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Interview / Podcast
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Interview de Yann Heurtaux et Frédéric Duquesne, guitaristes du groupe Mass Hysteria - Comme un seul homme

Mass Hysteria est un des principaux porte-drapeaux du métal français, et ce depuis plus de 20 ans. C’est notamment un style personnel mélangeant influences néo-métal, industrielle, thrash et électro qui a permis à la formation de s’imposer pour de bon dans l’hexagone et les pays francophones dès la sortie de son second opus Contraddiction. Mass Hysteria a tout connu, de la consécration rapide des débuts en passant par une période plus délicate il y a dix ans, jusqu’à la belle reconquête de son public. Pour évoquer la méthode Mass, nous avons sollicité Yann Heurtaux, fidèle au poste de guitariste depuis 1995 ainsi que le guitariste/producteur Frédéric Duquesne, qui a intégré quant à lui le groupe en 2015. Deux profils différents et complémentaires avec un but commun : jouer comme un seul homme !

Yann comment as-tu débuté la guitare

Yann Heur­taux : Enfant j’écou­tais les disques de mon père et notam­ment ceux d’El­vis Pres­ley. Ça me passion­nait même si j’ai commencé en premier lieu à m’in­té­res­ser au sport. Je faisais par exemple beau­coup de tennis et la musique était quelque chose que j’ai­mais en paral­lèle. Puis je ne sais plus trop pourquoi, mais à l’an­ni­ver­saire de mes treize ans, j’ai souhaité que mes parents m’offrent une guitare. Je pense que la décou­verte d’AC/DC, Metal­lica et Slayer n’est pas étran­gère à cela ! À partir de ce moment, je me suis iden­ti­fié à James Hetfield et Kerry King. 

Comment tout a commencé pour toi Fred

Guitares : fredyann.JPG

Frédé­ric Duquesne : Lorsque j’avais 4 ou 5 ans, on m’a offert un album d’AC/DC que j’écou­tais dans un mange-disque. Je pense que cela m’a marqué incons­ciem­ment comme tous les gamins qui écoutent cette musique pour la première fois, mais je ne me mets pas à la guitare tout de suite pour autant, car j’ai un père qui en joue et pendant des années je le vois faire des gammes de jazz et je trouve cela insup­por­table. Nous n’ai­mions pas trop ça à la maison, car on ne le voyait pas assez, il s’en­fer­mait dans sa piaule pour faire ses gammes. Puis pendant les années lycée, j’ai des copains qui me proposent de les rejoindre si jamais je me mets à la basse : « rejoins-nous, on fait du punk, du métal, tout ça ! ». Là je me dis : « ah bon ? Je peux avoir une place dans un groupe ?". Du coup ça me tente et je me mets à la basse, puis je passe assez vite à la guitare. Ça reste simple, juste des potes qui font du bruit dans un garage pour le fun. J’ai pour­suivi mes études tout en conti­nuant à jouer un peu dans ma chambre, puis j’ai rencon­tré sur Paris un mec avec qui j’ai formé notre premier groupe, Watcha, un peu par hasard. Et là, entre 20 et 25 ans, c’est devenu beau­coup plus sérieux. 

Yann Heur­taux : Tu n’avais rien connu d’autre avant Watcha ? 

Frédé­ric Duquesne : À part mon expé­rience avec mes potes dans un garage, non, et ça ne volait pas très haut. Dans mon école d’ingé-son j’ai rencon­tré un mec qui allait deve­nir le chan­teur de Watcha (ndlr : Butcho Vuko­vic). On a fait ensemble un projet de fin d’an­née qui a bien marché et on a décidé de conti­nuer. On forme un groupe qui prend vite de l’am­pleur, ce que nous n’avions pas prévu du tout ! Tout un engre­nage se crée et ça te met des paillettes dans les yeux, bien sûr. Concer­nant la guitare, nous sommes loin d’être des guitar heroes, nous ne fantas­mons abso­lu­ment pas sur ces mecs-là, nous sommes davan­tage inté­res­sés par nos parties ryth­miques et le fait de tenir notre rôle, car nous savons bien le faire, mais nous ne pour­rons jamais jouer comme John Petrucci et consort. Nous ne sommes pas du genre à passer sept heures par jour sur notre instru­ment. 

Juste­ment, il y a deux guita­ristes ryth­miques dans Mass Hyste­ria. Yann, vu qu’il n’y a pas de soliste et étant donné que tu as vu se succé­der plusieurs guita­ristes à tes côtés au fil des années, n’as-tu jamais été tenté de tenir ce rôle seul

Guitares : yannlive1

Yann Heur­taux : C’est une histoire de goût en fait. Quelque part Mass Hyste­ria a un style à la Ramm­stein sur les riffs, et eux aussi utilisent deux guitares. Si tu en enlèves une, leur son n’est plus le même. Lorsque deux guita­ristes jouent la même partie, cela te donne un côté stéréo/mur de son que tu n’ob­tien­dras que de cette façon. C’est comme ça que je vois les choses. Il me manque toujours ce petit truc lorsque j’écoute les groupes qui sont en trio guitare/basse/batte­rie, en reti­rant le chan­teur. Dans Rage Against The Machine ça ne me dérange pas, mais leur son est bien spéci­fique. Pareil pour faire du Led Zeppe­lin, ça ne me choque pas non plus. Mais pour jouer notre style de musique, pour moi il faut deux guitares. 

Frédé­ric Duquesne : C’est essen­tiel dans ce style de doubler les parties de guitare et d’ailleurs dans les groupes du genre où il y a un seul guita­riste, ils doublent quand même en studio. Ceci étant dit, il y a plusieurs façons de le faire. Tu peux prendre deux très bons musi­ciens qui ne parvien­dront pas très bien à se doubler. Il faut avoir un peu la même horloge, comme ça lorsqu’un mec fait un pan gauche/droite dans la façade d’une salle ou en studio, cela crée une sorte de chorus que l’on ne peut pas obte­nir avec une seule guitare. Notre job, c’est de faire ça bien !

Yann Heur­taux : Ça me rappelle lorsque nous sommes partis en tour­née au Québec avec Aqme. Notre autre guita­riste à l’époque (ndlr : Nico­las Sarrouy, de 2007 à 2014) fait un malaise sur une date, et je me retrouve à assu­rer le concert tout seul. Le batteur d’Aqme me dit alors : « mec, vous sonnez dix fois mieux comme ça ». Sauf qu’il faut remettre les choses en pers­pec­tive, et je n’ai rien contre Nico, mais comme le disait Fred à l’ins­tant, il faut avoir le même sens du timing et nous n’avions pas ça avec Nico. Nous n’étions pas forcé­ment bien calés ensemble, tandis qu’avec Fred… L’autre jour nous jouions des riffs tous les deux, sans batteur ni personne d’autre, et nous étions natu­rel­le­ment synchro sans rien calcu­ler. J’avais la même rela­tion niveau timing avec Olivier (ndlr : Cour­sier, guitare de 2000 à 2007), le guita­riste qui précé­dait Nico, mais je n’ai jamais connu ça avec ce dernier. C’était toujours plus compliqué, car nous n’avions pas la même façon d’abor­der le temps. Il était toujours un petit peu plus derrière par rapport à moi.      

Surtout qu’il y a des samples dans Mass Hyste­ria et niveau timing vous devez jouer de manière métro­no­mique, n’est-ce pas?

Frédé­ric Duquesne : Nous jouons litté­ra­le­ment au métro­nome, car Raphaël (ndlr : Mercier, batte­rie) a les machines et le clic dans le casque, et nous le suivons ! 

Yann Heur­taux : Au début nous avions quelqu’un qui s’oc­cu­pait des samples (ndlr : Pascal Jean­net de 1995 à 2000), mais lorsqu’il est parti et qu’Oli­vier est arrivé à la guitare, ce dernier s’y connais­sait bien dans le domaine et a donc égale­ment assuré cette tâche. Nous n’avons pas eu besoin de reprendre quelqu’un d’autre.

Vous n’avez jamais été tentés par les solos

Yann Heur­taux : Je le dis très sincè­re­ment, je n’ai jamais vrai­ment bossé cet aspect du jeu et je n’ai pas le niveau pour faire des solos inté­res­sants. Ça ne m’a jamais botté, je ne peux que faire deux ou trois plans simples. Le truc c’est qu’en matière de solo métal, lorsque j’écoute un groupe comme Necro­pha­gist, je me dis que derrière ça je ne peux décem­ment pas faire de solo. Cela ne serait pas assez perti­nent. Pour moi, soit tu as le niveau et tu fais un truc mortel, soit tu te concentres sur tes ryth­miques. Puis j’ai toujours été davan­tage fan des ryth­miques de James Hetfield que des guita­ristes solistes. Après je ne dis pas que je ne peux pas jouer de solo, je pour­rais en faire, mais cela ne serait pas assez inté­res­sant. 

Guitares : fredlive2

Frédé­ric Duquesne : Il y a bien une partie dans notre dernier album Matière Noire (2015) où il y a un peu de ça, mais c’était histoire de s’amu­ser. Mass Hyste­ria c’est une musique sautillante où cela n’a pas trop sa place. Ça ne fait pas partie du concept, ce n’est pas l’en­droit.     

Fred, lorsque tu produis un groupe à qui il manque un guita­riste, comme cela s’est produit avec Bukowski et Mass Hyste­ria, tu finis par l’in­té­grer. Peux-tu reve­nir sur ce genre de situa­tion

Frédé­ric Duquesne : Tu fais entrer des gens dans ton studio, puis une compli­cité se crée, et quand le courant passe vrai­ment bien il m’est effec­ti­ve­ment arrivé deux fois de partir avec le groupe derrière (rires) ! Après, on se connais­sait depuis très long­temps avec Mass Hyste­ria, même si tout bien réflé­chi, nous nous sommes véri­ta­ble­ment rencon­trés pendant l’en­re­gis­tre­ment de Une Somme de Détails (2007), car nous ne nous croi­sions pas tant que ça à nos débuts, bien que Watcha et Mass Hyste­ria étaient sur le même label Yelen Musiques. Mais nous ne trai­nions tout simple­ment pas ensemble. On a fini par véri­ta­ble­ment se connaitre quand on a enre­gis­tré ensemble, ils savaient que je me char­geais déjà de mettre en boite les disques de Watcha et je pense que cela s’est fait comme ça.

Yann Heur­taux : Je regrette surtout de ne pas avoir bossé avec Fred plus tôt. Nous étions déjà en contact pour l’al­bum noir (ndlr : l’épo­nyme Mass Hyste­ria paru en 2005), mais je dois avouer que je suis très friand des produc­tions améri­caines et je n’avais sans doute pas suffi­sam­ment prêté atten­tion au travail de Fred à l’époque. Pour l’anec­dote, sur l’al­bum noir nous voulions faire quelque chose de réso­lu­ment plus rock, mais nous voulions malgré tout que cela reste puis­sant. Nous avions à l’époque contacté le produc­teur améri­cain Matt Hyde, qui avait mis en boite God Hates Us All (2001) de Slayer, ou tout du moins c’est ce que l’on croyait ! En fait notre mana­geur de l’époque contacte un certain Matt Hyde… mais lorsqu’il débarque, nous consta­tons que ce n’est pas le bon ! C’était un homo­nyme (ndlr : il y a égale­ment un produc­teur anglais qui s’ap­pelle Matt Hyde) ! On mange avec lui, et très vite il nous embrouille en insis­tant sur le fait qu’il veut abso­lu­ment faire l’al­bum avec nous. Il n’était pas encore très connu, il était simple­ment assis­tant de Colin Richard­son à l’époque. Il avait seule­ment un album de pop à son actif et on s’est laissé berner en lui faisant confiance. Malheu­reu­se­ment, il nous a massa­cré l’al­bum. J’adore les chan­sons, mais je ne peux abso­lu­ment pas l’écou­ter telle­ment je trouve la produc­tion horrible.

Frédé­ric Duquesne : Person­nel­le­ment je serai moins caté­go­rique, je ne la trouve pas si horrible que ça. 

Yann Heur­taux : Le problème c’est que notre public a telle­ment détesté ce disque qu’il esti­mait que cela aurait dû être un projet paral­lèle. Moi je l’aime vrai­ment, je trouve les chan­sons assez profondes et avec Fred à la produc­tion, cela aurait pris tout son sens, les chan­sons auraient pu être mortelles ! 

Quand tu arrives à la produc­tion Fred, ton job est de succé­der à Colin Richard­son qui avait produit Contrad­dic­tion (1999) et De Cercle En Cercle (2001), et qui avait bien évidem­ment donné satis­fac­tion, n’est-ce pas

Guitares : fredlive1

Frédé­ric Duquesne : Mon job à ce moment-là consis­tait à ressem­bler aux produc­tions améri­caines sans en avoir le budget, en faisant ça dans une cave avec un Pro Tools. Il fallait parve­nir à créer l’illu­sion. Le problème est qu’au­cun groupe français n’avait les moyens de se payer les plus grands produc­teurs anglo-saxons, à l’ex­cep­tion de Mass Hyste­ria qui avait bossé avec Colin Richard­son. Nous, avec Watcha, nous n’avions pas le succès de Mass et par consé­quent pas la même écono­mie derrière. Il fallait que l’on apprenne à se débrouiller davan­tage. Il m’est arrivé d’en­trer en studio avec un mec qui avait l’ha­bi­tude de travailler pour Noir Désir. Et là tu te frottes à un choc de culture, à un conflit de géné­ra­tions. Le résul­tat ne corres­pond pas du tout à ce que tu attends. C’est ce qu’il nous est arrivé avec Watcha pour notre troi­sième album (ndlr : Mutant). Tu as quelques notions d’en­re­gis­tre­ment et tu finis par te dire que tu vas réali­ser les maquettes toi-même. Puis, quand ça commence à bien sonner, tu as les gens de chez Yelen qui commencent à te dire qu’on va arrê­ter d’al­ler voir ce mec qui fait du rock tradi­tion­nel français et que c’est toi qui va mettre l’al­bum en boîte. On m’a litté­ra­le­ment poussé sur la console et en me disant : « main­te­nant c’est toi aux manettes !". Nous n’avions pas les moyens de pouvoir nous payer les produc­teurs améri­cains et anglais comme Mass Hyste­ria. Il fallait se débrouiller et c’est comme cela que je m’y suis mis…­mais nous n’avons toujours pas plus de moyens. Je te rassure (rires) ! 

Lorsque tu intègres le groupe, tu en es à ton quatrième enre­gis­tre­ment avec eux. La tran­si­tion s’est-elle faite le plus simple­ment du monde?

Frédé­ric Duquesne : Oui tout s’est fait très natu­rel­le­ment. Lorsque j’ai inté­gré les répètes, la musique était déjà compo­sée, ne restait plus qu’à caler les machines en studio. Mass Hyste­ria existe depuis 23 ans et je connais le groupe depuis 20 ans. Lorsque tu connais les morceaux par cœur et que tu aimes le groupe, c’est assez instinc­tif, mais ce n’est pas si facile pour autant. Beau­coup peuvent penser qu’il est assez simple de jouer du Mass Hyste­ria à la guitare, mais en réalité cela repré­sente pas mal de boulot, notam­ment pour que nous nous doublions à la guitare à la perfec­tion. Il faut avoir un petit truc pour le faire correc­te­ment. Puis entre les vieux morceaux, les nouveaux et ceux du milieu, il y a toute une palette de choses diffé­rentes qu’il n’est pas forcé­ment évident d’in­té­grer d’em­blée. Avec Thomas (ndlr : Zanghel­lini, basse) nous avons dû apprendre quarante morceaux d’un coup, ce qui fait beau­coup de struc­tures diffé­rentes à digé­rer pour des gens comme nous qui sommes loin d’être des requins de studio !

Lorsque tu intègres juste­ment une forma­tion vieille de plus de 20 ans, est-ce qu’on te laisse carte blanche niveau matos, ou y a-t-il certaines choses impo­sées comme au niveau de la tête d’am­pli par exemple?

Frédé­ric Duquesne : J’ai été assez libre. J’uti­lise encore le baffle de Nico à vrai dire, mais j’ai changé la tête en rame­nant mon 5150 III d’EVH. J’ai la tête de Nico, un Mesa Boogie Dual Recti­fier à deux canaux, en spare.

Idem chez Bukowski

Guitares : fredamp.JPG

Frédé­ric Duquesne : Non, dans Bukowski j’uti­li­sais une tête Diezel qui a un son moins chimique, plus chaud. Ca colle beau­coup mieux au style moins clinique et plus rock ’n’ roll de Bukowski avec qui je préfé­rais utili­ser ce genre de texture sonore, car le 5150 sonne direct très métal. Ça cisaille fort ! Ce n’est pas une tête qui a une âme abso­lue on va dire. Dans Mass, je l’uti­lise pour mélan­ger mon son à celui de Yann, pas pour être tout fort devant dans le mix en lead. Il y a deux guitares dans Mass Hyste­ria, mais en réalité elles servent à produire un seul son. Utili­ser exac­te­ment le même matos pour l’un et l’autre aurait beau­coup moins d’in­té­rêt, nous préfé­rons avoir un rendu plus complé­men­taire. Après on ne se prend pas trop la tête là dessus non plus. J’ai essayé avec la Diezel, ça ne collait pas, j’ai pris le 5150, c’était très bien et voilà ! 

Certes, mais Mass Hyste­ria n’a rien d’un groupe lo-fi. Le son est moderne et travaillé…

Frédé­ric Duquesne : Oui, après il y a aussi l’ingé-son qui a sa part de travail. Une chose est sûre : nous sommes pro-amplis à lampes ! J’ai essayé les amplis à modé­li­sa­tion type Kemper et Axe-FX. Je les ai ache­tés, j’ai passé des heures à tour­ner les boutons dans tous les sens pour essayer d’ob­te­nir le son d’un vrai ampli, mais à chaque fois que je compa­rais avec mon ampli juste à côté, j’ai­mais toujours moins le rendu de celui à modé­li­sa­tion.

Reve­nons sur les baffles, qu’uti­li­sez-vous

Frédé­ric Duquesne : Des baffles Marshall montés en Celes­tion V30, très clas­siques dans le style.  

J’ai pu voir des Torpedo Live (ndlr : simu­la­teur de baffles) dans vos racks. Quel est leur rôle vu que vous utili­sez de vrais baffles

Frédé­ric Duquesne : C’est pour l’ingé-son en façade qui aime bien avoir un signal niveau ligne sous la main. Il mélange cette simu­la­tion avec le signal de la prise micro du baffle qui a un rendu plus orga­nique, et il ajuste selon les soirs et les diffé­rentes salles. 

Yann Heur­taux : C’est là qu’on voit la diffé­rence entre moi et Fred. Lui, c’est un vrai geek alors que moi, bien que j’uti­lise un Torpedo, je n’ai qu’une vague idée de ce que c’est. Je ne l’uti­li­se­rais pas si je n’avais pas du monde autour de moi. 

Frédé­ric Duquesne : Le Torpedo Live c’est bien, c’est une bonne simu­la­tion de baffles, cela te donne un signal qui ne bouge pas. De plus en plus de groupes l’uti­lisent, cela devient clas­sique, mais ça ne vit pas autant qu’un ampli qui ressort sur un vrai baffle. Disons que pour Sylvain, notre ingé-son en façade, cela simpli­fie les choses. Person­nel­le­ment, je ne suis pas encore tota­le­ment convaincu, mais je le laisse faire son travail ! (ndlr : Sylvain nous confiera en off se servir égale­ment du Torpedo Live pour balan­cer un signal de guitare « propre » dans le casque du batteur Raphaël Mercier. Il utilise la simu­la­tion de cab EVH). 

Vous n’avez pas le moindre pedal­board, aucun effet

Frédé­ric Duquesne : Aucun effet mis à part le NS-2 de Boss. Il nous faut un noise gate car lorsque l’on joue trop fort cela peut vite partir en larsen. C’est vrai­ment nos deux sons, pano­ra­mique gauche/droite, et après on fait le reste. 

Guitares : yannlive2

Yann Heur­taux : Person­nel­le­ment, je n’ai jamais eu le moindre effet. Mais comme je le dis souvent, les machines ont un rôle très impor­tant dans Mass Hyste­ria. Lorsque Kerry King de Slayer joue un solo, il enclenche souvent sa Wah-Wah, ce qui ajoute une saveur diffé­rente. L’équi­valent chez nous ce sont les samples. Il faut bien que l’ingé-son s’as­sure que le sample soit assez fort dans le mix au bon moment pour que la guitare, moins impor­tante sur certaines parties, soit relé­guée au second plan. La plupart de nos gimmicks résident dans les samples. J’ai toujours mis un point d’hon­neur là-dessus. C’est ce qui a toujours fait notre person­na­lité. 

Frédé­ric Duquesne : Puis c’est pratique pour un ingé son car une fois que les guitares sont calées, ça ne bouge plus. Les machines font le boulot, il n’a pas à penser à rehaus­ser la guitare sur telle ou telle partie, et après c’est Mouss (ndlr : Kelai, chant) qui fait la dyna­mique. C’est aussi ce qui fait que ça sonne gros tout le temps, car il n’y a pas plein d’étages de son à gérer, diffé­rents départs d’ef­fets et tout un tas d’autres trucs. 

Comment utilises-tu ton 5150

Frédé­ric Duquesne : Je suis sur le canal rouge, le canal lead. Il faut faire atten­tion aux aigus sur un 5150, car le rendu peut vite deve­nir acide ! Du coup je ne dépasse jamais 15 h pour les aigus et les médiums et en revanche je pousse à fond les basses, car c’est une tête qui n’a pas beau­coup de grave, ce qui n’est pas plus mal pour une tête d’am­pli guitare d’ailleurs. Je n’uti­lise pas beau­coup de gain, car j’aime bien sentir la corde. Je n’aime pas trop les gros nuages de satu­ra­tion.   

Yann, cela fait une éter­nité que tu utilises le Dual Recti­fier de Mesa Boogie. Tu dois le connaitre par cœur, n’est-ce pas?

Guitares : yannamp.JPG

Yann Heur­taux : Je suis très atta­ché à ce son et j’ai beau­coup de mal à m’en défaire. Pour­tant il m’ar­rive d’en­tendre d’autres trucs, comme le 5150, et appré­cier son rendu sonore. Mais le problème c’est qu’au­tant je peux kiffer l’écou­ter, autant je ne vais pas aimer jouer dessus. Ça peut paraitre bizarre, mais c’est comme ça. 

Frédé­ric Duquesne : C’est normal en même temps vu que tu as le même son depuis 25 piges.

 Yann Heur­taux : Je me suis simple­ment mis au Dual Recti­fier à l’époque, car c’était le son de Korn. Je voulais essayer et je m’y suis très vite habi­tué. Pour­tant, j’avoue que parfois j’en­tends un groupe dont j’adore le son et je vois qu’ils jouent sur des 5150. Nous avons même failli être endor­sés pour ce modèle. On nous a prêté des têtes, mais au bout de deux ou trois semaines, je me suis rendu à l’évi­dence : je n’ar­rive pas à jouer avec.  

Frédé­ric Duquesne : C’est très diffé­rent au niveau du son. Le 5150 n’est pas moel­leux du tout. Ça cisaille fort, ça change d’un Dual Recti­fier. 

Yann Heur­taux : Puis j’aime le côté qui cut tout de suite dans le Mesa Boogie. Avec le 5150, j’ai constam­ment des problèmes de larsen en plus. 

Frédé­ric Duquesne : Le 5150 possède plus de médiums, donc ça peut partir plus vite en larsen, contrai­re­ment au Dual Recti­fier qui est beau­coup plus creusé. 

Yann Heur­taux : Je ne m’y connais pas beau­coup en matos. Il faut que ça soit simple. Il faut qu’en deux ou trois réglages, j’aie trouvé un son qui me plaise. Des mecs comme Fred me sont très utiles pour pouvoir affi­ner certaines choses. Mais si tu me mets sur une tête où je ne trouve pas rapi­de­ment un son qui me convient, ça ne fera pas l’af­faire. Alors que si ça me plait d’em­blée, c’est bon. Je n’ai pas envie de me dire : « tiens, untel a un bon son, je vais essayer d’avoir le même matos que lui », car après je ne serai pas à l’aise dessus. Je préfère donc rester fidèle à mon Dual Recti­fier. En revanche, en louant du maté­riel, il m’est déjà arrivé de tomber sur des Dual Recti­fier que je préfé­rais au mien, par exemple sur une tour­née au Québec. Elles n’ont pas toutes le même son. Je me souviens égale­ment d’un Triple Recti­fier qui avait un son mortel, exac­te­ment comme je le voulais. Mais je suis quand même plei­ne­ment satis­fait par mon exem­plaire.

Frédé­ric Duquesne : De toute manière, quelle que soit celle que tu vas choi­sir, cela restera malgré tout une super tête. Ce n’est pas pour rien que tu les vois partout depuis trois décen­nies. C’est bien conçu, ça marche bien. Par contre il faut quand même jouer un style bien adapté au Dual Recti­fier. Il ne faut pas forcé­ment faire des choses trop tech­niques dessus, car c’est un son assez gras, avec un bas très fourni, donc dès que t’at­taques un peu fort dessus, cela ne va pas être aussi précis que d’autres amplis. Mais pour Mass Hyste­ria, ça fonc­tionne parfai­te­ment. 

Yann, il est inté­res­sant de voir que tu n’as jamais changé d’am­pli, sachant que Mass Hyste­ria est passé par des phases assez diffé­rentes niveau style et son de guitare au cours de sa carrière. Au départ vous faisiez un métal groovy, métissé par beau­coup d’autres influences. Ensuite, vous avez pris un tour­nant plus rock, et depuis quatre albums vous êtes plus métal que jamais avec un côté thrash très pronon­cé…   

Yann Heur­taux : Ce qui a défini Mass Hyste­ria, aussi bien dans le son que dans le style, est le fait de m’avoir débau­ché alors que je jouais dans un groupe de death metal. J’ado­rais ce que faisait Mass Hyste­ria, c’était très indus à l’époque et ça me plai­sait vrai­ment. Quand j’ai inté­gré le groupe, je me deman­dais comment j’al­lais pouvoir conve­nir à ce style, mais ils m’ont tout de suite dit qu’ils voulaient que je conserve mon son death metal. Je me suis vite rendu compte que dans Mass Hyste­ria, il n’y avait pas un seul membre qui écou­tait la même chose et qu’il fallait un peu essayer de satis­faire tout le monde. C’est ça qui a créé notre syner­gie et notre origi­na­lité. Tu as Mouss qui arrive avec son chant qui n’a rien à voir avec du métal, moi qui au contraire ne propose que des riffs métal, le mec qui faisait nos samples qui était à fond dans l’in­dus, etc. Et en plus de tout cela, il fallait obli­ga­toi­re­ment ajou­ter un esprit posi­tif à l’en­semble, car c’est ce que Mouss voulait. En tout cas à l’époque, car depuis il s’est sans doute un petit peu noirci. 

Guitares : yannpedal.JPG

On écou­tait pas mal de trucs élec­tro aussi. Je voulais vrai­ment incor­po­rer mes influences comme Prong et Helmet à ce que nous faisions. Je n’al­lais quand même pas compo­ser comme dans un groupe de death métal pour Mass Hyste­ria. Ça n’au­rait pas collé. Nous sommes donc partis sur des riffs très répé­ti­tifs auxquels nous voulions ajou­ter un côté dansant et puis­sant. Nous deman­dions à notre sampleur de balan­cer des intros techno. Il est vrai que nous n’avons jamais été aussi métal que depuis nos derniers albums, mais c’est parce qu’il y avait beau­coup de colère en nous après l’al­bum noir. Nous avons perdu notre public avec cet album, bien qu’il se soit bien vendu, mais clai­re­ment pas aux mêmes personnes. Avec Raphaël, nous sommes les plus bran­chés métal dans le groupe, et nous avions alors insisté pour reconqué­rir notre public et reve­nir à ce que nous savions faire de mieux. Puis je trouve que ce que nous faisons en ce moment, un métal plus méchant influencé par Slayer, Slipk­not et Hate­breed, conju­gué avec le chant de Mouss, ça colle parfai­te­ment à l’iden­tité de Mass Hyste­ria. Notre musique est très noire aujour­d’hui, mais Mouss contre­ba­lance avec le soleil qu’il ramène. 

Mais dans toutes ces diffé­rences d’époque et de style, n’as-tu jamais eu à chan­ger quoi que ce soit au niveau de ton ampli­fi­ca­tion? Car le son de guitare est tout de même diffé­rent selon les albums…

Yann Heur­taux : Non, je n’ai même pas vrai­ment changé mes réglages à vrai dire. Je suis fan du son Recti­fier, mais il faut savoir que lorsque tu travailles avec Colin Richard­son, ce dernier veut abso­lu­ment t’en­re­gis­trer avec son Peavey 5150. Il a une seule tête comme ça, et il impose que tous les groupes qu’il enre­gistre l’uti­lisent. C’est avec cette tête qu’il a enre­gis­tré Machine Head, Fear Factory et cie. J’ai enre­gis­tré Contrad­dic­tion (1999) avec la même tête qu’eux. Je voulais abso­lu­ment utili­ser la mienne pour­tant, mais le mec finit par te prou­ver qu’il a raison, un peu comme Fred fait avec nous aujour­d’hui en studio (rires) ! Après je suis un peu chiant, car je n’ai pas beau­coup de connais­sance dans le domaine et il faut vrai­ment me démon­trer les choses de façon concrète, sinon je ne suis pas d’ac­cord. C’est un peu comme avec la photo. Tu as des mecs qui n’ont aucune connais­sance tech­nique, mais qui ont l’œil pour appré­cier les bonnes photos. Moi c’est pareil. Je n’ai aucune préten­tion parti­cu­lière, mais il faut vrai­ment que cela me plaise à l’oreille pour me convaincre.  C’est pour ça qu’avec Fred, nous prenons beau­coup de temps à faire des essais pour trou­ver notre son avant d’être plei­ne­ment satis­faits même si cela prend beau­coup de temps. 

Frédé­ric Duquesne : Person­nel­le­ment je ne trouve pas que nous y passions tant de temps que ça. Depuis qu’on se connait et que nous faisons des albums ensemble, nous n’avons jamais utilisé la même recette. Nous avons déjà mélangé du Mesa Boogie avec du Diezel. Du Diezel avec du 5150. Sur le dernier album nous jouons sur des Marshall.   

Yann Heur­taux : J’aime beau­coup d’ailleurs le son de guitare que nous avons sur le dernier album avec les Marshall.

Frédé­ric Duquesne : Plus je vieillis et plus je m’oriente vers des choses plus dyna­miques et moins satu­rées. Sinon, en studio, on quadruple les pistes de guitares. Nous avons utilisé des JCM 900 sur l’al­bum. Après, quelle que soit la tête Marshall que tu utilises, tu retrouves vite le grain carac­té­ris­tique de la marque dès que le son commence à tordre.

Une préfé­rence niveau média­tor

Guitares : mhpicks.JPG

Yann Heur­taux : On utilise des 0,88 mm. Lorsque je ne suis pas occupé par Mass Hyste­ria, je redes­cends en bas de l’échelle de l’in­ter­mit­tent du spec­tacle en faisant des plans roadies sur des concerts. J’ai plein de potes qui font ça et ça me permet de faire quelques piges. Je ne suis pas spécia­le­ment collec­tion­neur de média­tors, mais en travaillant sur des concerts, tu ramasses parfois le média­tor d’un­tel ou d’un­tel. Une fois, j’ai ramassé ceux de System Of A Down qui sont très poin­tus et que je n’aime pas du tout. On va dire que les média­tors de base sont plutôt ronds à l’ex­tré­mité. Je me suis toujours dit qu’il me fallait quelque chose d’in­ter­mé­diaire et tu vas rigo­ler, mais dès que j’ai vu les média­tors utili­sés par le guita­riste de Julien Doré, j’ai su que c’était ce qu’il me fallait ! Du coup j’ai fait faire les mêmes pour Mass Hyste­ria. J’adore cette forme (ndlr : qui semble être de type tortex TIII), car tu as une bonne accroche sur les aller/retours. L’ex­tré­mité un petit peu plus poin­tue, j’adore vrai­ment ! Après niveau épais­seur je peux jouer entre 0,88, 1,00 ou 1,14 mm. Un peu plus épais j’aime bien encore, mais je ne peux pas descendre sous 0,88 mm.  

Vous devez jouer assez bas niveau accor­dage, non

Frédé­ric Duquesne : On utilise quatre accor­dages diffé­rents : Mi stan­dard, Drop D, Drop C# et Drop C. 

Yann Heur­taux : On traverse les époques dans notre set et on utilise donc tous ces accor­dages diffé­rents (ndlr : Mass Hyste­ria a accordé ses guitares de plus en plus bas au fil de sa carrière, du premier album en Mi jusqu’aux albums plus récents en Drop C ou Drop C#). 

Frédé­ric Duquesne : Nous utili­sons une guitare pour chaque accor­dage, en gardant la même pour le Mi et le Drop D, avec un spare à chaque fois. Nous avons donc six guitares chacun. 

Plusieurs tirants de corde pour garder des tensions compa­rables selon l’ac­cor­dage

Yann Heur­taux : Je joue en 13–56 sur toutes mes guitares, même celles accor­dées en Mi.

Frédé­ric Duquesne : Ça peut paraitre fort comme tirant, mais il ne fait pas de solo et n’uti­lise donc pas beau­coup les cordes aiguës qui sont les plus raides. Person­nel­le­ment, je joue sur du 11–56 pour tous les accor­dages à l’ex­cep­tion du Drop C où j’uti­lise du 11–58. 

Parlons guitare. Qu’uti­lises-tu Fred?

Guitares : fredguitar.JPG

Frédé­ric Duquesne : Je joue sur un peu de tout chez ESP. De l’ESP Custom Shop jusqu’aux LTD en passant par du ESP stan­dard (ndlr : modèle Eclipse). Pour mes guitares prin­ci­pales, j’uti­lise plutôt du Custom shop d’ESP sauf en drop C# où j’uti­lise une LTD qui fait bien le boulot. 

Il est juste­ment inté­res­sant de voir que tu mélanges des guitares de la même marque, mais dans des gammes de prix variées allant des onéreuses Custom Shop ESP jusqu’aux modèles plus « low cost » de LTD. 

Frédé­ric Duquesne : Pour être franc, je n’ai pas les moyens de m’ache­ter six guitares Custom Shop. J’ai un deal avec ESP, mais je ne suis pas endorsé à 100 %. Je paye une partie de mes guitares et fran­che­ment une LTD suffit large­ment pour faire du live. Il ne faut pas oublier que l’on arrive dans des salles où il y a parfois une réverbe natu­relle énorme. Il y a certaines salles où tu pour­rais te poin­ter avec la meilleure guitare du monde que tu ne pour­rais pas en tirer le meilleur. Et pour ce que nous jouons, il n’est pas très utile d’uti­li­ser les modèles les plus haut de gamme. Avant j’uti­li­sais des micros actifs, mais j’aime moins ça aujour­d’hui et du coup mes six guitares sont désor­mais équi­pées du micro passif SH-6 de Seymour Duncan que je préfère, le trou­vant plus dyna­mique. 

Yann tu es désor­mais chez Ibanez, pourquoi ce chan­ge­ment

Yann Heur­taux : J’ai long­temps joué sur Gibson. J’en ai toujours pas mal chez moi. J’ai plusieurs modèles de SG, de la Voodoo à la 61 Reis­sue. J’ai de l’Explo­rer, de la Flying V et surtout ma Les Paul, qui s’est malheu­reu­se­ment fait briser le manche à deux reprises et qui est main­te­nant rangée défi­ni­ti­ve­ment au garage. On m’a dit que si le manche se cassait une troi­sième fois, elle serait foutue pour de bon et je n’ai vrai­ment pas envie qu’elle finisse comme ça, car j’y tiens trop. Elle a fait telle­ment de tour­nées de Mass Hyste­ria et j’ai enre­gis­tré tous nos albums avec, jusqu’au dernier. 

Guitares : yannguitar.JPG

Puis j’ai eu ce deal avec Ibanez qui m’est un peu tombé dessus par hasard. Le truc c’est qu’aujour­d’hui, Gibson ne te donne plus rien. Nous sommes dans une dyna­mique où bien que nous soyons des musi­ciens pros, nous avons besoin que l’on nous four­nisse du maté­riel. On ne peut pas se permettre de tout ache­ter. Chez Gibson, quand je vois ce qu’An­dré Brod­sky, et c’est vieux ce que je raconte, pouvait me faire, me propo­ser 50 % de remise sur la gamme, cela repré­sen­tait encore une grosse somme d’ar­gent pour les modèles que je voulais puisque j’étais inté­ressé par les Les Paul Custom noires. J’ado­rais ce mec cela dit, aucun problème avec lui. Mais aujour­d’hui, je ne peux plus me permettre d’ache­ter une Gibson qui, malgré les 50 %, va me coûter 3 000 euros. Mon ancien mana­geur a donc tapé à la porte d’Iba­nez au moment même où le mec de Shaka Ponk les quit­tait. Ibanez pouvait prendre un nouveau deal à 100 % à ce moment-là et visi­ble­ment mon ancien mana­geur a tapé à la porte quand il fallait ! Je me suis super bien entendu d’em­blée avec Flo Sliwa chez Ibanez et je ne pour­rais pas être plus satis­fait. J’adore les modèles et je suis quelqu’un de très diffi­cile après être passé chez Gibson. Je ne veux pas avoir du gratuit pour avoir du gratuit. On a eu toutes sortes de deals au fil des ans. On en a eu avec Yamaha, ça ne me plai­sait pas. Avec Jack­son, mais je n’ai­mais pas non plus. Chez ESP le problème c’est qu’on te propose des modèles, mais lorsque tu en demandes un on te répond : « ah non, ça ne va pas être possible, etc.. ». Donc moi ça ne m’in­té­resse pas. Je suis resté long­temps avec mes Gibson sans le moindre deal. Mais l’offre que m’a fait Ibanez était mortelle et je ne pouvais que l’ac­cep­ter ! Et puis ils savent te prou­ver qu’ils te prennent au sérieux. Il y a un bon échange. Ils m’ont donné trois Ibanez Pres­tige (ndlr : plus préci­sé­ment le modèle ARZ6UC Pres­tige) qui sonnent super bien même si j’ai changé les micros cheva­let en mettant des EMG (ndlr : en lieu et place du Nail­bomb de Bare Knuckle). Je suis un peu vieille école avec ça, mais j’aime trop le tran­chant de ces micros. D’ailleurs Colin Richard­son accepte de t’en­re­gis­trer seule­ment si tu utilises ce type de micro et depuis cette époque je suis resté bloqué là-dessus. Je suis très content de mes nouvelles guitares et je remer­cie haut et fort Flo de chez Ibanez !

Ton Ibanez reprend les carac­té­ris­tiques prin­ci­pales d’une Gibson Les Paul n’est-ce pas

Yann Heur­taux : Oui, carré­ment. De toutes les guitares que j’ai essayées, une fois bran­chée, c’est celle qui se rapproche le plus de ma Les Paul. 

Frédé­ric Duquesne : Elle tient bien l’ac­cord en plus, et son manche est un peu plus long qu’une Les Paul, ce qui est appré­ciable pour les accor­dages bas (ndlr : effec­ti­ve­ment l’Iba­nez a un diapa­son de 25,1" contre 24,75" chez Gibson, 24 frettes au lieu de 22, et un cheva­let/cordier Tight-Tune).

 

Merci à Sophie Bran­det pour les photos live de Yann Heur­taux et Frédé­ric Duquesne.   


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