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Test du MiniBrute 2 d'Arturia - Quand la Brute se bonifie

8/10

Six ans après son lancement réussi, le MiniBrute fait peaux neuves pour se décliner en deux modèles. Nous testons ici la version clavier, baptisée MiniBrute 2.

Test du MiniBrute 2 d'Arturia : Quand la Brute se bonifie

En 2012, Artu­ria lançait un pavé dans la mare du marché du synthé analo­gique, devenu inac­ces­sible. À l’époque en effet, les machines étaient posi­tion­nées dans le haut de gamme, comme chez Moog Music ou DSI. La cote du vintage ne cessait d’aug­men­ter et les sites de DIY fleu­ris­saient. Le Mini­Brute était né de la volonté d’of­frir au plus grand nombre de musi­ciens un synthé unique, abor­dable et capable d’en­trer dans une sacoche de portable. Succès commer­cial, la machine a permis à Artu­ria de renaître tout en déve­lop­pant un nouveau savoir-faire. Ont suivi le Micro­Brute, la Drum­Brute, puis le magni­fique Matrix­Brute. Aujour­d’hui, les données du marché ont consi­dé­ra­ble­ment changé : dans le sillage d’Ar­tu­ria, beau­coup de marques se sont mises sur le créneau de l’ana­lo­gique abor­dable : Moog a démo­cra­tisé une partie de sa gamme, Korg a lancé plusieurs produits d’en­trée de gamme, Nova­tion et Waldorf sont reve­nus dans le créneau, sans oublier Behrin­ger qui a litté­ra­le­ment envahi le segment. Il était donc temps pour Artu­ria de redé­fi­nir sa vision du synthé analo­gique acces­sible. C’est désor­mais chose faite, avec le concours de Yves « yusynth » Usson, présent sur les projets Brute depuis l’ori­gine, et Frédé­ric « marzac­dev » Meslin, ex-déve­lop­peur de Waldorf et fonda­teur de Fred’s Lab. Résul­tat, deux modèles de Mini­Brute 2 : un synthé-clavier et un module synthé-séquen­ceur. Nous testons ici le clavier…

Mini augmenté

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Le Mini­Brute était un synthé très compact, à peine plus large que son clavier 2 octaves. Avec davan­tage de commandes, le Mini­Brute 2 est plus grand : les molettes sont main­te­nant placées à gauche du clavier. Celui-ci reste tout petit, avec 2 octaves de taille stan­dard, ce qui suffit pour éditer un son ou trans­po­ser une séquence, mais pas pour jouer des solos virtuoses, même avec les deux touches de trans­po­si­tion d’oc­tave. Le panneau est couvert de commandes. La partie supé­rieure comprend deux rangées réser­vées à la synthèse : 2 LFO, 2 VCO (avec ondes mixables pour le VCO1), 1 VCF, 1 VCA, 2 enve­loppes ; impos­sible de manquer la baie de bras­sage à 48 points (jacks 3,5 mm), permet­tant de patcher diffé­rents modules de synthèse (nous y revien­drons en détail). Au-dessus du clavier, on trouve les commandes de routage de la modu­la­tion, du séquen­ceur / arpé­gia­teur (choix des motifs, tempo, trans­port) et de la synchro (interne, USB, MIDI, horloge analo­gique).

Une touche Shift permet d’ap­pe­ler des fonc­tions secon­daires, la plupart via le clavier (Gate et Swing du séquen­ceur, choix de redé­clen­che­ment des enve­loppes en jeu legato, Reset du cycle du LFO1, Reset du cycle du LFO2). Au total, 22 poten­tio­mètres rota­tifs, 5 sélec­teurs rota­tifs, 12 curseurs linéaires, 9 sélec­teurs simples et 8 pous­soirs (certains lumi­neux) attendent nos ordres…

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Mise à part la baie de bras­sage, la connec­tique est située à l’ar­rière : sortie audio mono et sortie casque (jacks 6,35), MIDI In/Out (commu­table en Thru), USB, connec­teur pour bloc d’ali­men­ta­tion (hélas externe) et inter­rup­teur secteur.

Un mot sur la qualité de construc­tion : la carcasse est faite de plas­tique (dessus) et métal (dessous) bien solide, alors que les flancs sont en imita­tion bois. Les poten­tio­mètres sont bien ancrés et offrent une bonne résis­tance. Côté curseurs linéaires, la résis­tance est agréable mais les capu­chons pas toujours d’équerre, ce qui ne gêne en rien l’uti­li­sa­tion. Le clavier semi-lesté, sensible à la vélo­cité et à la pres­sion (toutes deux pré-assi­gnées et ré-assi­gnables), est de meilleure qualité que celui du Mini­Brute (pas diffi­cile) ; en fait, il semble de même facture que celui du Matrix­Brute, avec une bonne réponse dyna­mique, mais une tendance à se défor­mer un peu en bout de touches blanches car le plas­tique est fin. Enfin, la connec­tique de la baie de bras­sage est parfai­te­ment sertie.

Semi-modu­laire

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Le Mini­Brute 2 est un synthé analo­gique semi-modu­laire mono­dique sans mémoires de programmes. La machine est donc livrée avec un carnet de patches (« livre de cuisine ») pour ne pas partir de zéro et s’éduquer à la synthèse modu­laire. Il n’est toute­fois pas néces­saire d’uti­li­ser la baie de bras­sage pour en sortir un son, puisque les modules internes sont précâ­blés (mais ce serait bien dommage !). Analo­gique oblige, il faut une dizaine de minutes à la machine pour se stabi­li­ser en tempé­ra­ture (sonner juste). La prise en main est immé­diate, toutes les commandes et les points de câblage étant situés en façade, pour une ergo­no­mie une fonc­tion / un bouton (à quelques excep­tions mineures près). Nous appré­cions toujours autant la puis­sance du VCO, avec accès à toutes les formes d’onde et modi­fi­ca­tion du contenu harmo­nique de celles-ci ; pous­ser le niveau des ondes apporte une satu­ra­tion natu­relle à partir de 60% envi­ron de la course. Nouveauté, un second VCO a fait son appa­ri­tion, ce qui donne plus de corps au son et permet des inter­mo­du­la­tions qui manquaient au Mini­Brute ; résul­tats, une poly­va­lence sonore beau­coup plus grande.

Le carac­tère brut saute tout de suite aux oreilles : filtre multi­mode Stei­ner toujours aussi origi­nal, Brute Factor bien destroy, enve­loppes qui claquent dont une qui offre diffé­rents modes de déclen­che­ment et bouclage, 2 LFO qui peuvent oscil­ler dans l’au­dio… Sans oublier la modu­la­rité qui permet de créer des sons très évolu­tifs que ne pouvait pas faire le premier Mini­Brute. On appré­cie au passage la section arpé­gia­teur/séquen­ceur qui s’est égale­ment bien musclée. Bref, des progrès sonores et tech­niques très appré­ciables ! Au niveau grain, le bas du spectre est bien plus présent que sur le Mini­Brute origi­nel ; rensei­gne­ments pris auprès des concep­teurs, le feed­back du filtre a été revu pour amélio­rer la réponse dans les basses ; de même, le métal­li­seur est plus progres­sif et moins agres­sif. Il en résulte un rendu sonore beau­coup plus chaud et plus rond. Nous l’avons aussi trouvé plus défini, avec un meilleur impact. Brut mais pas brutal !

Mini­Bru­te2 1audio 01 Saws
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  • Mini­Bru­te2 1audio 01 Saws 01:07
  • Mini­Bru­te2 1audio 02 Pulses 01:04
  • Mini­Bru­te2 1audio 03 Metal 00:52
  • Mini­Bru­te2 1audio 04 Bass 00:28
  • Mini­Bru­te2 1audio 05 Hipass 00:19
  • Mini­Bru­te2 1audio 06 Han 00:29
  • Mini­Bru­te2 1audio 07 Sync­Brute 00:47
  • Mini­Bru­te2 1audio 08 Selfrez Kicks 00:34
  • Mini­Bru­te2 1audio 09 Selfrez Snares 00:33
  • Mini­Bru­te2 1audio 10 Hihats Mod 00:35
  • Mini­Bru­te2 1audio 11 FM Tam 00:58
  • Mini­Bru­te2 1audio 12 FM Drone 00:28

VCO revi­si­tés

Le Mini­Brute ne dispo­sait que d’un VCO et son Sub-VCO. Le Mini­Brute 2 a remis cette section au goût du jour, avec cette fois 2 VCO complets, dont l’élec­tro­nique a été en partie revue. Le VCO1 est le plus puis­sant, puisqu’il dispose de plusieurs formes d’ondes indé­pen­dam­ment mixables et modi­fiables : dent de scie, carrée et triangle. Comme sur le premier Mini­Brute, on peut modi­fier le contenu harmo­nique de chaque onde : chan­ger la dent de scie en Ultra­saw (ajout de deux dents de scie dépha­sées, l’une de 1 Hz, l’autre entre 0,1 et 100 Hz) ; modu­ler la largeur d’im­pul­sion de l’onde carrée (50 à 90%) ; métal­li­ser l’onde triangle par replie­ment de spectre (créa­tion de sons métal­liques) ; le métal­li­seur a d’ailleurs été revu pour être plus progres­sif (donc plus maîtri­sable et musi­cal). De base, on peut modu­ler l’Ul­tra­saw par le LFO2, la largeur d’im­pul­sion par le LFO1 et le métal­li­seur par la vélo­cité. Le VCO1 peut être accordé fine­ment et être affecté par un Glide à temps variable.

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Le VCO2 est de concep­tion iden­tique au VCO1, même s’il ne dispose pas de toutes les formes d’ondes simul­ta­nées et modu­lables. On peut choi­sir entre les ondes dent de scie, carrée et sinus (cette dernière le prédis­pose tout parti­cu­liè­re­ment à la FM, voir ci-après). On peut l’ac­cor­der selon trois plages de réglage : fin (désac­cor­dage sur plus ou moins une octave envi­ron), All (accor­dage sur toute la plage de fréquences du Mini­Brute 2) ou LFO (modu­la­tion de 1Hz jusqu’à l’au­dio). Créer un Detune précis est parfois complexe, même en réglage fin.

Le VCO2 dispose de son propre curseur de volume ; il suit par défaut le pitch du VCO1, mais il peut aussi inter­agir avec lui : synchro­ni­sa­tion (via la baie de bras­sage), FM expo­nen­tielle (par défaut) et FM linéaire (aussi via la baie de bras­sage). Cela confère au Mini­Brute 2 un terri­toire sonore bien plus étendu que son ancêtre, indu­bi­ta­ble­ment. Enfin, on trouve un curseur pour doser le géné­ra­teur de bruit blanc et un autre pour doser l’en­trée audio. Pous­ser les volumes crée de la satu­ra­tion en entrée de filtre, moins agres­sive que sur le Mini­Brute, si nos souve­nirs sont bons…

VCF multi­mode

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Le filtre du Mini­Brute 2 reprend l’ar­chi­tec­ture de son ancêtre. Il a été conçu à la base sur le filtre multi­mode réso­nant 2 pôles de Stei­ner Parker, fonc­tion­nant en modes passe-bas, passe-bande, passe-haut et réjec­tion de bande. Les niveaux d’en­trée ont été adap­tés pour encais­ser la section VCO musclée sans satu­rer trop vite. La plage de fréquences est très éten­due (20 Hz à 18 kHz). L’auto-oscil­la­tion a été modi­fiée par rapport au premier Mini­Brute, pour une moindre agres­si­vité ; elle inter­agit avec le Brute Factor (voir ci-après). On appré­cie la variété de timbres obte­nus et l’ab­sence de perte de niveau quand on pousse la réso­nance. La fréquence de coupure est pré-assi­gnée à l’en­ve­loppe ADSR (modu­la­tion bipo­laire) et la modu­la­tion 1, alors que la réso­nance est pré-assi­gnée au LFO1 (modu­la­tion bipo­laire égale­ment). Sur le Mini­Brute, la fréquence de coupure était modu­lable par le suivi de clavier, qui plus est de 0 à 200% ; ce n’est plus le cas ici, en tout cas pas direc­te­ment (il faut passer par la baie de bras­sage, ce qui crée des dilemmes gênants).

En sortie de chaîne, on trouve un VCA avec enve­loppe AD et vélo­cité pré-assi­gnées. C’est là qu’in­ter­vient le Brute Factor, une boucle de feed­back entre la sortie du VCA et l’en­trée du filtre inspi­rée du Mini­moog, permet­tant de créer des satu­ra­tions – pas toujours maîtri­sables – qui gonflent le son ; comme dit précé­dem­ment, le feed­back a été revu par rapport au premier Mini­Brute, pour géné­rer plus de basses (et au passage moins d’agres­si­vité). La compen­sa­tion auto­ma­tique de niveau est toujours inté­grée au circuit (atté­nua­tion en sortie quand on pousse la modu­la­tion), ce qui permet d’éco­no­mi­ser un réglage. Le VCA a aussi été revu, puisqu’il est main­te­nant basé sur des OTA plutôt que des compo­sants entiè­re­ment discrets, pour obte­nir un meilleur rapport signal/bruit. Le volume final possède un poten­tio­mètre dédié, mais on perd au passage le réglage séparé sur la sortie casque… pas bien grave !

Modu­la­tions préca­blées

Le pitch­bend peut agir de 1 à 12 demi-tons. La molette et la pres­sion sont pré-assi­gnables au vibrato (via le LFO1) et à la coupure du filtre, alors que la vélo­cité est pré-assi­gnée au méta­li­seur et au volume.

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Le Mini­Brute 2 offre 2 LFO numé­riques à 6 formes d’onde (sinus, triangle, dent de scie, carrée, S&H, aléa­toire lisse) ; ils sont capables d’os­cil­ler entre 0,06 Hz (très lent) à 100 Hz (audio) ou de se synchro­ni­ser au séquen­ceur suivant diffé­rentes divi­sions tempo­relles (de 1/32 à 8x le tempo) ; leur cycle peut être libre ou redé­clen­ché à chaque note. Dommage qu’il manque un réglage de fondu. Par défaut, le LFO1 peut modu­ler la PWM et la réso­nance du VCF, alors que le LFO2 est pré-assi­gné à la quan­tité de l’Ul­tra Saw.

Passons aux 2 enve­loppes, cette fois pure­ment analo­giques. La première est de type ADSR (pré-assi­gnée au VCF), la seconde de type AD (pré-assi­gnée au VCA). Cette dernière propose diffé­rents modes de déclen­che­ment et de bouclage : on peut ainsi créer une enve­loppe AD ou AR, jouée en coup unique ou bouclée ; très inté­res­sant ! Les temps de l’en­ve­loppe ADSR sont compris entre 0,5 ms et 4 secondes, ce qui en fait une enve­loppe très rapide (on perd toute­fois ici les modes rapides et lents des deux enve­loppes ADSR du Mini­Brute). Quant aux temps de l’en­ve­loppe AD, ils vont de 1 ms à 10 secondes.

Séquences ou arpèges

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Le Mini­Brute 2 est enfin doté d’un séquen­ceur / arpé­gia­teur. Le séquen­ceur permet d’en­re­gis­trer 8 motifs de 64 pas maxi­mum. L’en­re­gis­tre­ment se fait en pas à pas ou temps réel. On entre les notes avec leur vélo­cité, on les allonge, on crée des liai­sons ou on ajoute des silences. Par contre, la nature analo­gique des commandes empêche la mémo­ri­sa­tion de tout CC. En matière d’édi­tion, on peut écra­ser des notes, ajou­ter des notes en fin de séquence ou suppri­mer le dernier pas entré… Les séquences peuvent être trans­po­sées au clavier (interne ou externe) en temps réel.

L’ar­pé­gia­teur offre 8 motifs : haut, bas, alterné, alterné avec répé­ti­tion des extrêmes, aléa­toire, suivant ordre joué, haut à double répé­ti­tion, bas à double répé­ti­tion. On trouve aussi un mode Hold, mais pas de fonc­tion d’éten­due auto­ma­tique sur plusieurs octaves. On peut régler le tempo (divi­sion tempo­relle en cas de synchro­ni­sa­tion à l’hor­loge globale / externe) au poten­tio­mètre ou avec la touche Tap. On peut aussi choi­sir un facteur de Swing et une durée de note (Shift + clavier). Les notes arpé­gées ou séquen­cées sont trans­mises en MIDI/USB, excel­lente nouvelle.

Baie de bras­sage

La plupart des synthés analo­giques actuels sont précâ­blés, c’est-à-dire que le signal et les modu­la­tions suivent un schéma prédé­fini par les concep­teurs. On peut égale­ment trou­ver des matrices de modu­la­tion, qui permettent d’as­si­gner des sources à des modu­la­tions non prévues à l’ori­gine, avec une quan­tité de modu­la­tion ajus­table. Ceci est en partie permis par l’uti­li­sa­tion de tech­no­lo­gies numé­riques pour les modu­la­tions, car l’élec­tro­nique analo­gique est beau­coup plus complexe à mettre en œuvre. En effet, il faut une connexion physique entre la source et la desti­na­tion (un patch sur les synthés pure­ment modu­laires) et si on veut modu­ler la desti­na­tion, un VCA avec un atté­nua­teur. Sans oublier des somma­teurs et des multi­pli­ca­teurs quand on veut modu­ler une desti­na­tion par plusieurs sources ou qu’une source module plusieurs desti­na­tions. Cela explique que certains murs de studio ou de salon voient chaque année pous­ser les modules un peu plus haut jusqu’à en être tota­le­ment recou­verts (ce qui permet de masquer un papier peint qui date du premier modu­le…)

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Si le Mini­Brute était un synthé câblé avec quelques entrées CV, le Micro­Brute a ouvert la porte à la modu­la­rité pure­ment analo­gique. Le Mini­Brute 2 va beau­coup plus loin, avec pas moins de 48 points de patch au format jack 3,5 mm (8 cordons sont four­nis pour les relier). Un point peut être une entrée ou une sortie (dans ce dernier cas, la séri­gra­phie est sur fond blanc).  Certains points sont précâ­blés, comme par exemple le LFO1 sur la PWM1 ou le VCO2 sur la FM du VCO1 (les sources sont séri­gra­phiées en bleu et entre paren­thèses au-dessus des jacks). Y insé­rer un câble remplace la source par le signal passant par ce câble. On peut ainsi relier la sortie de l’en­ve­loppe ADSR au pitch du VCO1. Dans ce cas, le clavier ne pilo­tera plus le pitch. On voit tout de suite la puis­sance du système, mais aussi les limites : un seul choix par point, faute de modules multi­pli­ca­teurs ou somma­teurs (à une excep­tion près, cf. ci-après) ; du coup, il faut bidouiller des cordons multiples, en appré­ciant au passage le soin avec lequel Artu­ria a protégé les entrées/sorties (surten­sions, sous-tensions, courts-circuits, mauvais bran­che­ments…) ; autre contrainte, il n’y a pas de mémoire pour les câblages, donc il faut un bon cerveau, un carnet de patches (comme celui livré avec le Mini­Brute 2) ou un truc pratique pour prendre les photos.

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Listons quelques points de patch notables (arran­gés par module dans la baie) : parmi les sorties, toutes les formes d’onde du VCO1 et celle sélec­tion­née pour le VCO2 ; égale­ment les modu­la­tions des enve­loppes et LFO ; sans oublier les données MIDI (note clavier, Gate, vélo­cité, pres­sion). Parmi les entrées, le pitch du VCO1, la modu­la­tion de chaque onde du VCO1, la FM expo­nen­tielle du VCO1, la FM linéaire du VCO1 (bien vue celle-là !), la synchro du VCO1 ; mais aussi la fréquence et la réso­nance du filtre, le volume du VCA (2 entrées), les segments AD de l’en­ve­loppe éponyme, l’hor­loge et le retour à zéro du séquen­ceur. Notons la présence d’un inver­seur de modu­la­tion, d’un somma­teur (2 entrées / 1 sortie avec entrée CV de modu­la­tion) et deux atté­nua­teurs (asser­vis à deux poten­tio­mètres en façade). De quoi chan­ger radi­ca­le­ment l’or­ga­ni­sa­tion de la machine ou l’in­té­grer dans un écosys­tème modu­laire analo­gique.

C’est d’ailleurs tout le propos des Rack­Brute, éléments 3U et 6U se fixant à la machine pour accueillir des modules Euro­rack, avec bloc externe et rail d’ali­men­ta­tion +12V/-12V/+5V et posi­tion ergo­no­mique de travail (cf. photo). Leur design est réussi et leur qualité de construc­tion très correcte, excep­tés les petits pas de vis du tube stabi­li­sa­teur trans­ver­sal qui nous ont parfois posé problème. Une fois en place, tout est correc­te­ment sécu­risé. Au passage, atten­tion à ne pas monter direc­te­ment les rondelles Grower sur les axes, sous peine de ne plus pouvoir extraire les papillons laté­raux en plas­tique une fois vissés !

Logi­ciel incon­tour­nable

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Artu­ria a pris l’ha­bi­tude de dépor­ter l’édi­tion des para­mètres globaux de ses synthés analo­giques vers un logi­ciel (MIDI Control Center, tour­nant a minima sous Windows 8 / OS 10.10). Le Mini­Brute 2 ne déroge pas à la règle, ce qui le prive d’une réelle auto­no­mie, d’au­tant que la confi­gu­ra­tion n’est pas triviale et comporte quelques restric­tions d’usage liées aux pilotes. Les réglages concernent les canaux MIDI (clavier, contrô­leurs physiques, séquen­ceur), la fonc­tion MIDI Out/Thru, la réponse du clavier (vélo­cité, pres­sion), le déclen­che­ment des LFO, la prio­rité de note, les para­mètres du séquen­ceur, la réso­lu­tion d’hor­loge, les dumps des séquen­ces…

Nous avons trouvé cette partie complète, parfois un peu trop (par exemple, canaux MIDI sépa­rés pour chaque contrô­leur physique et pour la trans­po­si­tion des séquences, CC pour chaque commande de trans­port…) ; en fait, nous aurions préféré un accès aux fonc­tions essen­tielles via la touche Shift + clavier, quitte à revoir l’er­go­no­mie des réglages exis­tants (par exemple, choix des para­mètres avec certaines touches et incré­men­ta­tion / décré­men­ta­tion avec deux touches fixes…). 

Conclu­sion

Le Mini­Brute symbo­li­sait une nouvelle offre de synthés analo­giques origi­naux et abor­dables. La concur­rence s’est depuis engouf­frée dans la brèche et est aujour­d’hui très affû­tée. Artu­ria a revi­sité le concept, conser­vant ce qui avait fait la force de la machine et appor­tant un lot de fonc­tion­na­li­tés parti­cu­liè­re­ment inté­res­santes : des VCO plus musclés, un filtre plus rond, une approche semi-modu­laire et un séquen­ceur à pas / arpé­gia­teur pour faire bouger le tout. Du coup, on conserve en partie l’iden­tité sonore spéci­fique à la série Brute, tout en étant capable d’ex­plo­rer des terri­toires sonores plus vastes que l’an­cêtre ; on est clai­re­ment dans une qualité sonore supé­rieure, avec plus de poids, plus de basses, plus de puis­sance et une meilleure défi­ni­tion. Il reste toute­fois des choix de concep­tion qui pour­ront rebu­ter certains : clavier limité à deux octaves, absence de mémoires et logi­ciel incon­tour­nable pour confi­gu­rer la machine. Le Mini­moog était la traduc­tion compacte des gros systèmes modu­laires, le Mini­Brute 2 se pose comme point d’en­trée d’un écosys­tème modu­laire compact. Le meilleur des deux mondes !

Tarif public moyen : 613 €

Télé­char­gez les extraits sonores (format FLAC)

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Notre avis : 8/10

  • Gros son pur analo
  • Basses puissantes
  • Variété de timbres
  • Deux vrais VCO
  • Interactions des VCO
  • Formes d’ondes mixables
  • Filtre multimode peu courant
  • Entrée audio vers le filtre
  • Deux vrais LFO
  • Enveloppe AD originale
  • Arpégiateur/séquenceur intégré
  • Semi-modularité à 48 points
  • Connectique variée
  • Prise en main aisée
  • Livret de patches fourni
  • Construction solide
  • Clavier limité à deux octaves
  • Pas de transposition directe par demi-ton
  • Un seul module sommateur
  • Pas de modules multiples ni mixeurs
  • Logiciel incontournable pour les réglages globaux
  • Absence de mémoires gênante pour certaines utilisations

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