Nous sommes nombreux à emporter une guitare de secours afin de gagner du temps en cas de casse de corde ou autre problème technique du style jack qui crachotte. Mais la galère peut prendre une tout autre ampleur lorsque c’est l’ampli et/ou le pédalier qui font des caprices.
Ceux qui connaissent déjà le système SansAmp savent qu’un simple boîtier peut faire le job de manière tout à fait bluffante, tant et si bien qu’il sera copié maintes fois par la concurrence et qu’un logiciel aussi « sélect » que Pro Tools intègrera en standard une émulation du petit boîtier magique.
Tech21 pousse aujourd’hui le raisonnement deux crans au-dessus en proposant un minuscule pédalier (29 × 6,5 × 3,2 cm) d’une livre (525 g pour être précis) muni d’une version simplifiée du fameux SansAmp avec émulation de réverb à ressort, agrémentée d’un delay à tempo réglable par tap, d’une distorsion Plexi (émulation analogique d’un Marshall 68') et d’un hot boost. En somme, une version possible du strict indispensable, en particulier pour jouer du rock dans l’acceptation la plus large du terme.
Le fuselage
Le contraste entre le boitier métallique bien solide et les microboutons en plastique est saisissant. Ces derniers se sont d’ailleurs montrés bien récalcitrants avant que je ne me munisse d’une pince pour décoincer deux d’entre eux. Alors certes, on comprend les contraintes techniques inhérentes à la nécessité d’avoir de nombreux réglages à disposition dans un si petit espace, néanmoins, on aurait pu espérer mieux de la part des New-Yorkais.
Ceci étant dit, on sera tout de même ravi de pouvoir régler le niveau (Level), le nombre de répétitions (Repeat), la modulation des répétitions (Drift) ainsi que le retard appliqué à celles-ci (Time) en plus du bouton tap, en ce qui concerne le Delay. Ce dernier, une émulation de type vintage tape echo, est basé sur la pédale Boost DLA (testée il y a bien longtemps dans nos colonnes). Les micro-boutons en plastique s’illuminent de bleu lorsque l’effet est activé et c’est en orange que les suivants se colorent lorsque la partie SansAmp, comprenant un level, une égalisation trois bandes, un drive, mais aussi la réverb, est activée. On regrettera l’absence de certains réglages par rapport aux standards de la marque, notamment celui de blend, mais les boutons Bass, Middle et Treble pourront être suffisants pour offrir une belle palette sonore.
Enfin, la distorsion se barde logiquement de rouge et propose les indispensables level, tone et drive ; le tout se concluant par le réglage du boost ici baptisé « hot ». Ce dernier s’allume indépendamment des autres boutons du Plexi et peut fonctionner en « son clair » avec la partie SansAmp enclenchée (ou non). Il offre 21 dB supplémentaires pour passer en solo et se faire entendre, en agissant comme un étage de gain supplémentaire. On est donc en présence d’un « dirty boost » plutôt que d’un « clean boost ». Concernant la partie Distorsion à proprement parler, le circuit et les réglages sont les mêmes que ceux de la Hot Rod Plexi (testée il y a quelque temps par notre ami américain), à l’exclusion du potentiomètre Punch : il faudra donc se contenter de l’EQ du SansAmp en amont pour jouer sur les bas médiums.
L’ensemble est câblé en « all analog signal path », autrement dit, le delay et la reverb sont insérés en parallèle et se mêlent au signal de base qui reste analogique tout le long de son parcours dans le boîtier. On ne parlera pas de true bypass car le Fly Rig 5 se comporte comme un buffer lorsque tous les effets sont désactivés.
2 Jacks sinon rien
La connectique est ultra simplifiée, le FlyRig ne disposant que d’un IN et un OUT en jack 6,35 mm asymétrique. Le XLR symétrique brille donc par son absence et c’est tout de même bien étrange de l’avoir omis ici quand on sait la qualité des sorties DI proposées par les américains. Alors en effet, la taille lilliputienne du pédalier est sans doute encore une fois en cause, l’épaisseur de l’engin ne permettant pas de loger une telle prise. Néanmoins, la sortie jack suffira amplement pour attaquer à peu près n’importe quoi avec un niveau ligne d’une qualité sonore tout à fait respectable.
Un fil à la patte
L’adaptateur secteur est tout aussi discret que le pédalier lui-même et s’adapte automatiquement au 110/220V (l’adaptateur pour les prises américaines n’est pas fourni). Mais aucune solution à base de pile n’est proposée et c’est à mon sens bien dommage pour un matériel volontairement conçu pour dépanner. À cela s’ajoute un fil un peu court, qui oblige à garder la multiprise à portée de pied.
Bouclez vos ceintures
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Commençons notre exploration sonore avec une Telecaster Standard mexicaine, en branchant le Fly Rig 5 en Return de boucle d’effets d’un Triamp MkII (dans le but de bypasser le préampli de celui-ci). Vous entendrez d’abord le son dry, puis avec le SansAmp auquel j’ajoute le Plexi pour finir avec le hot boost.
On retrouve le son SansAmp, avec des médiums bien présents et les extrémités du spectre un peu floues. Le Hot Boost semble apporter une vraie dose de gain supplémentaire, mais l’augmentation de volume sonore ressenti n’est pas tout à fait au rendez-vous.
Tentons maintenant un peu de Delay avec un extrait réglé à l’aide du tap. Je troque alors la Tele pour une Rickenbaker 330 avec son micro chevalet.
Le son s’aère alors et le Fly Rig 5 apporte une belle présence à cette hollow body. De là à croire que le pédalier aime les guitares à ouïes, il n’y a qu’un pas.
En direct live
Dans le but de se rapprocher des conditions du live, je l’ai branchée en direct dans la Yamaha 01-V et voici ce que ça donne avec la Telecaster précédemment utilisée :
Le rendu en direct est excellent (comme toujours chez Tech21) et on sent que le but premier du pédalier est de se passer totalement d’ampli, notamment grâce à sa réverb. En effet, sa coloration « spring » peu marquée pourra peut-être décevoir certains, mais elle lui permet de s’adapter à tout type de guitares et de styles musicaux à l’aide d’un seul et unique minuscule potentiomètre. Bravo !
Pour la peine, je sors la Gilmour et pousse la réverb au delà de midi.
L’émulation analogique du Plexi est certes moins définie que ce que pourrait rendre un véritable Marshall JMP, mais la partie SansAmp reste bluffante quand on pense qu’il s’agit d’une simple sortie Jack en direct dans une table.
Enfin, j’ai utilisé une SG standard avec son micro manche pour finir avec son frère chevalesque.
- FlyRig5 DI SG manche 00:46
- FlyRig5 DI SG chevalet 00:42
Dans l’extrait SG manche, on peut entendre le DLA utilisé en tant que chorus avec les boutons time et repeat à 0 et le drift à fond : force est de constater qu’il s’en sort plutôt pas mal du tout ! Il continue de convaincre à la fin de l’extrait chevalet lorsqu’on souhaite le faire sonner comme une très longue réverb. Les plus fous pourront même mettre le time et le repeat à fond pour profiter d’une sorte de « looper infini » difficile à caser dans un morceau de musique, mais terriblement fun.
Au niveau sonore, on peut en conclure que la pédale a un rendu assez typé et peut-être un peu moins polyvalent que ce à quoi on pourrait s’attendre, le Plexi étant très typé et ne pouvant pas convenir à de nombreux styles. Néanmoins, l’ensemble est très efficace en direct et pourra se brancher dans toute console digne de ce nom pour délivrer un son de guitare électrique amplifiée réaliste.
En cas d’urgence
Tech21 risque encore de faire des émules quand on entend ce dont est capable un si petit engin. À l’aise dans toute situation, il saura faire face à tout problème technique provenant de votre matériel habituel. D’autant que la somme demandée (moins de 300 €) paraît tout à fait justifiée à l’écoute des sons délivrés.
Il faudra tout de même avoir une prise de courant à proximité, se contenter d’une distorsion pas très précise et de potentiomètres difficiles à manier.
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