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Test de l'AVID Pro Tools 11 - Onze mondial

8/10

La guerre entre les plus gros séquenceurs du marché fait rage. Alors qu'Apple a dégainé son Logic Pro X, Ableton son Live 9, MOTU son Digital Performer 8, Cakewalk son Sonar X2 et Steinberg son Cubase 7 (sans même parler de FL Studio 11 et Reason 7), AVID tient à garder sa place et contre-attaque avec Pro Tools 11. PT 11 vs le reste du monde, voilà l’affiche tant attendue de l’été !

Certes, mais si on s’en fichait carré­ment ? Non, parce qu’à part pour ceux qui débutent, les chan­ge­ments de plate­forme sont rares et pénibles. Plutôt donc que de rentrer dans un compa­ra­tif qui n’a rien d’in­té­res­sant pour les produc­teurs et musi­ciens profes­sion­nels (si j’ai 300 sessions Pro Tools sur mon disque dur, il y a peu de chance que je passe à Logic et vice versa), essayons de voir d’un peu plus près si cette nouvelle version vaut le coup : en tant qu’uti­li­sa­teur de longue date de Pro Tools et Pro Tools HD, est-ce que je vais travailler mieux, deve­nir plus créa­tif, gagner du temps et avoir un meilleur son au final ? Et si oui, à quel prix ? Ah oui, parce que si vous n’aviez pas suivi le feuille­ton, il y a du monde qui rue dans les bran­cards à ce niveau.

Une version démo­lie avant même sa sortie ?

Avid Pro Tools 11

Évacuons les contro­verses avant de passer au test à propre­ment parler : l’up­grade de la version 10 vers la version 11 coûte non seule­ment cher, mais oblige les déten­teurs de cartes HD (plutôt les studios pro donc) à passer aux versions HDX. Pas de choix si l’on veut passer en 64 bit, ce que l’an­cienne archi­tec­ture HD ne permet pas. On a déjà vu ça lors du passage de TDM à HD, le problème étant que ce sont les mêmes qui vont devoir payer, et que ça n’est pas rien. Pas de souci par contre pour les Digi 002, 003 et autres MBox de seconde et troi­sième géné­ra­tions.

Deuxième chose, le Complete Produc­tion Tool­kit est aban­donné. Ses utili­sa­teurs, qui avaient déboursé envi­ron 2000 euros pour obte­nir une bonne partie des fonc­tion­na­li­tés de Pro Tools HD en natif (surround, pistes VCA, etc.), ont le choix de passer sur PT11 comme tout le monde et donc de perdre leur inves­tis­se­ment, ou de payer 570 euros de plus pour obte­nir une version HD qui fonc­tion­nera en natif et qu’ils seront seuls à pouvoir ache­ter sans avoir au préa­lable acquis au moins une carte son AVID. Vu que la plupart de ces utili­sa­teurs sont ceux qui ont égale­ment une version HD en studio et veulent pouvoir empor­ter leur travail à la maison, cela revient à faire payer les mêmes… deux fois, eh oui, et pour le cœur de cible d’AVID en plus. Rappe­lons que le prix de l’up­grade est le même que pour les déten­teurs de PT10 HD.

Avid Pro Tools 11

Troi­sième chose, et qui concerne tous les utili­sa­teurs cette fois, ce passage s’ac­com­mode d’une suppres­sion du format RTAS pour passer au AAX, appelé parfois AAX2 pour marquer le fait qu’il se diffé­ren­cie de l’AAX 32 bit qui fonc­tion­nait déjà sur Pro Tools 10. Le souci tient au fait qu’AVID a lancé la version 11 alors que bien peu d’édi­teurs de plug-ins et instru­ments virtuels étaient prêts. Passons sur les râleurs qui ne pour­ront pas utili­ser leurs plugs pira­tés, et attar­dons-nous sur deux choses. D’abord il est fran­che­ment pénible d’ou­vrir un mix complet pour tester la bête et s’aper­ce­voir qu’il manque la plupart des effets d’ori­gine. Bon, mais à l’heure où ces lignes sont écrites il ne se passe pas un jour sans que la liste des plugs AAX s’al­longe (les GRM Tools sont arri­vés ce matin par exemple), donc passons sur la frus­tra­tion, tout venant à point à qui sait atten­dre… Tout, vrai­ment ? Mais que dire d’un éditeur comme URS par exemple, qui a annoncé travailler sur le format AAX il y a deux ans et n’a donné aucune nouvelle depuis ? Ou du synthé­ti­seur S1 de McDSP, discrè­te­ment délaissé au passage ?

Avid Pro Tools 11

Passer à Pro Tools 11 c’est donc payer cher pour prendre le risque de défi­ni­ti­ve­ment perdre certains de ses effets et instru­ments préfé­rés ? Il vaudrait mieux que ça vaille le coup, et pour adou­cir le choc, AVID n’a pas hésité à four­nir une instal­la­tion de Pro Tools 10.3.6 (compa­tible et rétro­com­pa­tible avec la 11) pour tout achat de sa nouvelle mouture, ce afin de pouvoir travailler avec ses anciens plugs… pendant encore quelque temps.

Archi­tec­ture 64 bit et perfor­mances

Avid Pro Tools 11

La liste des doléances ayant été faite, passons aux réjouis­sances. La première nouveauté concerne l’ar­chi­tec­ture 64 bit et le nouveau moteur audio, le DAE (Digi­de­sign Audio Engine) deve­nant au passage AAE (AVID Audio Engine). Quel en est l’in­té­rêt ? Essen­tiel­le­ment de pouvoir utili­ser plus de 4 Go de RAM lors d’une session, ce que les systèmes en 32 bit ne permettent pas. Alors certes, les systèmes HD vont pouvoir explo­ser tranquille­ment grâce au Disk Play­back Cache Size, qui permet de mettre en RAM tout l’au­dio d’une session avant même de pres­ser la touche de lecture. Quoi qu’il en soit, cela signi­fie pour tous, plus de plug-ins, plus d’ins­tru­ments virtuels et de plus grosses sessions ! AVID clamant haut et fort que les perfor­mances de son soft ont été de ce fait (ainsi que du fait du passage si décrié au format AAX) augmen­tées de façon colos­sale voire expo­nen­tielle, il nous fallait bien sûr le véri­fier, en l’oc­cur­rence sur un MacBook Pro bipro­ces­seur vieux de trois ans, cadencé à 2,53 GHz et équipé de 8 Go de RAM, le tout sur une carte son RME Fire­face 400. Pas un cheval de course, donc.

Avid Pro Tools 11

Voici la méthode utili­sée. Tout d’abord garder une valeur de buffer fixe, ici de 128 samples et compa­rer Pro Tools 10 et 11 avec un plug-in natif maison dont chaque fonc­tion est acti­vée, en l’oc­cur­rence l’ex­cellent Chan­nel Strip (égali­seur / compres­seur / limi­teur / expan­deur / gate), qui fonc­tionne égale­ment en surround et dont on ne dira jamais assez de bien. Les réglages ne prennent pas en compte le Dyna­mic proces­sing, dont on repar­lera plus tard. En matière de son, on prend du bruit blanc sur une minute, puis on utilise autant d’ins­tances du plug que possible (10 par piste) avant de dupliquer l’en­semble jusqu’à ce que le CPU plante avant une minute en lecture.

Le résul­tat ? Avec 220 instances du plugin, Pro Tools 11 affiche une erreur occa­sion­nelle due au manque de puis­sance du CPU. Dans Pro Tools 10, le programme commence à éprou­ver des diffi­cul­tés aux alen­tours de 170 plugs, ce qui était déjà large­ment suffi­sant. Avec des buffers de 32 et 1024 samples on obtient des écarts simi­laires, qui dénotent un gain de perfor­mance appré­ciable.

Avid Pro Tools 11

Ah oui, mais il ne s’agit que d’un plug-in interne, est-ce que tous les effets au format AAX fonc­tionnent donc comme ça ? Le clas­sique Filter­bank E606 de McDSP n’a fait tous­ser Pro Tools 11 qu’à partir de 500 instances envi­ron au lieu de pour 420 dans Pro Tools 10, dans les mêmes condi­tions. Bien, mais pour les instru­ments virtuels, ça donne quoi ? En externe, Blue de Rob Papen (un des premiers à être passé à l’AAX dernière géné­ra­tion) monte à 36 % du CPU pour 10 instances sur un pad bien riche et un accord à 3 sons dans Pro Tools 11, avec les mêmes réglages que précé­dem­ment… contre 53 % dans Pro Tools 10. Enfin quid de plug-ins externes fran­che­ment voraces ? Avec Ozone 5 Advan­ced nous n’avons pas même pu utili­ser toutes les fonc­tion­na­li­tés du plug dans PT10, même avec 1024 samples de buffer. En le pous­sant presque à bout de fonc­tion­na­li­tés (pas d’In­ter­sample Detec­tion dans le Maxi­mi­zer ni d’Over­sam­pling dans l’Har­mo­nic Exci­ter) on s’est arrêté à 80 % du CPU. La même chose dans Pro Tools 11 avec 128 samples de buffer nous a donné envi­ron 55 % du CPU, et les fonc­tion­na­li­tés manquantes sont passées avec autour de 80 % du CPU sur la même machine, toujours avec 128 samples de buffer.

Bon, bien sûr les para­mètres sont pour autant diffi­ciles à quan­ti­fier : le CPU est solli­cité par d’autres programmes en interne à tout moment, et il y a tant de choses qui peuvent rentrer en consi­dé­ra­tion qu’il semble bon de préci­ser que tous ces chiffres ne donnent que des ordres de gran­deur. Pas de valeur précise, mais il est certain que sans avoir été décu­plée (comme l’in­dique le site) la puis­sance du soft nous donne entre 20 et 30 % de marge supplé­men­taire. Le gain est donc bien réel, et nous amène à la réflexion suivante : dans la mesure où l’on retrouve ses plug-ins préfé­rés à un moment donné, un tel gain de puis­sance ne repré­sente-t-il pas un gain finan­cier à court terme ? Je m’ex­plique : dans les condi­tions évoquées ci-dessus, si je voulais faire tout mes maste­rings avec Pro Tools 10 et Ozone 5 Advan­ced de façon profes­sion­nelle, il me faudrait chan­ger de machine. En passant à Pro Tools 11 je m’exo­nère d’un tel achat, en tout cas pour le moment, et en ce sens il devient diffi­cile de parler de perte sèche !

Dyna­mic proces­sing et bounce offline

Le nouveau moteur audio d’AVID, outre le fait qu’il semble bel et bien plus effi­cace, offre égale­ment quelques avan­tages appré­ciables comparé à l’an­cien. D’abord, il est commun à Pro Tools et à Media Compo­ser, ce qui, bien que nous ne l’ayons pas testé, devrait faci­li­ter les trans­ferts entre les deux logi­ciels respec­ti­ve­ment dédiés à l’au­dio et à la vidéo. Ensuite, il permet d’en­re­gis­trer avec une latence quasi nulle grâce à un buffer indé­pen­dant en entrée, ce quelle que soit la latence choi­sie dès lors qu’on a une carte son AVID ou une carte externe possé­dant un système de mixage propre, tels qu’en ont RME ou MOTU par exemple. La compen­sa­tion de latence a égale­ment été simpli­fiée, mais dans l’en­semble le chan­ge­ment n’est pas plus bluf­fant qu’il n’est critiquable. Tout va bien, en somme, passons.

Avid Pro Tools 11

Dans le même ordre d’idée, et bien plus utile à mon sens, l’op­tion Dyna­mic Plug-in Proces­sing permet enfin d’al­louer la RAM unique­ment aux effets utili­sés en temps réel : en gros, s’il n’y a pas d’au­dio, le plug est consi­déré comme inac­tif. À titre d’exemple, j’ai rouvert la session de mix finale de Miniyamba, un film d’ani­ma­tion de Luc Perez sur lequel j’ai dû mixer la musique, les dialogues et des brui­tages exclu­si­ve­ment faits à base d’ins­tru­ments afri­cains. La session utilise 102 pistes audio, dont 62 stéréos, 13 pistes auxi­liaires stéréo, et 88 plugs dont 14 réverbes. En HD ça passe, mais quel cauche­mar à mixer en natif sur Pro Tools 10 ! À chaque chan­ge­ment ou ajout de son, il faut faire des sous-mixes pour les diverses parties, désac­ti­ver tel ou tel groupe de pistes, et effec­tuer des correc­tions en perma­nen­ce… Ici, avec l’al­lo­ca­tion dyna­mique (j’ai quand même dû rempla­cer pas mal de plug-ins par d’autres équi­va­lents, en atten­dant les versions AAX) on ne dépasse pour ainsi dire jamais les 60 % du CPU, vidéo HD comprise : les réverbes, par exemple, repré­sentent divers espaces à divers moments du film, et n’ont que rare­ment besoin de fonc­tion­ner en même temps. Du coup, dans ce cas encore, on a l’im­pres­sion d’avoir changé de machine.

Avid Pro Tools 11

Parlons main­te­nant du bounce offline. Certes, il existe depuis long­temps sur TOUS les autres softs du marché, donc pas de quoi en faire un froma­ge… sauf que pour les utili­sa­teurs de Pro Tools il n’exis­tait pas et que main­te­nant il existe, et qu’en plus il fonc­tionne bien. C’est drôle, il faut voir la tête des vieux utili­sa­teurs de Pro Tools lorsqu’on le leur montre pour la première fois, on dirait qu’ils vont pleu­rer. Plus origi­nal même, on peut effec­tuer des exports direc­te­ment à partir des sends ou des sorties de piste via clic droit ! Bref. Le bounce de 16 min 52s de Miniyamba en natif a pris 6 min 45s, soit une vitesse de x2.5. Pour un projet de cette enver­gure c’est bien, surtout quand on sait qu’il s’agit de 3 bounces sépa­rés (un mix complet et deux sous-mixes) plus trois fichiers MP3 équi­va­lents – excel­lente initia­tive – ainsi qu’un partage sur Sound­Cloud et une inté­gra­tion dans iTunes. Dans d’autres cas, la vitesse peut aller tranquille­ment jusqu’à x150 (on a vu un max de x50 ici), sonnez trom­pettes.

OK, mais main­te­nant, soyons un peu critiques : d’abord le bounce offline ne fonc­tionne QUE si l’on n’uti­lise aucun proces­seur hard­ware. Exit donc la plupart des projets en studio pro, et ceci est valable pour tous les softs – pas que Pro Tools. Ensuite, tout profes­sion­nel doit véri­fier son bounce avant de l’en­voyer, ce qui implique de l’écou­ter inté­gra­le­ment… sans parler de l’éter­nel débat somma­tion vs. bounce, auquel nous ne donne­rons pas suite ici. Bref, ceci sera utile surtout pour des versions inter­mé­diaires et pour éviter les erreurs durant le bounce, qui ont rendu bien des utili­sa­teurs malheu­reux par le passé. Reste que le multi­bounce à partir de sources diverses utilisé ici (jusqu’à un maxi­mum de 16 sources en 7.1) est réservé à la version HD. C’est la vie.

Avid Pro Tools 11

Autre chose au passage : on peut effec­tuer des exports direc­te­ment sur une vidéo Quick­Time, ce qui permet de gagner quelques minutes et quelques euros à ceux qui n’au­raient pas encore Quick­Time Pro (jamais entendu de cmd+alt+V dans Quick­Time Pro, juste­ment ?). Notons qu’ici le multi­bounce est possible, et qu’on peut modi­fier jusqu’aux para­mètres de compres­sion vidéo comme dans le vrai et indis­pen­sable programme à 27 euros, ici appa­rem­ment inclus dans Pro Tools 11 et que tout profes­sion­nel travaillant avec de la vidéo se doit d’avoir, ne serait-ce que pour modi­fier le résul­tat une fois le bounce effec­tué. Merci tout de même.

Un nouveau moteur vidéo

Avid Pro Tools 11

Pro Tools est souvent asso­cié à la post­pro­duc­tion, du fait de sa quasi-omni­pré­sence dans les studios spécia­li­sés et de sa poly­va­lence dès lors qu’on touche à la Time­line. Le nouvel Avid Video Engine, qui devra être activé dans l’on­glet Play­back Engine, va pour sûr renfor­cer cet état de fait puisque ce moteur est main­te­nant commun à Pro Tools 11 et Media Compo­ser. On peut dès lors travailler sur un moni­teur profes­sion­nel externe en DnxHD et Quick­Time avec toute la gamme AVID et avec toutes sortes de formats sans trans­co­dage. Reste que les utili­sa­teurs de Pro Tools HD seuls pour­ront avoir accès à plus d’une piste vidéo à la fois (en l’oc­cur­rence 64), avec possi­bi­li­tés d’édi­tion, ce qui était déjà le cas aupa­ra­vant. On remarquera égale­ment que dans la section I/O de la fenêtre d’ar­ran­ge­ment de nouvelles possi­bi­li­tés sont appa­rues. Ainsi, on peut main­te­nant modi­fier le format de la vidéo à la lecture, en alté­rer la qualité pour de meilleures perfor­mances audio ou sélec­tion­ner et confi­gu­rer inté­gra­le­ment un péri­phé­rique vidéo externe. Dans les options égale­ment, on trouve de nouveaux éléments, comme la possi­bi­lité de choi­sir entre le CPU et la carte graphique pour gérer la vidéo. Au passage, le Satel­lite Link (pour synchro­ni­ser jusqu’à 12 systèmes Pro Tools HD) est main­te­nant inclus dans Pro Tools 11 HD, et le Video Satel­lite LE (pour gérer la vidéo en synchro sur un autre Pro Tools) dans Pro Tools 11. La capture vidéo, que je n’avais jamais testée, semble elle avoir été suppri­mée.

Ergo­no­mie géné­rale et mete­ring

Avid Pro Tools 11

Ô faux miracle, on dispose main­te­nant de 64 Undos au lieu des 32 habi­tuels… On ne s’en plain­dra pas trop parce que c’est toujours ça, mais il faut rappe­ler que la moitié des fonc­tions du programme ne peuvent toujours pas être annu­lées de cette façon (genre effa­cer 3 pistes, ou modi­fier toutes les sorties d’un coup). Pro Tools a toujours fonc­tionné de façon étrange à ce niveau-là, et a aussi de bons côtés, comme la possi­bi­lité d’an­nu­ler une action même après une sauve­garde. Reste qu’on n’ou­bliera pas de garder l’op­tion de backups auto­ma­tiques allu­mée, parce que même 64 undos, dans ces condi­tions, ne suffisent pas…

Au rayon ergo­no­mie, Digi­Base est rempla­cée par Works­pace, un brow­ser qui remplace les trois précé­dents (Cata­logue, Projet et Espace de Travail) de façon pratique, en une seule fenêtre. La recherche est opti­mi­sée avec un système de recherche avan­cée et une meilleure indexa­tion des fichiers, on peut se créer des fenêtres supplé­men­taires si le besoin s’en faisait sentir et tout se situe à portée de clic droit. Bref, c’est plus intui­tif que ça ne l’était jusqu’alors, et plus effi­cace.

Avid Pro Tools 11

De même pour les indi­ca­teurs d’uti­li­sa­tion de CPU, plus complets et précis, pour les nouveaux raccour­cis bien pensés (un bypass pour tous les EQ par exemple, ça ne fait pas de mal), ou pour l’au­to­ma­tion, appa­rem­ment précise à l’échan­tillon près : tous ces choix sont bien­ve­nus et on ne se plain­dra d’au­cuns.

Bien plus inté­res­santes et plus visibles, les visua­li­sa­tions de niveaux sont à l’hon­neur ! En effet, on a ici accès d’un clic droit (hélas seule­ment pour Pro Tools HD) à une liste impres­sion­nante de VU-mètres et Pseudo-peak-mètres, sans oublier les mesures K-12, K-14 et K-20 créées par Bob Katz, les Venue RMS et j’en passe, sachant qu’on peut confi­gu­rer l’en­semble à loisir… sauf qu’il y manque les LUFS et True Peak de la recom­man­da­tion EBU R128, qui sont aujour­d’hui la norme dans le broad­cast à travers toute l’Eu­rope ! Ah oui tiens, le cœur de cible d’AVID, sans blague. On peut suppo­ser qu’un prochain update aura à cœur de répa­rer cet écueil. Pour complé­ter la donne, et là encore seule­ment pour Pro Tools HD, un indi­ca­teur de réduc­tion de gain appa­raît à côté de l’in­di­ca­teur de niveaux chaque fois qu’on place un compres­seur/limi­teur/expan­deur/gate (au choix) sur la piste.

Avid Pro Tools 11

Enfin, sur la table de mix un indi­ca­teur de headroom fait son appa­ri­tion en bas à droite, cette fois pour toutes les versions du soft, cepen­dant que l’in­di­ca­teur de clip ne devient rouge que lorsque les conver­tis­seurs en entrée ou en sortie dépassent 0 dB, et pour cause : avec 64 bit float, on approche une dyna­mique accep­table de 1000 dB en inter­ne…

Pour finir avec l’er­go­no­mie, on citera l’in­té­gra­tion des inter­faces Artist Series grâce au proto­cole Eucon 3, qui apporte quelques amélio­ra­tions cepen­dant qu’AVID conti­nue son explo­ra­tion du monde des contrô­leurs avec le système haut de gamme S3L pour le live, qui inclut déjà les plugs AAX ainsi qu’une carte HDX et l’en­semble des indi­ca­teurs de niveaux préci­tés.

De nouveaux effets/instru­ments ?

Avid Pro Tools 11

Eh bien non. Rien. À tel point que l’édi­teur ose nous annon­cer un Click 2. Un métro­nome, donc. Sans rire, il est aussi parfait que l’an­cien était nul, puisqu’il propose une section visuelle et des valeurs, ampli­tudes et sono­ri­tés variables pour le clic accen­tué et les autres. Merci beau­coup AVID, même s’il n’y a stric­te­ment rien d’au­tre… Ah si, il y a des choses en moins, comme l’an­tique plug de time stretch TC/E qui a carré­ment été dégagé, ce qui brisera le cœur des vieux bris­cards habi­tués à l’uti­li­ser, mais ne touchera pas outre mesure celui de la grande majo­rité des utili­sa­teurs. Ceux-ci se servent doré­na­vant de Time Shift, en atten­dant le retour d’X-Form suite à son portage en AAX 64 bit (il existe déjà au format Elas­tic Audio).

Plus non plus de TL Space ni de Phases­cope pour le moment… Quoi d’autre ? Les plugs et instru­ments A.I.R., ancien­ne­ment Wizoo, sont soit déjà présents et gratuits (AIR Crea­tive Collec­tion) soit en cours de portage (AIR Instru­ment Pack), de même que ceux de Native Instru­ments, Waves, Univer­sal Audio, etc. Bref, on peut prévoir que la quasi-tota­lité du marché va bascu­ler au nouveau format de Pro Tools à court terme, au grand dam des petits éditeurs qui vont au fond devoir bosser gratui­te­ment pour AVID. A priori plus de peur que de mal pour les utili­sa­teurs, donc, et encore une fois une amélio­ra­tion des perfor­mances à venir. Mais tout de même, rien de bien nouveau à se mettre sous la dent du côté créa­tif !

Pro Tools comme premier séquen­ceur ?

Qui est passé à l’AAX ?

Le suivi des plug-ins compa­tible AAX deuxième géné­ra­tion peut se faire théo­rique­ment sur le site d’AVID en cochant Pro Tools 11 et votre plate­forme, ici.

À noter cepen­dant, certains éditeurs comme PSP ou Over­loud n’y figurent pas encore à l’heure où ce test est écrit, alors que la majeure partie de leurs plugs sont compa­tibles. Par précau­tion il vaut donc mieux suivre les éditeurs un par un, en atten­dant que le site soit mis à jour.

Avant de conclure, un petit aparté pour ceux qui juste­ment débutent et ne savent pas comment choi­sir entre les multiples séquen­ceurs du marché. Au fond, pourquoi Pro Tools et pas un autre ? Faisons simple : tous les DAWs sur le marché font peu ou prou la même chose, tout dépend des objec­tifs que l’on a. Si l’on veut s’orien­ter vers la post-produc­tion ou le travail à l’image, alors Pro Tools est la réfé­rence incon­tour­nable. Compre­nez bien, il ne s’agit pas néces­sai­re­ment du meilleur ou du seul système valable, mais de ce que la grande majo­rité des profes­sion­nels utilise, et qu’il vaut mieux savoir utili­ser soi-même si l’on veut inté­grer cet univers. De même pour la plupart des grands studios et unités de produc­tion, notam­ment du fait de son orien­ta­tion hard­ware et des possi­bi­li­tés hors norme qu’offre son système HD(X).

Pour un musi­cien qui travaille en home studio et y enre­gistre et mixe son groupe, il y a honnê­te­ment peu de diffé­rences, quoi qu’on en dise : à chaque nouvelle version d’un des grands séquen­ceurs du marché, les nouveau­tés qui faisaient la diffé­rence chez ses concur­rents trois mois plus tôt sont inté­grées, de telle sorte que tous font au final la même chose, sauf cas excep­tion­nels. Même Able­ton Live, qui essaye de concur­ren­cer les leaders du marché en studio alors qu’il est à la base fait pour la scène, intègre petit à petit les mêmes fonc­tion­na­li­tés que les autres tout en se faisant repom­per les siennes. Un exemple ? Live a pris le concept d’Elas­tic Audio à Acid de Sonic Foun­dry, en l’amé­lio­rant clai­re­ment grâce à la flexi­bi­lité de Warp markers flot­tants. Pro Tools l’a repris en amélio­rant le concept grâce à des marqueurs quan­ti­fiables sur une grille, à tel point qu’Able­ton a modi­fié son propre système pour reprendre celui-ci. Bref, tous pareils.

Conclu­sion

Je repren­drai ici ma ques­tion initiale : en tant qu’uti­li­sa­teur de longue date de Pro Tools et Pro Tools HD, est-ce que je vais travailler mieux, deve­nir plus créa­tif, gagner du temps et avoir un meilleur son au final ?

Ma réponse : oui, je vais travailler mieux et gagner du temps, voire même attendre pour chan­ger de bécane. Non, je ne pense pas que j’au­rai un meilleur son, et je ne devien­drai pas plus créa­tif grâce à Pro Tools 11, parce que l’objec­tif de cet upgrade ne va clai­re­ment pas dans ce sens. Proche de son prédé­ces­seur visuel­le­ment, il n’offre des nouveau­tés qu’en termes de perfor­mances, mais il en offre beau­coup sur une version qui paraît d’ores et déjà stable (le seul réel plan­tage éprouvé durant ce long test a été une mauvaise ferme­ture du logi­ciel en fin de session). Du coup Pro Tools 11, malgré son prix, semble incon­tour­nable à long terme pour tous ceux qui éprouvent les limites de leur système actuel et ne veulent pas chan­ger d’or­di­na­teur pour autant. Certes il est cher, voire très cher (notam­ment pour ceux qui doivent passer de HD à HDX), et AVID semble parfois bien porter son nom même si l’édi­teur semble réel­le­ment écou­ter ses usagers main­te­nant, en tout cas sur le plan tech­nique : ils récla­maient plus de perfor­mances et un moteur en 64 bit, ils ont eu ce qu’ils voulaient, mais ne pour­ront plus recu­ler doré­na­vant. Tant pis pour les autres, mais au fond est-ce qu’AVID pouvait rester seul en 32 bit face à la concur­rence ?

Mais lais­sons là la polé­mique. Quoi qu’on en dise, il n’en reste pas moins que cette version, pour peu que les plug-ins non-encore compa­tibles arrivent au plus vite, repré­sente à elle seule un gain de perfor­mance substan­tiel et que son nouveau moteur audio, qui est somme toute la pierre angu­laire du système, nous a tout simple­ment éton­nés, et unique­ment en bien. Pour le reste, on ne sera pas dépaysé du tout avec cette nouvelle mouture : au fond, Pro Tools 11, c’est un peu comme si on instal­lait Pro Tools 10 sur un ordi­na­teur plus rapide et plus puis­sant, à tous les niveaux.

En résumé, Pro Tools 11 marque le passage contro­versé du séquen­ceur d’AVID en 64 bit, tout en gardant toutes les fonc­tion­na­li­tés et la matu­rité de la version 10. Trop cher pour beau­coup de gens et n’ap­por­tant pas de nouveau­tés en matière de plug-ins ou d’ins­tru­ments virtuels, il offre pour autant une amélio­ra­tion très nette de perfor­mances et d’er­go­no­mie à tous les niveaux. Ce ne sera pas assez pour certains, mais l’en­semble des évolu­tions consta­tées, en atten­dant que tous les éditeurs de plug-ins passent au format AAX, fait de cette version un quasi-sans-faute.

Compa­ti­bi­lité : Mac OSX 10.8+ (Moun­tain Lion)/Windows 7+ (64 bit)

Notre avis : 8/10

  • Système 64 bit
  • Belle amélioration des performances d’ensemble
  • Version stable
  • Plug-ins AAX nettement plus économes en CPU
  • Dynamic Plug-in processing
  • Bounce offline et multibounce (Pro Tools HD)
  • Exports Quicktime
  • Nouveau moteur Vidéo compatible avec Media Composer
  • Ergonomie largement améliorée
  • Indicateurs de niveaux améliorés, surtout pour Pro Tools HD
  • Fin du support des cartes HD
  • Disparition du Complete Production Toolkit
  • Upgrade cher
  • Plug-ins AAX en attente (angoissante) de développement
  • Pas de nouveauté en matière de plug-ins ou d’instruments virtuels
  • Pas d’indicateurs de niveaux à la norme EBU R128
  • Surround toujours uniquement pour Pro Tools HD
  • Undos ne fonctionnant toujours que sur une partie des fonctions

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