Moog Music fait évoluer sa gamme de synthés vers les extrêmes. Au menu du jour, le Grandmother, un synthé mono semi-modulaire analogique pur, au tarif abordable et au caractère bien trempé. Allez, on pousse mémé…
Depuis le Voyager sorti en 2002, Moog Music est devenue une belle entreprise désormais détenue par ses employés, Mike Adams, le président refondateur aux côtés de Bob Moog, ayant cédé une partie de ses parts à son personnel. Le Little Phatty sorti en 2006 fut le dernier synthé auquel Bob aura contribué. Il s’en est suivi la Taurus 3 en 2010, puis la série Sub Phatty / 37 / Sequent. Sans oublier les Voyager Old School / XL, la Minitaur et toute une série de pédales analogiques. On attendait avec impatience un gros polyphonique, les rumeurs devenaient de plus en plus pressantes, mais Moog Music nous a une première fois surpris en 2016 avec une réédition limitée du Model D en série limitée. Alors qu’on pensait que The One était prêt à sortir ses 48 VCO, c’est finalement un petit synthé mono analogique tout bariolé qui a fait son apparition au Moogfest 2018. Aussi surprenant que le look 70’s improbable et le nom décalé : Grandmother. On aurait pu penser à une blague de potache ou aux conséquences d’un nuage de substances hallucinogènes tombé sur Asheville ; pas du tout, le Grandmother est là, bien là, debout sur ses deux VCO, agitant ses deux VCF et criant de tout son VCA pour nous botter les oreilles. Et quel coup de savate !
Bon pied…
Le Grandmother est un synthé bariolé, dont le look ne laisse pas indifférent. On aime ou on déteste, mais le patchwork de couleurs pastel permet de repérer rapidement les différents modules : arpégiateur/séquenceur en jaune, modulation en noir, VCO en bleu, mélangeur en noir, utilitaires en noir, VCF en vert, enveloppe en noir, VCA en noir et réverbe à ressorts en rose. Tout ce qui constitue un son est immédiatement accessible grâce à 20 potentiomètres, 5 sélecteurs rotatifs, 1 grand curseur linéaire, 5 interrupteurs à bascule et 4 boutons-poussoirs ; seuls les paramètres système se règlent avec des combinaisons de touches (nous en reparlerons). Chaque section est modularisée avec des jacks 3,5 mm et des cordons de brassage (6 sont fournis en 3 tailles), nous reviendrons en détail plus tard.
Le synthé est robuste, grâce à une carcasse en métal et des flancs en plastique épais ; il est aussi trapu (55 × 36 × 14 cm) que dense (7 kg). Le profil rappelle indéniablement les Rogue / Realistic MG-1 ; on verra que le son est aussi dans la même trempe. La qualité des commandes est excellente, avec des potentiomètres vissés parfaitement ancrés, offrant une résistance idéale (le potentiomètre bipolaire à cran central du contour d’enveloppe sur le filtre a une résistance plus légère que les autres, tout comme le grand curseur vertical de maintien). Les 5 sélecteurs métalliques à bascule semblent pour leur part de moindre qualité et solidité. Les 4 boutons carrés rétroéclairés (synchro de VCO et 3 sélecteurs d’octave / séquences / arpèges) sont en revanche très agréables. Chose amusante, la diode de tempo du séquenceur est rouge vermillon et passe au vert quand elle reçoit une horloge MIDI, alors que celle de la fréquence du LFO est rouge carmin.
Bon œil !
Comme le Rogue et le MG-1, le Grandmother est équipé d’un clavier Fatar 32 touches type TP/9 très agréable, avec une fermeté équilibrée et un retour franc. Il est sensible à la vélocité, que l’on peut router en CV ou en MIDI. Dommage que l’on soit limité à ce format compact, on aurait préféré 3 octaves entières.
On peut transposer le clavier sur plus ou moins 2 octaves au moyen des 3 boutons colorés déjà décrits ; il faut hélas maintenir le bouton central (bleu) et utiliser les boutons bas (jaune) et haut (vert), ce qui est casse-gueule à l’usage puisque ces commandes ont d’autres fonctions, notamment lancer les séquences, maintenir les arpèges ou taper le tempo. Juste à gauche, un potentiomètre permet de régler le temps de Glide et d’activer / désactiver le mode Legato en combinaison avec le bouton bleu. Les molettes, quant à elles, sont fines et ont toutes leurs dents, comme sur les synthés Moog d’antan ; la molette de pitch bend comporte un ressort de rappel au centre, avec une résistance bien calibrée.
Le panneau arrière comprend une connectique un peu plus élaborée que ce que l’on trouve habituellement sur ce genre de machine : MIDI (In/Out/Thru DIN et USB, avec LED d’activité pour l’entrée MIDI), 4 jacks 3,5 mm pour la partie arpégiateur / séquenceur (entrée horloge, entrée activation/arrêt, entrée Reset et sortie horloge), 2 jacks audio 3,5 mm (sortie globale audio et sortie directe réverbe au standard Eurorack –5/+5V), 2 jacks 6,35 mm (sortie principale ligne/casque mono et entrée audio vers le filtre) et petit potentiomètre d’accordage global. Sans oublier l’interrupteur secteur et la borne pour alimentation externe 12V DC / 2A ; elle est de type bloc au centre, avec côté secteur un cordon IEC 3 broches amovible et côté synthé une fiche bas de gamme pas sécurisée contre l’arrachage, pas top ; les ancêtres Moog avaient une alimentation interne, même ceux positionnés grand public ! Les entrailles du Grandmother révèlent une électronique moderne, majoritairement à base de CMS, hormis quelques capa cruciales et autres ajustables multitours. Les amateurs de spéléo électronique pourront débuter cette vidéo à 1’33 :
Pas gâteuse
Une fois allumé, le Grandmother est prêt à l’emploi. Pas besoin d’attendre que mémé chauffe ses muscles, elle part du premier coup. Et quel coup de reins, pas gâteuse la mémé ! Commençons par une petite explication de texte avant d’entrer dans l’écoute des sons. Il s’agit d’un synthé intégralement analogique, monodique et semi-modulaire. Intégralement analogique, car tous les modules sonores (VCO, VCF, bruit, VCA) et les modulations (LFO, enveloppes, atténuateur) sont analogiques. Deux conséquences majeures : la première, c’est que les commandes sont en prise directe (leur position reflète les valeurs physiques réelles, il n’y pas de saut ou de seuil de déclenchement) et que la réponse des potentiomètres est véritablement continue (pas de quantification) ; la deuxième, c’est qu’il n’y a pas de mémoire de sons ou de possibilité de piloter les modules en CC MIDI, hormis ce qui concerne le pitch des VCO (nous y reviendrons). Heureusement, le mode d’emploi est très pédagogique et intègre un livret de sons à l’ancienne, pour bien débuter.
La seule partie numérique concerne le MIDI (numéro de note avec vélocité, pitch bend, molette de modulation et les arpèges/séquences). Concernant le côté semi-modulaire, cela signifie que la machine est précâblée en interne (les modules sont déjà connectés dans un ordre prédéfini), ce qui permet d’en utiliser 90% sans câbler quoi que ce soit ; si on veut connecter les modules différemment ou interconnecter le synthé avec un système modulaire externe, il suffit d’utiliser des cordons de patch dans les entrées et sorties prévues à cet effet. Ceci a pour conséquence de prendre le pas sur le précâblage interne (voir plus loin).
Mamie gâteau
Passons maintenant aux tests sonores. Pour commencer, deux VCO en dent de scie désaccordés à 16’, un peu de filtrage sans résonance, un Decay court sur le filtre, un Sustain bas et paf, la première grosse tarte dans la tronche : les VCO grondent, le VCF enrichit, l’enveloppe claque, le VCA envoie du bois. On filtre un peu plus, on met de la résonance, la mamie nous emporte 40 ans en arrière, dans sa jeunesse glorieuse. On se retrouve deux octaves plus haut, une attaque un peu plus lente sur le VCF, pour un son flûté typique Moog d’époque. On comprend tout de suite le choix des couleurs et du nom. Conquis en quelques tours de boutons…
Mais le Grandmother a plus d’un tour dans son sac à main. On attrape deux cordons de patch et on commence par relier la sortie vélocité clavier à l’atténuateur, puis la sortie atténuateur à l’entrée CV du VCF ; ça y est, la vélocité pilote l’ouverture du filtre suivant l’intensité réglée dans l’atténuateur. On attrape quelques cordons de plus et on connecte la sortie CV clavier à la vitesse du LFO, puis la sortie du LFO à l’entrée noise ; le bruit est coupé, on monte les niveaux des 2 VCO et du bruit, on règle le LFO sur dent de scie et on ajuste sa fréquence (avec un peu de dextérité) pour atteindre l’octave supérieure ou inférieure ; on obtient alors un énorme son à 3 VCO pour faire trembler la pièce, le LFO devenu VCO suivant parfaitement la valse…
On reprend nos cordons pour connecter maintenant la sortie d’enveloppe et du LFO sur le multiple, le résultat vers l’atténuateur, puis la sortie d’atténuateur vers le pitch du VCO2. Synchro engagée, VCO2 réglé une octave au-dessus du VCO1, atténuateur à 3 heures, Decay sur l’enveloppe, Sustain tout en bas, un poil de contour positif de filtre… et re-paf, la grosse synchro qui décolle le papier peint ! On poursuit ce voyage temporel avec des voix humaines, des percussions, des gouttes de pluie aléatoires, le bruit de café moulu qui passe dans la vieille cafetière en alu… les odeurs du passé se mêlent aux sons… vite, un petit BN pour tremper dans le café. Notre madeleine de Proust à peine digérée, nous allumons notre vénérable Realistic MG-1, version grand public du Rogue conçu en 1981 par Moog pour RadioShack (distributeur US de produits hifi). Notons que notre MG-1 a été modifié pour descendre d’une octave supplémentaire et que son VCA a été boosté avec des composants pro. Le son est quasi identique, des graves aux aigus, avec un comportement de filtre très proche. Bref, le Grandmother offre ce son Moog vintage, avec une étendue sonore bien plus vaste qu’un Model D grâce à sa modularité…
- Grandmother_1audio 01 Bass 100:37
- Grandmother_1audio 02 Bass 200:33
- Grandmother_1audio 03 Tri Saw00:18
- Grandmother_1audio 04 Sync 100:34
- Grandmother_1audio 05 Sync 200:24
- Grandmother_1audio 06 Soft Lead00:17
- Grandmother_1audio 07 Sequenced00:59
- Grandmother_1audio 08 Solo Voice00:38
- Grandmother_1audio 09 Lin FM00:28
- Grandmother_1audio 10 Noise Audiomod01:05
- Grandmother_1audio 11 Noise Perc00:17
- Grandmother_1audio 12 Random Self00:33
Sonotone branché
Les sources sonores du Grandmother sont constituées de deux VCO classiques, un générateur de bruit blanc analogique et une entrée audio. Les VCO fonctionnent sur une plage de 8 octaves, en combinant le réglage de pied (respectivement 32–16–8–4’ et 16–8–4–2’) et la transposition par octave. On peut pour chacun choisir la forme d’onde : triangle, dent de scie, carré à largeur variable, impulsion 25% à largeur variable. Le LFO est précâblé pour moduler le pitch et les largeurs d’impulsion des 2 VCO simultanément. Le VCO2 dispose d’un réglage fin de fréquence sur plus ou moins 7 demi-tons et peut être synchronisé par le VCO1 (Hard Sync) ; la plage de fréquences disponible est alors étendue. Le VCO1 dispose d’une entrée modulaire pour piloter la largeur des ondes à impulsion, tandis que le VCO2 offre une entrée modulaire FM linéaire, pour créer des sons métalliques de type cloches. Le volume des VCO et du bruit blanc sont finement dosables, puis mélangés avec l’entrée audio, qui hélas ne possède pas de réglage de volume. Pousser le niveau des VCO et du bruit crée une saturation naturelle asymétrique très agréable. La sortie du mélangeur est précâblée vers le VCF.
Ce dernier est un classique filtre Moog passe-bas 4 pôles résonant en échelle de transistors. Sa fréquence varie sur une large plage de 10 Hz à 20 kHz, on ne pourra pas lui reprocher d’ouvrir trop tard ou fermer trop tôt ! Au-delà d’une certaine valeur de résonance, le filtre entre en auto-oscillation, produisant une onde sinus d’abord pure, puis saturée. On peut donc en jouer comme une source sonore additionnelle en réglant correctement la coupure et le suivi de clavier. La fréquence de coupure est directement modulable par l’enveloppe (modulation bipolaire), le LFO et le suivi de clavier (0–50–100%). Dommage que la résonance ne dispose pas d’entrée de modulation.
On arrive ensuite au VCA, qui offre un bouton de volume global et trois modes de modulation : enveloppe, relâchement clavier ou drone. Le mode relâchement clavier est une version améliorée d’un simple Gate : cela permet de conserver le volume plein pot jusqu’au relâchement de note (comme un Gate), mais de conserver ensuite le temps de Release (là où un Gate couperait le son tout net, rendant le segment de Release inutile) ; bravo pour cette excellente idée ! Le mode drone laisse le VCA ouvert, ce qui peut être utile pour les sons de drone (on s’en doutait) ou pour traiter un signal audio externe par le filtre sans avoir besoin d’ouvrir l’enveloppe.
En sortie de VCA, on trouve une véritable réverbe à ressorts 6’’, histoire d’accentuer le côté vintage du signal. Sans être exceptionnelle, elle fait le job, pour peu que l’on règle le rapport mouillé/sec du signal avec finesse, grâce au potentiomètre dédié. C’est d’ailleurs le seul réglage possible. On peut aussi, rappelons-le, sortir seul le signal réverbéré ou entrer un signal externe dans la chambre de réverbération. Un effet bien singulier, qui a ses fans et ses détracteurs. Nous l’avons trouvé utile sur certaines percussions, voix, effets spéciaux et lead flûtés.
Tremblote assurée
Les modulations du Grandmother sont précâblées, mais elles peuvent aussi être connectées à des destinations via des cordons de brassage (voir ci-après). On commence par le module appelé Modulation, composé d’un LFO avec générateur de S&H. Purement analogique, il offre un réglage de vitesse de 0,07 Hz à 1,3 kHz, autrement dit, dans l’audio ; lorsqu’on module sa vitesse par le suivi de clavier, on peut encore pousser cette plage ; du coup, en connectant la sortie forme d’onde du LFO au mixeur, on le transforme en VCO additionnel. Sa vitesse et son cycle peuvent être asservis à une horloge externe via la baie de brassage. Il offre les ondes sinus, dent de scie, rampe, carrée, ainsi qu’un générateur S&H tiré du générateur de bruit. On peut doser son action sur le pitch, la coupure du filtre et la largeur des ondes impulsion des VCO. Son action est pilotée par la molette de modulation.
Il n’y a qu’une enveloppe ADSR. Purement analogique, elle claque parfaitement. Elle est par défaut assignée au VCF et assignable au VCA, mais on peut câbler la modulation vers une entrée de son choix pour piloter d’autres composants (comme le pitch du VCO2 en synchro, par exemple). Deux enveloppes, ça aurait été mieux qu’une seule. Heureusement que Moog a doté le VCA du génial mode relâchement clavier ! Petit reproche, l’enveloppe est uniquement déclenchée lorsque les notes sont détachées, on aurait aimé une option de redéclenchement avec notes liées ; c’est techniquement possible par mise à jour d’OS, souhaitons que Moog Music nous entende car c’est une demande forte sur le forum dédié de la marque.
Confiture et marmelade
Le Grandmother est équipé d’un arpégiateur et d’un petit séquenceur à pas. Le tempo peut être réglé avec un potentiomètre dédié ou entré via une touche Tap (la verte !). L’arpégiateur offre 3 sens de lecture (ordre joué, ordre joué puis inversé, aléatoire), une plage de 1 à 3 octaves et une fonction de maintien. Il n’y a donc pas de motif haut/bas, alterné, etc. Il faut les faire soi-même en jouant…
Le séquenceur peut quant à lui mémoriser 3 séquences de 256 pas chacune. Elles peuvent être lues en avant, alternativement ou aléatoirement. La hauteur peut être transposée au clavier et la séquence maintenue après le relâchement de touche si on le souhaite. Pour programmer les pas, on passe en mode d’enregistrement avec un petit switch, puis on entre les notes pas par pas ; on peut lier les notes, entrer des silences ou accentuer les pas. Dommage qu’on ne puisse enregistrer la vélocité réelle de jeu. L’édition d’une séquence après coup se fait en temps réel : les notes ou silences entrés à la volée remplacent les pas existants au moment où ils sont joués. Les notes arpégées et séquencées sont transmises via les sorties CV clavier / Gate situées en façade et en MIDI. Voici deux petits modules basiques mais bien dans l’esprit et toujours appréciables…
Maison de retraitement
La grande force du Grandmother est sa semi-modularité. Cela se traduit par 41 points de patch (21 entrées, 16 sorties et un multiple x4) au format jack 3,5 mm et des cordons pour les relier. Cela lui permet de s’intégrer parfaitement dans un univers Eurorack, pour ceux qui veulent mettre le doigt dans l’engrenage en ajoutant des modules petit à petit, puisque les signaux sont normalisés à ce standard. Insérer un cordon dans une entrée coupe le signal précâblé, nous l’avons dit ; idem si on veut prélever le signal d’une sortie.
Listons les points de patch disponibles sur le panneau avant (ceux du panneau arrière ont été décrits en début du test). Pour les arpèges / séquences : sortie Gate, sortie CV clavier, sortie vélocité clavier. Pour la modulation (LFO) : entrée vitesse, entrée synchro de cycle, sortie forme d’onde, sortie S&H (issue du générateur de bruit blanc). Pour les VCO : sorties onde des VCO1 et VCO2, entrées pitch des VCO1 et VCO2, entrée PWM du VCO1 (pour les ondes carrées et impulsion 25%) et entrée FM linéaire du VCO2. Pour le mélangeur : entrées des VCO1, VCO2 et bruit, sortie mix. Pour le VCF, entrée audio, sortie audio, entrée quantité d’enveloppe, entrée vers la fréquence de coupure. Pour l’enveloppe : entrée déclenchement, sortie positive, sortie négative. Pour le VCA : entrée volume, entrée audio, entrée vers la réverbe à ressorts.
Il existe aussi des modules « utilitaires » non précâblés, tels qu’un multiple, un HPF et un atténuateur. Le multiple possède 4 points en parallèle, capable de fonctionner avec des signaux de modulation ou audio en mode 1 entrée vers 3 sorties, ou avec des signaux audio couplés en mode Merger 2 entrées vers 2 sorties. Situé en dessous, le module High Pass est un filtre analogique passe-haut 1 pôle, avec réglage de la fréquence de coupure par un potentiomètre dédié. Il n’est pas précâblé, donc il faut utiliser les cordons de patch pour y injecter un signal, par exemple la sortie mixeur ou la sortie du VCF principal, puis envoyer le signal ainsi filtré vers un autre module, tel que le VCA final. Enfin, le module atténuateur est constitué d’un potentiomètre de dosage bipolaire, d’une entrée et d’une sortie. Son rôle est de régler avec précision la quantité de modulation entre une source et une destination, afin de ne pas envoyer le signal plein pot. Très utile par exemple pour envoyer l’enveloppe vers le pitch d’un VCO. Tiens, on aurait aimé un second module de ce type, tant pis !
Troisième âge
Nous avons vu que le signal et les modulations du Grandmother étaient entièrement analogiques et que tous les paramètres de synthèse étaient accessibles en façade. Il existe toutefois quelques réglages système, auxquels on accède par combinaison de boutons (HOLD+SYNC). Une fois le mode activé, on sélectionne et modifie les paramètres avec les touches du clavier. Les paramètres accessibles dans la version actuelle de l’OS sont limités à une dizaine, dont le canal MIDI, l’entrée horloge, la sortie horloge, la priorité de note (dernière, haute, basse), l’étendue du pitch bend, la division temporelle d’horloge, la plage de tension de la sortie pitch clavier (-5/+5V ou 0/+10V), le mode Local… bref, l’essentiel.
Bien qu’entièrement analogique, le Grandmother est capable de répondre et émettre des CC MIDI pour ce qui touche les fréquences des oscillateurs et les horloges. En entrée, les valeurs sont converties en tension (comme la valeur de note reçue en MIDI ou émise par le clavier interne, également piloté numériquement) et ajoutées aux valeurs des commandes analogiques (potentiomètres, interrupteurs, molettes). En sortie, les valeurs lues sont codées en numérique et envoyées en CC. Cela concerne le pitch bend, la molette de modulation, la vitesse du LFO, le Glide (temps, courbe de réponse, option legato), la fréquence fine du VCO2, l’octave des VCO et la synchro des VCO. C’est également via CC MIDI (et uniquement ainsi, dommage) que l’on peut transposer le clavier par demi-ton. Les commandes continues répondent sur 7 ou 14 bits (128 ou 16384 valeurs, en utilisant 1 ou 2 CC combinés). Sympa !
Force et vigueur
Le Grandmother nous a beaucoup séduits, avec sa signature sonore vintage Moog et sa rapidité de prise en main. Avec le récent Model D, il porte sans conteste l’ADN de ses ancêtres. Mais le Grandmother est plus souple, avec son approche modulaire, son filtre passe-haut, ses arpèges et ses séquences, qui lui permettent de s’intégrer parfaitement dans un gros système analogique. Bien évidemment, il lui manque des mémoires, le clavier est limité, il n’y a qu’un LFO et une enveloppe… Bref, nous garderons un excellent souvenir du Grandmother et le recommandons à tous ceux qui aiment le son Moog d’antan et qui veulent tenter la synthèse modulaire à moindres frais. Après une bonne fondue suisse au bord du lac, l’ami Push-Pull m’avait suggéré de mettre un Granny Award ; je lui en laisse donc la paternité et décerne au Grandmother l’Award AF Valeur Sûre 2019.
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