Elle est de retour ! Cette semaine, on teste une interface sur laquelle nous nous étions penchée, il y a six ans, avec un certain enthousiasme. En effet, la série Clarett, de Focusrite, devient Clarett+. Qu'est-ce qui se cache derrière ce petit signe positif : coup de pub ou vraie amélioration ?
Nous l’avions annoncé, le mois dernier : Focusrite lance une nouvelle version (disons plutôt une mise à jour) de sa fameuse série Clarett. Les Clarett+ reprennent, dans les grandes lignes, la physionomie de leurs ancêtres mais nous promettent des qualités sonores améliorées sur trois points : meilleurs convertisseurs, meilleurs préamplis, meilleurs amplis casque. On s’en doute, c’est donc au niveau du benchmark que la différence va principalement se jouer. Mais en attendant, et pour ménager un peu le suspense, faisont rapidement le tour de l’interface à la robe carmin venue d’outre Manche.
Noir sur rouge, rien ne bouge
Au déballage, on se rend vite compte qu’on pourrait la faire courte : presque rien n’a changé au point de vue de l’esthétique, et rien du tout au point de vue des entrées et sorties, ni des commutations. Malgré cela, on va faire preuve de sérieux, de professionnalisme (et vous éviter de relire un ancien article) et vous proposer une description complète des faces avant et arrière.
Procédons de gauche à droite. À l’avant, comme sur le modèle précédent, Focusrite a gardé les entrées 1 et 2 (sur combo Jack/XLR). C’est toujours pratique d’avoir deux entrées à l’avant, en particulier pour les personnes qui souhaitent faire des prises instrument directement dans l’interface. Là dessus, rien à dire, juste à réitérer le bon point donné la dernière fois. Viennent ensuite les deux commutateurs 48 volts (respectivement pour les entrées 1 à 4 et les entrées 5 à 8) puis les réglages de gain des 8 tranches. On remarque sous chaque bouton de gain la LED notifiant de la commutation du préampli en mode Air (émulation des caractéristiques des préamplis ISA à transformateurs de la marque, commutation réalisable seulement depuis le software de contrôle), et pour les entrées 1 et 2, la commutation des entrées en mode instrument (haute impédance). Viennent ensuite les LED signifiant la bonne connexion USB C la MIDI.
Un peu plus sur la gauche, on retrouve le dBmètre, avec ses 10 bargraphes à LED de 6 segments, pour les niveaux des entrées et des deux sorties monitoring gauche et droite. Cet indicateur est accompagné de l’atténuateur de monitoring ainsi que des deux boutons d’options dim et mute. Encore plus à droite, et pour finir cette présentation de la face avant, deux sorties casques (toujours agréable d’avoir deux sorties casques !) avec leur deux atténuateurs (attention, petite différence esthétique, les boutons des potentiomètres sont devenu gris anthracite et non plus argent).
Procédons de même avec la face arrière, où rien de change. Cette fois-ci nous irons de gauche à droite, avec les 6 entrées supplémentaires (micro ou ligne sur combo Jack/XLR) suivi des 10 sorties : sorties 1 et 2 consacrées au monitoring, puis sorties 3 à 10, au niveau ligne. On trouve ensuite la sortie Word Clock, une entrée et sortie optique (ADAT au format TOSlink), entrée et sorti MIDI (au format DIN 5 broches) et l’entrée et sortie S/PDIF (au format coaxial). La connection à l’ordinateur se fait sur port USB C, comme c’est déjà le cas sur les Clarett depuis 2018.
Voilà, comme on vous l’avait dit, pas de grande surprise. Mais on doit reconnaître, comme l’avait fait Red Led, dans son test de la Clarett 8Pre, que l’interface est très complète au point de vue des entrées et sorties. On sent également de la construction et de très bonne qualité : bonne fixation des entrées et sorties aux faces avant et arrière, boutons en métal bien robuste, tout cela donne confiance dans le produit. Il est juste un peu dommage cependant que rien, absolument rien, ne bouge. On pourrait par exemple imaginer un hub USB… Mais il faut bien reconnaître que l’espace commence déjà à manquer, car Focusrite se montre généreux. Reste que si rien ne change à l’extérieur, il va bien falloir que quelque chose justifie le petit plus qui s’inscrit derrière le nom Clarett.
Le software non plus ne change pas, et c’est tant mieux car il est très simple à utiliser, élégant et clair : un onglet pour les entrées, un pour les sorties. Toutes les options sont activables depuis le logiciel, ainsi qu’une fonction loopback. depuis n’importe quel onglet, on peut atteindre les paramètres et sélectionner la fréquence d’échantillonnage, la source de l’horloge et la source du S/PDIF (RCA ou optique).
Dans l’onglet sortie, la colonne de gauche porte les sorties (les paires analogiques, les numériques et le loopback), avec la possibilité de sélectionner la source (mix personnel ou un retour de la STAN). Il est également possible de n’afficher que certaines entrées (analogiques ou numériques) et certains retours, ce qui facilite grandement l’utilisation rapide du logiciel : moins d’encombrement visuel !
Benchmark
Afin de tester l’interface, nous avons fait un benchmark avec notre fidèle APx515 d’Audio Precision. Comme d’habitude, nous publions les résultats obtenus en THD, rapport signal/bruit et déviation des voies, pour les entrées et sorties analogiques. Pour toutes les configurations, je règle le gain pour obtenir le meilleur résultat possible.
Latence : à 32 échantillons, nous obtenons une latence de 1,45 ms en entrée, et 1,45 ms en sortie. A 64 échantillons : 2,90 ms et 2,90 ms.
Commençons par l’entrée ligne. On voit à l’oeil nu une différence avec le test posté il y a 6 ans :
Déviation : on est passé au niveau supérieur – ±0,028 dB. Pour donner un ordre de comparaison, on se trouve entre (par exemple) l’Audio Zen Tour et la Babyface Pro. Bref, c’est très bon.
THD : Là aussi, ça a progressé – sous 0,001% jusqu’à 1 kHz.
Rapport signal/bruit : 102,848 dB – on continue d’être impressionné.
Avec la formule AIR, on retrouve la même accentuation qu’avant, mais avec une THD améliorée (même si moins bonne que sans AIR) :
Passons aux entrées micro : j’envoie un signal de 100 mV RMS et je règle le gain pour les meilleurs résultats en THD.
Déviation : ±0,019 dB ! Juste pour donner un ordre d’idée, c’est mieux que l’Apollo 8, l’Apollo X4 ou l’Apogee Symphony Desktop. Donc, oui, on a fait un grand saut en avant.
THD : Là également, c’est plutôt très bon. Toujours cette petite montée dans le haut du spectre, mais cela reste largement en dessous de 0,002% (jusqu’à 3,5 kHz).
Rapport signal/bruit : 104,325 dB. Rien à redire.
Qu’en est-il de la sortie casque ?
En restant sur l’entrée micro, on trouve l’habituelle perte dans les aigus, mais toujours un beau résultat en THD. C’est vraiment du bel ouvrage.
Et pour finir jetons un oeil à une des entrées instrument (signal en entrée de 200 mV RMS) :
Légère baisse de qualité sur la THD, mais la linéarité reste irréprochable.
Conclusion
On pourra dire ce qu’on veut sur l’originalité du produit (ou son manque, justement), il est clair que Focusrite tient ses promesses quant aux améliorations annoncées. Une meilleure linéarité sur toutes les entrées, une distorsion harmonique réduite considérablement : on se retrouve avec un produit vraiment désirable, qui nous a particulièrement rappelé l’Orion Studio Synergy Core d’Antelope, pour ses résultats en linéarité et en THD (mais avec un peu moins d’entrées), et pour un coût bien moindre. Alors qu’y a-t-il à redire ? Pas grand-chose en vérité. Certes, on remarquera que l’amélioration a un coût pour le client, et ne s’accompagne pas de propositions vraiment nouvelles. Certains y verront surtout un coup marketing mais force est de reconnaître que le produit est assez littéralement amélioré sur les points annoncés. Quant aux critiques formulées par Red Led à l’époque, elles aussi sont encore d’actualités. Le constructeur britannique ne prétend pas faire plus qu’il ne fait, et si la série Clarett+ n’est pas un gamechanger, elle fait ce qu’elle dit, en proposant un produit de qualité, juste un peu mieux qu’avant…