Trois ans après la sortie du Trinity et un an à peine après la V3, Korg hausse le standard de ses stations de travail professionnelles. Performances démultipliées, échantillonnage standard, extensibilité, la nouvelle série Triton n’a rien d’un coup d’épée dans l’eau. Attention à la grosse vague !
En 1996, Korg lance la série Trinity, de magnifiques stations de travail tout droit descendues du célèbre M1. L’année dernière, la V3 apporte au Trinity la synthèse à modélisation polyphonique sous la forme d’une carte supplémentaire MOSS contenant 6 voix identiques à celles du Z1. Mais même boosté en V3, le Trinity n’est pas exempt de tout reproche : polyphonie inférieure aux standards de cette fin de siècle, écran tactile un peu lent, sorties audio limitées à quatre, mémoire du séquenceur volatile et synthèse MOSS monotimbrale. La toute nouvelle série Triton vient combler l’essentiel de ces lacunes, avec 62 voix de polyphonie (tant pis pour mon solo de pipeau stéréo), écran dopé à l’EPO, six sorties audio et extension MOSS multitimbrale et polyphonique 6 voix. Mieux, Korg étend son concept de workstation en ajoutant des fonctions vitales telles que l’échantillonnage et un double arpégiateur polyphonique surpuissant, sans oublier des possibilités d’extension hardware fort intéressantes. Le Triton fait donc partie de cette gamme très fermée de machines capables d’échantillonner et de synthétiser brillamment le son, à l’image des Kurzweil K2K, E-mu E-Synth et Yamaha EX5. Cette nouvelle synthèse porte le doux nom de HI (pour Hyper Integrated), ce qui nous amuse beaucoup tellement ça doit faire mal par où ça passe !
Le grand bleu
A ce jour, la gamme Triton se compose de trois claviers, comme le veut la tradition Korg depuis la série T : le modèle de base à 61 touches (testé dans sa version OS 1.0.5), le Pro à 76 touches et le Pro X à 88 touches piano. Le Triton présente une plastique agréable, avec son capot métallique peint couleur aluminium. Les puristes regretteront l’aluminium naturel brossé, les formes arrondies et les flancs gravés en relief qui conféraient au Trinity une grande classe. Sur le Triton, les angles sont raides et les flancs mastoc. Par contre, on retrouve avec plaisir le magnifique écran géant bleu 320 × 240 tactile éclairé au néon trônant au centre de la machine. A sa gauche, huit sélecteurs de mode (combinaison, programme, séquenceur, sampling, reproduction de séquences, global, disque et comparaison) sont complétés par quatre potentiomètres rotatifs à double action, une heureuse addition par rapport au Trinity. Grâce à un interrupteur, on bascule entre les quatre valeurs fixées (coupure du filtre passe-bas, résonance passe-bas / coupure passe-haut, intensité des enveloppes et relâchement des enveloppes) et les quatre valeurs assignables par programme (chouette !). Ces commandes sont entourées par le fader de volume et le fader Data complété par deux touches +/-. Nous avions préféré les faders larges et concaves du Trinity, plus pratiques. Sur la droite de l’écran, on trouve un alphadial, un pavé numérique et les commandes de transport du séquenceur identiques au Trinity, complétés par des commandes supplémentaires : sous l’alphadial, les touches “ Exit ” et “ Menu ” permettent de naviguer à l’écran entre les pages principales de chaque mode. Sur le Trinity, ces fonctions étaient directement assurées par huit boutons dédiés (mais pas nominatifs), moins pratiques au départ mais plus rapides à l’usage. Ce qui est mieux par contre, c’est la rangée de 7 sélecteurs en haut à droite, permettant un accès direct aux 7 banques de programmes et aux 4 banques de combinaisons, suivant les options installées. Enfin, trois potentiomètres rotatifs et un interrupteur autorisent le contrôle temps réel des arpégiateurs, à savoir tempo, temps de Gate, vélocité et marche / arrêt. Pour terminer avec la face avant, revenons à l’extrême gauche avec le lecteur de disquettes en façade, la prise casque (devant, merci !), le joystick à deux axes (pitchbend / double modulation) au milieu de deux interrupteurs assignables et d’un ruban de contrôle. C’est comme le Trinity, ont affirmé un peu vite certains confrères… Ils ont bu la tasse, car le ruban du Triton n’est pas sensible à la pression.
Plage arrière
La face arrière marque elle aussi des améliorations notables par rapport au Trinity. A commencer par les sorties audio qui passent au nombre de 6, configurables en 3 paires stéréo, au format jack 6.35 TS asymétrique. On poursuit par les deux entrées gauche et droite analogiques au même format, équipées d’un sélecteur micro / ligne et d’un potentiomètre de sensibilité. Ces réglages sont communs aux deux canaux, mais le software permet des atténuations séparées. Enfin, une prise pour ordinateur hôte complète avantageusement ce lot nouveau par rapport au Trinity. Ce qui n’a pas changé, ce sont les trois prises pour pédale, la molette de réglage du contraste du LCD, le trio Midi et le connecteur pour prise secteur (alimentation interne). On aurait aimé un second trio Midi et la gestion de 32 canaux afin de pouvoir tirer pleinement parti des puissantes possibilités de contrôleur Midi et de l’interface To Host. Dernière remarque sympathique : nous avons installé le Triton sur un stand RTX (type en X) et là, oh surprise, impossible de le stabiliser à l’horizontale. En fait, l’une des trappes (celle des barrettes Ram / Rom) forme une surépaisseur sous la machine, si bien que lorsque le Triton ne repose pas sur ses 4 plots en caoutchouc, il ne tient pas droit ! Vive le système D pour caler la machine, par exemple avec un doigt ou un orteil du designer de chez Korg…
Divines ondulations
Océan Glacial Arctique
La grosse nouveauté du Triton réside dans ses capacités d’échantillonnage en standard. C’est, il nous semble, la seconde tentative du constructeur japonais (après la série DSS-1 des années 80). Mais là, on est en 16 bits linéaires stéréo à 48 kHz. La mémoire de 16 Mo fournie est bien sûr extensible (voir encadré). Par contre, la capture est uniquement analogique, faute d’entrées numériques et la fonction Resampling n’est pas prévue. Pour enregistrer, il suffit de régler les niveaux, la tessiture, la Ram de destination (jusqu’à 4 paquets de Ram de 16 Mo), le temps, le mode (mono / stéréo) et le bus d’effets (sortie directe ou insert de 1 à 5). Reste à déterminer le mode de déclenchement : manuel, par seuil ou après compte à rebours. Ce dernier peut être calé sur un tempo, astucieux. Par contre, pas de déclenchement via Midi. Pour créer rapidement des multisamples, le Triton permet de définir à l’avance la tessiture et les points de montage (de 1 à 127). Par contre, il n’y a pas de détection de la fréquence fondamentale ni de placement automatique comme cela est le cas sur les E-mu E4-Ultra. Une page permet de contrôler l’état de chaque bloc mémoire et le nombre d’emplacements utilisés (4000 échantillons seuls, 4000 échantillons dans des multiéchantillons et 1000 multiéchantillons, ce qui est plus que suffisant !).
Une fois un échantillon capturé, il reste à l’éditer. Là, vive le grand écran, qui permet de visualiser ensemble les deux formes d’ondes d’un sample stéréo. On peut zoomer, choisir la zone d’édition (merci !), puis tronquer, couper, effacer, copier, insérer, mixer, coller, insérer des vides, normaliser, “ fader ”, convertir la fréquence et inverser. La conversion se fait par valeurs discrètes (2/3, 1/2, 1/3, 1/4 ou 1/6). Nous préférerions des valeurs continues, pour éviter de sauter directement de 48 à 32 kHz ! Reste ensuite à boucler, pour les plus courageux : le Triton permet de régler les points de début / fin, de rechercher les zéros, d’accorder la boucle et d’éliminer les portions d’audio superflues et c’est tout ! Pas de lecture alternée, de Timestretch, de réduction de bit, de Xfade Loop, de compression de boucle et autres traitements poussés rencontrés à la concurrence. Autre grief, les modifications telles que troncature et bouclage ne se font pas en temps réel : soit le Triton coupe le signal (cas d’échantillons stéréo), soit rien ne se passe. Dans les deux cas, il faut redéclencher le son pour entendre le résultat ! Pire, les quelques traitements numériques en temps différé prennent un temps de calcul curieusement long. Bref, il va falloir ramener l’engin aux chantiers navals Korg… Astuce intéressante à noter, le Triton peut afficher une grille de tempo par dessus la forme d’onde, idéale pour tronquer ou boucler en rythme. Ce serait bien de pouvoir “ Timestretcher ” deux boucles avec cette fonction ! Pour terminer, reste à convertir les échantillons ou les multiéchantillons pour les utiliser dans les modes programme / combinaison / séquence, à l’image de ceux en Rom. Bizarre que cela ne soit pas automatique ! Autre curiosité, il n’est pas possible de récupérer un échantillon en Rom pour se fabriquer un multiéchantillon personnel. En résumé, nous pensons que le mode sampling devrait être plus rapide, plus pratique et plus puissant. Rien de grave, ce n’est que du soft, le processeur devrait pouvoir suivre ! |
Le Triton lit des échantillons tirés d’une Rom de 32 Mo (contre 24 pour le Trinity) capturés sur 16 bits linéaires à 48 kHz. Cela représente 424 multiéchantillons mono et 412 percussions séparées. Mais comme toujours, Korg propose des versions sans attaque ou inversées des mêmes sons (80) ainsi que des percussions communes (60). Le Triton de base est livré avec deux disquettes contenant 512 programmes / combinaisons et des échantillons. Toujours un peu rapia, chez Korg ! Par contre, la haute qualité est au rendez-vous, comme sur le Trinity, dont le Triton reprend d’ailleurs une bonne partie des sons.
Tout beau tout nouveau, le grand piano est très réussi, avec un timbre beaucoup plus doux qu’à l’habitude. Tant pis pour le rock dirty ! De même, le CP70 a été revu et bien corrigé. Les autres pianos numériques sont de toute beauté, grâce à une généreuse section de multiéchantillons capturés à de multiples vélocités. Les amoureux de vintage Fender, Wurlitzer et Clavinet seront comblés. La section orgues est elle aussi très musclée, allant des Hammond aux Vox. Les guitares sont somptueuses, surtout les Strat qui comportent plein de détail. Avec un effet de simulateur d’ampli et un chorus bien dosé, on s’y croirait. Idem pour les basses, rondement menées. Les cuivres ne sont pas en reste, avec une panoplie très complète. Les instruments classiques ne sont pas oubliés, tout l’orchestre symphonique est bien là. Les cordes solo avec vibrato sont très bien reproduites, par contre les ensembles nous ont paru plus flous, superbes pour des pads aériens mais pas pour se faire “ Les Quatre Saisons ” (quelle idée !). Comme sur le Trinity, les textures synthétiques évolutives sont surprenantes : ça plane, ça bouge, ça gargouille.
Bref, on ne s’ennuie pas. Il faut dire que la Rom comprend pas mal d’ondes synthétiques en tout genre et que les possibilités de modulation ne sont pas restées à quai. Quant aux percussions, elles sont de toute beauté, mais cela ne nous surprend plus maintenant, vue l’expérience de Korg. Tous les styles sont représentés – acoustique, électronique, dance, ethnique, jazz et classique – le Triton doublant pratiquement la mise par rapport au Trinity. Les 8 Mo supplémentaires par rapport à la Rom de ce dernier sont essentiellement empruntés aux précédentes productions Korg : grand piano (M1), orgues (M1, N1), saxes (T1, M1, O1/W), cuivres (T1, M1) ou basses (M1). Bref, comme sur le TR-Rack, Korg fait du neuf avec du vieux. Cependant, le choix des formes d’onde est pertinent, merci pour le sympathique sax alto du O1/W. Pour du sang neuf, il suffira de se pencher sur les cartes Rom additionnelles (voir encadré). Sur le dessus du Triton flotte le pavillon GM. Il s’agit du mode GM 2 étendu, proposant 256 sons standard enfermés en Rom. Laissons-les d’ailleurs enfermés, tant ils sont pâles, mous et insipides… bref, purement GM. Ce n’est pas la faute de Korg mais du GM, une hérésie aseptisante dans un monde de créativité.
Plongée profonde
Et sons à la carte…
Sous le Triton se cache une seconde trappe abritant des slots pour extension mémoire, deux pour la Ram et deux pour la Rom. De base, une barrette de 16 Mo de Ram est installée, pas mal ! Il est possible de l’étendre à 64 Mo (en sacrifiant la barrette d’origine) afin de tirer pleinement partie des possibilités d’échantillonnage. Petite curiosité, le Triton fractionne sa mémoire vive par tranche de 16 Mo, ce qui signifie qu’il est impossible de capturer un échantillon supérieur à 16 Mo (soit 1’30’’ en stéréo à 48 KHz, ce qui devrait suffire). Les deux autres slots accueillent des cartes Rom 16 Mo spécifiques, comme chez Kurzweil et E-mu. L’importateur nous a fourni (encore merci) la carte Pianos / Classic Keyboards et la carte Studio Essential, Korg ayant d’ores et déjà prévu de développer des cartes Techno / Dance et Drums. La carte Pianos comporte 31 multiéchantillons de pianos électriques et acoustiques représentant environ 25 instruments différents, parmi lesquels un grand piano stéréo à deux niveaux de vélocité, le piano acoustique du SG-1D, celui du Trinity et un grand piano de concert. Pour les pianos électriques, on trouve des Stage / Suite / Wurly / Clavinet à deux niveaux de vélocité, un clavecin, des orgues électriques et un orgue classique. Il n’y a qu’un mot à dire, chapeau ! La collection complète à merveille la Rom d’origine avec laquelle elle ne fait pas double emploi et les programmes concoctés par Korg sont excellents et faits avec beaucoup de créativité, sans remplissage intempestif.
La carte Studio Essential est beaucoup plus variée, avec ses 38 multiéchantillons de flûte, cuivres, cordes classiques, guitares et choeurs. Coup de chapeau à la série de cuivres comprenant des ensembles stéréo bien gras. Mais notre coup de cœur va à l’excellente série de chœurs Gospel constituée de 4 multiéchantillons superbes de Ah, Ah vibrato, Tutti et Umm. D’autres prises sont très réussies, le bandonéon est nostalgique à souhait, la complainte du violon chinois (Kokyu) est touchante et la guitare acoustique 12 cordes est criante de vérité. La petite section de cordes mono est une réussite plus vraie que nature. Par contre, la grosse section de cordes stéréo ne nous a pas convaincu outre mesure, bien qu’étant cristalline, parfaitement bouclée et montée. Elle sonne trop éthéré et est à réserver pour les nappes amples. Autres déceptions, le son de clarinette basse et certains sons de sax. Pour terminer le chapitre extensions, le Triton présente deux lacunes handicapantes par rapport au Trinity : l’absence d’entrées / sorties numériques et l’impossibilité de faire du DTD. D’ailleurs, le Trinity ne disparaît pas du catalogue Korg et n’est pas dépassé par le Triton sur tous les aspects. |
Pas de doute, le Triton est fait pour les programmeurs et les boulimiques de sons, comme en témoigne le nombre de banques mises à disposition de l’utilisateur. Pour les programmes, 5 banques de 128 (donc 640) attendent nos délires sonores. Avec la carte optionnelle MOSS (voir encadré), on passe à 128 de plus. Sans oublier les 4 banques de 128 combinaisons, sur lesquelles nous reviendrons plus tard. Heureusement, il est possible de sélectionner les sons par catégorie selon deux critères. L’édition sur le large écran tactile est remarquable, d’autant que celui-ci est d’une rapidité très supérieure au Trinity, grâce à un processeur plus musclé, sauf en mode séquence où une certaine lenteur se fait encore sentir. L’OS est très clair, la navigation dans les pages se fait par sélection d’onglets ou par ascenseurs. Très souvent, l’affichage graphique remplit pleinement son rôle et l’on apprécie les listes déroulantes et les cases à cocher. Par contre, les potards et curseurs graphiques ne grandissent plus lorsqu’on laisse le doigt dessus, comme c’était le cas sur le Trinity. Il conviendra de les sélectionner à l’écran et de les éditer au curseur, dommage.
Comme tous les lecteurs d’échantillons, la source sonore est assurée par un multiéchantillon jouant le rôle d’un oscillateur. A la différence du Trinity, ceux du Triton peuvent être de fabrication maison grâce au mode échantillonnage et à la conversion en multiéchantillon (voir encadré). Chaque programme peut se composer d’un ou deux oscillateurs, chacun disposant d’un maximum de deux multiéchantillons déclenchables alternativement suivant la vélocité. Chaque oscillateur dispose des réglages de tonalité, de gamme microtonale, de départ de lecture, d’inversion, de délai et de portamento. La tonalité de chacun peut être modulée par une enveloppe 3 temps / 3 niveaux dédiée, deux LFO ainsi qu’une source AMS (modulation matricielle, nous y reviendrons). Les actions de l’enveloppe et des deux LFO sont elles-mêmes des destinations de l’AMS. Les temps de l’enveloppe disposent également d’une source de modulation, les niveaux en ayant deux. Sans oublier l’action des interrupteurs de la face avant, du joystick, du ruban et des potentiomètres assignables. Si on utilise un multiéchantillon de la Ram, il est possible, pour chacun des échantillons le composant, de régler indépendamment le niveau, la tonalité, la fréquence de coupure du filtre, la résonance, l’attaque et le déclin d’amplitude. Ca commence à mousser !
Ecume de mer
Chaque oscillateur est ensuite envoyé dans un filtre configurable en passe-bas résonant 4 pôles ou passe-haut 2 pôles + passe-bas 2 pôles en série. On perd d’emblée la souplesse des deux filtres multimodes (LP / HP / BP / Band Reject) résonants du Trinity, qui plus est configurables en série ou en parallèle. En attendant qu’un futur OS vienne corriger ce point, réjouissons-nous de la qualité sonore qui nous est offerte. La coupure est efficace et la résonance abondante. Mieux, cette dernière peut être modulée par l’AMS, ce qui est mieux que la simple modulation par la vélocité, bien souvent unique concession des constructeurs (c’est le cas du Trinity !).
En mode série, on dispose de deux fréquences de coupure indépendantes. Pour moduler la (les) fréquence(s) de coupure, on trouve, en plus d’une enveloppe dédiée commune 4 temps 5 niveaux, un réglage de tracking à trois segments de droite (rampe basse, note basse / note haute, rampe haute) et deux entrées de modulation AMS. Dans le mode LP + HP, chaque fréquence dispose de ses deux modulations AMS. Bien sûr, les temps et les niveaux de l’enveloppe peuvent être modulés par la vélocité, par les contrôleurs physiques, par deux points AMS, par les deux LFO (dont l’action est elle-même modulable par une source AMS). Et dans le mode à deux oscillateurs, on double la mise ! Franchement, mis à part le choix restreint des types de filtres, cette section est d’une souplesse et d’une qualité remarquables.
Pour finir, le signal passe par la section d’amplification (deux sections indépendantes en mode double) où l’on en règle le niveau global, le panoramique (avec modulation AMS au passage), le tracking, l’action des deux LFO, de la vélocité, des contrôleurs physiques, d’une source AMS et d’une enveloppe 4 temps 4 niveaux aussi souple que ses deux congénères. Il ne lui reste plus qu’à prendre le grand large avec la section effets, nous y reviendrons. Le moins que l’on puisse dire à ce stade, c’est que le parcours du signal dans le Triton s’apparente au passage du Cap Horn un jour de sale temps. Souquez ferme !
Quarantièmes rugissants
Comme nous l’avons vu, un certain nombre de paramètres peut être modulé par des sources AMS. Pour un simple oscillateur, on dénombre environ 30 destinations différentes (sans compter la section effets) qui s’ajoutent aux 25 paires sources / destinations figées (exemple : vélocité sur volume). Parmi les 42 sources, on trouve les 3 enveloppes, les 2 LFO, le numéro de note, la vélocité, l’aftertouch, les contrôleurs physiques, les 2 générateurs de tracking (filtre / volume) et le tempo Midi. Seul reproche, certaines sources ne sont pas disponibles pour toutes les destinations, ce qui empêchera les plus tordus de connaître l’ivresse des profondeurs. Un mot sur les deux LFO : on commence par 21 formes d’onde allant de la plus classique sinusoïdale aux effets de vibrato de guitare (sorte de cloche positive) en passant par des dents de scie devenues exponentielles par un jour de tempête.
En 551 avant JC, Confucius a dit : “ une image vaut mieux que cent mille mots ”. Korg s’en est souvenu et a permis au Triton d’afficher une représentation graphique des formes d’onde, ce qui facilite grandement l’aperçu avant expression. Chaque LFO dispose d’une commutation de Key Sync, d’un fade, d’un offset (décalage vertical de l’onde) et d’un délai. De plus, la fréquence peut être synchronisée sur l’horloge Midi (ce que le Trinity ne permet toujours pas !) et dispose de deux sources AMS indépendantes. Et en mode double, deux LFO supplémentaires sont disponibles. Vite, de l’eau!
Air du large
Options à la carte
Tout comme le Trinity, la gamme Triton peut être étendue au moyen d’options hardware fort intéressantes. Avant toute chose, un grand merci à l’importateur français de nous avoir confié une machine comprenant toutes les options installées. Ceci prouve, d’une part, qu’elles sont toutes disponibles à la sortie de la machine et d’autre part, que ce ne sont pas de vulgaires attrape-bigorneau. Première remarque, l’installation peut être effectuée par l’utilisateur grâce à deux trappes métalliques situées sous l’appareil. La première protège les emplacements pour une carte MOSS et une interface SCSI. Cette dernière est de type 25 broches (comme chez Kurzweil, Ensoniq et Roland, E-mu étant en 50 broches, alors que Yamaha et Akaï sont en SCSI-2 50 broches half pitch, bonjour les standards !). L’échantillonnage étant de base sur le Triton, pourquoi diantre mettre cette interface en option ? Mais à moins de mille francs la carte, on pardonne vite le constructeur (quand on pense aux 20000 francs escroqués en 1990 pour une carte SCSI de Waveframe !).
Quant à la carte MOSS, elle dispose de performances identiques à celles des Z1 et Trinity V3 (polyphonie 6 voix, 13 oscillateurs possibles dont 9 doubles, un suboscillateur, un générateur de bruit, deux filtres multimodes résonants, 4 LFO, 5 enveloppes, une puissante modulation matricielle – se reporter à PlayRecord n°20). Par contre, elle exploite une amélioration de tout premier ordre par rapport au Trinity : la multitimbralité en mode combinaison ou séquence. Attention toutefois à ne pas tomber par dessus bord en sautant trop haut, car il convient, en mode multitimbral, de spécifier le nombre de voix réservées pour chaque canal (à concurrence de 6) ainsi que le bus d’effets d’insertion et les sorties audio empruntés simultanément par tous les canaux MOSS. Pour l’allocation dynamique multitimbrale des voix et le routage indépendant des effets, il faudra repasser, dommage ! Ceci dit, saluons les efforts du constructeur pour avoir poussé un cran plus loin son concept sans se contenter de nous servir un plat réchauffé. Merci ! |
Une fois soumis au tangage et au roulis de la puissante section de modulation, le son prend l’air du large dans une somptueuse section effets. Dans tous les modes de jeux (programme, combinaison, séquence, sampling), le Triton met à notre disposition 5 multieffets d’insertion. Hormis le mode sampling, ils sont complétés par 2 effets maîtres et 1 EQ global stéréo 3 bandes (extrêmes semi-paramétriques et médium paramétrique). Chacun des 5 inserts est placé sur un bus indépendant, connecté à une sortie audio au choix, avec envoi séparé dans les 2 effets maîtres, comme sur le KDFX du K2500 Kurzweil. C’est un net progrès par rapport au Trinity qui envoyait ses 8 effets (de 3 à 8 mono configurables en 4 stéréo) directement aux effets maîtres connectés aux sorties principales, les sorties individuelles restant sèches. Le Triton, lui, mouille toutes ses sorties. Mieux, plusieurs bus adjacents peuvent être connectés en série.
Exemple : en mode combinaison, nous utilisons 6 programmes A/B/C/D/E/F et nos 5 effets 1/2/3/4/5. Les effets 1 et 2 sont connectés en série (donc 1 est envoyé dans 2 et utilise son bus de sortie, disons la paire 1&2 de sorties séparées). A est envoyé dans 1 (donc va subir les traitements en série des effets 1+2) et B dans 2. A et B seront donc présents aux sorties séparées 1&2, en stéréo. On fait de même avec C&D, les effets 3&4 et les sorties 3&4. Ensuite, on envoie E dans l’effet 5, raccordé au bus principal et F directement dans les effets maîtres. Résultat des courses, on récupère aux sorties principales E passé dans un effet stéréo puis envoyé séparément dans les 2 effets maîtres et F envoyé directement dans les 2 effets maîtres. Aux sorties audio 1&2, on récupère A envoyé dans deux effets successifs (1+2) et B envoyé dans un effet (2), tous deux non affectés par les effets maîtres. Aux sorties audio 3&4, c’est analogue. Tout cela est obtenu avec une grande simplicité, grâce à la représentation graphique des connections sur l’écran géant.
Pour chacun des 5 effets d’insertion, on a le choix entre 102 algorithmes très variés et d’excellente qualité. On dispose d’un total de 5 unités d’allocation de processeur, sachant que 89 algorithmes sont à allocation simple et 13 sont à allocation double, donc no souci ! Les effets d’insertion peuvent être stéréo en entrée et stéréo en sortie suivant l’algorithme choisi. Les deux effets maîtres ne disposent que d’une unité d’allocation. Ils sont mono en entrée et stéréo en sortie (normal, ils sont montés en parallèle). La liste d’effets est exhaustive, les algorithmes comprennent entre 10 et 20 paramètres, dont certains (2 à 4 par effet, hélas choisis par le constructeur) sont modulables dynamiquement par une source AMS et d’autres par l’horloge Midi, ce qui est une nouveauté chez Korg. Moins souple que le KDFX qui permet de choisir jusqu’à 48 paramètres modulables pour ses 5 processeurs. A signaler des effets exotiques tels que vocodeur, scratch, modulateur de voix, platine vinyle, résonance sympathique de piano. En résumé, Korg a réuni qualité, quantité, souplesse et ergonomie. Ah, le grand air marin !
Déferlantes
Du Trinity au Triton, on passe de 12 à 64 kits de batterie en Ram, ce qui est plus que suffisant. Pour appeler un kit, il suffit, en mode programme, de cocher le mode Drums dans la page des oscillateurs et de sélectionner le kit idoine dans la liste déroulante. Le reste des traitements post-oscillateur (filtres, volume, modulations…) s’effectue de façon globale sur tout le kit. Pour programmer les kits et affecter les sons à chaque touche du clavier, il faut passer par le mode Global. Comme sur tous les produits Korg depuis le M1, les 412 échantillons ici présents sont stockés dans une mémoire séparée des multiéchantillons instrumentaux. L’EX5 Yamaha et les Kurzweil sont plus souples, dans la mesure où ils permettent d’utiliser n’importe quel échantillon de la Rom pour constituer leurs kits de batterie. Pour chaque note, on affecte deux échantillons (Rom interne, Rom étendue ou Ram) et un niveau de vélocité permettant de passer de l’un à l’autre. Bien vu. Ensuite, il convient de régler pour chacun des échantillons d’une même note le volume, l’accordage, l’offset et le sens de lecture. Pour les deux simultanément, il reste à définir les valeurs de fréquence de coupure du filtre, de résonance (ou de seconde fréquence de coupure si le filtre est du type LP + HP série), d’attaque et de déclin d’amplitude, sans oublier le groupe exclusif, la réponse aux messages de note Midi (enfoncement / relâchement), le panoramique, le bus d’effet d’insertion et les départs séparés vers les deux effets maîtres. Tout cela, c’est pour une seule note, il en reste 87 ! Heureusement, le LCD affiche en permanence le clavier Midi avec la note en cours d’édition et le paramétrage s’effectue au sein de deux pages maximum. Merci Korg de nous éviter ainsi la noyade…
Famille de marins
Sur le Triton, comme sur le Trinity et les précédents modèles Korg d’ailleurs, les programmes se regroupent par famille de huit membres au sein de combinaisons. Pour chaque canal, on choisit le programme (banque et numéro, par liste déroulante ou par catégorie, bien pratique), le statut Midi (local on / off, avec ou sans transmission de Bank Select), le panoramique, le volume, la mise en / hors service des deux arpégiateurs, le canal Midi, le numéro de banque (LSB et MSB), l’accordage (avec option de désaccord en BPM), la réponse au pitchbend, le délai et le tempérament (programme ou combinaison). On poursuit par une série de seize filtres Midi indépendants par canal, à savoir les changements de programme, l’aftertouch, la pédale de tenue, le portamento, le joystick (axes X, Y et -Y), le ruban, les quatre potentiomètres temps réel, les deux interrupteurs, les pédales et les contrôleurs. On continue par l’affectation des fenêtres de tessiture et de vélocité (rampe basse, valeur basse, valeur haute, rampe haute pour les deux : le luxe, en somme !), l’assignation des contrôleurs physiques à leur source AMS, le paramétrage des arpégiateurs (voir ci-après), le routage et le réglage des effets.
Comme nous l’avons dit, le Triton propose des représentations graphiques très intuitives des différentes affectations entre les canaux et les bus d’effets, ainsi que les chaînages d’effets, le routage et les départs vers les effets maîtres. Une petite fonction permet même de conserver ou forcer les routages effectués au sein des kits de percussions lorsque cela s’avère nécessaire. Korg a vraiment pensé à tout.
Arpèges à la ligne
De nos jours, l’arpégiateur est à la mode. Eh bien, le Triton en a deux et ils sont polyphoniques. En plus des 5 motifs de base, la mémoire (volatile !) renferme 200 motifs utilisateur et 16 motifs pour chacune des cartes d’extension PCM. La plage d’action s’étend de 1 à 4 octaves, la résolution va du triolet de double croche à la noire et le tempo de 40 à 240 bpm. Pour chaque pas, il est possible de régler des offsets de vélocité et de Gate. Les notes des temps impaires peuvent swinguer, histoire d’arrondir les angles. Pour créer un motif utilisateur, le triton nous envoie à nouveau dans son mode Global. Là, oh surprise, on découvre ce qui comble de joie les utilisateurs de Z1 : une polyphonie de 12 pistes et 48 pas de réserve ! Pour chaque piste de chaque pas, on spécifie le statut (joué ou pas), l’offset de tonalité, le temps de Gate et la vélocité. Il est même possible d’obtenir des effets de flamming entre les pistes d’un même pas, idéal pour les effets de médiator sur les accords de guitare. De plus, le triton permet de fixer pour une ou plusieurs pistes un numéro de note, idéal pour les rythmiques de percussions.
Pour aider l’utilisateur, les fonctions de copie, insertion, suppression et rotation de pas sont prévues. De plus, l’édition se fait à la vitesse de l’éclair grâce à l’écran qui représente sur une même page la grille des 12 pistes et des 48 pas. Pour alterner entre chaque piste, on utilise les 12 touches du pavé numérique. En mode programme, on fait appel à un seul arpégiateur mais en mode combinaison ou séquence, ce sont deux arpégiateurs polyphoniques qui peuvent bouger en même temps avec, pour chacun des 8 ou 16 canaux, la possibilité d’embrayer l’un ou l’autre (pas les deux). Ainsi, rien n’empêche de faire tourner 2 arpèges en même temps que des patterns RPPR avec 4 doigts à l’extrême gauche du clavier, de jouer des accords avec les 5 doigts du milieu et de taper le solo avec les 2 doigts de la main droite. De quoi se prendre pour Charlie Oleg mâle un jour de grande forme ! Pour rassurer tout le monde, Korg a abondamment chargé ses disquettes de superbes arpèges, allant des riffs de guitare endiablés aux arpèges polychordales de violons, en passant par les rythmes barbares très prisés de nos jours. Certains mélanges sont impressionnants de réalisme, on a vraiment envie de laisser jouer le Triton et de hisser la grand voile.
Clapotis variés
Pour mériter ses galons de station de travail, le Triton est équipé d’un séquenceur 16 pistes très puissant d’une capacité mémoire de 100.000 notes et d’une résolution de 192 bpqn. Il est capable de relire des Midi Files (format 0 et 1) directement depuis un support enregistré, avec un sympathique mode juke-box. Les pistes se présentent comme en mode combinaison, sauf que l’on passe de 8 à 16 canaux. En plus des réglages déjà cités, il est possible de changer le statut d’une piste à la volée (lecture, mute, enregistrement, solo). La ressemblance est telle qu’il est même prévu d’importer les paramètres d’une ou deux combinaisons en un ou deux coups de doigt. Pour faciliter la tâche de l’utilisateur, Korg a même ajouté des gabarits multitimbraux de programmes, mixage et effets suivant différents styles de jeux (rock, jazz, dance…). Ainsi, 16 emplacements en Rom et 16 mémoires utilisateur permettent de gagner un temps considérable dans la configuration de la machine, idée empruntée à la fonction “ One Touch Play ” des arrangeurs de salon. Il est également possible de boucler chaque piste entre deux repères de mesures indépendants, sympa. Bien sûr, toutes les fonctions d’enregistrement sont là : temps réel, pas à pas, overdub, effacement, punch automatique et manuel, enregistrement multipistes, avec ou sans décompte. Nouveauté, une fonction Cue List permet d’enchaîner jusqu’à 99 séquences avec possibilité de répéter (un certain nombre de fois) une séquence avant de passer à la suivante. Le Triton fournit 20 emplacements pour les Cue Lists utilisateur. L’enregistrement se fait d’une façon on ne peut plus classique, nous ne nous étendrons donc pas dessus. Quant à l’édition, elle peut s’opérer globalement, au niveau de chaque piste ou de chaque événement, grâce à une édition par événement (liste déroulante avec filtrage de messages, superbe). Dans la même lignée, le Triton dispose d’un éditeur de patterns. On peut ainsi s’en fabriquer 100, mais les moins courageux peuvent partir des 150 en Rom programmés par Korg. Délicate attention ! Il est même possible de déclencher 70 patterns par les touches du clavier (fonction RPPR rendue célèbre par Roland). La programmation se fait au sein de chaque séquence. Au global, la capacité mémoire est de 200 séquences mais, mauvaise nouvelle héritée du Trinity, elle est volatile. C’est vraiment rageant, même si la lecture diretce des SMF est possible. Pour le Triton Rack, il serait bon de prévoir une mémoire Flash (même optionnelle) pour sauvegarder les séquences.
Terre en vue !
PRIX :
TRITON 61 touches : 15950 FTTC TRITON Pro 76 touches : 17950 FTTC TRITON Pro X 88 touches piano : 21950 FTTC Carte EXB-MOSS multitimbrale : 3290 FTTC Carte EXB- SCSI 25 broches : 990 FTTC Carte EXB-PCM01 Rom 16 Mo Pianos : 990 FTTC Carte EXB-PCM02 Rom 16 Mo Studio : 990 FTTC |
Avant de conclure, examinons les modes Global et Disque. Dans le premier, on règle les courbes de réponse à la vélocité et à l’aftertouch (pré ou post Midi), les paramètres préférentiels (protection mémoire, mapping des banques…) ou le protocole de la prise hôte. Une page est réservée au paramétrage des deux entrées audio : niveaux, panoramiques, bus d’effet et envois vers les effets maîtres. Viennent ensuite les réglages Midi habituels (canal global, filtres globaux, horloge, dump) et la calibration des contrôleurs (polarité, mise en / hors service). La page suivante est réservée aux échelles microtonales (16 gammes à régler sur une octave et une gamme globale sur 128 notes ; attention, la mémoire est encore volatile !). Viennent ensuite des utilitaires pour renommer les catégories de programmes, puis les éditeurs de kits de percussions et d’arpèges utilisateur déjà décrits.
En mode Disque, le Triton a fière allure : formatage DOS, organisation par répertoires, affichage des tailles des fichiers, icônes, support du format de Cdrom ISO9660 (lecture niveau 1). La gestion est très souple. Elle peut se faire par éléments individuels ou par fichiers entiers, contenant les programmes, les combinaisons, les kits de percussions, les arpèges utilisateur et les réglages globaux. Là encore, le Triton permet de naviguer en profondeur dans les fichiers eux-mêmes par arborescences successives, par exemple : fichier => tous les programmes => une banque => un programme. Parfait ! De plus, la sauvegarde des séquences et des échantillons se fait séparément, la machine invitant l’utilisateur à préciser s’il veut ou non charger les fichiers du même nom et de préciser où se trouvent les échantillons dépendant d’un programme. Ensuite, le Triton se débrouille seul. Actuellement, le Triton est compatible avec les formats d’échantillon Akaï S1000 / S3000, Wav et Aiff et Trinity (sauf les fichiers d’échantillons compressés). Korg prévoit de l’étendre aux formats E-mu et Roland, ce qui est une excellente idée étant données les banques existantes.
Pour les formats Akaï, le Triton ne peut charger les programmes qu’un par un (avec toutefois tous les Keygroups et échantillons contenus arrangés correctement). De plus, les paramètres de synthèse Akaï sont purement et simplement ignorés (c’est souvent le cas à la concurrence, n’en voulons pas trop à Korg). Ce qui est inadmissible par contre, c’est que la conversion des programmes de Trinity ne se fasse pas correctement, les numéros de multisamples étant repris tels quels sans recalage. Aucune chance de marcher ! A revoir, donc, dans un futur OS, qui a l’excellente idée, comme dans le Trinity, de résider en mémoire Flash.
Demi-Dieu marin
Avec le Triton, Korg repousse une fois de plus les limites des stations de travail. Synthèse poussée, échantillonnage standard, option modélisation multitimbrale, effets remarquables, ergonomie superbe, modulations puissantes, extensibilité, OS en FlashRam, le Triton frise la perfection. De plus, il sonne superbement, avec des multiéchantillons très musicaux capturés sans compromis à 48 kHz, bouclés méticuleusement et montés très scrupuleusement. Enfin, Korg a mis l’accent sur la convivialité et la spontanéité : menus revisités, temps de réponse du LCD accéléré, gabarits de configurations multitimbrales, nous avons apprécié cette générosité permettant de gagner du temps lors de nos explorations ou de mettre en œuvre rapidement nos idées musicales. En revanche, le Triton pêche sur certains aspects : les premiers, purement logiciels, peuvent être comblés rapidement dans un futur OS (vive la mémoire Flash !). Il s’agit de la section de traitements numériques des échantillons, qui affiche un mal de mer prononcé en regard des autres machines du marché : pas de bouclage en crossfade, de compression temporelle, de conversion de bit ni autres bidouilles qu’on aime tant. De même, impossible d’échantillonner directement à 32 ou 44 kHz, tous les sons ne méritent pas 48 kHz ! Toujours sur le plan logiciel, dommage qu’on ne puisse utiliser les échantillons en Rom comme ceux en Ram, pour recréer des multiéchantillons hybrides à volonté. On déplore enfin la disparition des doubles filtres multimodes résonants du Trinity. Tout cela peut faire l’objet d’une mise à jour logicielle. En revanche, les oublis hardware seront irréparables : adieu connectique numérique, DtD, disque dur interne et séquences (à l’extinction). Si le Triton existe un jour en rack, nous supplions Korg de conserver l’ensemble des possibilités d’édition, les commandes en nombre suffisant, l’écran tactile à l’identique et de greffer plus de slots d’extension, dans lesquels nous aurons le grand plaisir d’installer une connectique numérique, plusieurs cartes MOSS, plus de cartes Rom, plus de barrettes SIMMS. Quoi qu’il en soit, on applaudit Korg d’avoir su créer une machine très profonde avec laquelle il est extrêmement facile d’apprendre à nager. Avec un prix à marée basse, plonger avec le Triton n’est vraiment pas la mer à boire !
Triton versus Trinity
Polyphonie Programmes Ram / Rom Combinaisons Ram Kits de batterie en Ram Echantillonnage Stockage des échantillons Maximum d’échantillons Fonction DtD PCM en Rom Filtres Mémoire séquenceur Processeurs d’effets Algorithmes d’effets Synchro Midi effets / LFO Arpégiateur / RPPR Sorties audio Entrées / sorties numériques Ruban d’expression |
TRITON
62 voix, extensibles à 68 640 (+ 128 MOSS) / 256 sons GM2 512 64 standard, enregistrement + lecture 16 Mo extensibles à 64 Mo, volatiles 8 000 non 32 Mo, extensibles à 64 Mo LP résonant / LP+HP 100 000 notes 5 inserts stéréo + 2 maîtres + 1 EQ 102 + 89 + 1 oui double polyphonique / oui 3 paires stéréo avec routage des effets non un axe : position seule |
TRINITY
32 voix, extensibles à 38 256 (+ 64 MOSS) extensibles à 512 (+128) / 0 256 extensibles à 512 12 option, lecture seule option, 8 Mo sauvegardés en FlashRam moins de 500 option, 2 pistes en enregistrement, 4 en lecture 24 Mo 2, multimodes résonants (LP / HP / BP / BR) 75 000 notes 8 inserts mono (ou, par ex., 4 stéréo) + 2 maîtres 100 + 14 non non / non 1 paire stéréo wet + 2 sorties séparées dry option, 2 In / 4 Out Adat + Wordclock deux axes : position + pression |
Glossaire
Allocation dynamique : capacité permettant à la plupart des synthétiseurs actuels d’utiliser toutes les voix de polyphonie disponibles suivant nécessité, entre un ou plusieurs programmes multitimbraux. Le Triton a cette faculté sur les sons générés par lecture d’échantillons.
Réserve statique de voix : fonction figeant un nombre maximum de voix pour chaque programme en mode multitimbral. Lorsque les voix d’un programme ne sont pas utilisées, elles ne sont pas pour autant disponibles pour d’autres programmes, quel gâchis ! Le Triton fonctionne sur ce mode statique en synthèse MOSS.
Key Sync : déclenchement du cycle du LFO à chaque nouvel enfoncement de touche, chaque touche ayant ainsi un LFO
indépendant à concurrence de la polyphonie (sauf sur les machines plus anciennes à LFO globaux).
Tangage : oscillation avant / arrière d’un solide dans un fluide instable.
Roulis : oscillation latérale d’un solide dans un fluide toujours instable.
Tangage + roulis : éjection brutale d’un fluide depuis un solide creux.