Un an tout juste après la sortie de Cubase Pro 8, voici que la version 8.5 débarque sans énorme nouveauté, mais avec une foule de petites choses qui changent la vie.
Respectant son engagement de sortir une mise à jour de Cubase tous les ans, Steinberg propose la version 8.5 de son séquenceur phare qui, comme l’indique son nom, n’est pas une évolution majeure, mais plutôt une transition entre la 8 sortie l’an dernier et la 9 qui arrivera vraisemblablement pour Noël 2016. Un os à ronger pour patienter ? Un peu plus que ça si l’on considère le contenu de cette 8.5 accessible à 50 euros seulement pour les possesseurs de Cubase Pro 8.
Synthé de fer
Qu’a-t-on pour un si petit prix qui soit intéressant ? Un synthé pour commencer, ou plutôt la nouvelle version du synthétiseur à modélisation analogique Retrologue, qui propose son lot de nouveautés : un oscillateur supplémentaire, de nouveaux types de filtre, un module Resonator, de nouveaux effets, un arpégiateur programmable et plus de possibilités dans les options de modulation. Une centaine de presets permet de se rendre compte des changements et force est d’admettre que ce petit Retrologue 2 est vraiment très convaincant. Tout le registre de ce genre d’instruments est là, des basses bien énormes aux leads stridants en passant par les motifs arpégés ou les effets spéciaux, tandis que la programmation demeure relativement simple.
C’est un très bon plan et on n’est pas fâché que Steinberg ait réussi son coup, car, du côté des plug-ins, c’est le seul ajout de cette v8.5 qui, comme tous les Cubase auparavant, n’est pas la plus reluisante du point de vue des instruments virtuels : si l’on dispose de choses sympathiques du côté des synthés avec Retrologue 2 et Padshop, on ne dispose toujours pas de bonne batterie acoustique, de sampler ou de pianos et d’orgues dignes de ce nom. Dans leur version SE, HALion Sonic 2 et Groove Agent 4 sont en effet loin d’être convaincants, surtout face à l’offre d’un Logic Pro X ou d’un Sonar sur ce terrain. Ah si seulement Steinberg lâchait la version complète d’HALion, ou du moins d’HALion Sonic, ce serait déjà autre chose… Mais non, on verra donc ce qu’il en est pour la 9.
Pas glop, pas drop
L’autre grosse nouveauté, c’est l’arrivée de VST Transit, le Cloud propriétaire de Steinberg. Cloud ? C’est le nom usuellement donné aux systèmes d’hébergement et de partage de données en ligne, et qui entend bien dématérialiser nos espaces de stockage. Le plus connu, c’est évidemment Dropbox qui a révolutionné la bureautique et le multimédia, mais dans son sillage, quantité de services se sont lancés, aussi bien généralistes (Box.net, Skydrive, Google Drive, iCloud) que spécialisés (Gobbler, Splice pour ce qui des services spécialisés dans l’activité de studio). L’intérêt du nuage (Cloud signifie nuage en anglais), c’est bien évidemment de faciliter la travail collaboratif : bosser sur un projet avec un groupe dont le batteur si situerait en Islande, la chanteuse au Venezuela, le bassiste en Thaïlande et vous, le clavier en France devient ainsi possible. Tout le monde accède à un même dossier sur un serveur et synchronise régulièrement pour partager les modifs qu’il a faites au projet, ou récupérer les modifs des autres. Bref, sur le papier, l’enjeu est réel et ce n’est pas pour rien que la fonction s’est retrouvée au coeur du dernier Pro Tools, la référence dans le domaine demeurant le stupéfiant Ohm Studio des français d’OhmForce. Steinberg lui-même avait déjà proposé avec VSTconnect un moyen de faire des prises à distance, mais pas encore de système de stockage.
Et c’est chose faite avec ce VST Transit qui tient lieu de petite Dropbox cubasienne, tout en étant un peu plus que cela… et beaucoup moins aussi.
Un peu plus parce qu’on dispose d’une petite couche sociale : dans VST Transit, on peut ainsi renseigner un profil rudimentaire (nom, instruments joués, styles musicaux, avec la possibilité d’uploader un petit extrait audio de votre savoir-faire) et chercher dans les profils des autres pour se faire des contacts : vous cherchez un bassiste rock, un violoniste funk ou un flûtiste hip-hop ? Voici qui devrait vous aider. Ne reste plus qu’à adresser une demande à l’intéressé et à ce qu’il accepte pour que vous soyez amis, et ainsi aptes à bosser sur des projets communs.
Libre à vous ensuite de partager un projet sur lequel vous bossez pour que l’autre (ou les autres) viennent y mettre leur groin, une fois le projet téléchargé sur leur machine. Soyez toutefois prévenus des grandes limitations de la chose : outre le fait que selon la version achetée, vous ne disposerez de base que d’un stockage de 500 MB à 1 GB (des offres payantes devraient permettre en janvier de passer de 5 à 20 Go) dont vous aurez vite fait le tour, surtout si vous êtes en 24/96, sachez que Steinberg ne gère aucun système de droits. Les pistes que vous avez créées, vos collaborateurs pourront les lire, mais pas les modifier, même si vous le désiriez. Et l’inverse est aussi vrai : les pistes de vos collaborateurs, vous ne pouvez que les lire, mais pas intervenir dessus. Ce qui veut dire que si un saxophoniste moldave vous fait un solo de la mort, vous devrez préalablement faire un render in place de sa piste pour la dupliquer ou le laisser faire l’editing de ce dernier, vu que vous n’y aurez pas accès autrement. C’est assez mal pensé.
En l’absence d’un système de rendu audio automatique, sachez en outre que si vos interlocuteurs n’ont pas les mêmes instruments virtuels que vous, ils vont se retrouver avec un bête fichier MIDI sans possibilité d’avoir le son que vous, vous avez. Bien sûr, cette limitation est contournable aisément en faisant un rendu préalable de l’instrument, mais dans la mesure où le révolutionnaire Ohm Studio des français d’OhmForce gère cela depuis trois ans, en plus des droits, et qu’il fait tout cela en temps réel, ça fait un peu tache.
Précisons-le d’ailleurs, rien dans VST Transit ne s’opère en temps réel. Il faut synchroniser après chaque modif pour la propager sur le serveur, et pour récupérer les modifs des autres, sachant qu’aucune notification ne vous alerte d’éventuels changements (ou alors elle est bien cachée au point d’être inutile) et surtout que le système ne gère pas le ‘versioning’, ce qui est plus gênant. Impossible donc de récupérer les différents états d’un projet à travers le temps : seule la dernière version demeure sur le serveur. La chose n’est pas bien grave vu que personne ne peut modifier les contributions de personne, mais on peine à imaginer comment Steinberg va décider ses utilisateurs à payer lorsque des Splice ou des Gobbler font mieux…
De son côté, l’interface de communication oscille entre messagerie (Inbox, Outbox, etc.), chat et système de commentaires très perfectible : vous ne voyez que les commentaires des autres, mais pas ceux que vous avez saisis. Pour communiquer, on a donc vite fait de retourner dans son client mail favori et de dégainer Skype : c’est autrement plus efficace et mieux foutu ergonomiquement.
Enfin, ultime limite de ce système propriétaire : il est… propriétaire ! Et donc fermé. Certes, Cubase jouit d’une vaste communauté d’utilisateurs, mais se couper de tous les musiciens ou ingés son utilisant des STAN concurrentes rend le côté générique d’un Splice autrement plus attrayant. Bien évidemment, avec Splice, on ne jouit pas d’une intégration aussi poussée qu’avec VST Transit et il serait par ailleurs très compliqué de faire une plateforme ouverte à toutes les STAN vu la médiocrité des formats de fichiers génériques comme l’OMF, mais on touche là à une grosse limite sur ce qu’on attend d’une plateforme collaborative. Personnellement, la plupart des musiciens électroniques que je connais sont sous Live ou FL Studio, tandis que la plupart des ingés sont sous Pro Tools. Du coup, on le comprend : ce n’est pas d’Avid ou de Steinberg que pourra venir la plateforme parfaite, du moins pas tant que ces derniers ne pensent la collaboration qu’à l’intérieur de leur logiciel. Quelle solution avait Steinberg ? Initier un nouveau format ouvert comme il l’a fait avec VST, laissant à ses concurrents la possibilité de le rejoindre, aurait été l’idéal même si l’on comprend bien l’ampleur de la tâche. Au minimum, disposer d’un site web permettant d’accéder au projet depuis une interface Web sans nécessiter Cubase, avec un rendu systématique des stems aurait été intéressant dans cette perspective. Pour l’heure, en termes de collaboration, on préfèrera donc passer par les solutions de Cloud indépendantes, ou par OhmStudio qui propose certes les mêmes défauts du format propriétaire, mais qui est… gratuit jusqu’à 10 projets ! Et donc plus susceptible d’être installé par chacun.
L’idée de VST Transit est donc excellente sur le papier et elle fonctionne techniquement, mais elle n’est clairement pas très intéressante dans les faits pour l’instant, à côté de ce que proposent OhmStudio, Splice, Gobbler ou même une bonne vieille Dropbox. Inutile de dire, par ailleurs, qu’aucun système de copyrighting ne semble géré, pas plus que n’est gérée la possibilité de payer ou de vendre des services, chose qui serait pourtant très intéressante. Coup d’épée dans l’eau ? Non, plutôt idée restée à l’état d’embryon, mais qui pourrait vraiment apporter beaucoup de choses si Steinberg revoyait sa copie pour la V9… en espérant que les déçus de la première heure lui donnent une seconde chance alors.
Ce n’est pas en tout cas pour cette fonction que nous vous conseillerons d’acheter cette v8.5, vous l’aurez compris, mais plutôt pour des choses bien plus anodines en apparence, mais bien plus importantes au jour le jour.
Ces petits rien qui changent tout
Fort heureusement, il y a bien d’autres choses dans cette version 8.5, plein de petites choses, mais qui, mises bout à bout, forment le plus gros argument qui pourrait vous pousser à mettre votre Cubase à jour.
Commençons par le fait que le logiciel gère désormais des profils d’utilisateurs, chose qui ne passionnera pas les Home Studistes solitaires, mais intéressera probablement les Pros et ceux qui doivent partager leur Cubase. En effet, il est maintenant possible de consigner des préférences utilisateur (options, interfaces, mais pas les presets hélas, etc.) dans des profils, de sorte que chacun peut se mitonner son petit Cubase à lui sans pour autant pourrir celui des autres. Dans un studio susceptible d’accueillir différents ingés son, c’est plutôt une très bonne chose.
Puisqu’on parle de personnalisation, soulignons qu’on dispose maintenant, sur les bords de l’écran, de dialogues qui permettent d’afficher ou d’escamoter les différents panneaux du logiciel (Mediabay, etc.). La chose est pratique même si elle est loin de faire jeu égal avec ce qu’on trouve dans un Reaper par exemple, un Digital Performer ou même un Samplitude. Mettre la Mediabay sur la gauche de l’interface et l’inspecteur à droite demeure par exemple toujours impossible. Au mieux, on peut cacher ou afficher des éléments dont le positionnement est statique.
Même si ce n’est pas ce qu’il y a de plus sexy, la mise à jour de l’algo de Time Stretch Elastique Pro en version 3 pourrait à elle seule justifier la mise à niveau, car on est très au-dessus de la version précédente. C’est un bonheur de l’utiliser, que ce soit pour l’Audiowarp ou pour faire varier le tempo global au gré d’une courbe. Seul regret, il ne semble pas que cette meilleure qualité du Time Stretch se soit reportée sur la qualité du Pitch Shifting, VariAudio étant toujours à la peine tandis que les fonctions d’harmonisation qui y recourent produisent toujours autant d’artefacts : pour faire des voix témoins, ça fera l’affaire, mais impossible d’utiliser ça sérieusement autrement. Et c’est rageant, car le système d’arrangement imaginé par Steinberg avec ses Chord Tracks est un vrai plus de Cubase par rapport à ses concurrents.
Plus original, un nouveau système de Punch in/Punch Out permet de définir très simplement une zone d’enregistrement qui n’a rien à voir avec celle délimitée par les ‘Locators’. Ca ne changera pas la face du monde, mais c’est assez bien vu.
Du nouveau dans les éditeurs
Le Drum Editor évolue grandement lui aussi avec la possibilité d’afficher les vélocités des notes, et de passer d’une représentation ‘Hit’ (un losange s’affiche pour chaque coup) à ‘note’ comme sur le Piano Roll, ce qui permet de gérer la longueur des événements MIDI. Surtout, on peut désormais filtrer l’affichage pour que tous les instruments qui ne contiennent aucun événement ne soient pas affichés. C’est tout bête, mais ça change tout et les patterns sont ainsi bien plus lisibles. Du coup, ceux d’entre nous qui avaient perdu l’habitude d’utiliser le Drum Editor pour tout faire dans le Piano Roll vont peut-être revoir leur façon de travailler.
Concernant ce dernier, Steinberg a ajouté quantité de raccourcis clavier simplifiant la saisie comme l’édition des notes ou de leur vélocité. Un double clic permet désormais de créer une note, cependant qu’un raccourci clavier permet d’agir sur la vélocité de la note en glissant la souris. Via Command ou Control, on désactive aussi le magnétisme pendant le déplacement. Bref, ce sont plein de petites nouveautés qui changent la vie parce qu’elle permettent, très intuitivement, de travailler plus vite.
On pourrait en dire autant des nouvelles poignées disponibles au milieu de l’extrémité droite de chaque conteneur et qui permet de dupliquer ce dernier autant que nécessaire par un simple drag & drop. Toute aussi intéressantes, les nouvelles possibilités d’interaction avec les courbes d’automation ou de tempo amènent plus de confort et de puissance : on peut sélectionner plusieurs points d’un coup et étirer ou compresser leur valeur, ou leur position dans le temps, ou encore simplement les déplacer le long de la courbe. C’est très bien foutu.
Simplifiant également la saisie, les Chord Pads peuvent désormais fonctionner en mode Section, la main gauche servant à sélectionner un accord tandis que la main droite égrène les notes de ce dernier. Pas révolutionnaire, mais pratique à l’usage, surtout pour les claviéristes de petit niveau.
I got you Bay
La MediaBay présente aussi quelques nouveautés intéressantes, à commencer par un système de navigation plus graphique : on peut ainsi parcourir ses instruments, effets ou ressources en cliquant sur l’icône idoine puis sur une vignette représentant l’instrument auquel on veut accéder. Une fonction qui, dans sa réalisation, évoque furieusement l’ergonomie de FL Studio ou de Studio One 3, mais qui hélas se limite aux seuls plug-ins signés Steinberg. Autant dire que ça ne sert pas à grand-chose du coup quand on est un gros utilisateur de synthés et d’effets d’éditeurs de tierce partie, ce qui veut dire pour la majorité des utilisateurs… Mais c’est un bon début, à confirmer dans la 9.
On appréciera plus en revanche l’interaction de la MediaBay avec le projet : un double clic sur un preset d’instrument virtuel crée une piste automatiquement, tout comme on a la possibilité de cliquer-glisser ce dernier dans la fenêtre qui a été améliorée : on peut désormais choisir où l’on veut créer une piste lorsqu’on glisse un fichier audio ou MIDI. Outre la pré-écoute des presets et des fichiers audio au tempo original ou à celui des projets, on se réjouira aussi de voire les boucles MIDI s’adapter automatiquement à la progression de la piste d’accord quand il y en a une sur un simple cliqué-glissé.
Bref, tout ça va dans le bon sens même si on est loin encore de la souplesse d’un Studio One sur ce point : on ne peut pas glisser un preset d’effet dans la fenêtre pour créer une piste audio, on ne peut rien glisser vers la MediaBay et surtout, on ne peut pas se servir de cette dernière pour explorer le contenu de disques durs qui n’auront pas été préalablement inspectés et rentrés en base. Certains détails agacent aussi : glisser un preset d’effet sur la table est un cauchemar vu que cette dernière ne dispose plus de l’option ‘Toujours devant’ si pratique autrefois et que, par conséquent, elle disparait derrière la fenêtre principale dès qu’on clique sur la MediaBay…
Dans le même genre de détail agaçant, le gestionnaire de presets de chaque instrument qui reprend l’ergonomie de la MediaBay semble incapable de prendre en compte un critère de tri pour les boutons précédent/suivant. Du coup, lorsqu’on veut écouter toutes les basses de Retrologue, on ne peut utiliser ces derniers qui s’obstinent bêtement à suivre l’ordre alphabétique. D’ailleurs, concernant une liste de presets, il faudra bien qu’on m’explique l’intérêt de faire un listage alphabétique, à moins d’être précisément le sound designer qui a conçu la banque et qui connaît tous les patches par leur petit nom…
Mais encore…
Parmi les dizaines de petites améliorations, on citera encore la possibilité de définir des schémas de nommage pour les sauvegardes. L’interface en question est simple et fera gagner bien du temps à ceux qui ont beaucoup d’exports à faire tout en leur permettant de rester parfaitement organisés : songez notamment aux auteurs d’instruments samplés qui doivent parfois gérer des milliers voire des dizaines de milliers d’enregistrements pour faire une banque de samples…
Gagner du temps, c’est aussi ce qui motive la possibilité de définir, désormais, le routing d’une piste lors de sa création. Plus besoin de procéder en deux temps donc, et de faire son routing dans l’inspecteur de piste.
Toujours au rayon création de piste, on dispose également d’une option d’import depuis un autre projet. Ce n’est pas forcément une fonction qu’on utilise tous les jours, mais qui saura se rendre utile lors du remixage de morceaux par exemple, d’autant que l’interface est très pratique et permet de définir précisément quelle piste on veut importer et où on l’importe.
Ce qui manque
Tous ces petits ajouts sont franchement les bienvenus, mais ils n’en comblent pas pour autant toutes les attentes, loin de là. Si Cubase est en avance sur certaines fonctions par rapport à ses concurrents (Chord Track, Control Room, Trackversions, VSTexpression, etc.), il accuse en effet un certain retard sur d’autres choses qui paraitront plus ou moins essentielles aux uns ou aux autres.
Sans revenir sur les options de personnalisations et d’organisation de fenêtre qui sont encore loin de ce qu’on trouve chez certains concurrents, on regrettera ainsi que les objets audio ne soient toujours pas au programme (soit la possibilité d’appliquer un effet à un conteneur uniquement, de manière non destructive et automatisable, en plus des effets de pistes).
De même, on ne dispose d’aucun outil pour se bricoler des meta-instruments ou des meta-effets, ce qui est pourtant très pratique, que ce soit pour faire du layering ou du traitement multibande simplement.
Enfin, on peste toujours sur le fait que Steinberg rechigne à intégrer Melodyne ou l’un de ses concurrents signé IRCAM ou Zynaptiq, car on sent bien que VariAudio, comme le générateur d’harmonie, profiteraient grandement d’algos de meilleure qualité : pour l’heure, les parties générées avec ce dernier sont en effet bien difficilement exploitable à cause de la médiocre qualité des transpositions.
Évidemment, ce sont là des fonctionnalités majeures qu’on attendra plus pour la V9. Toutefois, il y a bien des petites choses que Steinberg pourrait améliorer : autrement moins dur à développer, la possibilité de colorer les tranches de la console dans leur intégralité comme dans Pro Tools, Reaper, Studio One, Reason ou encore Sonar, n’est hélas toujours pas au rendez-vous. C’est pourtant diablement pratique, car plus efficace que le petit carré de couleur au bas de chaque piste.
Et enfin, on pestera toujours contre de vieilles lourdeurs ergonomiques. Le Rack Instruments et les Pistes Instruments font en effet plus que jamais double emploi tandis que la gestion des connexions audio/MIDI est toujours aussi neuneu : lorsque vous ouvrez un ancien projet réalisé, à l’époque, avec une autre interface audio, Cubase est incapable de désigner automatiquement votre interface actuelle à la place de l’ancienne. Il faut donc à chaque fois réassigner les entrées/sorties à la main, ce qui s’avère parfaitement exaspérant.
Bref, comme vous le voyez, ce qui est vrai pour tous les séquenceurs l’est aussi pour Cubase : on est loin d’être face à un produit parfait ou exhaustif et Steinberg a encore bien du travail à fournir pour se hisser au-dessus de la mêlée au prix où il est vendu.
Conclusion
Même si VST Transit n’est pas aussi abouti qu’on l’espérait et même si Retrologue 2 n’intéressera pas ceux qui sont déjà pourvus en synthés à modélisation analogique, cette mise à jour est en premier lieu à conseiller pour les possesseurs de la v8 qui, pour 50 euros seulement, profiteront d’un bien meilleur algo de Time Stretching et d’une foule d’améliorations ergonomiques rendant le logiciel plus agréable et productif que jamais.
Facturée 150 euros depuis la 7.5, la mise à jour vous permettra en plus d’accéder aux faders VCA et au rendu inplace, bien pratiques eux aussi. Depuis la 7, c’est 200 euros qu’il faudra débourser pour ajouter en plus de tout ce qui est au-dessus les fonctionnalités apparues avec la 7.5 : Track Versions, Track Quick Controls, support des entrées/sorties multiples sur les instruments VST, etc.
Et au-delà ? Disons que l’intérêt des mises à jour est à considérer au cas par cas en regard d’un prix qui progresse par tranche de 50 euros (mise à jour à 250 euros depuis la v6 ou v6.5, et à 300 euros depuis la V4 ou V5). Certes, ça commence à faire cher l’update, mais depuis la V5 ou la V6, Cubase a tellement changé qu’on n’est pas loin de parler d’un tout autre logiciel. Les évolutions de la console apparues dans la V7, le piste Accords ou les refontes du Channel Strip et de la Control Room en font, selon moi, la mise à jour la plus majeure qu’ait connu le logiciel depuis sa V6. Et si l’on ajoute à cela les choses apportées en 7.5, 8 et 8.5, la dépense vaut le coup.
Précisons, tant qu’on en est aux mises à jour, que Cubase n’existera plus à partir de la version 9 qu’en 64 bits. Si vous êtes chevillés au 32 bits, cette version est la dernière que vous pourrez acquérir pour profiter de votre bon vieux Windows XP…
Finissons avec ceux qui cherchent à investir dans leur première STAN ou à changer de crèmerie. Que vaut Cubase dans l’absolu face à ses concurrents, en sachant qu’il se situe à 549 euros prix public ? La question est assurément dure à trancher, car elle dépend d’abord de la très subjective notion d’ergonomie.
Pour en revenir à des aspects plus objectifs, notons que Steinberg n’offre certainement pas le meilleur bundle d’instruments/effets du marché sur le plan qualitatif ni le meilleur rapport qualité/prix. Sans aller jusqu’à le comparer à un Reaper auquel il est dur de comparer qui que ce soit, il est moins agressif qu’un Sonar avec son système d’abonnement, ses mises à jour régulières et son bundle de plug-ins impliquant des grands noms, ou un Logic qui, pour 200 euros, offre au moins autant de choses, sinon plus. Son parti pris généraliste ne le rendra pas non plus très pertinent en alternative à un Live, un Bitwig, un FL Studio ou un Reason. Comme précisé ci-avant, il y a encore bien des fonctions ou améliorations qu’on attend de voir débarquer dans Cubase, de même qu’on aimerait le voir aussi souple et rapide qu’un Studio One (réalisé par des anciens… de Steinberg !). Et pour finir sur le marché pro, notons qu’en dépit des efforts de Steinberg et Yamaha pour proposer des contrôleurs hardware plus ou moins chers (petite série CMC ou grosse station Nuage), soulignons qu’on est encore loin de disposer d’un équivalent à l’écosystème d’Avid qui balaye tous les besoins : du live au studio, que ce soit en audio ou en vidéo.
Pour autant, Cubase a aussi des arguments. Il jouit déjà au niveau mondial d’une vaste communauté et il est, avec Pro Tools et Logic, l’une des STAN les plus populaires et documentées (livres, tutos, forums, formations). S’il va sans dire que cet aspect simplifie l’apprentissage du logiciel, Cubase offre aussi des fonctions qu’on adorerait voir chez ses concurrents : son intelligente Control Room (idéale pour gérer le monitoring de façon avancée) ou son redoutable éditeur logique (système permettant de traiter du MIDI à partir d’un jeu de règles), ses Trackversion bien foutues ou sa piste Accords et les fonctions qui en découlent et qui sont bien plus qu’un gadget pour les songrwriters. On citera encore les technologies Note Expression et surtout VSTexpression qui, supportée par Vienna et EastWest, simplifie la programmation des banques orchestrales. Couplée à l’arrivée prochaine d’un éditeur de partitions qui s’annonce excellent (réalisé par des anciens de Sibelius, il fera l’objet d’un logiciel indépendant, mais jouira évidemment d’une bonne intégration au sein de Cubase), c’est le genre de fonctionnalité qui pourrait décider plus d’un compositeur de musique orchestrale à devenir Cubasien. À vérifier, on l’espère, en 2016 et sans doute pour la sortie de Cubase 9.
Bref, chacun devra jauger la bête en fonction de ses besoins, sachant que les versions d’évaluation servent justement à cela.