Deuxième membre de la famille Wave, le Nord Wave 2 combine modélisation analogique, FM, tables d’ondes et lecture d’échantillons, se positionnant comme multispécialiste premium de la synthèse. Avec encore plus de puissance et de fonctionnalités, s’imposera-t-il sur ce segment très convoité ?
La gamme de claviers Nord compte quatre gammes majeures, toutes plutôt orientées scène : Piano, Electro, Stage et synthés. Cette dernière est la plus ancienne, remontant en 1995 avec le Nord Lead, utilisant la modélisation analogique. Depuis 25 ans, le constructeur suédois ne va cesser de la développer, en explorant différents types de synthèse : VA, FM, samples, sans oublier les modules de synthèse mis en œuvre dans l’excellente série Modular, jamais remise au goût du jour, ou les orgues modélisés présents dans les gammes de pianos électroniques. Annoncé en 2007, le Nord Wave mélange VA, FM et samples avec des possibilités de les faire interagir. Après le Nord Lead 4 de 2013, le Nord Lead A1 marque l’année suivante un tournant chez les concepteurs suédois, avec une simplification affirmée dans l’approche de la synthèse. Il est longtemps resté seul synthé de la marque rouge au catalogue, positionné en entrée de gamme. Au NAMM 2020, Nord a annoncé un nouveau synthé à tarif premium : le Nord Wave 2. Voyons comment il s’en tire par rapport à la concurrence, dans sa version 1.02, sur ce segment plutôt élitiste.
En rouge et noir
Le Nord Wave 2 est embarqué dans une coque légère et robuste, avec dessus métal rouge structuré peint et dessous alu noir peint, signature de la marque suédoise. Cette fois, les flancs sont en alu gris peint. Avec son nouveau clavier semi-lesté en chute d’eau de 5 octaves, sensible à la vélocité et à la pression, le synthé mesure 99 × 29,5 × 10 cm pour 8,75 kg. Nous avons apprécié le ressort ferme des touches, mais c’est comme les matelas, chacun son truc. Le synthé fait partie de la dernière génération de claviers signés Nord où les commandes ne sont plus décalées à gauche, mais bien centrées et largement réparties sur le panneau. La charte graphique est homogène avec les autres claviers de même génération des différentes gammes : Stage 3, Electro 6 et Piano 4. On trouve 33 potentiomètres, 3 encodeurs crantés, 4 curseurs linéaires, 56 boutons poussoirs et deux écrans OLED graphiques (programmation et oscillateurs), répartis dans des sections clairement séparées : contrôleurs, programmation, morphing, vibrato, modes de voix, arpégiateur, LFO, enveloppe de modulation, oscillateurs, couches multiples, enveloppe de volume, filtre, multieffets, EQ, délai, réverbe. La qualité de ces commandes est, comme toujours, au top : réponse parfaite, ancrage solide, sérigraphie lisible, rien n’a été négligé.
Le génial bâton de pitch en bois sans cran central et la molette de modulation en pierre font toujours recette, tant mieux. Niveau ergonomie, on apprécie les touches de transposition directe (par octave, par demi-ton et par programme) la touche « Panic » qui coupe les éventuelles notes bloquées, les fonctions copier/coller et l’assignation directe des paramètres de morphing (nous en reparlerons). En revanche, il manque toujours une touche « Compare » et les potentiomètres ne fonctionnent qu’en mode « saut ». Toute la connectique est vissée et regroupée à l’arrière : prise casque, sorties audio stéréo asymétriques, entrée pédale continue (volume/morphing), entrée audio stéréo, entrée/sortie MIDI DIN, entrée pédale de maintien, prise USB (MIDI/Samples/OS) et prise IEC pour cordon secteur. L’alimentation est interne et universelle, merci ! À part l’entrée audio au format mini-jack stéréo, toute la connectique audio/CV est au format jack 6,35. Vu la gamme de prix, on s’attendait à plus généreux, notamment des sorties séparées par couche et symétriques, une prise MIDI Thru DIN et l’audio via USB. Autre déception, l’entrée audio ne fait que renvoyer le signal injecté vers les sorties, sans passer par le filtre ou les effets…
Dead Zone
Le Nord Wave 2 est un synthé numérique polyphonique 48 notes et multitimbral sur 4 couches sonores. Chaque couche peut être jouée sur l’ensemble du clavier ou assignée à une zone de partage. Le mode d’assignation est contraignant. Il y a quatre zones possibles, délimitées par des points de partage prédéfinis et repérés par des LED. On ne peut assigner qu’une seule couche sonore à une zone, qui plus est dans un ordre militaire (gauche-droite), avec fondu(s) de position avec la (les) couche(s) adjacente(s) sur 6 ou 12 notes. Pourquoi Nord ne gère-t-il pas ses zones comme tout le monde, avec une note basse et une note haute au choix pour chaque zone, ainsi que des fenêtres de vélocité !? Une fois les zones créées, la section mixage permet de régler rapidement les volumes (curseurs avec contrôle visuel grâce aux rangées verticales de LED) et les panoramiques (en appuyant sur un sélecteur pour alterner le mode des curseurs, puisque Nord n’a pas eu la bonne idée de dédier quatre potentiomètres au panoramique).
On peut facilement sélectionner/isoler/couper une couche, ou encore regrouper plusieurs couches pour les éditer ensemble, section par section. Les groupes sont indiqués par une LED ambre dans chaque section. Voilà une vraie bonne idée. En MIDI, les couches peuvent se comporter globalement ou individuellement. En entrée, les couches peuvent ainsi se piloter sur leur propre canal, sans tenir compte de leur activation ou de leur tessiture, à partir d’un appareil externe. Avec un clavier maître multizone, on pourra ainsi contourner les lacunes évoquées précédemment. En sortie, les couches activées transmettent sur leur canal MIDI respectif suivant activation/zonage ou le canal global. Tous les paramètres de synthèse et d’effets sont transmis et reçus en CC MIDI sur des canaux séparés. On peut même envoyer la position en cours des commandes vers sa STAN préférée. Bravo !
Cocktail sonore
La mémoire du Nord Wave 2 totalise 400 programmes multitimbraux sur 4 canaux, organisés en 16 banques de 25 sons. On peut y accéder avec l’encodeur, deux touches de navigation ou encore la rangée de 5 touches de programmes, par numéro ou par catégorie, avec possibilité d’affichage sous forme de liste. On trouve aussi 5 programmes Live qui mémorisent les réglages au fur et à mesure de la session de travail, sans nécessiter de sauvegarde. Les niveaux de sortie sont corrects mais pas exceptionnels. Il n’y a pas de compensation de gain, mais un réglage de niveau programmable par couche. Le moteur interne fonctionne en 24 bit/96 kHz, délivrant une qualité audio impeccable et un bruit de fond inaudible. Les sons fournis sont généralistes et couvrent peu ou prou les différentes époques de l’histoire de la synthèse, avec un positionnement généraliste qui peut sembler un peu banal. Rien de révolutionnaire donc, mais le propre du synthé est de permettre à l’utilisateur de faire ses propres sons et le Nord Wave est bien doté pour cela.
Avec ses différents moteurs de synthèse embarqués, la machine est agile. La lecture d’échantillons lui donne accès à la Nord Sample Library 3 avec ses traditionnels sons d’instruments acoustiques, électriques et électroniques. Nous n’en referons pas l’inventaire, nous l’avons déjà passée en revue lors des tests du Nord Stage 3 et du Nord Electro 6. Les multiéchantillons sont dans l’ensemble très musicaux, mais souffrent d’un manque de couches sonores et de modes d’articulation pour les instruments les plus expressifs. En revanche, les banques de Mellotron et Chamberlain sont toujours aussi appréciables. Tout cela reste suffisant dans une optique de scène, justement là où la machine se positionne. On apprécie le fait d’avoir cet arsenal sous la main tout de suite à l’allumage, sachant, nous le verrons, que l’on peut créer et importer ses propres multisamples. Les sons purement synthétiques couvrent eux aussi un large territoire : émulations analogiques (basses, nappes, polysynths, leads, synchros, empilages massifs désaccordés), timbres FM typiques (EP, cuivres, cloches, percussions) et textures numériques évolutives variées (basées sur une grande diversité d’ondes synthétisées). Manquent à l’appel les kits de percussions, vraiment pas le trip des synthés rouges. On apprécie les possibilités de modulation en temps réel permettant d’animer tout ce beau monde et les mélanges à quatre couches faciles à constituer.
- NordWave2_1audio 01 Blade 204901:01
- NordWave2_1audio 02 Trans Hacker01:06
- NordWave2_1audio 03 Mass Bass00:54
- NordWave2_1audio 04 Huge Stabs00:31
- NordWave2_1audio 05 FM Pad00:35
- NordWave2_1audio 06 Arp Impro01:09
- NordWave2_1audio 07 Multi Synth01:27
- NordWave2_1audio 08 Chez Georges01:06
- NordWave2_1audio 09 Hybrid Strings00:56
- NordWave2_1audio 10 Picked Layer01:06
Oscillateurs multiples
Chacune des quatre couches sonores est constituée de modules de synthèse (oscillateurs, filtre, ampli, modulations) envoyés dans les effets. Plusieurs types de synthèse sont disponibles, mais extrêmement simplifiés, ce qui a fait dire à certains que le Nord Wave 2 était plutôt un gros Nord A2. Disons que c’est un mélange survitaminé de Nord Wave et de Nord A1. Tout se passe avec deux potentiomètres (fréquence par demi-ton et fine), un sélecteur pour le type de synthèse (VA, tables d’ondes, FM et lecture de samples), un encodeur pour la forme d’onde, un encodeur pour la catégorie d’onde et un potentiomètre pour faire varier l’oscillateur. Commençons par la synthèse VA, divisée en plusieurs catégories. La catégorie Basic offre 6 formes d’onde statiques exclusives : sinus, triangle, dent de scie, carrée, impulsion à 33 %, impulsion à 10 %. La catégorie Shape propose 5 formes d’onde variables (triangle, dent de scie, impulsion, demi-sinus, onde parabolique), pilotables par l’enveloppe de modulation, le LFO et le morphing. La catégorie Shape Sine crée des ondes modulables par Waveshaping ou Wavefolding à partir de 7 ondes élémentaires. La catégorie Multi génère 5 types de dents de scie doubles ou triples, à l’octave ou à la quinte, dont on peut moduler le désaccordage. La catégorie Super Wave permet d’empiler et désaccorder 5 types d’ondes pour des sons vraiment très épais : dent de scie, carrée, orgue, dent de scie brillante et carrée brillante. La catégorie Sync permet de synchroniser 9 types d’ondes cycliques en jouant sur la fréquence du cycle de modulation. Enfin, la catégorie Misc offre trois couleurs de bruit (blanc, rose et rouge) et une modélisation de cloche à hauteur variable.
Passons maintenant à la synthèse à tables d’ondes. La déception est la même que celle ressentie avec le Kyra de Waldorf : il s’agit en fait d’ondes courtes fixes, rien à voir avec de véritables tables d’ondes modulables. Au total, 46 ondes extraites d’instruments acoustiques ou générées par addition harmonique, rien de transcendant. Enchainons avec la synthèse FM. Très simplifiée elle aussi, elle offre 5 algorithmes harmoniques et 5 algorithmes inharmoniques de 2, 3 ou 4 opérateurs à onde sinus. On peut juste définir le rapport de fréquence entre deux opérateurs (ratio ou fixe suivant le type d’algorithme) et la quantité de modulation, bon. Pour tous les moteurs de synthèse cités jusque-là, l’unisson permet d’épaissir le son avec trois niveaux d’oscillateurs virtuels désaccordés sans réduire la polyphonie, très bien ! Dernier moteur de synthèse, Sample utilise un multiéchantillon en mémoire pour le traiter avec le filtre, les modulations et les effets (cf. ci-après). On peut désactiver certains préréglages d’usine (filtre, enveloppe de volume) et escamoter une partie de la phase d’attaque (transitoires) des échantillons. Par contre, on perd la possibilité, chère aux utilisateurs du premier Nord Wave, de faire interagir un échantillon et une forme d’onde. Une fonction pourtant tellement originale et peu répandue, quel dommage !
Import d’échantillons
Lorsque le type de synthèse est Sample, le Nord Wave 2 fait appel à l’un des multiéchantillons stockés dans sa mémoire permanente de 1 Go. C’est beaucoup plus que les 180 Mo du premier Nord Wave ! Sortie d’usine, la machine propose 355 multiéchantillons (911 Mo) issus de la Nord Sample Library 3. Ce sont essentiellement des instruments acoustiques et électriques dans les styles pop/rock/jazz/world/orchestral, compléments logiques à la panoplie synthétique des autres moteurs. Ils sont peu gourmands en mémoire (15 Mo pour les plus gros). Pas de kits de percussions au programme, le Nord Wave 2 ne les gère pas en tant que tels, dommage. On peut compléter ou remplacer tout ou partie de ces échantillons par d’autres issus de la Nord Sample Library 3 ou fabriqués soi-même avec l’application Nord Sample Editor 3 (> Windows 7 ou OS 10.7).
L’éditeur, très visuel, permet de gérer les samples en mémoire interne, d’importer des fichiers WAV ou AIFF (à la main ou automatiquement) et de les assigner au clavier (jusqu’à 92 zones par multiéchantillon). Côté édition des échantillons, on peut définir les points de lecture, créer des fondus en entrée/sortie pour éliminer les clics, boucler (avec fondu et angle de phase), modifier le niveau, doser l’accordage fin et normaliser les échantillons (avec possibilité d’annulation). Il manque toujours certains traitements avancés (compression/expansion temporelle, modification numérique de hauteur, découpage rythmique…) et la possibilité de créer des zones de vélocité. Peut-être dans le Nord Sample Editor 4 ? Tant qu’on parle logiciel, notons aussi que le Nord Wave 2 est compatible avec l’appli Sound Manager (> Windows 7 ou OS 10.7), un bibliothécaire maison gratuit permettant d’organiser des programmes, télécharger des multisamples et sauvegarder/restaurer l’instrument. La mise à jour de l’OS se fait quant à elle via un exécutable indépendant.
Filtre multimode
Quel que soit le mode de synthèse choisi dans la section oscillateurs, le signal qui en sort entre dans le filtre. Évidemment on peut le désactiver. Le premier Nord Wave offrait un filtre multimode plutôt élaboré mais de qualité inégale, notamment dans les modes les plus exotiques (peigne, multibande, vocal) et peu discriminants dans les deux pentes proposées. Ici, le filtre a été revu et très simplifié. La qualité aurait-elle remplacé la diversité ?
On redescend à 6 types : LP12, LP24, LP24 type Moog, HP24, BP12, LP12//HP12 en parallèle. C’est presque les mêmes types de filtres que sur le Nord Lead A1, mis à part le filtre TB remplacé par le mode LP12//HP12, dans lequel les deux fréquences sont réglées séparément, au détriment de la résonance. Les filtres sonnent bien et variés, dans tous les modes. On apprécie la fluidité de réponse de la fréquence de coupure, qui affiche clairement un 32 kHz en haut de l’échelle, au cas où…
Dans les différents modes LP, on perçoit nettement les différences de pente entre les LP12 et LP24, c’est clairement mieux que sur le premier Nord Wave. De même, la différence de fermeture de fréquence et de réponse en résonance est flagrante entre les LP24 et LP24 Moog. L’auto-oscillation est criarde dans le premier cas et plus douce dans le second. Tous les filtres se comportent comme s’ils étaient compensés, y compris le filtre Moog, mais on ne se plaindra finalement pas de ce manque de fidélité dans ce cas précis, préférant ne pas faire les frais des infrabasses quand on pousse la résonance. La fréquence de coupure du filtre est modulable par une enveloppe ADSR dédiée, le suivi de clavier (1/3–2/3–3/3) et le LFO. On trouve aussi trois niveaux de Drive pour salir le son, toujours bon à prendre. Le volume final de la voix est contrôlé par une enveloppe ADSR dédiée et la vélocité. Enfin, signalons que les 48 voix du Nord Wave peuvent, pour chaque couche, être jouées en modes poly, mono ou legato, avec portamento monodique. Classique.
Modulations simplistes
Les modulations sont assez basiques et pas très souples. On commence par un vibrato, doté de trois niveaux de délai prédéfinis (0,5–1,0 -1,5 s) ou assignable à la molette ou à la pression. La fréquence (4 à 8 kHz) et la quantité de modulation sont dosables via le menu. On trouve aussi un unique LFO mono (un recul par rapport au Nord Wave). Sa vitesse varie de 0,03 à 523 Hz et peut être synchronisée à l’horloge globale suivant différentes divisions temporelles. Il peut produire les ondes triangle, carrée, dent de scie, rampe et S&H. Sa quantité de modulation est dosable, tout comme sa destination : pitch, variation d’oscillateur ou coupure du filtre, donc rien d’exceptionnel là non plus.
On poursuit par l’enveloppe de modulation, assignable au pitch ou à la variation d’oscillateur. De type AD ou AR, elle est bipolaire et peut être modulée par la vélocité. Dommage qu’on ne puisse la boucler et l’assigner librement, cela aurait permis de compléter l’unique LFO. Vient ensuite l’enveloppe de filtre, de type ADSR, uniquement routée vers celui-ci ; on peut inverser sa polarité et la moduler par la vélocité. Enfin, l’enveloppe ADSR d’amplitude est dédiée au volume. Un paramètre Transient permet d’ajouter un impact en début d’attaque, donc de la patate, sympa. Les temps d’enveloppe ont une plage d’action étendue (0,5 ms à 45 s pour les attaques, 3 ms à 45 s pour les segments DR). En résumé, les modulations n’ont pas trop progressé depuis toutes ces années.
Morphing et arpèges
Venant un peu pallier la faiblesse des modulations classiques, la fonction Morphing permet d’assigner quatre sources continues distinctes (vélocité, molette, pédale, pression) à plusieurs destinations au choix (modules de synthèse et d’effets). Pour ce faire, il suffit de maintenir la touche source dans la section Morphing et de bouger les potentiomètres à assigner entre les valeurs extrêmes que l’on veut atteindre. Tous les paramètres assignables possèdent une LED verte. Il est possible d’ajouter des destinations à une source déjà configurée et de supprimer tout ou partie des destinations. Bien vu !
En complément à ces commandes continues, la fonction Impulse Morph permet de déclencher le morphing à l’aide d’une touche. En plus des commandes continues, elle peut cibler des paramètres discrets, tels que le type de filtre, la direction d’arpège ou le choix d’effet (48 destinations au total). Tout cela nous consolerait presque de l’absence de matrice de modulation.
Pour faire bouger le son, le Nord Wave 2 offre un arpégiateur, ou plutôt quatre arpégiateurs, puisque chaque couche possède ses propres réglages. Le tempo peut être libre ou synchronisé à l’horloge globale suivant différentes divisions temporelles (comme le LFO). On trouve quatre directions élémentaires : haut (lorsque toutes les LED sont éteintes, il faut le savoir), bas, alterné et aléatoire. S’y ajoutent un réglage de zigzag (deux pas en avant, un pas en arrière) et un choix de motif (28 Presets ou programmation par l’utilisateur sur 16 pas avec, pour chaque pas, le décalage de note, l’accent et le panoramique). La plage d’action s’étend sur quatre octaves, y compris les valeurs intermédiaires non entières. En plus de l’arpégiateur monodique classique, il existe un mode polyphonique avec renversement d’accords, ainsi qu’un mode Gate, agissant sur le volume des notes jouées selon un motif à sélectionner avec la quantité de modulation demandée. Cela crée des effets de pompage en rythme, parfait pour l’EDM !
Effets boostés
Le Nord Wave 2 propose une section effets sérieusement améliorée par rapport à ses prédécesseurs. On trouve un multieffets, un EQ, un délai et une réverbe. Tous ces effets sont disponibles pour chaque couche sonore en toute indépendance, chouette ! Le multieffets est constitué de 7 effets cycliques dont la vitesse est synchronisable à l’horloge globale : tremolo, panner, modulateur en anneau, phaser, chorus, ensemble, vibe. On perd au passage le Flanger du Nord A1, bon. On peut activer la section avec une touche dédiée et en régler la quantité. On aime particulièrement les modes chorus et ensemble qui élargissent bien le son, lui donnant une belle perspective stéréo. L’effet vibe est une sorte de mélange de vibrato et de phaser léger, qui fonctionne bien avec les sons vocaux. Passons à l’EQ, doté d’un mode fixe à deux bandes (Bass/Treble) ou paramétrique à une bande. Dans la même section, on trouve un Drive modélisant une saturation d’ampli à lampe, donc asymétrique, c’est-à-dire douce.
On arrive au délai, plus fourni en réglages que les précédents effets. Sa vitesse peut être entrée à la volée (Tap) et synchronisée à l’horloge globale (donc avec le LFO, l’arpégiateur et le multieffets). On peut aussi régler la balance son sec/traité et simuler un écho à bande (le pitch varie avec la vitesse). La boucle de réinjection est plus souple que d’habitude : possibilité d’intégrer l’un des multieffets (chorus, ensemble ou vibe) avec deux niveaux de profondeur, nombre de répétitions, filtrage du signal répété (LP, BP, HP) et pingpong stéréo. Sympa ! Enfin, la réverbe offre 5 types d’environnement : cabine, pièce, scène, salle, cathédrale. Un mode Choral permet d’ajouter des modulations croisées, pour chaque type d’espace. On peut évidemment doser la balance signal sec/traité et modifier la brillance du signal traité (normal, hautes fréquences, basses fréquences). On apprécie le son de cette réverbe. Plusieurs paramètres d’effets peuvent être modulés par les fonctions morphing : vitesse et quantité du multieffets, niveau du drive, vitesse et balance du signal sec/traité dans le délai et balance du signal sec/traité dans la réverbe. Une section qui a vraiment pris de l’ampleur, avec davantage de réglages, des synchronisations temporelles, des modulations temps réel, une qualité supérieure et surtout une disponibilité en quatre exemplaires !
Conclusion
Le Nord Wave 2 est un bon synthé, qui aurait pu être encore meilleur si le constructeur n’était pas revenu en arrière dans certains domaines par rapport au Nord Wave : un seul type d’oscillateur à la fois, ce qui élimine les intermodulations entre samples et formes d’onde, moins de filtres, un seul LFO, moins d’emplacements mémoire pour les programmes… On gagne en revanche sur de nombreux tableaux : polyphonie, multitimbralité, effets, mémoire de samples, arpèges, écrans, commandes directes et clavier (en taille comme en qualité de réponse). On retrouve aussi tous les ingrédients qui ont fait le succès des claviers Nord, à juste titre : qualité sonore, accès gratuit à une grosse bibliothèque de samples, prise en main immédiate, construction robuste à tout point de vue, poids plume, orientation live… tout cela étant toutefois proposé à un tarif premium. Les adeptes du concept ou de la marque seront comblés, comme toujours. On aimerait toutefois voir Nord se remettre un peu en question, s’il veut continuer à s’imposer face à une concurrence proposant des alternatives alléchantes, comme des claviers de scène se mettant à la synthèse ou des workstations devenant enfin conviviales.