Après le Prophet-6 et l’OB-6, Sequential enrichit sa série de synthés analogiques polyphoniques compacts avec le Trigon-6, semblant s’aventurer un tant soit peu sur les terres du Memorymoog. Voyons pourquoi…
Cela fait maintenant plusieurs mois que Dave Smith a tristement disparu. On pensait que l’OB-X8 était le dernier synthé auquel il ait participé avec les équipes Oberheim. Quelle ne fut pas notre surprise de découvrir un nouveau synthé signé Sequential fin 2022, développé avec le concours de Dave : le Trigon-6. Tri comme le troisième de la série (le Prophet-6 date de 2015 et l’OB-6 de 2016) ou encore comme le nombre de VCO embarqués. C’est d’ailleurs la première fois qu’un synthé polyphonique de la marque intègre 3 VCO et c’est aussi la première fois qu’il utilise un VCF passe-bas en échelle de transistors.
Du coup, on ne peut s’empêcher de penser au désormais quadragénaire Memorymoog, offrant une architecture de base très similaire. Il ne manquerait plus que le Trigon-6 reproduise son grain naturellement saturé et ses possibilités de modulations polyphoniques. C’est ce que nous allons vérifier sans plus tarder, en remerciant au passage Jason d’Adam Audio, qui n’a pas hésité à pousser le volume pour récupérer le seul Trigon-6 de test disponible en Europe…
Érable et métal
Le Trigon-6 est soigneusement emballé dans un double cartonnage avec des mousses de protection épaisses. L’instrument reprend les matériaux et le format des Prophet-6/OB-6, avec une qualité de construction sérieuse, comme d’habitude : coque métallique de couleur noire, flancs et traverse avant vissés en érable naturel, à vrai dire plus joli en pension qu’en photo… Le prix proposé est nettement supérieur aux deux premiers synthés de la série, c’est donc un synthé très cher. La sérigraphie, bien visible, intègre des repères autour des potentiomètres, tant mieux. On dénombre 32 potentiomètres (dont certains, bipolaires, à détente centrale), 12 encodeurs crantés, 53 petits boutons-poussoirs lumineux, 15 gros boutons-poussoirs et une constellation de petites LED rouges. La résistance des potentiomètres est forte, voire très dure pour certains, d’autant que leur forme en hyperbole de révolution (aérotherme) ne facilite pas la préhension, même avec les petites facettes. On retrouve les 6 afficheurs à 3 LED 7 segments rouges des précédents modèles : un grand central (numéro de programme, valeur des paramètres globaux, mais pas la valeur des paramètres de synthèse — seul un point est affiché quand on repasse par la valeur stockée), un plus petit pour l’horloge et 4 pour les réglages d’effets.
Si la configuration générale est proche des précédents modèles, la position des modules nous a semblé plus claire : pression, LFO, Poly Mod, oscillateurs, filtre, ampli, horloge, effets, arpégiateur, séquenceur. Sur le bandeau inférieur, on trouve les fonctions de transposition (+/-2 octaves), maintien, portamento, unisson, gestion des programmes, réglages globaux, distorsion finale, mode Vintage, dispersion stéréo alternée des voix, volume programme, quantité de molette de modulation et mode de voix (on se demande d’ailleurs pourquoi cette fonction est aussi éloignée de la touche Unisson). La prise en main est immédiate : accès direct à tous les paramètres de synthèse (seuls les réglages globaux utilisent des fonctions alternatives des touches de programmes), fonction d’initialisation du son (Preset + Write), comparaison (au programme initial ou à l’emplacement cible), manuel (position physique réelle des commandes) et réponse des potentiomètres (saut, relatif, seuil). Les molettes de pitch et de modulation sont rétroéclairées en rouge. Le clavier Fatar T/P9 semi-lesté offre 4 octaves. Très agréable, il répond à la vélocité et à la pression. Par contre, les réglages de vélocité sont très basiques dans les programmes, un simple ON/OFF, ce qui est très insuffisant. Les 8 courbes de réponse globales ne permettent pas un jeu aux petits oignons pour chaque son, Sequential ferait bien de revoir ce point sur toute sa gamme, c’est logiciel, ce n’est pas compliqué de maintenir l’un des deux (seuls) boutons de vélocité et de régler la quantité d’action via les touches incrémentales.
Connectique et tripaille
La connectique est intégralement placée à l’arrière et en tout point identique à celle des Prophet-6/OB-6 : de droite à gauche, on trouve une sortie casque (jack 6,35 stéréo), les sorties audio gauche/droite (jacks 6,35 asymétriques), 4 prises pour pédales (2 continues pour contrôler la fréquence de coupure du filtre et le volume, 2 interrupteurs pour contrôler le maintien de note et le séquenceur), un trio Midi DIN, une prise USB type B (Midi, CC, NRPN, Sysex, Dump en émission/réception sans besoin d’installer un driver, mais pas d’audio via USB) et le connecteur IEC pour cordon secteur (alimentation interne universelle, aaaah, bien !). Point à noter, tous les jacks sont vissés au panneau arrière, c’est bon pour la pérennité, surtout si on fait beaucoup de scène. Quelques précisions sur l’entrée pédale dédiée au séquenceur : elle permet de lancer la lecture du séquenceur et de l’arpégiateur, ou de trigger les pas du séquenceur avec une impulsion audio externe, ou encore de « Gater » les enveloppes. Il n’y a hélas pas d’entrée audio pour traiter un signal externe, on en a pris l’habitude avec les polyphoniques Sequential…
Allez, un petit tour indiscret dans les entrailles de la bête, de même conception mécanique que les Prophet-6/OB-6. Après avoir enlevé 2 vis sur chaque flanc, puis à nouveau 2 vis de part et d’autre de la tôle de façade, on relève le panneau avant équipé d’une charnière. Un petit câble maintient le panneau à la verticale, ce qui permet d’admirer l’intérieur très rationalisé : au centre, une grande carte mère embarque l’électronique numérique, la sommation des voix et la connectique. Six cartes voix y sont enfichées à la verticale comme des barrettes DIMM, essentiellement constituées de composants discrets montés en surface, de part et d’autre. La face arrière semble vouée aux modules (VCO, VCF, VCA), la face avant à leurs modulations en tension. À droite, l’alimentation interne est protégée par un capot composite fin amovible. Des connecteurs relient la carte mère aux cartes du panneau de commandes, aux molettes, au clavier et à l’alimentation. Aussi bien pensé qu’exécuté !
Grain moulu
Avant de parler de la qualité sonore, quelques mots sur les principales fonctions globales. Comme sur les Prophet-6/OB-6, on peut régler la transposition par demi-ton sur plus ou moins une octave, accorder finement l’appareil, choisir le canal Midi (1–16 ou tous), le statut de l’horloge (interne, Midi, USB), les modes d’émission et de réception des commandes Midi (CC ou NRPN), la méthode de transmission des Sysex (Midi ou USB, pour les programmes, les 16 tempéraments alternatifs interchangeables ou les mises à jour d’OS), le mode Local, le mode de réponse des potentiomètres (saut, relatif, seuil), la courbe de vélocité (8 types), la courbe de pression (4 types) ou encore le Dump des programmes… tout cela, nous l’avons dit, est accessible en mode Global 1 (& 2), via les 10 touches programmes qui portent chacune deux fonctions sérigraphiées en façade, contrôlables via l’écran principal et les touches d’incrémentation/décrémentation… C’est finalement le seul moment où le Trigon-6 nous propose le menu.
Le Trigon-6 renferme 1.000 programmes, dont 500 Presets et 500 mémoires utilisateur, organisés en 10 banques. Les niveaux de sortie sont solides et le signal est propre. Comme toujours, les sons proposés sont de qualité variable, pour démontrer les différentes facettes du synthé. On apprécie les cuivres brillants ou doux avec simulation Vintage (oscillateurs un peu désaccordés, enveloppes hétérogènes), les cordes soyeuses à base de PWM, les nappes filtrées modulées, les sons métalliques (synchro ou Poly Mod audio), les effets spéciaux et les leads puissants à l’unisson. Lorsqu’on pousse les niveaux et qu’on joue sur le feedback du VCF, on sature le filtre à la manière du Memorymoog. D’ailleurs, certains programmes nous rappellent le caractère et la puissance de ce merveilleux synthé, toujours plus ou moins saturé et instable (nous reparlerons un peu plus tard des modules concernés et réglages adaptés). Toutefois, le Trigon-6 ne se comporte pas toujours comme un Memorymoog. Il peut produire des sons beaucoup plus barrés et agressifs. Dans les graves, le synthé est un peu moins à l’aise. Il peine à peser, à cogner dur, surtout dans les basses claquantes à filtre résonant, même en poussant le feedback ; ce type de son reste le domaine de prédilection des synthés mono, il faut bien le reconnaitre, à quelques exceptions près.
- Trigon-6_1audio 01 Dark Pad00:45
- Trigon-6_1audio 02 Ladder 4–201:36
- Trigon-6_1audio 03 Arp Feedback01:07
- Trigon-6_1audio 04 Velo Brass00:35
- Trigon-6_1audio 05 Ladder Bass01:06
- Trigon-6_1audio 06 Taurus Balls00:35
- Trigon-6_1audio 07 Perc Organ00:36
- Trigon-6_1audio 08 FM & Sync01:22
- Trigon-6_1audio 09 FM Bells01:05
- Trigon-6_1audio 10 Cold Pad00:59
VCO trio
Le Trigon-6 est un synthé analogique polyphonique 6 voix, dont les modules sonores sont basés sur des composants analogiques discrets (VCO, VCF, VCA). Pas le moindre circuit intégré (type SSM/CEM/DSI-120) pour les VCO ou VCF, ce qui marque la différence de cette série « 6 » avec les autres synthés de la marque (REV2 hyper intégré, Prophet-5 Rev4/OB-X relativement intégrés). Le pilotage en tension des composants analogiques et la génération des modulations sont assurés par un puissant DSP Sharc sans aliasing à fréquence audio. L’encodage de certains paramètres cruciaux nous est toutefois apparu insuffisant, telles que la fréquence de coupure du VCF limitée à 165 valeurs (par demi-ton, couvrant 7 octaves) ; du coup, on entend un effet d’escalier quand on tourne le potentiomètre, surtout lorsque la résonance est poussée ; c’est d’autant plus rageant que la résonance du VCF ou d’autres paramètres sont codés sur 256 valeurs, et que la machine transmet les NRPN Midi ! Dommage sur un synthé de cette gamme… Comme ses compagnons à 6 voix, le Trigon-6 est monotimbral, là aussi c’est une limite à considérer quand on arrive à ce niveau de prix.
L’architecture sonore est très proche de ce qu’on trouve sur le Memorymoog depuis 1982. Cela change des territoires classiques des synthés polyphoniques Sequential. Par voix, on a trois VCO, un générateur de bruit, un mixeur, un VCF passe-bas, un VCA, deux enveloppes, une matrice Poly Mod (VCO3, enveloppe de filtre) et un LFO (global). Les VCO sont « discrets et de conception nouvelle ». On peut en régler la fréquence (sur 5 octaves et par centième sur +/-7 demi-tons), cumuler plusieurs ondes (triangle, dent de scie, impulsion) et régler séparément la largeur d’impulsion (onde carrée au centre). Le VCO3 offre en plus une onde dent de scie inversée, une position basse fréquence (utile en Poly Mod) et un débrayage du suivi clavier. Le VCO1 peut synchroniser le VCO2, ce qui signifie que le VCO1 impose sa fréquence au VCO2, donc le fait « sortir de sa forme d’onde » si sa fréquence diffère, ce qui crée des harmoniques non présentes dans l’onde initiale. Les VCO étant très stables, le potentiomètre Vintage simule l’instabilité de leurs fréquences, ainsi que les calibrations approximatives des voix sur les synthés vintage (VCO, PW, VCF, temps d’enveloppes…) et c’est plutôt bien réussi. On trouve aussi un générateur de bruit blanc.
Courte échelle
La plupart des synthés analogiques polyphoniques partagent la même conception. Parfois, ils utilisent des composants identiques. Pourtant, leur son diffère. Encore faut-il savoir à quel endroit agir pour faire la différence (et justifier d’en avoir plusieurs, au passage…). Le niveau d’entrée des VCO dans le VCF est un point crucial où le grain sonore peut prendre une autre dimension. Sur le Memorymoog, la saturation était naturelle, pour ne pas dire implicite, à peine le niveau monté (cf. extraits sonores dans notre test du Memorymoog). Sur le Trigon-6, on peut doser les niveaux des 3 VCO et du bruit dans le VCF. Dès qu’on dépasse 2 heures, ça commence à saturer. On trouve par ailleurs un réglage bipolaire de Feedback/Saturation. Quand on va du côté Feedback (potentiomètre vers la gauche), on réinjecte la sortie du VCA dans le VCF, ce qui gonfle le signal. Vers 10 heures, cela se rapproche vraiment de ce qu’on trouve sur le Memorymoog. Si on insiste vers la gauche, ça part vite en live, c’est plus ou moins contrôlable (aucune analogie politique, hein…). Si on va vers la droite, on augmente le niveau d’entrée des VCO dans le VCF. Force est de constater qu’il faut pousser à l’extrême droite (aucune analogie politique, là non plus…) et faire résonner le filtre pour entendre des résultats sonores probants (cela produit une sorte de compensation quand la résonance est élevée). C’est en jouant sur les niveaux de mixage des VCO et le feedback que le caractère sonore du Trigon-6 s’affirme et fait la différence.
D’un point de vue technique, le VCF est une échelle de transistors passe-bas 2 ou 4 pôles, « discret de conception nouvelle » lui aussi, avec circuit de feedback. On peut régler la fréquence de coupure (sur 165 pas, par demi-ton), la résonance (sur 256 pas), le contour d’enveloppe (bipolaire, mieux que sur le Memorymoog), le suivi de clavier (0, 50 ou 100 %) et le nombre de pôles (2 ou 4). Ce VCF est très efficace et bien résonant en mode 4 pôles ; comme il n’est pas compensé, pousser la résonance écrase fortement le signal, un classique sur ce genre de filtre. En mode 2 pôles, le filtrage est évidemment moins prononcé ; mais le plus notable, c’est qu’il y a un boost dans la résonance et un écrasement moindre du signal, très intéressant sur certains sons, étonnant pour un filtre en échelle. Une enveloppe ADSR permet de moduler de manière bipolaire la fréquence de coupure. On peut lui assigner la vélocité (simple marche/arrêt, un point à améliorer, nous l’avons déjà évoqué). Sur cette enveloppe, on retrouve la même astuce que sur les Prophet-6/OB-6 dans la section Poly Mod : si « Filter » est l’unique destination activée, on peut jouer sur la courbe de réponse de l’enveloppe en modifiant les réglages « Filter Env » de la section Poly Mod et « Env Amount » de la section VCF, fort intéressant ! Le signal passe enfin dans le VCA final, doté d’une enveloppe ADSR dont la quantité de modulation est assignable à la vélocité (là encore sans dosage). En sortie, on peut régler la quantité de distorsion analogique stéréo (une belle saturation asymétrique qui permet de faire ronronner le son, pas un truc criard), l’espacement stéréo des voix (alternance gauche/droite) et le volume du programme (en plus du volume global). Ce dernier est d’autant plus utile pour gérer les écarts de niveau, liés notamment aux réglages de VCF et au mode unisson/accord automatique (monodique, 2 à 6 voix, avec désaccordage).
Poly Mod
Pour moduler le son, on a d’abord un classique LFO global numérique. Il est capable d’osciller jusque dans les niveaux audio et peut être synchronisé à l’horloge interne (séquenceur, arpégiateur, délais, Midi). Le cycle du LFO est redéclenché à chaque nouvelle note, sauf si des notes sont déjà maintenues, auquel cas il poursuit son cycle. Il offre 5 formes d’onde classiques : triangle bipolaire, dent de scie (descendante) positive, rampe (ascendante) positive, carré positif et S&H bipolaire (onde aléatoire à paliers). Avec l’onde S&H, lorsqu’on tourne le potentiomètre de fréquence complètement à droite, on accède à une sixième forme d’onde : le bruit blanc, bien vu ! Le LFO peut moduler 8 destinations : VCO1, VCO2, VCO3, PW1, PW2, PW3, VCF et VCA, c’est plus que le Memorymoog ! On peut doser la quantité de modulation initiale appliquée par le LFO à toutes les destinations activées. Si on la met à zéro, seule la molette de modulation engendre une modulation.
Après les 3 VCO à ondes cumulables, le filtre passe-bas en échelle de transistors, les destinations du LFO, c’est au tour de la section Poly Mod de nous rappeler le Memorymoog, tout en proposant quelques améliorations. Il s’agit d’une matrice de modulation polyphonique, contrairement au LFO. On trouve 2 sources (VCO3 et enveloppe du VCF) qui peuvent être routées vers 7 destinations. Chaque source dispose d’une quantité de modulation bipolaire. Les deux modulations sont additionnées et routées vers les destinations activées : VCO1, VCO2, VCO3, PW1, PW2, feedback du VCF et fréquence de coupure du VCF. C’est ainsi qu’on fait de la FM entre les 3 VCO en conservant 2 VCO porteurs, qu’on module le VCF à fréquence audio ou qu’on chahute le feedback du VCF pour faire des sons bien barrés. Le Trigon-6 peut aussi moduler 8 destinations, via la pression, avec quantité de modulation bipolaire : VCO1, VCO2, VCO3, VCF, VCA, LFO, mixage FX1, mixage FX2 (bien vu pour ces derniers !). Terminons ce chapitre dédié aux modulations par le Glide, à vitesse ou à temps constant, déclenché pour toutes les notes (lorsqu’il est activé) ou uniquement entre notes liées. Tout cela respire le Memorymoog, on ne le dira jamais assez, tout en allant au-delà au plan des fonctionnalités, à quelques exceptions près (comme le suivi de clavier sur les temps d’enveloppe qui n’a pas été repris ici).
Effets doubles
Les effets sont identiques à ceux des Prophet-6/OB-6 dans leur dernière mouture de micrologiciel. Ils sont produits par un DSP travaillant à 24 bits/48 kHz, puis convertis en analogique, où ils reçoivent tout ou partie du signal du VCA, dosé avec le potentiomètre Dry<>Wet. Ils peuvent être désactivés (True Bypass), afin de conserver un signal analogique pur. Leurs réglages sont mémorisés dans chaque programme. Il y a deux effets numériques placés en série (A vers B). Chacun offre plusieurs algorithmes : simulation de BBD, délai numérique, chorus vintage, phaser à 6 étages avec résonance élevée, phaser à 6 étages avec résonance faible, simulation du phaser 6 étages Oberheim (résonance douce), simulation du Ring Mod Oberheim (modulation d’amplitude avec suivi de clavier, capable d’osciller dans les niveaux audio), flanger vintage à résonance élevée et flanger vintage sans feedback. En plus de ces 9 algorithmes, l’effet B possède 4 types de réverbération pour fignoler le son : hall, pièce, réverbe à plaque et réverbe à ressort.
Il n’y a que deux paramètres éditables par effet : temps et feedback pour les délais, vitesse et profondeur pour les chorus/flanger/phaser, modulation et suivi de clavier (marche/arrêt) pour le Ring Mod, temps et premières réflexions pour les réverbes hall/pièce/plaque, enfin déclin et tonalité pour la réverbe à ressort. Les temps de délai peuvent être synchronisés à l’arpégiateur, au séquenceur ou à l’horloge Midi, suivant différentes divisions temporelles (de 4 temps à la double-croche, en passant par les triolets et les valeurs pointées), à concurrence d’un retard maximum d’une seconde (au-delà, ils basculent sur la division temporelle double). Bref, c’est droit au but et sans fioritures. La qualité de ces effets est globalement bonne, tant qu’on n’exagère pas sur le mixage de certaines réverbes, qui peuvent sonner métallique, faute de réglage d’atténuation des hautes fréquences. En tout cas, ces effets sont bien utiles et s’intègrent bien aux sonorités du Trigon-6.
Arpège ou séquence
Le Trigon-6 comprend un arpégiateur et un séquenceur, identiques à ceux des Prophet-6/OB-6. Là encore, c’est fromage ou dessert, les deux sont exclusifs. Les réglages sont sauvegardés par programme. L’arpégiateur et le séquenceur peuvent transmettre les notes en Midi DIN/USB, merci ! Commençons par détailler l’arpégiateur, somme toute assez basique. Une fois activé, on peut régler le tempo (section Clock avec fonction Tap), la division temporelle (tempo/2 à tempo x32 en passant par des valeurs ternaires et pointées), la transposition automatique du motif vers le haut (sur 1–2–3 octaves) et le type de motif (haut, bas, alterné, aléatoire ou suivant l’ordre des notes jouées). Avec la fonction Hold activée, on peut maintenir et ajouter des notes à l’arpège en cours.
Le séquenceur, dont les commandes se réduisent à deux boutons, est très basique et identique à celui des Prophet-6/OB-6. Une séquence peut contenir jusqu’à 64 pas avec une polyphonie de 6 voix. La programmation se fait uniquement en pas-à-pas : on appuie sur Record, on joue une note ou un accord et dès qu’on relâche la dernière note, le pas est validé et on passe au suivant. On peut lier les pas ou entrer un silence à la place de notes. Dès qu’on appuie sur Play, l’enregistrement s’arrête et la lecture se fait en boucle. On ne peut pas enregistrer de mouvements de paramètres, dommage. Impossible également d’éditer/corriger les séquences après coup. La seule édition possible est l’effacement des pas en reculant dans la séquence pendant l’enregistrement. On peut jouer par-dessus le séquenceur, à concurrence de la polyphonie maximale. On peut aussi transposer la séquence en cours à la volée, en maintenant la touche Record (pas nécessaire en mode Unisson) et en jouant une touche au clavier. Rien de nouveau…
Conclusion
Dernier synthé auquel Dave Smith a contribué, le Trigon-6 est le troisième membre de la gamme de synthés analogiques 6 voix signés Sequential. Si la conception technique est identique à celle de ses prédécesseurs, l’architecture diffère toutefois. Elle emprunte résolument les marqueurs du Memorymoog, tant par les choix de modules que les possibilités de modulation. Quant au caractère sonore, il s’en rapproche dès qu’on pousse les niveaux des VCO, le feedback du VCF et le mode Vintage. Le synthé va toutefois plus loin, en ajoutant certaines possibilités de modulation, des effets, plein de mémoires et le Midi. Il est à l’aise dans les nappes, les cuivres généreux et les Polysynths. Les basses manquent toutefois d’impact, même en unisson. La section Poly Mod permet bien des outrages sur les formes d’ondes, notamment avec le VCO3 comme source audio. Le son est toutefois plus maitrisé que le Memorymoog, qui sature si merveilleusement de manière naturelle. Avec le Trigon-6, bien que toutes les commandes soient à portée de main, il faut pas mal chercher pour bien sonner et justifier l’achat de la machine, somme toute très onéreuse pour un synthé monotimbral à clavier 4 octaves. Moins flatteur et moins facile à régler que les Prophet-6 et OB-6, le Trigon-6 démontre la volonté de Sequential de sortir un peu des sentiers battus sans bousculer les recettes qui ont fait leurs preuves.