Plus de deux ans après le System-1, Roland enrichit sa gamme AIRA par le haut, avec un puissant synthé polyphonique capable de modéliser plusieurs ancêtres de la marque.
La série AIRA a fait des premiers pas en 2014. Un an plus tard, elle comptait déjà une boite à rythmes (TR-8), un séquenceur de basse (TB-3), un processeur vocal (VT-3), un synthé à multi-modélisations (System-1) et une table de mixage (MX-1). Sont ensuite apparus différents modules de synthèse et d’effets (System-500), puis plus récemment une console DJ (DJ-808). Le System-1 a été décliné en version module 19 pouces, le System-1m. Il est capable d’accueillir un logiciel additionnel modélisant certains synthés d’antan de la marque : on a le choix entre le SH-101, le SH-2, le Promars et désormais le System-100. Il suffit pour cela de charger l’application dans la machine à partir d’une STAN, ce qui vient compléter le synthé VA intégré polyphonique de 4 voix. Lors du test de 2015, nous avions salué la qualité de modélisation, surprenante par son niveau de détail et sa précision ; nous avions toutefois regretté la faible qualité du clavier et la polyphonie réduite. Il manquait donc à la gamme une machine plus puissante, avec un vrai clavier et des modélisations polyphoniques vintage. C’est désormais chose faite avec le System-8, une version survitaminée du System-1…
Mise au green
À l’allumage du System-8, on se demande ce que serait la série AIRA sans la couleur verte. La machine s’illumine en vert électrique (cerclage des commandes activées et LCD) et se met à clignoter lorsqu’elle passe en veille. La luminosité est heureusement paramétrable, ce qui rend le vert tout à fait acceptable, finalement.
Autre élément emprunté à la série AIRA, la construction à dominance plastique, ce qui rend la machine légère (moins 6 kg), mais moins robuste qu’une coque en métal. La partie du panneau située au-dessus du clavier est toutefois constituée de deux plaques en alu brossé peint assurant une bonne rigidité à la façade. Les commandes sont bien ancrées et agréables à manier. On dénombre 40 potentiomètres (avec détente centrale pour ceux représentant des valeurs bipolaires), 14 curseurs linéaires (très fluides), 16 sélecteurs rotatifs (un peu mous du clic), 5 encodeurs, 42 sélecteurs mous éclairés (vert) et 16 grands sélecteurs transparents multicolores (vert pomme Granny Smith ou Reinette suivant le mode programme ; bleu, blanc, rouge en mode séquenceur).
La partie supérieure de la façade est divisée en sections arpégiateur, LFO, oscillateurs, mixeur, enveloppe de pitch, filtre, ampli et effets. En partie inférieure, on trouve le mode de jeu/édition, les réglages via menu (avec LCD 2 × 16 caractères et commandes de navigation/entrée des données), le choix du moteur de synthèse, le séquenceur à pas et la sélection des programmes. De quoi bien prendre en main la machine sous tous ses aspects ! À gauche du clavier, on trouve le bâton de joie typique de Roland, à savoir un pitch bend latéral et une modulation en poussant. Il est assignable au pitch et au filtre (modulations directes et par le LFO) et grâce à quatre curseurs programmables.
Le clavier de 4 octaves est identique à celui du JD-XA : un poil plus court que la moyenne (13 cm), il offre une très bonne réponse à la vélocité, mais pas d’aftertouch. Cela permet une machine compacte (88 × 36 × 11 cm), mais trop courte en mode split. On peut transposer très facilement par octave (-3 à +3) ou par demi-ton (-5 à +6), merci d’avoir prévu les deux, trop souvent oubliés par les constructeurs. L’ergonomie est bien pensée : commandes directes éclairées suivant le contexte (activation en fonction du plug-out), peu de fonctions de synthèse cachées, programmation intuitive des pas du séquenceur via les boutons lumineux, mode manuel, modes Catch (seuil)/Direct (saut) pour les potentiomètres, activation de partie(s) sonore(s) pour le jeu ou la programmation… on comprend tout de suite !
La connectique est rassemblée sur le panneau arrière : sortie casque (jack 6,35), sorties audio stéréo (2 jacks 6,35 symétriques), entrées audio stéréo (jack 6,35) avec sélecteur de gain (micro/ligne), sortie CV/Gate (jack 3,5) pour piloter un synthé analogique, entrée Trigger (jack 3,5) pour déclencher les pas du séquenceur interne via un module analogique, entrées pour pédales (interrupteur de maintien et expression continue), lecteur de carte SD (programmes, OS), duo MIDI (Out commutable en Thru par logiciel), port USB type B (MIDI et audio 44–48–88–96–192 kHz) après installation d’un driver Windows 7/8/10 ou OS X 10.9/10.10/10.11/10.12), borne pour alimentation (hélas) externe avec bloc au milieu et interrupteur secteur. Il manque juste une entrée XLR pour le micro et des sorties séparées pour chaque canal audio, vu que la machine est bitimbrale…
Principes généraux
Le Sytem-8 est un synthé à modélisation analogique polyphonique de 8 voix et bitimbral de 2×4 voix. Il est capable d’utiliser jusqu’à 4 moteurs sonores différents (2 simultanément) : un moteur de base (System-8) et trois plug-out, à savoir des modélisations additionnelles à charger en mémoire. Chaque moteur intégré/chargé apporte 64 mémoires de programmes réinscriptibles, que l’on peut mélanger par 2 au sein de 64 mémoires de Performance. En plus de son moteur spécifique, le System-8 est livré avec une modélisation de Jupiter-8 et une modélisation de Juno-106, depuis l’OS 1.1. Il reste donc un emplacement libre pour accueillir d’autres moteurs optionnels, mais on peut aussi désinstaller ces deux derniers pour libérer de la place, si besoin.
Au moment où nous réalisons ce test, on dispose de quatre plug payants optionnels pour le System-8, identiques à ceux du System-1 : SH-101, SH-2, Promars et plus récemment le System-100. Le chargement se fait en USB à partir d’une STAN PC ou Mac ; il n’est pas possible d’utiliser une carte SD, c’est bien dommage pour l’autonomie.
Chaque plug est à la fois un plug-in (formats VST ou AU) dans la STAN et un plug-out dans le System-8. Ceci est également vrai pour les moteurs System-8, JP-8 et Juno-106 qui sont disponibles en plug-ins. Pour la description et le son des moteurs SH-101, SH-2 et Promars, nous avons repris en très grande partie les paragraphes correspondants du test du System-1, puisque ce sont les mêmes programmes. Nous avons ajouté un nouveau paragraphe sur le plug System-100, indisponible à l’époque où nous avions fait le test du System-1. Comme ça, c’est complet !
Moteur System-8 : contact
Le moteur System-8 est une évolution du System-1, qui a lui-même évolué depuis notre test initial. Pour chacune des 8 voix, on a 3 oscillateurs, 1 générateur de bruit, 1 HPF, 1 filtre multimode, 3 enveloppes et 1 LFO. Les 2 premiers oscillateurs peuvent être accordés sur 2–4–8–16–32–64 pieds, par demi-ton et par centième de demi-ton. Leur pitch est modulable par une enveloppe AD dédiée (quantité bipolaire) et un portamento (permanent ou legato). Identiques, les oscillateurs totalisent 12 formes d’onde : dent de scie (2 types), impulsion (2 types), triangle (2 types), dent de scie avec bruit, logique (empilage d’ondes), FM, FM avec synchro, voyelle et percussion (clic percutant).
Un paramètre Color permet de modifier le contenu harmonique des ondes. Il s’agit de la largeur d’impulsion (type 1) ou du désaccordage d’ondes virtuelles empilées (type 2) pour les ondes en dent de scie, impulsion et triangle. Il s’agit ensuite de la modulation audio pour les ondes en dent de scie avec bruit, logique, FM et FM synchro. Il s’agit enfin des formants pour l’onde voyelle et du déclin de la percussion pour la percussion. Le paramètre Color peut être modulé par le LFO, les 3 enveloppes ou le troisième oscillateur (niveaux audio) ou réglé à la main.
Les deux oscillateurs peuvent interagir de trois manières en même temps : cross modulation, synchro et modulation en anneau ; très complet ! Le troisième oscillateur, plus pauvre (plutôt un super sub-oscillateur), est capable de produire une onde en sinus ou triangle à 0/1/2 octaves sous la fondamentale, avec un autre paramètre Color (une sorte de filtrage ici) et un accordage fin sur plus ou moins une octave. Utile pour épaissir le son ou moduler en audio. Enfin, le générateur de bruit peut prendre la couleur blanche ou rose.
Tout ce beau monde est mélangé avec précision dans un mélangeur (on s’en serait douté !) avant d’attaquer le HPF statique, suivi du filtre multimode. Ce dernier est plus costaud que celui du System-1, puisqu’il dispose au total de 15 modes organisés en 3 variations. La première variation comprend 6 filtres offrant une résonance plus subtile que ceux du System-1 : LPF 2–3–4 pôles et HPF 2–3–4 pôles. Le deuxième propose 6 filtres Side-Band hérités du V-Synth, avec lesquels on peut créer des effets de phase plus ou moins marqués à différentes bandes de fréquence, en conservant ou rejetant le son d’origine. On peut ajuster la fréquence et la largeur de bande. Enfin, la troisième variation reprend les 3 LPF 2–3–4 pôles du System-1, plus agressifs. La fréquence de coupure peut être directement modulée par une enveloppe ADSR dédiée, le suivi de clavier et la vélocité (les deux premières modulations sont bipolaires). La résonance est auto-oscillante.
En sortie de filtre, on trouve une section d’ampli avec enveloppe ADSR séparée, réglage de Tone et action de la vélocité sur le volume. Pour les modulations, rappelons les trois enveloppes (pitch, filtre, volume) et le LFO pré-assigné au pitch, au filtre et au volume. Ce dernier possède 6 formes d’ondes avec 3 variations chacune. La première variation est classique : sinus, triangle, dent de scie, carré, S&H et aléatoire. La deuxième variation apporte une modulation lente de la fréquence du LFO avec un LFO esclave composé d’une onde en sinus oscillant 5 octaves en dessous de la fréquence principale (modulation de modulation) ; on trouve les 6 mêmes formes d’onde que dans la première variation. La troisième variation comprend des impulsions résonantes, avec 6 fréquences de résonance, permettant de créer des ratchets plus ou moins rapides. Le LFO est doté d’un fondu d’entrée et peut se synchroniser à l’horloge interne/MIDI. Son cycle peut être libre ou redéclenché à chaque nouvelle note ; il peut lui-même redéclencher les enveloppes à chaque cycle. Enfin, on peut choisir le mode de jeu des voix : mono, unisson et polyphonique. Un seul LFO, pas de matrice de modulation, des routages limités et souvent prédéfinis par le constructeur : trop simple ? Cela fait un bout de temps que Roland assume ce choix de simplicité au détriment de la puissance.
Moteur System-8 : allumage
Les premiers synthés VA se contentaient souvent de simuler leurs ancêtres à transistors, sans grande originalité. Aujourd’hui, cela n’est plus suffisant pour s’attirer les faveurs des musiciens ou designers sonores, d’autant que des solutions analogiques abordables existent sur le marché. Le moteur du System-8 offre suffisamment d’originalité, comme nous l’avons dit, pour sortir des sentiers battus ; c’est notamment le cas au sein même des oscillateurs, dont les modèles les plus exotiques permettent d’emprunter en partie les chemins de la FM, des textures hybrides, des contenus harmoniques évolutifs, en modulant le paramètre Color. Le moteur génère toutefois pas mal d’aliasing dans les ondes complexes à partir d’une certaine hauteur de pitch. Cela donne un côté bien crade, pas toujours très musical, en tout cas ça sort des sentiers battus analogiques en ajoutant du bruit numérique. Les niveaux de sortie sont très élevés et nous n’avons pas eu besoin de renforcer le signal par la fonction Boost ou le réglage de gain permettant +/-12 dB.
Côté filtres, on a également suffisamment de modes pour créer une grande variété de nappes planantes, avec des choses inhabituelles grâce aux filtres Side Band. On peut aussi varier le grain de la machine tout en restant sur le moteur de base, grâce aux différentes couleurs de filtre (System-8/System-1). Notons à ce sujet qu’un potentiomètre de haute précision assure un réglage nickel de la fréquence de coupure du filtre, sans aucun effet de pas, même à résonance maximale. D’ailleurs la plupart des commandes continues sont encodées sur 256 valeurs. Les enveloppes savent claquer, le System-8 n’est pas un synthé timide et effacé si on le souhaite ainsi. Il existe aussi un paramètre permettant de faire varier l’âge de la machine, comprendre par-là simuler l’usure des composants, créant des fluctuations et de l’instabilité (accordage, calibrage entre les voix, bruits parasites…). Nous avons trouvé son action trop timide. Il est mémorisé avec chaque programme et fonctionne aussi sur les plug-out, avec des résultats différents suivant la machine émulée. Au passage, nous sommes tombés sur un bug lorsqu’on édite en mono : bouger un potentiomètre tout en jouant des notes coupe le son ; renseignement pris, c’est connu du constructeur : à corriger ASAP, SVP !
- SYS8 01 TBass 00:37
- SYS8 02 Bass Res 00:21
- SYS8 03 Saws 00:40
- SYS8 04 EDM 01:11
- SYS8 05 Strings 00:38
- SYS8 06 EP 00:38
- SYS8 07 Pad Arp 00:28
- SYS8 08 Voc 00:20
- SYS8 09 Brass 00:48
- SYS8 10 Arp 00:25
- SYS8 11 Sync 00:37
- SYS8 12 Hybrid 00:35
- SYS8 13 FM Bells 00:22
- SYS8 14 Andes 00:30
- SYS8 15 Slide FX 00:28
Arpèges et séquences
Chaque programme du System-8 peut mémoriser un accord, un arpège et une petite séquence. La mémorisation d’accord s’effectue en appuyant sur la touche Chord Memory et en entrant les notes ensemble ou une par une (2 à 8). L’accord est ensuite transposé au clavier sur toute la tessiture. L’arpégiateur est très basique : 6 modes de jeu (haut, bas, alterné, le tout sur une ou deux octaves, donc rien d’aléatoire), 6 divisions temporelles (1/4, 1/8, 1/16, 1/4T, 1/8T, 1/16T) et une fonction Hold. Il s’applique tel quel par défaut aux plug-out installés, sauf quand le plug comprend son propre modèle d’arpégiateur.
Le séquenceur peut mémoriser jusqu’à 64 pas polyphoniques. Chaque pas contient un accord et des mouvements de commandes. On peut enregistrer en modes pas-à-pas et temps réel. En pas-à-pas, on commence par entrer une note ou un accord (d’un coup ou en ajoutant des notes à la première tant qu’on la maintient) ; l’écran indique les notes entrées. Tant qu’on maintient une note, on peut en profiter pour régler le temps de Gate ou le mouvement de commandes (jusqu’à quatre). Dès qu’on relâche toutes les notes, le pas est mémorisé et le séquenceur passe au pas suivant. On peut lier des pas ou programmer un silence. On peut aussi se rendre à n’importe quel pas pour l’éditer ou le supprimer.
En temps réel, on entre à la volée les notes et les mouvements des commandes. Mais où est le métronome ? Pas trouvé ! En lecture, on peut spécifier le premier et le dernier pas, décaler l’index de lecture en conservant la longueur de séquence, muter certains pas, choisir une échelle temporelle (idem arpégiateur), déterminer le sens de reproduction (avant, arrière, alterné, pas pairs en avant/pas impairs en arrière, aléatoire, déclenché au clavier), définir un temps de Gate global et ajouter du Shuffle (positif ou négatif). On peut transposer la séquence par demi-ton sur plus ou moins une octave en appuyant sur le bouton Edit/Disp et la touche souhaitée (C3 à C5, mais pas au-delà). On peut assigner le déclenchement des pas à une source externe (genre synthé modulaire ou séquenceur analogique) via l’entrée prévue à cet effet. Les 16 touches lumineuses multicolores permettent de connaître l’état des pas : curseur bleu en lecture, rouge en enregistrement, vert pour les pas activés, blanc pour les pas mutés. Sympa !
Effets et vocodeur
Plus costaud que le System-1, le System-8 propose six effets internes : trois par programme pour les sons internes, deux sur l’entrée audio et un vocodeur. Certains paramètres des effets de programme sont accessibles en façade (en général, le choix de l’effet, la quantité de modulation et le niveau), les autres via le menu. Commençons par les effets de programme, sauvegardés avec chaque son.
Le premier est un effet d’insertion, proposant différents types de saturation (overdrive, distorsion, métal, fuzz, crusher, qui font bien le travail de destruction plus ou moins massive qu’on leur demande) et un phaser (un peu terne) ; on peut en régler le grain et la quantité de modulation (vitesse sur le phaser). Le deuxième effet de programme est un délai/chorus offrant six algorithmes : délai mono, délai ping pong, chorus classique, élargisseur stéréo (type dimension D), flanger, combinaison délai mono -> chorus. On trouve entre 5 et 12 paramètres par effet, avec de très bons résultats dans le prolongement de la partie synthèse. Le troisième effet est une réverbe à six algorithmes : ambiance de proximité, pièce, hall 1, hall 2, plaque et modulation. Par le menu, on peut régler le temps, le niveau, le temps de pré-délai, la coupure des basses/hautes fréquences réverbérées, la densité et le niveau du signal direct. Ces réverbes sont soignées, pas du tout métalliques et sans effet de bouclage désagréable. Là encore, ce n’est pas un effet gadget. Dommage toutefois qu’on ne puisse moduler les paramètres en temps réel.
Nous avons dit que l’entrée ligne pouvait être envoyée dans deux effets. Ces derniers sont indépendants des effets de programme. Ils disposent des mêmes réglages que les sections de délai/chorus et réverbe des effets de programme. On peut les utiliser en effet système (globaux pour tous les sons) ou les sauvegarder dans chaque Performance. Enfin, on trouve un effet de vocodeur utilisant l’entrée ligne comme signal de modulation et le programme en cours comme signal porteur : on peut régler finement le décalage de formants (graves <-> aigus), le volume des consonnes (pour améliorer l’intelligibilité du discours en laissant passer les consonnes de l’entrée ligne), la balance entrée/vocodeur et la source porteuse interne (programme(s) de partie inférieure, supérieure ou les deux). En comparaison avec l’excellent VP-03, nous avons trouvé le vocodeur du System-8 assez quelconque et brouillon sur la voix, ce qui le cantonne aux effets spéciaux ou boucles rythmiques.
Plug Jupiter-8 (installé)
Développé sur le Boutique JP-08, le System-8 intègre de base la modélisation du Jupiter-8, sorti par la marque en 1981 et chroniqué dans nos colonnes. D’ailleurs, les 24 derniers programmes livrés avec la machine sont des reproductions réussies des programmes d’origine du JP-8. Nous avons pu comparer leur excellente qualité et leur comportement conforme au modèle. Nous retrouvons un synthé polyvalent, aussi à l’aise dans les basses, les nappes et les cuivres, que dans les strings, les leads et les grosses synchro. Des VCO discrets, un filtre passe-bas très linéaire (certains disent « trop parfait » ou « trop neutre » ou « dépourvu de caractère », passons…), des enveloppes qui claquent… Le plug restitue le comportement du JP-8 avec une grande fidélité. Nous avions pu apprécier cette polyvalence et cette couleur sonore caractéristique sur le JP-08, nous les retrouvons ici avec plaisir et une polyphonie double.
- JP8 16 Bass1 00:55
- JP8 17 Bass2 00:18
- JP8 18 Glide 00:33
- JP8 19 Strings 00:34
- JP8 20 Brass 00:23
- JP8 21 Poly 00:35
- JP8 22 Square 00:36
- JP8 23 Trump 00:25
- JP8 24 PWM 00:23
- JP8 25 Sync 00:25
Le plug reprend les 44 paramètres de synthèse et d’arpèges du JP-8, auxquels il apporte quelques fonctions supplémentaires. Le son est généré par 2 oscillateurs accordables de 2 à 64 pieds (par octave pour le premier et en plus par demi-ton pour le second), avec Detune, Cross Modulation (pour générer des effets spéciaux métalliques) et synchronisation.
Les deux oscillateurs offrent 6 formes d’onde : sinus, triangle, dent de scie, impulsion variable, carré et bruit blanc. Les largeurs d’impulsion peuvent être modulées par le LFO, les enveloppes ou encore réglées à la main. Le pitch (de chaque oscillateur ou des deux) peut également être modulé par le LFO ou l’enveloppe de filtre. Les deux oscillateurs sont dosés puis entrent dans un filtre passe-haut statique, suivi d’un filtre passe-bas résonant de 2, 3 ou 4 pôles (mode 3 pôles supplémentaire par rapport au JP-8), qui s’arrête à la limite de l’auto-oscillation, comme sur le JP-8. La fréquence de coupure peut être modulée par le LFO, l’une des deux enveloppes et le suivi de clavier. La résultante passe alors dans un ampli, dont on peut régler le volume et la modulation par le LFO (bipolaire). Ce dernier est assez basique, avec réglage de la vitesse, du délai et de la forme d’onde parmi 6 possibilités : sinus, triangle, dent de scie, carrée, aléatoire (2 types).
Les deux enveloppes sont des ADSR bien pêchues, qui ont la particularité de pouvoir suivre le clavier si on le souhaite, fonction rare, mais pourtant bien utile. L’arpégiateur originel n’a pas été oublié, avec ses 4 motifs (haut, bas, alterné, aléatoire) et son action sur 1 à 4 octaves. Les modes de jeu des voix sont aussi reproduits : poly1, poly2 (enveloppes redéclenchées), mono et unisson. Signalons que la vélocité peut agir sur le filtre et le volume, contrairement au JP-8 qui en est dépourvu. Les effets sont également conservés tels que dans le moteur sonore System-8.
Plug Juno-106 (installé)
Développé sur le Boutique JU-06, le System-8 intègre de base la modélisation du synthé Juno-106, sorti par la marque en 1984. Tout comme pour le plug-out du Jupiter-8, les 24 derniers programmes livrés avec le plug sont des reproductions là encore très fidèles des programmes d’origine du Juno-106. On a tout de suite de quoi se mettre sous la main, avec des sons directement utilisables, sans retouche. Comme sur le JU-06, on apprécie les sections de cuivres ou les polysynths avec ce fameux chorus à deux positions très typées 80, que ce soit filtre ouvert ou fermé avec une attaque d’enveloppe caractéristique. Quelques nappes planantes douces sont montées à bord, tout comme des orgues qui permettent d’apprécier la pêche de l’enveloppe sur les attaques percussives. Un peu plus loin, on s’amuse avec les impulsions à largeur variable : onde carrée acidulée stricte, beaux strings avec modulation de LFO embellis par le chorus (décidément très réussi, y compris le souffle modélisé que l’on peut heureusement anéantir comme par magie), leads avec la largeur d’impulsion qui se balade d’une note à l’autre… Le plug du Juno-106 permet également des basses puissantes, aussi bien rondes, résonantes que grasses avec sub-oscillateur. Il est moins à l’aise sur les effets spéciaux, hormis un peu de vent ou un LFO oscillant dans l’audio…
- J106 26 Funk Bass 00:25
- J106 27 Bass1 00:50
- J106 28 Bass2 00:50
- J106 29 Poly1 00:39
- J106 30 Poly2 00:38
- J106 31 Saws 00:37
- J106 32 Pad1 00:26
- J106 33 Pad2 00:25
- J106 34 House Stabs 00:33
- J106 35 PWM 00:19
Le Juno-106 est un synthé analogique très basique à 24 paramètres éditables, permettant d’aller droit au but. Le son est généré par un oscillateur accordable sur 2–4–8–16–32–64 pieds, accompagné d’un sub-oscillateur carré à l’octave inférieure et d’un générateur de bruit blanc. L’oscillateur peut générer simultanément une impulsion à largeur variable et une dent de scie. Il n’y a donc pas d’interactions d’oscillateurs (vu qu’il n’y en a qu’un). Le pitch peut être modulé par le LFO, alors que la largeur de l’impulsion peut être modulée par le LFO ou l’une des deux enveloppes (bipolaire), avec mode manuel sur la PW.
Sur le System-8, le mixeur d’oscillateurs permet de doser finement l’onde en dent de scie, l’onde impulsion, le sub-oscillateur et le bruit. Le tout passe ensuite dans un filtre passe-haut statique (ici à réglage continu), suivi d’un filtre passe-bas résonant de 4 pôles, capable d’entrer en auto-oscillation. La fréquence de coupure peut être modulée par le LFO, l’enveloppe et le suivi de clavier (modulations bipolaires). La résultante passe alors dans un ampli, dont on peut régler le volume et la source de modulation (gate ou enveloppe). Le LFO est plus que basique (une seule onde en sinus), avec réglage de la vitesse (jusqu’au début de l’audio) et du délai. Pour l’enveloppe, Roland a eu l’excellente idée de conserver ici les deux enveloppes disponibles, assignées séparément au filtre et à l’ampli. On peut toutefois basculer en mode à une seule enveloppe et gate sur le VCA, comme sur le Juno-106. En revanche, rien sur le pitch.
Pour les effets, on retrouve la modélisation des deux positions de chorus du Juno-106 dans le premier multieffets. Comme déjà dit, on peut même régler (et supprimer) le niveau de bruit modélisé sur le chorus de l’ancêtre ! Notons que les deux effets de chorus se substituent aux effets métal et fuzz du System-8, les autres effets étant toujours disponibles sur le plug. Tout comme sur le plug du JP-8 et contrairement au Juno-106 vintage, la vélocité peut agir sur le filtre et le volume. L’arpégiateur du moteur du System-8 est aussi conservé, merci !
Performances à deux
Nous avons dit que le System-8 était bitimbral. Dans une Performance, en plus du mode Single, il peut fonctionner en mode Dual. Dans ce cas, la machine génère deux parties de 4 voix maximum (1 voix sur les modèles optionnels mono), dont on peut régler la tessiture à la note près. Ceci permet de jouer des zones séparées et/ou empilées. Étant donné que chaque ensemble de 4 voix (ou 1 suivant modèle) est généré par un DSP qui a besoin de toutes les ressources, on ne peut hélas pas ventiler la polyphonie différemment (genre 2+6 ou 1+7). Pour chacune des deux parties, on choisit le modèle et son programme, puis on règle le niveau, le panoramique, la tessiture, l’accordage (par octave, demi-ton, fin), la réception des contrôleurs physiques (pitch bend, pédales) et le canal MIDI.
On doit définir laquelle des deux parties produit l’arpège et pour quelle(s) partie(s) il est activé, dommage. En revanche, chaque partie conserve son séquenceur à pas totalement indépendant de l’autre, une excellente nouvelle. Chaque partie conserve également ses paramètres d’effets, eux aussi totalement indépendants, tels que programmés en mode Patch. Excellent !
On peut modifier les paramètres de synthèse d’une partie dans son contexte de Performance. Mais quand on mémorise une Performance, on mémorise l’assignation des programmes aux parties, pas leurs paramètres de synthèse. Autrement dit, modifier un programme en mode Patch modifie la manière dont il sonnera dans la Performance. Et pour conserver une Performance telle que l’on a modifié les paramètres de synthèse des parties, il faut sauvegarder les programmes indépendamment en mode Patch, en plus de la Performance. Cela peut sembler limité, mais n’oublions pas que l’on a le lecteur de cartes SD intégré pour créer des backups que l’on peut ensuite restaurer en toute autonomie.
Plug System-100 (optionnel)
Le System-100 est un ensemble semi-modulaire datant de 1975. Il est composé d’un synthé (Model-101), d’un expandeur (Model 102), d’un mixeur (Model 103), d’un séquenceur (Model 104) et de deux enceintes (Model 109). Le plug System-100 reprend les deux premiers modules de synthèse. C’est une application payante. Comme tous les plug-out de synthés mono sur System-8, le moteur reste mono, sans libérer de polyphonie pour les autres moteurs. Ici, nous disposons des modules suivants : deux VCO, un bruit, un modulateur en anneau, un mélangeur, un VCF, un VCA, un portamento, deux LFO, un S&H, deux enveloppes, des effets et des entrées/sorties de modulation. Les VCO peuvent générer des ondes en dent de scie, impulsion variable ou triangle ; on peut les accorder de 2 à 64 pieds, avec désaccordage par demi-ton et fin. Le pitch de l’un ou des deux VCO peut être modulé par un LFO ou le Glide. La largeur d’impulsion de chaque onde impulsion peut être modulée par les LFO, les enveloppes, le Glide ou réglée à la main. Le VCO peuvent être synchronisés (2 types) ou passer par un modulateur en anneau. S’ajoute un générateur de bruit blanc ou rose. Les quatre sources sont dosées dans un mélangeur puis attaquent le filtre : HPF statique, puis LPF résonant. On peut moduler la fréquence de coupure par un LFO, une enveloppe et le suivi de clavier (modulations toutes bipolaires). Réglée au maximum, la résonance fait entrer le filtre en auto-oscillation. Puis le VCA, avec modulation par le LFO et une seconde enveloppe. Un réglage de tonalité (EQ simple) est de la partie. En sortie audio, on trouve un phaser, un délai et une réverbe.
Sur le plan des modulations, on a un S&H (avec entrées multiples et Lag), 2 LFO (5 formes d’onde dont une aléatoire, vitesse pouvant atteindre l’audio) et 2 enveloppes ADSR (avec trigger classique, gate ou par le LFO). Les modules du synthé peuvent également être reconnectés. Une matrice de modulation représente les connexions entre modules. On peut relier 14 sources à 15 destinations (sans réglage de quantité). Une source peut moduler plusieurs destinations, mais une destination ne peut être modulée que par une source. Les sources sont le S&H, les 2 LFO, les 2 enveloppes, les 2 VCO, le bruit, le modulateur en anneau… donc de l’audio ! Les destinations concernent à peu près tous les modules, y compris le phaser. À noter que certains routages sont prédéfinis, mais peuvent être provisoirement substitués.
La chaîne audio est déjà connectée : sources vers mixeur vers filtres vers ampli vers effets. Tous les paramètres éditables sont repris dans le plug-out envoyé dans le System-8 ; toutes les commandes ne sont toutefois pas directement éditables en façade, mais se retrouvent dans le menu : il s’agit de certains éléments du S&H, du LFO2 et la matrice de modulation. On perd un peu en ergonomie, mais cela ne se passe pas trop mal quand même. En tout cas, on apprécie de pouvoir se passer du PC en conservant l’accès à tous les paramètres.
Le System-100 est sans doute le plug-out le plus différent de tous les autres, au plan sonore comme au plan de la synthèse. Pour ceux qui trouvent les trois moteurs de base polyphoniques trop classiques, il apporte ce grain particulier et cette folie sonore presque rafraichissante malgré son âge : des drones évolutifs, des effets spéciaux chaotiques, des bruits innommables… sans oublier d’énormes basses hyper grasses ou des leads tranchants. La filiation avec le modèle originel est indéniable, même si nous n’avions pas de System-100 vintage sous la main pour comparer en direct. Nous avons toutefois trouvé un peu d’agressivité numérique dans les modulations audio extrêmes, puisque la machine en est largement capable par sa modularité, contrairement aux autres plug-out à ce jour. Quand on exagère dans l’audio, le synthé se met à gargouiller dans tous les sens…
- SYS100 36 Deep Bass 00:22
- SYS100 37 And Sub 00:24
- SYS100 38 Audio Bass 00:33
- SYS100 39 Lead1 00:33
- SYS100 40 Lead2 00:32
- SYS100 41 Whistle 00:23
- SYS100 42 Arpeg 00:38
- SYS100 43 Vortex 00:30
- SYS100 44 Satellite 00:37
- SYS100 45 Drone 00:45
Plug SH-101 (optionnel)
Le SH-101 est un synthé mono datant de 1982, que l’on pouvait utiliser à plat ou en bandoulière, avec un petit accessoire de contrôle pouvant s’ajouter à main gauche (le fameux Modulation Grip). Il possède un son plastique bien « cheesy » très reconnaissable, avec son VCO, son sub-oscillateur, son unique filtre, son unique enveloppe et son petit LFO, tout cela animé par un arpégiateur et un séquenceur programmable. Le plug SH-101 était au départ livré de base avec le System-1 jusqu’à une certaine date, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Lorsqu’il est activé sur le System-8, tous les contrôles non assignés s’éteignent (ou sont réduits). Mais certains n’ont plus les mêmes fonctions : par exemple dans le mixeur, les commandes qui servaient à doser le niveau des oscillateurs ajustent maintenant les formes d’ondes individuelles. Il faudra donc mémoriser ces petits détails pas si anodins.
Au menu, on trouve un oscillateur capable de générer simultanément une rampe et une impulsion à largeur variable. Il est accordable de 2 à 64 pieds. Un sub-oscillateur vient compléter le tout, à l’octave inférieure (onde carrée) ou à deux octaves inférieures (onde carrée ou rectangle). La largeur d’impulsion peut être modulée par les 2 enveloppes, le LFO ou réglée manuellement. Un générateur de bruit rose s’ajoute au mixeur, avant que tout ce petit monde parte attaquer le filtre passe-bas résonant. La fréquence de coupure est modulable par le suivi de clavier, une enveloppe ADSR dédiée (bipolaire) et le LFO. Ce dernier, qui offre 4 ondes cycliques et une onde aléatoire, peut aussi moduler le pitch ; on peut lui substituer le générateur de bruit.
En sortie, l’ampli dispose d’une enveloppe ADSR séparée (ce que n’a pas le SH-101 originel), redéclenchée par les touches ou le cycle du LFO (libre). Ici aussi, on conserve la synchro de tout ce qui bouge, le portamento/legato, l’arpégiateur et les effets du System-8. Le son obtenu est vraiment caractéristique : les qualificatifs qui viennent à l’esprit sont plastique, aigrelet, acidulé (surtout quand on pousse la résonance du filtre). La réponse des commandes est parfaitement limpide, notamment la fréquence de coupure du filtre qui est très lisse (on pourrait dire lissée). Avec un son très particulier, le plug SH-101 est donc un bon complément aux moteurs intégrés.
- SH 101 01 00:36
- SH 101 02 00:56
- SH 101 03 00:38
- SH 101 04 00:34
- SH 101 05 00:42
Plug SH-2 (optionnel)
Le SH-2 est un synthé monodique à 2 VCO et 1 Sub-VCO produit à partir de 1978, que l’on entend souvent sur les premiers titres de New Wave. Très simple d’emploi, il est caractérisé par de grosses basses épaisses, obtenues lorsqu’on désaccorde les 2 VCO et qu’on active le Sub-VCO. Le plug SH-2 est une application payante. Tout comme les autres applications, elle peut tourner en plug-in sur les STAN compatibles ou en plug-out autonome dans le System-8. Techniquement, il s’agit d’une fidèle modélisation du modèle vintage, enrichie en possibilités de modulation. L’unique voix est constituée de 2 oscillateurs à 3 formes d’ondes (rampe, impulsion ou sinus pour le premier ; rampe, impulsion et bruit blanc pour le second), auxquels on peut ajouter un sub-oscillateur (onde carrée à –1 octave). La plage d’accordage est étendue de 2 à 64 pieds, avec accordages grossier et fin pour le second oscillateur. La largeur de l’onde impulsion est modulable par un tas de sources (sub-oscillateur, 2 enveloppes, Autobend, LFO) ou à la main. Les oscillateurs ne peuvent par contre pas interagir.
Un mixeur permet de doser les 2 oscillateurs et le sub-oscillateur avant d’attaquer un unique filtre passe-bas résonant, comme sur le SH-2 originel. La fréquence de coupure est modulable par le suivi de clavier, le LFO ou l’enveloppe dédiée (modulations toutes bipolaires). Contrairement au SH-2 vintage, on peut cette fois utiliser 2 enveloppes ADSR distinctes, redéclenchées par le jeu ou le cycle du LFO. Ce dernier possède un délai, 4 formes d’onde basiques et un mode aléatoire ; son cycle est uniquement libre.
Ici aussi, on conserve la synchro de tout ce qui bouge, le portamento/legato, l’arpégiateur et les effets du System-8. Le son obtenu est gros, gras, percutant, brut, sur toute la tessiture. On tire rapidement d’excellentes basses grassouillettes avec filtre ouvert, des pads à la quinte évocateurs, avec filtre médium et résonance légère, ainsi que de beaux leads coupant dans le mix, filtre ouvert comme fermé. Le plug SH-2 complète très bien les moteurs intégrés, avec un caractère sonore très différent.
- SH 2 01 00:40
- SH 2 02 00:27
- SH 2 03 00:12
- SH 2 04 00:24
- SH 2 05 00:42
Plug Promars (optionnel)
Le Promars est un synthé monodique à 2 VCO et 2 Sub-VCO produit à partir de 1979, souvent décrit (en partie à tort) comme un JP-4 à une voix. Il est caractérisé par un son puissant et gras, obtenu lorsqu’on désaccorde les 2 VCO. Il bénéficie de 8 emplacements mémoires (figées une fois sauvegardées), d’où le terme « Compuphonic » sérigraphié en façade. Le plug Promars est une application payante. Tout comme les autres applications, elle peut tourner en plug-in sur les STAN compatibles ou en plug-out autonome dans le System-8. Il s’agit d’une modélisation très fidèle du modèle vintage, avec quelques fonctionnalités additionnelles. L’unique voix est constituée d’un double oscillateur à 2 formes d’ondes (rampe ou impulsion), auxquelles on peut ajouter un double sub-oscillateur (onde carrée). On peut accorder les oscillateurs sur une plage étendue de 2 à 64 pieds, avec 2 niveaux de Detune programmables pour le second oscillateur (comme sur le Promars originel). Le LFO peut agir sur le pitch ou la largeur de l’onde impulsion, cette dernière étant également réglable manuellement ou pilotable par 2 enveloppes ADSR.
La section mixeur (nouvelle par rapport au Promars originel) permet de mélanger les 2 oscillateurs à un générateur de bruit blanc. Le signal passe alors dans un HPF statique puis un LPF dynamique résonant, dont la fréquence de coupure peut être modulée par le suivi de clavier, un LFO et une enveloppe ADSR dédiée (les modulations du LFO et de l’ADSR sont bipolaires). L’ampli dispose de sa propre enveloppe ADSR. Le LFO possède 4 formes d’onde basiques et un mode aléatoire ; son cycle peut être libre ou redéclenché.
Ici encore, on conserve la synchro de tout ce qui bouge, le portamento/legato, l’arpégiateur et les effets du System-8. Des basses et infrabasses solides, un filtre très efficace, des leads incisifs, une réponse limpide des commandes, peu de fioritures (pas d’intermodulations d’oscillateurs), voilà qui caractérise le son du Promars, là encore bien complémentaire aux autres modélisations. Tiens, on attend toujours la modélisation polyphonique du JP-4 !
- ProMars 01 00:41
- ProMars 02 00:36
- ProMars 03 00:36
- ProMars 04 00:14
- ProMars 05 00:33
Conclusion
Nous voici arrivés au moment de conclure ce test un peu long. Nous avons en tout premier lieu apprécié la qualité sonore du System-8 et l’expérience de programmation qu’il offre, avec ses commandes contextuelles directement accessibles. Il représente une évolution incrémentale de la modélisation ACB maison, ajoutant des fonctionnalités au moteur de base tout en intégrant les briques développées sur le System-1 et les synthés Boutique. Il profite également d’une section d’effets duale de qualité, sans oublier l’arpégiateur et le séquenceur à pas. Niveau son, il rapproche la modernité du moteur System-8 et le retour aux sources à la sauce 70s & 80s avec des plug très réussis, dont ceux intégrés du JP-8 et du Juno-106. Nous aurions toutefois aimé une polyphonie plus généreuse, une allocation dynamique des voix, des possibilités accrues de modulation, un peu plus de métal dans la construction et un clavier plus grand pour profiter pleinement du mode split. Quoi qu’il en soit, le Sytem-8 est un synthé qui va droit au but : le son avant tout, moderne et vintage, ainsi que les outils essentiels pour le tailler en toute simplicité.
Téléchargez les extraits sonores (format FLAC ; les extraits des SH-101, SH-2 et Promars sont repris d’un précédent test)