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Test du Volca Modular de Korg - West Coast Story

6/10

Cinq ans après les premiers Volca, la série s’enrichit d’un nouveau modèle consacré à la synthèse analogique modulaire d’inspiration West Coast. À vos patches !

Test du Volca Modular de Korg : West Coast Story

Déci­dé­ment, certains Volca poussent paisi­ble­ment à l’ombre des Mini­logue. Trois ans en arrière, le Volca FM inté­grait sans sour­ciller un DX7 dans le désor­mais célèbre mini-boitier mono­li­thique, alors que le Mini­logue faisait une entrée fracas­sante sur le marché du synthé analo­gique poly­pho­nique. Cette année, ce sont deux nouveaux modules Volca qui arrivent discrè­te­ment sur la pointe des poten­tio­mètres, alors que le Mini­logue XD fait son show sous les sunlights du NAMM. La gamme Volca compte désor­mais huit modèles : Beats, Bass, Keys, Sample, FM, Kick… et main­te­nant Drum et Modu­lar, qui viennent de nous parve­nir en même temps. C’est le Volca Modu­lar que nous testons ici.

Hello West Coast

Volca Modular_2tof 1.JPGLe Volca Modu­lar est un mini-module qui reprend le format compact (19 × 11 × 4 cm) et léger (360 g) de ses aînés. La construc­tion est sérieuse, avec une plaque en alu brossé vissée en façade et une coque rigide en plas­tique trans­lu­cide. Les commandes ont un ancrage suffi­sant et une réponse fort correcte, que ce soient les 13 poten­tio­mètres ou les boutons-pous­soirs. La façade rassemble diffé­rents modules, à savoir 8 ou 11 suivant qu’on est de la police ou des mani­fes­tants. Il y en a un peu partout : oscil­la­teurs à gauche, enve­loppes au centre gauche, filtres au centre droit et effet à droite. Au-dessus, toujours des modules : horloge + Gates, géné­ra­teurs aléa­toires, split, sorties CV… en dessous, c’est le module de fonc­tions mathé­ma­tiques qui occupe l’es­pace dispo­nible sous les filtres. Quand on s’ar­rête sur le nom des modules, on sent déjà le truc inha­bi­tuel… c’est donc ça le West Coast style ?

On pour­suit ce tour rapide avec les commandes de trans­port (+ fonc­tions secon­daires) et un mini-clavier tactile de 16 touches en partie infé­rieure. Ce dernier permet de jouer le son, sélec­tion­ner l’oc­tave, choi­sir des para­mètres, appe­ler une séquence et program­mer le séquen­ceur. Le Volca Modu­lar a un look Buchla (alu, rouge, bleu) : West Coast style once again ?

Volca Modular_2tof 8.JPGLa connec­tique, mini­ma­liste, est située en partie haute : entrée alimen­ta­tion (toujours pas four­nie !) avec inter­rup­teur secteur, entrée CV double mini-jack stéréo, entrée/sortie synchro mini-jack (l’en­trée permet­tant aussi les mises à jour d’OS) et sortie audio stéréo mini-jack (casque / ligne). L’en­trée CV permet de connec­ter deux sources, l’une à +/-5V (réduits ensuite à +/-3,3V en interne), l’autre à 1V/octave (0 à 6V conver­tis ensuite en interne) pour pilo­ter le pitch ; elle est reliée à un module deux sorties au format physique du Volca Modu­lar.

Il n’y a pas d’en­trée MIDI, le choix du modu­laire tout analo­gique est ici plei­ne­ment assumé (nous verrons d’ailleurs que le Volca Modu­lar n’est pas vrai­ment un synthé qui se joue au clavier). Sous le capot, un mini-HP anec­do­tique et un compar­ti­ment permet­tant d’ac­cueillir 6 piles AA (four­nies cette fois) assurent l’au­to­no­mie totale de la machine, du moins pendant les 5 heures annon­cées par le construc­teur.

West Coast sound

Volca Modular_2tof 7.JPGLe Volca Modu­lar est un synthé analo­gique mono­dique semi-modu­laire avec séquen­ceur 16 pas. Les para­mètres de synthèse ne sont pas mémo­ri­sables. En revanche, il y a 16 mémoires pour les séquences. Comme tous les Volca, l’un des atouts de la machine est de permettre de sélec­tion­ner, lire et enre­gis­trer des séquences, tout en modi­fiant les sons avec les commandes en façade, sans inter­rup­tion.

Nous avons parlé du West Coast style dans le look de la machine. Ce parti pris se traduit égale­ment dans les sono­ri­tés qui découlent du choix des modules. Rien à voir avec la synthèse sous­trac­tive habi­tuelle que l’on trouve sur les modules Moog et déri­vés ; ici, bien qu’en circui­te­rie analo­gique discrète, on parle de ratio, d’ondes repliées, de FM… Les sono­ri­tés obte­nues sont très expé­ri­men­tales, diffi­ciles à décrire avec des mots réper­to­riés par l’Aca­dé­mie Française : on peut parler de FM distor­due, d’ai­gus écar­te­lés, de drones déchi­rants, de textures fuzzy (ça se dit, ça, Monsieur VGE ?) et de trucs qui ne tournent pas toujours rond. On adore ou on déteste, c’est pour le moins clivant ! Une petite réverbe numé­rique inté­grée ajoute du bizarre à l’étrange en créant un effet spatial métal­lique, situé entre le ressort et la plaque. Bref, un carac­tère sonore singu­lier, spéci­fique, qui ne peut se suffire à lui-même. 

Volca Modu­lar_1audio 01 Arp FM
00:0001:00
  • Volca Modu­lar_1audio 01 Arp FM01:00
  • Volca Modu­lar_1audio 02 FM Bass00:50
  • Volca Modu­lar_1audio 03 RM Manual00:37
  • Volca Modu­lar_1audio 04 RM Seq00:53
  • Volca Modu­lar_1audio 05 RM FM00:46
  • Volca Modu­lar_1audio 06 Arp Random00:58
  • Volca Modu­lar_1audio 07 Wookie Balls00:46

West Coast synthe­sis

Le prin­cipe d’un synthé modu­laire est de connec­ter diffé­rents modules pour créer, modu­ler et déclen­cher des sons. Le Volca Modu­lar est semi-modu­laire, ce qui signi­fie que certains modules sont précon­nec­tés en interne ; dès qu’on branche un cordon, on inter­rompt la connexion prééta­blie pour créer sa propre orga­ni­sa­tion.

Volca Modular_2tof 3.JPGQui dit micro-modules dit micro-cordons qui se branchent dans des micro-trous (50 entrées et sorties au total). En fait, ce sont des cordons à petite pointe métal­lique sans masse (qui se fait en interne). La machine est livrée avec 20 cordons de diffé­rentes tailles et couleurs. Les pointes ont tendance à plier faci­le­ment et les connec­tions ont un peu de jeu, on se ques­tionne sur la dura­bi­lité de tout cela. C’est égale­ment très facile de les égarer ou de les faire tomber entre deux tranches de conso­le…

Faute de mémoires, la machine est livrée avec quelques programmes impri­més dans le manuel lapi­daire de type double feuille de choux et sur un petit carton pense-bête. Les entrées et sorties des modules sont faci­le­ment diffé­ren­ciables par l’épais­seur du trait qui les entoure. Les tensions véhi­cu­lées entre les modules peuvent prendre 4 formes : audio (-3,3 à +3,3 V), commande (unipo­laire 0 à +3,3 V ou bipo­laire –3,3 à +3,3 V), Gate (+3,3 V) ou Trig­ger (+3,3 V). Ils ne sont donc pas direc­te­ment compa­tibles avec le format Euro­rack, c’est un choix pour préser­ver l’au­to­no­mie sur piles. Une protu­bé­rance circu­laire dans le graphisme indique un signal audio, mais on peut connec­ter tout et n’im­porte quoi sans risque.

West Coast waves

Volca Modular_2tof 6.JPGPassons à la descrip­tion des modules : on commence par le double VCO à ondes trian­gu­laires orga­ni­sées en porteuse / modu­la­trice FM expo­nen­tielle. On défi­nit le ratio (1:4, 1:2, 1:1, 2:1, 3:1, 4:1) et la quan­tité de modu­la­tion avec des poten­tio­mètres dédiés. Un troi­sième poten­tio­mètre contrôle le replie­ment du spectre de l’onde porteuse, pour ajou­ter de la modu­la­tion audio, à mi-chemin entre un méta­li­seur et un larsen (le prin­cipe est de retour­ner la forme d’onde à partir d’une certaine ampli­tude). Amis des leads doux flûtés, passez votre chemin… le module offre 4 entrées de modu­la­tion (pitch, ratio, FM et replie­ment) et 2 sorties audio (porteuse modu­lée, modu­la­trice). Le pitch est aussi commandé par le clavier, suivant le choix d’oc­tave et de tempé­ra­ment ; on trouve 14 tempé­ra­ments en mémoire, avec possi­bi­lité de créer une gamme micro­to­nale (précise au centième) à partir du tempé­ra­ment en cours.

Les deux modules LPG combinent chacun un VCF passe-bas et un VCA simplistes. Ils offrent une entrée audio, une entrée niveau (qui contrôle à la fois la fréquence du filtre et le gain du signal filtré), un poten­tio­mètre Cutoff (fréquence maxi­male de filtrage) et une sortie audio. Ces modules trop dépouillés : c’est un peu idiot de devoir passer de sons faibles filtrés à des sons forts brillants, puisque les deux para­mètres font modu­la­tion commune ; de plus, il n’y a pas de contrôle de réso­nance. Petite décep­tion sur ce plan, qui prive le Volca Modu­lar de jolis sons filtrés bien ronds. En sortie, un effet numé­rique (hé oui !) permet d’élar­gir le signal injecté à son entrée, avec poten­tio­mètre d’ac­tion et sortie sépa­rée ; il s’agit d’une réverbe stéréo bouclée très court, dont on dose simul­ta­né­ment le niveau et le temps. Rigo­lote, sans plus…

West Coast mods

Après les modules de trai­te­ment audio, c’est au tour des modules de modu­la­tion. On commence par les deux enve­loppes ; la première est une AHR avec réglages d’at­taque et relâ­che­ment par poten­tio­mètre, trois entrées (Gate, A, R) et trois sorties (modu­la­tion posi­tive, modu­la­tion inver­sée et Trig­ger de fin de cycle). La seconde est une enve­loppe AD ; on a deux poten­tio­mètres pour régler les segments AD, trois entrées (Trig­ger, A, D) et 3 sorties (modu­la­tion posi­tive, modu­la­tion inver­sée et Trig­ger de fin de cycle). Relier l’en­trée et la sortie Trig­ger de cette enve­loppe la fait tour­ner en boucle ; tant mieux, car il n’y a pas de module LFO.

Volca Modular_2tof 5.JPGPassons au module Woggle (les mouettes !), un géné­ra­teur d’ondes aléa­toires, doté de deux entrées (Sample et Trig­ger) et deux sorties (S&H et S&H lissée) ; deux petites LED battent en cœur à chaque impul­sion.

Surfons rapi­de­ment sur le module Split à deux entrées et quatre sorties, capable de fonc­tion­ner à l’en­vers (mixeur passif). Attar­dons-nous un instant sur le module mathé­ma­tique, voué à addi­tion­ner deux signaux (A et B), dont le deuxième est modulé par un troi­sième © ; on trouve trois entrées (A, B et C), un poten­tio­mètre de dosage pour C et deux sorties calcu­lées (A+BxC et A-BxC) ; origi­nal, ça sent le Ring Mod ! Enfin, le module horloge + Gate est connecté au séquen­ceur à pas, dont nous parle­rons plus tard. Il dispose d’un poten­tio­mètre et d’une entrée horloge, ainsi que cinq sorties : Fourth, Third, Half, Gate et pitch. Un signal Gate est émis à la sortie Gate à chaque fois qu’une note est jouée, alors que les trois premières sorties sont des comp­teurs, qui émettent le signal Gate respec­ti­ve­ment une fois sur quatre, trois ou deux.

West Coast motions

Volca Modular_2tof 4.JPGC’est déjà compliqué de bien maîtri­ser les diffé­rents modules du Volca Modu­lar. Et si on les faisait bouger ? C’est tout le propos du séquen­ceur à mouve­ments inté­gré. On dispose de 16 pas comme sur tous les Volca sortis à ce jour. Le tempo est global. Pour pertur­ber le cycle, on peut désac­ti­ver / réac­ti­ver n’im­porte quel pas sans détruire ce qu’il contient. On peut aussi jouer sur le sens de lecture : avant, rebond (avec répé­ti­tion des pas extrêmes) ou stochas­tique. Dans ce dernier mode, la lecture d’un nouveau pas peut connaître quatre issues aléa­toires : lecture du pas suivant, lecture du pas précé­dent, lecture du même pas ou saut du pas suivant ; c’est assez rigolo à écou­ter et à regar­der, car les petites LED de pas se baladent dans tous les sens… Cette fois, on perd la fonc­tion Step Jump, c’est la machine qui jumpe partout où elle veut ! On perd aussi l’ac­cen­tua­tion et le décou­page des pas, présents sur le Volca Drum. De même, le West Coast style ne connait pas le swing. Par contre, il est possible de chan­ger la note de réfé­rence de la séquence de 1 à 12 demi-tons vers le haut (trans­po­si­tion), pas aussi pratique qu’une trans­po­si­tion clavier mais toujours bon à prendre.

Pour program­mer un motif, on entre les notes soit en temps réel (par passes), soit en pas à pas (de manière séquen­tielle). L’édi­tion se résume, en mode pas à pas, à suppri­mer le pas en cours d’en­re­gis­tre­ment. Si on rate son coup en mode temps réel, on peut effa­cer les pas actifs ou toute la séquence. On peut modi­fier le temps de Gate, mais ça se limite au choix court / long et c’est global par séquence. Pour pimen­ter l’am­biance, rien de tel que l’en­re­gis­tre­ment du mouve­ment des poten­tio­mètres trans­lu­cides (hors tempo) ; le Volca Modu­lar capture les évolu­tions pendant le premier cycle, puis repasse en lecture ; les poten­tio­mètres dont la valeur change s’éclairent alors en rouge et en rythme, sympa ! On peut désac­ti­ver les mouve­ments enre­gis­trés (sans les effa­cer) ou les effa­cer réel­le­ment. Pour ceux que la program­ma­tion rebute ou qui aiment remettre au hasard le sort de leurs compo­si­tions, Korg a prévu une fonc­tion de créa­tion aléa­toire de séquences ; elle peut concer­ner les notes, l’ac­ti­va­tion des pas ou le micro-accor­dage. Une fois la séquence satis­fai­sante, on l’en­re­gistre dans l’un des 16 empla­ce­ments mémoire. Il n’existe pas de fonc­tion d’ar­chi­vage externe. Un dernier mot pour signa­ler que le Volca Modu­lar est dépourvu de mode Song. Il est toute­fois possible de chai­ner plusieurs motifs consé­cu­tifs en main­te­nant 2 des 16 pads afin de défi­nir la plage de chai­nage / bouclage. Ce chai­nage n’est pas mémo­ri­sable. Mince conso­la­tion…

Byebye West Coast

Le Volca Modu­lar assume tota­le­ment son West Coast style : choix des modules origi­nal, sono­ri­tés singu­lières. Ses terri­toires sont dans un registre bien spéci­fique : timbres agres­sifs, modu­la­tions extrêmes, micro-séquences infi­nies… il faut le savoir avant de se lancer, le Volca Modu­lar est certes très origi­nal, mais pas du tout poly­va­lent ! Produit clivant par excel­lence, certains vont l’ado­rer, d’autres le détes­ter. Nous avons pour notre part mis pas mal de temps à inté­grer le concept : les modules ont peu de para­mètres, les réglages sont hyper-sensibles, le séquen­ceur à mouve­ments est diffi­cile à doser et les sons obte­nus sont éloi­gnés de nos goûts. Bref, nous sommes peut-être trop East Coast, mais tout cela reste subjec­tif. Ce qui est objec­tif en revanche, c’est l’in­ter­ro­ga­tion sur la dura­bi­lité des cordons de patch et des points de connexion. De même, nous regret­tons l’in­com­pa­ti­bi­lité avec le format Euro­rack. Au final, notre recom­man­da­tion la plus appro­priée, une fois n’est pas coutume, c’est d’al­ler le tester soi-même…

Tarif géné­ra­le­ment constaté : 199 €

  • Volca Modular_2tof 1.JPG
  • Volca Modular_2tof 3.JPG
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  • Volca Modular_2tof 6.JPG
  • Volca Modular_2tof 7.JPG
  • Volca Modular_2tof 8.JPG

 

Notre avis : 6/10

  • Sonorités peu courantes
  • Conception semi-modulaire
  • Nombre et originalité des modules
  • Double étage de filtrage
  • Tempéraments et microtonalité
  • Différents sens de lecture des séquences
  • Pseudo-transposition des séquences au mini-clavier
  • Automation des commandes
  • Travail sans interruption
  • Compact et autonome
  • Prix serré
  • Sonorités très singulières
  • Temps d’apprentissage des modules
  • Pas de résonance sur les filtres
  • VCF/VCA combinés peu paramétrables
  • Motifs limités à 16 pas (hors chainage)
  • Pas de véritable mode Song
  • Pas de mode Jump, Slice, Accent
  • Incompatibilité avec le format Eurorack
  • Alimentation externe non fournie
  • Fiabilité à terme des points de patch ?

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