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Test du Wavestate de Korg - La nouvelle vague

8/10
Award Innovation 2020
2020
Innovation
Award

Présenté au NAMM 2020, le Wavestate intègre la synthèse à séquences d’ondes V2.0 dans un synthé compact, abordable et orienté temps réel. Le bon spot pour les surfeurs ?

Test du Wavestate de Korg : La nouvelle vague

Il y a tout juste 30 ans, Korg présen­tait le Waves­ta­tion, un synthé inno­vant mélan­geant synthèse vecto­rielle et séquences d’ondes. La machine s’ins­pi­rait à la fois des tables d’ondes des PPG Wave et de la synthèse vecto­rielle du Prophet-VS. L’équipe de déve­lop­pe­ment de l’époque comp­tait d’ailleurs dans ses rangs Dave Smith et John Bowen, pour ne citer que les plus célèbres, aux côtés de Dan Phil­lips. Très inno­vant, le Waves­ta­tion produi­sait des textures évolu­tives sans fin assez inédites. Seuls bémols, une Rom de samples limi­tée (2 ou 4 Mo suivant le modèle, toute­fois exten­sible par cartes Rom), une inter­face austère et des filtres non réso­nants. Cela limi­tait à la fois l’in­té­grité capil­laire des program­meurs et la couleur sonore de la machine.

Malgré quelques décli­nai­sons, les stations de travail très en vogue à l’époque ont mené la vie dure à ce synthé aussi origi­nal que spécia­lisé. Il aura fallu attendre l’Oasys puis le Kronos pour que Korg remette de la table et du vecteur dans ses ondes. Le temps a passé et aujour­d’hui, c’est l’ana­lo­gique qui semble domi­ner sur toutes les gammes de prix, jusqu’au jour où tout passera, tout lassera et tout cassera. C’est sans doute ce qu’a pensé Korg en déve­lop­pant le Waves­tate, remet­tant au goût du jour une synthèse alter­na­tive aux sempi­ter­nels VCO-VCF-VCA, qui ont trop repris de four­rure du trou­peau. Et quand on sait qu’une partie de l’équipe de l’époque (dont John Bowen) a colla­boré au déve­lop­pe­ment de la machine avec le dépar­te­ment R&D de Korg US R&D (Dan Phil­lips en tête, cf. inter­view en fin de test), on ne peut que s’at­tendre au meilleur…

Wave esthète

Wavestate_2tof 01.JPGLe Waves­tate est un synthé compact contenu dans une coque en plas­tique évidée et une façade en alu, ce qui lui permet d’af­fi­cher moins de 3 kg sur la bascule. La construc­tion est rela­ti­ve­ment correcte, avec des poten­tio­mètres non vissés en façade offrant une résis­tance agréable et des boutons francs. Le clavier 37 touches de taille stan­dard est sensible à la vélo­cité initiale et de relâ­che­ment, mais pas à la pres­sion, dommage. Sa qualité est moyenne, il est assez bruyant et un peu mou, plus proche d’un Kross que d’un Kronos. Si la grande façade du Waves­ta­tion était dépour­vue de poten­tio­mètres, années 90 oblige, le petit panneau du Waves­tate est en revanche couvert de commandes. On dénombre 23 poten­tio­mètres rota­tifs (modes saut ou rela­tif), 1 enco­deur, 47 boutons rectan­gu­laires, 16 boutons carrés rétroé­clai­rés, 2 molettes et 1 bâton de joie sans ressort sur une surface de 57 × 34 cm. Leur arran­ge­ment sort de la logique LFO – oscil­los – filtre – ampli – enve­loppes. Certaines commandes partagent plusieurs instances de modules (enve­loppes, LFO) et/ou cumulent deux fonc­tions (avec touche SHIFT). Quatre touches directes simpli­fient le choix des couches pour édition/acti­va­tion/coupure. Lorsqu’on coupe une couche, il faut rejouer une note pour la faire repar­tir ; un mode de réac­ti­va­tion sans redé­clen­che­ment serait le bien­venu. La program­ma­tion des séquences d’ondes est faci­li­tée par un accès direct aux diffé­rentes lignes de pas, grâce à 7 touches de lignes de séquence, 16 touches de pas et 8 poten­tio­mètres de modu­la­tion en temps réel (gris clair) ; ces derniers trans­mettent et reçoivent des CC MIDI (en plus des contrô­leurs physiques tradi­tion­nels, joys­tick compris bien sûr), nous y revien­drons.

Wavestate_2tof 17.JPGOn n’échappe toute­fois pas au recours à l’écran OLED mono­chrome graphique 128 × 64 points. La navi­ga­tion est assez simple, par pages menu, via deux touches <>, un enco­deur cranté et la touche ENTER. L’en­co­deur est sensible à la vitesse de rota­tion et peut sauter plusieurs pas en conjonc­tion avec la touche ENTER, bien vu ! La plupart des pages affiche l’en­semble des para­mètres acces­sibles, les recours à l’as­cen­seur sont rares ; le cas échéant, on peut filtrer la liste dérou­lante. D’autres points d’er­go­no­mie sont à mention­ner : l’écran affiche les séquences d’onde et les courbes d’en­ve­loppe en temps réel ; on peut sélec­tion­ner les sons par caté­go­rie et les trier par ordre alpha­bé­tique (A-Z ou Z-A) ; les valeurs sont expri­mées dans leur véri­table unité (dB, demi-tons, secondes, Hz…) ; il existe une touche d’aide contex­tuelle ; on a toujours une Perfor­mance initia­li­sée en tête de liste ; il y a une fonc­tion Compare (aussi acces­sible au moment de sauve­gar­der) ; on trouve aussi une fonc­tion de créa­tion aléa­toire : on peut choi­sir à quel niveau, sur quels para­mètres et avec quelle inten­sité elle agit ; dans le mode utili­taire, on contrôle les voix actives, le vol de voix, la charge du CPU et sa tempé­ra­ture (autour de 35° pendant le test, comme dans un The River !). Bref, on sent que le dépar­te­ment R&D Korg a bien réflé­chi à l’er­go­no­mie.

Termi­nons ce premier tour du proprié­taire par la connec­tique, mini­ma­liste, située inté­gra­le­ment sur le panneau arrière : prise casque stéréo (jack 6,35), paire de sorties stéréo (jacks 6,35 TRS symé­triques, ah oui !), prise pour pédale de main­tien (jack 6,35 simple), prise USB type B (MIDI unique­ment, class-compliant), entrée/sortie MIDI, inter­rup­teur secteur et borne pour alimen­ta­tion externe (12 V DC à centre posi­tif avec bloc à l’ex­tré­mité bien cheap). On a vu plus géné­reux…

Grosse mémoire

Wavestate_2tof 06.JPGIl faut comp­ter une bonne quin­zaine de secondes pour que le Waves­tate démarre. La machine est livrée avec 240 Perfor­mances, 740 programmes et 1 000 séquences d’ondes Presets. La limite de capa­cité mémoire n’est pas fixe mais gérée sous forme de base de données, repré­sen­tant quelques dizaines de milliers d’em­pla­ce­ments parta­gés, suivant ce que l’on décide de sauve­gar­der, de quoi assou­vir notre exci­ta­tion médul­laire pendant les longs mois d’hi­ver, en atten­dant que l’an­ti­cy­clone des Açores reprenne force et vigueur. Les programmes et séquences d’ondes sont sauve­gar­dés au sein des Perfor­mances, mais on peut le faire sépa­ré­ment si ça nous fait plai­sir, au risque de dupliquer des éléments un peu partout. Une fonc­tion DELETE permet ensuite de faire le ménage dans la base de données, au cas où. Bien pensé ! Pour les adeptes de la scène, Korg a pourvu sa machine de listes de favo­ris, poin­tant vers 64 numé­ros de Perfor­mance, acces­sibles rapi­de­ment avec la rangée de 16 touches ; le nombre maxi­mum de listes n’est pas défini, là non plus, mais partagé avec l’énorme capa­cité mémoire globale. Cette mémoire interne, tout comme l’édi­tion des sons, est gérée par un éditeur biblio­thé­caire externe fourni par Korg.

Le niveau de sortie est parfait et le bruit de fond absent. Les para­mètres conti­nus semblent globa­le­ment fluides (on repar­lera du filtre plus tard). On appré­cie la tran­si­tion douce entre les sons, sans coupure. Le proces­seur en a visi­ble­ment sous le capot ! Les Presets four­nis mélangent un peu de tout : boucles tech­noïdes qui tabassent, pads évolu­tifs progres­sifs, textures chao­tiques étranges, voix d’outre-tombe, cloches du juge­ment dernier, drones indes­crip­tibles. On trouve aussi des multi­samples d’ins­tru­ments acous­tiques, pas faciles à jouer avec le clavier réduit ; ils béné­fi­cient de quatre couches de vélo­cité pour les plus défi­nis. Leur qualité est du niveau d’une honnête station de travail, c’est plus que du dépan­nage. La mémoire interne inclut 2 319 multié­chan­tillons plus ou moins complexes, tota­li­sant un peu plus de 2 Go. Le Waves­tate semble plus poly­va­lent que le Waves­ta­tion, ne serait-ce que par la banque d’ondes, la poly­pho­nie, le filtre multi­mode réso­nant à modé­li­sa­tion et la section effets solide. Les ambiances sont très large bande, ça descend bas et ça monte haut. Les enve­loppes ont une plage d’ac­tion très vaste, permet­tant des sons impac­tants ou des appa­ri­tions et dispa­ri­tions très lentes.

Waves­tate_1audio 01 Bubble Echoes
00:0000:36
  • Waves­tate_1audio 01 Bubble Echoes00:36
  • Waves­tate_1audio 02 Tech Stacks00:50
  • Waves­tate_1audio 03 Ratchet Arp00:57
  • Waves­tate_1audio 04 Assam Split01:08
  • Waves­tate_1audio 05 Auro­rum Vecto­ris01:51
  • Waves­tate_1audio 06 C.H.U.G01:54
  • Waves­tate_1audio 07 Arped Vector00:32
  • Waves­tate_1audio 08 Mixed Vector01:24
  • Waves­tate_1audio 09 West There­min00:51
  • Waves­tate_1audio 10 Rezy Fifths00:39
  • Waves­tate_1audio 11 Gamelles00:48
  • Waves­tate_1audio 12 APiano01:20
  • Waves­tate_1audio 13 EPiano00:46
  • Waves­tate_1audio 14 Strings Vector01:01
  • Waves­tate_1audio 15 Allez au dodo !01:17
  • Waves­tate_1audio 16 Bonne nuit hein…01:44

Prin­cipes de base

Wavestate_3schema 01.JPGLe Waves­tate cumule le séquen­ce­ment d’ondes, la lecture d’échan­tillons et la synthèse vecto­rielle. La poly­pho­nie est de 64 voix stéréo sur 4 canaux multi­tim­braux. Les sons sont orga­ni­sés en Perfor­mances, conte­nant chacune quatre couches de programmes (ABCD), une enve­loppe vecto­rielle pour les mélan­ger et deux effets maîtres (réverbe, EQ). Chaque programme fait appel à une séquence d’onde ou un multié­chan­tillon, un filtre, un ampli, des géné­ra­teurs de modu­la­tion, une matrice de modu­la­tion et trois effets. Pour chaque couche, on défi­nit le numéro de programme, son volume, sa tessi­ture, sa vélo­cité (avec fondus hauts et bas pour les deux). Cela se fait à l’écran ou direc­te­ment au clavier, merci. On peut aussi trans­po­ser par octave/demi-ton/centième, ajou­ter un facteur aléa­toire dans le pitch, défi­nir le type de déclen­che­ment (à l’en­fon­ce­ment ou au relâ­che­ment de touche, sympa !) et forcer le main­tien de note.

Vient alors l’as­si­gna­tion des voix : mono avec prio­rité de jeu et unis­son (nombre de voix, désac­cor­dage, épais­seur et largeur stéréo), poly (avec empi­lage ou redé­clen­che­ment d’une même note, utile pour les percus­sions), allo­ca­tion (dyna­mique ou statique de 1 à 64 voix). On passe ensuite aux contrôles : canal MIDI de récep­tion (global ou 1–16), récep­tion de la pédale de main­tien, récep­tion de CC MIDI. L’or­ga­ni­sa­tion des pages menu est assez logique, c’est bien plus simple que sur le Jupi­ter-Xm, puisque qu’il y a très peu de pages dérou­lantes, comme nous l’avons dit, et beau­coup moins de réglages par page. Au plan global de la Perfor­mance, on peut para­mé­trer le volume, la trans­po­si­tion, le tempo et le tempé­ra­ment clavier (10 Presets + une note de réfé­rence).

À table !

Plutôt que partir de formes d’ondes basiques, nous avons vu que le Waves­tate utili­sait des multié­chan­tillons mono/stéréo ou des séquences d’ondes program­mables. Une séquence d’onde consomme deux voix (c’est lié aux tran­si­tions program­mables), alors qu’un multié­chan­tillon stéréo n’en consomme qu’une. En mode multié­chan­tillon, le Waves­tate se comporte comme un simple Rompler. Certains échan­tillons proviennent du Prophet-VS, du Waves­ta­tion (y compris les cartes d’ex­ten­sion PCM), du Krome, du Kronos et de Plugin­guru (John Lehm­kuhl). D’autres sont inédits. Au programme, des pianos acous­tiques, élec­triques, orgues, guitares, basses, cordes, chœurs, cuivres, bois, instru­ments du monde, percus­sions, attaques courtes, effets et ondes synthé­tiques variées. Les plus gros multié­chan­tillons sont décli­nés en quatre couches de vélo­cité, le Waves­tate n’a donc pas pour objec­tif de rempla­cer une station de travail haut de gamme. Depuis la V2 de l’OS, il est possible de créer ses propres samples et multi­samples sur un éditeur externe, Sample Buil­der, puis de les impor­ter dans le Waves­tate, à concur­rence de 4 Go, bravo !

Wavestate_3schema 02.JPGPassons aux séquences d’ondes, autre­ment dit le cœur du réac­teur. Une séquence d’ondes est orga­ni­sée en 7 lignes de 64 pas, chaque ligne gérant des para­mètres diffé­rents, comme le numéro de multi­sample, le pitch, le volume, la durée, etc. Chaque ligne a ses propres points de lecture, points de bouclage, modes de bouclage, nombres de répé­ti­tions et types d’in­cré­men­ta­tion de pas. Il existe même un facteur de proba­bi­lité qu’un pas soit activé ou non (0 à 100%). Ce para­mètre est modu­lable, comme la plupart des para­mètres du Waves­tate, ce qui ne manque pas de pimen­ter les séquences. Les concep­teurs étant vrai­ment brillants, ils ont même prévu des règles pour éviter que des pas soient indé­fi­ni­ment dégom­més ou absor­bés par les précé­dents, le but étant quand même de produire du son. On imagine déjà le nombre infini de combi­nai­sons rien qu’en chan­geant les para­mètres de bouclage et de proba­bi­lité d’une ligne. L’édi­tion est assez simple : on choi­sit la ligne avec l’un des 7 boutons dédiés, puis le pas avec la rangée de 16 touches. L’écran affiche (parfois sur plusieurs pages) les para­mètres du pas en cours, qu’il suffit alors d’édi­ter en navi­gant un peu ou avec des commandes dédiées. On peut chan­ger de ligne en restant sur un pas ou chan­ger de pas en restant sur une ligne. On peut aussi isoler un pas (le lire en boucle), ou encore couper / copier / coller / insé­rer / ajou­ter des pas dans une ligne. C’est bien plus intui­tif que sur le Waves­ta­tion ! Ce qu’il manque, c’est la possi­bi­lité de sélec­tion­ner plusieurs pas (à la main, sous forme de motifs ryth­miques, ou pour tous les pas utili­sant le même échan­tillon) pour éditer un même para­mètre d’un coup (genre chan­ger tous les kicks d’une séquence).

Wavestate_2tof 11.JPGEntrons dans les détails des lignes : 1) Ligne maîtresse : elle défi­nit au bout de combien de temps ou de boucles le cycle de la séquence globale recom­mence (ceci est aussi para­mé­trable suivant les nouvelles notes jouées). 2) Ligne Timing : son rôle est de régler les temps de tran­si­tion entre les pas (durée ou données ryth­miques contrô­lées par le tempo), avec réglages de temps, swing, courbe de fondu. 3) Ligne Sample : c’est là que l’on assigne un multi­sample au pas et qu’on défi­nit ses para­mètres essen­tiels, tels que mode de trans­po­si­tion (on change de sample dans le multi­sample ou on conserve le sample de la note), accor­dage (avec possi­bi­lité de figer le pitch), volume, début de lecture d’onde (8 points prédé­fi­nis). 4) Ligne Pitch : elle permet de trans­po­ser tout le multi­sample sur plus ou moins deux octaves. 5) Ligne Shape : son rôle est de créer une enve­loppe de contour simpli­fiée pour le pas en cours, agis­sant sur le volume ou le pitch. 6) Ligne Gate : on y défi­nit le temps de porte du pas. 7) Ligne Step Sequence : très inté­res­sante, cette ligne permet d’as­si­gner une source de modu­la­tion pour contrô­ler des para­mètres de synthèse en temps réel, avec des facteurs aléa­toires.

Dans chaque ligne, on peut choi­sir l’un des 1 000 Presets, pour ne pas partir de zéro. Il s’agit de phrases ryth­miques, lignes de percus­sions, tran­si­tions douces, balayages de synchro, tables façon PPG… il y en a pour tous les goûts ! Là encore, le nombre maxi­mal de séquences d’ondes utili­sa­teur n’est pas défini (mais il est énorme), rappe­lons-nous aussi qu’on peut aussi les sauve­gar­der au sein des perfor­mances, indé­pen­dam­ment. Avant de termi­ner ce point, préci­sons que la synthèse à séquences d’ondes ne permet pas de décor­ré­ler la hauteur de vitesse de lecture des samples isolés, cela n’a donc aucun rapport avec la synthèse Vari­phrase des V-Synth Roland. Elle ne permet pas non plus de faire inter­agir les ondes en audio (synchro­ni­sa­tion, modu­la­tion en anneau, FM…).

Filtre boosté

Wavestate_2tof 19.JPGOn peut régler le pitch d’une séquence d’onde ou d’un multié­chan­tillon par octave, demi-ton ou centième. On défi­nit ensuite la pente de suivi de clavier et le porta­mento : mode de déclen­che­ment, constante de vitesse (temps ou pente), durée. Viennent ensuite les modu­la­tions directes : LFO dédié, enve­loppe dédiée, vélo­cité sur l’en­ve­loppe, pitch­bend (posi­tif/néga­tif). Passons main­te­nant au filtre. Le Waves­ta­tion ne dispo­sait que d’un filtre rudi­men­taire sans réso­nance. Le Waves­tate remet les choses au goût du jour. Le filtre (toujours numé­rique) est main­te­nant de type multi­mode réso­nant. On trouve les modes LPF/BPF/HPF/Notch en 2 et 4 pôles, multi-filtre, Poly­six LPF 4 pôles, MS-20 LPF 2 pôles et MS-20 HPF 2 pôles. Le multi-filtre permet de passer progres­si­ve­ment entre deux profils de filtrage, tout en dosant les trois niveaux de sortie des étages LPF/BPF/HPF et le signal non filtré. Bien vu ! Les filtres modé­li­sés sur le MS-20 sont évidem­ment capables d’auto-oscil­ler de manière outran­cière. Suivant le type de filtre, on peut ajus­ter les basses, boos­ter ou compen­ser le pic de réso­nance, régler le niveau d’en­trée dans le filtre pour le rendre plus ou moins instable, ou encore doser le niveau de sortie du filtre.

Petite ombre à ce tableau idyl­lique, la fréquence de coupure du filtre se règle par demi-ton. Cela génère des pas parfois audibles, lorsqu’on tourne très lente­ment le poten­tio­mètre de Cutoff sur des pads doux, ce qui laisse entre­voir qu’il y a un algo­rithme de lissage en arrière-plan pour atté­nuer l’ef­fet. À l’usage, compte tenu du carac­tère spéci­fique des séquences d’ondes qui ont tendance à section­ner le son, cela ne pose pas vrai­ment de problème. On peut aussi utili­ser l’en­co­deur si on peut aller tout douce­ment, la réso­lu­tion passant alors au centième ! La coupure du filtre est direc­te­ment modu­lable par le LFO, l’en­ve­loppe (bipo­laire), la vélo­cité sur l’en­ve­loppe et le suivi de clavier (géné­ra­teur complexe à plusieurs segments). En bout de chaine, on trouve la section d’am­pli­fi­ca­tion : volume, modu­la­tion par le LFO, vélo­cité et suivi de clavier (géné­ra­teur complexe à plusieurs segments, là aussi). La modu­la­tion du volume par l’en­ve­loppe n’est pas direc­te­ment dosable, il faut pour cela passer par la matrice de modu­la­tion. Viennent enfin les réglages du pano­ra­mique : posi­tion stéréo, modu­la­tion par un LFO et modu­la­tion aléa­toire. Tout cela est très complet.

Modu­la­tions totales

Chaque couche sonore dispose de 4 LFO, 3 enve­loppes ADSR, 1 enve­loppe vecto­rielle (avec 4 sorties de modu­la­tion ABCD), 2 proces­seurs de modu­la­tion et 2 suiveurs de clavier complexes. Les LFO sont préas­si­gnés au pitch, au filtre, au volume et au pano­ra­mique. Leur vitesse peut être synchro­ni­sée au tempo ou oscil­ler libre­ment entre 0,001 et 32 Hz. On dispose de 18 formes d’onde plus ou moins complexes (élémen­taires, vibrato, à pas, bend guitare, aléa­toires). On peut aussi régler la phase, le déca­lage verti­cal, le fondu d’en­trée, l’adou­cis­se­ment de l’onde et le mode de cycle (libre ou forcé). Les (3) enve­loppes sont de type ADSR (avec Sustain bipo­laire pour les enve­loppes de filtre et de pitch). Les segments de temps vont de 0 à 90 secondes (!). Leur courbe peut varier entre linéaire, expo­nen­tielle et loga­rith­mique. Le cycle peut être redé­clen­ché par une source assi­gnable ou une note. Les proces­seurs de modu­la­tion permettent d’al­ter­ner, déca­ler, quan­ti­fier, étaler, incur­ver, adou­cir, sommer une ou plusieurs modu­la­tions.

Wavestate_2tof 09.JPGPassons main­te­nant à la matrice de modu­la­tion. Le nombre de maxi­mum cordons n’est pas défini, Dan Phil­lips nous a dit que le Preset qui déte­nait le record avait 180 cordons, en plus des modu­la­tions directes (genre Vélo­cité sur Volume). Amazing ! Chaque cordon comprend une première source, une inten­sité de modu­la­tion bipo­laire, une seconde source multi­pliée à la première et une desti­na­tion. L’as­si­gna­tion des sources et desti­na­tions est très intui­tive, via les commandes directes, les contrô­leurs physiques (y compris la vélo­cité clavier), les CC MIDI ou les menus (en dernier recours, lorsque les para­mètres à assi­gner y sont cachés). Des pages MOD permettent de visua­li­ser et éditer les routages et quan­ti­tés de modu­la­tion. La liste pouvant être longue, une fonc­tion permet de filtrer les modu­la­tions par type. Parmi les contrô­leurs physiques, reve­nons sur les huit poten­tio­mètres situés en façade. On peut les assi­gner par couche et par Perfor­mance, ce qui repré­sente 40 desti­na­tions ! À la fois conçus pour l’édi­tion et les modu­la­tions en temps réel, leurs valeurs et leurs assi­gna­tions sont stockées dans chaque Perfor­mance. Mieux, ces poten­tio­mètres sont eux-mêmes modu­lables (matrice, CC MIDI) et trans­mettent des CC MIDI (libre­ment assi­gnables pour les 40 !). Côté desti­na­tions, tout ou presque est assi­gnable, y compris au sein des effets et pour chaque pas de chaque ligne de chaque séquence d’onde, ce qui fait plus de 1 000 desti­na­tions poten­tielles par Perfor­mance. De sérieuses amélio­ra­tions par rapport au Waves­ta­tion d’ori­gine !

Vagues d’ef­fets

Wavestate_2tof 14.JPGLes sections effets de qualité ne sont plus réser­vées aux stations de travail haut de gamme. Le Mini­logue en avait fait la démons­tra­tion, c’est au tour du Waves­tate. Chaque couche sonore dispose de trois effets indé­pen­dants : Pre-FX, Mod-FX et délai. Pour chacun, on choi­sit l’al­go­rithme et l’un des Presets asso­ciés (pour ne pas partir de zéro), puis on règle les para­mètres. On peut ainsi ajus­ter les diffé­rents niveaux (entrée, balance, sortie) et trois para­mètres assi­gnés à des poten­tio­mètres dédiés. Parmi les algo­rithmes Pre-FX, citons un déci­ma­teur (effet numé­rique lo-fi), des EQ, des compres­seurs, un modu­la­teur en anneau, un tremolo et un Wave­sha­per. Parmi les algo­rithmes Mod-FX, citons des chorus, phaser, flan­ger, phaser, wah wah. Certains effets sont des modé­li­sa­tions de célèbres produits vintage sur lesquels Korg a une certaine expé­rience. Enfin, il reste à choi­sir et para­mé­trer le délai, de type LCR, stéréo, inversé ou encore écho à bande. La qualité sonore est excel­lente, on sent la maîtrise de longue date de Korg dès qu’il s’agit d’ef­fets.

Au niveau global de la Perfor­mance, on trouve deux effets maîtres : réverbe et EQ 4 bandes semi-para­mé­triques. Il y a deux grandes familles de réverbes, basées sur une quaran­taine de Presets éditables, là encore avec réglage des niveaux et trois para­mètres variables. La réverbe est très bonne, on peut vrai­ment embel­lir les sons en utili­sant les diffé­rents modes. On aime­rait d’ailleurs en avoir plus (inver­sions, portes, plaques…). Logique­ment, il y a moins d’al­go­rithmes et d’oc­cur­rences que sur une station de travail, mais les choix faits par Korg sont judi­cieux et offrent un bon rapport puis­sance / ergo­no­mie. Autre point remarquable, les effets sont dyna­miques, puisqu’on peut assi­gner les para­mètres éditables via la matrice de modu­la­tion. Super !

Arpèges en couche

Sur chacune des quatre couches sonores, on peut acti­ver un arpé­gia­teur. Si on se rappelle les événe­ments déclen­chables via les notes dans les séquences d’ondes, l’ar­pé­gia­teur prend du coup une dimen­sion supplé­men­taire, bien au-delà du simple égre­nage répé­ti­tif de notes suivant un accord. Pour commen­cer, on trouve les motifs haut, bas, alterné (2 types) et ordre joué. La réso­lu­tion va de 1/32T à 1/4 de note et le swing de –100 à +100%. Les notes peuvent être arpé­gées sur 1 à 4 octaves, avec un temps de Gate de 0 à 100%, tout cela en synchro­ni­sa­tion avec les séquences d’ondes si on le souhaite. Sans oublier le mode Latch qui permet de garder ses mains pour d’autres tâches. Réponse anti­ci­pée à une ques­tion que ne manque­ront pas de poser les esprits les plus évolués (ou tordus), l’ar­pé­gia­teur trans­met-il les notes en MIDI ? Réponse, non, fichtre ! Autre réponse à une ques­tion perti­nente (que ne manquera pas de poser l’ami Pico), l’ar­pé­gia­teur scanne-t-il les notes si on joue en dehors de la tessi­ture défi­nie pour la couche sonore ? Réponse, non, il ne scanne que dans la zone de tessi­ture active, pour chaque partie. Alors, heureux ?

Waving good­bye

Le Waves­tate est un synthé compact en taille et en prix. Il offre des sono­ri­tés évolu­tives impres­sion­nantes, démons­tra­tives, mais pas toujours faciles à placer dans un mix. Il améliore le concept du Waves­ta­tion en matière d’er­go­no­mie, de poly­pho­nie, d’échan­tillons, de synthèse et d’ef­fets. Il perd toute­fois les empi­lages à 8 programmes de 4 couches et le grand clavier très quali­ta­tif. Est-ce gênant ? Concer­nant le clavier, oui si on aime jouer à deux mains avec expres­si­vité sans compro­mis ; non si on préfère tripo­ter les boutons en plaquant un accord (ou une note si on est DJ ?). Concer­nant les Perfor­mances, c’est suppor­table, car les gros empi­lages qui gigottent trop finissent par être compliqués à utili­ser. Rappe­lons-nous que les quatre couches sonores sont libre­ment assi­gnables en tessi­ture, vélo­cité et MIDI.

Tous ces arbi­trages permettent de propo­ser une inter­face compré­hen­sible, sans menus inter­mi­nables, avec des fonc­tions bien pensées et une prédi­lec­tion pour le temps réel. Vu la capa­cité mémoire, il ne faut pas hési­ter à program­mer ses propres sons et impor­ter ses propres multi­samples, avec un ou deux petits Random quand l’ins­pi­ra­tion vient à manquer. Nous avons au passage suggéré à Korg d’ajou­ter la possi­bi­lité de réac­ti­ver une couche sans avoir à la redé­clen­cher (comme si la fonc­tion Mute géné­rait un CC7=0 plutôt qu’un Note Off) et de sélec­tion­ner plusieurs pas (à la main ou sous forme de motifs) pour éditer un même para­mètre (genre chan­ger tous les kicks d’une séquence à la volée).

Suivant le succès du Waves­tate, il y aura peut-être de la place pour un modèle plus haut de gamme, construit avec des maté­riaux plus quali­ta­tifs, un grand clavier répon­dant à la pres­sion, davan­tage de commandes directes et des sorties sépa­rées. Raison de plus pour féli­ci­ter Korg pour ce nouveau synthé qui sort des sentiers battus, applau­dir l’ajout de l’im­port de samples dans la V2 et souhai­ter au Waves­tate une pleine réus­site, en studio comme sur scène.

 

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Inter­view de Dan Phil­lips, R&D Korg USA, chef du projet Waves­tate

Dan Phillips Korg R&amp;DDan, quels sont les moments les plus impor­tants de ta vie ?

La nais­sance de ma fille et avant cela, mon mariage ! Profes­sion­nel­le­ment, je consi­dère plusieurs produits avec affec­tion. Il y a le Waves­ta­tion SR, qui est le tout premier produit auquel j’ai contri­bué. Il y a aussi l’OASYS PCI, un véri­table travail d’amour. Je suis égale­ment très fier de ce que nous avons créé dans le Kronos, parti­cu­liè­re­ment le MOD-7, un de mes synthés préfé­rés. J’ai aussi eu l’op­por­tu­nité de travailler pour certains de mes héros musi­ciens, comme Peter Gabriel, un grand honneur. Et pour être honnête, ce dernier NAMM, avec la présen­ta­tion du Waves­tate, a été vrai­ment satis­fai­sant.

Quel a été ton rôle dans ce projet ?

Nous avons une petite équipe au R&D Korg ici, et la plupart d’entre nous cumule des rôles multiples dans cette colla­bo­ra­tion. Pour le Waves­tate, j’ai joué un tout premier rôle dans l’in­ven­tion du Wave Sequen­cing V2.0, les spéci­fi­ca­tions produit, la concep­tion du panneau avant et de l’er­go­no­mie des pages menu, le mana­ge­ment des banques sons et l’écri­ture du manuel – mais le reste de l’équipe a égale­ment contri­bué à tout cela. J’ai aussi édité les polices en bitmap pour l’af­fi­cheur.

Comment est né le projet ?

Il y a quelques années, nous avions commencé à discu­ter de la créa­tion d’ins­tru­ments à partir d’une pure approche Korg R&D. Le Président Seiki Kato suggéra alors un nouveau Waves­ta­tion comme point d’ins­pi­ra­tion. Le Waves­ta­tion était le premier synthé sur lequel j’avais travaillé chez Korg, mon petit chou­chou, donc cela m’a semblé un excellent point de départ. Nous avons donc réflé­chi à ce que devait être un Waves­ta­tion du 21e siècle. Évidem­ment il devait sonner magni­fique­ment, faire des choses qu’au­cun autre instru­ment ne pouvait faire, y compris le Waves­ta­tion d’ori­gine. Il devait être repensé plutôt que simple­ment recréé. Il devait produire des séquences d’ondes plus abor­dables, plus immé­diates, plus sympa­thiques que l’ap­proche « tableur » des inter­faces précé­dentes. Le Waves­tate et le Wave Sequen­cing 2.0 ont été le fruit de cette approche.

Quelques mots sur le déve­lop­pe­ment ?

La chose la plus cool avec le Waves­ta­tion, à mon sens, est qu’il faisait appel à une partie logi­cielle pour les fonc­tion­na­li­tés impos­sibles à créer par la partie maté­rielle. Korg avait déve­loppé un ensemble de puces pour le succes­seur du M1 : une pour produire 32 voix en lecture d’échan­tillons, l’autres pour géné­rer 32 filtres. Elles firent leur appa­ri­tion plus tard sur le 01/W et d’autres produits basés sur une archi­tec­ture lecture de samples + synthèse. Mais, pour le Waves­ta­tion, les ingé­nieurs ont eu recours au logi­ciel pour assem­bler des paires d’os­cil­la­teurs capables de produire des fondus-enchai­nés succes­sifs, afin de créer des sons vrai­ment diffé­rents.

Quels sont les diffé­rences entre les deux projets, en trente ans ?

Évidem­ment il y a des diffé­rences fonc­tion­nelles et esthé­tiques, reflé­tant les valeurs de chaque époque. Le Waves­ta­tion avait un panneau avant lisse avec une inter­face utili­sa­teur concen­trée sur l’écran et très peu de commandes temps réel, comme la plupart des synthés de cette époque. Le Waves­tate, en contraste, se concentre sur l’in­ter­face physique, avec de nombreux boutons, et beau­coup moins sur l’écran. Pour aller plus loin dans cet esprit, le Waves­tate met vrai­ment l’ac­cent sur l’in­ter­ac­tion temps réel avec le son, ce que le Waves­ta­tion ne pouvait pas faire. Pour­tant, les objec­tifs de base sont les mêmes : créer un instru­ment avec lequel les gens ont un rapport profond, et qui produit des sons nouveaux et capti­vants.

D’un point de vue tech­nique, nos ressources sont telle­ment plus puis­santes main­te­nant ! Au lieu de puces distinctes pour l’au­dio, plus un proces­seur central pour le système et le contrôle (séquençage des ondes, enve­loppes, LFO, etc.), c’est un seul proces­seur qui gère main­te­nant l’en­semble, avec de nombreuses amélio­ra­tions en termes de fidé­lité audio et de fonc­tion­na­li­tés. Nous avons deux fois plus de voix, par ailleurs bien plus gour­mandes en calculs : oscil­la­teurs anti-alia­sing bien meilleurs, filtres beau­coup plus agréables, enve­loppes et LFO beau­coup plus rapides / fluides, sept fois plus d’ef­fets (en utili­sant des algo­rithmes plus puis­sants), etc.

Le Wave Sequen­cing 2.0 a de grosses exigences en temps réel pour le système, ce qui aurait été bien trop lourd pour le proces­seur du Waves­ta­tion ; le tout avec un tas de modu­la­tions simul­ta­nées. De même, la mémoire et le stockage se sont amélio­rées de façon expo­nen­tielle, de sorte que le Waves­tate est livré avec une biblio­thèque d’échan­tillons litté­ra­le­ment 1 000 fois plus grande que celle du Waves­ta­tion, et il n’y a aucune limi­ta­tion pratique sur le nombre de sons pouvant être stockés en interne (le Waves­ta­tion origi­nal ne pouvait conte­nir que 64 séquences d’ondes en RAM et 32 en ROM). Nous pouvons main­te­nant nous permettre tout ce luxe grâce aux puces modernes. Bien sûr, tout cela n’au­rait aucun sens sans l’in­tel­li­gence des ingé­nieurs pour utili­ser toute cette puis­sance !

Qu’est-ce qui rend le Waves­tate si unique ?

La diffé­rence fonda­men­tale réside dans le concept des lignes de séquences. À l’ori­gine, chaque pas inclut un multi­sample, un pitch, une durée, etc. C’est un évène­ment complet, qui joue de la même manière à chaque fois. Le Wave Sequen­cing 2.0 sépare le timing, la séquence d’échan­tillons et la séquence de pitch, de telle sorte que chacun soit mani­pu­lable indé­pen­dam­ment. Sont aussi inclus des formes d’en­ve­loppe, des temps de porte et des para­mètres de séquences à pas. Chacun de ces para­mètres repré­sente une ligne, avec ses propres points de début, fin et bouclage.

Wavestate Team Korg R&amp;D
Une partie de l’équipe de déve­lop­pe­ment du Waves­tate,
avec de gauche à droite :
Airwave (voicing team), Bill Jenkins (Soft­ware Engi­nee­ring Mana­ger,
Korg R&D), Andy Leary (Gene­ral Mana­ger, Korg R&D),
Dans Phil­lips (Waves­tate Project Mana­ger, Korg R&D),
John Bowen (voicing team), Peter Schwartz (voicing team)

À chaque fois qu’une séquence avance, les diffé­rentes lignes sont combi­nées pour créer la sortie. Par exemple, à chaque fois qu’il est rejoué, un sample peut être assorti à diffé­rentes durées, pitch, formes, longueurs de porte et valeurs de pas. On peut modu­ler les points de départ, fin, bouclage de chaque ligne sépa­ré­ment pour chaque note, en utili­sant la vélo­cité, les enve­loppes, les poten­tio­mètres de modu­la­tion ou d’autres contrô­leurs. Chaque note d’un accord peut jouer quelque chose de diffé­rent !

Chaque ligne (multi­sample, timing, pitch, forme, porte, séquence à pas) possède son propre ensemble de Presets, issus des 1 000 séquences d’ondes incluses dans les programmes d’usine. On peut mélan­ger des Presets dans diffé­rentes lignes, et en assem­blant les pièces, créer quelque chose de complè­te­ment nouveau (ou lais­ser le géné­ra­teur aléa­toire agir à notre place !). Les Presets, en conjonc­tion avec les commandes du panneau avant, trans­forment le séquençage d’ondes en un process intui­tif, physique et explo­ra­toire.

Le concept de lignes est en partie inspiré de compo­seurs de musique sérielle du 20e siècle tels que Pierre Boulez. Être capable de tout jouer en temps réel, chaque chose arri­vant sépa­ré­ment pour chaque note, nous amène à un niveau supé­rieur (à noter que de nombreuses séquences d’ondes n’ont pas de mélo­dies marquées dans leur ligne de pitch, jusqu’à ce que le musi­cien les joue au clavier).

Nous avons aussi ajouté diffé­rents facteurs aléa­toires, comme autre moyen d’ob­te­nir des résul­tats inat­ten­dus, orga­niques. D’abord, pour chaque ligne, l’ordre des pas peut être aléa­toire à chaque boucle ; on peut varier l’éten­due des pas aléa­toires avec les poten­tio­mètres et d’autres commandes temps réel. Ensuite, chaque pas de chaque ligne possède une proba­bi­lité à régler entre 0 et 100%. À chaque fois que le système s’ap­prête à utili­ser un pas, cette proba­bi­lité est calcu­lée. Si la proba­bi­lité n’est pas atteinte, le pas est sauté. Et cette proba­bi­lité est modu­lable indé­pen­dam­ment pour chaque pas ! Enfin, tout cela peut être utilisé en syner­gie avec les arpé­gia­teurs. Chaque nouvelle note arpé­gée peut bouger vers un nouveau pas, tout en utili­sant les contrô­leurs pour la modu­la­tion et la rando­mi­sa­tion des points de bouclage. Cela produit des effets vrai­ment sympas et utiles.

Résul­tat final : des sons orga­niques, toujours évolu­tifs, contrô­lables en temps réel.

Quelles diffi­cul­tés as-tu rencon­trées et comment les as-tu réso­lues ?

Le plus diffi­cile a été de défi­nir le produit la première fois. Nous avons dû trou­ver une idée qui remplis­sait un tas de critères diffé­rents : enthou­sias­mante pour l’équipe R&D Korg, réali­sable avec nos ressources et perti­nente par rapport au marché dans l’es­prit des diffé­rents services de l’en­tre­prise. Et, bien sûr, créer quelque chose que je voudrais person­nel­le­ment utili­ser. Heureu­se­ment, je pense que c’est ce que nous avons fait avec le Waves­tate !

Quels ont été les moments les plus drôles et les plus intenses avec l’équipe R&D ? Comment avez-vous travaillé ensemble ?

Même le plus récent de l’équipe est là depuis plus de dix ans, certains d’entre nous travaillent ensemble depuis trente ans (cela inclut certains desi­gners sonores qui ont travaillé sur le Waves­tate, tels que John Bowen, John « Skippy » Lehm­kuhl et Peter Schwartz). Donc nous nous connais­sons plutôt bien. Nous nous marrons bien ! Nous sommes tous musi­ciens, chacun tourne ou enre­gistre, donc chacun a des percep­tions pratiques sur les instru­ments que nous conce­vons. Nous opérons avec un état d’es­prit scien­ti­fique ; nous sommes tous ouverts au chal­lenge, à l’ar­gu­men­ta­tion et à la critique, car ce sont les feux de la forge qui créent les résul­tats finaux les plus solides.

Est-ce que tu travailles sur de nouveaux synthés ?

Oui, abso­lu­ment, mais je ne peux hélas pas en dire plus !

Que fais-tu en dehors de ton métier à la R&D Korg ?

Nous adorons cuisi­ner ma femme et moi. Nous passons l’es­sen­tiel de notre temps libre avec notre adorable fille bien­tôt âgée de trois ans. L’an­née dernière, j’ai joué du piano, de la batte­rie et des percus­sions sur le dernier album de mon amie Nata­lie D-Napo­leon et je joue de temps en temps mes propres compo­si­tions dans un club local. J’en­re­gistre aussi des chan­sons sati­riques / comiques pour les fêtes, dans lesquelles je mélange des paroles de fête sur mes reprises de chan­sons pop synthé­tiques préfé­rées. Des trucs barrés !

Notre avis : 8/10

Award Innovation 2020
2020
Innovation
Award
  • Sons évolutifs originaux et puissants
  • Grain large bande
  • Séquences d’ondes très flexibles
  • Synthèse vectorielle
  • Filtres multimodes
  • Modulations hyper complètes
  • Grosse section d’effets modulables
  • Arpégiateur multitimbral
  • Transmission et réception de CC MIDI
  • Capacité mémoire colossale en tout point
  • Ergonomie réfléchie
  • Prise en main relativement facile
  • Création et import de multisamples utilisateur
  • Sorties audio symétriques
  • Prix abordable
  • Quatre oscillateurs simultanés au maximum
  • Pas d’édition simultanée de plusieurs pas de séquence
  • Nécessité de redéclencher les sons après réactivation
  • Pas d’audio via USB
  • Notes arpégées non transmises en MIDI
  • Clavier limité à trois octaves
  • Connectique minimaliste
  • Alimentation externe cheap

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