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Test du D-05 de Roland - D-50 de poche

8/10

Présentée cet été, la nouvelle série Boutique comporte pas moins de quatre modules. Parmi eux, le D-05 modélise l’un des synthés les plus vendus à ce jour, le D-50, qui fête ses trente ans…

Test du D-05 de Roland : D-50 de poche

Avec 200 000 exem­plaires produits à partir de 1987, le Roland D-50 est le deuxième succès mondial de tous les temps, détrô­nant le Yamaha DX-7 (160 000 exem­plaires, 1983), avant d’être à son tour détrôné par le Korg M1 (250 000 exem­plaires, 1988). Pour réali­ser cet exploit, il réunit plusieurs atouts : robus­tesse, compa­cité, effets inté­grés et surtout une nouvelle tech­no­lo­gie permet­tant d’imi­ter une vaste pano­plie d’ins­tru­ments réels avec une synthèse facile à comprendre. A une époque où le DX-7 et la FM règnent sans partage, le D-50 invite les musi­ciens à repro­gram­mer leur synthé. Ce qui ne les empêche pas de recou­rir aux banques de la marque pour faire leurs tubes : Jean-Michel Jarre (Révo­lu­tions, En Atten­dant Cous­teau), Enya (Water­mark), Michael Jack­son (Bad), OMD, The Cars, Forei­gner… pour n’en citer que quelques-uns ! Le D-50 sera décliné jusqu’à plus soif, mais aura du mal à résis­ter à la vague suivante : les works­ta­tions à lecture d’échan­tillons initiées par Korg, avec des sons plus réalistes, des effets plus puis­sants et des séquen­ceurs inté­grés. Après diffé­rentes réin­car­na­tions maté­rielles et logi­cielles, le D-50 connait un retour en grâce et sa cote reprend des couleurs. Pour fêter ses trente ans, Roland vient de lui donner une nouvelle vie à travers un module de la série Boutique : le D-05…

Mini Module

D 05 2tof 08.JPG

Le D-05 fait partie d’une famille proli­fique comp­tant désor­mais onze membres, qui partagent tous la même concep­tion : un module ultra compact de moins d’un kilo, pouvant être monté dans une station d’ac­cueil clavier ou boitier (voir enca­dré). En dépit de sa petite taille, un Boutique n’a rien de gadget : l’avant, la façade et l’ar­rière sont consti­tués d’une tôle pliée très solide ; seuls le dessous et les côtés sont en plas­tique. Le D-05 marque une rupture sur le plan des commandes par rapport aux autres modèles Boutique. Les pous­soirs ont pris la place des poten­tio­mètres, dont le D-05 est presque dépourvu. Leur qualité est bonne, avec une réponse franche. Leur proxi­mité mani­feste ne nous a pas gênés. Le D-05 reprend quasi­ment les mêmes commandes et la même orga­ni­sa­tion que le D-50. On retrouve le joys­tick à deux axes (cette fois tout rikiki mais assez précis pour appro­cher rapi­de­ment la valeur souhai­tée), les touches d’in­cré­ment/décré­ment, les boutons de fonc­tion, les deux ensembles de huit sélec­teurs de programmes et le pavé numé­rique. L’écran rétroé­clairé a toute­fois perdu en largeur, puisqu’on se contente ici de 2×16 carac­tères. Du coup, on ne peut éditer que deux para­mètres par page, il y a donc plus de menus, à travers lesquels on navigue avec deux flèches situées sous l’écran. C’est plus fasti­dieux que sur un D-50, qui permet­tait de visua­li­ser cinq para­mètres d’un coup ! Pour éditer, on sélec­tionne le para­mètre dans la page avec les deux touches de fonc­tion contex­tuelles, puis on joue du joys­tick ou des touches d’in­cré­men­ta­tion/décré­men­ta­tion. Des boutons permettent de sélec­tion­ner direc­te­ment la couche sonore à travailler et de couper/acti­ver les quatre couches dispo­nibles (Partials). Les deux ensembles de huit boutons permettent aussi d’édi­ter les pas en mode séquen­ceur, une nouveauté par rapport au D-50.

D 05 2tof 06.JPG

Comme sur certains Boutique, le D-05 est équipé de deux rubans avec rétroé­clai­rage de posi­tion, placés à gauche de la façade. Le premier ruban fait office de pitch­bend lorsqu’un clavier est raccordé, alors qu’il déclenche les sons (suivant un tempé­ra­ment à défi­nir parmi seize types) lorsque rien n’est raccordé. Le second ruban est une molette de modu­la­tion, avec option de main­tien ou retour à zéro.

Concer­nant la connec­tique, ça se passe une nouvelle fois derrière : inter­rup­teur secteur, port micro-USB (alimen­ta­tion, MIDI et audio), mini-poten­tio­mètre de volume, sortie casque stéréo, sortie ligne stéréo, entrée ligne stéréo et entrée/sortie MIDI DIN. La connec­tique audio est au format mini-jack. En dessous du module, on trouve un petit HP et une trappe pour insé­rer les quatre piles AA-LR6 four­nies (par contre, le cordon micro-USB avec alimen­ta­tion secteur ne l’est pas). Avec son petit HP (vite saturé), son séquen­ceur et ses piles, le D-05 est tota­le­ment auto­nome, du moins pendant les cinq heures annon­cées par le construc­teur. En plus du dépliant multi­lingue exsangue habi­tuel de prise en main, Roland four­nit sur la toile un véri­table guide des para­mètres de 45 pages (en anglais).

Linéaire arith­mé­tique

ACB était l’acro­nyme utilisé par Roland pour « modé­li­sa­tion du compor­te­ment de compo­sants analo­giques ». Cette fois, le D-05 modé­lise des compo­sants numé­riques, à savoir des DSP purs et durs et leur logi­ciel. Le construc­teur a donc logique­ment baptisé cette synthèse DCB. Le prin­cipe du D-50 était de combi­ner des ondes PCM courtes à des ondes synthé­ti­sées pour repro­duire le compor­te­ment des instru­ments acous­tiques, où on trouve la plupart du temps une phase tran­si­toire (attaque) et une phase de tenue (vibra­tion).

Le spectre sonore des tran­si­toires variant souvent très rapi­de­ment, il est diffi­cile de les imiter avec la synthèse sous­trac­tive : l’échan­tillon­nage et la FM y parviennent en revanche bien mieux. Roland a choisi la première. À l’époque, la mémoire est limi­tée et coûte cher, donc le D-50 stocke cent mini-échan­tillons d’at­taques courtes et quelques sons bouclés qui s’étendent sur tout le clavier.

Pour la partie tenue, le spectre sonore variant moins dras­tique­ment, Roland décide de le confier à la synthèse sous­trac­tive clas­sique (onde de départ élémen­taire synthé­ti­sée et filtrée). En mélan­geant une onde PCM courte et une onde synthé­tique, on obtient ainsi un son que le cerveau iden­ti­fie par ses carac­té­ris­tiques d’at­taque et accepte par sa couleur de tenue. La synthèse Linéaire Arith­mé­tique est née, comme alter­na­tive à la FM, avec une approche cette fois beau­coup plus simple.

Au passage, le D-05 n’est pas la première modé­li­sa­tion de D-50 faite par Roland. C’était déjà le cas avec la carte VC-1, qui s’in­sé­rait dans le module VariOS et le V-Synth (en option pour le modèle clavier, inté­grée dans le rack).

Blind test

Avec un D-50 au studio, diffi­cile de résis­ter à la tenta­tion de concoc­ter un test à l’aveugle. Comme le D-50 est une machine très répan­due, nous avons solli­cité nos membres pour four­nir des séquences MIDI inté­grant leurs programmes en Sysex. Nous saluons Yvo , qui nous a envoyé une séquence pour chacun des 64 sons de sa banque commer­ciale Nexus pour D-50/550/05, Kosmix, qui nous a fait parve­nir douze séquences avec les programmes de son cru et DarXyde qui a proposé une séquence et son programme maison. Un grand merci à vous, les gars ! Chaque séquence est jouée deux fois (versions a et b). Pour jouer et tenter de gagner l’ad­mi­ra­tion de tous ceux qui se planquent derrière leur PC, il suffit de trou­ver quelle version corres­pond à quelle machine ; nous propo­sons de répondre en combi­nant les trois premiers chiffres du fichier audio (100 à 300), la version (a ou b) et la machine utili­sée (05 ou 50). Donc, par exemple, répondre « 102-a-05 » pour dire que la séquence « 102 Nexus a » est jouée au D-05. Les résul­tats du quiz sont dispo­nibles au début du fil de commen­taires.

D 05 Origi­nal and Clear
00:0001:01
  • D 05 Origi­nal and Clear 01:01
  • D 05 101 Nexus a 00:17
  • D 05 101 Nexus b 00:17
  • D 05 102 Nexus a 00:12
  • D 05 102 Nexus b 00:12
  • D 05 103 Nexus a 00:13
  • D 05 103 Nexus b 00:13
  • D 05 104 Nexus a 00:17
  • D 05 104 Nexus b 00:17
  • D 05 105 Nexus a 00:09
  • D 05 105 Nexus b 00:09
  • D 05 106 Nexus a 00:10
  • D 05 106 Nexus b 00:10
  • D 05 107 Nexus a 00:15
  • D 05 107 Nexus b 00:15
  • D 05 108 Nexus a 00:23
  • D 05 108 Nexus b 00:23
  • D 05 109 Nexus a 00:32
  • D 05 109 Nexus b 00:32
  • D 05 110 Nexus a 00:18
  • D 05 110 Nexus b 00:18
  • D 05 201 Kosmix a 01:19
  • D 05 201 Kosmix b 01:19
  • D 05 202 Kosmix a 00:46
  • D 05 202 Kosmix b 00:46
  • D 05 203 Kosmix a 00:44
  • D 05 203 Kosmix b 00:44
  • D 05 204 Kosmix a 00:54
  • D 05 204 Kosmix b 00:54
  • D 05 205 Kosmix a 00:33
  • D 05 205 Kosmix b 00:33
  • D 05 206 Kosmix a 00:27
  • D 05 206 Kosmix b 00:27
  • D 05 207 Kosmix a 00:36
  • D 05 207 Kosmix b 00:36
  • D 05 208 Kosmix a 00:44
  • D 05 208 Kosmix b 00:44
  • D 05 209 Kosmix a 01:20
  • D 05 209 Kosmix b 01:20
  • D 05 210 Kosmix a 00:56
  • D 05 210 Kosmix b 00:56
  • D 05 211 Kosmix a 00:48
  • D 05 211 Kosmix b 00:48
  • D 05 212 Kosmix a 00:22
  • D 05 212 Kosmix b 00:22
  • D 05 300 DarXyde a 01:11
  • D 05 300 DarXyde b 01:11

À l’écoute compa­ra­tive des extraits sonores, on peut dire qu’en matière d’imi­ta­tion de D-50, le D-05 assure. On retrouve les nappes planantes, les sons cris­tal­lins évolu­tifs et les basses rondes de l’an­cêtre. Il y a aussi une belle pano­plie d’ef­fets spéciaux. Les banques de nos membres montrent que le D-05 n’est pas cantonné aux sons 80’s/90’s. Si les chorus sont amples et élar­gissent bien l’am­biance, les réverbes sont métal­liques et lo-fi comme sur le D-50.

D 05 2tof 02.JPG

On retrouve bien sûr des sons bien rincés sur les titres des 80’s/90’s (Fanta­sia, Digi­tal Native Dance, Living Calliope, Brea­thy Chif­fer, Stac­cato Heaven, Pizza­gogo, OK Choral, Future Pad, Rich Brass… merci Eric Persing !), puisque le D-05 intègre cinq banques Roland origi­nelles de 64 programmes parmi ses six banques Preset. Il dispose par ailleurs de huit banques de 64 programmes réins­crip­tibles, un net avan­tage sur les 64 mémoires du D-50. Roland a judi­cieu­se­ment prévu un para­mètre permet­tant au D-05 de sonner « Origi­nal » (on entend le Noise Gate s’ou­vrir et se fermer sur certaines attaques ou queues douces, comme sur le D-50) ou Clear (aucun bruit de Noise Gate, c’est bluf­fant quand on a l’ha­bi­tude du D-50 !).

Si les deux machines ont le même carac­tère sonore, la même brillance et la même largeur stéréo, on note quelques diffé­rences : déjà, le D-05 sort moins fort que son ancêtre, de 5 à 10 dB envi­ron. Pour noter de petites diffé­rences sur le grain, il faut pous­ser les inter­ac­tions d’os­cil­la­teurs, les filtres et les modu­la­tions. En réuti­li­sant des séquences calées sur la fréquence des LFO (non synchro­ni­sables en MIDI), nous nous sommes rendu compte que les LFO n’os­cil­laient pas exac­te­ment à la même fréquence entre les deux machines. Nous avons aussi noté des petites diffé­rences sur les enve­loppes longues, alors que le compor­te­ment est iden­tique sur les enve­loppes courtes. Rien de choquant, c’est dans l’épais­seur du trait… bravo en tout cas pour cette modé­li­sa­tion très fidèle !

Édition complète

D 05 3schema.JPG

Le D-05 reprend l’en­semble des fonc­tion­na­li­tés et para­mètres du D-50, pour la partie synthèse, effets et MIDI. Nous verrons en fin de test qu’il y ajoute un sympa­thique séquen­ceur à pas et un petit arpé­gia­teur. Il s’agit donc d’un synthé entiè­re­ment numé­rique capable d’em­pi­ler deux à quatre couches sonores (bapti­sées Partials), suivant les modes de jeu. La poly­pho­nie est de seize notes en mode simple Whole (deux Partials), 8+8 notes en mode Split (2+2 Partials) et huit notes en mode Dual (quatre Partials empi­lés), avec diffé­rentes combi­nai­sons pour la gestion MIDI. Le synthé est donc bitim­bral, mais son mode de prédi­lec­tion est tout de même le mode Dual pour un son bien riche. Il y a deux types de géné­ra­teurs : ondes synthé­tiques (S) et échan­tillons PCM (P). Le D-05 les arrange par deux au sein d’un Tone, selon sept Struc­tures : S+S, S+S avec modu­la­tion en anneau, S+P, S+P avec modu­la­tion en anneau, P+S avec modu­la­tion en anneau, P+P et P+P avec modu­la­tion en anneau. La modu­la­tion en anneau est d’ailleurs la seule inter­ac­tion des géné­ra­teurs, il n’y a pas de synchro. Les ondes synthé­tiques sont à choi­sir entre une dent de scie fixe et une impul­sion à largeur variable. Les PCM sont à choi­sir parmi cent échan­tillons courts, joués en coup unique ou bouclés. On trouve des attaques (pianos, cordes, guitares, basses, cuivres, bois, percus­sions…), des tenues (orgues, pianos élec­triques, cordes, voix, guitares, spectres) et quelques boucles ryth­miques. Les PCM sont étirés sur l’en­semble du clavier, il n’y a pas de multi­sam­pling, d’où un réalisme très rela­tif.

On sélec­tionne le Partial à éditer avec des touches directes, le joys­tick permet­tant de mélan­ger rapi­de­ment les deux Partials d’un Tone et les deux Tones du Patch en cours ou d’édi­ter les deux para­mètres d’une page en même temps. Les possi­bi­li­tés de synthèse d’un Partial dépendent de la nature du géné­ra­teur sonore. Pour un géné­ra­teur de type S, on a une chaîne WG (géné­ra­teur) -> TVF (filtre) -> TVA (ampli) ; pour un géné­ra­teur de type P, on se contente d’une chaîne WG -> TVA (on ne peut pas filtrer les PCM, dommage !). Dans la partie WG, on dispose de tous les réglages habi­tuels, tels que pitch, accor­dage fin, suivi de clavier (pente réglable), action d’un LFO, enve­loppe de pitch, pitch­bend. Le filtre est de type passe-bas réso­nant (non auto-oscil­lant), avec une belle colo­ra­tion qui donne au D-05 sa couleur sonore typique­ment D-50. La fréquence de coupure peut être modu­lée par le suivi de clavier (avec point et pente réglables pour créer des fondus / Splits internes), l’en­ve­loppe de filtre, un LFO et la pres­sion. Vient ensuite le TVA, modu­lable par la vélo­cité, le suivi de clavier (fondus / Splits), l’en­ve­loppe dédiée, un LFO et la pres­sion. Les voix peuvent être jouées en mono ou poly­pho­nie. 

Modu­la­tions variées

Le D-50 faisait partie des synthés bien four­nis au rayon modu­la­tions. Le D-05, en copie conforme, reprend les mêmes possi­bi­li­tés. Les sources concernent les contrô­leurs physiques (Pitch­bend, modu­la­tion, vélo­cité, pres­sion, joys­tick), trois enve­loppes (par Tone) et trois LFO (par Tone égale­ment). Il n’y a pas de matrice de modu­la­tion en tant que telle, tout est figé dans les diffé­rentes pages d’édi­tion.

D 05 2tof 05.JPG

Les trois LFO sont plutôt basiques : quatre formes d’onde (triangle, dent de scie, carré, aléa­toire), réglage de vitesse (pas très élevée, pas de synchro MIDI), délai et synchro de cycle (libre, à chaque nouvelle note, avec toutes les notes). Ils peuvent modu­ler le pitch, la largeur de l’onde d’im­pul­sion, la coupure de filtre et le volume, avec des quan­ti­tés bipo­laires.

Les enve­loppes possèdent cinq niveaux et cinq temps ; ces facul­tés sont à l’ori­gine des sons évolu­tifs du D-05 (citons le Digi­tal Native Dance). Elles ne sont pas pour autant des plus rapides, le D-05 n’a pas corrigé cela. Seule l’en­ve­loppe de pitch dispose d’une inver­sion d’ac­tion et de niveaux bipo­laires, cela manque sur l’en­ve­loppe du TVF. La pres­sion peut modu­ler l’ac­tion du LFO sur le pitch, la largeur de l’onde d’im­pul­sion, le filtre et le volume. La vélo­cité peut modu­ler les temps d’en­ve­loppe, la largeur de l’onde d’im­pul­sion, la quan­tité de l’en­ve­loppe de filtre et le volume. Enfin, le suivi de clavier (avec point de cassure et pente program­mables) peut modu­ler le pitch, le filtre, l’am­pli, les temps d’en­ve­loppe et la profon­deur d’ac­tion d’en­ve­loppe de filtre. Au niveau du Patch, on peut enclen­cher le porta­mento sur l’un des deux Tones ou sur les deux en même temps. Une fonc­tion Chase permet de jouer succes­si­ve­ment les deux Tones, avec un certain délai, un certain volume et un ordre de répé­ti­tion, histoire de se prendre pour Gior­gio Moro­der…

Effets internes

Le D-50 était l’un des premiers synthés (si ce n’est le premier) à inté­grer plusieurs effets numé­riques. En bonne copie, le D-05 les reprend inté­gra­le­ment. Au niveau du Tone, on trouve un EQ et un chorus (donc deux EQ et deux chorus par Patch double). L’EQ possède deux bandes, semi-para­mé­trique en basse fréquence et para­mé­trique en haute fréquence. Le chorus offre huit algo­rithmes, parmi lesquels diffé­rents chorus, flan­gers, tremolo et élar­gis­se­ment (type Dimen­sion D). On peut en régler la vitesse, la profon­deur et la balance. Ils sont de très bonne qualité, très utiles pour donner une belle ampleur aux sons.

Au niveau du Patch, on trouve une réverbe globale. On peut y router l’un ou l’autre Tone, ou encore les deux. Dans une banque, on trouve 32 algo­rithmes prédé­fi­nis et non éditables ; on peut toute­fois les copier d’une banque à l’autre dans les empla­ce­ments internes 17–32. Il s’agit de diffé­rents types ou tailles de halls, pièces, délais, Gate, reverse et grands espaces. Le seul réglage possible, outre le choix de l’al­go­rithme, est la balance du son sec/mouillé. La réverbe est très métal­lique, la boucle formée par les lignes à retard émulées est trop marquée et courte, la bande passante râpée, on reste au tout début des effets numé­riques inté­grés aux synthés. À part pour les effets spéciaux ou les ambiances très courtes, on aura tendance à couper cette réverbe aux béné­fices d’une unité dédiée ou d’un plug, même en mode Clear qui ne change rien sur ce point.

Séquences ET arpèges

D 05 2tof 01.JPG

Au temps du D-50, les séquen­ceurs et arpé­gia­teurs n’étaient plus telle­ment à la mode. Ils ont depuis connu un retour en grâce et le D-05 en est fort géné­reu­se­ment équipé. On commence par le petit arpé­gia­teur, capable de fonc­tion­ner suivant 6 modes : haut, bas ou alterné, le tout sur une ou deux octaves ; il manque donc le mode aléa­toi­re… il dispose de sept divi­sions tempo­relles (4, 8, 16, 32, 4T, 8T, 16T) et d’une fonc­tion Hold. Le tempo est synchrone à l’hor­loge interne/MIDI. 

Le D-05 offre aussi un séquen­ceur poly­pho­nique program­mable sur 64 pas. On active/programme les pas à l’aide des deux ensembles de huit boutons lumi­neux (sélec­teurs de programmes). On peut défi­nir le nombre de pas, les points de lecture début/fin, la divi­sion tempo­relle (parmi sept, là aussi), le Shuffle, le Gate, le sens de lecture (en avant, en arrière, alterné, alterné avec lecture inver­sée des pas pairs, aléa­toire), le tempo (si on le souhaite, avec synchro interne/MIDI) et le numéro de programme à asso­cier au motif (si on le souhaite aussi). À chaque pas, on peut program­mer un accord complet, une liai­son ou un silence (mais pas de Glide ou de chan­ge­ment de para­mètre). La mémoire permet de stocker 64 motifs. On ne peut pas trans­po­ser les séquences en temps réel. Par contre, le séquen­ceur est utili­sable en même temps que l’ar­pé­gia­teur (le séquen­ceur joue les notes program­mées, l’ar­pé­gia­teur arpège les notes jouées en temps réel). Tous les deux trans­mettent les notes via MIDI.

MIDI et audio

Les modules Boutique sont connus pour leur accès aux para­mètres en CC MIDI (via les prises DIN et USB), idéal pour les évolu­tions en temps réel. Le D-05 déroge à cette règle, repre­nant les spéci­fi­ci­tés du D-50. En fait, tous les para­mètres sont modi­fiables par Sysex, ce qui lui assure notam­ment une compa­ti­bi­lité totale avec le program­meur PG-1000 de l’époque (via MIDI DIN) ou tout autre éditeur maté­riel/logi­ciel travaillant en Sysex. Il y a bien quelques CC, mais cela se limite aux modu­la­tions stan­dards. On peut trans­fé­rer les 64 patches d’un D-50/550 vers le D-05 par MIDI Dump et réci­proque­ment. Comme tout bon Boutique, le D-05 peut effec­tuer des Backup/Restore de sa mémoire totale via USB. Ainsi, on pourra impor­ter la banque Lego­welt télé­char­geable gratui­te­ment sur le site du construc­teur.

Sur le plan audio, l’USB permet de véhi­cu­ler deux canaux en entrée/sortie, trans­for­mant le D-05 en inter­face audio 24 bits/96 kHz stéréo. Les sons du module et de l’en­trée audio numé­ri­sée peuvent ainsi être envoyés à une STAN. Réci­proque­ment, les sons sortant de la STAN sont conver­tis et envoyés à la sortie audio analo­gique du module. Ceci néces­site au préa­lable d’ins­tal­ler et de conve­na­ble­ment para­mé­trer le pilote PC/Mac fourni par Roland (pour Windows/Windows 10, Mac OS10.13/OSX).

Conclu­sion

Le D-05 repré­sente une nouvelle géné­ra­tion de la famille Boutique. Après avoir modé­lisé ses machines analo­giques d’an­tan, déve­loppé un synthé analo­gique en parte­na­riat, Roland se lance dans la modé­li­sa­tion de son best-seller numé­rique. La réus­site est totale, que ce soit au plan sonore ou fonc­tion­nel. On perd un peu en ergo­no­mie avec l’écran plus étroit, mais on gagne un paquet de mémoires, un arpé­gia­teur, un séquen­ceur à pas et une inter­face audio USB ; de sorte que la machine s’in­tègre mieux aux styles contem­po­rains et aux méthodes actuelles de produc­tion musi­cale. Le construc­teur a eu l’ex­cel­lente idée de rendre le D-05 direc­te­ment compa­tible avec son ancêtre, au point qu’il peut utili­ser le program­meur d’époque et échan­ger des banques par Dump MIDI. Tech­no­lo­gie aidant, le D-05 fonc­tionne non seule­ment en mode « Origi­nal » basse réso­lu­tion pour mieux imiter son aïeul, mais peut aussi bascu­ler en mode « Clear » pour combler les aller­giques au souffle. À ce jour, le D-05 est le choix idéal pour celui qui recherche le son du D-50 avec une solu­tion fiable, compacte et abor­dable.

Télé­char­gez les extraits sonores (format FLAC)

  • D 05 2tof 01.JPG
  • D 05 2tof 02.JPG
  • D 05 2tof 03.JPG
  • D 05 2tof 04.JPG
  • D 05 2tof 05.JPG
  • D 05 2tof 06.JPG
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  • D 05 2tof 08.JPG
  • D 05 3schema.JPG

 

Notre avis : 8/10

  • Qualité de la modélisation sonore
  • Mémoire utilisateur généreuse
  • Banques du D-50 intégrées
  • Possibilité de supprimer le bruit de fond originel
  • Qualité des chorus intégrés
  • Séquenceur et arpégiateur simultanés
  • Autonome, compact et mobile
  • USB MIDI et audio
  • Qualité de construction
  • Paramètres identiques au modèle
  • Compatibilité totale D-50/PG-1000
  • Concept de station d’accueil optionnelle
  • Réverbe pas terrible (comme sur l’originel)
  • Nombreuses pages d’édition à faire défiler
  • Un seul petit HP vite saturé
  • Pas de cordon USB/alimentation secteur fourni
  • Pas de transposition du séquenceur via MIDI (OS 1.03)

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