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Interview / Podcast
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Derrière le son de Samuel Laflamme (Outlast, Le chalet) - L'humain au service des machines, pour une musique au service de l'image.

Entre la composition de la bande son des jeux-vidéos Outlast, celle de la bande-originale de la série québécoise Le Chalet, et ses expérimentations modulaires sur l'immense Moog de son studio, Samuel Laflamme fait une petite pause pour nous parler de ce qui se cache derrière SON son.

Derrière le son de Samuel Laflamme (Outlast, Le chalet) : L'humain au service des machines, pour une musique au service de l'image.

Salut, est-ce que tu peux te présen­ter rapi­de­ment ? 

Je suis compo­si­teur de musique à l’image (télé­vi­sion, cinéma, jeux vidéos, etc.) depuis 20 ans, basé à Mont­réal. Je suis reconnu inter­na­tio­na­le­ment entre autres pour la fran­chise de jeux Outlast, produite par Red Barrels Games. Je suis fasciné par tout ce qui touche le “Story Telling” en musique, en lien avec un autre média. 

Comment es-tu arrivé dans la musique ? Quel est ton parcours ?

Ma curio­sité pour la musique, mais plus spéci­fique­ment la musique à l’image à commencé en 1989, après avoir vu Batman de Tim Burton. Pour la petite histoire, mes parents ont dû louer la VHS en anglais, car la version française n’était pas dispo­nible. Je ne compre­nais pas l’an­glais tout jeune, alors c’est la musique de Danny Elfman qui m’a guidé et trans­porté dans le récit. Je crois que ça a  trans­formé à jamais ma concep­tion du cinéma, pour le meilleur ou pour le pire, puisque dès lors, je n’ai plus jamais regardé de film sans me soucier de sa musique. J’ai par la suite déve­loppé mes talents de compo­si­teurs en m’ins­pi­rant de mes compo­si­teurs de musique deInstruments et matériels audio : Studio_SL_Moog_Modular_1 film préfé­rés. Un autre moment impor­tant de décou­verte musi­cale fût à l’uni­ver­sité, où j’ai baigné dans la compo­si­tion élec­troa­cous­tique, acous­ma­tique et musique élec­tro­nique de tout genre. Je porte encore à ce jour ces deux grandes familles d’ins­pi­ra­tion. Plus récem­ment je me suis inté­ressé à la synthèse modu­laire et j’ai plongé réel­le­ment dedans lorsque j’ai mis la main sur mon premier Moog Modu­lar en 2016 dans la quête de trou­ver un son élec­tro­nique unique pour un projet.

Actuel­le­ment, quelle est ta prin­ci­pale casquette ?

Je compose prin­ci­pa­le­ment de la musique pour la télé­vi­sion, le cinéma et les commandes de jeux vidéos produits ici à Mont­réal, ou à l’in­ter­na­tio­nal. 

Tu vis à Mont­réal, mais tu bosses où exac­te­ment ?

Je travaille à partir de mon studio dans le quar­tier Mile End, dans un lieu que j’ai fondé avec un ancien collègue de l’Uni­ver­sité et qui rassemble plusieurs studios. Nous avons créé un lieu qui favo­rise les échanges intel­lec­tuels et créa­tifs. Nous sommes plusieurs créa­teurs et produc­teurs de musique réunis, tous indé­pen­dants, mais la proxi­mité permet d’échan­ger et d’évo­luer ensemble. En somme, j’aime entre­te­nir l’idée que nous avons créé une cellule propice à la reflexion et à la créa­tion. Mon studio mesure envi­ron 5,5 mètres sur 8,5 mètres. Il y a une immense baie vitrée qui offre une vue spec­ta­cu­laire de Mont­réal. Le soir, grâce à la ville qui s’illu­mine, l’en­droit, qui est situé en hauteur, devient parti­cu­liè­re­ment inspi­rant. J’ai créé le lieu en pensant davan­tage à un salon qu’à un studio d’en­re­gis­tre­ment. C’était impor­tant pour moi de me sentir bien et inspiré. L’en­droit respire et permet d’ac­cueillir confor­ta­ble­ment mes clients, produc­teurs, réali­sa­teurs, direc­teurs artis­tiques et concep­teurs de jeux vidéos.

Quelle est ta confi­gu­ra­tion prin­ci­pale ?

Comme station centrale, j’ai fait faire sur mesure un meuble en noyer massif qui intègre parfai­te­ment mon contrô­leur midi prin­ci­pal, le Doep­fer LMK4+, et quelques pièces hard­ware comme le Patch­bay, les compres­seurs et mon module de Summing. Je travaille beau­coup avec les Shadow Hills Indus­tries. J’adore l’Equi­nox pour la somma­tion et ses préam­plis, et le Maste­ring Compres­sor pour ses diffé­rentes couleurs de compres­sion et de transfo. J’ai aussi le SPL Tran­sient Desi­gner pour tout ce qui est percus­sif.

Je compose prin­ci­pa­le­ment dans ProTools HDX (ancien­ne­ment TDM) depuis bien­tôt 15 ans, mais j’uti­lise de plus en plus Able­ton Live, prin­ci­pa­le­ment comme pont entre mon ordi­na­teur et  les modu­lars.

J’uti­lise depuis des années les inter­faces Avid, mais depuis peu, pour sa convi­via­lité, ma petite Univer­sal Audio Apollo Twin X est connec­tée à temps plein, ne serait-ce que pour béné­fi­cier des plugins DSP UAD ou des préam­plis Unison. Depuis deux ans, je travaille Instruments et matériels audio : Studio_SL_DPA_Pianoexclu­si­ve­ment sur mon MacBook­Pro. J’aime l’idée de pouvoir avoir mon studio en tout temps avec moi. Les cartes HDX sont dans un châs­sis Thun­der­bolt.

Mes enceintes prin­ci­pales sont les PMC IB2s-A, cali­brées par Sonar­works. Les PMC offrent une écoute très analy­tique et détaillée, tout en me donnant des basses vrai­ment précises, présentes et physiques. Entre les enceintes sur le mur du devant, j’ai un grand moni­teur de 190 cm pour y proje­ter les vidéos sur lesquelles je compose. À la droite de ma station de compo­si­tion prin­ci­pale, il y a mon rack d’EQ, de compres­seurs et préam­plis addi­tion­nels. J’ai les Inward Connec­tions Vac Rac 6000 (avec préam­pli, limi­teur et EQ/DI à tube) et le Maste­ring EQ DEQ-1 avec 6 bandes. Il y a égale­ment mon Lang Elec­tro­nics PEQ-1 adoré. 

Main­te­nant, raconte, peux-tu nous parler de tes instru­ments ?

À gauche de la station prin­ci­pale, il y a mon piano d’en­fance sur lequel j’ai appris à compo­ser, un Yamaha C-108. Il demeure pour moi une source de connec­tion et d’ins­pi­ra­tion très lié à mon monde inté­rieur. Deux micros DPA Micro­phones 4011 placés en perma­nence captent les idées qui me viennent spon­ta­né­ment à l’es­prit.

Sur le mur de droite, il y a mon mur de Moog Modu­lar compre­nant un Moog IIIP (de 2018), Moog Music Model 15 (de 2015), et des modules Moon Modu­lar, qui complètent à merveille les Moog. Les modules Moon Modu­lar, brillam­ment créés par Gert Jalass à Berlin, permettent entre autres le dialogue entre mon DAW et les Moog. Ce que je trouve génial de Gert, c’est qu’il ne tente pas de “cloner” les Moog. Il a créé une gamme de séquen­ceurs, oscil­la­teurs, filtres et modules utili­taires qui complètent et apportent beau­coup à l’ex­pé­rience Moog tout en respec­tant l’es­thé­tisme.

Studio_SL_Synthétiseur_Baie_Vitrée Studio_SL_Vue_Soir

Du côté de la baie vitrée se trouvent mes synthé­ti­seurs hard­ware. Il y a un Roland Jupi­ter 6, Roland System 100 (Model 101), un Oberheim Two Voice Pro accom­pa­gné de deux Sem CV, un Sequen­tial Prophet 6 (j’adore le vintage mode récem­ment ajouté), un Enso­niq Mirage, et mon premier synthé­ti­seur, un Clavia Nord Lead Stage 2, que je garde par nostal­gie, et pour quelques sons précis que j’avais créés il y a des années. J’ai aussi au milieu des Synthés un rack incluant un Moog Voya­ger RME, ses complé­ments, et un Vermona DRM-1. Tous ces synthés sont connec­tés en Midi par une MOTU Midi Express 128.

Derrière le divan, dans la partie biblio­thèque, il y a le Korg Arp 2600 FS que j’ai eu l’im­mense chance de me procu­rer, ainsi que mon Modu­lar Euro­rack. Ce dernier comprend des modules de percus­sions, les Noise Engi­nee­ring entre autres, des VCOs, filtres, enve­loppes et autres utili­taires complé­men­taires au Moog/Moon de marque comme Modcan, Mannequins, Doep­fer et Synthe­sis Tech­no­logy. Le Arp et les Euro sont pour moi des complé­ments au mur de Moog/Moon.

Aussi, nous parta­geons avec mes collègues une cabine d’en­re­gis­tre­ment dans lequel il y a entre autres mon Rhodes Suit­case 73. La salle est trai­tée pour y faire de l’en­re­gis­tre­ment de voix off, d’ins­tru­ments acous­tiques, etc.

Alors, dis-nous tout, parmi tous les instru­ments et effets que tu possèdes, tu as bien un petit préféré ?

Mon instru­ment préféré est de loin le mur de Modu­lar Moog et Moon. Il est mon prin­ci­pal instru­ment de musique, de synthèse et une source inépui­sable d’ins­pi­ra­tion. Je l’uti­lise pour chaque produc­tion. J’y trouve toujours une place dans mes compo­si­tions, et le Modu­lar apporte une touche singu­lière, unique, distinc­tive et une profon­deur. J’ai un atta­che­ment passion­nel à cet instru­ment. En plus, j’ai person­na­lisé l’uti­li­sa­tion des instru­ments Moog en ajou­tant les modules Moon. 

Le Model 15 fut mon premier Moog Modu­lar. Je suis tombé amou­reux de la musi­ca­lité de l’in­ter­face et du son de cet instru­ment. Ces instru­ments, les Moog Modu­lar, ont une aura très parti­cu­lière. Certes, il y a le fait de se retrou­ver devant un instru­ment qui a eu un impact histo­rique dans l’uni­vers de la musique élec­tro­nique, mais il y a aussi autre chose, l’ins­tru­ment t’in­vite à l’ex­plo­rer, à créer avec lui, à conver­ser en quelque sorte. Il y a une réac­tion physique de la part de l’ins­tru­men­tiste, mais aussi de celle de l’ins­tru­ment, et les deux inter­agissent en symbiose. J’avais déjà à l’époque quelques modules Euro­rack, mais les Moog Modu­lar sont des instru­ments à part entière, bel et bien cali­brés, et non seule­ment plusieurs modules combi­nés ensemble. Le Moog 15 ne sonne pas comme le System 55,  tout comme le IIIc ne sonne pas comme le Model 10. Je pense que le ratio quan­tité de modules et puis­sance de l’ali­men­ta­tion a un Instruments et matériels audio : Studio_SL_Moog_Modular_2impact sur le son au final. Le cabi­net aussi, puisque les Cabi­net en Tolex Portables ne dispersent pas la chaleur de la même façon que les cabi­nets en Noyer. Puis la sélec­tion des modules dans un système influence de toute façon la synthèse “à sa façon”.  L’er­go­no­mie dans ces instru­ments est réel­le­ment impor­tante. Pour reve­nir au Model 15, les oscil­la­teurs 921 sont hyper vivants (je ne sais pas comment l’ex­pliquer autre­ment), le filtre 904A est la genèse de tous les filtres à réso­nance. Il n’y a pas beau­coup d’autres sensa­tions aussi satis­fai­santes sur les instru­ments élec­tro­niques que celui de mani­pu­ler le potard de fréquence du filtre 904A. Les enve­loppes en mode expo­nen­tiel sont très rapides. Et selon moi ce qui est le plus sous-estimé, c’est la couleur du mixeur et des VCA très parti­cu­lière à cause du voltage interne atypique de +12V/-6V. Lorsqu’ils sont satu­rés, le mixeur et les VCA créent des harmo­niques asymé­triques, car le côté néga­tif a moins de Headroom que le côté posi­tif. 

Si on fait la compa­rai­son un peu simple que le Model 15 serait le Stra­di­va­rius des synthé­ti­seurs, alors le IIIp en serait un ensemble à cordes de Stra­di­va­rius

Ensuite, j’ai commencé à complé­men­ter le Model 15 avec des Moon Modu­lar qui me permettent d’adap­ter mes Moog à la vie numé­rique et actuelle tels que “midi to cv”, “Trig sequen­cers” avec mémoire numé­rique et une série de filtres et oscil­la­teurs qui complètent brillam­ment les Moog. Les VCOs Moon sonnent plus modernes et demeurent stables et accor­dés sur tous les octaves. Comme le voltage est diffé­rent des Moog, ça me permet d’ex­ploi­ter les Moog diffé­rem­ment. Les Moon sont basés sur un voltage de +15V/-15V. Par exemple, utili­ser une enve­loppe Moon de 10V sur le Moog 904A (qui est “habi­tué” de rece­voir envi­ron 5,5V) peut créer des carac­tères diffé­rents et dévoile une nouvelle éten­due de possi­bi­li­tés de timbres. Aussi, les filtres des Moon, étant libre­ment inspi­rés des Oberheim (SEM et Xpan­der), offrent une couleur complé­men­taire lorsque joint au Moog. Moon est spécia­lisé et reconnu pour ses séquen­ceurs, prin­ci­pa­le­ment le 568 et 569 sont parmi les meilleurs séquen­ceurs offerts sur le marché, et tous respectent la règle de ne pas être inter­mi­nables à program­mer.  J’aime la simpli­cité et l’ef­fi­ca­cité de leur design. Les deux séquen­ceurs ont des modules expan­ders qui permettent de multi­plier les capa­ci­tés de séquence temps réel. Car avec le modu­laire, s’il y a un aspect impor­tant en plus de la qualité sonore, c’est la musi­ca­lité des inter­faces, ou comment un instru­ment répond effi­ca­ce­ment au geste musi­cal du musi­cien. Ayant aupa­ra­vant prin­ci­pa­le­ment programmé toute ma vie sur un ordi­na­teur, j’ai décou­vert un nouveau monde lorsque je me suis mis au modu­laire, et ses séquen­ceurs. La possi­bi­lité d’in­ter­pré­ter une séquence en temps réel me permet alors d’ex­plo­rer de nouveaux Instruments et matériels audio : Studio_SL_Bibliothèque_Arp2600_Eurohori­zons musi­caux en inter­pré­tant en temps réel des séquences. Par exemple, je peux jouer avec une séquence ryth­mique déclen­chée par le Moon 568 tout en chan­geant les hauteurs de notes à partir du Moog 953. Le tout envoyé respec­ti­ve­ment aux enve­loppes et au pitch des VCOs. Il est d’au­tant plus facile de chan­ger la séquence ryth­mique du 568 en temps réel. Donc on ne pense plus juste à jouer des notes sur un clavier, mais tout le système devient l’in­ter­face. Par exemple, c’est très effi­cace pour créer des séquences de pulsa­tions musi­cales pour des scènes de tensions dans mes projets.

Enfin le IIIp est arrivé quelques années plus tard, et j’ai décou­vert les oscil­la­teurs 901 qui apportent à mon avis une musi­ca­lité inéga­lée en synthèse sous­trac­tive. Leur faiblesse, c’est-à-dire leur certaine insta­bi­lité, devient aussi leur force. La manière que ces oscil­la­teurs ont d’in­ter­agir ensemble une fois mixés donne un résul­tat quasi­ment magique, hyper musi­cal. Le IIIp incite l’ins­tru­men­tiste à empi­ler plusieurs VCOs ensemble, puisqu’il y a en tout 10 VCOs dispo­nibles pour seule­ment une banque de filtre 904 A-B-C, et que 3 enve­lop­pes… L’ins­tru­ment m’a person­nel­le­ment inspiré comme aucun autre instru­ment l’a fait aupa­ra­vant. Si on fait la compa­rai­son un peu simple que le Model 15 serait le Stra­di­va­rius des synthé­ti­seurs, alors le IIIp en serait un ensemble à cordes de Stra­di­va­rius. Il y a un côté quasi orches­tral et gran­diose qui émerge comme carac­tère. L’in­sta­bi­lité carac­té­rielle des 901 font en sorte que je doive travailler un peu plus sur mon patch pour arri­ver au résul­tat désiré, mais à chaque fois, ça en vaut la peine. Actuel­le­ment, le IIIp est l’ins­tru­ment prin­ci­pal de mon mur, et le Model 15 et les Moon deviennent complé­men­taires, ou m’offrent d’autres voies dispo­nibles.

Pour reve­nir à la ques­tion, si on consi­dère le Moog IIIp, Model 15 et mes modules Moon comme un seul instru­ment, alors les deux instru­ments hard­ware que j’uti­lisent le plus seraient le Sequen­tial Prophet 6 et le Shadow Hills Indus­tries Equi­nox. 

Le Prophet 6 est un véri­table allié pour moi. Lorsque je dois livrer rapi­de­ment une compo­si­tion, je sais qu’en utili­sant le Prophet 6 le résul­tat y sera, et rapi­de­ment. J’adore cet instru­ment qui peut être tant vintage que moderne. Il est juste assez complexe et complet tout en conser­vant l’as­pect vintage tant désiré du Prophet 5, surtout avec le nouveau vintage mode récem­ment offert.

Pour ce qui est de L’Equi­nox, c’ est mon entrée audio prin­ci­pale (comme préam­pli ou inter­face de somma­tion). J’adore la soli­dité et la moder­nité qui carac­té­rise le son de cet équi­pe­ment. Même si les trois trans­for­ma­teurs sont très inté­res­sants, j’ai ma petite préfé­rence pour le Iron. Fait inté­res­sant et curieux toute­fois, je préfère la plupart du temps le trans­for­ma­teur Steel sur le Maste­ring Compres­sor.

Quel est ton plug-in favori et pourquoi ? Quel est celui que tu utilises le plus et pourquoi ? Ton TOP 3 ?

J’aime beau­coup les Fabfil­ter. L’égali­seur Pro-Q 3 est certai­ne­ment ce que je me sers le plus en ce moment, suivi de près par le limi­teur Pro-L 2 et l’Echo­boy de Sound­Toys. Je connais bien les couleurs qui peuvent appor­ter à un mix ou un master. J’uti­lise beau­coup aussi les UAD, spécia­le­ment le API 2500 et Shadow Hills Maste­ring Compres­sor, même si j’ai aussi ce dernier en analo­gique. Pour être Studio_SL_MainDeskfranc, je choi­sis une fois sur deux le plugin. J’ai remarqué que si j’en­tame le réglage avec le plugin, il y a de fortes chances que je choi­sisse le plug-in à la fin, même si je le compare au hard­ware. Et vice versa. En bout de ligne, si je veux plus de 3D dans le son, je sais que ça se fera dans l’ana­lo­gique. Mais le plug-in a quelque chose de plus clair et précis. 

Quel est, selon toi, le hard­ware ou soft­ware le plus sous-estimé et pourquoi ?

Pour le hard­ware, je dirais d’ex­cel­lents câbles. C’est incroyable de consta­ter la diffé­rence de couleur sonore que l’on peut obte­nir en chan­geant de câble.  Parfois, au lieu de chan­ger de préamp, je ne fais que chan­ger le câble AC. Je pense spon­ta­né­ment à des compa­gnies audio­philes comme PS Audio, Oyaide ou Acti­note pour ne nommer que celles-là. Pour le soft­ware, je dirais un logi­ciel de cali­bra­tion comme Refe­rence de Sonar­works, qui met en phase les haut-parleurs avec la salle d’écoute. Une fois que l’on s’est habi­tué à écou­ter des haut-parleurs en phase avec la salle, il est diffi­cile de retour­ner en arrière. Les détails des diffé­rentes réverbes et de l’image stereo deviennent évidents. 

Quel est l’ins­tru­ment ou toute autre pièce hard­ware que tu rêves de t’of­frir ?

Un jour j’au­rai certai­ne­ment un piano à queue, lorsque j’au­rai une salle d’en­re­gis­tre­ment qui pourra le justi­fier. Je rêve égale­ment d’avoir un système de son d’en­ver­gure hyper effi­cace à pavillon tel Oswalds Mill Audio. J’uti­lise actuel­le­ment mes vieux Altec 604 modi­fiés. Ils me procurent un plai­sir d’écoute inégalé à ce jour. Seule excep­tion, j’ai déjà eu la chance d’en­tendre un système audio­phile à pavillon Altec et c’est vrai­ment impres­sion­nant.

Peu importe ce que quelqu’un veut accom­plir dans la vie, les gens qui l’en­tourent ont un impact primor­dial sur la réus­site.

Est ce qu’il y a un conseil ou autre que tu as reçu un jour et qui a changé ta façon de voir ou de faire les choses ? 

Mon profes­seur à L’uni­ver­sité nous a averti d’em­blée que ce qu’il jugeait, c’était nos travaux et non notre personne. C’était une façon pour lui de pouvoir critiquer les travaux sans frois­ser l’ego des étudiants. J’ai trouvé ça très forma­teur. Ça m’a aidé à prendre un peu de distance par rapport aux créa­tions pour lesquelles je mets tant de temps et d’ef­forts. Par la suite, lorsque des réali­sa­teurs commen­taient mon travail sur un projet de film par exemple, je gardais toujours en tête de conser­ver cette distance. Ça me proté­geait émotion­nel­le­ment et me permet­tait en même temps de rester créa­tif et ouvert pour le meilleur du projet.

Instruments et matériels audio : Studio_SL_SynthsEst ce que toi tu aurais un conseil à donner ?

Mon père m’a répété toute ma vie l’im­por­tance “d’être présent”. L’im­por­tance du réseau de contact rappro­ché. Peu importe ce que quelqu’un veut accom­plir dans la vie, les gens qui l’en­tourent ont un impact primor­dial sur la réus­site. Par exemple, j’ai été présenté à Red Barrels Games par mon grand ami Samuel Girar­din, qui produi­sait à ce moment l’au­dio du jeu.

Quelle est ta plus grande fierté ? 

Peut-être plus ma plus grande chance que fierté, mais je suis très recon­nais­sant de pouvoir compo­ser de la musique et colla­bo­rer depuis 20 ans avec des gens que j’aime, que j’ad­mire, qui sont talen­tueux et qui pour la plupart font partie de mes amis proches.

Quels sont tes projets, dans un futur proche ou éloi­gné ? 

Je travaille actuel­le­ment sur une série télé­vi­sée mont­réa­laise pour le diffu­seur Radio-Canada. Ce sera une bande sonore élec­tro­nique urbaine. Ce projet m’aura fait sortir d’une belle façon de ma zone de confort, étant éloi­gné de mon style habi­tuel. Je suis très fier de ce qui en résulte.

J’ai aussi accu­mulé depuis quelques années plusieurs idées musi­cales entre les projets de commandes, et je pense sortir cela éven­tuel­le­ment sous la forme d’une compi­la­tion ou de plusieurs EP… Ce sera un projet person­nel. Je cajole l’idée de sortir mes idées pour le plai­sir de créer de la musique. Évidem­ment, il y aura beau­coup de Moog Modu­lar !

As-tu quelque chose à ajou­ter ou dont tu aime­rais faire part à nos lecteurs ?

Les projets ou expé­riences dont je suis le plus fier, ou auxquels j’ai reçu le plus de satis­fac­tion me sont arri­vés un peu par hasard. En fait de façon impré­vi­sible. J’ai toujours visé haut et tenté d’ali­gner ma carrière vers mes buts, de façon déter­mi­née. Mais avec un petit recul, c’est en m’ou­vrant aux oppor­tu­ni­tés de la vie que j’ai été le plus marqué et choyé. Par exemple, je ne visais pas du tout le marché du jeu vidéo pendant des années, je visais l’in­dus­trie du cinéma. Et puis presque par hasard, mon premier jeu a été Outlast, et j’ai pu y décou­vrir toute une indus­trie hyper stimu­lante. Je crois à l’im­por­tance de rester souple et ouvert aux oppor­tu­ni­tés, et savoir s’adap­ter pour évoluer à travers elles. C’est telle­ment enri­chis­sant profes­sion­nel­le­ment mais aussi person­nel­le­ment. 

Je dois mention­ner le grand compo­si­teur John Williams. Lors d’un Ameri­can Film Insti­tute Master­class, il était accom­pa­gné de Steven Spiel­berg, et on leur demande le secret de leur succès. Une étudiante fait mention d’em­blée de la persé­vé­rance, le travail acharné et les contacts, mais demande s’il n’y aurait pas d’autres conseils que ces deux légendes pour­raient parta­ger auprès des étudiants pour Instruments et matériels audio : Studio_SL_SHMSatteindre ce succès. Après quelques secondes de silence, Williams répond: "Les gens ont beau­coup d’am­bi­tions, veulent créer des navettes spatiales, ou deve­nir Président des États-Unis ou séna­teur, et c’est telle­ment déce­vant de réali­ser que seule­ment très peu de gens peuvent concrè­te­ment réali­ser ces rêves. Je me méfie de ces grands rêves que nous nour­ris­sons parfois, car souvent ça peut nous rendre cynique, désem­paré et dépres­sif. Peu de nous peuvent concrè­te­ment créer des vais­seaux spatiaux, deve­nir Président, ou deve­nir Steven Spiel­berg. Il serait peut-être mieux d’être à l’écoute de ce qui se passe à l’ex­té­rieur de nous, et d’ac­cueillir avec joie et comme oppor­tu­ni­tés les petites tâches qui nous sont deman­dées, au lieu de tenter de réali­ser le grand rêve. Au lieu de vouloir créer rapi­de­ment Autant en emporte le vent, peut-être serait-il mieux de faire une simple carte postale et de gran­dir de cette expé­rience. Et que cette expé­rience, comme résul­tat, nous enri­chisse et propulse concrè­te­ment. Ce qui nous unis tous à la base est la joie et la passion que nous pouvons éprou­ver à concré­ti­ser et exer­cer nos talents. C’est ce qui est le plus impor­tant pour moi. 

Je retiens que tant et aussi long­temps que j’au­rai du plai­sir et de la joie à exer­cer mon métier, et que je reste­rai ouvert aux oppor­tu­ni­tés qui me permet­tront d’exer­cer mon talent tout en conser­vant cette joie, il y a de fortes chances je m’épa­nouisse et me réalise, sur le plan profes­sion­nel mais aussi person­nel.

Pour suivre le travail de Samuel, rendez-vous sur son site inter­net. Vous pouvez égale­ment le retrou­ver sur son compte Insta­gram et sa page Face­book.


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