Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Guide d’achat
71 réactions

Guide d’achat des synthétiseurs - Quel synthé acheter ?

Très dynamique, le marché du synthé regroupe de nombreux modèles, capables de créer des sons du plus classique au plus improbable. Techno, synthèse, format, spécifications, domaines de prédilection, comment choisir son synthé ?

Quel synthé acheter ? : Guide d’achat des synthétiseurs

schmidt-eightvoice-polyphonic-synthesizer-2075130Occu­pant la moitié d’un studio ou posé discrè­te­ment dans un coin de la scène, le synthé est un instru­ment de musique incon­tour­nable dans bon nombre de styles musi­caux. Certains aiment les empi­ler en long, en large et en travers, d’autres jouent aux chaises musi­cales synthé­tiques pour faire de la place, d’autres enfin se fabriquent des studios-mallettes pour aller défier les petites scènes du monde entier. Si certains groupes rock des 80’s refu­saient caté­go­rique­ment d’uti­li­ser un synthé ou en avaient honte au point de les planquer derrière un rideau, le synthé est aujour­d’hui admis dans la plupart des forma­tions. Qu’on soit riche ou pauvre, qu’on ait beau­coup ou peu de place, il y a suffi­sam­ment de modèles sur le marché aujour­d’hui pour satis­faire la plupart des besoins et moyens. Encore faut-il choi­sir le bon… Ce guide d’achat a pour objec­tif de mettre le doigt sur toutes les ques­tions à se poser avant de faire le grand saut, même si ce n’est pas le premier. Et des ques­tions, il y en a !

De quoi est fait un synthé ?

Un synthé est destiné à créer et trans­for­mer le son. Ainsi, il est composé de deux grandes familles de modules, isolés ou grou­pés dans un même châs­sis : les modules audio, qui produisent ou déforment la matière sonore de base, et les modules de modu­la­tion, qui modi­fient cette matière dans le temps. Parmi les premiers, on trouve les géné­ra­teurs sonores (oscil­la­teurs, ondes courtes, échan­tillons, tables d’ondes, opéra­teurs FM, séries harmo­niques, Wave­fol­ders, Wave­sha­pers, grains, exci­teurs, géné­ra­teurs de bruit), le modu­la­teur en anneau (multi­pli­ca­tion de deux sources sonores), le mixeur, le filtre et l’am­pli. Les modules de modu­la­tion les plus connus sont le LFO, le géné­ra­teur d’en­ve­loppe, le géné­ra­teur de rampe, le Sample & Hold, le somma­teur, le multiple, la matrice de modu­la­tion, l’ar­pé­gia­teur et le séquen­ceur. Évidem­ment, pour faire se lever les toutes premières mains de la contes­ta­tion, les modules audio peuvent aussi modu­ler à basse fréquence et les modules de modu­la­tion peuvent travailler dans les fréquences audio, mais ne compliquons pas déjà les choses…

roland-jupiter-8-849Un synthé rassemble un nombre variable de ces modules, dont l’ar­ran­ge­ment est figé ou plus ou moins libre ; on parle alors de synthé câblé dans le dur (« hard­wi­red » ou compact par abus de langage), semi-modu­laire ou modu­laire suivant la souplesse d’ar­ran­ge­ment. Dans ce guide, nous ne parle­rons pas de synthés modu­laires, car ils peuvent prendre des formes orga­niques infi­nies suivant l’hu­meur et les moyens de l’uti­li­sa­teur. Ils néces­sitent un trai­te­ment à part, car l’ap­proche diffère un peu des synthés inté­grés (compacts et semi-modu­laires). Un synthé peut aussi possé­der un clavier, statique ou dyna­mique (répon­dant à la vélo­cité, à la pres­sion) et diffé­rentes inter­faces pour commu­niquer avec l’ex­té­rieur (commandes en tension analo­giques, synchro, Midi DIN, Midi USB, audio USB, mémoires de masse).

Bref histo­rique du synthé

moog-music-minimoog-814Les premiers synthé­ti­seurs voient le jour il y a plus de cent ans, mais leur géné­ra­li­sa­tion dans la musique date du début des 70’s, où ils vont connaître un formi­dable essor. Ce sera l’ins­tru­ment domi­nant des prin­ci­paux courants des 80’s, avant de deve­nir un clas­sique presque bana­lisé. Au départ modu­laire, le synthé se simpli­fie, se concentre, avant de se complexi­fier à nouveau grâce aux progrès tech­no­lo­giques (plus de voix, plus de sons, plus de modules inté­grés). Les sons sont d’abord produits et modu­lés par des géné­ra­teurs analo­giques, avant que n’ap­pa­raissent les premières tech­no­lo­gies numé­riques, d’abord centrées sur la mémo­ri­sa­tion, puis les oscil­la­teurs et les modu­la­tions, avant de tout gérer. Les années 90 sont numé­riques, au point que les premiers synthés analo­giques sont aban­don­nés dans des caves humides quand ils ne sont pas jetés à la benne. On peut ainsi s’of­frir des Prophet-5, OB-Xa, Jupi­ter-8 et Memo­ry­moog pour une poignée de dollars, alors que personne ne veut même plus s’en­com­brer de Juno-60, Prophet-600, Matrix-6… même le véné­rable Mini­moog n’est même plus bon à allu­mer le feu.

Mais le début du 21e siècle va voir le retour en force de l’ana­lo­gique, le vrai, passée l’ex­tase des premiers synthés à modé­li­sa­tion. Le synthé reprend force et vigueur, que ce soit au beau milieu des studios, home studio et scènes de toutes dimen­sions. Progrès tech­no­lo­giques aidant, la gamme se posi­tionne à des prix beau­coup plus abor­dables, elle est variée, c’est le retour des poten­tio­mètres et l’avè­ne­ment des grands écrans tactiles pour le plus grand plai­sir de ceux qui aiment tritu­rer le son. C’est aussi la coha­bi­ta­tion des tech­no­lo­gies, dans tous les niveaux de gamme. C’est enfin l’ex­plo­sion des formats, clavier, module, Euro­rack ; on en trouve des petits, des moyens, des gros… En revanche, le rack 19 pouces semble avoir fait long feu. Bref, de quoi perdre le débu­tant, qui doit jongler avec un paquet de critères pour se lancer ; même le confirmé, qui commence à se mélan­ger les oscil­la­teurs et les enve­loppes.

Critères de choix

L’em­bar­ras est l’an­goisse du choix (Albert Brie)

Le choix d’un synthé est complexe, parce qu’il y a un nombre impor­tant de critères : le son, le prix, la marque, la tech­no­lo­gie, le format, la puis­sance, l’ou­ver­ture, l’er­go­no­mie, la complexité, les banques-sons dispo­ni­bles… Ce chapitre n’a pas l’am­bi­tion d’être exhaus­tif, mais vise simple­ment à déve­lop­per les prin­ci­paux critères et para­mètres à regar­der avant de se lancer.

Avec ou sans clavier ?

Fallait-il faire un guide séparé pour les synthés avec et sans clavier ? C’est un critère comme un autre, donc nous avons préféré tout regrou­per pour éviter les allers-retours. Il n’y a pas de règle en la matière, entre empi­ler les synthés à clavier sur des stands de douze niveaux ou semer à tout vent les modules sans clavier. Le tout est de savoir quel est le rôle du clavier : jouer du Rach­ma­ni­nov ou du Guetta ? Sergueï ou David ? Ainsi, on trouve des claviers de 25 à 88 touches (2 à 7 octaves). Notre recom­man­da­tion, c’est d’avoir au mini­mum un très bon clavier, genre 5 ou 6 octaves, toucher semi-lesté (il y a des petites masses collées sous l’ex­tré­mité des touches ou placées à l’in­té­rieur des touches pour les claviers haut de gamme, ce qui rend le jeu plus agréable), sensible à la vélo­cité (cela permet d’en­voyer une modu­la­tion en fonc­tion de la vitesse à laquelle on enfonce la touche) et à la pres­sion (cela permet d’en­voyer une modu­la­tion en fonc­tion de l’écra­se­ment supplé­men­taire que l’on applique lorsque la touche est enfon­cée).

baloran-the-river-251675Concer­nant la vélo­cité, certains synthés permettent d’as­si­gner une vélo­cité de relâ­che­ment (vitesse avec laquelle on relâche la touche) à certaines desti­na­tions ; le Matrix-12 d’Obe­rheim en 1985 était l’un des premiers synthés à offrir cette faculté, The River de Balo­ran fait cela très bien aujour­d’hui, permet­tant de contrô­ler l’at­taque et le relâ­che­ment des enve­loppes avec la vélo­cité initiale et de relâ­che­ment. Plus on joue cool, plus l’at­taque est lente ; plus on relâche lente­ment, plus les notes durent. Concer­nant la pres­sion, la plupart des claviers équi­pés trans­mettent une pres­sion mono (c’est-à-dire globale, quelle que soit la touche qu’on écrase). De rares synthés trans­mettent la pres­sion poly­pho­nique (modu­la­tion indé­pen­dante pour chaque touche écra­sée) : c’est le cas de l’Hydra­synth d’ASM et de l’Iridium Keyboard de Waldorf. Mais un clavier, c’est avant tout des touches, et en la matière, on trouve un paquet d’al­ter­na­tives aux touches stan­dard de 13 à 14 cm de long : slim (fines et assez longues), comme sur les Mini­logue XD,  MS-20 Mini et ARP Odys­sey Mini de Korg ; mini (petites de partout), comme sur la série Reface de Yamaha, le JD-Xi et la série Boutique de Roland, le Mini­nova de Nova­tion ou encore le Cobalt 5S de Modal Elec­tro­nics. Ces synthés ont l’avan­tage évident d’un encom­bre­ment réduit, modulo un peu d’en­traî­ne­ment et de doigté pour les domp­ter. Il existe d’autres formes de claviers, à membrane, comme sur le Uno Synth Pro Desk­top de IK Multi­me­dia, ou capa­ci­tifs, comme sur le Micro­Freak d’Ar­tu­ria.

Un synthé à clavier sera toujours plus pratique à program­mer qu’un module, surtout quand le construc­teur a la bonne idée de bien espa­cer les commandes. C’est un critère d’achat impor­tant : s’en­com­brer oui, mais à condi­tion que la place prise en vaille la peine. Si c’est pour ache­ter un grand clavier et se retrou­ver avec les commandes serrées comme sur la version module, on peut y réflé­chir à deux fois. Par exemple chez Modal, les Argon8 et Cobalt8 sont décli­nés en versions clavier à 3 octaves, clavier à 6 octaves et module, les commandes et fonc­tion­na­li­tés étant iden­tiques (ou presque pour le module qui est un poil réduit). Mais atten­tion, ce n’est pas toujours le cas. Par exemple chez ASM, l’Hydra­synth n’a pas les mêmes spéci­fi­ci­tés suivant le modèle, il faut bien lire les spéci­fi­ca­tions tech­niques (commandes directes, connec­tique, poly­pho­nie et nombre de timbres simul­ta­nés). Au sujet des modules, là encore il existe diffé­rents formats : desk­top (à poser à plat) ou rackable (format Euro­rack, voire 19 pouces). Les modules Behrin­ger de type Crave, Neutron, Model D, Pro-1, K-2, Wasp Deluxe, Cat peuvent faire les deux à la fois, moyen­nant l’achat d’équerres de mise en rack 19 pouces.

Analo­gique, numé­rique, hybride ?

sequential-pro-3-2862347On oppose souvent ces tech­no­lo­gies, parce qu’elles ont long­temps carac­té­risé le son (analo­gique = chaud et gras, versus numé­rique = froid et droit) ou la méthode de synthèse (analo­gique = sous­trac­tif versus numé­rique = tout le reste). En fait, on peut faire de la FM en analo­gique (même linéaire) et du sous­trac­tif en numé­rique (synthé VA encore appelé « à modé­li­sa­tion analo­gique »).

Nous ne parle­rons pas ici des diffé­rences entre les synthés vintage et contem­po­rains, qu’ils soient analo­giques ou numé­riques ; là aussi, les évolu­tions tech­no­lo­giques pèsent sur le rendu sonore. Si on veut un synthé au son vintage, on prend un vintage, souvent très cher, voire trop cher, avec tous les risques que cela comporte (usure, pannes, obso­les­cence des pièces déta­chées). Les synthés contem­po­rains ne sonnent pas comme les synthés vintage, à de rares excep­tions près (Grand­Mo­ther / Matriarch de Moog, Prophet-5 Rev4 / Prophet-10 Rev4 de Sequen­tial), pour des ques­tions de compo­sants et de tech­no­lo­gies.

Un mot sur les synthés hybrides, nés au début des années 80, mélan­geant des tech­no­lo­gies analo­giques (en géné­ral les filtres et les ampli) et numé­riques (tout le reste, à savoir les sources sonores et les modu­la­tions). Bon nombre de synthés sur le marché sont de cette nature (Quan­tum et M de Waldorf, Peak et Summit de Nova­tion, Super-6 de UDO Audio, Pro-3, Prophet-12 et Prophet-X de Sequen­tial, Micro­Freak d’Ar­tu­ria) : après le revi­val analo­gique, le revi­val hybride. Manque plus que le revi­val numé­rique !

Avec ou sans mémoires ?

Dans la famille des synthés analo­giques, certains sont complè­te­ment analo­giques, c’est-à-dire qu’ils n’uti­lisent aucune commande numé­rique (le son passe par les circuits : un potard agit en direct, le son le traverse, plutôt qu’en­voyer sa posi­tion à un micro­con­trô­leur qui la mémo­rise et la traduit en valeur de tension pour pilo­ter un autre circuit). Résul­tat, ils n’ont pas de mémoires, comme les ancêtres d’avant le milieu des 70’s. Aujour­d’hui, dans cette caté­go­rie, on trouve tous les synthés au format module de Behrin­ger déjà cités et les petits claviers (MS-1 et Odys­sey) en entrée de gamme, le 2600 et les claviers à façade mobile en milieu de gamme (PolyD, Mono­Poly). En milieu de gamme égale­ment, on trouve le MS-20 Mini de Korg et le Mini­Bru­te2 d’Ar­tu­ria. On monte en gamme chez Moog, avec le Grand­Mo­ther et le Matriarch. Sur ces synthés, les commandes ne trans­mettent pas (ou très rare­ment, ou seule­ment pour quelques para­mètres) leur posi­tion (les fameux CC Midi). De même, ils ne recon­naissent pas les CC Midi entrants.

alesis-a6-andromeda-142070Le choix déli­béré d’un synthé avec ou sans mémoire peut être guidé par une ques­tion de budget ou d’usage. Certains préfèrent se passer de mémoires pour avoir une repré­sen­ta­tion exacte du son en perma­nence, touiller le son sans risque de saut de valeur ou d’ac­tion diffé­rée, ou encore créer un son unique et éphé­mère, en fonc­tion de l’ins­pi­ra­tion du moment, quitte à l’échan­tillon­ner tout de suite (ce qui permet d’ailleurs de passer en poly­pho­nie, au détri­ment de la congé­la­tion du son). D’autres ne peuvent faire sans mémoires, passant fréné­tique­ment d’un son à l’autre (ou d’une session à l’autre), ou ache­tant des banques auprès de déve­lop­peurs spécia­li­sés (Pulso­pho­nic, BarbandCo, KAPro par exemple). La plupart des synthés à mémoires envoient le mouve­ment de leurs para­mètres vers leur éven­tuel séquen­ceur interne ou en externe via Midi, en vue de créer des séquences auto­ma­ti­sées. Là encore, c’est une ques­tion de choix. Pour ceux qui font de la scène, il faut se poser la ques­tion de l’en­chai­ne­ment des titres : en tour­nant les poten­tio­mètres au risque de ne pas retrou­ver le son souhaité ou en appuyant sur un seul bouton où tout est mémo­risé ?

Mono, poly, para ?

L’adage « qui peut le plus peut le moins » n’est pas vrai en matière de poly­pho­nie. Depuis que les synthés sont synthé, les mono­diques (= une seule note à la fois) ont toujours eu plus de patate et de tran­chant que les poly­pho­niques (plusieurs notes indé­pen­dantes à la fois). C’est un constat, ils sont meilleurs pour les basses et les leads. Il ne faut donc pas les négli­ger ou écar­ter trop rapi­de­ment. De même, ils ont souvent plus de possi­bi­li­tés de synthèse et un séquen­ceur plus élaboré. Là aussi c’est un constat. Certains compo­si­teurs créent des morceaux avec unique­ment des synthés mono tour­nant ensemble. La mono­die n’a pas empê­ché JMJ, DM ou Kraft­werk de connaitre un excellent début de carrière. D’ailleurs on entend souvent que leur meilleure période était au temps des synthés mono !

2600SOn trouve aussi des synthés para­pho­niques. Par para­pho­nie, il faut entendre capa­cité de jouer plusieurs notes en même temps, mais à travers un goulot d’étran­gle­ment à un moment donné. Le plus souvent, ça se resserre au niveau du filtre. Plusieurs oscil­la­teurs peuvent être déclen­chés, mais un seul filtre est présent, donc toutes les notes ont le même filtrage et évoluent toutes ensemble à travers l’unique enve­loppe de filtre. Elles auront aussi un seul volume final et une seule enve­loppe de volume, donc appa­raî­tront et dispa­raî­tront ensemble. Le fait d’en­fon­cer ou relâ­cher une note pendant que d’autres sont main­te­nues pourra avoir deux effets sur les enve­loppes : aucun (la note appa­raît et dispa­raît suivant l’en­ve­loppe des notes en court d’évo­lu­tion) ou redé­clen­che­ment de l’en­ve­loppe, ce qui peut plom­ber l’am­biance puisqu’on ne peut pas faire appa­raître ou dispa­raître une n+1ème note en toute discré­tion. Certains synthés mono­diques à 2 ou 3 oscil­la­teurs permettent de jouer en para­pho­nie, qui est une poly­pho­nie du pauvre…

Aller vite ou aller loin ?

Parlons un instant d’er­go­no­mie. Histo­rique­ment, les synthés étaient couverts de commandes, poten­tio­mètres, curseurs, sélec­teurs, boutons… l’ex­pres­sion consa­crée est « un bouton / une fonc­tion ». Quand le DX7 est sorti en 1983, il y avait telle­ment de para­mètres que les déve­lop­peurs ont choisi une concep­tion avec des sélec­teurs de para­mètre, un curseur unique pour les éditer un par un et un petit écran pour contrô­ler tout cela. Les construc­teurs se sont enfon­cés dans la brèche, notam­ment Roland avec la série Alpha-Juno (Alpha étant le petit nom de l’en­co­deur rota­tif, « l’Al­pha-dial »). Cela a permis de multi­plier le nombre de para­mètres acces­sibles tout en rédui­sant la taille et le poids des synthés… au détri­ment de leur ergo­no­mie. Puis les écrans se sont agran­dis, les menus aussi, le nombre de para­mètres par page égale­ment. Lorsque les premiers synthés à modé­li­sa­tion analo­gique sont appa­rus (le Nord Lead 1 de Clavia), l’ac­cent a été remis sur les commandes directes.

moog-music-minimoog-voyager-xl-108062Aujour­d’hui, on attend d’un synthé la faci­lité d’édi­tion, le côté immé­diat, la prise en main aisée. Si c’est pour perdre du temps, autant passer sur un VST. Il faut donc regar­der le nombre de commandes directes, leur orga­ni­sa­tion, si elles sont parta­gées (genre 4 poten­tio­mètres et 1 sélec­teur pour gérer 4 LFO), si elles empilent plusieurs fonc­tions pour une même commande (touches SHIFT & FUNC, parfois rebap­ti­sées SHIT & FUCK, on sent bien l’idée…), les para­mètres manquant en façade (et cachés dans les menus). Certains construc­teurs ont fait des efforts remarquables, repre­nant les bonnes idées du passé ou origi­naux, pour avoir un maxi­mum de commandes sous la main malgré les nombreux para­mètres : Sola­ris de John Bowen, Hydra­synth d’ASM. D’autres ont créé des inter­faces tactiles magni­fiques appor­tant une expé­rience nouvelle de la synthèse : Quan­tum et Iridium de Waldorf, Essen­ceFM de Kodamo. D’autre enfin sont restés plus clas­siques mais géné­reux : Summit et Peak de Nova­tion, les synthés Sequen­tial et Moog en géné­ral. C’est vrai aussi pour tous les petits synthés analo­giques sans mémoires, « WYSIWYG » comme disent les Anglo-saxons (« what you see is what you get ») ! Une dicho­to­mie se produit donc entre les synthés immé­diats et les synthés profonds, avec la ques­tion corol­laire : ce synthé a-t-il plein de sweet spots ou pas, c’est-à-dire sonne-t-il bien quels que soient les réglages ou néces­site-t-il une grande préci­sion pour bien sonner ? Sachant aussi que plus un synthé a de sweet spots, moins il permet de se démarquer…

Qualité de fabri­ca­tion

Cela devrait être un critère clé pour tout ce qu’on achète dans la vie : alimen­ta­tion, synthés, vête­ments, synthés, véhi­cules, synthés, élec­tro­mé­na­ger, synthés, instru­ments de musique, synthés… Ce n’est pas toujours facile de détec­ter toutes les pannes prévi­sibles, mais il y a des signes avant-coureurs. Dans nos tests de synthés, nous avons toujours le même proto­cole : est-ce que le synthé se déforme quand on appuie dessus ou quand on le tort à chaque extré­mité ? Idem pour les touches des claviers. Est-ce que l’an­crage des poten­tio­mètres est bon, est-ce que les curseurs sont stables ou se tordent, est-ce que les boutons sont francs ? Si le synthé utilise un écran, quelle est sa nature, sa péren­nité (les OLED sont fragiles), sa réponse (écrans tactiles résis­tifs ou capa­ci­tifs, mono ou multi­touch) ?

waldorf-quantum-2651890Un coup d’œil rapide à la fixa­tion des prises n’est pas super­flu : sont-elles vissées à la carros­se­rie, serties ou libres au point de défor­mer la carte à laquelle elles sont soudées quand on bouge le câble qui leur est connecté ? Beau­coup de petits synthés utilisent des prises mini-jacks et micro-USB, pas très fiable tout ça. Ensuite, est-ce que la marque est répu­tée pour la fiabi­lité de ses produits, pour son SAV, la dispo­ni­bi­lité de pièces déta­chées dans le temps (ici, la taille peut comp­ter) ? On en profite pour se poser la ques­tion du logi­ciel : stable tout de suite ou est-ce le client qui fait le débo­gage ? Quelques notions supplé­men­taires sont abor­dées au para­graphe équi­valent dans notre Guide d’achat des works­ta­tions (pein­ture, séri­gra­phie).

Bien connecté ?

Il est curieux de consta­ter, au travers de nos tests, que la géné­ro­sité de la connec­tique n’est pas toujours en rapport avec le niveau de gamme. Outre la qualité et le type de prises déjà évoqué, il faut regar­der le nombre. Sorties audio (mono, stéréo, indi­vi­duelles, auxi­liaires stéréo), entrées audio (vers le filtre, vers les effets ?), entrées pour pédales (inter­rup­teurs ou conti­nues, fixes ou assi­gnables ?), entrées et sorties CV/Gate (indis­pen­sables pour pilo­ter les synthés pure­ment analo­giques). Sur le plan des prises numé­riques, on regarde ce qui est prévu pour le Midi (DIN, USB) et l’au­dio (USB). Plus préci­sé­ment, on cherche ce que trans­met l’in­ter­face USB : CC Midi, Sysex, banques, OS, audio multi­piste, stockage de données ? Un synthé analo­gique n’est pas censé avoir une inter­face audio USB, par contre c’est un plus sur un synthé numé­rique, cela évite une double conver­sion N/A – A/N.

Choix du type de synthèse

Nous avons partiel­le­ment abordé ces ques­tions plus tôt, lorsque nous avons parlé des éléments consti­tu­tifs d’un synthé. Aujour­d’hui, les synthés du marché peuvent être regrou­pés en plusieurs caté­go­ries sur ce point : synthèse sous­trac­tive (analo­gique, hybride, virtuelle analo­gique, lecture d’échan­tillons + filtrage souvent appe­lée « S+S » pour « Sampling + Synthe­sis » par les améri­cains), FM/modu­la­tion de phase, modé­li­sa­tion physique, séquences ou tables d’ondes, addi­tive, vecto­rielle, granu­lai­re… Mis à part les synthés analo­giques purs ou les synthés à modé­li­sa­tion analo­gique (= synthèse sous­trac­tive), la plupart des synthés cumulent diffé­rents types de synthèse. Il n’est pas rare de trou­ver des synthés à géné­ra­teurs FM, multi­samples, tables d’ondes ou grains qui utilisent ensuite des filtres pour trai­ter le signal. Ils couvri­ront forcé­ment des terri­toires sonores plus éten­dus, mais réus­si­ront moins bien à resti­tuer un son analo­gique (réel ou modé­lisé) fidèle.

DXIl faut aussi avoir en tête que l’usage abusif de synthés analo­giques poly­pho­niques finit par satu­rer la bande passante. Il est donc impor­tant de mélan­ger les formes de synthèse et les tech­no­lo­gies, les sons gras aux sons fins, les sons mono­pho­niques aux effets stéréo (éviter les empi­lages de nappes à large chorus et grosse réverbe) et diffé­rentes marques de synthés qui ont une couleur sonore spéci­fique. Surtout ne pas penser qu’un seul synthé cher poly­pho­nique et multi­tim­bral fera tout très bien, ça n’existe pas ! Pour avoir une palette sonore inté­res­sante, il faut plusieurs synthés complé­men­taires. Dit autre­ment, mieux vaut plusieurs petits synthés qu’un seul gros, c’est aussi un prin­cipe de précau­tion en cas d’er­reur de casting, qui néces­si­te­rait une revente doulou­reuse.

Effets inté­grés

dreadbox-nymphes-4130919Si les effets inté­grés sont une obli­ga­tion sur les works­ta­tions, c’est moins le cas pour les synthés purs et durs. Certes, les effets embel­lissent le son, mais ils peuvent aussi le dégra­der. Même si les DSP ou logi­ciels embarqués ont progressé, c’est évidem­ment vrai sur beau­coup de synthés d’en­trée de gamme comme le Nymphes de Dread­box, mais c’est aussi le cas sur un très haut de gamme comme le Moog One, dont les effets numé­riques dégradent le son analo­gique.

S’il y a des effets, il faut, en plus de la qualité sonore, voir comment ils s’in­tègrent aux programmes, s’ils sont capables de simu­ler des effets vintage sur les synthés analo­giques ou VA, s’ils peuvent trai­ter sépa­ré­ment deux parties sur un synthé bitim­bral, si on peut leur injec­ter l’en­trée audio, si les para­mètres peuvent être modu­lés via une éven­tuelle matrice ou un séquen­ceur de mouve­ments et surtout, comment est le son quand on coupe les effets. Mais ils ne doivent à notre avis pas consti­tuer un critère rédhi­bi­toire sur un synthé.

Arpé­gia­teur

roland-ju-06a-2724475L’ar­pé­gia­teur revient en force sur bon nombre de synthés et ce n’est plus un gadget à quatre motifs basiques. Est-il synchro­ni­sable à ce qui tourne en interne (LFO, séquen­ceur) ? En externe via Midi ou CV (pour le monde analo­gique), avec diffé­rentes divi­sions tempo­relles ? Les notes arpé­gées sont-elles envoyées en Midi, pour pilo­ter un appa­reil externe ? Les réglages sont-ils inté­grés avec chaque programme, sauve­gar­dés sépa­ré­ment ou globaux ?

Les para­mètres impor­tants pour un arpé­gia­teur sont les suivants : type de motifs (simple, complexe, mono­dique ou poly­pho­nique), nombre maxi­mal de notes mémo­ri­sées pour créer l’ar­pège, possi­bi­lité de créer ses propres arpèges, nombre d’oc­taves de trans­po­si­tion, réponse à la vélo­cité, inté­gra­tion de facteurs aléa­toires (notes, Ratchets). L’Hydra­synth d’ASM dispose de l’un des arpé­gia­teurs les plus origi­naux et faciles à contrô­ler en temps réel.

Séquen­ceur

Le séquen­ceur peut être un élément impor­tant suivant la nature du synthé, mais à notre sens pas déter­mi­nant. On parle bien ici de synthés et pas de groo­ve­box ou de BAR, qui entrent dans une autre caté­go­rie. Une groo­ve­box est construite autour d’un séquen­ceur, que ce soit en matière d’er­go­no­mie, de program­ma­tion ou de jeu live. Elle a donc une orga­ni­sa­tion pensée comme telle (commandes, arbo­res­cence des program­mes…). Un synthé peut offrir un simple séquen­ceur à pas pour lancer quelques motifs trans­po­sables en live, éven­tuel­le­ment l’en­re­gis­tre­ment de mouve­ments des poten­tio­mètres. Il favo­rise les para­mètres de synthèse.

korg-wavestate-2853490On pourra ainsi regar­der comment se passent le jeu live (commandes de trans­port, trans­po­si­tion à la volée, coupure/acti­va­tion de pas, chan­ge­ment de sens de lecture, facteurs aléa­toires) et la program­ma­tion (y a-t-il une rangée de boutons pour faci­li­ter l’en­trée des pas, un affi­chage graphique de la séquence, une édition facile, des possi­bi­li­tés d’ex­port/import ?). Par exemple, les Waves­tate et Modwave de Korg offrent des séquen­ceurs parfai­te­ment inté­grés à leur partie synthèse (respec­ti­ve­ment séquences et tables d’ondes), avec des commandes spéci­fiques en façade et une struc­tu­ra­tion des programmes adap­tée.

Notre sélec­tion de synthé­ti­seurs à moins de 300 €

Claviers

Dans cette caté­go­rie, on trouve essen­tiel­le­ment des synthés analo­giques mono­diques à mini-clavier ou membrane tactile. Chez Korg, rete­nons le Volca Modu­lar, orienté synthèse West Coast. Plus clas­sique, le Mono­logue est un très bon choix pour qui recherche un petit synthé pas cher à mémoires. Les récentes annonces de Behrin­ger concer­nant des micro et mini-synthés program­mables à touches capa­ci­tives vendus 50 et 100 € vien­dront peut-être un jour amen­der cette liste.

Modules

behringer-neutron-268099Côté modules, l’offre n’est pas très géné­reuse, mis à part les semi-modu­laires Euro­rack analo­giques de Behrin­ger : nous retien­drons le Neutron, parce que c’est sans aucun doute à ce jour le plus origi­nal, sympa pour ceux qui veulent débu­ter dans la synthèse sans couvrir (tout de suite) leurs murs de modules exotiques. De quoi s’éga­rer sans se perdre dans les cordons.

Notre sélec­tion de synthé­ti­seurs de 300 à 500 €

Claviers

arturia-microfreak-2499958Dans cette gamme, les synthés proposent des claviers plutôt restreints : capa­ci­tifs, membranes, à mini-touches ou limi­tés en matière d’oc­taves. Nous avons retenu le Micro­Freak d’Ar­tu­ria, un petit synthé hybride para­pho­nique 4 voix à clavier capa­ci­tif qui possède une ergo­no­mie origi­nale, plusieurs moteurs de synthèse, de grandes possi­bi­li­tés de modu­la­tion, offrant ainsi l’ac­cès à de nombreux terri­toires sonores. Coup de cœur pour le UNO Synth Pro Desk­top de IK Multi­me­dia, un puis­sant petit synthé analo­gique à mémoires, offrant pas moins de 3 VCO, 2 VCF, une matrice de modu­la­tion, une entrée audio, des effets, un arpé­gia­teur et un séquen­ceur, le tout dans un petit boîtier à clavier membrane. Nous avons égale­ment appré­cié le Reface DX de Yamaha, un mini-synthé poly­pho­nique FM à 4 opéra­teurs plutôt facile d’uti­li­sa­tion, inté­grant des effets, un clavier à mini-touches d’ex­cel­lente réponse dyna­mique, 2 HP et des possi­bi­li­tés d’ali­men­ta­tion par piles. Enfin, le Bass Station 2 de Nova­tion, un synthé mono­dique compact à mémoires et touches stan­dard sensibles à la vélo­cité et à la pres­sion, offrant un gros son analo­gique, grâce à des oscil­la­teurs très souples, un très bon filtre multi­mode réso­nant, des possi­bi­li­tés de modu­la­tion avan­cées et un arpé­gia­teur/séquen­ceur sympa­thique.

Modules

dreadbox-typhon-3018875Côté modules, les Boutiques de Roland modé­lisent de célèbres synthés analo­giques vintage de la marque ; nous retien­drons le JU-06A, capable de simu­ler à la fois le Juno-106 et le Juno-60 de manière très convain­cante, avec mémoires, pour aller vite et bien ! Chez Dread­box, le Typhon nous a laissé une excel­lente impres­sion, un synthé analo­gique au son singu­lier, entiè­re­ment program­mable, doté de très bonnes possi­bi­li­tés de modu­la­tion et d’ex­cel­lents effets.

Pour entrer dans le monde quasi modu­laire, le 2600 de Behrin­ger est un excellent compa­gnon, clone très réussi de l’ARP2600 des années 70. Pour ceux qui aiment les synthés analo­giques purs, avec un tas de modules à patcher et des sons histo­riques (les basses fermées de JMJ ou la voix de R2D2). Enfin, pour les amateurs du gros son de basse Taurus des années 70, la Mini­taur de Moog offre le son spéci­fique de l’an­cêtre en petite boîte, des commandes directes (pas toutes, hélas) et surtout des mémoires ; un grain inimi­table !

Notre sélec­tion de synthé­ti­seurs de 500 à 1000 €

Claviers

korg-minilogue-xd-275296Le Mini­logue XD de Korg est l’un des synthés poly­pho­niques compacts les plus attrac­tifs, par sa synthèse hybride, ses mémoires, ses possi­bi­li­tés d’ex­ten­sion et son excellent rapport perfor­mance / prix. Il existe aussi en module. Pour ceux qui aiment les beaux objets à prix serré et qui cherchent un gros son sans mémoires, le Poly D de Behrin­ger reprend l’or­ga­ni­sa­tion du Mini­moog avec une para­pho­nie de 4 notes, un chorus analo­gique stéréo et un séquen­ceur program­mable à pas.

Parmi les trois claviers compacts de Korg, le Modwave allie le meilleur rapport puis­sance/ergo­no­mie ; un synthé poly­pho­nique multi­tim­bral très profond, pour les amateurs de sons évolu­tifs à faire soi-même. Pour ceux qui cherchent un synthé mono (et para­pho­nique) analo­gique très complet, le Uno Synth Pro d’IK Multi­mé­dia offre un son puis­sant et de nombreuses possi­bi­li­tés de synthèse sous­trac­tive, modu­la­tions, séquen­ceur, effets (cf. la « petite » version au para­graphe précé­dent). Enfin, le Grand­Mo­ther de Moog apporte l’ex­pé­rience authen­tique et surtout le gros son signa­ture des ancêtres vintage mono­diques de la marque améri­caine. Pour aller droit au but et sans mémoires !

Modules

Au-dessus des 500 € avec l’op­tion d’im­port de samples, Le Blofeld de Waldorf offre 25 voix sur 16 canaux multi­tim­braux (énorme !). C’est un concen­tré de Micro­wave XT et de Q, offrant modé­li­sa­tion analo­gique, tables d’ondes, filtres multi­modes puis­sants, grosse matrice de modu­la­tion et arpé­gia­teur multi­tim­bral. La section effets est un peu déce­vante, tout comme l’er­go­no­mie matri­cielle (beau­coup de menus !). Le niveau sonore est parfois un peu faible, mais la machine en donne énor­mé­ment pour le prix demandé.

ashun-sound-machines-hydrasynth-desktop-rack-2723210Dans cette gamme, on trouve aussi l’Argon8M de Modal Elec­tro­nics, un synthé numé­rique poly­pho­nique robuste basé sur les tables d’ondes. On peut faci­le­ment modi­fier le compor­te­ment des tables, les faire inter­agir, les filtrer, les modu­ler, les passer dans des effets (assez moyens), puis les pilo­ter par un arpé­gia­teur et un séquen­ceur. Enfin, l’Hydra­synth Desk­top d’ASM est un excellent synthé poly­pho­nique numé­rique plein de bonnes surprises : pads lumi­neux avec vélo­cité et pres­sion poly­pho­nique, inter­face inno­vante pour accé­der rapi­de­ment à de nombreux para­mètres de synthèse, très grande poly­va­lence sonore grâce à de puis­sants oscil­la­teurs capables d’in­ter­agir de diverses manières, des filtres multi­modes réso­nants, une matrice de modu­la­tion bien four­nie, de très bons effets et un arpé­gia­teur origi­nal.

Notre sélec­tion de synthé­ti­seurs de 1000 à 2000 €

Claviers

sequential-take-5-4021395Dans cette gamme, nous avons d’abord choisi l’Hydra­synth et l’Hydra­synth Deluxe d’ASM, une série de synthés numé­riques très poly­va­lents, très bien pensés, possé­dant un clavier avec pres­sion poly­pho­nique et des outils de synthèse très puis­sants (cf. la version module au para­graphe précé­dent). La version Deluxe offre le double de puis­sance des autres versions (donc 16 voix + bitim­bra­lité). Ensuite, nous recom­man­dons le Take 5 de Sequen­tial, un synthé analo­gique poly­pho­nique à la fois poly­va­lent et compact, possé­dant un filtre à compen­sa­tion (main­tien des basses fréquences quand on pousse la réso­nance), d’une grande faci­lité d’ac­cès, à l’er­go­no­mie bien pensée et au tarif abor­dable. Égale­ment très inté­res­sant, le System-8 de Roland est un synthé numé­rique capable d’em­barquer plusieurs modé­li­sa­tions très réus­sies des synthés analo­giques vintage de la marque, avec un maxi­mum de commandes directes qui s’illu­minent suivant le modèle en cours d’édi­tion.

On monte en tarif avec le Matriarch de Moog, un synthé analo­gique pur et dur, sans mémo­ri­sa­tion, duopho­nique ou para­pho­nique 4 voix, permet­tant de retrou­ver le gros son vintage géné­reux de la marque (un quasi double Grand­mo­ther). Enfin, le Summit de Nova­tion, un synthé hybride poly­pho­nique 16 voix et bitim­bral très bien construit, racé, poly­va­lent, au son raffiné, doté d’une ergo­no­mie remarquable, pour ceux qui veulent aller à la fois vite et loin avec un maxi­mum de contrôle direct sur le son. C’est grosso modo un double Peak doté d’un grand clavier dyna­mique.

Modules

kodamo-essencefm-mkii-298051Dans cette gamme de prix, on trouve des modules aussi variés qu’in­té­res­sants. A commen­cer par un OVNI bien de chez nous, l’ex­cellent Essen­ceFM de Kodamo, qui offre une approche très inno­vante de la FM. Hormis les spéci­fi­ca­tions qui donnent le vertige (300 voix de poly­pho­nie, 16 canaux multi­tim­braux), c’est surtout l’er­go­no­mie de la machine qui sort de l’or­di­naire et rend la FM 6 opéra­teurs agréable. Tout se crée à partir d’un écran multi­touch et six enco­deurs : mani­pu­la­tion des algo­rithmes, para­mé­trage des opéra­teurs, édition des filtres, dessin des enve­loppes, assem­blage des program­mes… Le synthé possède plusieurs sorties stéréo et est très soigné. A la limite groo­ve­box, l’Analog Four MkII d’Elek­tron offre une approche très singu­lière de la synthèse analo­gique, avec un son moderne bien à lui. La poly­pho­nie est de 4 voix, assi­gnables à 4 canaux via un séquen­ceur multi­tim­bral ultra perfor­mant. L’er­go­no­mie est parti­cu­lière, orien­tée perfor­mance, avec de nombreux modes de lecture des pistes, d’ac­tion sur les évène­ments, de proba­bi­li­tés de jeu. Bourré de raccour­cis à rete­nir, il ne convien­dra pas à tout le monde.

Côté synthé poly­pho­nique hybride, le Waldorf M reprend le flam­beau des Micro­wave et Micro­wave XT, deux célèbres synthés qui ont rendu célèbre la marque, dans le sillage de la synthèse à table d’ondes de la firme PPG. Les commandes essen­tielles sont situées en façade, pour mani­pu­ler simul­ta­né­ment deux tables d’ondes, des filtres multi­modes réso­nants et diffé­rentes modu­la­tions. On revient aux synthés analo­giques avec deux puis­sants modules poly­pho­niques signés Sequen­tial, les REV2–8 et REV2–16 (8 et 16 voix, bitim­braux) : un son solide, des commandes directes, de nombreuses possi­bi­li­tés de modu­la­tion, des effets numé­riques, un arpé­gia­teur, un séquen­ceur à pas et quand même quelques menus. Deux synthés poly­pho­niques encore abor­dables dans la gamme Sequen­tial, qui existent égale­ment en format clavier, logique­ment plus chers.

Notre sélec­tion de synthé­ti­seurs de 2000 à 3000 €

Claviers

arturia-polybrute-3089818On passe à la gamme supé­rieure en commençant par le Poly­Brute d’Ar­tu­ria, un synthé analo­gique poly­pho­nique 6 voix origi­nal et poly­va­lent, offrant une approche de program­ma­tion unique et des possi­bi­li­tés de modu­la­tion avan­cées (contrô­leurs tactile 3D, morphing sonore). VCO variables, VCF multi­mode, matrice de modu­la­tion tactile, puis­sant séquen­ceur, excel­lents effets, une très belle réus­site française. Pour ceux qui préfèrent une synthèse plus directe, le Nord­Wave 2 de Clavia propose un clavier Water­fall 5 octaves fixé dans une coque robuste mais légère (alu), idéal pour le live. Le synthé offre 48 voix sur 4 canaux, combi­nant des moteurs de synthèse simpli­fiés : VA, tables d’ondes, FM et lecture de samples. Pour aller droit au but.

On passe à un synthé hybride au son large bande et à la construc­tion exem­plaire :  le Super-6 de UDO Audio. Il offre 6 voix stéréo ou 12 voix mono, produites par deux oscil­la­teurs numé­riques stéréo passés dans un VCF stéréo puis un VCA stéréo. De subtiles modu­la­tions de phase entre les voix gauches et droites permettent une spatia­li­sa­tion remarquable du son. On trouve aussi une matrice de modu­la­tion, des effets magni­fiques mais limi­tés, un arpé­gia­teur et un séquen­ceur. On peut aussi impor­ter ses propres formes d’ondes. L’er­go­no­mie se veut exem­plaire, de type une fonc­tion / un bouton. Dommage que la mémoire de programmes soit limi­tée. Le Super-6 existe aussi au format module (Super-6 Desk­top), dans la même tranche de prix.

udo-audio-super-6-2623749Pour les amou­reux du son analo­gique Sequen­tial et des commandes directes sans prise de tête, le Prophet-6 s’avère un excellent choix. On a sous la main tout ce qui fait le charme d’un Prophet racé, dans un clavier compact 4 octaves très bien construit, des VCO à ondes variables, des VCF discrets, une véri­table Poly­mod, une solide section effets, un arpé­gia­teur, un séquen­ceur et une mémoire de programmes géné­reuse. Pour ceux qui recherchent l’ex­pé­rience des grands Prophet sans se ruiner dans le très haut de gamme de la marque. Il existe aussi en format module dans la même tranche de prix. Enfin, l’Iridium clavier de Waldorf offre un clavier 4 octaves à after­touch poly­pho­nique. Il s’agit ni plus ni moins du moteur sonore du Quan­tum dans lequel les VCF sont rempla­cés par des filtres numé­riques. On peut utili­ser trois moteurs simul­ta­nés pour les 16 voix de poly­pho­nie. Il s’agit de tables d’ondes, ondes multiples, parti­cules (synthèse granu­laire), réso­na­teur (modé­li­sa­tion physique) et noyau (synthèse FM 6 opéra­teurs évoluée). S’y ajoutent des possi­bi­li­tés de modu­la­tion matri­cielle très sophis­tiquées, un arpé­gia­teur, un petit séquen­ceur à pas et une magni­fique section effets. L’édi­tion graphique est un modèle du genre, les plus beaux et spec­ta­cu­laires éditeurs que nous ayons vus à ce jour sur un synthé. L’ins­tru­ment est un objet de haute facture. Il existe aussi en format module dans la même tranche de prix.

Modules

dave-smith-instruments-ob-6-desktop-253393Nous venons de citer un certain nombre de claviers aussi décli­nés en format module dans cette même gamme de prix. Passons donc à l’OB-6 Module de Sequen­tial, une version compacte de l’OB-6 dont le prix s’est une nouvelle fois envolé au-dessus de 3000 €. Pour ceux qui aiment le grain spéci­fique Oberheim et son filtre carac­té­ris­tique multi­mode 2 pôles, conçu au milieu des années 70 sur le module SEM, le reste étant assez proche de ce qu’on trouve sur un Prophet-6.

Enfin, pour les puristes du son analo­gique vintage du Prophet-5, Sequen­tial a sorti des réédi­tions moder­ni­sées de haute volée, où l’ac­cent est mis sur la spon­ta­néité et l’au­then­ti­cité : les Prophet-5 Rev4 et Prophet-10 Rev4 au format module. Le premier offre 5 voix, le second 10 voix et la bitim­bra­lité. On peut passer du 5 au 10 en ajou­tant une carte voix, le tarif final revient au même. Un bon choix pour ceux qui veulent rester sous la barre des 3000 €, en accep­tant de sacri­fier la taille et l’es­pa­ce­ment des commandes (et aussi la beauté magique des modèles à clavier).

Notre sélec­tion de synthé­ti­seurs à plus de 3000 €

Dans cette caté­go­rie, les prix flambent. Il s’agit de synthés de luxe très spéci­fiques, Diffi­cile donc de les compa­rer. Tous sont dotés d’un clavier haut de gamme à touches semi-lestées. La qualité de fabri­ca­tion est excep­tion­nelle, certains sont des instru­ments de luthe­rie. Nous avons retenu les Prophet-5 Rev4 et Prophet-10 Rev4 pour la qualité sonore authen­tique­ment vintage, l’in­ter­face idéale, la moder­ni­sa­tion des fonc­tion­na­li­tés et la beauté intem­po­relle. Tout aussi excep­tion­nel, le Quan­tum de Waldorf rassemble diffé­rentes formes de synthèse, certaines origi­nales (synthèse granu­laire), une combi­nai­son de filtres analo­giques et numé­riques très souple, de nombreuses possi­bi­li­tés de modu­la­tion et une inter­face homme-machine moderne avec un grand écran tactile et des graphismes parti­cu­liè­re­ment soignés (cf. Iridium).

nonlinear-labs-c15-2580523Le Sola­ris de John Bowen pour­suit sa carrière depuis dix ans, fabriqué en petite série. Désor­mais multi­tim­bral (OS V2), il offre une archi­tec­ture modu­laire numé­rique, avec des modé­li­sa­tions en tout genre, une inter­face à écrans multiples pour conser­ver un contrôle rapide de milliers de para­mètres. Pour ceux qui veulent plon­ger en eaux profondes mais pas troubles. Le C15 de Nonli­near Labs offre quant à lui la préci­sion d’un instru­ment acous­tique, une expé­rience de jeu sans pareil, ainsi qu’un moteur de synthèse à feed­back très origi­nal ; c’est un objet magni­fique à la fini­tion exem­plaire. Enfin, le Moog One, dispo­nible en 8 et 16 voix, offre un panneau de commandes de rêve, de très nombreux modules (synthèse, modu­la­tion, séquences) ; hélas, le ramage n’est pas la hauteur du magni­fique plumage, notam­ment lié à une section effets numé­riques déce­vante et à un souffle impor­tant. Pour les amateurs de marques et d’objets de luxe.

Conclu­sion

Nous voici arri­vés au terme de ce guide synthés, un peu épique mais, nous l’es­pé­rons, pas trop indi­geste. Le marché du synthé est dyna­mique, il y a plus d’une centaine de réfé­rences actuel­le­ment dispo­nibles. Nous avons tenu à regrou­per tous les formats de synthés, qu’ils soient petits ou gros, avec ou sans clavier, analo­giques ou numé­riques, car pour un budget donné, le panel est très varié. Nous n’avons pas traité les synthés modu­laires, qui méritent une approche diffé­rente, mais nous avons cité les prin­ci­paux modules qui consti­tuent un synthé inté­gré. De même, les works­ta­tions et groo­ve­box font l’objet d’un trai­te­ment distinc­tif.

TWTous ces synthés repré­sentent plusieurs familles de produits, des critères pas toujours conci­liables, objec­tifs comme subjec­tifs, avec des niveaux de prio­rité variables : son, ergo­no­mie, type de synthèse, tech­no­lo­gie, puis­sance, format, qualité de construc­tion, marque, prix… En espé­rant que ce guide permette à chacun de se poser les bonnes ques­tions avant de craquer pour l’un de ces merveilleux instru­ments. Ce qui est réjouis­sant aujour­d’hui, c’est qu’il y en a pour tous les goûts, tous les usages et toutes les bourses.


Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre