Une fois vos morceaux composés, le travail du son est extrêmement important ! La musique peut être recherchée et atteindre peu les auditeurs si celle-ci n'est pas mise en valeur par un bon mix. Mais comment faire un bon mix ?
Repousser le bruit de fond
Rien de tel qu’un bruit de fond élevé pour que l’auditeur soit mis dans de mauvaises conditions d’écoute. Voici comment éviter le bruit de fond au maximum.
A la prise son
– La solution pour éviter le bruit de fond permanent lorsqu’un seul instrument joue est ce que l’on appelle le Noise Gate. Cet outil est généralement un rack 1 U (comme le Multigate Pro de Behringer) qui agit comme un interrupteur. Lorsque le son est en dessous d’un seuil (environ –85 à –65 dB), l’interrupteur est ouvert, c’est à dire qu’aucun signal n’entre dans la table de mixage, donc aucun bruit de fond venant de l’instrument. Dès que le signal dépasse un seuil (au delà du bruit de fond), l’interrupteur se ferme. Ainsi, le bruit de fond associé à chaque instrument ne s’ajoute pas au morceau lorsque l’instrument ne joue pas. C’est particulièrement intéressant lorsqu’un instrument dans un morceau joue en solo ou qu’un break fait chuter le niveau général du morceau assez bas pendant quelques mesures : sans le noise gate, le bruit de fond des autres machines sera particulièrement perceptible puisque le rapport signal/bruit sera moins bon.
– Les processeurs d’effets notamment, génèrent un bruit de fond non négligeable. Une noise gate (porte de bruit) sur ceux-ci s’avère souvent nécessaire.
– Après tout cela, chacun doit adapter ses méthodes au matériel qu’il possède. Par exemple, les synthés analogiques comme le Juno 106 ont un chorus dont le bruit de fond est caractéristique. La technique que j’ai trouvé pour supprimer ce bruit de fond sans noise gate est d’enregistrer dans le séquenceur le SysEx correspondant à la suppression du Chorus lorsque le synthé ne joue pas.
Au mix
– Une fois que le mix est terminé, l’idéal est de translater les volumes MIDI de manière à ce que celui qui a le plus grand volume soit à 127. Exemple: sur un expander, vous avez reglé tous les niveaux à 50, sauf la batterie qui est à 80. Vous devez alors mettre la batterie à 127 (80+47) et mettre les autres volumes à 97 (50+47). Ainsi le rapport Signal / Bruit en sera amélioré.
– Les équalisations ont des doubles tranchants parfois. Par exemple, augmenter sensiblement des aigus peut rajouter du bruit de fond, alors qu’une basse sourde n’a pas besoin d’égalisation dans les aigus. Si la basse en question génère du bruit de fond, c’est au contraire l’occasion de mettre les aigus au minimum.
– Le fader à ne pas toucher est certainement celui du master. En effet, l’idéal est qu’il reste à 0 dB, car le mettre plus fort fait intervenir un ampli interne de la table de mix, ce qui est une étape supplémentaire dans la création de parasites.
Traitements ultérieurs
Il existe de bons plug-in pour Sound Forge comme par exemple des denoisers. Ils seront de préférence à utiliser sur les parties du morceau où les sons aigus sont rares. En effet, le bruit de fond s’entend principalement dans les aigus et ne sera pas perceptible si le morceau est clair (nappes claires, voix e.t.c.). Par contre, lors d’un break ou d’une partie sans instruments aigus (style basse et batterie seulement) le bruit de fond s’entendra et c’est à ce moment qu’il faudra utiliser le denoiser.
Si vous enregistrez des morceaux avec une grande dynamique, pensez, notamment au niveau des fondus, que vous pouvez les faire numériquement avec un logiciel comme Sound Forge. Alors que si vous les faites avec votre table de mixage, le bruit de fond sera perceptible lorsque le morceau sera à un niveau très faible.
Recouvrement de fréquences
Le mixage d’un morceau est un métier à part entière, aussi je n’aurai pas la prétention de vous donner « la » bonne recette. Cependant, il y a plusieurs choses importantes à savoir.
Une des choses à éviter de toute urgence est le recouvrement de fréquences. Vous remarquerez que dans un morceau mixé par des « professionnels », le son est particulièrement précis et chaque détail est mis en avant, tout en ne surchargeant pas l’ensemble du morceau. Comment font-ils ? Ils prennent soin de « piéger » chaque instrument dans une bande de fréquences. Par exemple, une grosse caisse de batterie possède une partie de son spectre aux alentours de 50 Hz. Une basse peut également contenir certaines fréquences proches de celle-ci. Immanquablement, il en ressortira un mix « flou », où la percussion sera perdue dans le son de la basse. Pour pallier à cela, un passe haut à 75 Hz suffit généralement (la plupart des tables de mixages moyen et haut de gamme en sont équipées).
Parfois, mais rarement, ce recouvrement spectral est utilisé volontairement. C’est ainsi que dans « Mad about you » de Sting, la voix du chanteur est habilement remplacée par un instrument à vent (à 2'58, pour ceux qui ont le morceau à disposition). Toujours est-il qu’à part dans ce cas particulier, les recouvrements spectraux sont à éviter pour plus de netteté des instruments.
Jargon utilisé en audio
Vous vous êtes peut-être trouvé un peu perdu(e) face à un ingénieur du son vous parlant d’un son chaud ou froid, sombre ou brillant etc. Ces termes un peu exotiques au premier abord sont unanimement utilisés par ceux qui forgent et manipulent les sons, aussi me semble-t-il bon de les définir ici. Car il bien est nécessaire de parler avec les mêmes mots pour se comprendre…
Un son est chaud s’il possède dans son spectre une bonne proportion de basses et basses medium. Par assimilation à un son chaleureux, certainement, puisque la voix, généralement rassurante pour l’oreille, se situe dans ces fréquences (aux alentours de 1 KHz).
Par opposition, un son froid possède des aigus nets mais peu de basses medium. Pour beaucoup il « manque quelque chose », notamment pour les amoureux de l’analogique qui sont positivement sensibles aux spectres bas et medium plus qu’aux aigües qui les « agressent ». Ce qui ne veut pas dire qu’un son froid est foncièrement mauvais (voir « De l’art de mélanger les sons »). Les sons provenant de synthétiseurs numériques sont souvent qualifiés de plus « froids » parce qu’ils ont une réponse plus linéaire sur l’axe des fréquences : les basses sont moins mises en avant que sur les synthés analogiques, les aigües sont précises et parfois perçantes.
Un son sombre (ou sourd) est principalement composé de basses et dénué d’aigües.
Un son brillant peut très bien contenir des basses et mediums (en cela il se différencie des sons dits froids), mais aura nécessairement de l’énergie dans les aigües. On le dit aussi « clair ».
L’art de mélanger les sons
Au risque de faire tiquer certains, je dirais ceci : l’important ce n’est pas les sons, mais leur association et leur interaction. Cette affirmation volontairement provocante a pour but de nous mettre en garde : avec des sons extrèmement beaux d’une dizaine de synthétiseurs différents, on peut très bien faire une musique confuse et maladroite. Pourquoi ? On retrouve cette histoire de recouvrement spectral. Par exemple, un son complexe (type combinaison chez Korg, patch chez Roland, setup chez Kurzweil) en « mettra plein la vue » lors du jeu en solo de ce son, mais aura du mal à passer tel quel dans un mix complexe. La raison en est simple : vous allez très probablement avoir du recouvrement spectral avec d’autres instruments.
A contrario, certains sons qui paraissent un peu étriqués lorsqu’ils sont joués seuls s’épanouiront certainement plus dans un ensemble musical complexe. Attention, donc, à ne pas vous laisser abuser par des synthés un peu trop démonstratifs !