Très dynamique, le marché du synthé regroupe de nombreux modèles, capables de créer des sons du plus classique au plus improbable. Techno, synthèse, format, spécifications, domaines de prédilection, comment choisir son synthé ?
Occupant la moitié d’un studio ou posé discrètement dans un coin de la scène, le synthé est un instrument de musique incontournable dans bon nombre de styles musicaux. Certains aiment les empiler en long, en large et en travers, d’autres jouent aux chaises musicales synthétiques pour faire de la place, d’autres enfin se fabriquent des studios-mallettes pour aller défier les petites scènes du monde entier. Si certains groupes rock des 80’s refusaient catégoriquement d’utiliser un synthé ou en avaient honte au point de les planquer derrière un rideau, le synthé est aujourd’hui admis dans la plupart des formations. Qu’on soit riche ou pauvre, qu’on ait beaucoup ou peu de place, il y a suffisamment de modèles sur le marché aujourd’hui pour satisfaire la plupart des besoins et moyens. Encore faut-il choisir le bon… Ce guide d’achat a pour objectif de mettre le doigt sur toutes les questions à se poser avant de faire le grand saut, même si ce n’est pas le premier. Et des questions, il y en a !
De quoi est fait un synthé ?
Un synthé est destiné à créer et transformer le son. Ainsi, il est composé de deux grandes familles de modules, isolés ou groupés dans un même châssis : les modules audio, qui produisent ou déforment la matière sonore de base, et les modules de modulation, qui modifient cette matière dans le temps. Parmi les premiers, on trouve les générateurs sonores (oscillateurs, ondes courtes, échantillons, tables d’ondes, opérateurs FM, séries harmoniques, Wavefolders, Waveshapers, grains, exciteurs, générateurs de bruit), le modulateur en anneau (multiplication de deux sources sonores), le mixeur, le filtre et l’ampli. Les modules de modulation les plus connus sont le LFO, le générateur d’enveloppe, le générateur de rampe, le Sample & Hold, le sommateur, le multiple, la matrice de modulation, l’arpégiateur et le séquenceur. Évidemment, pour faire se lever les toutes premières mains de la contestation, les modules audio peuvent aussi moduler à basse fréquence et les modules de modulation peuvent travailler dans les fréquences audio, mais ne compliquons pas déjà les choses…
Un synthé rassemble un nombre variable de ces modules, dont l’arrangement est figé ou plus ou moins libre ; on parle alors de synthé câblé dans le dur (« hardwired » ou compact par abus de langage), semi-modulaire ou modulaire suivant la souplesse d’arrangement. Dans ce guide, nous ne parlerons pas de synthés modulaires, car ils peuvent prendre des formes organiques infinies suivant l’humeur et les moyens de l’utilisateur. Ils nécessitent un traitement à part, car l’approche diffère un peu des synthés intégrés (compacts et semi-modulaires). Un synthé peut aussi posséder un clavier, statique ou dynamique (répondant à la vélocité, à la pression) et différentes interfaces pour communiquer avec l’extérieur (commandes en tension analogiques, synchro, Midi DIN, Midi USB, audio USB, mémoires de masse).
Bref historique du synthé
Les premiers synthétiseurs voient le jour il y a plus de cent ans, mais leur généralisation dans la musique date du début des 70’s, où ils vont connaître un formidable essor. Ce sera l’instrument dominant des principaux courants des 80’s, avant de devenir un classique presque banalisé. Au départ modulaire, le synthé se simplifie, se concentre, avant de se complexifier à nouveau grâce aux progrès technologiques (plus de voix, plus de sons, plus de modules intégrés). Les sons sont d’abord produits et modulés par des générateurs analogiques, avant que n’apparaissent les premières technologies numériques, d’abord centrées sur la mémorisation, puis les oscillateurs et les modulations, avant de tout gérer. Les années 90 sont numériques, au point que les premiers synthés analogiques sont abandonnés dans des caves humides quand ils ne sont pas jetés à la benne. On peut ainsi s’offrir des Prophet-5, OB-Xa, Jupiter-8 et Memorymoog pour une poignée de dollars, alors que personne ne veut même plus s’encombrer de Juno-60, Prophet-600, Matrix-6… même le vénérable Minimoog n’est même plus bon à allumer le feu.
Mais le début du 21e siècle va voir le retour en force de l’analogique, le vrai, passée l’extase des premiers synthés à modélisation. Le synthé reprend force et vigueur, que ce soit au beau milieu des studios, home studio et scènes de toutes dimensions. Progrès technologiques aidant, la gamme se positionne à des prix beaucoup plus abordables, elle est variée, c’est le retour des potentiomètres et l’avènement des grands écrans tactiles pour le plus grand plaisir de ceux qui aiment triturer le son. C’est aussi la cohabitation des technologies, dans tous les niveaux de gamme. C’est enfin l’explosion des formats, clavier, module, Eurorack ; on en trouve des petits, des moyens, des gros… En revanche, le rack 19 pouces semble avoir fait long feu. Bref, de quoi perdre le débutant, qui doit jongler avec un paquet de critères pour se lancer ; même le confirmé, qui commence à se mélanger les oscillateurs et les enveloppes.
Critères de choix
Le choix d’un synthé est complexe, parce qu’il y a un nombre important de critères : le son, le prix, la marque, la technologie, le format, la puissance, l’ouverture, l’ergonomie, la complexité, les banques-sons disponibles… Ce chapitre n’a pas l’ambition d’être exhaustif, mais vise simplement à développer les principaux critères et paramètres à regarder avant de se lancer.
Avec ou sans clavier ?
Fallait-il faire un guide séparé pour les synthés avec et sans clavier ? C’est un critère comme un autre, donc nous avons préféré tout regrouper pour éviter les allers-retours. Il n’y a pas de règle en la matière, entre empiler les synthés à clavier sur des stands de douze niveaux ou semer à tout vent les modules sans clavier. Le tout est de savoir quel est le rôle du clavier : jouer du Rachmaninov ou du Guetta ? Sergueï ou David ? Ainsi, on trouve des claviers de 25 à 88 touches (2 à 7 octaves). Notre recommandation, c’est d’avoir au minimum un très bon clavier, genre 5 ou 6 octaves, toucher semi-lesté (il y a des petites masses collées sous l’extrémité des touches ou placées à l’intérieur des touches pour les claviers haut de gamme, ce qui rend le jeu plus agréable), sensible à la vélocité (cela permet d’envoyer une modulation en fonction de la vitesse à laquelle on enfonce la touche) et à la pression (cela permet d’envoyer une modulation en fonction de l’écrasement supplémentaire que l’on applique lorsque la touche est enfoncée).
Concernant la vélocité, certains synthés permettent d’assigner une vélocité de relâchement (vitesse avec laquelle on relâche la touche) à certaines destinations ; le Matrix-12 d’Oberheim en 1985 était l’un des premiers synthés à offrir cette faculté, The River de Baloran fait cela très bien aujourd’hui, permettant de contrôler l’attaque et le relâchement des enveloppes avec la vélocité initiale et de relâchement. Plus on joue cool, plus l’attaque est lente ; plus on relâche lentement, plus les notes durent. Concernant la pression, la plupart des claviers équipés transmettent une pression mono (c’est-à-dire globale, quelle que soit la touche qu’on écrase). De rares synthés transmettent la pression polyphonique (modulation indépendante pour chaque touche écrasée) : c’est le cas de l’Hydrasynth d’ASM et de l’Iridium Keyboard de Waldorf. Mais un clavier, c’est avant tout des touches, et en la matière, on trouve un paquet d’alternatives aux touches standard de 13 à 14 cm de long : slim (fines et assez longues), comme sur les Minilogue XD, MS-20 Mini et ARP Odyssey Mini de Korg ; mini (petites de partout), comme sur la série Reface de Yamaha, le JD-Xi et la série Boutique de Roland, le Mininova de Novation ou encore le Cobalt 5S de Modal Electronics. Ces synthés ont l’avantage évident d’un encombrement réduit, modulo un peu d’entraînement et de doigté pour les dompter. Il existe d’autres formes de claviers, à membrane, comme sur le Uno Synth Pro Desktop de IK Multimedia, ou capacitifs, comme sur le MicroFreak d’Arturia.
Un synthé à clavier sera toujours plus pratique à programmer qu’un module, surtout quand le constructeur a la bonne idée de bien espacer les commandes. C’est un critère d’achat important : s’encombrer oui, mais à condition que la place prise en vaille la peine. Si c’est pour acheter un grand clavier et se retrouver avec les commandes serrées comme sur la version module, on peut y réfléchir à deux fois. Par exemple chez Modal, les Argon8 et Cobalt8 sont déclinés en versions clavier à 3 octaves, clavier à 6 octaves et module, les commandes et fonctionnalités étant identiques (ou presque pour le module qui est un poil réduit). Mais attention, ce n’est pas toujours le cas. Par exemple chez ASM, l’Hydrasynth n’a pas les mêmes spécificités suivant le modèle, il faut bien lire les spécifications techniques (commandes directes, connectique, polyphonie et nombre de timbres simultanés). Au sujet des modules, là encore il existe différents formats : desktop (à poser à plat) ou rackable (format Eurorack, voire 19 pouces). Les modules Behringer de type Crave, Neutron, Model D, Pro-1, K-2, Wasp Deluxe, Cat peuvent faire les deux à la fois, moyennant l’achat d’équerres de mise en rack 19 pouces.
Analogique, numérique, hybride ?
On oppose souvent ces technologies, parce qu’elles ont longtemps caractérisé le son (analogique = chaud et gras, versus numérique = froid et droit) ou la méthode de synthèse (analogique = soustractif versus numérique = tout le reste). En fait, on peut faire de la FM en analogique (même linéaire) et du soustractif en numérique (synthé VA encore appelé « à modélisation analogique »).
Nous ne parlerons pas ici des différences entre les synthés vintage et contemporains, qu’ils soient analogiques ou numériques ; là aussi, les évolutions technologiques pèsent sur le rendu sonore. Si on veut un synthé au son vintage, on prend un vintage, souvent très cher, voire trop cher, avec tous les risques que cela comporte (usure, pannes, obsolescence des pièces détachées). Les synthés contemporains ne sonnent pas comme les synthés vintage, à de rares exceptions près (GrandMother / Matriarch de Moog, Prophet-5 Rev4 / Prophet-10 Rev4 de Sequential), pour des questions de composants et de technologies.
Un mot sur les synthés hybrides, nés au début des années 80, mélangeant des technologies analogiques (en général les filtres et les ampli) et numériques (tout le reste, à savoir les sources sonores et les modulations). Bon nombre de synthés sur le marché sont de cette nature (Quantum et M de Waldorf, Peak et Summit de Novation, Super-6 de UDO Audio, Pro-3, Prophet-12 et Prophet-X de Sequential, MicroFreak d’Arturia) : après le revival analogique, le revival hybride. Manque plus que le revival numérique !
Avec ou sans mémoires ?
Dans la famille des synthés analogiques, certains sont complètement analogiques, c’est-à-dire qu’ils n’utilisent aucune commande numérique (le son passe par les circuits : un potard agit en direct, le son le traverse, plutôt qu’envoyer sa position à un microcontrôleur qui la mémorise et la traduit en valeur de tension pour piloter un autre circuit). Résultat, ils n’ont pas de mémoires, comme les ancêtres d’avant le milieu des 70’s. Aujourd’hui, dans cette catégorie, on trouve tous les synthés au format module de Behringer déjà cités et les petits claviers (MS-1 et Odyssey) en entrée de gamme, le 2600 et les claviers à façade mobile en milieu de gamme (PolyD, MonoPoly). En milieu de gamme également, on trouve le MS-20 Mini de Korg et le MiniBrute2 d’Arturia. On monte en gamme chez Moog, avec le GrandMother et le Matriarch. Sur ces synthés, les commandes ne transmettent pas (ou très rarement, ou seulement pour quelques paramètres) leur position (les fameux CC Midi). De même, ils ne reconnaissent pas les CC Midi entrants.
Le choix délibéré d’un synthé avec ou sans mémoire peut être guidé par une question de budget ou d’usage. Certains préfèrent se passer de mémoires pour avoir une représentation exacte du son en permanence, touiller le son sans risque de saut de valeur ou d’action différée, ou encore créer un son unique et éphémère, en fonction de l’inspiration du moment, quitte à l’échantillonner tout de suite (ce qui permet d’ailleurs de passer en polyphonie, au détriment de la congélation du son). D’autres ne peuvent faire sans mémoires, passant frénétiquement d’un son à l’autre (ou d’une session à l’autre), ou achetant des banques auprès de développeurs spécialisés (Pulsophonic, BarbandCo, KAPro par exemple). La plupart des synthés à mémoires envoient le mouvement de leurs paramètres vers leur éventuel séquenceur interne ou en externe via Midi, en vue de créer des séquences automatisées. Là encore, c’est une question de choix. Pour ceux qui font de la scène, il faut se poser la question de l’enchainement des titres : en tournant les potentiomètres au risque de ne pas retrouver le son souhaité ou en appuyant sur un seul bouton où tout est mémorisé ?
Mono, poly, para ?
L’adage « qui peut le plus peut le moins » n’est pas vrai en matière de polyphonie. Depuis que les synthés sont synthé, les monodiques (= une seule note à la fois) ont toujours eu plus de patate et de tranchant que les polyphoniques (plusieurs notes indépendantes à la fois). C’est un constat, ils sont meilleurs pour les basses et les leads. Il ne faut donc pas les négliger ou écarter trop rapidement. De même, ils ont souvent plus de possibilités de synthèse et un séquenceur plus élaboré. Là aussi c’est un constat. Certains compositeurs créent des morceaux avec uniquement des synthés mono tournant ensemble. La monodie n’a pas empêché JMJ, DM ou Kraftwerk de connaitre un excellent début de carrière. D’ailleurs on entend souvent que leur meilleure période était au temps des synthés mono !
On trouve aussi des synthés paraphoniques. Par paraphonie, il faut entendre capacité de jouer plusieurs notes en même temps, mais à travers un goulot d’étranglement à un moment donné. Le plus souvent, ça se resserre au niveau du filtre. Plusieurs oscillateurs peuvent être déclenchés, mais un seul filtre est présent, donc toutes les notes ont le même filtrage et évoluent toutes ensemble à travers l’unique enveloppe de filtre. Elles auront aussi un seul volume final et une seule enveloppe de volume, donc apparaîtront et disparaîtront ensemble. Le fait d’enfoncer ou relâcher une note pendant que d’autres sont maintenues pourra avoir deux effets sur les enveloppes : aucun (la note apparaît et disparaît suivant l’enveloppe des notes en court d’évolution) ou redéclenchement de l’enveloppe, ce qui peut plomber l’ambiance puisqu’on ne peut pas faire apparaître ou disparaître une n+1ème note en toute discrétion. Certains synthés monodiques à 2 ou 3 oscillateurs permettent de jouer en paraphonie, qui est une polyphonie du pauvre…
Aller vite ou aller loin ?
Parlons un instant d’ergonomie. Historiquement, les synthés étaient couverts de commandes, potentiomètres, curseurs, sélecteurs, boutons… l’expression consacrée est « un bouton / une fonction ». Quand le DX7 est sorti en 1983, il y avait tellement de paramètres que les développeurs ont choisi une conception avec des sélecteurs de paramètre, un curseur unique pour les éditer un par un et un petit écran pour contrôler tout cela. Les constructeurs se sont enfoncés dans la brèche, notamment Roland avec la série Alpha-Juno (Alpha étant le petit nom de l’encodeur rotatif, « l’Alpha-dial »). Cela a permis de multiplier le nombre de paramètres accessibles tout en réduisant la taille et le poids des synthés… au détriment de leur ergonomie. Puis les écrans se sont agrandis, les menus aussi, le nombre de paramètres par page également. Lorsque les premiers synthés à modélisation analogique sont apparus (le Nord Lead 1 de Clavia), l’accent a été remis sur les commandes directes.
Aujourd’hui, on attend d’un synthé la facilité d’édition, le côté immédiat, la prise en main aisée. Si c’est pour perdre du temps, autant passer sur un VST. Il faut donc regarder le nombre de commandes directes, leur organisation, si elles sont partagées (genre 4 potentiomètres et 1 sélecteur pour gérer 4 LFO), si elles empilent plusieurs fonctions pour une même commande (touches SHIFT & FUNC, parfois rebaptisées SHIT & FUCK, on sent bien l’idée…), les paramètres manquant en façade (et cachés dans les menus). Certains constructeurs ont fait des efforts remarquables, reprenant les bonnes idées du passé ou originaux, pour avoir un maximum de commandes sous la main malgré les nombreux paramètres : Solaris de John Bowen, Hydrasynth d’ASM. D’autres ont créé des interfaces tactiles magnifiques apportant une expérience nouvelle de la synthèse : Quantum et Iridium de Waldorf, EssenceFM de Kodamo. D’autre enfin sont restés plus classiques mais généreux : Summit et Peak de Novation, les synthés Sequential et Moog en général. C’est vrai aussi pour tous les petits synthés analogiques sans mémoires, « WYSIWYG » comme disent les Anglo-saxons (« what you see is what you get ») ! Une dichotomie se produit donc entre les synthés immédiats et les synthés profonds, avec la question corollaire : ce synthé a-t-il plein de sweet spots ou pas, c’est-à-dire sonne-t-il bien quels que soient les réglages ou nécessite-t-il une grande précision pour bien sonner ? Sachant aussi que plus un synthé a de sweet spots, moins il permet de se démarquer…
Qualité de fabrication
Cela devrait être un critère clé pour tout ce qu’on achète dans la vie : alimentation, synthés, vêtements, synthés, véhicules, synthés, électroménager, synthés, instruments de musique, synthés… Ce n’est pas toujours facile de détecter toutes les pannes prévisibles, mais il y a des signes avant-coureurs. Dans nos tests de synthés, nous avons toujours le même protocole : est-ce que le synthé se déforme quand on appuie dessus ou quand on le tort à chaque extrémité ? Idem pour les touches des claviers. Est-ce que l’ancrage des potentiomètres est bon, est-ce que les curseurs sont stables ou se tordent, est-ce que les boutons sont francs ? Si le synthé utilise un écran, quelle est sa nature, sa pérennité (les OLED sont fragiles), sa réponse (écrans tactiles résistifs ou capacitifs, mono ou multitouch) ?
Un coup d’œil rapide à la fixation des prises n’est pas superflu : sont-elles vissées à la carrosserie, serties ou libres au point de déformer la carte à laquelle elles sont soudées quand on bouge le câble qui leur est connecté ? Beaucoup de petits synthés utilisent des prises mini-jacks et micro-USB, pas très fiable tout ça. Ensuite, est-ce que la marque est réputée pour la fiabilité de ses produits, pour son SAV, la disponibilité de pièces détachées dans le temps (ici, la taille peut compter) ? On en profite pour se poser la question du logiciel : stable tout de suite ou est-ce le client qui fait le débogage ? Quelques notions supplémentaires sont abordées au paragraphe équivalent dans notre Guide d’achat des workstations (peinture, sérigraphie).
Bien connecté ?
Il est curieux de constater, au travers de nos tests, que la générosité de la connectique n’est pas toujours en rapport avec le niveau de gamme. Outre la qualité et le type de prises déjà évoqué, il faut regarder le nombre. Sorties audio (mono, stéréo, individuelles, auxiliaires stéréo), entrées audio (vers le filtre, vers les effets ?), entrées pour pédales (interrupteurs ou continues, fixes ou assignables ?), entrées et sorties CV/Gate (indispensables pour piloter les synthés purement analogiques). Sur le plan des prises numériques, on regarde ce qui est prévu pour le Midi (DIN, USB) et l’audio (USB). Plus précisément, on cherche ce que transmet l’interface USB : CC Midi, Sysex, banques, OS, audio multipiste, stockage de données ? Un synthé analogique n’est pas censé avoir une interface audio USB, par contre c’est un plus sur un synthé numérique, cela évite une double conversion N/A – A/N.
Choix du type de synthèse
Nous avons partiellement abordé ces questions plus tôt, lorsque nous avons parlé des éléments constitutifs d’un synthé. Aujourd’hui, les synthés du marché peuvent être regroupés en plusieurs catégories sur ce point : synthèse soustractive (analogique, hybride, virtuelle analogique, lecture d’échantillons + filtrage souvent appelée « S+S » pour « Sampling + Synthesis » par les américains), FM/modulation de phase, modélisation physique, séquences ou tables d’ondes, additive, vectorielle, granulaire… Mis à part les synthés analogiques purs ou les synthés à modélisation analogique (= synthèse soustractive), la plupart des synthés cumulent différents types de synthèse. Il n’est pas rare de trouver des synthés à générateurs FM, multisamples, tables d’ondes ou grains qui utilisent ensuite des filtres pour traiter le signal. Ils couvriront forcément des territoires sonores plus étendus, mais réussiront moins bien à restituer un son analogique (réel ou modélisé) fidèle.
Il faut aussi avoir en tête que l’usage abusif de synthés analogiques polyphoniques finit par saturer la bande passante. Il est donc important de mélanger les formes de synthèse et les technologies, les sons gras aux sons fins, les sons monophoniques aux effets stéréo (éviter les empilages de nappes à large chorus et grosse réverbe) et différentes marques de synthés qui ont une couleur sonore spécifique. Surtout ne pas penser qu’un seul synthé cher polyphonique et multitimbral fera tout très bien, ça n’existe pas ! Pour avoir une palette sonore intéressante, il faut plusieurs synthés complémentaires. Dit autrement, mieux vaut plusieurs petits synthés qu’un seul gros, c’est aussi un principe de précaution en cas d’erreur de casting, qui nécessiterait une revente douloureuse.
Effets intégrés
Si les effets intégrés sont une obligation sur les workstations, c’est moins le cas pour les synthés purs et durs. Certes, les effets embellissent le son, mais ils peuvent aussi le dégrader. Même si les DSP ou logiciels embarqués ont progressé, c’est évidemment vrai sur beaucoup de synthés d’entrée de gamme comme le Nymphes de Dreadbox, mais c’est aussi le cas sur un très haut de gamme comme le Moog One, dont les effets numériques dégradent le son analogique.
S’il y a des effets, il faut, en plus de la qualité sonore, voir comment ils s’intègrent aux programmes, s’ils sont capables de simuler des effets vintage sur les synthés analogiques ou VA, s’ils peuvent traiter séparément deux parties sur un synthé bitimbral, si on peut leur injecter l’entrée audio, si les paramètres peuvent être modulés via une éventuelle matrice ou un séquenceur de mouvements et surtout, comment est le son quand on coupe les effets. Mais ils ne doivent à notre avis pas constituer un critère rédhibitoire sur un synthé.
Arpégiateur
L’arpégiateur revient en force sur bon nombre de synthés et ce n’est plus un gadget à quatre motifs basiques. Est-il synchronisable à ce qui tourne en interne (LFO, séquenceur) ? En externe via Midi ou CV (pour le monde analogique), avec différentes divisions temporelles ? Les notes arpégées sont-elles envoyées en Midi, pour piloter un appareil externe ? Les réglages sont-ils intégrés avec chaque programme, sauvegardés séparément ou globaux ?
Les paramètres importants pour un arpégiateur sont les suivants : type de motifs (simple, complexe, monodique ou polyphonique), nombre maximal de notes mémorisées pour créer l’arpège, possibilité de créer ses propres arpèges, nombre d’octaves de transposition, réponse à la vélocité, intégration de facteurs aléatoires (notes, Ratchets). L’Hydrasynth d’ASM dispose de l’un des arpégiateurs les plus originaux et faciles à contrôler en temps réel.
Séquenceur
Le séquenceur peut être un élément important suivant la nature du synthé, mais à notre sens pas déterminant. On parle bien ici de synthés et pas de groovebox ou de BAR, qui entrent dans une autre catégorie. Une groovebox est construite autour d’un séquenceur, que ce soit en matière d’ergonomie, de programmation ou de jeu live. Elle a donc une organisation pensée comme telle (commandes, arborescence des programmes…). Un synthé peut offrir un simple séquenceur à pas pour lancer quelques motifs transposables en live, éventuellement l’enregistrement de mouvements des potentiomètres. Il favorise les paramètres de synthèse.
On pourra ainsi regarder comment se passent le jeu live (commandes de transport, transposition à la volée, coupure/activation de pas, changement de sens de lecture, facteurs aléatoires) et la programmation (y a-t-il une rangée de boutons pour faciliter l’entrée des pas, un affichage graphique de la séquence, une édition facile, des possibilités d’export/import ?). Par exemple, les Wavestate et Modwave de Korg offrent des séquenceurs parfaitement intégrés à leur partie synthèse (respectivement séquences et tables d’ondes), avec des commandes spécifiques en façade et une structuration des programmes adaptée.
Notre sélection de synthétiseurs à moins de 300 €
Claviers
Dans cette catégorie, on trouve essentiellement des synthés analogiques monodiques à mini-clavier ou membrane tactile. Chez Korg, retenons le Volca Modular, orienté synthèse West Coast. Plus classique, le Monologue est un très bon choix pour qui recherche un petit synthé pas cher à mémoires. Les récentes annonces de Behringer concernant des micro et mini-synthés programmables à touches capacitives vendus 50 et 100 € viendront peut-être un jour amender cette liste.
Modules
Côté modules, l’offre n’est pas très généreuse, mis à part les semi-modulaires Eurorack analogiques de Behringer : nous retiendrons le Neutron, parce que c’est sans aucun doute à ce jour le plus original, sympa pour ceux qui veulent débuter dans la synthèse sans couvrir (tout de suite) leurs murs de modules exotiques. De quoi s’égarer sans se perdre dans les cordons.
Notre sélection de synthétiseurs de 300 à 500 €
Claviers
Dans cette gamme, les synthés proposent des claviers plutôt restreints : capacitifs, membranes, à mini-touches ou limités en matière d’octaves. Nous avons retenu le MicroFreak d’Arturia, un petit synthé hybride paraphonique 4 voix à clavier capacitif qui possède une ergonomie originale, plusieurs moteurs de synthèse, de grandes possibilités de modulation, offrant ainsi l’accès à de nombreux territoires sonores. Coup de cœur pour le UNO Synth Pro Desktop de IK Multimedia, un puissant petit synthé analogique à mémoires, offrant pas moins de 3 VCO, 2 VCF, une matrice de modulation, une entrée audio, des effets, un arpégiateur et un séquenceur, le tout dans un petit boîtier à clavier membrane. Nous avons également apprécié le Reface DX de Yamaha, un mini-synthé polyphonique FM à 4 opérateurs plutôt facile d’utilisation, intégrant des effets, un clavier à mini-touches d’excellente réponse dynamique, 2 HP et des possibilités d’alimentation par piles. Enfin, le Bass Station 2 de Novation, un synthé monodique compact à mémoires et touches standard sensibles à la vélocité et à la pression, offrant un gros son analogique, grâce à des oscillateurs très souples, un très bon filtre multimode résonant, des possibilités de modulation avancées et un arpégiateur/séquenceur sympathique.
Modules
Côté modules, les Boutiques de Roland modélisent de célèbres synthés analogiques vintage de la marque ; nous retiendrons le JU-06A, capable de simuler à la fois le Juno-106 et le Juno-60 de manière très convaincante, avec mémoires, pour aller vite et bien ! Chez Dreadbox, le Typhon nous a laissé une excellente impression, un synthé analogique au son singulier, entièrement programmable, doté de très bonnes possibilités de modulation et d’excellents effets.
Pour entrer dans le monde quasi modulaire, le 2600 de Behringer est un excellent compagnon, clone très réussi de l’ARP2600 des années 70. Pour ceux qui aiment les synthés analogiques purs, avec un tas de modules à patcher et des sons historiques (les basses fermées de JMJ ou la voix de R2D2). Enfin, pour les amateurs du gros son de basse Taurus des années 70, la Minitaur de Moog offre le son spécifique de l’ancêtre en petite boîte, des commandes directes (pas toutes, hélas) et surtout des mémoires ; un grain inimitable !
Notre sélection de synthétiseurs de 500 à 1000 €
Claviers
Le Minilogue XD de Korg est l’un des synthés polyphoniques compacts les plus attractifs, par sa synthèse hybride, ses mémoires, ses possibilités d’extension et son excellent rapport performance / prix. Il existe aussi en module. Pour ceux qui aiment les beaux objets à prix serré et qui cherchent un gros son sans mémoires, le Poly D de Behringer reprend l’organisation du Minimoog avec une paraphonie de 4 notes, un chorus analogique stéréo et un séquenceur programmable à pas.
Parmi les trois claviers compacts de Korg, le Modwave allie le meilleur rapport puissance/ergonomie ; un synthé polyphonique multitimbral très profond, pour les amateurs de sons évolutifs à faire soi-même. Pour ceux qui cherchent un synthé mono (et paraphonique) analogique très complet, le Uno Synth Pro d’IK Multimédia offre un son puissant et de nombreuses possibilités de synthèse soustractive, modulations, séquenceur, effets (cf. la « petite » version au paragraphe précédent). Enfin, le GrandMother de Moog apporte l’expérience authentique et surtout le gros son signature des ancêtres vintage monodiques de la marque américaine. Pour aller droit au but et sans mémoires !
Modules
Au-dessus des 500 € avec l’option d’import de samples, Le Blofeld de Waldorf offre 25 voix sur 16 canaux multitimbraux (énorme !). C’est un concentré de Microwave XT et de Q, offrant modélisation analogique, tables d’ondes, filtres multimodes puissants, grosse matrice de modulation et arpégiateur multitimbral. La section effets est un peu décevante, tout comme l’ergonomie matricielle (beaucoup de menus !). Le niveau sonore est parfois un peu faible, mais la machine en donne énormément pour le prix demandé.
Dans cette gamme, on trouve aussi l’Argon8M de Modal Electronics, un synthé numérique polyphonique robuste basé sur les tables d’ondes. On peut facilement modifier le comportement des tables, les faire interagir, les filtrer, les moduler, les passer dans des effets (assez moyens), puis les piloter par un arpégiateur et un séquenceur. Enfin, l’Hydrasynth Desktop d’ASM est un excellent synthé polyphonique numérique plein de bonnes surprises : pads lumineux avec vélocité et pression polyphonique, interface innovante pour accéder rapidement à de nombreux paramètres de synthèse, très grande polyvalence sonore grâce à de puissants oscillateurs capables d’interagir de diverses manières, des filtres multimodes résonants, une matrice de modulation bien fournie, de très bons effets et un arpégiateur original.
Notre sélection de synthétiseurs de 1000 à 2000 €
Claviers
Dans cette gamme, nous avons d’abord choisi l’Hydrasynth et l’Hydrasynth Deluxe d’ASM, une série de synthés numériques très polyvalents, très bien pensés, possédant un clavier avec pression polyphonique et des outils de synthèse très puissants (cf. la version module au paragraphe précédent). La version Deluxe offre le double de puissance des autres versions (donc 16 voix + bitimbralité). Ensuite, nous recommandons le Take 5 de Sequential, un synthé analogique polyphonique à la fois polyvalent et compact, possédant un filtre à compensation (maintien des basses fréquences quand on pousse la résonance), d’une grande facilité d’accès, à l’ergonomie bien pensée et au tarif abordable. Également très intéressant, le System-8 de Roland est un synthé numérique capable d’embarquer plusieurs modélisations très réussies des synthés analogiques vintage de la marque, avec un maximum de commandes directes qui s’illuminent suivant le modèle en cours d’édition.
On monte en tarif avec le Matriarch de Moog, un synthé analogique pur et dur, sans mémorisation, duophonique ou paraphonique 4 voix, permettant de retrouver le gros son vintage généreux de la marque (un quasi double Grandmother). Enfin, le Summit de Novation, un synthé hybride polyphonique 16 voix et bitimbral très bien construit, racé, polyvalent, au son raffiné, doté d’une ergonomie remarquable, pour ceux qui veulent aller à la fois vite et loin avec un maximum de contrôle direct sur le son. C’est grosso modo un double Peak doté d’un grand clavier dynamique.
Modules
Dans cette gamme de prix, on trouve des modules aussi variés qu’intéressants. A commencer par un OVNI bien de chez nous, l’excellent EssenceFM de Kodamo, qui offre une approche très innovante de la FM. Hormis les spécifications qui donnent le vertige (300 voix de polyphonie, 16 canaux multitimbraux), c’est surtout l’ergonomie de la machine qui sort de l’ordinaire et rend la FM 6 opérateurs agréable. Tout se crée à partir d’un écran multitouch et six encodeurs : manipulation des algorithmes, paramétrage des opérateurs, édition des filtres, dessin des enveloppes, assemblage des programmes… Le synthé possède plusieurs sorties stéréo et est très soigné. A la limite groovebox, l’Analog Four MkII d’Elektron offre une approche très singulière de la synthèse analogique, avec un son moderne bien à lui. La polyphonie est de 4 voix, assignables à 4 canaux via un séquenceur multitimbral ultra performant. L’ergonomie est particulière, orientée performance, avec de nombreux modes de lecture des pistes, d’action sur les évènements, de probabilités de jeu. Bourré de raccourcis à retenir, il ne conviendra pas à tout le monde.
Côté synthé polyphonique hybride, le Waldorf M reprend le flambeau des Microwave et Microwave XT, deux célèbres synthés qui ont rendu célèbre la marque, dans le sillage de la synthèse à table d’ondes de la firme PPG. Les commandes essentielles sont situées en façade, pour manipuler simultanément deux tables d’ondes, des filtres multimodes résonants et différentes modulations. On revient aux synthés analogiques avec deux puissants modules polyphoniques signés Sequential, les REV2–8 et REV2–16 (8 et 16 voix, bitimbraux) : un son solide, des commandes directes, de nombreuses possibilités de modulation, des effets numériques, un arpégiateur, un séquenceur à pas et quand même quelques menus. Deux synthés polyphoniques encore abordables dans la gamme Sequential, qui existent également en format clavier, logiquement plus chers.
Notre sélection de synthétiseurs de 2000 à 3000 €
Claviers
On passe à la gamme supérieure en commençant par le PolyBrute d’Arturia, un synthé analogique polyphonique 6 voix original et polyvalent, offrant une approche de programmation unique et des possibilités de modulation avancées (contrôleurs tactile 3D, morphing sonore). VCO variables, VCF multimode, matrice de modulation tactile, puissant séquenceur, excellents effets, une très belle réussite française. Pour ceux qui préfèrent une synthèse plus directe, le NordWave 2 de Clavia propose un clavier Waterfall 5 octaves fixé dans une coque robuste mais légère (alu), idéal pour le live. Le synthé offre 48 voix sur 4 canaux, combinant des moteurs de synthèse simplifiés : VA, tables d’ondes, FM et lecture de samples. Pour aller droit au but.
On passe à un synthé hybride au son large bande et à la construction exemplaire : le Super-6 de UDO Audio. Il offre 6 voix stéréo ou 12 voix mono, produites par deux oscillateurs numériques stéréo passés dans un VCF stéréo puis un VCA stéréo. De subtiles modulations de phase entre les voix gauches et droites permettent une spatialisation remarquable du son. On trouve aussi une matrice de modulation, des effets magnifiques mais limités, un arpégiateur et un séquenceur. On peut aussi importer ses propres formes d’ondes. L’ergonomie se veut exemplaire, de type une fonction / un bouton. Dommage que la mémoire de programmes soit limitée. Le Super-6 existe aussi au format module (Super-6 Desktop), dans la même tranche de prix.
Pour les amoureux du son analogique Sequential et des commandes directes sans prise de tête, le Prophet-6 s’avère un excellent choix. On a sous la main tout ce qui fait le charme d’un Prophet racé, dans un clavier compact 4 octaves très bien construit, des VCO à ondes variables, des VCF discrets, une véritable Polymod, une solide section effets, un arpégiateur, un séquenceur et une mémoire de programmes généreuse. Pour ceux qui recherchent l’expérience des grands Prophet sans se ruiner dans le très haut de gamme de la marque. Il existe aussi en format module dans la même tranche de prix. Enfin, l’Iridium clavier de Waldorf offre un clavier 4 octaves à aftertouch polyphonique. Il s’agit ni plus ni moins du moteur sonore du Quantum dans lequel les VCF sont remplacés par des filtres numériques. On peut utiliser trois moteurs simultanés pour les 16 voix de polyphonie. Il s’agit de tables d’ondes, ondes multiples, particules (synthèse granulaire), résonateur (modélisation physique) et noyau (synthèse FM 6 opérateurs évoluée). S’y ajoutent des possibilités de modulation matricielle très sophistiquées, un arpégiateur, un petit séquenceur à pas et une magnifique section effets. L’édition graphique est un modèle du genre, les plus beaux et spectaculaires éditeurs que nous ayons vus à ce jour sur un synthé. L’instrument est un objet de haute facture. Il existe aussi en format module dans la même tranche de prix.
Modules
Nous venons de citer un certain nombre de claviers aussi déclinés en format module dans cette même gamme de prix. Passons donc à l’OB-6 Module de Sequential, une version compacte de l’OB-6 dont le prix s’est une nouvelle fois envolé au-dessus de 3000 €. Pour ceux qui aiment le grain spécifique Oberheim et son filtre caractéristique multimode 2 pôles, conçu au milieu des années 70 sur le module SEM, le reste étant assez proche de ce qu’on trouve sur un Prophet-6.
Enfin, pour les puristes du son analogique vintage du Prophet-5, Sequential a sorti des rééditions modernisées de haute volée, où l’accent est mis sur la spontanéité et l’authenticité : les Prophet-5 Rev4 et Prophet-10 Rev4 au format module. Le premier offre 5 voix, le second 10 voix et la bitimbralité. On peut passer du 5 au 10 en ajoutant une carte voix, le tarif final revient au même. Un bon choix pour ceux qui veulent rester sous la barre des 3000 €, en acceptant de sacrifier la taille et l’espacement des commandes (et aussi la beauté magique des modèles à clavier).
Notre sélection de synthétiseurs à plus de 3000 €
Dans cette catégorie, les prix flambent. Il s’agit de synthés de luxe très spécifiques, Difficile donc de les comparer. Tous sont dotés d’un clavier haut de gamme à touches semi-lestées. La qualité de fabrication est exceptionnelle, certains sont des instruments de lutherie. Nous avons retenu les Prophet-5 Rev4 et Prophet-10 Rev4 pour la qualité sonore authentiquement vintage, l’interface idéale, la modernisation des fonctionnalités et la beauté intemporelle. Tout aussi exceptionnel, le Quantum de Waldorf rassemble différentes formes de synthèse, certaines originales (synthèse granulaire), une combinaison de filtres analogiques et numériques très souple, de nombreuses possibilités de modulation et une interface homme-machine moderne avec un grand écran tactile et des graphismes particulièrement soignés (cf. Iridium).
Le Solaris de John Bowen poursuit sa carrière depuis dix ans, fabriqué en petite série. Désormais multitimbral (OS V2), il offre une architecture modulaire numérique, avec des modélisations en tout genre, une interface à écrans multiples pour conserver un contrôle rapide de milliers de paramètres. Pour ceux qui veulent plonger en eaux profondes mais pas troubles. Le C15 de Nonlinear Labs offre quant à lui la précision d’un instrument acoustique, une expérience de jeu sans pareil, ainsi qu’un moteur de synthèse à feedback très original ; c’est un objet magnifique à la finition exemplaire. Enfin, le Moog One, disponible en 8 et 16 voix, offre un panneau de commandes de rêve, de très nombreux modules (synthèse, modulation, séquences) ; hélas, le ramage n’est pas la hauteur du magnifique plumage, notamment lié à une section effets numériques décevante et à un souffle important. Pour les amateurs de marques et d’objets de luxe.
Conclusion
Nous voici arrivés au terme de ce guide synthés, un peu épique mais, nous l’espérons, pas trop indigeste. Le marché du synthé est dynamique, il y a plus d’une centaine de références actuellement disponibles. Nous avons tenu à regrouper tous les formats de synthés, qu’ils soient petits ou gros, avec ou sans clavier, analogiques ou numériques, car pour un budget donné, le panel est très varié. Nous n’avons pas traité les synthés modulaires, qui méritent une approche différente, mais nous avons cité les principaux modules qui constituent un synthé intégré. De même, les workstations et groovebox font l’objet d’un traitement distinctif.
Tous ces synthés représentent plusieurs familles de produits, des critères pas toujours conciliables, objectifs comme subjectifs, avec des niveaux de priorité variables : son, ergonomie, type de synthèse, technologie, puissance, format, qualité de construction, marque, prix… En espérant que ce guide permette à chacun de se poser les bonnes questions avant de craquer pour l’un de ces merveilleux instruments. Ce qui est réjouissant aujourd’hui, c’est qu’il y en a pour tous les goûts, tous les usages et toutes les bourses.