en aucun cas l’industrie des pédales d’effets, mais se contentent d’apporter des variations d’effets et circuits existants. Le chorus est peut-être la plus belle réussite du lot grâce à sa polyvalence. La distorsion hi-gain et la fuzz m’ont plu également, mais l’overdrive et le délai restent assez anecdotiques. On a hâte de découvrir les prochaines pédales de la marque qui, à priori, devrait étoffer son catalogue dans les mois à venir.